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    Voici un intéressant manuscrit, celui de Georges Danton.

      

    Daté du 29 août 1792, le citoyen Danton s'adresse au président de l'Assemblée nationale Jean-François Lacroix. Concerne la condamnation à mort d'un citoyen lambda convaincu de haute trahison envers la République.

    Association Louis XVI, antenne suisse
    Vincent Thüler

     

     

     

     

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    Lettre autographe signée par Louis XVI en personne à la Tour du Temple où il est retenu prisonnier. Il réclame à la Convention un délai pour se préparer à paraître devant son Créateur. D'autre part, il manifeste son intention de communiquer librement avec les membres de sa famille.

    Lettre rédigée par Louis XVI le 20 janvier 1793

     

    Association Louis XVI

     

     

     

     

     

    blog

    http://cril17.org/category/appel-nation/

     

     

     

     

     

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  • LA MARCHANDE DE MODES

      

      


    cravates, noeuds d'épée, objets de tête et de cou, colifichets de toutes sortes




    la marchande de modes tenait boutique

    la plus célèbre fut sans doute Rose Bertin, couturière de la reine Marie-Antoinette
    elle coud, elle arrange ses agréments, donne du chic à l-aide de colifichets
    dans sa boutique de la rue Saint Honoré, Au Grand Mogol



    Rose Bertin transformera les robes à paniers en robes avec traîne



    en 1785, la Reine qui vient d'avoir 30 ans, se plaît dans des robes plus simples

    c'est la robe en chemise, dite à la reine, faite de mousseline blanche



     

     





    Jean-Baptiste Mallet 1759-1835
    chroniqueur mondain
    a représenté les élégantes, toutes vêtues de blanc, suivant la mode lancée par la reine



    Rose Bertin alliait à une imagination débordante et à un goût incontestable
    un sens développé de l'idée publicitaire
    elle faisait parvenir dans les grandes capitales des poupées accompagnées
    d'un trousseau, ambassadrices du (bon) goût français

    l'aiguille à la main, rue Saint Honoré ou rue Neuve des Petits Champs
    les filles arrangent pompons et colifichets
    l'une d'elles ne terminera pas son apprentissage: Jeanne Bécu
    comtesse du Barry, la dernière fulgurance du roi dit le bien-aimé
     
     

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     Louise Vigée lebrun (à la manière de)

      

    (Photo Europ Auction - Antoine Vestier )

      

    Le dix-huitième siècle fut un âge d'élégance. Jamais dans l'histoire nous voyons des hommes et des femmes si minutieusement artificielles, si très loin de leur apparence naturelle. Ce qui ne pouvait pas être fait avec les cheveux naturels a été fait avec des perruques. Cette époque fut une explosion extravagante de coiffures étonnantes, une réaction totalement opposée à la pudeur et à la réserve des siècles antérieurs.

     

    Pastel XVIII att. Louis Vigée(Photo Tajan - Attribué [injustifiée] à Louis Vigée) 

    Les coiffures étaient en concordance avec le style "Rococo", qui était le plus important presque jusqu'à la fin du siècle. C'était un mouvement artistique dans lequel les courbes en forme de "S" ont prédominé, avec des asymétries, soulignant le contraste; un style dynamique et brillant, où les formes intégrant un mouvement harmonieux et élégant.

     

    Enfant Boyer Fonfrede Perronneau en habit de hussard copie (Photo Piasa - enfant [Jean?] Boyer-Fonfrède d'après Perronneau)

       

    Un style concordant avec une époque de nouvelles idées philosophiques, comme celui des Lumières, et avec l'affluence de richesses économiques qui arrivent en Europe par les voyages vers le nouveau continent, l'Amérique.

     

     John Raphaël Smith portrait du portraitiste Daniel Gardner Sotheby’s 07 2009 Londres(Photo Sotheby’s John Raphaël Smith portrait du portraitiste Daniel Gardner)

      

      

    On crée de nouveaux ordres sociaux; en plus du clergé et de la noblesse, une bourgeoisie forte de nouveaux riches est apparue qui s’est positionnée dans les sphères sociales et politiques, imitant en tout les coutumes des nobles.

      

    Un style conforme à une époque dans laquelle la science s'émancipe de plus en plus de la religion, obtient des réussites spectaculaires et développe en conséquence une technologie qui ouvrira les portes à la Révolution Industrielle. Les gens de cette époque croyaient qu'ils vivaient dans le meilleur des mondes.

     

     

    Pastel ovale D Collin 2011 06
    (Photo Delorme & Collin du Bocage - portrait d'un abbé)  

     

    À la fin du siècle, les styles artistiques et culturels changent; surgit un style appelé "néoclassique" beaucoup plus sobre et conservateur, avec un retour à l’esthétique Grecque et Romaine classique.

    L'utilisation de perruques chez les hommes a commencé à être très populaire à la fin du XVIIe siècle, durant le règne, en France de Louis XIV, le Roi Soleil. Toute sa cour s’est mise à utiliser des perruques, et comme la France dictait la mode de l'Europe à cette époque, son usage s’est étendu aux autres continents. En 1680 Louis XIV avait 40 perruquiers qui dessinaient ses perruques dans la cour de Versailles.

     

    Photo Jean Chenu, Antoine Bérard et François Perron - autoportrait d'Antoine Berjon 1780)

      

    Dès 1770, l'usage des perruques s’est aussi étendu aux femmes. Et à mesure que les années passaient, les perruques sont devenues plus hautes et plus élaborées, spécialement en France.

      

      L'art de la coëffure des dames françoises, avec des estampes by Legros de Rumigny. He was the hairdresser for the French court of the 18th century including Madame de Pompadour.

     

    Legros de Rumigny, "L'art de la coëffure des dames françoises, avec des estampes : où sont représentées les têtes coëffées, gravées sur les dessins originaux de mes accommodages, avec le traité en abrégé d'entretenir & conserver les cheveux naturels," 1768-70 (Met Museum)

      

      

    Les perruques masculines étaient en général blanches, mais celles des femmes étaient de couleur pastel, comme rose, violet clair ou gris bleuâtre. Les perruques indiquaient, par leur ornementation, la position sociale plus ou moins importante de celui qui les utilisait.

     

    De Roissy Mme Vigée Lebrun 1775(Photo Sotheby's : Elisabeth Vigée Le Brun, Mme de Roissy) 

     

    Les gens de fortune pouvaient payer, logiquement, des dessinateurs plus chers et avoir plus de variété de matériels. Elles étaient faites en général avec du cheveu humain, mais aussi avec du poil de cheval ou de chèvre. En France, la comtesse de Matignon payait à son coiffeur Baulard 24.000 livres par an pour lui faire un nouveau dessin de perruque chaque jour de la semaine.

    Vers 1715 on commence à poudrer les perruques. Les familles avaient un salon dédié à la "toilette", où elles se poudraient quotidiennement et s’arrangeaient. Les perruques étaient poudrées avec de la poudre de riz ou de l’amidon. Pour cette opération, faite par un coiffeur, on utilisait des robes de chambre spéciales et on avait l'habitude de couvrir le visage d'un cône de papier épais.

     

     

    LES BARBIERS DEVIENNENT "PERRUQUIERS":

    En plus de couper et de coiffer le cheveu et de raser le menton, les barbiers pratiquaient diverses opérations chirurgicales et extractions dentaires. En 1745 une loi, en Angleterre, leur interdit ces pratiques et les autorise seulement à couper et coiffer les cheveux.

      

    Cela provoque la ruine de nombreuses boutiques de barbiers et le manque de travail pour beaucoup d’entre eux en Europe, puisque des lois similaires sont promulguées en France et dans d’autres pays. Mais l'essor des perruques crée la demande de nouveaux professionnels: les fabricants et les dessinateurs de perruques, qui de plus se chargeront de les entretenir périodiquement, de les parfumer et de les retoucher.

      

    Déjà depuis la fin du siècle antérieur des syndicats ou des unions de coiffeurs se sont créés, et exigeaient des professionnels de payer un tarif et de présenter un examen d'aptitude pour pratiquer la profession.

     

     

    De Roissy Vigée Lebrun 1775(Photo Sotheby's : Elisabeth Vigée Le Brun, M. de Roissy [un Michel de Roissy ?]) 

     

      

    Pendant ce siècle l'industrie des perruques croît et devient importante, en créant de nouveaux travaux et sources de recettes pour une grande partie de la population.

      

    À son tour l'industrie des chapeliers est affectée, puisque les hommes cessent d'utiliser des chapeaux pour laisser voir leurs perruques et ils doivent fabriquer, de nouveaux styles de chapeaux qui peuvent s'adapter aux perruques.

      

    La majeure partie du peuple, disons 80 % de la population, n'utilisait pas de perruques, mais le cheveu naturel, sans trop de règle. Mais seul un pourcentage de la noblesse et de la haute bourgeoisie mobilisait une industrie remarquée pour l'époque.

     

     

     

    Au début du siècle, les styles de cheveux des hommes sont beaucoup plus somptueux que ceux des femmes. C'est la mode du "style Louis XIV", avec de grandes boucles et la chevelure sur les épaules.

      

    Quand le siècle se termine, la tendance est reversée : les femmes portent des perruques exubérantes, de 50 à 80 cm de hauteur et plus, qu'elles s'emploient, avec des dessins, à commémorer les célébrations et les anniversaires.

      

    Ces perruques féminines apportaient quelques problèmes: les cadres des portes avaient été surélevés ou reconstruits pour qu'elles puissent passer, et dans plusieurs occasions la pression trop lourde des perruques leur causait une inflammation au niveau des tempes.

    Legros de Rumigny, "L'art de la coëffure des dames françoises, avec des estampes : où sont représentées les têtes coëffées, gravées sur les dessins originaux de mes accommodages, avec le traité en abrégé d'entretenir & conserver les cheveux naturels," 1768-70 (Met Museum)  

    Legros de Rumigny, "L'art de la coëffure des dames françoises, avec des estampes : où sont représentées les têtes coëffées, gravées sur les dessins originaux de mes accommodages, avec le traité en abrégé d'entretenir & conserver les cheveux naturels," 1768-70 (Met Museum)

      

      

    Vers la moitié du siècle, le nouveau roi de France, Louis XV, impose un style de plus petites perruques pour les hommes et le rigoureux poudrage blanc ou de préférence grisâtre. Les hommes utilisent aussi depuis la moitié du siècle une queue de cheval sur la nuque, attachée avec un ruban, style qui devient très populaire dans toutes les cours.

      

    Les femmes continuent avec les styles extravagants jusqu'à l'arrivée de la Révolution Française, où tout le luxe et l'exubérance sont pratiquement annulés par les nouvelles idées républicaines. À partir de là, les coiffures sont plus classiques et plus simples et on recommence à utiliser le cheveu naturel.

     

     

      

      

    En réalité, malgré le fait qu'il soit amusant de penser que les femmes utilisaient ces perruques immenses dans leur vie quotidienne et aux fêtes où elles allaient, la réalité est différente.

      

    Ce type de présentation capillaires gigantesques a peut-être existé, mais seulement pour une occasion très spéciale ou pour des représentations théâtrales.

    Profile of a Lady in a Bonnet  Augustin de Saint-Aubin  (French, Paris 1736–1807 Paris). Metropolitan Museum of Art, 59.23.72. Should be "Cap"  

      

    Les perruques comme les images que nous voyons ci-dessus sont le produit de caricatures de l'époque ou d'anecdotes ou de légendes sans beaucoup de fondement. Il est pratiquement impossible de trouver dans les tableaux de peintres célèbres de l'époque ces perruques immenses.

      

    Les femmes nobles utilisaient des styles de chevelure beaucoup plus sobres et élégants, malgré le fait qu'elles étaient plus ou moins volumineuses et élaborées.

     

     

     

    En ce qui concerne le style de cheveux des femmes du XVIIIe, au début du siècle on continue toujours à utiliser celui qui venait d'une mode de la fin du siècle antérieur : le style "Fontange".

      

    Son nom a été créé par la Duchesse de Fontange, qui lors d’une journée de chasse avec le roi de France Louis XIV, s’est pris la chevelure dans la branche d'un arbre, et pour réarranger le cheveu l'a empilé sur sa tête. Le roi est resté fasciné par cette coiffure accidentelle, et l’a priée de toujours la conserver. Ce style a été à la mode plus ou moins jusqu'en 1720.

     

     

    Sous le règne de Louis XV les coutumes ont changé et les cheveux féminins ont eu un autre style plus simple. Un style dénommé "tête de mouton" (tête de brebis), avec de courtes boucles et quelques grosses mèches de cheveux sur la nuque. Les femmes n'ont pas utilisé de perruques jusqu'à 1770. À partir de là, les coiffures - artificielles - sont devenues de plus en plus hautes et plus élaborées.

     

     

    EXEMPLES DE STYLES DE COIFFURES FEMININES AU XVIIIe SIECLE:

     

    Adélaïde Labille-Guiard, Femme écrivant une lettre à ses enfants, mba Quimper,

     

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    Adélaïde Labille-Guiard, Portrait de madame de Genlis, 1790, LACMA Los Angeles

      

      

    Emily La Touche à la harpe

    (Photo Christie's - Emily La Touche à la harpe) 

      

      

      

    EXEMPLES DE STYLES DE COIFFURES MASCULINES AU XVIIIe SIECLE:

     

      

      

    LE CHANGEMENT APRÈS LA RÉVOLUTION FRANÇAISE:

    Déjà près de la fin du siècle le style magnifique et éblouissant de la noblesse européenne était l'objet de critiques des philosophes de l'Illustration. Non seulement le style de vêtements et de coiffures, mais le style d'art même, le rococo, était fort critiqué.

     

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    Photo Piasa - Portrait de Marie-Thérèse Legendre de Villemorin, pastel

      

    A ce moment, la bourgeoisie - la classe sans noblesse - devient puissante et influente; tout le système, politique, économique, social et culturel est controversé par les principaux penseurs. En principe, les bourgeois riches imitaient en tout les nobles, ils voulaient être comme eux.

      

    Mais quand ils deviennent puissants et auto-suffisants, ils critiquent tout le système de l’Ancien Régime, repoussent toute sa structure sociale et naturellement, ses coutumes.

     

     

     Christies pastel portrait girl 2010 06

    (Photo Christie's - touchant portrait de jeune fille, vers 1786-89)

      

    Avec l'arrivée de la Révolution Française, le luxe et l'ostentation sont mal vus par tout le monde. La nouvelle société adopte un style plus sobre et se tourne vers la simplicité ; du rococo il passera au néo-classique, style artistique qui récupère l'esthétique grecque antique. Et ce sera aussi le style en accord avec le romantisme, qui s'imposera à la fin du XVIIIe siècle et prédominera sur presque tout le XIXe siècle.

     Lot_147_pleine_face_christies_15_11_2006

    Ce n’est pas un pastel mais une petite merveille de dessin.
    La coiffure permet de dater de 1788-91, il est d’une excellente main.
    C’est du dessin.
    Tout d'abord, il exprime merveilleusement ces temps durs de la Révolution française, des gens jeunes, avec un fond d’idéal, une dureté, mais toujours les sens du beau du XVIII°.
    L’expression est remarquable
    Ensuite la lumière vient du haut, comme cela se fait de plus en plus avec les verrières métalliques, mais aussi légèrement de droite.
    Il s’agit d’un éclairage nouveau, contraire à toute la tradition du portrait.

     

    Les changements philosophiques, la forme de pensée de la société changent la coiffure. Petit à petit, les perruques cessent de s'employer, et le cheveu s’emploie au naturel, sans poudre.

     

    Perronneau_franois_gorsse_1757_1

    (Photo Interenchères – Portrait de François Gorsse par J-B Perronneau)

      

    La Révolution et le changement de tout le système a été brusque et subit - bien qu'il fût déjà annoncé - à la suite d'un coup législatif des députés bourgeois avec appui de la part du clergé et de la noblesse, mais le changement de coutumes n'a pas été si rapide. Toutes les images de Robespierre et Danton, deux leaders de la Révolution, les montrent avec des perruques poudrées, jusqu'à leur mort par la guillotine.

     

     

    Pastel révolutionaire Aguttes(Photo Aguttes - petit portrait d'un révolutionnaire ) 

      

    En revanche, Jean Paul Marat, l'autre leader révolutionnaire, utilisait déjà la nouvelle esthétique. Et celui des gérants principaux de la Révolution, le peintre Jacques Louis David, était déjà inscrit totalement dans le style néo-classique, à travers ses oeuvres et dans son esthétique personnelle.

     

    À mesure que le néo-classicisme s'impose, les coiffures changent.

      

    Lorsque arrive au pouvoir Napoléon Bonaparte, déjà peu utiliseront des perruques ; le style Empire montre tous les législateurs et hommes politiques avec le cheveu naturel, peigné d'une manière informelle, symbole d'une nouvelle ère d'indépendance de pensée.

     

    Mg_capet_mme_jl_germain_ne_frondard

     

    (Photo Brissonneau - Daguerre : Magnifique portrait de Mme JL Germain née Frondard ou Fondard par Marie-Gabrielle Capet) 
     

    Les militaires sont les derniers à abandonner le vieux style, mais dans l'armée napoléonienne déjà presque tous sont avec le cheveu naturel. Les femmes, déjà à la fin de l'ère révolutionnaire, cessent complètement d'utiliser les coiffures hautes et élaborées et portent le cheveu sans le couvrir, avec une chute presque naturelle, tenue avec des peignes de coquille de tortue, des épingles, ou des rubans, au lieu des ornements complexes.

      

     

     Cette pastelliste est une des meilleures françaises de la génération Louis XVI. Elève d’ Adélaïde Labille Guiard (1749 1801), elle en a le professionnalisme et l’émotion, mais ici l’ambiance douce, un cadrage aéré parfaitement de son temps illustrent l’exacte transition entre le portrait XVIIIeme et le portrait romantique . Le site siefar.org donne un inventaire de son œuvre, ce portrait n’y figure pas encore. Très joli travail de portraitiste.
    A Drouot sera présentée une pair (rareté) dans des cadres ovales XIXeme (donc à réencadrer). Le mari est d'une très belle qualité également.

