• Hubert ROBERT

     

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     Hubert Robert.

     

     

     

    La destruction des maisons du pont Notre Dame, en 1786, par Hubert ROBERT, XVIII° siècle, musée Carnavalet, Paris

    (les habitations étant insalubres, elles furent détruites sur l'ordre de Louis XVI.).

      

      

      

     

    L'Accident  

    par Hubert Robert,Huile sur toile (22 mai 1733, Paris - 15 avril 1808, Paris) Hubert Robert est l'un des principaux artistesfrançais du XVIIIe siècle qui s’illustra notamment comme paysagiste, aquafortiste, dessinateur et à travers la peinture. Pendant la Révolution, il est arrêté en octobre 1793.

    Détenu à la prison Sainte-Pélagie et à la    prison Saint-Lazare, il y a survécu en peignant sur des assiettes des scènes de vie carcérale.    

      

    D’un caractère doux et modeste, Hubert Robert connut une vie heureuse et paisible qu’il termina à l’âge de 73 ans, d’une apoplexie.

      

     

    Port orné d’architecture

    Hubert Robert, 1769, Musée de Dunkerque

    Pont_Sous_Pont_Hubert Robert Dunkerque
    Hubert Robert a vécu à Rome et a bien connu Piranèse, qui lui a communiqué le virus des ponts sous les ponts. Au point que, revenu à Paris, il a quasiment recopié la gravure (en l’inversant dans un miroir), pour un tableau exposé au Salon de 1769, qui appartiendra au ministre Choiseul.

    Pont_Sous_Pont_Hubert Robert DunkerquePiranese

    Seule innovation importante, la lumière : chez Piranèse, le soleil très haut dans le ciel détachait tous les bossages de l’arche ; chez Hubert, celle-ci est vue à contre jour, le soleil bas se trouvant caché derrière un des pilier du second pont, très proche du point de fuite.

    Pont_Sous_Pont_Hubert Robert Dunkerque_Perspective

    Diderot, dans ses salons, ne daigne pas dire un mot de cette oeuvre mineure : il est vrai qu’en dévoilant ce qui se trouve en avant et au dessus du pont, en fermant le premier plan par un quai encombré de figurants, Hubert a perdu la profondeur de champ vertigineuse et la rigueur fractale qui faisait la magnifiscence du pont de Piranèse.

     

     

    La Bièvre

    Hubert Robert, 1768, Collection particulière

     

     

    Dans un autre tableau parisien de la même époque, Hubert Robert prend la Bièvre comme prétexte pour un remake, plus convainquant, du « ponte magnifico » en version « populo ». Cette fois, plus de bossages impeccables, de colonnes glorieuses et de statues. Le seul élement noble est une petite niche avec son fronton triangulaire, à l’aplomb du bec d’une pile : arcature miniscule et aveugle au dessus d’un élément de défense contre les flots, elle sert de faire-valoir à l’arche immense qui s’ouvre à côté, et au fleuve qui s’y engouffre.

    Les leçons de Piranèse ont été bien apprises : l’arche qui sert de cadre à une enfilade d’autres, l’arche dans le lointain parallèle à la première, l’arche latérale par laquelle passe une barque. Même les linges qui pendent semblent rendre hommage aux plantes tombantes du maître italien.

     

    L'écroulement des maisons du Pont Notre-Dame en 1499.
    Tableau de Hubert Robert XVIIIè siècle

    Le Pont triomphal

    Hubert Robert 1782-83

     

    Quinze ans plus tard, Hubert Robert reprend le thème du pont sous le pont pour une commande conséquente (207 x 296 cm), destinée à la décoration du Palais de Pavlovsk. Une copie de taille réduite se trouve au musée de Valence.

     

    Hubert s’est maintenant émancipé de l’inflence de Piranèse : il s’intéresse moins aux effets perspectifs qu’à ceux de l’ombre et de la lumière. Le point de fuite et le soleil sont exclus du tableau, relégués en hors champ, très à gauche : au lieu de fuir dans la profondeur, le tableau fuit latéralement.

    Nous comprenons alors que nous sommes dans un bateau qui n’est pas en train de passer sous l’arche que nous voyons, mais sous l’arche de gauche que nous en voyons pas.

    Dernier raffinement : la tente rouge de la barque, réplique en tissu des arches de pierre.

