• MADAME du BARRY

     

    Portrait of Madame du Barry, by Elisabeth Louise Vigee-Lebrun

     

     

    19 août 1743 : naissance de la Comtesse du Barry, une courtisane devenue maîtresse royale

    Maîtresse attitrée de Louis XV, la « Du Barry » comme les nobles la nommaient alors, eut un rôle politique indéniable auprès de son amant... Née le 19 août 1743 à Vaucouleurs, près de Commercy en Lorraine, Jeanne Bécu est issue d'une union assez inhabituelle puisque sa mère Anne est couturière et que son père est un moine du couvent de Picpus à Paris (frère Ange). Cela dit, sa mère se remarie avec un fournisseur pour l'armée, Nicolas Rançon et ce dernier envoie la petite fille dans une école réputée.
      
      
    En sortant du cloître, Jeanne Bécu devient femme de chambre chez des fermiers généraux.
      
    Intelligente, elle observe les moeurs de « la bonne société » et ce, d'autant plus qu'elle devient vendeuse dans une boutique de mode très connue à Paris.
      
    La fille est jolie, elle est très vite remarquée par Jean-Baptiste du Barry, un noble proxénète qui la fait « travailler » pour ses riches clients sous
     
      
     
      
      
    différents pseudonymes.
      
    Elle sera appelée notamment « Mlle Langes ».
      
    Les mérites de la courtisane sont vantés par un valet du roi, Louis XV n'a qu'une hâte : la rencontrer.
      
    C'est chose faite en 1768. La belle a alors 25 ans et le roi 58 ans ! Inutile de préciser que le monarque succombe vite aux charmes de la jeune femme, d'autant plus que son esprit est brillant et cultivé.
      
    Le but de Du Barry était d'en faire la maîtresse du roi et qu'elle soit suffisamment persuasive pour faire renvoyer Choiseul, le secrétaire d'Etat aux Affaires étrangères, à la guerre et à la marine très populaire, protégé de Madame de Pompadour, la maîtresse en titre du roi.
      
    Évidemment, une courtisane ne peut être maîtresse royale et Louis XV lui donne alors un titre. Il la marie donc à Guillaume du Barry, le frère de Jean-Baptiste lui-même déjà marié bien qu'il fut l'amant de Jeanne.
      
      
    Le mariage a lieu le 1er septembre 1768.
      
    Jeanne Bécu est désormais « Comtesse du Barry ».
      
      
    Il tarde à Louis XV de la présenter à la Cour.
      
    C'est chose faite en avril 1769. Séduisant le vieux roi, elle remplace officiellement Madame de Pompadour, reçoit maints bijoux et domaines comme Louveciennes en Ile de France.
      
    Elle charme les gens qui l'entourent dont un certain Voltaire.
      
    Choiseul, inquiet de l'influence de la péronnelle, fait diffuser des chansons grivoises à son propos, la Du Barry n'était-elle pas une ancienne courtisane ?
      
      
      
      
      
    Le Ministre est d'autant plus fort qu'il a une alliée de taille avec la jeune Marie-Antoinette, tout juste débarquée de son Autriche natale et qui déteste la Du Barry depuis qu'elle connaît son passé et ses relations avec Louis XV. Cependant, cela n'affecte guère Madame du Barry et usant de son influence auprès du roi, elle fait finalement évincer Choiseul.
      
    Ce dernier est remplacé par le Duc d'Aiguillon. Marie-Antoinette la déteste encore plus. Louis XV est finalement atteint de la petite vérole (la syphilis) : il faut dire que les règles d'hygiène à Versailles étaient déplorables et que, de plus, le roi était réputé pour ses frasques amoureuses.
      
      
      
      
      
      
    Il éloigne Jeanne, l'envoie à l'abbaye de Pont-aux-Dames, redoutant pour elle les foudres de Marie-Antoinette. Celle-ci pourtant, sur injonction de Louis XV, lui avait lancé de manière méprisante « il y a bien du monde aujourd'hui, Madame, à Versailles »...L'important était que Marie-Antoinette s'adresse enfin à la favorite, peu importait la teneur de la conversation...
      
    Madame du Barry vit alors en recluse dans une grande piété.
      
    Louis XV meurt le 10 mai 1774 laissant la place à son petit-fils Louis XVI fils de Louis le Dauphin mort prématurément. Lors de la révolution de 1789, la Comtesse du Barry soigne les blessés, tant royalistes que révolutionnaires.
      
      
      
    File:Salle de bains de madame Du Barry - DSC 0417.JPG  
      
      
    En apprenant la mort de Louis XVI, elle porte le deuil puis se rend à Londres pour y cacher ses bijoux.
      
      
    Madame du Barry fut dénoncée par George Greive, identifié plus tard comme un agent anglais en France.
      
    Cet individu, acharné à sa perte, semble avoir convoité ses papiers, et notamment sa correspondance avec Brissac, qui donnait de précieuses indications sur les efforts des royalistes de l'intérieur pour sauver la royauté. Il est possible que Greive ait vendu cette correspondance à son gouvernement.
      
