• Joseph-Ignace GUILLOTIN

     

    Joseph-Ignace GUILLOTIN

    Joseph-Ignace GUILLOTIN

            1738-1814 Médecin, humaniste et homme politique français

     

    Docteur de la faculté de Reims, Joseph Guillotin combattit toute sa vie pour le rationalisme et la justice. Erudit et cultivé il fréquente les cercles, il côtoye des savants comme Franklin, Lavoisier, Bailly, Buffon ou Lacépède, ou des écrivains comme Condorcet ou Voltaire.

    Il fait décréter, par l'Assemblée Nationale, l'égalité des peines pour tous les citoyens.

     
     

    Joseph-Ignace Guillotin est né à Saintes en Charente-Maritime, le 28 mai 1738. Il est le fils de Joseph-Alexandre Guillotin, avocat girondin et de Catherine-Agathe Martin. Il est le neuvième de treize enfants. Il entreprend des études théologiques dans la Société de Jésus à Bordeaux. Après sept ans chez les Jésuites, Joseph-Ignace, élève brillant abandonne la soutane, et en 1763, se tourne vers la médecine.

    Il étudie d'abord à Reims (les études y sont moins onéreuses) puis en 1768 à Paris, pendant trois ans, il est reçu docteur régent en 1770 et enseigne l'anatomie, la physiologie et la pathologie à la Faculté de Médecine de Paris (de 1778 à 1783) en même temps qu'il exerce en cabinet. Il fréquente les loges maçonniques dont l'esprit de progrès et de liberté séduit les savants à la recherche de la vérité.

    Le 10 mai 1774, Louis XV meurt de la petite vérole, son petit-fils aîné lui succède sous le nom de Louis XVI.

    En 1784 Guillotin est membre (avec Franklin et Bailly) de la Commission Royale d'enquête sur le magnétisme animal qui avait été initiée par Mesmer et à ce titre condamne le magnétisme animal pour raison d'immoralité publique. Mais pétri d'humanisme Guillotin veut plus pour ses contemporains. Par relation Guillotin devient pendant un an le médecin attitré du frère du roi, le comte de Provence, futur Louis XVIII. Le 14 juillet 1787, il se marie avec Elise Saugrain. Il a 49 ans.

    En 1787, le peuple réclame à grands cris des réformes et de l'argent. L'année suivante les notables réclament et obtiennent la convocation des états généraux du royaume de France.

    1788

    "Pétition des citoyens domiciliés à Paris"

    Le docteur Guillotin était déjà auréolé d'une renommée importante lorsqu'il participe à la rédaction de la Pétition des citoyens domiciliés à Paris, du 8 décembre 1788, réclamant le vote par tête et non par ordre aux états généraux et un nombre de députés du Tiers au moins égal à ceux réunis de la Noblesse et du Clergé, cette pétition se prononce également pour la liberté de la presse. On le lui reprocha vivement, mais peu importait à cet homme épris d'idéal.

    Cette pétition scandalise le roi. Des sujets ont osé adresser ce genre d'écrit au souverain au lieu d'en appeler à lui par voie de requêtes, comme c'est l'usage. Guillotin avec d'autres sont cités devant le Parlement le 17 décembre. Trois jours plus tard la cour rend son arrêt. L'ouvrage est supprimé et ne doit pas être diffusé dans le public. Le conseiller Lefebvre ajoute, à l'adresse de Guillotin : "ce jugement concerne la forme de votre écrit et son mode de diffusion. Quant au fond, le Parlement, dont je suis ici l'interprète, n'y trouve rien à redire." Le 27 décembre 1788 suivant, sur la demande de Necker, le conseil d'Etat du roi donne gain de cause à Guillotin.

    1789

    Député de Paris

    Avant l'élection il figure parmi les électeurs de Paris chargé de nommer les députés du Tiers. Il partage avec Bailly les fonctions de secrétaire de leur assemblée. Il est élu dixième député du Tiers de la vicomté et généralité de Paris aux états généraux le 15 mai 1789, en même temps que l'abbé Joseph Sieyès et Jean-Sylvain Bailly. L'assemblée de réunit à l'hôtel des Menus Plaisirs, à Versailles, les députés du Tiers doivent siéger dans une salle commune aussi vaste qu'obscure, fétide et sans aération.

    Guillotin déclare "l'air pesant et pestilentiel exhalé de trois milles personnes… produira un effet funeste sur tous les députés". Il demande que soit pratiquer des ouvertures suffisantes au renouvellement de l'air.

    "Tous au Jeu de Paume!"

    Les premiers débats furent laborieux, un mois s'écoule en négociations inutiles. Début juin Mirabeau interrompt l'appel de baillage pour proposer la formule de "représentants du peuple français" en remplacement de celle de "députés des états généraux".

      

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    Il demande également la réunion des deux ordres privilégiés au tiers état. Il est écouté. Les représentants des Communes, rejettent le nom des états généraux qui rappelle les institutions caduques et les désordres de la Royauté, et adoptent la dénomination d'Assemblée nationale Constituante (qui siègera du 9 juillet 1789 au 30 septembre 1791). Les députés du Tiers légalisent la perception des impôts et s'engagent à pallier la disette et la misère publique. Louis XVI effrayé s'enfuit dans sa chasse à Marly. La noblesse tremble.