      



    Mg_capet_m_fda_jl_germain (Photo Brissonneau - Daguerre : le pendant M. F ...par Marie-Gabrielle Capet)

     

     

    Peut-être les premiers à abandonner le vieux style de perruques et de coiffures très élaborées ont été, paradoxalement, les mêmes aristocrates qui les ont imposées. Par crainte d’être reconnus et vraisemblablement emprisonnés et guillotinés durant l'Ère de la Terreur de Robespierre (1790-1793), ils sortaient de leurs maisons habillés simplement et avec des coiffures naturelles ; sans perruques, naturellement, avec le cheveu court, sans le couvrir et une coiffure de style néoclassique. En réalité, il n'y avait pas de lieu où utiliser l’ancien style de cheveu.

      

      

      

    A cette époque, dans le reste de l'Europe on a commencé à pratiquer le même type de coupes et de coiffures. Le 19e siècle était annoncé par une mode totalement distincte.

     

     Maire_gabrielle_capet_autoportrait

     

     (Photo artnet.com - détail d’un autoportrait de la jolie et talentueuse Marie-Gabrielle Capet)

     

     

     

    http://olharfeliz.typepad.com/pastels/chronique_des_ventes/page/2/

     

     

    Button, French, 1775, miniature painting on ivory. Metropolitan Museum of Art. 

     

     

     

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    Le blanchissage du linge à Paris

    Jusqu'au XVIIIème siècle, le linge parisien se blanchit dans les faubourgs Saint-Marcel et dans le quartier des Gobelins. 

     


     Jean Siméon CHARDIN : "La blanchisseuse" 1735
     

    D’autre part, dès le début du XVIIIème siècle, les blanchisseuses disposent de petits bateaux et l’obligation de laver dans des bateaux spéciaux s’étend.
    On construit alors des bateaux selles, plats et couverts, dont les bords sont garnis de tablettes.

     

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    Les propriétaires des bateaux perçoivent une taxe de quatre sous par personne, plus un sou de location pour l’indispensable baquet.

     


    Petit à petit, le métier s’organise et les premiers entrepreneurs s’installent, notamment sur les berges de la Seine à Paris. Moyennant un salaire mensuel, ils blanchissent chaque jour le linge des grandes maisons qui les emploient.
     

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    Par mesure d'hygiène, un édit du 26 février 1732 interdit « à tous les blanchisseurs de lessive de continuer leur blanchissage dans le lit de la Bièvre, au-dessus de la Manufacture Royale [des Gobelins] et du clos Payen ».Les blanchisseurs se transportent extra-muros et s'installent à Gentilly, Arcueil et Cachan.

     

     

    Les blanchisseuses descendues dedans, ont le linge posé sur le sol, juste à la bonne hauteur pour le laver.
     

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    Etendre la lessive au grand air, sous le ciel bleu, est l’un des plaisirs de l’été. Plier et humer le linge gorgé de soleil, crépitant de lumière tiède et pénétré des parfums du jardin, ranger dans l’armoire ce trésor estival comme on met en bocal les fruits de la belle saison …

     

     

      

      

      

     

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    File:Gilbert du Motier Marquis de Lafayette.PNG 

     Portrait de Gilbert Motier, marquis de La Fayette, en uniforme de lieutenant-général de 1791, peint par Joseph-Désiré Court en 1834.

     

    Gilbert du Motier, marquis de La Fayette (état civil complet : Marie-Joseph Paul Yves Roch Gilbert du Motier), dit « La Fayette », né le 6 septembre 1757 à Saint-Georges-d'Aurac (province d'Auvergne, actuellement Chavaniac-Lafayette en Haute-Loire) et mort le 20 mai 1834 à Paris (ancien 1er arrondissement), est un aristocrate d'orientation libérale, officier et homme politique français, qui a joué un rôle décisif dans la guerre d'indépendance des États-Unis et l'émergence d'un pouvoir royal moderne, avant de devenir une personnalité de la Révolution française jusqu'à son émigration en 1792 puis un acteur politique majeur des débuts de la monarchie de Juillet.

    Il a été fait citoyen d'honneur des États-Unis en 2002.

      

    Origines familiales et jeunesse

    Issu d'une ancienne famille militaire d'Auvergne dont les origines connues remonteraient au XIe siècle (un de ses illustres ancêtres, Gilbert Motier de La Fayette, est maréchal de France au XVe siècle), Gilbert du Motier naît au château de Chavaniac. Le nom de la famille a son origine à La Fayette, actuelle commune d'Aix-la-Fayette (Puy-de-Dôme), site d'une motte castrale documentée. Le nom complet de Marie-Joseph Paul Yves Roch Gilbert du Motier, marquis de La Fayette est rarement utilisé, il est généralement désigné comme marquis de La Fayette ou Lafayette. Son biographe Louis R. Gottschalk (en) précise que Gilbert orthographie son nom aussi bien en Lafayette qu'en LaFayette.

    Son père, Michel Louis Christophe du Motier, marquis de La Fayette (13 août 17331er août 1759), colonel aux Grenadiers de France, est tué en Westphalie à l'âge de vingt-six ans par un boulet lors de la bataille de Minden, le 1er août 1759, dans les bras du duc de Broglie. Sa mère, Marie Louise Jolie de La Rivière, riche aristocrate de Saint-Brieuc, née en 1737, se retire à Paris au Palais du Luxembourg ; elle meurt le 3 avril 1770.

     

    Blason fam fr Motier de La Fayette.svg

    Armes des Motier de La Fayette :

    De gueules à la bande d’or et à la bordure de vair.

     

    À l'âge de 12 ans, le marquis de La Fayette se trouve donc orphelin et seul héritier potentiel de la fortune de son grand-père maternel, le marquis de La Rivière, qui meurt le 24 avril 1770 et lui laisse une rente de 25 000. À la même époque un autre oncle meurt et lui laisse un revenu annuel de 120 000 livres, faisant de lui l'un des hommes les plus riches de France. C'est donc son arrière-grand-père, le comte de La Rivière, ancien lieutenant général des Armées du Roi, qui le fait venir à Paris pour son éducation.

    Il étudie jusqu'en 1771 au collège du Plessis (actuel lycée Louis-le-Grand) et suit parallèlement une formation d'élève officier au régiment des Mousquetaires noirs du Roi. L'armée deviendra pour lui une deuxième famille. Il suit également les cours de l'Académie militaire de Versailles.

    Le 11 avril 1774, à 17 ans, il épouse Marie Adrienne Françoise de Noailles (1759-1807)

    fille du duc d'Ayen, dotée de 200 000 livres.

    C'est un « mariage arrangé », qui peu à peu se muera toutefois en une belle histoire d'amour même si Gilbert trompera régulièrement sa femme. Sa belle-famille, une des plus anciennes de la

    Cour de France et apparentée à Madame de Maintenon, permet à La Fayette d’être présenté à la Cour au printemps 1774.

    De ce mariage naîtront quatre enfants, un fils et trois filles :

    À la cour de Louis XVI, il n'obtient aucun succès. Attaché à ses libertés et dépourvu d'esprit courtisan, il fait avorter les tentatives de son beau-père visant à lui faire obtenir une situation intéressante].

    Marie Adrienne Françoise de Noailles (1759-1807)

    Après son mariage, il quitte volontiers la Cour dont il maîtrise mal les codes et rejoint le régiment de Noailles de son beau-père avec d'abord un grade de sous-lieutenant avant d'être progressivement promu au rang de capitaine des dragons. Son chef est le duc de Broglie, ancien ami de son défunt père. À l'exemple de ce dernier, il choisit alors de suivre une carrière militaire et entre dans la Maison militaire du roi.

     

     

    Surnom La Fayette
    Naissance 6 septembre 1757
    Château de Chavaniac, Auvergne, Royal Standard of the Kingdom of France.svg Royaume de France
    Décès 20 mai 1834 (à 76 ans)
    Paris (ancien 1er arrondissement), Drapeau français Royaume de France
    Origine Français
    Allégeance Royaume de France Royaume de France
    US flag 13 stars – Betsy Ross.svg États-Unis
    Drapeau français Royaume de France
    Arme Cavalerie
    Garde nationale
    Grade Major-général US-O8 insignia.svg
    Lieutenant général
    Général de division
    Conflits Guerre d'indépendance des États-Unis
    Guerres de la Révolution
    Commandement Troupes américaines, dont la division des Virginiens, Dragons du roi, puis brigade d'infanterie,
    Garde nationale,
    Armée du Nord
    Garde nationale (1831)
    Faits d'armes Bataille de Brandywine
    Bataille de Barren Hill
    Bataille de Gloucester
    Bataille de Monmouth
    Bataille de Rhode Island
    Bataille de Yorktown
    Distinctions Ordre de Cincinnatus Ordre de Cincinnatus
    Chevalier de Saint-Louis Chevalier de Saint-Louis
    Hommages Citoyen d'honneur de plusieurs états après 1781
    Citoyen d'honneur des États-Unis d'Amérique
    Nom gravé sous l'Arc de triomphe de l'Étoile (3e colonne)
    Autres fonctions Homme politique et militaire
    Famille Motier de La Fayette
    Signature  

      

      sa signature en 1787

      

      

      

    La guerre d'indépendance américaine

    La participation de La Fayette à la Guerre d'indépendance des États-Unis (1775-1783) lui a valu une immense célébrité et une place symbolique pour avoir été le trait d'union entre les Américains et la France, lui valant d'être surnommé « le héros des deux mondes ».

     

    File:George Washington by Peale 1776.jpg 

    George Washington par Charles Willson Peale (1776)

     

    Et ce qui fait de La Fayette le symbole du soutien français aux insurgés d'Amérique, comme ce qui en fait la figure du héros romantique qu'on en conserve, c'est son jeune âge (19 ans) et les circonstances de son départ de France (sans l'autorisation officielle du roi encore favorable à la paix), finançant le voyage de ses propres deniers. Cependant, bien qu'il ait eu un rôle notable sur le plan militaire, celui-ci est moindre par rapport au bilan politique qu'il suscita.

     

    http://fr.wikipedia.org/wiki/Gilbert_du_Motier_de_La_Fayette

     

     

    Né au château de Chavaniac, en Auvergne, Marie-Joseph Paul du Motier est issu d'une famille noble. Son père meurt à Minden (Allemagne) en 1759, et sa mère, ainsi que son grand-père, décèdent en 1770. À l'âge de 13 ans, il se retouve orphelin et fortuné.

      

    À 16 ans, il se marie avec Marie Adrienne Francoise de Noailles († 1807), fille du duc d'Ayen et petite-fille du duc de Noailles, une des familles les plus influentes du royaume. La Fayette choisit alors de suivre une carrière militaire comme son père. Il entre à la maison militaire du roi en 1772.

      

    Le jeune capitaine des dragons a 19 ans lorsque les colonies anglaises d'Amérique déclarent leur indépendance. Déjà sensibilisé à cette cause par son amitié pour Benjamin Franklin, à l'annonce de cette nouvelle, son cœur s'enflamme.

      

    En avril 1777, bravant l'interdiction du roi, il s'embarque pour l'Amérique.

      

      

    Après un voyage de deux mois, il accoste à Philadelphie, siège du gouvernement des colonies. Il offre ses services au Congrès en déclarant : C'est à l'heure du danger que je souhaite partager votre fortune.

    Il est incorporé non sans difficulté dans l'armée des États-Unis avec le grade de major général. Son rôle militaire est interrompu par une période de 6 mois où George Washington le missionne pour convaincre le roi de France d'envoyer un véritable corps expéditionnaire.

    Le 7 juin 1777, il envoie une lettre à sa femme qui déclare : " Défenseur de cette liberté que j'idolâtre, libre moi-même plus que personne, en venant comme ami offrir mes services à cette république (des États-Unis) si intéressante, je n'y porte nul intérêt personnel.

      

    Le bonheur de l'Amérique est intimement lié au bonheur de toute l'humanité ; elle va devenir le respectable et sûr asile de la vertu, de l'honnêteté, de la tolérance, de l'égalité et d'une tranquille liberté."

    Accueilli chaleureusement, il reçoit le titre de colonel de cavalerie. De retour aux États-Unis en 1780 à bord de l'Hermione, il reçoit sur demande de Washington, avec lequel il entretiendra une amitié durable, le commandement des troupes de Virginie.

     

    File:Réception de l'hôte de la nation aux Etats-Unis.jpg

      

    Il participe en 1780 à la bataille décisive de Yorktown, qui conduit à la capitulation de Cornwallis. Il rentre au pays en 1782, où il est promu maréchal de camp.

    Porte-parole de l'aristocratie libérale, député de la noblesse d'Auvergne aux États généraux, membre de la société des Amis des Noirs et franc-maçon, il rêve d'apparaître, lui, le « héros de la liberté des deux mondes », comme un Washington français.

     

     File:Marquis de Lafayette 3.jpg 

      

    D'abord favorable à la Révolution, il présente un projet de Déclaration des Droits de l'Homme à l'Assemblée constituante. Il est nommé commandant de la Garde nationale en juillet 1789. Son rôle à ce poste pendant la Révolution reste énigmatique. Lors de la Journée du 5 octobre 1789, où les Parisiens montent à Versailles pour demander du pain à Louis XVI, la Garde nationale est en retard, laissant dans un premier temps le roi face au peuple.

    Chargé de la sécurité du château, il se montrera incapable d'empêcher son invasion meurtrière. De même, le 20 juin 1792, lors d'une autre Journée révolutionaire, au Louvre, la Garde nationale, toujours dirigée par La Fayette, est absente, laissant le peuple aborder le roi en tête à tête (c'est lors de cette journée que Louis XVI a bu une bouteille de rouge proposée par un manifestant, et a marché dans une bouse de vache pour montrer qu'il était « comme le peuple », ce qui l'a probablement sauvé ce jour-là). Marie-Antoinette, qui ne pouvait plus le souffrir, dira de lui :

     

      

    "Je sais bien que M. de La Fayette nous protège. Mais qui nous protègera de M. de La Fayette ?"

    En décembre 1791, trois armées sont constituées sur le front est pour repousser les Autrichiens. La Fayette prend le commandement de l'une d'entre elles. Mais voyant que la vie du couple royal était, chaque jour, de plus en plus menacée, il s'oppose au parti Jacobin, avec l'intention d'utiliser son armée pour rétablir une monarchie constitutionnelle.

      

    Le 19 août 1792, il est déclaré traître à la nation. Obligé de se réfugier à Liège, il sera capturé par les Prussiens puis les Autrichiens, en dépit des interventions de sa femme et des États-Unis. Sa libération sera obtenue par Napoléon au traité de Campo-Formio en 1797.

      

    Le Directoire lui interdit cependant de rentrer en France. Il finit par rentrer en 1799 ; en 1802 il s'oppose au titre de consul à vie de Napoléon ; en 1804, il vote contre le titre d'Empereur.

    Durant le premier Empire, il vit retiré des affaires publiques, mais se rallie aux Bourbons en 1814. Avec Fouché, il participe à la déchéance de l'Empereur. La fin du Premier Empire l'incite à revenir sur le devant de la scène politique ; élu député de Seine-et-Marne lors des cents jours, il demande l'abdication de Napoléon 1er.

     

    File:LaFayetteMasonicSword.jpg

    Epée maçonnique de La Fayette

     

    Député de la Sarthe en octobre 1818, puis à nouveau de Seine et Marne en septembre 1819, il s'oppose résolument à la Restauration et adhère à la Charbonnerie en 1821. Réélu député en novembre 1822, à Meaux, il est battu aux élections de 1823.

     

    File:Lafayette 1825.png

    1825


    Il retourne en Amérique pour une tournée triomphale dans 182 villes de juillet 1824 à septembre 1825. Il reçoit du peuple américain 200 000 dollars et 12 000 ha en Floride. Rentré en France, il est réélu député de Meaux en juin 1827 et en juillet 1830.

    Lors de la révolution dite des Trois Glorieuses, en 1830, retrouvant sa popularité de l'année 1789, il a ses propres partisans qui le poussent à jouer un rôle de premier plan.

      

    Mais, peut-être du fait de ses 73 ans, il se rallie lui-même à la cause orléaniste et soutient Louis-Philippe, à qui il donne la cocarde tricolore. Lafayette retrouve le commandement de la Garde nationale pour quelques mois. La Fayette meurt à Paris le 20 mai 1834. Il est enterré au cimetière de Picpus, à Paris.

    Le rôle du marquis de La Fayette dans l'histoire de l'indépendance américaine est consacré de longue date à Washington par un square à son nom, avec au centre sa statue équestre, devant la Maison Blanche. Cependant, le 8 août 2002, il a été élevé à titre posthume citoyen d'honneur des États-Unis d'Amérique, un privilège rare n'ayant été accordé auparavant qu'à quatre reprises dans l'histoire américaine.

     

     

    Tombe de La Fayette à Paris, au cimetière de Picpus, au côté de sa femme. Suivant son désir, son cercueil a été recouvert de terre américaine.

     

     

    La Fayette's grave in Paris at Picpus cemetery, next to his wife. To answer to his request, his casket was coated with earth coming from the United States.

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

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    Jean Duplessis-Bertaux, fut un dessinateur et graveur au burin français, né en 1747 et mort en 1819.

    Il a donné les Scènes de la Révolution auxquelles il avait lui-même pris part, Les Métiers de Paris, et les Cris de Paris, et les Campagnes de Napoléon en Italie, d'après Carle Vernet, estampes qui furent en vogue.

    Il est aussi l'auteur de gravures licencieuses (parfois non-signées puis réattribuées).

     

    Nous avons rencontré Jean Duplessis-Bertaux (1747-1819) samedi aux Tuileries avec les Marseillais
    ce dessinateur et graveur fut un témoin de la vie parisienne pendant la Révolution: il a notamment laissé
    une série sur les métiers de Paris

    le cireur de chaussures
    pourtant cireur de pompes, c'est un métier de tous les temps et de toutes les époques




    avant vous étiez passé(e)s devant le savetier, pour les réparer



    on croisait encore la petite marchande de fruits/color]



    ou la petite marchande de fleurs



    et les porteurs d'eau
    l'eau n'est pas courante et les porteurs s'approvisionnent aux fontaines avec les habitants
    qui n'ont pas forcément les moyens de s'offrir leurs services




    des seaux en bois de hêtre d'une douzaine de litres chacun
    de l'eau qui se vend et pour laquelle les porteurs paient un droit à la ville
    l'eau est devenue une marchandise


     

     

     
     
     
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  • Le petit théâtre de Marie-Antoinette

    par Elisabeth Bouvet

     

    Portrait de la reine Marie-Antoinette, dit "à la rose", par Elisabeth Vigée Le Brun. © Photo RMN

    Portrait de la reine Marie-Antoinette, dit "à la rose", par Elisabeth Vigée Le Brun.
    © Photo RMN

    De la jeune fille autrichienne « peu encline au sérieux » à la reine de France montant sur l’échafaud, le parcours de Marie-Antoinette (1755-1793), épouse de Louis XVI, fait l’objet d’une importante exposition au Grand Palais à Paris, une exposition moins historique cependant qu’artistique. Marie-Antoinette rassemble quelque 350 pièces qui évoquent le goût de la reine à une époque où l’art français est à son sommet et qui racontent aussi le destin d’une femme dans une mise en scène qui n’aurait sans doute pas déplu à l’intéressée, grande fan de théâtre. Marie-Antoinette, tragédie en 3 actes (les années de formation, le temps de l'émancipation puis celui du destin) qui se donne à voir jusqu'au 30 juin.