      
      
    File:Poêle de la salle de bains de la Du Barry - DSC 0432.JPG
     
     
     Greive est en effet un ignoble personnage.
      
    Il va se focaliser sur madame du Barry, s'installant même à Louveciennes, dans l'unique but de trouver tout et n'importe quoi pour la dénoncer au Tribunal révolutionnaire.
      
    Il soudoiera même ses serviteurs dont évidemment le plus célèbre Zamor qui deviendra son complice.

    Au début Jeanne va réussir à prouver que toutes ces dénonciations sont de la pure calomnie mais au fur et à mesure, l'étau se resserra...
    Elle va même écrire aux autorités que si Greive agit de la sorte, c'est tout simplement parce qu'elle n'a pas cédé à ses avances. Qui auraient été si poussées qu'on peut penser qu'il a tenté de la violer.

    C'est pour cela que jusqu'au bout elle a cru à une méprise et ne pensait vraiment pas se retrouver sur l'échafaud.
      
      
    Récit de son arrestation et de sa mort
      
    Elle est arrêtée sur le chemin du retour, est condamnée à mort pour avoir conspiré contre la République et dilapidé la fortune de l'état. Elle est guillotinée le 8 décembre 1793 en murmurant au bourreau
      
    « De grâce, Monsieur le bourreau, encore un petit moment ».

    Voici le récit de l'exécution de Madame du Barry par Charles-Henri Sanson :

    17 frimaire.

    Madame Dubarry a été condamnée hier au soir et exécutée ce matin.
    Nous étions, suivant l'ordre, à neuf heures à la maison de justice, mais il a fallu espérer parce que la condamnée était enfermée avec le citoyen Denizot, juge, et le citoyen Royer, substitut de l'accusateur, qui enregistraient des révélations.
    A dix heures, les citoyens Vandenyver, qui étaient trois, le père et les deux fils, tous complices de madame Dubarry, et les citoyens Bonnardot et Joseph Bruniot, falsificateurs d'assignats, condamnés par le tribunal criminel, ont été amenés.
    Pendant qu'on arrangeait les susdits, madame Dubarry est arrivée dans l'avant-greffe.   Elle marchait en s'appuyant contre les murs, car ses jambes fléchissaient sous elle. Il y avait une vingtaine d'années que je ne l'avais vue, et je ne l'aurais pas reconnue ; elle était aussi défigurée par l'embonpoint que par la peine et l'angoisse. Quand elle m'aperçut derrière les condamnés déjà liés, elle jeta un grand Ah ! en se cachant les yeux sous son mouchoir, et elle se mit à genoux en criant "Je ne veux pas, je ne veux pas".

    Presque aussitôt elle s'est relevée et elle a dit "Où sont les juges, je n'ai pas tout déclaré, je n'ai pas tout avoué".   Les citoyens Denizot et Royer étaient chez Richard, avec deux ou trois députés qui avaient été curieux de voir passer la pauvre femme ; ils arrivèrent presque aussitôt, mais ils refusèrent de rentrer dans le greffe et la sommèrent de parler sur-le-champ. Elle déclara alors quelques objets précieux qui étaient cachés dans sa maison de Lucienne ou confiés à divers particuliers, mais elle s'interrompait à chaque instant pour se lamenter, et, à diverses reprises, elle battit la campagne comme si son esprit eût été égaré par la fièvre.

    Le citoyen Royer, qui tenait la plume lui disait alors "Est-ce là tout?" Et il essayait de lui faire signer le procès-verbal mais elle repoussait le papier, elle assurait qu'elle avait quelque chose à ajouter ; on voyait qu'elle cherchait dans sa mémoire.
    Elle croyait peut-être qu'en raison des sommes immenses qu'elle abandonnait à la confiscation on lui accorderait sa grâce, et jamais, dans son heureux temps, elle n'avait si ardemment souhaité les richesses que maintenant qu'elle les sacrifiait pour gagner quelques minutes sur la mort.
    Enfin, les citoyens Denizot et Royer se levèrent et lui dirent très durement qu'il fallait se soumettre aux décrets de la justice, et racheter par son courage l'ignominie de sa vie passée.  
      Elle est demeurée comme anéantie sur sa chaise.
    Un aide s'est approché et a cru le moment bon pour lui couper les cheveux, mais au premier coup de ciseaux elle s'est relevée et l'a repoussé il a fallu que deux autres aides l'aidassent à la lier.
    Alors elle s'est laissée faire, seulement elle pleurait comme je n'ai jamais vu pleurer.

    Il y avait sur le quai autant de monde que pour la sortie de la Reine et des députés girondins. On criait ferme, mais les cris de la victime s'élevaient toujours dessus ceux du peuple. Nous n'avons pas fait cent pas qu'on n'a plus entendu qu'elle. Elle disait "Bons citoyens délivrez-moi, je suis innocente. Je suis du peuple comme vous, bons citoyens, ne me laissez pas mourir."