    Elle ne veut pas d'une réunion des trois ordres et supplie le roi de casser le décret par lequel le Tiers s'est proclamé Assemblée nationale, invoquant la chute inévitable de la monarchie. Le 20 juin Louis XVI ordonne la fermeture de la salle des Menus Plaisirs. Les députés qui se présentent sont contraints de se retirer. Guillotin propose de s'établir dans la salle du Jeu de Paume.

    Les députés, sur proposition de Mounier, prêtent le célèbre serment. Louis XVI choisit alors de recourir à l'emploi des armes après avoir échoué dans celui de l'autorité. Versailles et Paris sont occupées par divers corps d'armées. Le 9 juillet, l'Assemblée par la voix de Mirabeau demande au roi le rappel de ses troupes.

    Mais Louis XVI déclarant être seul juge de la situation, Paris se met en état d'insurrection. Le soir du 13 juillet, le peuple est maître de la capitale. Le conflit s'achève le lendemain 14 juillet par le soulèvement parisien.

    Le 4 août 1789, Guillotin est nommé secrétaire du dix-septième bureau. La nuit suivante, sur la proposition du vicomte de Noailles, il prend part au vote de l'Assemblée qui abolit les privilèges et rachète les droits féodaux.

    Les 5 et 6 octobre 1789 : À la suite de la marche des Parisiens sur Versailles du 5 octobre, des gardes du corps sont tués, les émeutiers pénètrent jusque dans les appartements royaux réclamant le retour de la famille royale à Paris. Le Roi cède et "le boulanger, la boulangère et le petit mitron" sont emmenés sur un chariot, ils sont conduits aux Tuileries où ils seront dès lors retenus prisonniers.

      

    Les français découvrent la machine à décapiter

    Une des questions d'actualité débattue fut celle de la peine de mort dont le Docteur Cabanis disait qu'elle est "Un grand crime social qui, suivant moi, n'en prévient aucun". Soucieux des problèmes que pose la peine capitale, Joseph-Ignace Guillotin prononce à l'Assemblée nationale, le 1er décembre 1789, un discours sur le Code pénal. Après avoir rappelé les décrets sur les droits de l'homme, par une transition rapide et heureuse, il démontra la nécessité de réformer ce code : 

    "La loi, dit-il, soit qu'elle punisse, soit qu'elle protège, doit être égale pour tous les citoyens, sans aucune exception." Conformément à la vérité de ce principe, il proposa ces articles: 

    "Les délits du même genre seront punis du même genre de supplice, quels que soient le rang et l'état du coupable; dans tous les cas où la loi prononcera la peine de mort, le supplice sera le même (décapitation), et l'exécution se fera par un simple mécanisme."

    Son but est d'humaniser l'exécution des Hautes Œuvres et de rendre les mises à mort de criminels moins barbares et d'écourter autant que possible leur souffrance. Il arrivait en effet à l'époque que les exécutions traînent en longueur.

    En effet, jusqu'au milieu du XVIIIe siècle la décapitation au sabre était réservée aux nobles et aux gens de qualité, le voleur de grand chemin était roué en place publique, le régicide et le criminel d'état étaient écartelés, le faux-monnayeur était bouilli vif dans un chaudron, l'hérétique était brûlé, le domestique voleur était pendu.

    1790

    Le 21 janvier Guillotin prend à nouveau la parole pour formuler à nouveau ses propositions philanthropiques dont la discussion a été ajournée. Tous les articles présentés par Guillotin sont acceptés. Le simple mécanisme associerait pour lui la suppression de la souffrance et celle du spectacle du corps de l'exécuté exposé en place publique.

    C'est en défendant son fameux article 6 : "Dans tous les cas où la loi prononcera la peine de mort contre un accusé, le supplice sera le même… Le criminel sera décapité; il le sera par l'effet d'un simple mécanisme", que Guillotin, dans la chaleur de l'improvisation, laissa échapper une phrase maladroite : "Messieurs, ajoute-t-il en effet, avec ma machine, je vous fais sauter la tête en un clin d'œil, et vous ne souffrez pas.

    La mécanique tombe comme la foudre, la tête vole, le sang jaillit, l'homme n'est plus !" La Rochefoucauld-Liancourt a pris fait et cause pour tous les articles de Guillotin, particulièrement pour l'article 31 : "Le crime étant personnel, le supplice d'un coupable n'imprimera aucune flétrissure à sa famille. L'honneur de ceux qui lui appartiennent ne sera nullement entaché, et tous continueront d'être également admissibles à toutes sortes de professions, d'emplois et dignités." Son discours ne parvient pas à convaincre l'Assemblée qui ajourne une nouvelle fois la discussion de l'article 6.

    Ce même 21 janvier 1790, l'Assemblée nationale fait un premier pas en direction de la Santé Publique en instituant un Comité de mendicité qui se donne pour objet la destruction de la mendicité, dans lequel Joseph-Ignace Guillotin fut le seul médecin à siéger. Mais il n'arrive pas à contrebalancer l'énorme influence de Talleyrand et du duc de la Rochefoucauld-Liancourt.