     

    Se promener dans l’exposition Marie-Antoinette, c’est un peu comme arpenter les différents décors d’une seule et même pièce de théâtre. L’illusion est totale, et cela dès l’entrée où le prénom de la reine, biffé sur le mur extérieur de l’espace dédié à l’exposition, se lit comme le titre d’un drame.

    Une mise en scène somptueuse

    Gobelet (sans soucoupe) du service de la Laiterie de Rambouillet.© Photo RMN / Martine Beck-Coppola

    Et de fait, le visiteur-spectateur est d’emblée séduit, ébloui par le soin apporté au cadre, à sa magnificence comme un hommage appuyé à la fois aux frasques de la dernière reine de France et à son destin hors du commun.

     

    « Robert Carsen, le metteur en scène d’opéra qui a signé la scénographie, a parfaitement compris ce que nous lui avions demandé, c'est-à-dire de ‘dramaturgiser’ une histoire célèbre à travers des objets artistiques car ce n’est pas une exposition historique », commente le directeur du château de Versailles, Pierre Arrizoli-Clementel, co-commissaire de l’exposition.

     

    A chaque période, une couleur, des enfilades de pièces, un décor d’opéra champêtre pour le Petit Trianon, des miroirs, beaucoup de miroirs y compris brisés à l’image du destin de l’«Autrichienne », un long corridor sombre en guise de couloir de la mort, bref c’est bluffant.

    « Et au fur et à mesure que l’on avance dans cette espèce de décor, reprend Pierre Arrizoli-Clementel, on découvre petit à petit les trésors qui ont été accumulés par cette personne qui a beaucoup dépensé, sans aucun doute, mais pour le plus grand bien de l’art français puisque c’est une période unique, la plus belle peut-être de tous les siècles car quand on parle à l’étranger d’un style français, c’est celui-là que les musées américains s’arrachent ». Le fameux style « Marie-Antoinette », et non pas Louis XVI, grâce auquel, « on donne à voir une idée assez juste du personnage qui a été tellement adulé, tellement haï aussi.

     

    C’était une personne qui était certainement inconsciente de certaines choses qu’elle faisait mais qui avait un goût certain. Elle a été l’instigatrice d’une floraison du goût particulière à la France à cette période-là ». C’est du reste en musique que se déroule la visite à Marie-Antoinette, la première depuis 50 ans, la précédente exposition dédiée à la reine remontant à 1955.

    Marie-Antoinette, future reine de France

    Marie-Antoinette en grand costume de cour (1778), par Elisabeth Vigée Le Brun. © Kunsthistorisches Museum.

    Et ça commence tout naturellement à Vienne, au château de Schönbrunn où Marie-Antoinette, fille cadette de Marie-Thérèse d’Autriche voit le jour le 2 novembre 1755. Et déjà, au milieu de ses 14 frères et sœurs, celle dont on loue volontiers la grâce tout en stigmatisant son peu de sérieux, affiche sa différence. « Sur le dessin de Jean-Etienne Liotard datant de 1762, le regard de la jeune Marie-Antoinette semble nous dire, ‘Je suis moi’ », confirme Pierre Arrizoli-Clementel.

     

    Un port de reine qu’elle sera effectivement bientôt. Promise au duc de Berry, futur Louis XVI, elle rejoint la France en 1770 sous les vivats des sujets de Louis XV, fascinés par la beauté, la grâce de l’adolescente. Imprimés et gravures à l’effigie de « notre » future reine s’arrachent tandis que l’enfant suit à la lettre (épistolaire) les conseils de sa mère qui cherche à en faire un pur produit de cour. A Versailles, la jeune fille se languit de trouver un artiste qui parvienne à rendre son image.

     

    Ce n’est qu’en 1779 que Marie-Antoinette, devenue reine en 1774, peut enfin envoyer à l’impératrice son portrait officiel peint par Elisabeth Vigée Le Brun (1755-1842), portraitiste désormais attitrée de la première dame du royaume.

    Marie-Antoinette et son image

    Paradoxalement, c’est au moment où son image lui plait que celle-ci va commencer à déplaire aux Français. En 1780, Marie-Thérèse d’Autriche meurt, Marie-Antoinette est libérée et peut enfin s’affirmer. Au risque de l’incompréhension. Témoin, ce tableau de la même Mme Vigée Le Brun représentant la reine à cheval, non plus en amazone mais à califourchon. Scandale aussitôt. Au peu de respect dont elle fait montre pour l’étiquette, s’ajoute une passion immodérée pour le « dernier cri ». On parlerait d’elle aujourd’hui comme d’une fashion victim, et, note Pierre Arrizoli-Clementel, « elle ferait la Une de tous les magazines de mode ».

    De ce point de vue, la manière dont Robert Carsen a habillé la rotonde où se trouve l’escalier en colimaçon qui sépare les deux étages de l’exposition est on ne peut plus éloquente : aux murs, des vignettes représentant Marie-Antoinette sous ses différentes perruques. Coiffure à l’hérisson, coiffure au chien couchant, coiffure sans espoir, coiffure à l’indienne, coiffure à la belle poule, coiffure à la félicité… Une débauche d’appellations et de coupes qui en disent long sur ses audaces en matière de mode et sur sa passion (coupable, lui reprochera sa mère) pour le déguisement, le jeu.

     

    Table à écrire, 1784, Adam Weisweler© Photo RMN / Daniel Arnaudet

    Mais c’est au Petit Trianon, que lui offre Louis XVI en 1774 qu’elle se laisse définitivement aller aux audaces de la mode et à son penchant pour le raffinement.

     

    Là, dans ce décor pastoral, elle sollicite les plus grands créateurs et architectes de son temps pour meubler, aménager, intérieurs et jardins. On y retrouve ce penchant pour l’exotisme déjà présent dans les salons viennois de Schönbrunn parallèlement à l’émergence d’un style qui, tout en empruntant à l’Antiquité et à un goût prononcé pour les fleurs, s’oriente vers des formes plus modernes.

     

    Pièce maîtresse de cet espace tendu de vert, « le bureau cylindre en nacre qui vient d’être restauré après avoir été repêché en Inde, dans les années 50 » de Jean-Henri Riesener qui réalisa pour Marie-Antoinette les meubles les plus extraordinaires.

    Au Petit Trianon, bientôt rebaptisé « La petite Vienne », Marie-Antoinette dicte ses propres règles, échappant ainsi aux contraintes liées à son rang de souveraine. Mais contribuant du même coup à fragiliser un peu plus encore son image. Les portraits qui seront commandés à la fin des années 80 pour tenter de corriger cette perception et représentant la reine entourée de ses enfants n’y changeront rien. Sa réputation est même définitivement ternie en 1784 avec l’affaire dite du « Collier de la reine ». Pour le peuple, Marie-Antoinette n’est plus que « Madame déficit »…

    « Nous avons fait un beau rêve, voilà tout »

    Chemise de Marie-Antoinette pendant sa détention.© Carnavalet/ Roger Viollet.

    Chemise de Marie Antoinette lors de sa détention

    …et même bientôt « l’Autrichienne » quand survient la Révolution, en 1789. Dès lors, la reine se voit accusée de tous les maux, est l’objet de toutes les calomnies. C’est dans une atmosphère sombre et pesante que se termine le parcours de l’exposition, quand rattrapée par le destin, Marie-Antoinette qui ne rêvait que de liberté n’est plus que cette prisonnière qui, au petit matin du 16 octobre 1793, sera guillotinée sous les yeux de David qui prend un malin plaisir à la représenter assise les mains attachées derrière le dos, droite et digne, dans le charriot qui la mène à l’échafaud.

     

    Avant cette ultime représentation de l’ex-reine (la monarchie est tombée le 10 août 1792), le public aura pu lire sa dernière lettre - dans un français parfait qui n’a rien à voir avec ses premières missives envoyées à sa mère -, l’une des chemises qu’elle portait, son missel, les meubles modestes qui constituaient son intérieur à la Conciergerie, des relevés de blanchisserie ou encore son serre-tête.

    On y lit aussi, écrit sur les parois de ce couloir, des extraits de certaines des lettres qu’elle envoie à des proches, amis ou famille. Les épreuves l’ont transformée, l’ont grandie.

     
    Nul apitoiement, nul misérabilisme. A la hauteur finalement de la promesse qu’elle semblait adresser du haut de ses 7 ans à Jean-Etienne Liotard, trente et un ans plus tôt.
     
     
    sources

    Le petit théâtre de Marie-Antoinette

    par Elisabeth Bouvet

    http://www.rfi.fr/culturefr/articles/099/article_63918.asp

     

     

     

     

     

     
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    la marchande de lait
     
    dès le XIIIe siècle, les paysannes venaient des environs, apporter le lait aux Parisiens


     
      
    comme on peut le voir dans cette oeuvre de Louis-Léopold Boilly les enfants faisaient la "queue au lait" dès que les laitières arrivaient en ville en criant
    "la laitière, allons, vite"
     
    dans les années 80 - 1780! la reine Marie-Antoinette mit le lait au goût du jour au hameau de Versailles mais aussi à la laiterie du château de Rambouillet
     
     
     
     
    Laiterie de la Reine - Château de Rambouillet
     
     
    Un peu d'histoire : la laiterie a été construite par Louis XVI pour sa femme, la Reine Marie-Antoinette, qui s'ennuyait lorsqu'il résidait à Rambouillet pour chasser. Il eut l'idée de lui faire construire cette "laiterie" toute en marbre et au mobilier précieux (aujourd'hui au Petit Trianon) pour déguster le lait directement des animaux.
     
     
     

     

     

    Derrière une grille, on y découvre une laiterie magnifique, un temple blanc à la gloire des produits laitiers qui étaient à l'époque des produits de luxe. Le roi Louis XVI a fait construite en cachette cette laiterie pour sa femme Marie-Antoinette. La première salle, en forme de rotonde et sous une coupole est une salle de dégustation et la seonde salle, dite de rafraichissement est une grotte artificielle avec une scultpure en marbre "la nymphe à la chèvre".


    En savoir plus sur http://www.paperblog.fr/6017225/visite-du-chateau-de-rambouillet-sa-laiterie-et-sa-chaumiere-aux-coquillages/#E3wAl453ThmxadGr.99

     

     
       

     

     
      
    elle allait boire du lait chaud dans sa "vacherie", mode qui s'étendra jusqu'aux Champs-Elysées
    elle se servait d'un bol-sein
     

     
     

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  •  Portrait of english actress Lavinia Fenton, later duchess of Bolton, possibly by George Knapton, ca. 1739

     

    On se souvient de l'importance et de la vogue de la robe a paniers a coudes au temps de Louis XV ; sous le règne de louis XVI, cette robe est uniquement portée a la cour, au théâtre ou au bal.
    Dans la vie ordinaire, on adopte des robes plus simples et plus pratiques telles que la polonaise et ses nombreuses transformations.
    La tournure peu a peu remplace les paniers. les deux grands arbitres de l'élégance qui imposent leur goût a l'Europe entière sont alors la reine Marie-Antoinette et sa marchande de modes rose bertin.


    Périodiquement, on expédiait de paris a Londres un mannequin habille, figurine de modes de grande taille qu'on faisait circuler dans les autres pays.
    Brusquement, vers 1780, un revirement complet se produit.
    C’est d'abord l'anglomanie, l'adoption des modes anglaises.

    Aux robes étoffées, fleuries, bruissantes succèdent les costumes d'allure masculine (redingote, jaquette) et les paniers sont remplaces par des tournures.
    C’est le règne de la simplicité et Marie-Antoinette donne l'exemple en s'habillant de robes légères de percale ou de taffetas.

     

     

     

    Par le nombre et la variété de ses créations, l'époque Louis XVI occupe une place à part dans l'histoire du costume féminin et présente un intérêt particulier. Successivement, outre la robe à la française, nous voyons les femmes adopter la robe à la polonaise et ses nombreuses transformations, la robe à la lévite et la robe à l'anglaise.

     

    Portrait of the Duke of Berry, future Louis XVI, by Jean-Martial Fredou.
Just acquired by the Versailles museum.

    Portrait of the Duke of Berry, future Louis XVI, by Jean-Martial Fredou.

     

    Trois corporations travaillaient à l'habillement des femmes :

    les tailleurs de corps ou corsetiers, les marchandes de modes qui fournissaient rubans, falbalas et bonnets et enfin les couturières.

     

    Stays, ca. 1780, Metropolitan Museum of Art, New York.

     

    Le plus souvent le corsage était décolleté ; il s'agrafait par devant et un noeud de ruban appelé parfait contentement masquait l'agrafe. Le corps à baleines ou corset était muni d'aiguillettes qui servaient à maintenir le second jupon en passant dans des oeillères. Le corsage de dessous avec ou sans manches était la soubreveste, sorte de gilet ou de corsage de dessous et qui était toujours apparent par devant.

     

    Stays, late 18th century.

      

    La Cour avait conservé du règne précédent le goût des toilettes luxueuses et Marie-Antoinette, malgré la simplicité de son éducation à la cour d'Autriche, au lieu de réagir contre ce mouvement, en prit la tête. Jamais peut-être le luxe ne fut plus insolent à la cour de France que durant les années 1776 à 1778. C'est l'époque des immenses robes à paniers couvertes de falbalas de toutes sortes, de perles et de pierreries ; les souliers mêmes étaient brodés de diamants. Toutefois ce luxe extravagant fut réservé à la Cour et aux grandes cérémonies.

     

    MODE XVIIIè siècle - Un Certain regard....

    Dans la vie courante, on se contentait de toilettes plus modestes dont la " polonaise " est le type. Brusquement, en 1783, on assiste à un revirement complet : " Jamais ", lit-on dans Le Tableau de Paris (publié en 1783), " les femmes ne se sont mises avec autant de simplicité. Plus de robes riches, plus de garnitures, plus de manchettes à trois rangs. Plus de folles coiffures. Un chapeau de paille avec un ruban, un mouchoir sur le col, un tablier à la maison. En même temps on constate une grande vogue pour les couleurs claires notamment pour les toiles imprimées de Jouy à fond blanc dont la fondation de la fabrique due à Oberkampf datait de 1750.

     

      

    En 1786, le mouvement vers la simplicité s'accentue et le Cabinet des Modes écrivait : " Il n'est plus guère d'usage aujourd'hui pour les femmes de porter des robes de grande parure. On ne porte plus de ces grands paniers, ni de ces robes traînant d'une aune à terre. Il n'y a plus de garniture, ni falbalas, ni bouillons. Les " coudes " aux poches suffisent à donner de l'ampleur et à accuser les hanches; le postiche rejette la jupe en arrière.

     

     

    Les causes de ce changement profond dans la toilette féminine sont multiples et de nature différente ; la ruine des grands seigneurs, l'influence de Jean-Jacques Rousseau vantant la simplicité des moeurs, les toilettes de campagne portées par Marie- Antoinette dans sa retraite du Petit-Trianon et enfin l'anglomanie qui commença en 1786.

    S'inspirant des modes anglaises, les femmes désormais vont s'habiller comme les hommes; elles porteront la redingote masculine, la cravate et même les deux montres et le chapeau de castor.

    Le succès de la pièce de Beaumarchais, Le Mariage de Figaro, lance deux toilettes nouvelles : la " robe à la Suzanne " et le "juste à la Figaro".

     

     http://versaillesblog.blogspot.fr/2008/10/les-toilettes-de-marie-antoinette.html

     

    Vers 1788, les jupes ont un rang de volants et on porte une ceinture très large ornée d'une grosse boucle sur le devant. En même temps, c'est la mode des écharpes de taffetas ou de cachemire qu'on passe sous les bras, qu'on croise dans le dos et qu'on ramène par devant en nouant les deux extrémités. Dans les dernières années du règne de Louis XVI, les femmes adoptent le caraco exigu et la robe à l'anglaise.

     
    Robe retroussée dans les poches

    Cette robe appartient aussi bien au règne de Louis XV qu'au règne de Louis XVI. La mode en est extrêmement répandue dans la bourgeoisie et c'est le costume habituel des servantes.

    L'expression " retroussée dans les poches " n'est pas tout à fait exacte. En effet, ce n'est pas dans les poches qu'on relevait les pans de la robe mais dans les ouvertures des poches, c'est-à-dire par les fentes latérales du jupon de dessus, fentes qui permettaient d'atteindre les poches qui n'étaient à cette époque que des sacs suspendus à la ceinture. Naturellement, on faisait ressortir plus ou moins l'étoffe suivant qu'on retroussait plus ou moins. Cette robe est généralement accompagnée de plis dits " Watteau " qui partaient des épaules et descendaient au-dessous de la ceinture pour entrer ensuite dans la jupe. Des aiguillettes dont deux étaient cousues à cinquante centimètres du bas de la traîne se reliaient à deux autres aiguillettes correspondant et cousues à la hauteur de la taille ; c'était le relève-jupe.

    Robe à la Française | 1760-1770 Femmes avec des airs coquets ont été imposante en robes à la française et des robes à l'anglaise pendant toute la période entre 1720 et 1780.  La robe à la française a été dérivée de la robe sacque déshabillé lâche de la première partie du siècle, qui a été plissée à partir des épaules à l'avant à l'arrière.  La silhouette, composée d'un buste en forme d'entonnoir d'alimentation dans de larges jupes rectangulaire, a été inspiré par des conceptions espagnole du siècle précédent et a permis pour des montants expansive du textile avec la décoration délicate curviligne rococo.  Les jupes larges, qui ont souvent été ouverte à l'avant pour exposer un jupon très décorées, ont été soutenus par sacoches créés à partir de rembourrage et des cerceaux de différentes matières telles que la canne, à fanons ou en métal.  Les robes à la française sont réputées pour la beauté de leurs textiles, la coupe des plis creux et de décorations de retour employant jupe, connu sous le nom robings, qui a montré l'imagination infinie et de la variété.

