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    Charlotte Rosalie de Choiseul-Beaupré, éphemère maitresse du Bien-Aimé

      

      

    Fille de Pierre-Jean de Romanet (1685-1751), président au Grand-Conseil à Paris et de Marie-Charlotte d’ Estrades (1696-?), la petite Charlotte-Rosalie née à Paris en 1733.

      

    Son enfance reste inconnue mais elle reçut une éducation des plus soignées pour une femme de son temps. Nièce de la comtesse d’Estrades et donc parente éloignée de la marquise de Pompadour, célèbre favorite de Louis XV, elle entre à la cour, par l’entremise de celle-ci, dès qu’elle atteint ses dix-huit ans. Madame de Pompadour se charge de trouver pour elle un fiancé noble et bien né, François-Martial, comte de Choiseul-Beaupré (1717-1791).

      

    Le mariage a lieu le 25 Avril 1751, au château de Bellevue, en présence du roi et de la favorite. Dans les premiers temps le couple est logé chez la comtesse d’Estrades, tante de la jeune femme, qui est alors la maitresse du Ministre de la Guerre, le marquis d’Argenson.

      

    La marquise toujours bienveillante au jeune couple, se charge de l’admettre dans le cercle intime du roi. Ainsi, le comte de Choiseul-Beaupré, obtient la charge enviable de ménin du dauphin et son épouse, celle de Dame de Compagnie pour « Mesdames les Ainées »,

    (Madame Henriette et Madame Adélaïde, filles aînées du roi).

    C’est alors vers cette époque que la comtesse se fait remarquer par le roi, qui éprouve pour elle un goût très violent. Alors qu’elle avait fait parader sa vertu en disant qu’elle ne tromperait jamais son époux, la comtesse se voit victime d’une rumeur disant qu’elle serait devenue maitresse du roi –ce qui peut déplaire Mme de Pompadour qui on sait, a pourvu à tout le nécessaire du jeune ménage–.

    Alors la jeune comtesse jette son dévolu sur le dauphin qui –ne se gêne pas pour cocufier la plus sage des épouses- accepte ses avances.

    Leur liaison sera de plus brèves. Le roi entame alors une nouvelle liaison avec la jeune comtesse.

    La grande beauté ainsi que l’ingénuité de la jeune femme laissent penser à Dufort de Cheverny, qu’elle est comme la duchesse de Fontanges, jadis aimée par Louis XIV, mais le comte de Choiseul-Stainville (futur duc de Choiseul) lui trouvait plutôt "l'air d'une fille entretenue qui a beaucoup d'usage du monde".

    Les Choiseul-Beaupré sont alors de toutes les chasses, de toutes soirées, de tous voyages, de tous soupers,… Le comte de Choiseul-Beaupré, que tout le monde méprisait, se voit promu inspecteur de l’infanterie. Les courtisans commencent à croire que c’est la comtesse d’Estrades qui est derrière tout cela.

    D’Argenson écrit en parlant de la comtesse d’Estrades :

    « Elle fait le ménage pour chasser la marquise de Pompadour, qui la voudrait chasser elle-même de son poste, et que quelques-uns de ses ministres sont de part à ceci pour délivrer de cet Etat, la sangsue ambitieuse ».

    La sangsue ambitieuse n'est autre que la marquise de Pompadour. La marquise commence alors à craindre qu’il y ait une nouvelle liaison mais ne s’en inquiète pas trop longtemps vu l’influence qu’elle a sur le souverain.

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    Aidée par sa tante, l’ingrate et intrigante comtesse d’Estrades et du marquis d’Argenson, la comtesse consomme en toute paix son amour avec le roi. Richelieu, au courant des affaires, se fait l’entremetteur des échanges des lettres entre les deux amants.

      

    Mais la comtesse ne veut pas une simple escapade, elle veut succéder à la marquise de Pompadour comme maitresse en titre. La mort de Madame Henriette en Février 1752 vient arranger ses projets. Le souverain, accablé par la perte, semble de plus en plus attaché à Dieu mais ne se tourne pas vers la dévotion. Il semble vouloir chercher des plaisirs nouveaux.

