• BAIN DE JOUVENCE A VERSAILLES

     

     

     

     

    BAIN DE JOUVENCE A VERSAILLES

    Par Laurence Mouillefarine

    Article tiré de Madame Figaro N°1044, 28 août 2004

     Une leçon de natation dans une salle de bains! Son propriétaire se voulait en pleine forme. Chaque panneau a été démonté, nettoyé, remonté. Pour suggérer la beauté masculine, Les attributs du barbier.

      

    C'est une histoire d'eau et d'amour entre Louis XV et la Comtesse du Barry.

    En 1769, le roi, fort épris, fit installer sa favorite au château et déplaça son cabinet de toilette sous les appartements de la belle. Si l'on taira ici leurs ébats aquatiques, on s'étendra sur la beauté du lieu.

      

    Divines boiseries, dorures tout en nuances, délicieuses allégories…

     

     

     

     

     A contempler les chambranles, on distingue bien les trois tons révélés par les boiseries, une fois rafraîchies.Ils étaient propres comme un sou neuf au château de Versailles!

     

    À l'inverse des idées reçues, au milieu du XVIII siècle, on s'y lavait.

     

    Vers 1750, tous les membres de la famille royale

     

     

    disposaient d'une salle de bains. La baigneuse en joyeuse compagnie pourrait être Nausicaa, héroïne de "L'Odyssée"; à moins qu'il ne s'agisse de Vénus née de l'écume de la mer ?

     

    "S'il flottait des odeurs nauséabondes, s'insurge Christian Gaulez, conservateur en chef du Patrimoine, elles provenaient des visiteurs qui se laissaient aller à leurs besoins naturels derrière les piliers - comme aujourd'hui dans le RER ou bien des chevaux, mais pas du manque d'hygiène des courtisans ! "

      

    À preuve, dans quelques jours, on inaugure en grande pompe la salle de bains de Louis XV, fraîchement restaurée grâce au soutien de L'Oréal.

    Ainsi que son lieu "à l'anglaise".

      

    Ne vous attendez pas à découvrir un appartement grandiose tout de marbre revêtu. La pièce aux murs décorés de boiseries se révèle de petites dimensions et basse de plafond. N'est-ce pas le rêve de tout souverain ?

      

    Un lieu facile à chauffer et qui lui permette de se trouver seul alors que partout dans cette résidence de fonction il est accompagné.

    De l'intimité.

    Que demander de plus ?

    " Se rapprocher de sa maîtresse" En 1769, Louis XV commande l'aménagement d'un nouveau cabinet de bains qu'il fait installer au premier étage. Ce sera le sixième qu'il occupera. Pourquoi cette soudaine décision ? Christian Baulez, avec son humour délicat, replace l'affaire dans son contexte. "

      

    À la mort de la reine, en 1768 - pour les cancres en histoire que nous sommes, il s'agit de Marie Leszczyñska -, le roi est quelque peu neurasthénique.

      

    Il a perdu son fils trois ans auparavant, une année à peine après la disparition de la marquise de Pompadour, sa favorite.

    Pour parler clair, il a des idées noires. Comment le distraire ? Son entourage proche sait bien ce qu'if lui faut: une nouvelle maîtresse !

    On va quérir la comtesse Du Barry, née Jeanne Bécu,

    sur nommée "Mademoiselle l'Ange".

     

     

    La Duchesse du BarryLa belle dirige une maison de jeu ouverte par son époux. Blonde platine, pimpante, sorte de Marilyn Monroe aux petits pieds. Bref, un "morceau de roi". Elle est introduite à la Cour.

    C'est une professionnelle de l'amour.

    Le souverain en sera vite follement épris.

    Il la loge à Versailles.

    Louis XV le Bien-Aimé a découvert de nouveaux plaisirs.

     

    Au point que la Faculté s'inquiète. "Sire, il faut dételer!" conseillent ses médecins. Il n'écoute guère. Pis, il abuse de fortifiants.