    On ne bougeait pas, mais les citoyens et citoyennes baissaient la tête et ne lui jetaient plus d'injures. Jamais je n'avais vu le peuple si allangui. Jacot y perdait son temps et ses grimaces.
      Je ne reconnaissais plus les gens de guillotine, et pourtant c'étaient bien les mêmes que j'avais vu si durs pour le citoyen Bailly, si courageux.
    Par moments elle s'arrêtait de crier; de violette qu'était sa face on la voyait devenir toute blanche. Elle s'abandonnait aux cahots de la charrette comme étant morte; ils la jetaient de ci, de là; dix fois elle fût tombée si mon fils ne l'eût soutenue.

    A des instants elle s'adressait à moi, me disant, "Non, n'est-ce pas, que vous ne me ferez pas mourir?" Ses dents claquaient et la voix venait de sa gorge, rauque et saccadée.   Moi, je me sentais amolli à pleurer comme les autres et plus amèrement qu'aucun, car la vue de cette malheureuse femme me rappelait notre jeunesse qui ne nous prédisait guère un tel destin, et son digne père, dont la sollicitude n'avait pu écarter d'elle, ni de si funestes grandeurs, ni une si terrible chute.
      Malgré tous mes efforts pour surmonter mon émotion, jamais le trajet ne m'avait autant duré. Une fois je lui conseillai de prier, que cela la reconforterait certainement. Les prières ne lui revinrent plus en mémoire elle disait   "Mon Dieu mon Dieu mon Dieu" sans trouver autre chose.   Alors elle recommençait à implorer les citoyens.
      L'ordre était qu'elle serait exécutée la dernière, mais quand je suis descendu, le citoyen huissier m'a dit de m'arranger pour le mieux.
    Comme en voyant la guillotine elle avait eu une défaillance, je dis de la faire monter de suite ; mais elle ne sentit pas plutôt les mains sur elle qu'elle reprit connaissance, et, quoique liée, elle repoussa les aides en criant "Pas tout de suite ; encore un moment, messieurs les bourreaux, encore un moment, je vous en prie".

    Ils l'ont entraînée, mais elle se débattit et essaya de les mordre.
    Elle était aussi forte que puissante, car, bien qu'ils fussent quatre, ils employèrent plus de trois minutes à la monter. Si elle ne les avait pas échauffés en les bousculant, je ne sais s'ils en seraient venus à bout, tant ils étaient consternés.   Le peuple de même nul ne soufflait mot, et beaucoup se sauvaient de tous côtés comme en déroute. Là-haut cela a recommencé, elle hurlait; on devait l'entendre par delà de la rivière elle était bien effrayante à regarder ; enfin ils sont parvenus à la boucler, et ce fut fait.
    Après, on a exécuté les autres.

    18 frimaire.

    Ce jour nous avons guillotiné Jean-Bapliste Noël, député des Vosges, hors la loi.
      Dans la route, il m'a demandé si c'était vrai que madame Dubarry avait eu si grand peur ; et, une autre fois, si on avait bien essuyé le couteau, parce qu'il ne convenait pas que le sang d'un républicain fût souillé par le sang d'une prostituée.
     Sans ce Greive, Jeanne du Barry, ne serait sans doute pas montée à l'échafaud. En tout cas, pas si vite.
      Il est anglais de naissance, mais après une vaine tentative de carrière politique dans son pays et un détour au sein d'une loge maçonnique, il renie sa patrie et son roi pour prêter allégeance aux Etats-Unis.
      Heureux porteur d'un billet de Franklin, rencontré à Passy, il s'en va quelques années fouler le pied de cette nouvelle nation et sera ami de Washington. Puis il est chargé de mission aux Pays-Bas et vient en France.       Il sera un des proches de Marat, se trouvant même chez lui quelques jours avant son assassinat.
    Il n'aura de cesse de poursuive Madame du Barry d'une haine féroce et, réussit enfin à la troisième tentative à la faire enfermer à Sainte-Pélagie.   Il presse Fouquier-Tinville de hâter le procès et lui envoie des pièces annotées, des listes de témoins à entendre. Trouvant l'accusateur public un peu tiède, il écrit même une lettre à Hébert pour l'aider à faire tomber la favorite.   Hélas, on connaît la suite.
    Zamor et Salanave, sont tombés dans ses filets et ont témoigné contre Jeanne.   Ce monstre se vantait d'avoir fait tomber 19 têtes à Louveciennes.
    Il meurt en 1809 à Bruxelles. Zamor (baptisé Louis-Benoît), (1762 (?) - 7 février 1780), capturé par des esclavagistes anglais à l'âge de 11 ans, et "vendu" à Louis XV en 1773.   Il entre alors au service de Mme du Barry, qui lui donne une éducation.
    Il est originaire de Chittagong dans l'Etat du Bengale.
    Il aimait la littérature, notamment Rousseau.

    http://en.wikipedia.org/wiki/Zamor
      
     
    « Les manuscrits autographes de Louis XVII, l'Enigme de la Comtesse des Ténèbres »
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