      

    A Fontainebleau, la comtesse d’Estrades exige de sa protégée qu’elle obtienne du roi le renvoi de la marquise et qu’elle l’exige à la déclarer maitresse-en-titre.

      

    Après un long entretien avec le roi, Mme de Beaupré sort échevelée, comme si elle était triomphante et dit à ses amis que leurs voeux seront exaucés.

    Tout le monde semble se réjouir sauf Quesnay qui a dit qu'il partagerait la disgrace de la marquise.

    Etienne-François, duc de Choiseul, cousin de l'époux de la comtesse, fait cesser ce jeu.

    Après quelques temps, la marquise ne tarde pas à apprendre le malheur qui la menace. Elle pleure à chaudes larmes et va voir le marquis de Gontaut, à qui elle avoue son infortune.

    Mais elle ignore que lui aussi faisait parti du plan qui tentait de le renverser.

    Gontaut se reproche alors d’avoir comploté contre la marquise. Mais pour sauver ses fautes, il cherche le moyen de la sauver en narrant l’histoire à son beau-frère, Étienne-François de Choiseul, comte de Stainville.

      

    Celui-ci au départ, entretient des relations plutôt froides avec la marquise (la favorite redoutait en effet son esprit mordant et pensait qu’il est comme Maurepas) mais se résout d’aider Madame de Pompadour pour non seulement sauver l’honneur de sa famille (car le comte de Choiseul-Beaupré était venu lui exprimer sa colère quelques jours auparavant) mais aussi tirer les bénéfices de cette démarche.

      

    La marquise ne passe pas pour une ingrate…

    Il sait aussi Mme de Choiseul-Beaupré, incapable de supplanter la marquise trop longtemps auprès du roi, parce qu’elle commence à entrer dans une grossesse.

    Choiseul dit à Gontaut qu’il sait comment apaiser les craintes de la marquise.

      

    Après, Gontaut, accompagné de Choiseul se rendent chez la marquise qui pleure encore.

    Choiseul écrit : « Touché par ses larmes, je ne pus y résister davantage, et je lui confiai que je savais que Mme de Choiseul-Beaupré devait partir de Fontainebleau dans deux jours et ne reviendrait à la Cour qu’’ après ses couches. »

      

    Au prix de quelques ruses, Choiseul obtient de la comtesse des lettres qu’elle avait reçues du roi et les donne à la marquise. La marquise espérait ainsi qu'en le montrant au roi, elle lui montrerai à quel point la comtesse pouvait être bavarde.

    On peut imaginer la scène qu’elle fait au roi. La marquise évince une nouvelle fois une rivale.

    Non seulement elle en sort plus victorieuse et puissante que jamais, mais le roi la fait duchesse. Après quelques jours, la comtesse de Choiseul-Beaupré se retire de la cour sur ses terres pour sa grossesse.

      

    Neuf mois plus tard, le 1er Juin 1753,

    elle donnera naissance à une fille, Élisabeth de Choiseul-Beaupré (1753-1757), qui ne vécut que quatre ans. Charlotte-Rosalie de Romanet, comtesse de Choiseul-Beaupré meurt un jour après la naissance de sa fille, le 2 Juin 1753, probablement d’un accouchement trop douloureux.

     

     

    D’après Madame de Pompadour d’Evelyne Lever

     

     

     

     

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    Marie-Jeanne du Barry, dernière favorite de Louis XV

      

      

    Marie-Jeanne Bécu de Vaubernier naît à Vaucouleurs, Lorraine, le 19 Août 1743. Elle est baptisée le même jour à la paroisse de Vaucouleurs en présence de Joseph Demange et de Jeanne Birabin.