    Robe à la Française 1760-1770 

     

    Robe à la Française

    Jusqu'à la Révolution la robe de cérémonie, de théâtre, de bal ou de Cour est la robe à la française qui est une robe à paniers. On a vu combien fut grande sous Louis XV la vogue de la robe à paniers qui avait trois ou quatre rangs de cerceaux en un seul ou en deux paniers reliés par une toile ; sous Louis XVI, les deux paniers s'étalaient à la hauteur des hanches : c'est le panier à coudes, ainsi nommé parce qu'on pouvait y appuyer les coudes. La jupe était ornée d'un haut volant de dentelles, de rubans, de bouillons de gaze.

     Robe à langlaise (retrousée dans les poches)French | 1780Silk | Kyoto Costume Institute

     

    Robe à la polonaise

    Moins cérémonieuse et moins encombrante que la " robe à la française ", la robe" à la polonaise ", encore appelée " robe à la reine ", eut une vogue considérable sous Louis XVI, vogue qui dura de 1776 à 1787. La robe à la polonaise a eu de nombreuses variantes : polonaises en frac, aux ailes, à coqueluchon, etc.., qui toutes présentent les mêmes caractères généraux suivants. Tout d'abord les manches sont " en sabot" c'est-à-dire qu'elles s'évasent légèrement et sont garnies d'un brassard ruché d'où pendent souvent des manchettes de dentelles ou de gaze bouillonnée. Ce brassard est plus ou moins long et on le serre à intervalles réguliers par des rubans ou des rangs de perles.
    Une des particularités de la robe à la polonaise consiste dans le corsage qui tient à la double jupe, c'est-à-dire que les devants et les dos sont d'une pièce jusqu'au bas de la robe. La robe à la polonaise est une robe à transformation et on peut à volonté retrousser les trois pans formant les ailes et la queue ou bien obtenir une robe flottante. Dans ce but, il y avait un double cordon qui passait dans une coulisse de chaque côté sous les coutures qui joignaient sous les bras les devants au dos depuis la hanche jusqu'en bas. Ce cordon était muni de glands et indiqué par une rosette ; il suffisait de tirer un cordon pour abaisser les pans et l'autre cordon pour les
    relever.
    Les devants du corsage étaient agrafés sous le "parfait contentement" et s'évasaient en découvrant la veste ajustée sur le corps à baleine pour ensuite se rejeter en arrière sur la jupe.

    Polonaise aux ailes : dans cette polonaise dite " aux ailes ", celles-ci sont plus longues que la queue qui est bouffante.

      

    Les manches en sabot se terminent par de petites manchettes doubles et ruchées qu'on appelait des " petits bonshommes ".

     

     

      

     

    Polonaise d'hiver : Les polonaises sont souvent accompagnées d'un grand capuchon ; dans la polonaise d'hiver, c'est un coqueluchon, c'est-à-dire un petit capuchon inutilisable qui est fixé au corsage. Dans cette polonaise les ailes et la queue sont relevées assez haut et les fentes des poches ainsi que le tour de la robe sont garnis de ruchés. La jupe est ornée d'un volant à " tête bouillonnée".

     1786 fashion plate.
    La Circassienne

    La robe "à la circassienne" n'est encore qu'une variante de la robe polonaise. Comme cette dernière, elle a trois pans (une queue et deux ailes), mais ces trois pans sont d'égale longueur. Des cordons à tirettes comme dans la polonaise servent à retrousser ces pans. Ce qui caractérise surtout la circasienne, c'est la forme et la disposition des manches. Celles de la robe (premières manches) sont très courtes et en entonnoir. Elles laissent passer les mancherons de la soubreveste ou corsage de dessous qui sont les mancherons de la soubreveste ou corsage de dessous qui sont des manches justes. Tantôt elles descendent jusqu'aux poignets, tantôt elles s'arrêtent à la saignée du bras où elles sont ornées de petits bonshommes, qui sont des manchettes ruchées à deux rangs ou encore des manchettes à deux rang de filet.

      

    Mantua, back detail.
Made between 1740-1745, altered between 1875-1900 to fit the late 19th centiry dress.
Made in England, now in storage at the Victoria & Albert Museum.

     

    La Polonaise Anglaise

    Les modes anglaises étaient influencées par les modes françaises du XVIIIème siècle et la robe polonaise française fut adoptée en Angleterre mais avec quelques modifications.

    Dans la polonaise française, les deux pans s'écartent sur la jupe de dessous ; en Angleterre, il y a un pan devant. Une autre particularité de la "polonaise anglaise" consiste dans la fermeture du corsage qui souvent est dans le dos.

    "Jane, Duchess of Gordon" by George Romney, 1778.

     

    Les Caracos

    Qu'ils soient à la polonaise ou à la française, les caracos ne sont que des robes coupées un peu plus haut que les hanches. Leur principal caractère est dans l'exiguïté des basques. Ils s'agrafent par devant, tantôt au milieu de la taille, tantôt sous le "parfait contentement".

    Tout d'abord assez long, bientôt ils ne dépassent pas l'ouverture des poches du jupon ; les manches sont en sabot. Le caraco "à la française" ne diffère du caraco à la polonaise que par les plis Watteau dans le dos. Aux caracos se rattache le juste à la Figaro encore appelé "robe à la Suzanne". Il est à manches longues et se porte avec un fichu de linon à l'encolure.

     

      

      

    Chemise de la Reine

    C'est à partir de 1781 que, grâce à Marie-Antoinette, cette robe fit fureur. C'est surtout une robe d'intérieur, du moins à la Cour, et on la faisait en gaze ou en soie. Elle tombait droit avec un haut falbala au bas de la jupe et était très décolletée. Le tour de gorge, qui sous Louis XV était bouillonné ou en dentelle, devint une collerette Médicis, comme au début du XVIIème siècle, mais plus décolleté.

    Woman's jacket of purple silk damask, Germany, c. 1750-1770. The large protruding basques once lay decoratively on a hooped petticoat

    Robe inspirée de la Redingote Masculine :

      

    L'influence des modes anglaises se traduisit en France par les robe inspirées de la redingote portée par les hommes à la même époque. Tantôt cette robe-redingote est ouverte par devant, ce qui est le cas le plus fréquent. Tantôt elle est fermée et boutonnée du haut au bas par de gros boutons métalliques. D'immenses chapeaux accompagnaient ces robes.

    stripeyredingote-fashionplate.jpg 350×650 pixels

      

    Robe à l'Anglaise :

      

    Cette robe ajustée à la taille a toujours une queue traînante. Chaque couture du dos est accompagnée de deux baleines et les deux pièces du dos s'élargissent pour former les lés du manteau. Ces deux pièces se relèvent sur la tournure qui est formée de deux toiles fortes matelassées, piquées et froncées à la taille où un ruban l'attache. Les manches en amadis tantôt s'arrêtent comme ici au-dessous du coude, tantôt descendent jusqu'aux poignets. On adopte aussi les manches bouffantes.


    Sur les devants s'épinglant l'un sur l'autre sont les compères de doublure lacée et les pièces du corsage sont garnies d'oeillets pour lacer.

     

     

     Red wool suit worn by Peter II, 1727-1730, The Moscow Kremlin Museums.

     

    En général le costume masculin sous Louis XVI n'a plus cette allure pimpante et désinvolte du costume masculin sous Louis XV : les formes s'assagissent, la couleur joue un rôle. Tandis que sous Louis XV on n'avait guère employé que des étoffes de ton uni, vers 1778 apparaissent les soieries cannelées et mouchetées.

     

     

     

    Une autre innovation consiste dans l'emploi de boutons de métal ciselé, émaillé ou peint.

     

    "Portrait of an unknown man" by Allan Ramsay (1713-1784). 

     

    L'habit à la française persiste sans changements importants; mais on le porte surtout à la Cour. Les pans ne s'étalent plus comme au temps de Louis XV en bouffant et les devants s'ouvrent de plus en plus sur la veste ou gilet. Les manches sont justes et les manchettes de dentelles sont de plus en plus rares. Souvent le gilet est sans basques et d'une couleur différente du justaucorps ; on rencontre souvent des habits blancs avec des sujets brodés. L'habit à la française de grande cérémonie est fait d'une riche étoffe et couvert de broderies.

     

    Sir Joshua Reynolds
by Sir Joshua Reynoldsoil on canvas, circa 1747-1749
National Portrait Gallery

     

     

    Le frac ne diffère de l'habit à la française que par son col rabattu et par les pans qui tombent droit en s'écartant. Le col droit et rabattu est assez souvent d'une couleur différente. Le frac dit " à la polonaise " n'a pas de couture dans le dos ; il n'a ni poches apparentes, ni passements. Les couleurs communément adoptées pour les fracs sont le vert ou le jaune clair avec de larges rayures. Il y a des fracs sans boutons.

     

    "Colonel George K. H. Coussmaker, Grenadier Guards" by Sir Joshua Reynolds, 1782. 

     

    L'usage de porter deux breloques (clef et cachet) accrochées sous le gilet, de chaque côté de la culotte, est général. La cravate n'est souvent qu'une écharpe de batiste nouée.

     

    "Portrait of Gerónimo Antonio Gil" by Rafael Ximeno y Planes, 18th century, National Museum of Art (MUNAL), Mexico. 

     

     

    A partir de 1780, l'anglomanie se manifeste par la redingote à la lévite qui a trois collets en gradins, des revers séparés du collet et fixés par des boutons; par la lévite à l'anglaise qui diffère peu de la simple lévite et qui se porte avec une culotte de peau et de longues bottes souples à revers comme on en porte avec le frac à l'anglaise. Ce dernier se porte entièrement boutonné. A la fin du règne apparaissent les fracs en étoffe à rayures.

      

      

    Portrait of a Boy in Fancy Dress by Nicolas de Largilière, 1710-1714.

     

    Les enfants s'habillaient de vêtements de même forme que les grandes personnes.

     

     

     

    Quand ils portaient le pantalon, on disait qu'ils étaient en matelot, parce que les matelots ne portaient pas de culotte.

     

     

     

    Le costume des bourgeoises resta sensiblement le même durant tout le XVIIIème siècle et les différences entre la bourgeoise sous Louis XV et la bourgeoise sous Louis XVI sont insignifiantes.

     

     

     

    Elles portaient d'ailleurs toutes deux comme les dames de qualité le bonnet et le tablier avec ou sans volants.    

     

     

    Le costume des paysans différait peu de celui des citadins, à part la qualité des étoffes et la richesse des garnitures. Le plus généralement les paysans portaient du linge grossier, une sorte de frac de drap commun, une culotte, des jambières, des souliers de gros cuir.

     

     

      

    Comme coiffure, un feutre relevé par derrière, les cheveux longs, noués par derrière.

      

    Costumes XVIIIe
     

    "Allégorie de l'Hiver"
    Verrerie
    du 1er quart du XVIIIe siècle
    Musée de Nevers

      

      

    Les paysannes portaient sur leur chemise un corset lacé, une jupe courte sur plusieurs jupons, un tablier entourant la taille protégeait la jupe ; un fichu couvrait les épaules.

     
    La gardeuse d'oie
     
    La gardeuse d'oie.
    Faïence, décor de grand feu (polychrome) par Antoine MONTAGNON
    Musée municipal Frédéric Blandin - 58 Nevers
     
     
     

    Un bonnet ou un mouchoir couvrait la tête, aux pieds des souliers plats, soit d'étoffe ou de gros cuir.

     

     Manteau de berger

     

     

     

     

    "Mrs. Henrietta Morris and her son" by George Romney (1734-1802) 

     

     "Mrs. Henrietta Morris and her son" by George Romney (1734-1802)

     

      

     

     

     http://lecostumeatraverslessiecles.chez-alice.fr/Costumes/XVIIIe/1774-1789_paysans.htm

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

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    Varennes, 20-25 juin 1791. La fuite de la famille royale

    et la fin de la monarchie

     

    La fuite de Louis XVI et de sa famille dans la nuit du 20 au 21 juin 1791 n’est pas qu’un des multiples rebondissements de la période révolutionnaire. Ses conséquences en font un des épisodes cruciaux de la Révolution. Un événement charnière qui va ternir l’image du roi et contribuera au renversement de la monarchie.

    Après son installation forcée aux Tuileries, le 6 octobre 1789, la famille royale n’est plus vraiment libre de ses mouvements. Surveillée de près, ses sorties sont contrôlées.

    Le 19 février 1791, le départ pour Rome des tantes de Louis XVI, inquiètes des lois anti-religieuses, jettent la suspicion sur la famille royale. Comme l’année précédente, Louis XVI souhaite passer la Semaine Sainte puis la belle saison avec sa famille au château de Saint-Cloud. Il fixe le départ au 18 avril. Aussitôt connue la nouvelle de ce projet, les milieux révolutionnaires affirment que le Roi veut quitter Paris pour faire ses Pâques avec un prêtre non assermenté. Au moment du départ, une foule hostile entoure le carrosse et l’empêche de partir. La famille royale doit donc rentrer aux Tuileries. En montant les marches du perron, Marie-Antoinette lance aux grenadiers : «Vous avouerez à présent que nous ne sommes pas libres !»

     L’arrestation de Louis XVI et de sa famille à Varennes chez l’épicier et procureur Jean-Baptiste Sauce

     

    Comme le lui avait conseillé Mirabeau, décédé le 2 avril 1791, et encouragé par le comte suédois, Axel de Fersen, Louis XVI décide de rejoindre le quartier général du marquis de Bouillé, à Montmédy, près de la frontière du Luxembourg. Il sait que les troupes du marquis lui sont fidèles.

    Un plan est échafaudé : il consiste à se faire passer pour l’équipage de la baronne de Korff (la marquise Louise-Elisabeth de Croÿ de Tourzel, gouvernante des enfants de France), veuve d’un colonel russe qui se rend à Francfort avec deux enfants (le Dauphin et Marie-Thérèse), une gouvernante, Mme Rochet (la reine), un valet de chambre (le roi) et trois domestiques (des gardes du corps du roi). Une berline est spécialement commandée pour cette équipée. La fuite est d’autant plus délicate qu’une domestique fait courir des rumeurs sur une éventuelle fuite de la famille royale. La surveillance est renforcée, des gardes dorment à même le sol devant les portes des appartements royaux. Malgré toutes ces précautions la famille royale parvient à sortir des Tuileries. La berline passe la Barrière Saint Martin (actuelle rotonde de la Villette) vers 1h20.

     

    Commence alors un voyage qui doit se conclure par la prise en charge de la famille par les troupes du marquis de Bouillé mais qui ne sera qu’une longue suite de contretemps et de malentendus. La berline royale prend beaucoup de retard sur l’horaire prévu. Dans la soirée, elle arrive à Sainte-Ménehould, en Champagne, où un détachement de hussards envoyé par le marquis de Bouillé doit assurer sa protection. La berline repart sans son escorte mais le maître de poste, Drouet, qui a reconnu Louis XVI, devance la berline par des chemins de traverse et parvient à l’étape suivante à Varennes-en-Argonne. Il alerte les habitants et le procureur de la commune, l’épicier Sauce. Ce sera la fin de l’équipée.

    La même nuit, le comte de Provence, futur Louis XVIII, quitte la France en suivant un autre itinéraire qui le conduit aux Pays-Bas autrichiens sans incident.

     

     

    La découverte du départ du roi à Paris

    Dès la découverte de la fuite du roi, c’est l’effervescence mais également l’inquiétude à Paris. Lafayette, Bailly et Alexandre de Beauharnais (le mari de Joséphine et président de l’Assemblée), se concertent et se mettent d’accord pour affirmer que le roi avait été «enlevé». L’annonce du départ de la famille royale est faite en début de séance. M. de Laporte, intendant de la liste civile, apporte à l’Assemblée un document (le «testament politique de Louis XVI», retrouvé en 2009) que le roi a rédigé et dans lequel il explique les raisons de son départ. Le 22 juin à 22 h, on apporte la nouvelle de l’arrestation du roi. Trois commissaires sont nommés pour ramener la famille royale à Paris : Barnave, Pétion et Latour-Maubourg.

    Le 23 juin, commence le retour de la famille royale à Paris. Un trajet long et difficile, ralenti ou interrompu par des manifestants qui lancent aux fugitifs injures et quolibets. A Paris, on avait affiché dans les rues : «Quiconque applaudira Louis XVI sera bâtonné ; quiconque l’insultera sera pendu». C’est donc dans un lourd silence que le roi retrouve la capitale dans la soirée du 25 juin. Le cortège passe au milieu d’une haie de gardes nationaux portant leurs crosses de fusils à l’envers.

     Le retour du roi à Paris

     

    Le prestige du roi ébranlé

    La fuite manquée du roi marque un tournant dans la Révolution. La confiance dans sa sincérité et son acceptation de la Révolution sont mises en doute. Cette situation pose un redoutable problème politique aux partisans de la monarchie constitutionnelle car l’on soupçonne le roi de collusion avec l’étranger, voire de trahison. Le roi est suspendu et l’Assemblée va admettre la théorie de l’«enlèvement» du roi pour sauver ce qui peut l’être. Mais l’histoire va s’emballer.

    Alors que la majorité de l’Assemblée tente de minimiser les conséquences du départ du roi, le principe monarchique commence à être remis en cause et certains parlent même ouvertement de République, une idée jusque-là très minoritaire. Mais les clubs commencent à s’agiter, sur fond d’agitation sociale engendrée par la loi le Chapelier du 14 juin interdisant toute association d’ouvriers et tout mouvement de grève.

    Le 16 juillet, suite à une pétition du Club des Cordeliers demandant la déchéance du roi, les modérés du club des Jacobins font une scission et fondent le club des Feuillants. Seule, une dizaine de députés, dont Robespierre, reste au club. Le 17 juillet alors que la foule afflue au Champs-de-Mars pour signer la pétition, un incident provoque une fusillade qui fera plusieurs dizaines de victimes. Le fossé entre les classes populaires et l’Assemblée ne fera, dès lors, que s’agrandir.

    La Constitution, discutée pendant tout l’été, est votée le 3 septembre et acceptée par le roi le 14, qui vient prêter serment devant l’Assemblée. L’Assemblée constituante considérant sa tâche comme achevée décide de se séparer le 30 septembre en précisant que ses membres seraient inéligibles à la nouvelle Assemblée législative. Pour beaucoup, la Révolution est terminée. La monarchie constitutionnelle semble bien installée, l’idée de République oubliée. Du moins le croit-on.