    En septembre se constitue le Comité de salubrité, chargé de la réorganisation de l'enseignement médical et des hôpitaux, composé de 17 membres tous médecins dont Guillotin est élu président le 4 octobre. Lavoisier est invité à venir assister aux séances pour " communiquer les lumières qu'il a acquises sur une matière aussi importante. Le 13 octobre il présente à l'Assemblée "son projet de décret sur l'enseignement et l'exercice de l'art de guérir", qui est ajourné.

    Cette année 1790 est aussi l'année où un jeune député d'Arras, Maximilien Robespierre prend une position prépondérante. Une partie de son influence vient de son respect presque religieux pour la Loi.

      

    1791

    Le 3 mai 1791, le député Louis-Michel Le Peletier de Saint-Fargeau, demande à l'Assemblée l'abolition pure et simple de la peine de mort et des galères. Il est soutenu par le clan des abolitionistes : Voltaire, Malesherbes, Boucher d'Arcis, Mirabeau, Brissot, Pastoret, Robespierre, Vasselin. Le 31 mai, le débat se poursuit. Adrien Duport et Jérôme Pétion dénoncent à leur tour l'inutilité et le danger de la peine de mort. Ils sont soutenus par Condorcet et l'abbé Grégoire. En dépit des arguments des abolitionnistes, le 1er juin 1791, l'Assemblée repousse la proposition d'abolir la peine capitale par une majorité écrasante; elle supprime simplement les supplices et décrète que "dès à présent la peine de mort ne sera plus que la simple privation de la vie".

    Le 3 juin, Le Pelletier de Saint-Fargeau, édicte que "tout condamné à mort aura la tête tranchée" (article 3 du Code civil). L'article issu de sa proposition est introduit dans le code pénal le 6 octobre suivant.

    Puisqu'on ne veut pas abolir la peine de mort, parlons alors au moins de la façon plus humaine d'exécuter la sentence capitale.

    Du 20 au 25 juin 1791 : Les évènements politiques se bousculent, c'est la fuite du roi à Varennes et son piteux retour au milieu d'un peuple qui considère sa fuite comme une trahison.

    Puisque dans la réalité cette Constituante est une assemblée réactionnaire qui freinera les réformes au lieu de les précipiter, il n'est pas seulement indispensable qu'elle fasse place à une autre mais encore que, dans celle qui lui succèdera, le personnel soit différent ("les membres de cette législature ne seront pas réélus"), et, on l'espère du moins, plus progressiste. Le lendemain 30 septembre 1791, Robespierre, qui s'apprête à devenir le maître de la France, assiste, avec tous les députés, à la clôture solennelle de la Constituante par le roi.

    Réforme du service de santé

    En 1791, le Comité de Salubrité envoie dans les départements un questionnaire sur la question médicale. Les conclusions furent en faveur d'une fusion de l'enseignement de la médecine et de la chirurgie. Assuré de la collaboration de nombreux conseillers le Comité de Salubrité essaya de mettre sur pied un service de santé national organisé à l'échelle départemental, chaque département ayant ses propres médecins de districts et de cantons.

    La réforme des études médicales avait été l'objet de nombreux projets. Le plus cohérent était celui présenté, en 1790, par Vicq-d'Azyr au nom de la Société Royale de Médecine. Malgré tout, les médecins passaient pour des aristocrates et des privilégiés de l'instruction. C'est dans cette ambiance que le décret du 2 mars 1791 autorisa n'importe quel citoyen à soigner son prochain…!

    Les médecins de l'Assemblée législative ne feront guère mieux que leurs collègues de l'assemblée précédente.

    1792

    Si la carrière politique de Guillotin s'achève avec la Constituante, le médecin, avant d'abandonner son banc pour de bon, veut que soit réglée cette affaire de machine à décapiter qui semble ne pas en finir. Des lettres parviennent par dizaines à l'Assemblée. En effet l'article 3 du Code pénal dit : "Tout condamné à la peine de mort aura la tête tranchée"; mais le mode d'exécution n'est pas précisée. L'exécuteur de la justice (le bourreau) témoigne de la crainte de ne pas faire souffrir au coupable que la mort simple. et demande à l'Assemblée de trouver "les moyens pour éviter les longueurs et en fixer la certitude".

    Antoine Louis

    Le Comité de législation ne se juge pas compétent pour trouver le moyen réclamé par Sanson. Il s'adresse alors au secrétaire perpétuel de l'Académie royale de chirurgie, le docteur Antoine Louis, médecin du roi, avec pour mission de mettre au point l'instrument.

    Il écrit dans un rapport : "L'expérience et la raison démontrent que le mode en usage par le passé pour trancher la tête à un criminel l'expose à un supplice plus affreux que la simple privation de la vie, qui est le vœu formel de la loi : pour le remplir, il faut que l'exécution soit faite en un instant et d'un seul coup.

    Il n'est pas possible d'être assuré d'une prompte et parfaite séparation de la tête et du tronc en la confiant à un agent susceptible de varier en adresse par des causes morales et physiques. Il faut nécessairement, pour la certitude du procédé, qu'il dépende de moyens mécaniques invariables, dont on puisse également déterminer la force et l'effet… La décapitation sera faite en un instant, suivant l'esprit de la nouvelle loi."