    Elle est prénommée Jeanne en l'honneur de Jeanne d'Arc, pucelle d'Orléans, également originaire de Vaucouleurs. Elle a pour père et mère, Jean-Baptiste Gomard de Vaubernier, moine des Picpus de Vaucouleurs (1715-1804), et Anne Bécu de Cantigny (16 Avril 1713-1788), couturière. Son père, est moine au couvent des Picpus de Vaucouleurs, en Lorraine et est connu sous le nom de ‘‘frère Ange’’.

    Quant à sa mère, la jolie Anne Bécu, est couturière au couvent des Picpus et est connue surtout pour fréquenter beaucoup des hommes et collectionner plusieurs amants dont Billard Dumonceaux (qui sera plus tard le parrain de Jeanne et c’est lui qui s’occupera de son éducation).

    Jeanne descend par sa mère, de la famille Bécu connue comme la famille des rôtisseurs : son ancêtre, Jean Bécu, était un rôtisseur reconnu sous le règne de Louis XIV.

      

    Quant à ses grands-parents maternels, Fabien Bécu et Jeanne Husson, ils étaient au service de l’une des favorites du Roi-Soleil, Isabelle de Ludres, durant les dernières années de sa vie. Ils avaient eu ensemble sept enfants dont Anne Bécu, mère de Jeanne, née le 16 Avril 1713.

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    Quatre ans après, le 14 Février 1747, Anne met au monde un autre enfant, cette fois un fils mais d'une autre aventure, prénommé Claude et qui mourut très jeune. Peu de temps après, Anne quitte Vaucouleurs avec ses deux enfants pour Paris, chez sa sœur Hélène Bécu, femme de chambre de Mme Biron, épouse du bibliothécaire du roi, Armand-Jérôme Biron.

      

    En 1749, Anne trouve un mari de sa condition, Nicholas Rançon. Il était protégé par le financier Billard-Dumonceaux qui connaissait Anne aussi puisqu’ils s’étaient rencontrés auparavant à Vaucouleurs où il venait fréquemment (ils avaient été aussi amants comme je l’ai écrit). Après le mariage, Billard-Dumonceaux fait donner à Nicholas, le poste de garde-magasin de l'île de Corse.

      

    À Paris, Anne Bécu reste au service du financier qui s'intéresse à la petite Jeanne au physique agréable et devient son parrain. Sa maîtresse, une certaine actrice, prénommée Francesca, qui a pour Jeanne, une grande affection, insiste pour qu'elle reçoive une bonne éducation. Par l'entremise de son père, Jean-Baptiste, Jeanne est admise en tant que pensionnaire chez les Adoratrices du Sacré-Cœur de Jésus, au couvent de Saint-Aure à Paris en l'an 1753.

    Elle y apprit la danse, l'art, la déclamation, la musique, la lecture, l'écriture et le maintien. Elle n'en sort qu'en 1758 et prend le nom de Mademoiselle Lange qui provient du surnom de son père "le frère l'Ange".

    Elle va se trouver du travail à Paris.

    Elle est embauchée comme coiffeuse chez Madame Lametz mais est renvoyée peu après pour avoir eu une liaison avec son fils. Peu après, elle sert comme femme de chambre dans une maison de fermiers généraux du nom de Lagarde mais dut être vite renvoyée en raison d'avoir couché avec les deux fils de la famille. Elle ne se décourage pas et est vite engagée par Madame Labille.

      

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    Elle devient vendeuse dans la boutique de modes de celle-ci et y est remarquée par beaucoup d'hommes à cause de sa beauté (grande aux yeux bleus, aux cheveux d'un blond cendré, au teint de lys). C'est là qu'elle rencontre Jean-Baptiste du Barry surnommé le Roué (1723-1794).

    Il n'était pas beau et avait des mœurs dissolues mais son courage et son franc-parler attirèrent Jeanne. Elle devient en 1764 sa maîtresse. Jean-Baptiste l'emmena dans sa maison de jeu pour qu'elle y règne en maîtresse absolue. Jeanne mène alors une vie de débauche à Paris et devient une prostituée de luxe. Elle est connue sous le diverses noms, tels que Lange (de son père ‘‘le frère l’Ange’’) et tant d’autres. Elle devient tour à tour, la maîtresse du financier Radix de Saint-Foix et a d’autres amants. La maison de Jean-Baptiste attirait beaucoup de monde et parmi eux, les gens venant de la cour.