    C'est donc à ce moment décisif qu'il déplace sa salle de bains, au-dessous

     

    des quartiers de Madame Du Barry. "

     

    Chaque scène sculptée dans un médaillon à motif de roseaux évoque les sports nautiques et autres jeux aquatiques.Une pièce confortable, chauffée par un poêle et qui, comble du luxe, bénéficiait de l'eau courante"

    Celle-ci provenait des réservoirs de Montbauron.

      

    Finie l'époque où les serviteurs remplissaient les cuves à la main!

    Elle présentait deux baignoires, en cuivre étamé, l'une pour se savonner, l'autre pour se rincer.

    Afin de l'alimenter, deux réservoirs sortes de grosses marmites disposées à l'entresol supérieur contenaient l'un l'eau froide, l'autre l'eau chaude. Toute l'installation a disparu, il faut le savoir.

     

    Des robinets en bronze doré, il n'y a plus guère qu'une vague trace dans le mur. Le visiteur qui s'attend à voir les grandes eaux couler dans la salle restaurée sera déçu. À la suite de son grand-père, Louis XV transforme à nouveau la pièce en cabinet de la Cassette, destiné à la gestion de ses finances personnelles.

    En 1777, le lieu de toutes les voluptés devient cabinet de travail.

    Chacun son tempérament.

    Or, la politique actuelle de restauration à Versailles veut que le château soit réhabilité tel qu'il était à la veille de la Révolution.

    Comme exemple d'une organisation monarchique.

    Aussi, si l'on espère une salle de bains c'est un bureau que l'on

     

     

    admire et sa majestueuse cheminée aux bronzes dorés modelés par le grand Gouthière.

      

    De la pièce où barbota Louis XV il ne reste que les boiseries.

    Mais quelles boiseries ! Exceptionnelles quant au travail de la sculpture, quant à la délicatesse de la dorure.

    Elles furent réalisées par l'atelier des frères Rousseau sous la direction de Gabriel, l'architecte du roi.

    Une fois démontés, puis nettoyés, les panneaux ont révélé un blanc délicat et trois tons d'or :

    or jaune, or vert, or citron.

     

     

    Des nuances rarissimes qui, sous la crasse, avaient disparu. Et quelle iconographie! Allégorie à la fonction du lieu, voici sculptés les attributs de la toilette : les instruments du coiffeur un sac à perruque, une houppe à poudrer, des peignes, des flacons pour les onguents - et ceux du barbier

     

     

     

     

    plat à barbe, serviette chaude pliée, rasoir, fer à friser. Pose de la feuille d'orDes dauphins et des cygnes, du corail et des éponges, les autres motifs évoquent, tous, la mer, les étangs ou les rivières.

      

    Des naïades font trempette, des gamins pêchent, d'autres chassent le canard, on célèbre les plaisirs de la baignade.

    Et celui du grand air.

      

    Jean-Jacques Rousseau (rien à voir avec les frères précédemment cités) est passé par là. Au plafond, dans le ciel étoilé, s'agitent des chauves-souris, symbole du bonheur et de l'amour chez les Orientaux.

    Le plus éblouissant ?

    Les scènes naturalistes.

    Dignes des Jeux olympiques.

    Un hymne à la bonne santé.

    Ainsi cette représentation d'un homme musclé qui prend une leçon de natation ou ces deux Chinois qui, sur une barque, se livrent à une joute.

    Hommes, femmes, enfants, dieux et déesses, tout ce petit monde est nu et potelé. On baigne dans la sensualité. Histoires d'eau.

      

    Histoire de France surtout.

     

     

    C'est au pinceau de martre que l'on applique la feuille d'or

     

     

     

    http://www.mrugala.net/Histoire/Grand%20Siecle/Monuments/Versailles%20-%20Bain%20de%20Jouvence/Versailles%20-%20Bain%20de%20Jouvence.htm

     

     

     

     

     

     

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