    Le 20 mars 1792, un des membres du Comité de législation, Prosper-Hyacinthe Carlier, présente à l'Assemblée un projet de décret adopté à la quasi unanimité, précise que "l'article 3 du titre premier du Code pénal sera exécuté suivant la manière indiquée et le mode adopté par la consultation signée du secrétaire perpétuel de l'Académie de chirurgie… autorise les dépenses nécessaires pour parvenir à ce mode d'exécution de manière qu'il soit uniforme dans tout le Royaume" .

    Le "grand rasoir national" est né en effet d'un côté des réflexions politiques, philosophiques et humanitaires de Joseph-Ignace Guillotin, Médecin régent de la Faculté de Médecine de Paris, et par ailleurs des réflexions anatomiques et techniques de Antoine Louis, secrétaire de l'Académie de Chirurgie et de Médecine de sa Majesté, qui dans un but d'humanité ont voulu rendre la mort plus douce, sans penser que dans le même temps ils la rendraient plus facile.

    Les modes de décapitation

    La mécanique à trancher les têtes de la période révolutionnaire: L'instrument pèse 580 kg, dont 40 kg pour l'ensemble mouton-couperet (qui se répartit de la façon suivante: 30kg de poids mort, 7kg pour le couperet et 3 boulons de 1 kg chacun)   La hauteur des montants est de 4,50 m et la chute du couperet se fait sur une hauteur de 2,25 m.   Nombre, lieux d'exécutions et victimes:   Le nombre de guillotines est fixé par décret du 25 prairial an I (13 juin 1793) : une machine à trancher par département.   Lieux d'exécutions à Paris:   Place de Grève   Place du Carrousel   Champ de Mars   Place de la Révolution (aujourd'hui Place de la Concorde)   Place Saint Antoine (aujourd'hui Place de la Bastille)   Barrière du trône renversé (aujourd'hui Place de la Nation)

    La guillotine n'est pas une invention de la Révolution. En effet, s'est en s'inspirant de gravures de machines anciennes déjà utilisées en Italie, en Allemagne, en Angleterre, en Ecosse dès le XIIe siècle, et même en France (selon les mémoires de Puységur, elle servit le 30 octobre 1632 à l'éxécution d'Henri II de Montmorency, maréchal de France, à Toulouse), qu'Antoine Louis, aidé de Guillotin, conçoit une machine placée sur un échafaud.

    Prototype Tobias-Schmidt

    Après en avoir dessiné les plans, d'après les descriptions de Guillotin il fait fabriquer un prototype par un artisan facteur de clavecins, nommé Tobias Schmidt - dont l'atelier se trouve Cour du Commerce Saint-André, sur l'emplacement de l'actuel n°9, à deux pas des demeures de Danton et de Camille Desmoulins) - assisté de l'exécuteur Charles-Henri Sanson, car c'est lui qui offrait le meilleur prix (824 livres).

    Constituée de deux montants verticaux reliés par une traverse, comportant eux-mêmes une rainure, la guillotine fonctionne avec un couperet, placé dans les rainures, et maintenu en haut de la machine à l'aide d'une corde.

    Autrefois, le bourreau devait tirer sur une corde pour déclencher le mécanisme. Grâce à Schmidt, il pressera désormais un simple ressort.

    Le 25 mars 1792 Louis XVI signe la loi faisant adopter la machine à trancher la tête des condamnés.

    Le comte Pierre-Louis Roederer ex-constituant est chargé de faire construire la machine. Il demande l'avis de Guillotin. Tobias Schmidt est finalement "chargé de construire l'instrument de concert avec le docteur Louis…"

    Le 20 avril 1792, le roi lit à l'Assemblée la déclaration de guerre au roi de Hongrie et de Bohême. Le 11 juillet la patrie est déclarée en danger. Des volontaires se lèvent et les gardes nationaux sont en état d'activité permanente.

      

    Premiers essais de l'instrument

    Roederer invite Guillotin à assister aux premières expériences. La machine est expérimentée "in anima vili" (sur des moutons vivants ). Puis une nouvelle expérience sera faite le 15 avril 1792, dans la cour de l'hospice Bicêtre, sur trois cadavres humains, devant une foule de notabilités de l'Assemblée nationale, des membres du conseil des hospices, et les docteurs Pinel, Cabanis, Louis, Cullerier et Guillotin .

    Le couperet en forme de croissant est modifié par le docteur Louis en un couperet en forme de trapèze au tranchant oblique. Les résultats de l'expérience se révèlent satisfaisants.

    Même s'il a aidé Antoine Louis à en esquisser le premier croquis, Guillotin reste étranger à la construction proprement dite de la machine qui va pourtant porter son nom. Antoine Louis ne le cite même pas dans son rapport et ne paraît pas s'être soucié du projet présenté par son confrère pour la première fois le 10 octobre 1789.

    Le premier guillotiné de l'Histoire

    La première exécution a lieu le 27 avril 1792. Une foule considérable se presse vers la place de Grève à Paris pour assister à la première décapitation mécanique, celle d'un voleur avec violence appelé Nicolas-Jacques Pelletier, accusé d'avoir frappé un particulier de plusieurs coups de couteau pour lui dérober 800 livres en assignats, dont la condamnation avait été prononcée le 24 janvier 1792.

    La foule, déçue de voir avec quelle rapidité et efficacité se passe l'exécution, hua le bourreau.

