• LE CHEVALIER DE MONDION.. appelé " le petit lapin " CHOUAN

     

     

    LE CHEVALIER DE MONDION
     

    I
    Louis de Mondion de Chassigny était fils de Jean-Vincent de Mondion, écuyer, seigneur de Chassigny, près Loudun, et de Marie-Thérèse de la Châtre. Il n'avait pas encore quinze ans, lorsque éclata l'insurrection vendéenne. Emigrés dès le début de la persécution religieuse, ses parents avaient emmené avec eux ses trois frères, mais l'avaient laissé lui-même en pension à Paris, dans une institution tenue par un sieur Paulette.
    Ce fut là qu'il apprit, un beau jour, la nouvelle de l'insurrection vendéenne et des premiers succès remportés par les insurgés.

      

    Tout brûlant d'enthousiasme, notre petit pensionnaire résolut aussitôt d'aller s'embrigader dans les rangs des défenseurs de la religion et de la royauté. Avec une adresse et un sang-froid qu'il eût été difficile d'attendre d'un enfant, il se fabriqué un faux passeport, escalada les murs de l'institution Paulette, prit la décampe, eut la chance de pouvoir franchir les barrières de la capitale et arriva dare-dare à Thouars, juste au moment où les Vendéens venaient eux-même d'entrer vainqueurs dans cette ville, le 5 mai 1793. La Marquise de la Rochejaquelein, qui vit le jeune volontaire au débotter, nous le dépeint ainsi dans ses Mémoires :

     

    "Le chevalier de Mondion était un jeune homme de quatorze à quinze ans, grand et fort pour son âge, d'une belle figure, d'un courage surprenant ; il était plein d'esprit et fort vif."
    Poitevin d'origine, le nouveau venu s'attacha tout naturellement à Lescure qui l'admit aussitôt au nombre de ses officiers d'ordonnance, et aux côtés duquel il ne cessa de se battre bravement, toujours au premier rang, sur tous les champs de bataille de la Grande Armée.
     

    Espiègle autant que brave, son esprit et sa bravoure, joints à son jeune âge, lui attirèrent bien vite la sympathie générale, non seulement dans l'état-major, mais encore dans tous les rangs de l'armée. Tout le monde admirait, tout le monde aimait et chérissait cet héroïque petit bonhomme qui, toujours riant et plaisantant, s'élançait au feu le sourire aux lèvres, faisait caracoler son cheval comme s'il se fût agi d'une simple partie de plaisir, pirouettait autour des Bleus en les narguant, maniait le sabre comme un vieil officier, chantonnait au plus fort de la mêlée et, après la victoire, se reposait en égayant de ses lazzis les vainqueurs enthousiasmés !

     

    II
    Brave entre tous les braves, l'intrépide petit chevalier donna, plus d'une fois, une leçon de bravoure à de moins braves que lui. Je citerai, à ce propos, deux traits bien caractéristiques, dûment authentiques comme on va le voir.
     

    Le premier eut pour théâtre le champ de bataille de Luçon (14 aout), et c'est un témoin oculaire, Bertrand Poirier de Beauvais, qui le rapporte dans ses Mémoires.
    C'était au moment où la débandade commençait à se produire dans les rangs de l'armée vendéenne :
     

    "Les républicains, écrit Poirier de Beauvais, apercevant la confusion, la déterminèrent par une charge de cavalerie. C'est dans ce moment que le marquis de la Roche-Saint-André, blessé d'une balle à la poitrine, et ne pouvant plus avoir son cheval qui était à quelque distance, se trouva sur le point d'être fait prisonnier. - Un cheval pour M. de Saint-André ! s'écria-t-on.
    "Dans cette guerre sans quartier et un instant aussi critique, chacun ne pensant qu'à soi, le pauvre Saint-André restait, lorsque le jeune de Mondion, gentilhomme de Loudun, faible et âgé d'environ dix-sept ans, lui offrit le sien. Le généreux blessé refusa, mais Mondion descend, laisse son cheval, fuit avec les fantassins et est assez heureux pour se sauver".
     

    Trois semaines plus tard, le 5 septembre, sur le champ de bataille de Chantonnay, la leçon devait être plus directe. Cette fois, c'est Mme de la Rochejaquelein qui va nous servir de témoin. Après avoir raconté la bataille, qui se termina par une victoire complète, elle ajoute :
    "Le petit chevalier de Mondion se conduisit d'une manière surprenante pour son âge. Nous avions de très braves cavaliers, mais en général la plus grande partie de la cavalerie était médiocre ; comme il fallait nécessairement qu'elle fût quelque temps en panne, exposée au feu, ce qui ne lui arrivait pas souvent, on engagea beaucoup d'officiers à se mettre avec elle. Un officier très grand se trouva à côté du petit de Mondion ; au bout d'un instant, il lui dit :

    "Je suis blessé, je me retire. - Je ne vois pas cela, Monsieur. - C'est une contusion.

    - Cela se peut bien, mais le sang ne coule pas ; si vous vous retirez, ne paraissant pas blessé, vous ferez prendre la fuite à la cavalerie. - Je m'en vais. - Si vous faites un mouvement, je vous brûle la cervelle", lui dit le petit de Mondion en approchant de lui son pistolet. Le pauvre homme, qui savait l'autre bien capable de le faire, n'osa plus penser à la retraite."
     

    On peut juger, par ces deux traits, de la bravoure de notre jeune héros, et, en même temps, se faire une idée de la popularité dont il devait jouir parmi les rudes gâs de la Grande Armée.