     

    Architecture avec un canal

    Hubert Robert, 1783, Musée de l’Ermitage, Saint Petersbourg

     

     

    A l’apogée de son métier, Hubert nous livre un dernier avatar du thème, libéré de toute influence : ici les deux ponts sont réduits à une arche unique, tandis que les colonnes ont proliféré en largeur comme en profondeur. Le soleil, très haut en hors champ, est totament distinct du point de fuite, et l’effet de contre-jour est maximal, transformant en ombres chinoises tous les passants et toutes les barques : sauf justement celle à la tente rouge qui, baignée de lumière, se dirige vers le lointain.

     

    démolition de la Bastille en 1789

     

    Un Pont sous lequel on découvre les campagnes de Sabine (la Passerelle)

    Hubert Robert, 1767, Philadelphia Museum of Art

    Pont_Sous_Pont_HubertRobert

    Revenons en arrière, à la période italienne, pour un aperçu d’une autre branche du thème : celle des ponts campagnards. Dans ce tableau lumineux et aérée, Hubert Robert combine avec bonheur les deux mots d’ordre piranésiens : vive les ruines et gloire aux arches !

    Voici comment, non sans exagération, Diderot le décrit dans le « Salon de 1767″ :

    « Imaginez, sur deux grandes arches cintrées, un pont de bois, d’une hauteur et d’une longueur prodigieuses. Il touche d’un bout à l’autre de la composition, et occupe la partie la plus élevée de la scène. Brisez la rampe de ce pont dans son milieu, et ne vous effrayez pas, si vous le pouvez, pour les voitures qui passent dans cet endroit. Descendez de là. Regardez sous les arches, et voyez dans le lointain, à une grande distance de ce premier pont, un second pont de pierre qui coupe la profondeur de l’espace en deux, laissant entre l’une et l’autre fabrique une énorme distance. Portez vos yeux au-dessus de ce second pont, et dites-moi, si vous le savez, quelle est l’étendue que vous découvrez. Je ne vous parlerai point de l’effet de ce tableau. Je vous demanderai seulement sur quelle toile vous le croyez peint. Il est sur une très-petite toile, sur une toile d’un pied dix pouces de large, sur un pied cinq pouces de haut. »

    Diderot a très bien vu que l’intérêt du tableau n’est pas dans les figurines anecdotiques qui peuplent le haut (les chevaux tirant les voitures) et le bas du pont (les femmes qui tirent un enfant qui attire un chien, tandis qu’un berger mène ses vaches à boire). Il est dans cette composition en abysse qui place un tableau dans le tableau, et un pont sous un autre pont.

    Ce que Diderot n’avait pas mentionné, c’est l’aqueduc qui, dans le lointain, au delà de la forêt, fournit une troisième occurrence, démultipliée, du thème du pont sous le pont.

    Pont_Sous_Pont_HubertRobert_Aqueduc

    Le Pont Sur Le Torrent

    Hubert Robert, vers 1785, collection privée

    A l’apogée de sa carrière de décorateur et de peintre de ponts, Hubert Robert a réalisé un étonnant record : celui du plus grand tableau (616 x 416 cm) jamais passé en vente publique (Christies en 2010).

    Pont_Sous_Pont_Hubert Robert torrent_soulevé

    Sous le pont des bras

    Ce monstre , commandé par le Duc de Luynes pour orner sa salle à manger, enjoliva ensuite la résidence secondaire du millionnaire William Randolph Hearst.

    Pont_Sous_Pont_Hubert Robert torrent
    Pas étonnant que ce décor hypertrophié plaise aux puissants ! L’arche unique plantée sur les rochers s’enfle jusqu’à évoquer un arc en ciel sur fond d’orage ; le torrent s’arcboute sur les rochers jusqu’à devenir lui-même une sorte d’arche liquide ; enfin la courbe de la colline qui porte la résidence à l’italienne s’incurve en une troisième arche : emboîtement savamment conçu pour magnifier le château-résidence aux proportions d’une montagne.

    Les oeuvres de la nature et celles de l’homme rivalisent dans le grandiose. Et la puissance du riche, matérialisée par les tours du rempart et la grille qui ferme le pont, s’inscrit dans cette mise en scène avec la légitimité d’une force naturelle.

    Au comble de son amour pour les Ponts, pour les Ruines et pour la Nature, Hubert Robert édifie ici une arche véritablement triomphale : à la gloire du Conquérant ou du Dieu anonyme dont la statue, comme chez Piranèse, se dresse au beau milieu du pont.

      

     

      

     

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