    Quelques jours après sa mort, place du Carrousel cette fois, a lieu la seconde exécution publique, celle des trois soldats : Devire, Cachard et Desbrosses, qui ont tué à coups de sabre une limonadière du Palais-Royal. Ensuite sont décollés trois faux-monnayeurs : l'abbé Geoffroy, Dumas, Lamiette.

     

    La machine de Guillotin fit l'objet des plus sordides divertissements. Tant qu'on la surnomme: - d'abord la "Louisette" (par rapprochement au docteur Louis), - la "Mirabelle" (par rapprochement à Mirabeau), - le "Moulin à silence" - la "Cravate à Capet" - le "Raccourcissement patriotique" - la "Monte-à-regret", - le "Rasoir national", - le "Vasistas", - mais également la "Veuve" par les escrocs, - ou "la Bécane" par les exécuteurs.  

    Peu à peu, ces noms sont oubliés, au profit de la "Guillotine", du nom du docteur Guillotin, malgré les protestations de son inventeur, qui avait le premier proposé - par philanthropie - la création d'une machine unique et rapide. Guillotin resta inconsolable de l'utilisation qui fut faite de sa machine et du nom qu'on lui attribua.

    A la suite d'un fonctionnement défectueux lors d'une exécution, le 24 juillet 1792, le ministre de l'Intérieur refusera d'accorder un brevet de fabrication à Tobias Schmidt. Il n'empêche que le nombre de guillotines va bientôt se répandre dans tous les départements.

    Les journées de septembre

    Les Massacres de septembre désignent une série d'exécutions sommaires et de masse qui se déroulèrent du 2 au 7 septembre 1792. Ces tueries furent perpétrées non seulement à Paris, mais également dans d'autres villes du pays, comme par exemple à Orléans, Meaux ou Reims.

    C'est un des épisodes les plus sombres de la Révolution française. Les historiens ne s'accordent pas sur les motivations exactes qui ont poussé des hommes à commettre ces actes de pure folie et à tuer, dans des circonstances particulièrement horribles, des prisonniers.

    Henri Grégoire, évêque constitutionnel de Blois, fut élu député à la Convention par son diocèse (Loir-et-Cher). C'est lui qui, en cette fameuse journée du Vendredi 21 septembre 1792, demandera fermement l'abolition de la royauté. C'est aussi lui qui obtiendra l'abolition de l'esclavage dans les colonies françaises le 4 février 1794.

    La République est proclamée le 22 septembre 1792.

    1793

    Le roi est déchu, ses fidèles persécutés ou en fuite. Le verdict de sa mort est rendu le 20 janvier 1793. Le 21, son sang éclabousse les pavés de la place Louis XV, rebaptisée place de la Révolution (actuelle place de la Concorde).

    La dictature montagnarde

    Le 9 mars 1793, on parle officiellement, pour la première fois, de la création d'un Tribunal révolutionnaire. Le 2 juin marque le début de la dictature montagnarde.

    Mais 60 départements (les trois quarts de la France), sont en armes contre Paris. Il faut y transporter des guillotines.

    Et les guillotines exécutent désormais le moindre suspect. Le député Foucault, une brute sans nuances, hurle : "Le peuple veut du sang ! Il lui faut du sang, du sang!" Et la guillotine exécute, exécute, exécute toujours.

    Guillotin ferait un suspect idéal. Le 11 juillet 1793, il se rend chez son confrère et ami Marat lui demander la grâce pour son confrère François Lanthéas, emprisonné à la Force pour ses rapports d'amitié qui le rattachent aux Girondins. Marat sauvera sa tête sous prétexte que "c'est un pauvre d'esprit qui ne mérite pas qu'on s'occupe de lui".

    La mort de Marat

    Deux jours plus tard, le 13 juillet, Charlotte Corday met fin à la vie de Jean-Paul Marat, l'"Ami du Peuple", dont Charlotte considérait qu'il réclamait de plus en plus de têtes chaque jour, et qu'il était le grand responsable de tous les malheurs qui se sont abattus sur le peuple français. Le 17 juillet, à huit heures du matin elle est condamnée à mort devant le tribunal de Fouquier-Tinville; le même jour, à sept heures du soir, elle est exécutée sur la place de la Révolution.

    Victimes guillotinées pendant la Révolution : - Le 25 avril 1792, à Paris la foule assiste à la première décapitation mécanique, celle de Nicolas-Jacques Pelletier.   Pendant la période de la Terreur qui dura de juin 1793 à juillet 1794, 50 guillotines furent installées en France, fonctionnant jusqu'à six heures par jour à Paris pendant les mois de juin et juillet 1794. On estime à environ 19.000, le nombre des guillotinés à Paris pendant cette période et à environ 42.000, en Province pendant la même période.     Le 21 août 1792 eut lieu la première exécution d'un condamné politique: Louis-David Collenot d'Angremont.  

    1793-1794   21 janvier 1793: Après son procès et sa condamnation à mort (le décompte nominal des votes suscite encore aujourd'hui des controverses), le transfert de Louis XVI se fit Place de la Révolution, car l'emplacement de cette place ouverte semblait moins risquée que la place du Carrousel, fermée et plus étroite. Le roi fut décapité à 1O h 22 sur l'échafaud dressé entre la statue de Louis XV et l'avenue des Champs-Elysées.  

