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    Charlotte Rosalie de Choiseul-Beaupré, éphemère maitresse du Bien-Aimé

      

      

    Fille de Pierre-Jean de Romanet (1685-1751), président au Grand-Conseil à Paris et de Marie-Charlotte d’ Estrades (1696-?), la petite Charlotte-Rosalie née à Paris en 1733.

      

    Son enfance reste inconnue mais elle reçut une éducation des plus soignées pour une femme de son temps. Nièce de la comtesse d’Estrades et donc parente éloignée de la marquise de Pompadour, célèbre favorite de Louis XV, elle entre à la cour, par l’entremise de celle-ci, dès qu’elle atteint ses dix-huit ans. Madame de Pompadour se charge de trouver pour elle un fiancé noble et bien né, François-Martial, comte de Choiseul-Beaupré (1717-1791).

      

    Le mariage a lieu le 25 Avril 1751, au château de Bellevue, en présence du roi et de la favorite. Dans les premiers temps le couple est logé chez la comtesse d’Estrades, tante de la jeune femme, qui est alors la maitresse du Ministre de la Guerre, le marquis d’Argenson.

      

    La marquise toujours bienveillante au jeune couple, se charge de l’admettre dans le cercle intime du roi. Ainsi, le comte de Choiseul-Beaupré, obtient la charge enviable de ménin du dauphin et son épouse, celle de Dame de Compagnie pour « Mesdames les Ainées »,

    (Madame Henriette et Madame Adélaïde, filles aînées du roi).

    C’est alors vers cette époque que la comtesse se fait remarquer par le roi, qui éprouve pour elle un goût très violent. Alors qu’elle avait fait parader sa vertu en disant qu’elle ne tromperait jamais son époux, la comtesse se voit victime d’une rumeur disant qu’elle serait devenue maitresse du roi –ce qui peut déplaire Mme de Pompadour qui on sait, a pourvu à tout le nécessaire du jeune ménage–.

    Alors la jeune comtesse jette son dévolu sur le dauphin qui –ne se gêne pas pour cocufier la plus sage des épouses- accepte ses avances.

    Leur liaison sera de plus brèves. Le roi entame alors une nouvelle liaison avec la jeune comtesse.

    La grande beauté ainsi que l’ingénuité de la jeune femme laissent penser à Dufort de Cheverny, qu’elle est comme la duchesse de Fontanges, jadis aimée par Louis XIV, mais le comte de Choiseul-Stainville (futur duc de Choiseul) lui trouvait plutôt "l'air d'une fille entretenue qui a beaucoup d'usage du monde".

    Les Choiseul-Beaupré sont alors de toutes les chasses, de toutes soirées, de tous voyages, de tous soupers,… Le comte de Choiseul-Beaupré, que tout le monde méprisait, se voit promu inspecteur de l’infanterie. Les courtisans commencent à croire que c’est la comtesse d’Estrades qui est derrière tout cela.

    D’Argenson écrit en parlant de la comtesse d’Estrades :

    « Elle fait le ménage pour chasser la marquise de Pompadour, qui la voudrait chasser elle-même de son poste, et que quelques-uns de ses ministres sont de part à ceci pour délivrer de cet Etat, la sangsue ambitieuse ».

    La sangsue ambitieuse n'est autre que la marquise de Pompadour. La marquise commence alors à craindre qu’il y ait une nouvelle liaison mais ne s’en inquiète pas trop longtemps vu l’influence qu’elle a sur le souverain.

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    Aidée par sa tante, l’ingrate et intrigante comtesse d’Estrades et du marquis d’Argenson, la comtesse consomme en toute paix son amour avec le roi. Richelieu, au courant des affaires, se fait l’entremetteur des échanges des lettres entre les deux amants.

      

    Mais la comtesse ne veut pas une simple escapade, elle veut succéder à la marquise de Pompadour comme maitresse en titre. La mort de Madame Henriette en Février 1752 vient arranger ses projets. Le souverain, accablé par la perte, semble de plus en plus attaché à Dieu mais ne se tourne pas vers la dévotion. Il semble vouloir chercher des plaisirs nouveaux.

      

    A Fontainebleau, la comtesse d’Estrades exige de sa protégée qu’elle obtienne du roi le renvoi de la marquise et qu’elle l’exige à la déclarer maitresse-en-titre.

      

    Après un long entretien avec le roi, Mme de Beaupré sort échevelée, comme si elle était triomphante et dit à ses amis que leurs voeux seront exaucés.

    Tout le monde semble se réjouir sauf Quesnay qui a dit qu'il partagerait la disgrace de la marquise.

    Etienne-François, duc de Choiseul, cousin de l'époux de la comtesse, fait cesser ce jeu.

    Après quelques temps, la marquise ne tarde pas à apprendre le malheur qui la menace. Elle pleure à chaudes larmes et va voir le marquis de Gontaut, à qui elle avoue son infortune.

    Mais elle ignore que lui aussi faisait parti du plan qui tentait de le renverser.

    Gontaut se reproche alors d’avoir comploté contre la marquise. Mais pour sauver ses fautes, il cherche le moyen de la sauver en narrant l’histoire à son beau-frère, Étienne-François de Choiseul, comte de Stainville.

      

    Celui-ci au départ, entretient des relations plutôt froides avec la marquise (la favorite redoutait en effet son esprit mordant et pensait qu’il est comme Maurepas) mais se résout d’aider Madame de Pompadour pour non seulement sauver l’honneur de sa famille (car le comte de Choiseul-Beaupré était venu lui exprimer sa colère quelques jours auparavant) mais aussi tirer les bénéfices de cette démarche.

      

    La marquise ne passe pas pour une ingrate…

    Il sait aussi Mme de Choiseul-Beaupré, incapable de supplanter la marquise trop longtemps auprès du roi, parce qu’elle commence à entrer dans une grossesse.

    Choiseul dit à Gontaut qu’il sait comment apaiser les craintes de la marquise.

      

    Après, Gontaut, accompagné de Choiseul se rendent chez la marquise qui pleure encore.

    Choiseul écrit : « Touché par ses larmes, je ne pus y résister davantage, et je lui confiai que je savais que Mme de Choiseul-Beaupré devait partir de Fontainebleau dans deux jours et ne reviendrait à la Cour qu’’ après ses couches. »

      

    Au prix de quelques ruses, Choiseul obtient de la comtesse des lettres qu’elle avait reçues du roi et les donne à la marquise. La marquise espérait ainsi qu'en le montrant au roi, elle lui montrerai à quel point la comtesse pouvait être bavarde.

    On peut imaginer la scène qu’elle fait au roi. La marquise évince une nouvelle fois une rivale.

    Non seulement elle en sort plus victorieuse et puissante que jamais, mais le roi la fait duchesse. Après quelques jours, la comtesse de Choiseul-Beaupré se retire de la cour sur ses terres pour sa grossesse.

      

    Neuf mois plus tard, le 1er Juin 1753,

    elle donnera naissance à une fille, Élisabeth de Choiseul-Beaupré (1753-1757), qui ne vécut que quatre ans. Charlotte-Rosalie de Romanet, comtesse de Choiseul-Beaupré meurt un jour après la naissance de sa fille, le 2 Juin 1753, probablement d’un accouchement trop douloureux.

     

     

    D’après Madame de Pompadour d’Evelyne Lever

     

     

     

     

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