    La chute de la royauté

    Les mois qui suivent vont pourtant conduire à l’effondrement de la monarchie. La déclaration de guerre au «roi de Hongrie et de Bohême» (l’empereur d’Autriche), votée le 20 avril 1792, est souhaitée ouvertement par les Girondins, secrètement par le roi et combattue par Robespierre. Les défaites successives des armées françaises, les émigrés regroupés près des frontières, les rumeurs de trahison, vont créer une véritable ambiance de psychose. Une première journée insurrectionnelle a lieu le 20 juin. Les sans culottes parisiens investissent l’Assemblée législative et les Tuileries pour forcer le roi à retirer son veto sur la déportation des prêtres réfractaires et la formation d’un camp de fédérés à Paris. Louis XVI accepte de coiffer le bonnet phrygien et de boire à la santé de la nation mais ne cède pas.

    L’assaut des Tuileries

     

    Le 5 juillet, l’Assemblée déclare la nation «en danger». Les volontaires et fédérés affluent à Paris pour rejoindre l’armée. La Commune de Paris décide d’en finir avec la monarchie. Le palais des Tuileries est pris d’assaut dans la matinée du 10 août par 15 à 20 000 insurgés. 950 gardes suisse, 200 gentilshommes et 2000 gardes nationaux assurent sa défense. Le roi et sa famille se réfugient à l’Assemblée. Louis XVI ordonne le cessez-le-feu. 600 gardes suisses seront massacrés, le chef des gardes nationaux, Mandat, est assassiné par ses propres troupes.

    Le roi est suspendu, la famille royale est installée au palais du Luxembourg puis transférée au Temple le 13 août. Début septembre, sans-culottes et populace massacrent plus de mille détenus à Paris, des centaines en province. Une nouvelle Assemblée, la Convention, est élue au suffrage universel masculin à deux degrés. Elle proclame la République le 21 septembre. C’est la fin de la monarchie.

    Bibliographie :

    Mona OZOUF. Varennes. La mort de la royauté. 21 juin 1791. Trente journées qui ont fait la France, Gallimard, 2005.
    Marcel REINHARD, La Chute de la Royauté. 10 août 1792. Ces journées qui ont fait la France, Gallimard, 1969.
    Timothy TACKETT, Le Roi s’enfuit. Varennes et l’origine de la Terreur, La Découverte, 2004.

     

     

     

     

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    A Paris, du 2 au 6 septembre 1792, les prisons sont investies par des sans-culottes qui massacrent près de 1 200 détenus. Faut-il n’y voir que spontanéité populaire égarée ?

    La polémique n’a jamais cessé.

     

    A Paris, du 2 au 6 septembre 1792, les prisons sont investies par des sans-culottes qui massacrent près de 1 200 détenus. Faut-il n’y voir que spontanéité populaire égarée ? La polémique n’a jamais cessé.

     


     

    De la place Dauphine à la prison de l’Abbaye : c’est un très bref trajet au coeur du vieux Paris. Mais, ce 2 septembre 1792, les voitures chargées de prisonniers ont un parcours difficile, coupé de nombreux arrêts. Les détenus - parmi lesquels de nombreux prêtres réfractaires* - sont injuriés, menacés, molestés. Ainsi au carrefour Buci, où s’est formé, autour de l’estrade où s’enrôlent les volontaires, un attroupement agité, qui bruit d’une rumeur désastreuse : la prise de Verdun par les armées prussiennes.

    Attroupés et badauds suivent les voitures jusqu’au jardin de l’Abbaye. Quand les prisonniers en descendent, un geste, ou un cri, allez savoir, suffit à donner le signal du lynchage, à coups de bûche, pique, sabre, massue, bientôt suivis à l’intérieur de la prison, à l’initiative de représentants de la Commune (cf. p. 55) , d’interrogatoires expéditifs auxquels met fin le quitte ou double de l’acquittement ou de la mort.

     

     

    Danton, Marat et Robespierre.

     

    En Octobre 1792, les principaux orateurs girondins les accusent d'aspirer à une "dictature triumvirale" et d'avoir été les "complices des septembriseurs".

     

    En fait, c'est le rôle du mouvement populaire qui est remis en cause.

     

       

    La contagion du meurtre gagne bientôt les autres prisons parisiennes, sous les deux formes du lynchage et du tribunal improvisé : les Carmes, où ont été regroupés des prêtres réfractaires ; puis la Force, le Châtelet, la Conciergerie, peuplés surtout de vagabonds et de détenus de droit commun ; enfin les prisons-hospices, Bicêtre, où maîtres et parents placent en « correction » les adolescents récalcitrants, la Salpêtrière, réservée aux prostituées et aux femmes « flétries ». Ni l’âge ni le sexe ne sont des protections contre la fureur massacrante. Au total, au sortir des quatre journées où s’étire, avec flambées, répits, brusques reprises, l’émotion populaire, environ 1 200 personnes ont trouvé la mort : près de la moitié de la population incarcérée à Paris.

     

    Sur le récit de cette sauvagerie ont immédiatement bourgeonné les images d’horreur : cœurs arrachés, gorges sciées, visages brûlés par les torches, petits pains trempés dans les plaies. Un roman noir dont se détachent deux figures féminines : l’amie de la reine, la princesse de Lamballe, cadavre affreusement mutilé, tête coupée, enrubannée de viscères ; et Mlle de Sombreuil, contrainte pour sauver son père, le gouverneur des Invalides, de boire un verre de sang.

     

     

    Massacres du 2 septembre 1792 à  la prison de l'Abbaye. La hantise de la trahison ayant gagné Paris, les prisons s'emplissent de "suspects". La mise à mort des prêtres réfractaires de l'Abbaye marque le début des massacres.

     

    Devant ces récits largement fantasmés, en 1935 le grand historien des massacres de Septembre Pierre Caron renonçait à faire un tri plausible entre les raffinements de cruauté et l’horreur ordinaire1. A elle seule, celle-ci a il est vrai de quoi provoquer l’ébranlement horrifié de l’opinion éclairée.

     

    Les historiens l’ont souvent minimisée. Tantôt, en suggérant que tel groupe politique, les Girondins par exemple, ont accepté « sans frémir » les massacres. Tantôt, en glosant sur l’image du « voile » , ou du « rideau » qu’il conviendrait, à lire les responsables politiques, de tirer sur la scène. Tous ont répété la formule imaginée le 3 septembre par Roland, alors ministre de l’Intérieur : « Hier fut un jour sur lequel il faut peut-être jeter un voile. » Faut-il pour autant conclure à l’indifférence ? Ou bien plutôt à la stupeur accablée et au frisson du dégoût ? Si Girondins, Montagnards, députés, commissaires, tiennent tant dans un premier temps à se voiler la face, n’est-ce pas parce que les massacres sont l’irregardable de la révolution et que tous ont frémi ? Le recul devant l’événement est perceptible même chez

     

    http://www.larousse.fr/encyclopedie/data/images/1009047.jpg

     

     

     

    les plus radicaux, comme Hébert* qui craint la « récidive » des sans-culottes, ou même Marat, navré « de voir frapper indistinctement petits scélérats et grands coupables ».

     


    UNE A DEUX CENTAINES DE MILITANTS

     
    Chez tous en effet, l’événement prend à la traverse la croyance la plus chère à un siècle « sensible », la mieux ancrée aussi, grâce à Rousseau, dans l’esprit des hommes de la Révolution : celle que le peuple, comme acteur historique, n’est pas susceptible de se tromper. A cette conviction, le charnier de Septembre oppose un démenti sanglant. Surgit alors un peuple bien différent du peuple héroïsé des orateurs révolutionnaires. Sous « populus », le peuple identifié à la nation tout entière, voici « plebs » , la plèbe ; sous le peuple politique, le peuple social ; sous le peuple généreux, le peuple féroce. Bref, le peuple impopulaire.
     

    Du même coup, le spectacle de Septembre lègue à tous les commentateurs du moment comme à ceux de l’avenir une redoutable énigme, celle même qui se trouve au coeur de la Révolution. Les Annales patriotiques du girondin Carra l’ont très clairement exprimée : « Comment se fait-il qu’un peuple chez lequel on a délibéré solennellement si on n’abolirait pas la peine de mort, même à l’égard des grands criminels, l’année d’après baigne dans le sang et attente à la vie des hommes avec la légèreté la plus révoltante ? »

     

    Ces hommes qui se portent aux prisons, quels sont-ils ? Il ne s’agit pas d’une foule, mais, dans chaque lieu, d’une ou deux centaines de militants qui opèrent sous l’oeil des gens du quartier : artisans, boutiquiers, gardes nationaux, le personnel habituel des journées révolutionnaires, auquel prêtent main-forte les fédérés qui battent depuis le 10 août le pavé parisien.

     

      Assignats 

    Malgré le nombre réduit des exécuteurs, parmi lesquels se détachent quelques figures hautes en couleur, tel Maillard dit « Tape-dur », un ancien « vainqueur de la Bastille », les relations de l’événement ne renoncent pas à évoquer l’impressionnante figure d’un Peuple majuscule, unanime et solidaire. Camper sur la représentation d’un « Peuple Un » oblige d’autant plus à lui chercher des circonstances atténuantes.

     

    La plus commune, dans les journées qui suivent l’événement, est l’évocation des tribunaux improvisés qui ont siégé dans les prisons, à l’initiative de commissaires arrivés sur les lieux ou de juges tirés du sein de l’attroupement. La presse met en valeur les « formes » conservées, consultation des registres d’écrou, interrogatoire, délibération, sentence. Elle s’applique à monter en épingle les actes de modération ou de retenue qu’on a pu, ici et là, observer : le morne silence qui accompagnait la sentence de mort, les applaudissements et les larmes qui saluaient un acquittement. Certes, ce n’est pas là tout à fait, aux yeux des commentateurs, justice. Mais de tels récits rassurent : c’est donc que dans ce peuple devenu fou vacillait encore une flamme d’humanité qu’on pouvait espérer ranimer.

    File:Massacre châtelet 1792.jpg 

    Massacre au Chatelet

     

    A la décharge du peuple, on peut invoquer aussi le malheur des temps. Il faut imaginer ce Paris de 1792 comme plein des rumeurs de la guerre, déclenchée en avril, avec des rues traversées par les détachements armés et les transports de matériel militaire, secouées par le bruit du tocsin : il a retenti, le matin du 2 septembre, pour appeler à l’enrôlement des volontaires. Cette fin d’été est d’autre part un temps suspendu, entre une Assemblée législative qui n’a plus qu’un mois pour exercer un pouvoir chancelant et la triomphante Commune insurrectionnelle du 10 août, qui met une pression constante sur les députés débordés, réquisitionne, perquisitionne, traque les suspects.

     

    L’Assemblée a remplacé le roi emprisonné par un comité exécutif de six membres, dont la grande voix est Danton, installé un tribunal d’exception pour juger des « crimes » du 10 août. Le châtiment des coupables est à l’ordre du jour. Or les coupables sont légion, si on ajoute aux Suisses arrêtés la foule des criminels potentiels, ceux qu’on croit voir partout depuis qu’arrivent les nouvelles des revers militaires : brigands ressuscités de la Grande Peur, contrefacteurs d’assignats, affameurs, prêtres réfractaires ; des fantômes pour la plupart, mais qui alimentent les peurs les plus profondes de l’imagination populaire.

      

      

    Le 21 septembre 1792, la Convention nationale décrète l’abolition de la royauté. Ce décret met fin à la longue décadence du pouvoir monarchique amorcée en 1789. En effet, depuis les journées d’octobre 1789 qui voient les femmes et les ouvriers parisiens ramener le roi et sa famille de Versailles aux Tuileries, Louis XVI est prisonnier du peuple de Paris, qui contrôle désormais le pouvoir politique. L’Assemblée constituante s’installe également aux Tuileries, dans la salle du Manège. Outre les graves problèmes de subsistance, elle doit affronter la crise financière liée à la dépréciation des assignats et les troubles religieux consécutifs à l’application de la Constitution civile du clergé votée le 12 juillet 1790. Malgré son serment de « maintenir la Constitution », prononcé solennellement le 14 juillet 1790 lors de la fête de la Fédération, Louis XVI souhaite rompre avec la Révolution. Il correspond secrètement avec les souverains étrangers pour solliciter leur aide militaire. Sa fuite le 21 juin 1791 achève de discréditer la monarchie. Le 17 juillet 1791, le Club des cordeliers organise une manifestation au Champ-de-Mars pour réclamer la déchéance du roi, mais la garde nationale, commandée par La Fayette, fait feu sur les émeutiers. Malgré la mise en place de l’Assemblée législative le 1er octobre 1791, la monarchie constitutionnelle bat de l’aile. Avec la guerre déclarée à l’Autriche le 20 avril 1792, l’armée française, désorganisée, connaît ses premiers revers militaires. Le roi use de son droit de veto, ce qui provoque l’insurrection du 20 juin 1792, prélude à celle du 10 août qui entraîne la suspension de Louis XVI, son incarcération au Temple et la convocation d’une Convention nationale, élue au suffrage universel, chargée de rédiger une nouvelle Constitution. Le 20 septembre 1792, la victoire de Valmy, remportée sur les Prussiens, a un retentissement considérable. Le lendemain, la Convention tient sa première séance et abolit la royauté.

     

     

     

    Auteur : Alain GALOIN

     

      

    Face à eux, le tribunal paraît frappé d’impuissance. Qui, dans l’ombre, retient le glaive sur la tête des coupables ? Qui expédie le peuple aux frontières, sans souci des femmes et des enfants qu’il va devoir laisser derrière lui, victimes désignées si les prisons s’ouvrent ? Dans les imaginations terrorisées par l’imminence de l’invasion, c’est alors l’enchaînement fatal qui mène de défaite en trahison et de trahison en vengeance. La presse presque unanime, à l’exception notable du journal de Brissot, Le Patriote français , n’a rien fait pour le briser, bien au contraire. Elle attise le soupçon d’une lenteur criminelle des juges. Elle diffuse les images d’une capitale désertée par les volontaires, où les comploteurs des prisons se répandront par les rues, égorgeront les patriotes, libéreront Louis XVI, pour livrer finalement la ville aux Prussiens. Parfois même, elle appelle explicitement au massacre préventif. Ainsi Fréron, dans L’Orateur du peuple : « Quand la loi est sourde et muette, les citoyens doivent agir avec transport. »

     

    On peut absoudre mieux encore ces « transports » si on imagine derrière la toile un metteur en scène dissimulé. Quand éclate la sauvagerie de Septembre, faut-il n’y voir que spontanéité populaire égarée ? Ne faut-il pas soupçonner plutôt une affaire diaboliquement montée, dont le peuple n’aurait été que l’instrument abusé et manipulé ? Autour de ces questions s’est récemment ranimée toute une polémique.

     

    L’investigation minutieuse, et désormais canonique, de Pierre Caron concluait sans surprise à la mollesse des autorités constituées ; nul n’avait osé recourir à la force armée, on s’était contenté de dépêcher auprès des tueurs des délégations sans autorité et sans moyens, au demeurant fort mal reçues ; nul n’avait dénoncé la fable du « complot des prisons ». Mais Caron déchargeait partiellement la Commune, ne retenait ni contre Marat ni contre Pétion la preuve d’une participation décisive. Au total, si on le suit, pas de manipulateurs de l’ombre, aucune organisation administrative des massacres, un crime de masse spontané.

     

    PAS D'INDICES DE PRÉMÉDITATION

     


    Cette interprétation a trouvé un contradicteur véhément en 1986, en la personne de Frédéric Bluche2. Selon lui, le scrupule historique de Caron aurait surtout servi à conforter une orthodoxie républicaine. Il faut à Caron des preuves formelles pour conclure à une culpabilité, et il n’en trouve guère : ni instructions écrites, ni répartition des rôles, ni préparation d’un matériel. Du coup, il néglige tous les indices de préméditation. Que Frédéric Bluche, lui, pense découvrir dans telle déclaration de section, dans telle circulaire du comité de surveillance de la Commune : celle du 3 septembre, rédigée par Marat, célèbre les actes de la veille, indispensables « pour retenir par la terreur les légions de traîtres cachés dans nos murs ». N’est-ce pas le signe d’une mise en train du peuple par les autorités ?

     

    Frédéric Bluche a raison quand il débusque chez Caron une volonté de banaliser l’événement. Mais sa propre collecte des indices n’en devient pas pour autant convaincante. Les textes qu’il invoque sont contemporains de l’événement, incapables donc de faire conclure à une préméditation. Quand il écrit qu’ « on aura tout fait pour faire croire le peuple à l’impensable »(c’est-à-dire au complot des prisons), on aimerait le voir mettre des noms sous ce « on ». Et ce n’est pas, d’autre part, parce que la presse « annonce » les massacres qu’elle les prépare. Prophétie n’est pas préméditation.

     

    En l’absence de preuves décisives, il faut donc s’en tenir dans l’interprétation des massacres à ce type d’entraînement collectif dont Jean Nicolas pour l’Ancien Régime et Roger Dupuy pour la Révolution (cf. Pour en savoir plus, p. 69) ont fixé les traits : immédiateté, imprévisibilité, solidarité du groupe, violence tôt allumée, tôt éteinte. A ce peuple qui terrorise on ne peut cependant faire porter la responsabilité d’une politique de la Terreur. Violence n’est pas Terreur et, sur le fossé qui les sépare, Benjamin Constant a tout dit : « Des désordres particuliers, des calamités affreuses et illégales ne constituent pas la Terreur. Elle n’existe que lorsque le crime est le système de gouvernement et non lorsqu’il en est l’ennemi 3 . »

     

    Il y a eu peu de commentateurs immédiats, et fort peu d’historiens pour soutenir que ces « calamités » auraient été salvatrices et, que, en dépit de ses débordements, le peuple de Septembre s’est fait l’instrument de la nécessité historique et le champion du bien commun. Ce plaidoyer, pourtant, a été tenté au XIXe siècle par Buchez4. Ce socialiste papiste voit dans les massacres, comme jadis dans la Saint-Barthélemy, un coup d’arrêt salutaire aux forces centrifuges, qui permet de restaurer l’unité française menacée tout à la fois par les réformés, les bourgeois, les Girondins, et en passe de se rompre.