      

    C'est là que MM de Richelieu, d'Ayen et de Soubise remarquèrent pour la première fois, Jeanne et décidèrent d'en parler au roi pour en faire sa maîtresse royale. Jean du Barry, heureux d’avoir la jolie et jeune Jeanne Bécu à ses côtés, veut aussi la marchander auprès du roi.

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    Il espère que si Jeanne devient la maîtresse officielle du roi de France, il va ainsi obtenir de nombreuses charges pour lui et pour sa famille et devenir très riche. Il va arriver même jusqu’à la surnommer ‘‘le morceau du roi’’. Les amis intimes du roi (Richelieu, Soubise) parlèrent à propos de Jeanne à Dominique-Guillaume Lebel, valet du roi de France et ancien pourvoyeur des maîtresses royales, pour que celle-ci devienne la nouvelle favorite officielle. Lebel, qui veut en avoir le cœur net se rend chez le comte du Barry pour voir la jeune Jeanne. Quand il la voit, il est lui aussi tout de suite charmé par la beauté de la jeune demoiselle Bécu. Il partet revient le lendemain pour amener Jeanne au château de Versailles.

      

    Avec l’aide de Richelieu, Lebel place Jeanne sur le chemin du roi.

    Il fixe les rendez-vous entre le roi et la jeune beauté. Louis XV, alors âgé de 59 ans et toujours aussi beau que durant sa jeunesse, est foudroyé par la beauté de Jeanne. Lui, qui pendant des décennies était devenu taciturne et morose à cause de la mort des membres de la famille e royale et de sa grande-amie et confidente, Madame de Pompadour (décédée en 1764), se sent revenir à la vie. Il est non seulement ébloui par la beauté de Jeanne mais par aussi son caractère : Jeanne commence à le tutoyer, lui coupe la parole, le traite comme si il n’était pas le roi de France (ce qui est le rêve de Louis XV). Jeanne n’est pas comme toutes les précédentes maîtresses de Louis XV, ce qui est nouveau chez le roi de France. Louis XV commence à s’attacher de plus en plus de Jeanne Bécu.

      

    Il désire la présenter à la cour et à la famille royale. Mais le seul problème qu’il ya, c’est ce que Jeanne n’a pas de titre de noblesse. Elle ne peut pas aussi devenir la comtesse du Barry puisque Jean, Comte du Barry, est déjà marié à une certaine Catherine-Ursule Dalmas de Vernongrese, qui vit à la campagne (dans la demeure familiale des Du Barry). Et Jean du Barry ne peut pas se séparer de son épouse, puisqu’ils ont déjà un enfant, un fils, Adolphe du Barry. Alors Jean a un frère, encore célibataire, qui se prénomme, Guillaume du Barry. Jean le convainc de venir à Paris pour se marier avec Jeanne.

    Le 1er Septembre 1768, Guillaume et Jeanne sont enfin unis ensemble par le père de la jeune mariée, Jean-Jacques de Gomard de Vaubernier. Après le mariage, Guillaume est prié de retourner en Languedoc, d’où il vient. Madame du Barry est alors installée à Versailles et cette fois pour de bon et possède enfin le titre de comtesse du Barry que le roi lui a donné. Reste alors de trouver une dame de la cour, qui sera sa marraine et se chargera de la présenter. Toutes les dames de la noblesse refusent, sauf une, comtesse de Béarn, qui, venant d’une grande et noble famille, est criblée de dettes et vit dans la misère totale à Paris.

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    Celle-ci a accepté à condition que l’on paye ses dettes, lui donne une pension, et aussi des charges pour ses deux fils. La représentation a lieu à Versailles, le 22 Avril 1769. Les dames de la cour, outragées, ne sont même pas venues assister à la cérémonie.

