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    Sophie Arnould    


    Sophie-Madeleine Arnould (1744-1802 ou 1803) est une cantatrice célèbre, la    plus grande soprano de son temps, une femme d'esprit et de lettres (autobiographie et correspondance et de moeurs faciles, comme toutes ses consoeurs. Elle parle couramment le    latin et l'italien. Les frères Goncourt qui s'intéressent au XVIIIe siècle en général et à elle en particulier, la surnomment “soeur cadette de Ninon” Ninon de Lenclos, la    courtisane célèbre du XVIIe siècle# et écrivent sa biographie dans l'ouvrage Les actrices du XVIIIe siècle : Sophie Arnould.

          

    Dans son salon - que l'on compare à l'Ecole d'Aspasie, courtisane célèbre de l'Antiquité grecque - siègent, au fil des    ans, son protecteur officiel Louis Léon Félicité, comte de Lauragais et duc de Brancas, Voltaire, Jean Chaptal #comte de Chanteloup, Diderot, Lucien Bonaparte, Jean-François de La Harpe, le    prince d'Hénin, Beaumarchais, Benjamin Franklin, Helvétius, Jean-Jacques Rousseau, l'architecte François-Joseph Bélanger, le poète Claude-Joseph Dorat, Jean le Rond dit d'Alembert, et autres    philosophes, scientifiques ou lettrés.

      

    Elle connaît bien le monde, encore mieux le demi-monde puisqu'elle appelle le Palais-Royal

    “le plus grand Trou-Madame” de l'Europe.

    Elle reçoit deux fois    par semaine, le jeudi étant réservé aux femmes, une innovation. Adulée par les hommes, elle l'est aussi par les femmes. Après avoir traversé la Révolution française et la Terreur, elle finit ses    jours en 1802 dans l'oubli et la misère, comme bien de ses consoeurs…

     

    Peinture du GREUZE

          

    Tilly dit d'elle dans ses Mémoires :

     

    “Je parlerai d'abord de Mlle Arnould, si célèbre par ses saillies. Elle avait eu beaucoup d'esprit avant que je la connusse - Tilly a vingt ans de plus - ; elle m'avait dit beaucoup de bons mots par la bouche des autres qui les avaient retenus, et que je n'ai plus entendus de la sienne. Je l'ai vue asez souvent pendant deux ou    trois ans ; je ne l'ai jamais prise sur le fait d'un mot piquant ou spirituel, elle qu'on soutenait avoir eu tant d'argent comptant et tant de bonheur de ce genre ! Mais l'esprit a sa grande  climatérique ? ;

      

    il déchoit comme le corps, et s'évanouitgraduellement, quoique moins vite que la beauté. Je cherchais toujours ce qu'on m'avait dit, et ne trouvais jamais ce qu'elle disait.    C'étaient des lueurs, jamais de grandes clartés ; du papillotage, point de traits ; une causerie fort ordinaire, pas un mot à retenir ; elle avait trompé ses admirateurs, qui trompaient le public  parce qu'ils n'osaient pas avouer qu'ils l'avaient été. Ses soupers valaient moins que sa conversation et ses prétendus bons mots ; on allait aux uns, comme on espérait les autres, par habitude.   

      

    Que de réputation à refaire ! Sa société était, en général, composée de gens qui aspiraient à montrer de l''esprit, qui faisaient des vers pour se divertir, ou, sérieusement, à faire rire ;

    de    quelques hommes de lettres distingués qui, en venant s'y délasser, se croyaient en bonne compagnie parce qu'il y avait des noms sonores dans le salon ; de quelques gens de qualité prétentieux qui    aimaient à se frotter aux gens de lettres, quoiqu'ils sussent à peine lire celles qu'ils recevaient par la poste

    #voilà un détestable calembour !!! - note de Tilly -

    #; de quelques voyageurs    ubiquistes qui veulent tout voir, et dont la partie est partout ; de quelques courtisanes qui avaient montré un peu d'esprit ou trouvé plusieurs sots ; de quelques actrices qui avaient eu du    talent, ou, ce qui vaut mieux, qui en promettaient ; de quelques hommes considérables qui n'avaient plus de considération, et de quelques autres enfin à qui un souper de plus ou de moins ne    pouvait pas la faire perdre.”

     

    Quelques uns de ses “bons mots” :

     

    - “Les dix plus belles années d'une femme se situent entre vingt-huit et trente ans.”
    - “Victor est un de mes admirateurs? En effet, il m'a admiratée.”
    - “Vouloir brusquement revoir son mari après une séparation de cinq ans, cela peut être une envie de femme enceinte.”
    - “Le mariage est le sacrement de l'adultère.”
    - “Monsieur est chevalier de Malte ; il accomplit son voeu en combattant les infidèles.” [à l'un de ses amants qui la surprend en    flagrant délit]
    - “L'esprit court les rues, lui dit-on - C'est un bruit que les sots font courir,” réplique-t-elle.

          

    Elle a dit enfin de son amant Lauraguais :

    “Il m’a donné deux millions de baisers et m’a fait verser plus de quatre millions de larmes

     

     

    Plaque

    Adresse : Rue de Rocquemont, Luzarches, France

     

     

     

    La cantatrice parisienne Sophie Arnould a acheté pour 60 000 livres le couvent de Luzarches.

    Cet ancien fief, possédé par Jean de Rocquemont en 1344, est donné aux religieux de Saint-François-d'Assise par le seigneur de Rocquemont, René Coiffier, en 1652. La chanteuse l'acquiert le 20 décembre 1790 et s'y retire quelques années après : elle réaménage alors les bâtiments et le parc à sa guise. 

     

     

     

     

     

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