     C’est à cette apologie sans rivages que s’emploie parfois l’historiographie récente. Elle pourrait s’abriter sous une prestigieuse bannière, celle de Michel Foucault qui, fidèle à son aversion des normes et à son antijuridisme profond, fait de l’événement un acte de guerre légitime5. A son exemple,la nouvelle histoire des massacres est insoucieuse du droit. Sans nier la sauvagerie des meurtres, elle les drape volontiers dans une esthétique de la démesure : sublime, forcément sublime, la tuerie de Septembre. Mieux encore elle pense avoir découvert le principe moral que réclamait Buchez et qu’un peuple lucide aurait, contrairement à ce que celui-ci avait déploré, parfaitement saisi : la claire conscience de sa souveraineté toute neuve qui lui confère un droit de justice discrétionnaire où le droit positif s’efface devant le droit de la guerre. Le peuple de Septembre prend alors un tout autre visage : poussé à bout par des représentants indignes, rompant malgré lui avec sa très longue mansuétude, exterminateur sans entrain, massacreur malheureux, inhumain par humanité. Et, par là, sauveur de l’unité nationale.

    Il faut beaucoup forcer le sens communément partagé des mots de droit, de justice et de morale pour parvenir à oublier l’odeur du charnier. Surtout, l'œuvre de mort, loin d’avoir cimenté l’unité révolutionnaire, l’a fait voler en éclats. Il suffit de quelques semaines pour que se lève le fameux « voile » qui devait dérober aux regards la férocité aveugle des tueurs et pour que la Convention se déchire aux cris de « Septembre, septembre ! » ; pour que « septembriser » devienne un gros mot et « septembriseur » une injure. L’événement, gros de la haine entre la Gironde et la Montagne, entre la province et Paris, porte dans ses flancs la funeste journée du 2 juin 1793 (cf. p. 49) où, sous la pression de la rue, l’Assemblée se mutilera elle-même.

    « Les partis, a écrit Jaurès, sont revenus rôder autour du sang répandu. » Il ajoute que, né de la peur et du désespoir, l’épisode « a fait à la Révolution, dans le monde, dans l’histoire, infiniment plus de mal que n’en auraient pu faire, même lâchés dans Paris, les prisonniers qu’on égorgea » 6.

     

    SOURCES

    http://philippepoisson-hotmail.com.over-blog.com/archive/2010-01/

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

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    GrandeurPastel de Quentin La Tour
     
     


     

    Le Bien-Aimé, qui ne le restera pas longtemps, est l'arrière petit-fils de Louis XIV.
    Il  monte sur le trône à 13 ans, mais ce sont le duc de Bourbon, puis le cardinal de Fleury (1726-1743) qui menèrent la politique lors des premières années de son règne.

    Louis XV bénéficie d'un assez long état de grâce de la part du peuple français : son caractère avenant (quand il n'est pas en phase de dépression) et son physique avantageux lui attirent la sympathie.

    De même les succès militaires pendant les guerres de Succession contre les Autrichiens (1740-1748) dans les années 1740 lui assurent la confiance ses sujets. L'apogée de sa renommée est atteinte lors de la bataille de Fontenoy, le 11 mai 1745, aux Pays-Bas Autrichiens (l'actuelle Belgique). Son ami, le Duc de Richelieu, grand libertin et excellent militaire, se voit vanter ses mérites par Voltaire, qui cherche des protecteurs.
     
     
     lLes hasards de l'escarpolette, Fragonard, 1767
     

     
    Et décadence 

    Le vent tourne, lorsque le roi décide d'afficher sa liaison avec une jeune femme, rencontrée lors d'un bal masqué en 1745 : Jeanne Poisson, future Marquise de Pompadour. En effet, celle-ci est fille de banquier, roturière, belle, intelligente, et se pique de se mêler de politique. Des pamphlets, dessins et rumeurs obscènes, entachent le règne de cette favorite « éclairée », (elle apportera son soutien à l'entreprise encyclopédique), qui finira le jour de sa mort, le 15 avril 1764.

    Malgré la victoire contre les Autrichiens, en 1748, lors du Traité d'Aix-la-Chapelle, le roi, qui n'avait pas de tempérament belliqueux et se satisfaisait de « son pré carré, décide de restituer ses conquêtes à l'Autriche, à la stupéfaction générale. Le peuple, dont l'esprit nationaliste est exalté par les victoires militaires, ne pardonnera pas à son monarque son acte et utilisera l'expression « bête comme la paix. »

    Une tentative d'assassinat, le 5 janvier 1757, qui ne met pas en danger la vie de Louis XV, ébranle cependant la confiance du monarque, vis-à-vis de son peuple, et le fait sombrer peu à peu dans une dépression chronique. Le régicide Damiens, reconnu avoir agi seul, est condamné au supplice de la roue en place de Grève, le 28 mars 1757.

    La guerre de 7 ans contre les Anglais débute en 1758, mais s'achève sur une défaite, qui fit perdre à la France en 1763, la Nouvelle-France (le Canada) et l'Inde.

    Malgré les actions intelligentes et bénéfiques pour tenter de redresser la France de Choiseul ou Maupeou, ennemis jurés, la fin de règne de Louis XV est teintée d'amertume et de rancœur.
    Fronde du Parlement, 
     
      
    Le roi affiche, en 1769, une nouvelle maîtresse, « tirée du ruisseau », la Comtesse du Barry, haïe par la moitié de la cour, et il meurt dans une quasi indifférence le 10 mai 1774.
     
     
    La politique de Louis XV est marquée par des réformes dans l'administration, la justice et le souci de réduire la vénalité des charges. Choiseul réforme la marine et l'armée, et veut étendre les colonies françaises dans les Antilles. La dissolution de l'ordre des Jésuite est officialisée en novembre 1764.
    Maupeou tente de restaurer le pouvoir royal, en vain. Le long cheminement vers la contestation populaire ultime est depuis quelques années amorcé, et c'est sous le règne de Lous XVI, neveu du roi défunt,  qu'il trouvera son aboutissement.

     

    Et décadence


     
    Le vent tourne, lorsque le roi décide d'afficher sa liaison avec une jeune femme, rencontrée lors d'unlMadame de Pompadour par Boucher bal masqué en 1745 : Jeanne Poisson, future Marquise de Pompadour. En effet, celle-ci est fille de banquier, roturière, belle, intelligente, et se pique de se mêler de politique. Des pamphlets, dessins et rumeurs obscènes, entachent le règne de cette favorite « éclairée », (elle apportera son soutien à l'entreprise encyclopédique), qui finira le jour de sa mort, le 15 avril 1764.

    Malgré la victoire contre les Autrichiens, en 1748, lors du Traité d'Aix-la-Chapelle, le roi, qui n'avait pas de tempérament belliqueux et se satisfaisait de « son pré carré, décide de restituer ses conquêtes à l'Autriche, à la stupéfaction générale.

    Le peuple, dont l'esprit nationaliste est exalté par les victoires militaires, ne pardonnera pas à son monarque son acte et utilisera l'expression « bête comme la paix. »
     
    Une tentative d'assassinat, le 5 janvier 1757, qui ne met pas en danger la vie de Louis XV, ébranle cependant la confiance du monarque, vis-à-vis de son peuple, et le fait sombrer peu à peu dans une dépression chronique. Le régicide Damiens, reconnu avoir agi seul, est condamné au supplice de la roue en place de Grève, le 28 mars 1757.

    La guerre de 7 ans contre les Anglais débute en 1758, mais s'achève sur une défaite, qui fit perdre à la France en 1763, la Nouvelle-France (le Canada) et l'Inde.
     
     
    Malgré les actions intelligentes et bénéfiques pour tenter de redresser la France de Choiseul ou Maupeou, ennemis jurés, la fin de règne de Louis XV est teintée d'amertume et de rancœur.

    la comtesse Du BarryLe roi affiche, en 1769, une nouvelle maîtresse, « tirée du ruisseau », la Comtesse du Barry, de son vrai nom Jeanne Bécu, qui est haïe par la moitié de la cour, et il meurt dans une quasi indifférence le 10 mai 1774. Cette dernière sera guillotinée pendant la révolution en 1793.
      
     
    La politique de Louis XV est marquée par des réformes dans l'administration, la justice et le souci de réduire la vénalité des charges. Choiseul réforme la marine et l'armée, et veut étendre les colonies françaises dans les Antilles. La dissolution de l'ordre des Jésuite est officialisée en novembre 1764.
    Maupeou tente de restaurer le pouvoir royal, en vain. Le long cheminement vers la contestation populaire ultime est depuis quelques années amorcé, et c'est sous le règne de Lous XVI, neveu du roi défunt, qu'il trouvera son aboutissement.


    sources

    http://www.bibliolettres.com/w/pages/page.php?id_page=254

     

     

     

     

     

     

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    Le mariage aux XVIIe et XVIIIe siècles

    Accordée de village - Greuze
    Jean-Baptiste Greuze, l’Accordée de village, 1761.

    Autrefois étape majeure de la vie et socle de la société, le mariage est une institution qui a fortement évolué au cours des siècles, tant au niveau de sa signification que de la forme. Avant la Révolution, la distinction entre mariage civil et religieux n’existait pas puisque le mariage civil fut une invention républicaine. L’amour n’avait pas encore de place centrale dans le choix du conjoint au profit de motifs plus « matériels », les pères de famille ayant leur mot à dire sur cette question importante. Quelle place était laissée à l’amour ? Quel était le cheminement qui menait de la rencontre de jeunes gens au mariage ? Quelle conception du mariage avait nos ancêtres ?

     

    I. Mariages d’amour et de raison

    Le conjoint n’était pas pris au hasard : le jeune homme ou la jeune fille choisissait rarement son conjoint du fait du poids du père et des contraintes sociales. L’Eglise interdisait les unions jusqu’au 4e degré, mais des dispenses pouvaient être accordées pour les 3e et 4e degrés, ce qui limitait fortement le nombre de conjoints possibles dans le village ou ses alentours.

     

    Dans les milieux aristocratiques et de la haute et moyenne bourgeoisie, le chef de famille choisissait souvent ses belles filles et beaux fils, et ne prenait rarement en compte les sentiments de ses enfants. Il n’était chez eux pas question d’amour, on cherchait une situation. Au XVIIIe siècle, Mme de La Fayette rapporte que le fils du président du Parlement de Dijon demande à son père : « Est-il vrai, mon père, que vous me voulez marier à Mlle une telle ? – Mon fils, mêlez-vous de vos affaires. » !
    L’homme devait avoir le consentement de ses parents jusqu’à 30 ans et la femme jusqu’à 25 ans (législation royale), mais même passé cet âge, la famille pouvait toujours s’opposer à l’union conjugale.

    En revanche, la liberté de choix était plus grande et l’amour davantage présent dans les masses paysannes et la plèbe urbaine que dans la moyenne et haute bourgeoisie ou dans les milieux aristocratiques. Quand le patrimoine familial ne se résumait à pas grand chose, il y avait évidemment moins de raisons d’élaborer des stratégies matrimoniales.

     

    II. Rituels de l’amour

    Il y avait de nombreux lieux où rencontrer son conjoint : à la messe, à la foire, lors d’une veillée, d’une fête villageoise ou de travaux des champs …
    A l’époque il existait de multiples gestes ou rituels amoureux, différents selon les régions destinant à faire savoir à la fille qu’on voulait commencer une relation amoureuse. Rétif de la Bretonne, au XVIIIe, rapporte pour son village de Sacy en Bourgogne : « Dans le pays, l’usage, qui subsiste encore, est de piller les filles qui plaisent. Les garçons leur enlèvent tout ce qu’ils peuvent : leurs bouquets, leurs anneaux, leurs étuis, etc. » (La Vie de mon père, 1779). Cette pratique du larcin se retrouve dans d’autres localités françaises.

    Dans le Béarn, le jeune homme jetait des petites pierres à la fille pour exprimer son désir ; dans les Landes, les jeunes gens déclaraient leur désir en se serrant la main durant une danse et confirmaient en se frappant l’un l’autre ; dans le Gers, l’homme pouvait pincer le bras de la jeune fille, et la fille donnait son accord en s’asseyant sur les genoux du jeune homme. Parfois, on exprimait son désir à l’aide de formules stéréotypées comme dans le marais de Monts en Vendée. Les filles prononçaient cette formule : « Mé ton pé contre mon pé, mé dans ta main dans ma main et bisons-nous » et les garçons cette formule : « Mé ta langue dans ma goule, et dis-mé que tu m’aimes ». Mais dans tous les cas, pour aller plus loin, il fallait le consentement des parents.

     

     

     

    III. Des accordailles au mariage

    Le garçon ou un intermédiaire demandait au père de la fille l’autorisation de l’épouser. Si le père acceptait, le jeune homme pouvait fréquenter la maison de la fille convoitée. Venaient ensuite les accordailles, cérémonie privée et laïque : le futur époux remettait un gage à la fille, souvent une bague. Le contrat de mariage suivait (pas systématique au Nord de la Loire), fixant entre autres la dot de la jeune fille et le douaire, c’est-à-dire les biens revenant à la fille si jamais le mari venait à décéder avant elle. Les fiançailles pouvaient être alors célébrées.

    Le mariage des filles constituait une charge financière importante puisqu’il fallait que le père dote sa fille en fonction du niveau social de l’homme convoité. Un ancien proverbe français dit : « La fille n’est là que pour enrichir les maisons étrangères ; qui a des filles à marier, lui faut de l’argent à planté ». Un proverbe du Sud-Ouest de la France dit « une fille, bonne fille ; deux filles, assez de filles ; trois filles, trop de filles », un proverbe savoyard explique que moins une paroisse a de filles, plus elle est riche, car l’argent y rentre et ne sort pas.

    Ce problème de la dot pouvait faire reculer l’âge du mariage des filles dans certaines familles puisqu’il fallait trouver l’argent. Le père pouvait s’arranger pour marier d’abord le garçon le plus âgé puis récupérer la dot amenée par la fille pour lui-même doter une ou plusieurs de ses filles. C’est le mariage de l’aîné qui rapportait la plus grande dot puisqu’il récupérait généralement l’exploitation ou l’entreprise familiale à la mort des parents, donc se révélait « matériellement » intéressant aux yeux des familles.

    Une fois le contrat de mariage passé et les fiançailles célébrées pouvait venir le mariage.

    IV. Le mariage

    Depuis 1215 et le IVe concile du Latran, le mariage est un sacrement. Il est indissoluble, le couple reste lié qu’à la mort. Il se fait donc à l’église en présence d’un prêtre depuis 1215 alors qu’avant le XIIIe siècle on se mariait à domicile, dans les foyers ! Les bans étaient publiés plusieurs semaines à l’avance, trois bans sur trois semaines depuis le XVIe siècle. Le mariage était un acte public, tout le monde savait qu’untel allait épouser unetelle, et toute personne pouvait s’y opposer. Les portes de l’église restaient ouvertes pendant la cérémonie, sous peine que le mariage soit frappé de nullité.

    Dans certaines régions, un certain nombre de coutumes étaient respectées : en Bretagne, le futur marié simulait le rapt de la fiancée, la belle famille lui courant après. Dans l’actuelle l’Ille-et-Vilaine, la mariée, juste après la cérémonie, simulait une résistance à son époux, en se sauvant ou en pleurant. Le mari lui courait après et la forçait à entrer dans la maison conjugale après une lutte durant laquelle les habits pouvaient être déchirés.
    Un certain nombre de superstitions venaient se greffer à la cérémonie. Jean-Baptiste Thiers, curé du diocèse de Chartres au XVIIe, auteur d’un Traité des superstitions, rapporte qu’il était courant avant le mariage, afin de se protéger de divers maléfices, que le futur marié urine trois fois dans l’anneau destiné à la mariée.
    Et surtout, pendant la cérémonie, tout le monde surveillait tout le monde, pour ne prendre garde à ce qu’un jaloux ne noue l’aiguillette (ne fasse un nœud à un bout de ficelle), ce qui causerait l’impuissance du mari (superstition assez répandue dans toute la France).

    La coutume de la robe blanche, symbole de l’innocence, n’apparut qu’à la fin du XVIIIe siècle et ne se répandit vraiment qu’à partir du milieu du XIXe siècle : on se mariait auparavant en costume local, avec des vêtements parfois colorés, parfois sombres. Par contre, la coutume de l’anneau est beaucoup plus ancienne, remontant à l’Antiquité.

      

    On se mariait généralement à un âge avancé contrairement à une croyance répandue basée sur les mariages précoces des rois de France et hauts nobles (14 ans pour Louis XIII, 21 ans pour Louis XIV, 15 ans pour Louis XV, 14 ans pour Louis XVI). La moyenne de l’âge au mariage pour les Français était de 25-26 ans pour les femmes et 27-28 ans pour les hommes dans la seconde moitié du XVIIIe siècle. Trois fois sur cinq en moyenne, l’homme était plus âgé que la femme (de un à quatre ans en général) ; deux fois sur trois, pour les paroisses rurales bretonnes, les mariés étaient nés dans la même paroisse (et donc une fois sur trois, un des époux était issu d’un autre village).

    Même si les relations sexuelles hors mariage étaient théoriquement prohibées, il n’était pas rare que la (future) mariée soit déjà enceinte, parfois depuis de nombreux mois, au moment du mariage. Il était par contre essentiel que l’enfant naisse lorsque les époux étaient mariés. Au niveau national, les différents sondages tant au XVIIe qu’au XVIIIe siècle donnent un peu plus de 10 % de femmes enceintes au moment du mariage, plus de 30 % dans certaines paroisses (il suffit de soustraire neuf mois à la naissance du premier enfant et de comparer avec la date de mariage dans les registres paroissiaux).

     

    Ce qui comptait surtout était la promesse de mariage échangée entre les deux futurs époux, qui avait une valeur juridique avant la Révolution. On voyait ainsi se faire de nombreux procès pour promesse de mariage non tenue : c’est la fille mise enceinte qui portait plainte auprès des autorités, l’homme était généralement condamné au choix soit à épouser la femme mise enceinte, soit à payer une amende et subvenir aux besoins de l’enfant. C’étaient les procès pour « gravidation ».

    La législation révolutionnaire, en ne reconnaissant plus les promesses de mariage, a fortement fragilisé la position de la femme et contribué à multiplier les naissances illégitimes et les abandons d’enfant. Le libéralisme bourgeois de la toute fin du XVIIIe et du XIXe a joué pour les garçons contre les filles.

      

    V. Les mariages scandaleux et le charivari

    charivari
    Un charivari.