      

    Le roi, amoureux fou de sa maîtresse, lui donne beaucoup de cadeaux et présents (tels que bijoux, châteaux, etc.). Le 24 Juillet de la même année, Louis XV offre à sa nouvelle favorite, le Petit Trianon (bâti autrefois pour Madame de Pompadour, pour s’y reposer en paix, il sera donné plus tard à Marie-Antoinette par Louis XVI) ainsi que le domaine de Louveciennes et de Saint-Vrain ainsi que tous les revenus de ces châteaux. À la cour, comme autrefois pour la marquise de Pompadour, Jeanne est haïe par certains courtisans qui ne supportent pas qu’une jeune fille de maquerelle et sans bonne famille devienne la nouvelle maîtresse du roi. Ces courtisans ont à leur tête le duc de Choiseul.

      

    Celui-ci, est ministre des affaires étrangères et est entrain d’organiser le mariage du dauphin de France et de l’archiduchesse d’Autriche. Il se sait puissant et croit qu’il va faire chasser la nouvelle favorite sans aucune difficulté (Il sera disgracié une année plus tard, quelques mois après le mariage du dauphin et de la dauphine et sera prié de s’exiler de Paris pour Chanteloup. Et là-bas, il organisera une politique anti-Louis XV). D’autres courtisans plus favorables, se rangeront au côté de la favorite pour obtenir des importantes charges à la cour. La favorite est soutenue par Richelieu, d’Aiguillon, Soubise, etc.

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    Elle est jalousée pour sa beauté par tant d’autres femmes de la cour, qui souhaitent l’évincer dans le cœur de son royal amant. Le 14 Mai 1770, a lieu le mariage du dauphin et de l’archiduchesse d’Autriche, Marie-Antoinette. Celle-ci bien avant qu’elle vienne à Versailles avait été renseignée sur la Du Barry et lui avait méprisé depuis. Elle ne ni comprenait et ni supportait comment une femme de basse-extraction peut venir à la cour. S’obstinant à ne pas lui adresser la parole, elle faillit être disgraciée par le roi, puis finira par lui dire : «Il y a bien du monde aujourd’hui à Versailles», le 1er Janvier 1772.

      

    Comme beaucoup de favorites, Jeanne mène un grand train de vie à la cour et s’achète beaucoup de bijoux, châteaux, domaines, … et protège beaucoup d’artistes et des écrivains (elle admirera Voltaire jusqu’à la mort de celui-ci en 1778). Durant son règne de favorite, elle brille surtout dans le domaine des arts et protégea plusieurs peintres comme Drouais, Fragonard et se fit peindre par eux. Elle se fit aussi sculpter par Pajou, Lecomte, qu’elle protégea aussi.

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    Comme Madame de Pompadour l’avait fait, elle continua à faire développer la manufacture de Sèvres, fit passer plusieurs commandes aux architectes tels que Ledoux pour ses châteaux tels que Louveciennes. Elle a également contribué au style néo-classicisme. Madame du Barry protégera aussi des lettres. À l’inverse de celle qui l’a précédée dans le lit du roi, (la marquise de Pompadour), Jeanne du Barry ne se mêle pas de politique même si c’est elle qui fut à l’origine du mariage du comte de Provence et de la princesse de Savoie. Mais elle supporte et approuve la politique du triumvirat, composé du duc d’Aiguillon, l’abbé de Terray et de Maupeou. La comtesse du Barry est une bonne personne qui n’a aucune rancune envers les gens malgré les pamphlets et les ragots qu’on écrit sur elle.

      

    Elle ne se mêle pas aussi des intrigues de la cour.

    Pour profiter de sa position, Madame du Barry fait épouser aux membres de sa famille, à de très beaux partis.

    Ainsi, en 1771, elle tente de faire épouser, son neveu par alliance, Adolphe du Barry, à une fille naturelle de Louis XV qu’il a eue avec l’une de ses maîtresses (Marie-Louise O’Murphy).