      

    Le bourreau qui exécuta Louis XVI s'appelait Charles-Henri Sanson dit le Grand (1739-1806), il faisait partie d'une dynastie de bourreau qui officia de 1688 à 1847.   Le cadavre du roi fut transporté à l'ancienne église de la Madeleine et après l'office, enterré dans une fosse sur un lit de chaux au cimetière de la Madeleine. Le corps fut exhumé le 19 janvier 1815 et transporté à Saint Denis.

    - 16 octobre 1793: condamnée à mort à 4 heures, la reine Marie-Antoinette fut exécutée à 12 heures 15 Place de la Révolution (ensevelie à côté de Louis XVI au cimetière de la Madeleine), le corps fut exhumé le 18 janvier 1815 et transporté à Saint Denis.

    - 6 novembre 1793: Jugement et exécution de Philippe égalité (Duc d' Orléans), dans la journée.

    Renié à la fois par les royalistes et par les tenants du pouvoir révolutionnaire. élu député de la noblesse, il s'était joint aux délibérations du Tiers. Il reçut de la Commune de Paris le nom d'égalité. élu député de Paris à la Convention. Il vota l'abolition de la royauté et le châtiment capital au procès de Louis XVI dont il était le cousin. Il sera favorable à la création du Tribunal révolutionnaire le 10 mars 1793 qui le condamnera quelques mois plus tard.

    - le 5 avril : Danton, Camille Desmoulins, Hérault de Séchelles et Fabre d'Eglantine.

    - 10 mai 1794: Exécution de Elisabeth-Philippe-Marie-Hélène de Bourbon, sœur du roi.

    - Le Dauphin Louis XVII, serait mort au Temple le 08-06-1795, après trois ans d'enfermement, il était âgé de 10 ans et 3 mois.

    Ainsi, ce qui se voulait, pour Joseph-Ignace Guillotin, un instrument humanitaire devint plutôt un symbole de terreur. Louis-Marie Prud-homme (1752-1830) dans " Histoire générale et impartiale de la Révolution" (1797)  évalue le nombre des guillotinés :

    18 613 dont nobles 1 278, femmes 750, femmes de laboureurs et d'artisans 1 467, religieuses 350, prêtres 1 135, hommes non nobles de divers états 13 663.

    (liste nominative des guillotinés)

    En novembre 1793, Guillotin est commissaire de la section de la Fontaine de Grenelle à Paris, chargé de l'habillement et armement des volontaires partant rejoindre l'armée du Nord.

    Joseph-Ignace GUILLOTIN

    1794

    Quelques proches ou amis de Guillotin périssent, en pleine Terreur, ce qui laissera longtemps pensé que lui-même, à la même époque, fut victime de sa propre machine. Le 10 juin est proclamée la Grande Terreur. Le 9 thermidor an II (27 juillet 1794) le député montagnard Louis Louchet demande l'arrestation de Robespierre, le décret est aussitôt rendu; le lendemain 10 thermidor il est conduit à la guillotine avec Saint-Just, Couthon et son frère Augustin.

    "La chute de Robespierre devint ainsi le signal d'une réaction qui malgrè ses excès laissa respirer la France. La Guillotine cessa d'être le grand moyen de gouvernement", écrit Victor Duruy (1811-1894) dans son Histoire de France. Enfin, la Terreur est dissipée.

    En juillet 1794, Guillotin est lui-même incorporé dans l'armée du Nord, à Arras, en tant qu'officier de santé. Il dirige avec son confrère Baudelocque un hôpital militaire établi dans l'abbaye Saint-Vaast d'Arras, celui de la ville étant en surnombre de blessés.

    Débats entre médecins

    Dès 1794, un débat s'instaura entre médecins sur la question de savoir si la tête séparée du reste du corps perd immédiatement conscience après l'exécution?   Cabanis, Oelsmer, Sömmering et Suë eurent d'orageuses discussions pendant près d'une année, au cours de laquelle on ne sut pas comment exécuter un condamné. - Selon certains "il est vraisemblable que la sensibilité peut durer un quart d'heure [...] vu que la tête ne perd pas si tôt sa chaleur [...] et que si l'air circulait encore régulièrement par les organes de la voix, cette tête parlerait." - Selon d'autres ("Réflexions sur le supplice de la guillotine" de Suë), "la section de la moelle entraîne une disparition de la force vitale, du sentiment, de la personnalité et du moi." - Le silence de Guillotin dans cette discussion surprend; on constate seulement qu'il ne prend pas la moindre part à la controverse.

    Réforme de la Médecine

    Le 7 frimaire an III (27 novembre 1794), le chimiste Antoine-François de Fourcroy, successeur de Marat comme député et membre du Comité d'instruction publique de la Convention, lira à la tribune un rapport portant réorganisation de l'enseignement de la médecine (le rapport reprenait un grand nombre des propositions de Guillotin). Une partie de la loi du 10 mars 1803 transformera les propositions de Guillotin en réformes, réformes sur lesquelles vit en grande partie la médecine aujourd'hui.

    1795

    Il résulte de documents des Archives Nationales que Guillotin a bien été successivement incarcéré, puis relaxé, mais bien après la Terreur :

    du 16 vendémiaire au 18 brumaire an IV (soit du 8 octobre au 9 novembre 1795).