    Les mariages qui faisaient particulièrement scandales étaient ceux contractés entre deux personnes d’un âge très inégal. Un proverbe du pays d’Armagnac dit : « Mariage de deux jeunes, mariage du Bon Dieu ; mariage de jeune et de vieux, mariage du Diable ; mariage de deux vieux, mariage de merde. ». Le mariage entre une fille du village et un étranger était également mal vu ainsi que le mariage entre deux personnes de situations sociales très inégales.

    Les jeunes du village se vengeaient contre les nouveaux époux en organisant un charivari. Le charivari est défini dans le Dictionnaire universel de Furetière, paru en 1690, comme un « bruit confus que font des gens du peuple avec des poëles, des bassins et des chaudrons pour faire injure à quelqu’un. On fait des charivaris en dérision des gens d’un âge fort inégal qui se marient. »

    La coutume consistait à faire un grand bruit lorsque qu’un mariage paraissait anormal. Elle pouvait réunir trois, quatre, cinq, dix personnes ou plus, ces bandes de jeunes qui étaient alors appelées « royaumes de jeunesse ». Les participants soufflaient dans des cors, jouaient du fifre, tapaient sur des caisses, poussaient des cris sous les fenêtres des mariés. Les jeunes leur extorquait parfois de l’argent, manière pour les époux de se racheter. Lorsqu’un homme étranger venait épouser une fille du village, les jeunes gens pouvaient également aller à la taverne ou au cabaret faire ripaille et bombance parfois sur plusieurs jours, avant de faire payer l’addition au nouveau mari. Tant les autorités civiles que l’Église répétèrent leurs condamnations à l’égard du charivari, considéré comme une atteinte à la sainteté du mariage, pratique populaire qui perdura néanmoins jusqu’à la fin du XIXe siècle.

    Bibliographie :
    FLANDRIN Jean-Louis, Les amours paysannes : XVIe-XIXe siècle, Paris, Gallimard, 1975.
    MUCHEMBLED Robert, Société, cultures et mentalités dans la France moderne : XVIe-XVIIIe siècle, Paris, Armand Colin, 2003.

     

    Publié le 30 juin 2013 par  

    http://histoire.fdesouche.com/2359-le-mariage-aux-xviie-et-xviiie-siecles

     

     

    Symbolique des iconographies des cadeaux de mariage aux XVIIe et XVIIIe siècles

    Publié le 17 avril 2009 par Richard Le Menn

    Symbolique des iconographies des cadeaux de mariage aux XVIIe et XVIIIe siècles.

    Aux XVIIe et XVIIIe siècles, certains cadeaux de mariage sont presque rituels. Il en existe pour toutes les catégories sociales. Les plus aisés offrent de l'argenterie comme une coupe de mariage ; et les moins riches une céramique (un plat de mariage en terre vernissée, une assiette de mariage en faïence ...), un coffre ou un coffret de mariage (dont certains peuvent être très finement ouvragés et peints), une corbeille de mariage ... Le cadeau peut aussi être un éventail ou tout autre présent à l'iconographie emblématique. Certains de ces objets sont plus récurrents que d'autres et font partie du rite qui peut changer selon les régions. Ce sont toujours des articles précieux ... ceux provenant de l'art populaire inclus car emprunts de beaucoup de tendresse.

    Symbolique des iconographies des cadeaux de mariage aux XVIIe et XVIIIe siècles.

    Tous les symboles de l'amour sont les iconographies les plus fréquentes de ces objets : Deux coeurs enlacés, parfois enflammés, posés sur un autel, souvent surmontés d'une couronne champêtre ... sont les thèmes les plus fréquents avec ceux d'Eros et de ses attributs (carquois, arc et flèches ...) et le couple d'oiseaux (colombes ...) ...

    Photographies : Assiette de mariage en faïence polychrome, sans doute du XVIIIe siècle et de Roanne, avec sur le bassin le carquois, l'arc et les flèches d'Eros (Cupidon, Amour ...), un couple d'oiseaux et une couronne d'hymen, et sur la chute et le marli une guirlande et autres ornements.


    En savoir plus sur http://www.paperblog.fr/1823510/symbolique-des-iconographies-des-cadeaux-de-mariage-aux-xviie-et-xviiie-siecles/#l0QcWI4irdHmZKjm.99

     

     

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    Le « saint » prêtre du XVIIIe siècle

    La Veuve et son curé - Jean-Baptiste Greuze
    La Veuve et son prêtre, Jean-Baptiste Greuze (seconde moitié du XVIIIe).

    Enclenchée dès le début du XVIIe siècle, la Réforme tridentine ne parvient à son aboutissement qu’à la toute fin du XVIIe siècle et au XVIIIe siècle. Le clergé séculier atteint sa période de maturité et l’idéal du « saint prêtre » du concile de Trente prend véritablement forme. Jamais le clergé ne fut d’aussi bonne qualité et la christianisation aussi forte qu’au XVIIIe siècle.

     

     

    I. Le portrait des curés

    Les prêtres sont généralement issus du milieu urbain : 40 à 50 % des prêtres du royaume (sur un échantillon d’une trentaine de diocèses bien connus) sont nés en ville. A Reims en 1773-1774, 50,5 % des curés viennent des villes ; dans le diocèse de Toulouse, 55 % du clergé est issu des villes (alors que la population urbaine représente 41 % de la population du diocèse). Au niveau national, certaines régions sont exportatrices comme la Bretagne et l’Auvergne, d’autres déficitaires comme Bordeaux (en 1772, un tiers des curés sont extra-diocésains, venant de 41 diocèses de France voire d’Irlande) ou Lyon.

    L’intérêt de la noblesse et de la haute bourgeoisie pour les cures décline au XVIIIe siècle : ce sont les marchands, petits et moyens officiers (titulaires d’un office), artisans aisés et gros laboureurs qui fournissent le gros des bataillons. Les prêtres du XVIIIe ont donc globalement des origines plus modestes que leurs prédécesseurs.

    Les curés sont mieux formés. Au milieu du XVIIe siècle, les prêtres ignorants sont courants : la visite pastorale du diocèse de Lyon de 1613-1614 signale plusieurs curés « qui ne savent pas la forme de l’absolution ni des autres sacrements, ayant même peine à lire ». A Rodez au début du XVIe, l’évêque François d’Estaing constate que de nombreux candidats à la fonction confondent les sacrements et les commandements de l’Église ! Ce niveau déplorable n’est plus qu’un lointain souvenir au XVIIIe siècle. Vers 1750, 42 % des prêtres du diocèse de Reims, 64 % de ceux de Bordeaux sont gradués (diplômés) à l’Université. Les collèges des Jésuites ou des autres congrégations religieuses (Oratoriens, Dominicains, Doctrinaires,…) fournissent aussi un bagage intellectuel loin d’être négligeable pour l’exercice du ministère sacré (la rhétorique et les lettres).

    Le séminaire finit par se répandre (tardivement) dans tous les diocèses de France. En 1698, une déclaration royale rappelle cette prescription tridentine aux évêques négligents. Au milieu du XVIIIe siècle, presque tous les diocèses sont dotés d’un séminaire. Les lazaristes sont ceux qui en tiennent le plus grand nombre (56), suivis par les jésuites (32), les sulpiciens (20), les oratoriens (14), les doctrinaires (14) et les eudistes (13).

    II. La réputation légendaire des curés

    Je ne sais si, à tout prendre, et malgré les vices éclatants de quelques-uns de ses membres, il y eut jamais dans le monde un clergé plus remarquable que le clergé catholique de France au moment où la Révolution l’a surpris ; plus éclairé, plus national, moins retranché dans les seules vertus privées, mieux pourvu de vertus publiques, et en même temps de plus de foi : la persécution l’a bien montré. J’ai commencé l’étude de l’ancienne société, plein de préjugés contre lui, je l’ai finie, plein de respect. » – Alexis de Tocqueville (L’ancien régime et la Révolution).

    Au XVIIIe, les prêtres jouissent d’une image très positive tant auprès de leurs paroissiens que des élites intellectuelles. La proportion de prêtres dont la conduite est critiquée par la hiérarchie diminue dans tous les diocèses de France : 5 % dans le diocèse de la Rochelle vers 1724 (contre 10 à 25 % vers 1648) ; 3,7 % dans le diocèse de Toulouse en 1763. Lors des siècles précédents, les prêtres absents étaient monnaie courante (deux tiers de non-résidents dans le diocèse de Rodez dans les années 1518-1528 ; 55 % dans le diocèse de Toulouse au milieu du XVIe ; 77 % dans le diocèse de Limoges en 1560 !) ; de même, un certain nombre de prêtres étaient condamnés pour ivrognerie, coups et blessures ou concubinage : ces cas sont devenus exceptionnels. Le prêtre du XVIIIe siècle devient un modèle, et est généralement apprécié par ses paroissiens.

    Enraciné dans sa paroisse (la moitié environ des clercs sont à la tête d’une paroisse depuis plus de 10 ans), le curé tisse de solides liens d’affection avec ses fidèles. Protecteur de la communauté, visitant les malades et les femmes enceintes, conseillant ses fidèles dans les affaires courantes, éducateurs de leurs enfants, il est, comme l’écrit Restif de La Bretonne « l’arbitre des différends, le consolateur et le secoureur des malades ».

    III. La gestion de la paroisse

    Un Prêtre catéchisant des jeunes Filles - Pierre-Antoine Baudouin
    Un Prêtre catéchisant des jeunes Filles, Pierre Antoine Baudouin (1763).

    Gérer une communauté de fidèles n’est pas aisé, comme le témoigne Mgr. de Beauvais en 1781 : « C’est une multitude composée de toutes les conditions, de tous les esprits, de tous les caractères qu’il faut réunir dans les principes d’un même culte et d’une même foi ; c’est la discipline des mœurs qu’il faut maintenir, non seulement dans l’ordre public, mais dans l’intérieur des familles, mais dans le secret des âmes qui échappent à la surveillance des lois [...] ce sont des riches dont il faut ménager la délicatesse et des pauvres dont il faut supporter les murmures ; ce sont des esprits simples et superstitieux qu’il faut éclairer, ou des esprits superbes dont il faut réprimer le faux savoir ; ce sont des caractères froids et indifférents qu’il faut exciter ou bien des zélateurs inquiets qu’il faut contenir ; ce sont des âmes dégradées qu’il faut retirer du désordre de l’iniquité ou des âmes pures et sublimes dont il faut suivre et diriger l’essor dans les régions supérieures de la perfection ».

    Le prêtre doit être à l’écoute de tous ses paroissiens et les surveiller, il vérifie les nourrices et les sages-femmes de sa paroisse dont il contrôle le sérieux et la bonne moralité ; il est aussi un relai de l’autorité royale dont il lit les déclarations lors de la messe dominicale ; il renseigne les officiers royaux ; il consigne les baptêmes, mariages et sépultures dans les registres de la paroisse.

    Dans les périodes calamiteuses (catastrophes naturelles), il peut demander un allègement des prélèvements fiscaux ; lors des épidémies, il organise la résistance en délivrant des certificats de sortie, choisit le lieu où enterrer les morts contagieux et réconforte ses paroissiens. Enfin, lorsque des conflits éclatent au sein de sa communauté (rivalités, violences, vols), c’est généralement lui que l’on vient trouver pour l’arbitrage plutôt que la justice royale.

    IV. L’« œuvre sociale » des curés

    ● L’action charitable

    Les contemporains sont unanimes pour saluer l’action charitable des curés. « Je connais plusieurs de ces bons curés de campagne, qui, malgré l’extrême médiocrité de leur prébende, trouvent le moyen de faire infiniment plus de bien que des millionnaires même généreux : leur charité active, industrieuse sait créer mille ressources. Les uns savent préparer des remèdes simples aux malades qu’ils consolent, et s’opposent aux prestiges des charlatans ; les autres, livrés aux travaux de l’agriculture, la perfectionnent par leurs exemples » écrit ainsi Louis-Sébastien Mercier (Mon bonnet de nuit, 1784). Le frère de Restif de La Bretonne, curé de Courgis, nourrit à ses frais durant l’hiver 1749 tous les pauvres de sa paroisse sinistrée par l’incendie de 149 maisons.

    mgr de belsunce
    Mgr. de Belsunce.

    A partir du XVIIe siècle, la charité tend à s’organiser avec la création de bureaux de charité. Gérés par le(s) curé(s) (et éventuellement l’évêque) et des habitants, alimenté par les aumônes, les offrandes, les quêtes à domicile et à l’église, ils distribuent des produits de première nécessité (pain, lait, linge, bois, médicaments,… plus rarement de l’argent) aux « pauvres honteux » ou aux malades. Les individus adonnés au vice et à la débauche, ou ceux qui n’envoient pas leurs enfants à l’école ou au catéchisme, sont exclus de ces distributions.

    Les curés ne font évidemment pas face seuls à la misère de la paroisse. Les congrégations charitables et hospitalières jouent un grand rôle. Les évêques eux-mêmes ne doivent pas être oubliés, un grand nombre d’entre eux s’illustrant par leur dévouement, tel Mgr de Belsunce (1671-1755), évêque de Marseille, qui s’illustre lors de la grande peste de 1720 en allant au chevet des malades ou lors de cérémonies spectaculaires comme l’exorcisation de l’épidémie du haut du clocher des Accoules.

    ● Les petites écoles

    L’action éducatrice de l’Église se poursuit au XVIIIe siècle, malgré les critiques naissantes des élites (dont les philosophes des Lumières). cette mission de l’Église est prise très au sérieux comme en témoignent de nombreux articles de statuts synodaux : « Il est du devoir des curés et vicaires de prendre soin de l’instruction des enfants de leur paroisse et de leur apprendre non seulement les points fondamentaux de notre foi, mais encore, autant qu’il peut se faire, à lire et à écrire, afin qu’ils soient en état de chanter les louanges de Dieu [...] C’est pourquoi nous leur enjoignons de tenir eux-mêmes ou de faire tenir de petites écoles » (statuts synodaux de Coutances, 1682). « Les curés doivent employer tous leurs soins afin qu’il y ait dans leurs paroisses des maîtres sages, savants, vertueux et appliqués. Jamais nous n’aurons d’estime et de confiance pour un curé que nous trouverons négligent sur cette parti essentielle de son devoir. » (statuts synodaux de Toul, 1717).

    Quand le curé lui-même n’est pas en charge de la petite école de la paroisse, le maître (ou la maîtresse) d’école est placé sous son étroit contrôle. Les enfants apprennent les rudiments de la religion, les bonnes manières, la lecture, l’écriture et le calcul (pour ceux qui restent jusqu’au bout). En fonction des moyens, les enfants sont rassemblés dans une salle, au domicile du maître, dans une grange ou sous le porche de l’église. L’enseignement n’est pas toujours aisé car tous les niveaux se confondent, et il n’est pas rare que les effectifs dépassent 100 élèves…

    Là encore, les congrégations enseignantes assurent une bonne part de l’enseignement, avec comme figure emblématique Jean-Baptiste de La Salle (1651-1719), fondateur des Frères des Écoles Chrétiennes.

    Bibliographie :
    AUDISIO, Gabriel. Les Français d’hier, tome 2 : Des croyants, XVe au XIXe siècle. Armand Colin, 1997.
    DEREGNAUCOURT G., POTON D. La vie religieuse en France aux XVIe-XVIIe-XVIIIe siècles. Ophrys, 2002.
    LOUPÈS, Philippe. La vie religieuse en France au XVIIIe siècle. SEDES, 1995.

     

     

     

     

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    La Veuve et son prêtre, Jean-Baptiste Greuze (seconde moitié du XVIIIe). 

     

    Le XVIIIème siècle

    Le XVIIIème siècle ne débute pas en 1700. Généralement on s'accorde sur 1715, année de la mort de Louis XIV. Aussi fausse que l'image du XVIIème siècle, siècle du classicisme, l'image du XVIIIème, siècle des Lumières et des philisophes, a la vie dure. Il n'en demeure pas moins que cette période possède une incontestable unité, incarnée dans la figure du philosophe : persécuté par le pouvoir, il fait confiance à la raison pour obtenir son indépendance intellectuelle ; pédagogue, mettant toutes les formes littéraires au service de son projet, il s'occupe du sort des hommes, en cherchant à les rendre meilleurs, sans se poser de questions inutiles.

      

    veuve et son prêtre

      

    Le XVIIIème siècle se termine (idéalement) en 1789 (même si entre la philosophie ds Lumières et de la Révolution il n'y a pas de rapport direct de cause à effet). Mais la naissance d'une nouvelle sensibilité, le préromantisme, date de 1760-1770.



    Des nuances importantes. Les philosophes, malgré une incontestable unité de pensée, ont pu se haïr (comme Rousseau et Voltaire), ou se méconnaître. On ne peut parler, dans leur cas, d'école.

      

    On ne saisit donc leur convergence qu'à posteriori. D'autre part, une durable opposition aux philosophes a existé durant tout le XVIIIème, et même après la Révolution : on ne parlera pas ici des jésuites ou de nombreux courants, comme celui des illuministes, qui ont constitué la réaction aux livres d'un petit cercle d'écrivains.

      

      

    Enfin, des œuvres qui parraissent aujourd'hui essentielles à la compréhension du XVIIIème siècle ont été reconnues ou publiées tardivement (ainsi du Neveu de Rameau, de Diderot, publié pour la première fois en 1805... en allemand).

      

      

    • La vie politique et économique

    Siècle de paix et de prospérité économique, le XVIIIème siècle connaît trois grandes périodes. Les difficultés politiques contredisent en partie l'idée d'une amélioration générale des conditions de vie.

    * La régence (1715-1723). Le Duc d'Orléans, neveu de Louis XIV, restitue au Parlement ses anciens droits (confisqués par Louis XIV), dont celui de remontrances : c'est-à-dire de critique des édits royaux avant leur application.

      

      

    Cette décision posera durant tout le siècle le problème des limites légitimes du pouvoir monachirque. La régence connaît des problèmes financiers importants, hérités du monarque précédent, ce qui ne l'empêche pas d'être une époque de libération des mœurs, de libertinages et de plaisir.

     

     

    * Le règne de Louis XV (1723-1774) est une période de lente déchristianisation (condamnation des jansénistes, puis des jésuites en1763). Durant cette longue période, le Parlement, bien plus que le pouvoir royal, s'opposera aux philosophes.