      

    Mais ce sera sans succès. À la cour, Jeanne fera la connaissance du jeune come de Cossé-Brissac dont elle tombe amoureuse (ils seront un temps, soupçonnés d’être amants). En 1772, Jeanne est séparée de corps et de biens d’avec son époux. Pour le consoler, on lui donne le duché de La Roquelaure.

      

    Fin Avril 1774, alors que Jeanne et le roi se trouvent à Trianon, c’est là que le souverain ressent ses premiers malaises. Souffrant, il est transporté au château de Versailles, où l’on appelle son premier chirurgien pour qu’il le soigné. Fidèle, Jeanne du Barry reste aux côtés du roi et ne le quitte pas malgré qu’elle peut-être contaminée. La santé du roi se dégrade de plus en plus et ses heures semblent comptés.

      

    Durant la nuit du 6 Mai, le roi conseille à Jeanne du Barry de quitter Versailles pour le château de Rueil (demeure du duc d’Aiguillon). Jeanne quitte ainsi Versailles le 7 Mai. Trois jours plus tard, le 10 Mai, à 15 h 30’, Louis XV rend son âme. Dès que son grand-père n’est plus, Louis XVI signe une lettre de cachet pour faire arrêter la comtesse du Barry. On vient chercher la comtesse à Rueil pour aller l’enfermer au couvent de Pont-aux-Dames, à Meaux.

      

    Le 13 Mai, Jeanne est donnée un délai de dix jours pour retirer tout ce qui l’appartient, du château de Versailles. Jeanne resta au couvent de Pont-aux-Dames, pendant quelques mois puis en Mars 1775, elle est enfin libérée mais se voit interdite d’aller à Paris.

      

    Elle part alors pour son château de Saint-Vrain et y restera quelques mois. En Octobre 1776, le roi autorise à Jeanne d’aller enfin à Paris, elle regagne alors son cher Louveciennes. Jeanne mènera une vie paisible en son château de Louveciennes où ses amis d’autrefois viennent la visiter fréquemment. Elle se consacre à la charité des pauvres qui habitent dans la région de Louveciennes.

      

    Admiratrice de Voltaire, elle est à son chevet lorsqu’il meurt en 1778.

    En 1777, elle a l’honneur de recevoir dans sa demeure le frère aîné de Marie-Antoinette, Joseph II d’Autriche alors que celui-ci est venu rendre visite à sa sœur et son beau-frère. Elle fera la connaissance de la peintre officielle de la reine de France, Élisabeth-Vigée Le Brun et se faire peindre aussi par elle.

      

    Durant toute sa vie, Jeanne eut de nombreux amants même après la mort de son royal-amant. Jeune, belle et célibataire, elle sera tour à tour maîtresse d’un certain Henry Seymour, le comte puis le duc de Cossé-Brissac (qui durera plus longtemps et sera son plus grand amour), Louis-Antoine de Rohan-Chabot et tant d’autres. En 1789, lorsque la révolution française éclate, (alors que beaucoup de nobles prennent le chemin de l’exil) Jeanne ne fuit pas et reste auprès de la famille royale.

      

     Restant fidèle à la famille royale, elle l’aide dans ses moments les plus difficiles.

      

     Le 11 Janvier 1791, le château de Louveciennes est cambriolé et Jeanne du Barry trouve tous ses bijoux volés. Elle commet alors l’imprudence de publier ce qu’on lui a volé (ce qui moyenne la somme de 400 millions de nos jours) et promet de récompenser 2000 louis à celui qui les trouvera. Or elle ne sait pas que ceci sera l’une des pièces maîtresses qui la conduiront à l’échafaud.

      

    Jeanne apprend que ses bijoux sont maintenant à Londres et y va fréquemment pour les identifier. En 1792, son ancien amant, le duc de Cossé-Brissac est tué alors qu’il était à Versailles. Après avoir tué le duc, les assassins jettent sa tête à travers la fenêtre du salon de Louveciennes.