    La Constitution de l'an III (5 fructidor an III, soit 22 août 1795), fonde le Directoire

    Avec la loi du 4 brumaire an IV (26 octobre 1795) la Convention Nationale vote :

    - article I, la "suppression de la peine de mort"

    - article II, "La place de la Révolution portera désormais le nom de place de la Concorde…"

    - article III et suivants, et une amnistie générale "pour les faits proprement relatifs à la Révolution".

    En sont exclus les émigrés, les déportés, les accusés de Vendémiaire ainsi que les faussaires. Le Consulat prorogera cette mesure par la loi du 4 nivose an X (25 décembre 1801).

    De 1789 à 1815, les médecins ont été profondément mêlés à la vie politique nationale, pendant que leurs statuts professionnel et social subissaient d'importants changements.

    Le 15 septembre 1793, la Convention Nationale, sous prétexte d'égalité, ferma toutes les Facultés de France et proclama la liberté de toutes les professions.

    A la Convention, A. de Fourcroy fait adopter le décret du 14 frimaire an III (4 décembre 1794) qui réglemente les études médicales mais non leur sanction et laisse les professions médico-pharmaceutiques dans le chaos.

    Le danger était tel que Guillotin se joignit à Cabanis, Pinel et Fourcroy pour obtenir le rétablissement des écoles de Santé. Michel-Augustin Thouret est nommé directeur de l'Ecole de Paris et en 1795, à nouveau, un enseignement est dispensé. "Médecine et Chirurgie, deux branches de la même science", sont réunies et enseignées aux "élèves de la Patrie".

    Bonaparte renverse le Directoire lors de la fameuse journée du 18 brumaire an VIII (9 novembre 1799) et se fait nommer Premier consul.

    Le Comité central de Vaccine

    Guillotin poursuit ses recherches en médecine. Il fut un des plus importants membres du Comité central de Vaccine ainsi que de la Société pour l'extinction de la petite vérole et s'attache, dès 1799, à propager la pratique de la vaccination contre la variole dont il est un des plus ardents propagandistes français avec Pinel.

    Le 11 mai 1800, les souscripteurs élisent les médecins d'un Comité central de vaccine, Guillotin en est le président, Pinel le vice-président. Le 18 février 1801, le comte Nicolas Frochot, ex-constituant et préfet de la Seine, apporte l'appui officiel à ces initiatives privées en inaugurant l'Hospice spécial pour l'inoculation de la vaccine.

    Des écoles et des régiments se font vacciner. Le clergé profite des prêches du dimanche pour encourager les fidèles à la vaccination.

    Les adversaires de Guillotin sont contraints de reconnaître les résultats incontestables. Jean-Antoine Chaptal fonde la Société pour l'extinction de la petite vérole en France par la propagation de la vaccine, qui a pour vocation de diriger et de coordonner les efforts de tous les comités de vaccine de France. Guillotin obtient de Joséphine de Beauharnais, une entrevue avec Bonaparte le 23 octobre 1803, qu'il tente de convaincre du bienfait de la vaccination contre la petite vérole.

    L'année 1804, année du sacre, Guillotin fait une démarche auprès du Saint-Père, car le Comité se heurte à l'hostilité grandissante du clergé, qui voit sa cause dans l'origine "anglo-anglicane" du vaccin. Pie VII répond qu'il approuve les généreux travaux des membres du Comité de vaccine et promet d'intéresser la Chrétienté à une aussi belle découverte.

    Au mois de mai 1805, Guillotin reçoit le soutien de Parmentier, qui impose jusqu'en 1813, l'obligation de la vaccination contre la variole autant chez les civils que chez les soldats de la Grande Armée. Le docteur Larrey se montre très dévoué dans l'innoculation des soldats de l'Empereur. Napoléon fait vacciner son fils le roi de Rome le 11 mai 1811.

    La première Académie de Médecine

    Il rencontre son plus grand succès sous le Consulat en faisant diffuser dans l'Europe entière la vaccination contre la variole.

    La création du conseil de salubrité du département de la Seine le 18 messidor an XI (7 juillet 1802) permit à l’administration de disposer d’un organisme de consultation stable. Les communes doivent à présent pourvoir à l'alimentation en eau potable des habitants et doivent dresser la liste des établissements "insalubres et dangereux" (parmi lesquels on trouve les boucheries, les équarrisseurs, les abattoirs, les manufactures de produits chimiques ou les mines, les tannages et teintureries).

    Les communes doivent également porter assistance aux pauvres et gérer les hôpitaux - d'où la nomination aujourd'hui encore du maire de la ville comme président du Conseil d'administration de l'hôpital local - et distribuer des secours et des médicaments aux indigents. Les communes sont tenues d'avoir des médecins à leur service, chargés d'informer le préfet de l'état de santé de la population, des épidémies et des épizooties.

    En 1803, avec Fourcroy - Directeur de l'Instruction Publique, - il parvient à faire voter une loi sur l'exercice de la médecine:

    • La loi du 19 ventôse an XI (10 mars 1803) instaura des écoles de Médecine. La distinction est abolie entre médecins et chirurgiens. La médecine comportait désormais deux niveaux : celui des docteurs, issus des écoles de médecine devenues facultés en 1808 et dont le titre conférait le droit d'exercer la médecine et la chirurgie sur tout le territoire ; celui des officiers de santé, pratiquant une médecine restreinte après des études plus brèves. Jusqu’en 1855, les officiers de santé sont reçus par des jurys médicaux dans les départements. L’officier de santé ne pouvait exercer que dans les limites du département où il avait été reçu.