     

     

    * Le règne de Louis XVI (1774-1789) est marqué par une lutte contre le parlement, des problèmes économiques grandissants, et l'obligation de convoquer les Etats généraux, prélude de la Révolution française.

    * Le roi est de droit divin : le monarque tient son pouvoir de Dieu, même si les privilèges accordés à la noblesse, au clergé, aux villes, etc, et les lois fondamentales du royaume limitent ce pouvoir. Notons aussi la puissance constante de l'Eglise qui a, entre autres, le monopole de l'enseignement.

      

    • La vie sociale et intellectuelle

    * Trois ordres existent en France : la noblesse (300 000 personnes), le clergé (130 000 personnes) et le Tiers Etat (25 millions de personnes). Une très forte hétérogénéité existe à l'intérieur de chaque ordre (entre grande et petite noblesse, prélats et curés de campagnes, bourgeois et paysans). La domesticité représente 10% de la populationdes villes.

    * La France continue à avoir un rayonnement culturel à travers l'Europe. On copie ses œuvres, ses châteaux, on parle français dans les principales cours, Frederic II de Prusse invite Voltaire, Catherine II reçoit Diderot à Saint-Pétersbourg. Inversement, les philosophes français s'intéressent à l'étranger, à l'Angleterre notamment. C'est un siècle cosmopolite.

    * En France, les lieux d'échanges intellectuels se déplacent. Ce ne sont plus seulement les salons des grands nobles (même ceux-ci pratiquent un échange plus libre, moins cérémonieux), mais aussi les académies (comme celle de Dijon pour laquelle Rousseau écrira en 1750 son Discours sur les sciences et les arts) ou les cafés (voir leur description dans Le neveu de Rameau, de Diderot).

      

      

    Ces nombreux lieux révèlent l'indifférence à l'égard du statut social de ses membres : les rencontres y sont plus libres, les sujets des conversations aussi.

    * Le livre subit d'importantes modifications de forme et de fond. Le nombre de lecteurs augmente, ainsi que le nombre de livres (multiplié par 3 entre 1700 et 1770). La presse et les entreprises éditoriales des dictionnaires jouent un rôle grandissant.

      

      

    Le tirage d'un livre varie entre 500 et 4000 exemplaires. On publie de nombreuses "feuilles", billets volants, textes courts, facilement diffusés.
    Les écrivains continuent à se référer aux grands genre (tragédie, épopée, etc), mais leur modernité (et leur succès jusqu'à nous) réside dans la création de nouvelles formes littéraires, souvent brêves, notamment le conte ou le roman philosophique (mélange d'un récit et d'un savoir, Jacques est fataliste, Candide est optimiste, et les événements mettent à l'épreuve leur philosophie.

      

     

      

    * La censure concerne surtout les ouvrages traitant de religion.

    Elle peut être à priori (avant la publication, refus du privilège royal) ou a posteriori (saisie, autodafé...). Voltaire, Diderot et Rousseau seront emprisonnés à la Bastille. Mais la Librairie royale (la censure) aura souvent une attitude de compromis.

      

    Notons aussi une nuance importante : si beaucoup d'écrivains ont été "persécutés", la plupart aussi ont connu une gloire importante et noué des amitiés avec des grands)

    * L'écrivain profite encore du mécénat, essentiel durant tous le XVIIème, et qui se maintient, tout en se développant et se diversifiant au XVIIIème. Mais un manuscrit commence à rapporter. En 1777, le privilège de publication est transféré de l'éditeur à l'auteur, moment essentiel vers la reconnaissance du droit d'auteur.

      

    L'écrivain joue un rôle de plus en plus important, reconnu comme tel (prestige international de Voltaire, interventions multiples dans les affaires politiques, judiciaires ou religieuses, voir encore Voltaire dans l'affaire Calas). L'écrivain assure une domination morale en concurrence avec le clergé. Se dessine enfin à cette époque la figure du grand écrivain, à qui l'on rend visite, auquel on voue un culte.

      

     

    • La pensée des Lumières

    Tout au long du siècle, des questions communes agitent les écrivains, questions qu'ils formulent de manière nouvelle, souvent laïcisée. Ils s'interrogent sur :

    * La raison et l'expérience. Pour les philosophes, le mépris de la raison rend fanatique.

      

      

    Partant de l'expérience, seule source de connaissance (alors qu'au siècle précédent, on estimait que Dieu avait fourni l'espri aux hommes), ils en viennent à écarter Dieu (c'est ce qu'on appelle l'empirisme). Les philosophes se sont donc occupés de science (voir Buffon) et, avec L'encyclopédie, "d'exposer l'ordre et l'enchaînement des connaissances", de façon à expliquer la nature, que des préjugés et des superstitions nous cachent ou nous obsurcissent.

    * La nature est conçue comme une norme, une valeur idéale, une référence dans tous les domaines (ce qui permet de se passer de Dieu et des enseignements de l'Eglise). L'homme, la société, l'art, tout doit "suivre la nature". Après 1750, l'attention portée aux paysages et à la nature sauvage est un des signes du préromantisme.

    * Dieu. Deux positions s'affrontent parmi les philosophes. Les déistes, dont Voltaire, qui suit l'enseignement de Newton pensent que l'architecture savante de l'univers suppose un dieu créateur, un "grand horloger". Ce dieu, sans rapport avec celui des dogmes des Eglises, doit être adoré et respecté.

      

      

    Pour Voltaire, l'existence de Dieu est la nécessaire garant de la morale que le peuple doit resoecter.
    Les athées, ou le matérialistes, dont Diderot, rejettent Dieu (il n'y a ni création ni ordre dans l'univers) et l'âme (la pensée procède du cerveau, c'est-à-dire la matière).

      

     

      


    * Le progrès. Jusqu'au XVIIème, l'Histoire est pensée comme un  chaos, ou bien comme la manifestation d'une Providnece divine. Au XVIIIème s'impose l'idée d'un progrès qui ne relève pas de l'ordre divin. D'où des contradictions toujours actuelles :

      

    Les européens sont plus évolués, et les peuples sauvages doivent donc être éclairés, autrement dit colonisés. C'est qu'on n'imagine pas que la raison et le progrès, liés en fait à l'Europe (c'est ce qu'on appelle l'européocentrisme, le fait de considérer l'Europe comme le centre de tout), ne sont pas des normes universelles. Les futurs "droits de l'homme", malgré leur noble ambition, souffrent du même européocentrisme.

      

      

    Rousseau critique fortement le progrés. Pour lui, la civilisation a corrompu les hommes. Notons enfin que, pour tous ces philosophes, l'idée ou le pressentiment de la Révolution de 1789 restent absents.

    * Le bonheur. Les chrétiens ignorent le bonheur terrestre. L'au-delà seul comblera leurs désirs. Pour Voltaire, "le paradis terrestre est où je suis". Caque philosophe en donne sa définition, individuel ou collectif.

      

      

      

    Diderot insiste sur la légimité du plaisir, notamment sexuel. Pour Sade, le plaisir de faire le mal est sa seule justification, puisqu'il n'existe pas de morale transcendante, et que la satisfaction du plaisir est la seule loi naturelle que doive suivre l'homme.

    * La politique. En 1688 la révolution anglaise montre le chemin de formes politqiues nouvelles dans les fatras de la société contemporaine. S'impose, surtout avec Rousseau, l'idée d'un contrat social (ce qui réfute la théorie du droit divin) qui suppose l'égalité de ceux qui le signent.

      

      

      

    Pour Diderot, mais surtout Voltaire prévaut l'idée d'une monarchie tempérée ou d'un "despotisme éclairé" par la raison, fondé sur l'utilité sociale. Pour tous , le mérite d'un homme  ne dépend pas de sa naissance, de l'ordre auquel il appartient, mais bien de son talent personnel.

      

    • L'ouverture sur l'extérieur

    Beaucoup de philosophes, plus ou moins de bon gré, visitent l'étranger (Montesquieu, Voltaire, Rousseau, Diderot ...) De nombreuses relations de voyages paraissent, dont celle de Bougainville. Des livres importants sont traduits (les Mille et une nuits, lançant une vogue orientale durable, Robinson Crusoë de Defoe ...)

      

      

    Cela a pour but et conséquence la critique de la France et la mise en cause du discours auropéocentriste : il n'y a pas de vérité universelle, mais seulement des vérités particulières, liées, selon Montesquieu, au "climat" de chaque pays.

      

      

      

    La raison européenne demeure malgré tout essentielle comme moyen de surmonter ou englober ces différences. Dans bien des cas, l'étranger est doté d'une nette supériorité sur le français, mais c'est parce qu'il suit la raison ; dans la plupart des cas, les étrangers qui encombrent la littérature de cette époque sont des figures imaginaires, inspirées très librement de modèles réels.

    * Parmi les étrangers civilisés, citons l'anglais, qui bénéficie d'une monarchie tempérée, respecte les talents, croit à l'utilité du développement économique et commercial. Le chinois, quand à lui, réussit à concilier athéisme et vertu, preuve que la religion n'est pas indispensable pour mener une vie honnête.

    * Le bon sauvage, qui existait déjà chez Montaigne, connaît un regain d'intérêt. Les livres font la description idyllique d'un être que la civilisation n'a pas corrompu, ce qui suscite l'ironie virulente de Voltaire. Le bon sauvage aura un frère en la personne du paysan, resté près de la nature.

      

    Les PHILOSOPHES

    * Montesquieu (1689-1755)

     

    - Aristocrate, grand voyageur, savant, symbole de la curiosité intellectuelle des encyclopédistes, Montesquieu est l'auteur de deux grands livres, les Lettres persanes et L'esprit des lois.

    - Lettres persanes (1721). Ce roman s'inscrit dans la tradition du récit de voyage. Des candides sans préjugés formulent sur notre société une réflexion étonnée et sans complaisance. Du coup le français voit ce que l'habitude l'empêchait de voir : les choses les plus communes deviennents étranges, bizarres, tout apparaît comme convention arbitraire.

      

      

      

    C'est une entreprise ironique de démystification. Le roman dénonce le despotisme, et affirme des principes : justice, équité, liberté, tolérance, vertu.

    - L'esprit des lois (1748) est une œuvre de réflexionque l'Eglise mettra à l'index en 1751. Montesquieu montre l'infinie diversité des lois, des coutumes des mœurs, des institutions, des religions.

      

      

    Cette diversité répond en fait à l'influence de la géographie, de la démographie, du climat, etc. Montesquieu fonde ainsi la sociologie et refuse l'idée d'une législation idéale, universellement valable, ainsi, d'ailleurs, que le dogmatisme religieux. Malgré cette position morate et de condamner des excès comme l'esclavage ou le despotisme.

      

    Portrait de Voltaire jeune d'après Quentin La Tour, 1736

    * Voltaire (1694-1778)

    - Profondément hostile au fanatisme et à la bétise, Voltaire a produit une œuvre immense qui lui a valu un énorme succés. On ne lit plus guère ce qu'il estimait dans ses œuvres (les tragédies, les poèmes épiques...), mais on s'attache à ce qu'il sous-estimait : ses contes, sa correspondance, de multiples textes brefs où se dessine l'engagement du philosophe.

    - Déiste, Voltaire critique l'absurdité des religions et le fanatisme (qu'il appelle "l'infâme"). Mais il attaque aussi les athées : la croyance en Dieu retient les hommes de commettres des crimes, de se livrer au mal.

    - Voltaire fait aussi l'éloge du travail. Il faut aménager la terre, la rendre plus vivable. "Il faut cultiver notre jardin", lit-on dans Candide (1759). C'est un idéal de fraternité : les hommes doivent être utiles et heureux dans une société laïcisée (voir les Lettres philosophiques, 1734, leur éloge du progrès, du commerce, de la tolérance)

     

     

     

    - Par la brièveté de ses textes, par le choix d'écrire des fragments (comme les articles du Dictionnaire philosophique, 1764), Voltaire maintient toujours en éveil l'attention du lecteur. Il a le pouvoir de créer des récits, de mettre en scènes vivantes sa philosophie (voir Zadig, 1747). Enfin, l'ironie et la parodie permanentes lui permettent d'emporter l'adhésion gràce au rire.

      

    * Diderot (1713-1784)

    - Il participe à de nombreux ouvrages collectifs (l'Encyclopédie, la Correspondance littéraire, l'Histoire des deux Indes...). On peut se demander quelle est, exactement, l'œuvre de Diderot, puisqu'il refuse de marquer ce qui lui appartient au propre.

      

      

    De même, dans de nombreux dialogues où il donne à "Moi" une apparence provisoire, inexacte, on peut se demander qui est Diderot. Pour lui, le sujet n'existe plus en tant que tel, il est toujours pris et transformé par les circonstances présentes, par le dialogue, sans cesse fragmenté et fragmentaire.

     

     

    - Diderot plus que les autres philosophes fut attentif à d'autres formes de pensée que le raisonnement logique : le rêve, la folie, l'impromptu de la conversation.

    - Matérialiste, il voit l'univers animé d'un mouvement éternel, d'une destruction continue : tout ordre est momentané. Il nie l'âme : la pensée nous vient uniquement de l'organisation complexe, de notre être.

      

      

    La liberté n'est donc qu'un vain mot.

      

    Mais, comme il arrive toujours des faits imprévus, des circonstances futiles, comme la chute des faits n'est jamais intégralement saisissable, comme enfin nous ne sommes jamais les mêmes, il reste de la liberté, ce dont témoignent ses personnages.

    - Diderot cherche à définir une morale.

      

    Les besoins élémentaires du corps, notemment sexuels, ne doivent pas souffrir d'interdit (de fait, Diderot reconnaît la difficulté d'une telle démarche : où s'arrêter?). De plus, les devoirs humains impliquent la bienfaisance.

     

     

    - L'encyclopédie (1747-1772). Ce projet du libraire Le Breton fut très fructueux. Voulant refaire une encyclopédie suivant le modèle anglais, il demande à Diderot d'en être le rédacteur en chef.

      

      

    Celui-ci écrira plus de mille articles, tout en vérifiant le travail de ses collaborateurs (entre autres d'Alembert, Montesquieu, Rousseau, Voltaire). L'encyclopédie s'occupe de la totalité du savoir disponible, sans omettre les métiers. De nombreuse planches illustrées évoquent le travail industriel, artisanal ou manuel, mettant en valeur le rôle du progrès dans les sociétés.

      

      

    C'est l'apologie du travail utile par opposition à l'oisiveté inutile des aristocrates. Cette somme et cette entreprise de vulgarisation constituent une critique virulente de la religion (l'Eglise condamne L'Encyclopédie en 1752)

     

     

    - Jacques le fataliste (1765-1778) joue de la fiction et des conventions romanesques. Le Neveu des Rameau (1762-1780) interdit toute vérité par une accumulation de paradoxes. Le héros héponyme, par ses contradictions, dénonce le partage trop facile entre vice et vertu, folie et raison, etc.

      

    * Rousseau (1712-1778)

    - Ecrivain marginal, en butte à l'exclusion, Rousseau, qui a fait partie de la sphère philosophique, s'est vite brouillé avec Voltaire puis Diderot. Différence de pensée, mais aussi différence de projet.

      

      

    L'œuvre de Rousseau peut en effet se concevoir comme une immense entreprise autobiographique, ce qui annonce des préoccupations nouvelles.

    - Avec le Discours sur les sciences et les arts (1750) puis le Discours sur l'origine de l'inégalité (1755), Rousseau entreprend l'histoire (théorique) de l'humanité. Tous commence par l'état de nature, où l'homme est libre, sain, bon et heureux.

      

      

    Cette époque bénie s'achève lorsque s'instaurent la propriété et la division du travail. Mais on ne oeut retourner à l'état de nature : il faut donc améliorer les choses en changeant l'homme (Emilie, 1761) et en créant un nouveau contrat social (Le contrat social, 1761), légitimant la société.

     

     

    - Solitaire (souffrant d'ailleurs d'un complexe de persécution), Rousseau refuse l'esclavage de la vie mondaine, crée dans son nouveau roman La nouvelle Héloïse (1761) des êtres selon son cœur.

      

      

    Rigoureux et logique dans ses discours, il a aussi fait l'éloge du sentir, de la rêverie dans la nature, du bonheur d'être, tout en éprouvant au fond de lui un vide, une tristesse inexplicable et attirante. L'aveu de soi, le lyrisme de la confession constituent un des derniers thèmes, et non des moindres, préfigurant le romantisme.

      

      

    • Aspects du préromantisme

    * Le XVIIIème siècle fut le siècle de la raison mais aussi des passions. Les philosophes réhabilitent le cœur (jusque là condamné par la Religion comme source de bien des maux), ainsi que la force de l'émotion. Ils ne sont pas insensibles à la force du génie, à l'union de l'âme et des paysages, à la poésie mélancolique des ruines (voir les artiscles sur la peinture de Diderot)

    * Le renouveau, à la fin du siècle, de la mode de l'exotisme (Bernadin de Saint-Pierre publie Paul et Virgine en 1788) donne une vision nouvelle de l'ailleurs. Les pays étrangers ne servent plus seulement à une critique politique, mais témoignent d'un désir de départ, de fuite, d'une satisfaction d'être.

      

      

    Et si le monde européen était trop étroit pour des aspirations encore vagues, mais puissantes? Chateaubriand, à cheval sur le XVIIIème et le XIXème siècles montre les ambiguïtés d'un être favorable à l'Ancien Régime, mais partant à la découverte du Nouveau Monde.

      

      

    • En guise de conclusion

    * Rappelons qu'il n'est pas de rapport direct de cause à effet entre les œuvres de philosophes et la Révolution. Ceux-ci ont préparé les esprits pour celle-là, ont fait vaciller les bases de l'Ancien Régime, politiques et religieuses, mais ils étaient déjà morts en 1789.

    * Rappelons aussi la phrase de Chateaubriand dans les Mémoires d'outre-tombe : "La révolution était fini lorqu'elle éclata."

    * Rien ne montre mieux l'ambiguïté de notre lecture des philosophes, après les événements de 1789, que la personnalité de Beaumarchais (1732-1799). Il fait dire à Figaro, en présence de son maître :

      

    "Qu'avez-vous fait pour tant de biens?

      

    Vous vous êtes donné la peine de naïtre et rien de plus". (Le mariage de Figaro, V, 3). Mais si ce propos reçoit une résonance particulière de la Révolution, la société du Mariage de Figaro n'en reste pas moins symbolique de la grâce, de l'élégance et de la légéreté de l'Ancien Régime.

      

      

    sources

     

     

      

      

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