     

    III
    Bien qu'il ne se fût ménagé sur aucun champ de bataille, et qu'il eût, au contraire, toujours affronté le feu au premier rang, l'intrépide petit chevalier n'en avait pas moins réussi, pendant longtemps, à se tirer d'affaire sans la plus légère égratignure ; ses compagnons d'armes n'en revenaient pas d'une pareille chance et nombre de paysans poitevins, chaque jour émerveillés de ses traits d'audace, en étaient arrivés à croire que le gaillard devait être quelque peu sorcier !
    Il finit cependant par être blessé un beau jour. Ce fut le 22 septembre, au cours de la poursuite des Bleus qui venaient d'être battus à Saint-Fulgent.
     

    "Ce jour-là, raconte Mme de la Rochejaquelein, le petit de Mondion et M. de Lescure s'acharnèrent tellement après les ennemis, qu'à dix heures du soir ils étaient encore à leurs trousses. Quatre soldats républicains, vêtus de blanc, s'étaient cachés derrière les haies et tiraient sur nos gens ; ces messieurs croyant que c'étaient des Vendéens, leur crièrent : "Vive le Roi ! Ne tirez pas, ce sont vos commandants" ; ils répondirent : "Vive le Roi !" et tirèrent encore. M. de Lescure leur dit : "Je vais à vous, ne tirez donc pas", et, en même temps, comme il était sur eux et avançait le bras pour leur donner des coups de plat de sabre, ils firent une décharge à bout touchant ; ils avaient rempli leurs fusils de balles et de plomb de chasse. A la lueur du feu, les généraux reconnurent des soldats républicains. M. de Lescure eut sa selle et ses habits criblés, ainsi que ces messieurs ; mais il n'y eut que le petit de Mondion qui reçut huit grains de gros plomb dans la main ; il en fut très souffrant, vu la peine qu'on eut à les retirer ; il eut longtemps la main et le bras enflés."
     

    Ce fut à l'occasion de cette blessure que l'héroïque aide de camp du Saint du Poitou reçut le surnom de Petit-Lapin ! "Les dames, nous dit Bouraiseaux, plaisantèrent beaucoup ce jeune homme, en lui disant qu'il avait été tiré par des braconniers qui l'avaient pris pour un petit lapin. Le nom lui en resta ..."
    Le Petit-Lapin accepta de la meilleure grâce du monde une plaisanterie et un surnom qui n'avaient, d'ailleurs, rien d'offensant pour lui, et, en dépit de sa blessure, il continua à se battre plus intrépidement que jamais. Quelques semaines plus tard, nous le trouvons faisant des prodiges de valeur sous les murs de Cholet, au milieu du "bataillon sacré" qui protégea la retraite de la Grande Armée.

     

    IV
    Ce fut avec le même entrain, avec la même intrépidité qu'il fit toute la campagne d'outre-Loire.
    Après le passage du fleuve, il s'était donné la mission de veiller autour de son général mourant ; il l'assista jusqu'à la fin, et devint ensuite l'un des fidèles chevaliers servants de la noble veuve du Saint du Poitou.
    Il partagea le sort de la Grande Armée jusqu'à Savenay, où, aux côtés de Marigny, "plus grand dans l'adversité que dans la victoire", il renouvela les prodiges de valeur accomplis à Cholet et se dévoua, en compagnie d'une poignée de braves, pour permettre aux femmes d'échapper aux baïonnettes des féroces soldats de Kléber.
     

    Cette fois encore il eut la chance de s'échapper lui-même, mais ce ne devait pas être pour longtemps. A quelques jours de là il trouva une mort glorieuse, dans les circonstances que rapporte ainsi Mme de la Rochejaquelein :
    "J'appris, trois mois après l'amnistie, les circonstances de la mort de mon père (le Marquis de Donissan), qu'on nous laissait ignorer. Il s'était retiré (après la bataille de Savenay), avec le chevalier des Essarts, MM. de Mondion, de Beauvollier, de Tinguy et quelques autres dans la forêt du Gavre ; là, ils rencontrèrent M. Canelle, négociant à Nantes, qui se cachait, étant hors la loi ; ce dernier, depuis, m'a raconté tout ceci à Bordeaux. Il donna à mon père des lettres pour des amis du côté de Guérande, où il pourrait se réfugier ; mais au lieu de cela, livré au désespoir, il voulut tenter un coup de main et retourner faire la guerre dans la Vendée ; il rassembla environ deux cents hommes, et, trois semaines après la déroute de Savenay, ils réussirent à surprendre de nuit Ancenis.
     

    Les Bleus, effrayés quoique nombreux, se jetèrent dans des bateaux, tandis que mon père faisait rassembler à la hâte le peu de barques qui lui restaient ; les patriotes de la ville, s'apercevant du petit nombre d'ennemis, rappelèrent les volontaires et tombèrent en foule sur cette poignée de braves. Mon père, ses trois officiers et dix ou douze cavaliers, après des efforts étonnants, se firent encore jour au milieu d'eux, à coups de sabre, et sortirent de la ville ; mais poursuivis, la plupart blessés, leurs chevaux harassés, ils furent tous pris à deux lieues de la ville, menés à Angers et guillotinés."
     

    Ainsi mourut glorieusement, après un dernier fait d'armes en compagnie du père de Lescure, l'héroïque petit aide de camp du Saint du Poitou.

     

    H.B

     

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    Quand la lumière du passé éclaire le présent ! 

      

    SOURCES

    Superbe BLOG

    http://lescoeursdechouans.clicforum.fr/t335-Le-chevalier-de-Mondion-dit-petit-lapin.htm

      

      

      

     

    « M. Charles RETAILLEAU, curé 1790-1793.MARIE ANTOINETTE ( nécessaire de toilette - faïencerie ) »
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