    L’officiat de santé est aboli en 1892.

    • Dans le même temps la loi du 21 germinal an XI (11 avril 1803) confie à l'Etat, le monopole de l'enseignement de la pharmacie en créant trois écoles à Montpellier, Paris et Strasbourg. C'est pour conserver leur activité de société savante et pour maintenir les liens de confraternité en France et à l'étranger, qu'ils créent quatre mois plus tard, le 15 thermidor An XI (3 août 1803), la Société de Pharmacie de Paris, dont le premier président fut Parmentier.

    Le rôle de Guillotin dans l'histoire de la médecine ne s'arrête pas là. L'idéologie sociale irraisonnée de l'époque provoqua une crise au sein de la médecine hospitalière au profit d'une médecine libérale dans laquelle des individus mal formés distribuaient des soins inconsidérés.

    Pour "réparer l'état de sûreté publique compromise depuis 1789", Guillotin fonde la toute première Académie de médecine de France, chargée de poursuivre les travaux de la Société royale de médecine et d'éclairer la science sur toutes les questions d'hygiène publique. Avec des confrères parisiens réunis le 27 septembre 1804, ils fondent l'Académie de médecine de Paris. La première séance se tient en octobre. On trouve autour de Guillotin : Bourru, Desessartz, Sédillot, Léveillé, Legallois et Bosquillon. Le baron Antoine Portal fait également partie des membres; il sera à l'origine du déclin de cette première Académie de médecine. Après le sacre de Napoléon, le 2 décembre 1804, on décide de substituer le nom d'Académie Impériale de médecine à celui d'Académie de médecine. L'Académie de médecine se réunit dans la chapelle désaffectée de la congrégation des pères de l'Oratoire, elle s'occupe de tout ce qui peut contribuer aux progrès de l'art de guérir, elle est mentionnée dans l'almanach impérial en 1808, dans lequel elle signale l'adhésion d'un total de 382 membres . Le 31 décembre 1807, s'appuyant sur de futiles prétextes, Bosquillon démissionne; en 1810, elle est mentionnée comme Société Académique de médecine, Portal claque la porte entraînant avec lui Sédillot et crée une nouvelle Société en juin 1811, le Cercle Médical. Désormais Portal n'a qu'un but : détruire l'Académie de médecine de Guillotin.

    Les deux sociétés coexisteront jusqu'en 1819 (cinq ans après la mort de Guillotin). Le 20 décembre 1820, Louis XVIII, à la demande de son premier médecin, le baron Antoine Portal, crée l'Académie royale de médecine (chargée de continuer les travaux des trois sociétés : la Société Royale de Médecine, l'Académie Royale de Chirurgie et la Société de la Faculté de Médecine), pour rassembler l'élite des médecins et des chirurgiens français.

    Par ailleurs la fin de l'Empire verra le début de l'utilisation des statistiques dans le domaine de la médecine.

    Le dernier combat

    Depuis début 1812, Guillotin est fatigué, il écrit à un ami : "…les forces vont en diminuant sensiblement de jour en jour, mais c'est le cours ordinaire et naturel des choses…" Il ne renonce pas au Comité de vaccine, continue à gérer ce qu'il reste de la Société Académique de médecine et intervient, en vain, pour faire transformer son ancien collège de Jésuites à Saintes en lycée impérial.

    Après une longue période de surmenage, Guillotin meurt, d'un anthrax à l'épaule gauche, à Paris le 26 mars 1814. Il est inhumé au cimetière du Père Lachaise.

    Comble de malheur pour cet homme plein de compassion, l'imaginaire collectif donna, à un instrument de mort, le nom de guillotine, qu'il ne cessera d'appeler "la tache involontaire de ma vie".

    C'est ce qui fera dire à Victor Hugo : "Il y a des hommes malheureux. Christophe Colomb ne peut attacher son nom à sa découverte; Guillotin ne peut détacher le sien de son invention".

     
     
     

    Sources:     

    - Le docteur Guillotin, Bienfaiteur de l'humanité Par Henri Pigaillem. Paris, Pygmalion, 2004. In-8° broché, 246 p., - Histoire de la Médecine par Maurice Bariéty et Charles Coury, Les grandes Etudes Historiques Fayard Editeur 1963. - Histoire de la Médecine Française par Professeur Jules Guiart, Editions Nagel 1947. - La découverte médico-chirurgicale de la Révolution par Gilles Haroche JIM/134 - Ce bon Docteur Guillotin par Soubiran. 1962. - Discours prononcé par Bourru, E.C. le 28 mars 1814, jour des obséques de M. Guillotin. Paris, Plassan. - Discours prononcé dans la Séance générale de la Société Centrale établie pour l'Extinction de la Petite Vérole en France. Paris, Imp. impériale, 1805. - Le Docteur Guillotin. Le Progrès Médical. Juilllet 1938, pp. 17-24;

     

    SOURCES

    http://www.medarus.org/Medecins/MedecinsTextes/guillotin.html

     

     

     

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