      

    Le 21 Janvier 1793, Louis XVI est guillotiné, Jeanne du Barry éprouve un profond chagrin quand elle apprend la mort du roi de France et porte son deuil. Jeanne se rend toujours à Londres pour trouver ses bijoux et cela commence à la rendre suspecte aux yeux des révolutionnaires. En fait, la comtesse du Barry avait réussi à se faire oublier depuis plusieurs années mais le fait qu’elle a été favorite de Louis XV la rendait coupable aux yeux de la Convention.

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    En été 1793, Jeanne est arrêtée pour avoir conspirée avec l’Angleterre mais est remise en liberté un peu plus tard. Le 22 Septembre, la comtesse est cette fois arrêtée par le Comité pour avoir conspiré contre la nouvelle république et mener la contre-révolution de l’intérieur.

      

    Le 8 Décembre 1793, Marie-Jeanne Bécu de Vaubernier, comtesse du Barry est guillotinée à Paris. Ses derniers mots sont : «De grâce monsieur le bourreau, encore un petit moment.»

     

    Cette biographie a été rédigée en collaboration avec le site Histoire-et-Secrets.com

     

     

    SOURCES

    http://favoritesroyales.canalblog.com/archives/2011/06/12/21376951.html

     

     

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    Anne Couppier de Romans, maîtresse passagère de Louis XV

      

      

    Anne de Couppier de Romans est née vers 1737.

    Elle est la fille d’un bourgeois de Grenoble, Jean-Joseph de Couppier de Romans, un homme de loi respectable. Anne est issue d’une famille de petite noblesse. Elle est l’une des petites maîtresses de Louis XV. Jeune, elle est conduite à Paris par sa sœur, Mme Varnier, qui tient tripot au Palais-Royal.

    D’ailleurs c'est cette dernière qui se chargera de l'introduire au roi, (la sœur aînée de Mlle de Romans ayant été aussi pendant un temps la maîtresse de Louis XV) vers l’année 1759. Comme pour Marie-Louise O'Murphy, Casanova prétendra également avoir été à l'origine du destin de cette jeune Grenobloise.

      

    D’une grande beauté, Anne est une jeune fille de vingt-deux ans à la taille légèrement au-dessus de la moyenne, à la chevelure noire longue et abondante, au teint de lys, au visage d’un ovale parfait laissant voir des traits réguliers et aux dents superbes.

      

    Elle a aussi une fort-belle gorge et un corps de déesse.

    Anne se fait vite remarquer par le roi et celui-ci en fait sa maîtresse en 1760.

    À la grande différence des autres filles qui ont jadis logé au Parc-aux-Cerfs et qui croyaient avoir pour amant, un certain grand seigneur polonais, la jeune demoiselle de Romans sait qu’elle est devenue la maîtresse du roi de France.

      

    Alors fière de son rang, elle se refuse d’aller habiter dans la maison du Parc-aux-Cerfs et le roi loue pour elle une maison située dans la grande rue du village de Passy. Louis XV est alors fou amoureux de sa jeune élue et la surnomme "la grande".

      

    Quand il veut la voir à Versailles, il vient la faire chercher dans un carrosse à six chevaux.

    Il finit aussi par la titrer baronne de Meilly-Coullonge.

    La cour commence aussi à parler de la nouvelle maîtresse du roi, et tout le monde croit qu’elle va succéder à la marquise de Pompadour comme favorite en titre. Ceci finit aussi par alarmer Mme de Pompadour. T

    rès inquiète, elle fait engager des espions qui doivent surveiller les manières des deux amants et son amie la maréchale-duchesse de Mirepoix tente de la rassurer :

    "Les princes sont avant tout des gens d'habitude ; l'amitié du roi pour vous est la même que pour votre appartement, vos entours ; vous êtes faite à ses manières, à ses histoires ; il ne se gêne pas, ne craint pas de vous ennuyer ;

    comment voulez-vous qu'il ait le courage de déraciner tout cela en un jour, de former un autre établissement, et de se donner en spectacle au public par un changement de décoration." Mme de Pompadour finit par penser qu’après tout, si le roi aime Mlle de Romans, il finira par s’en lasser un jour, comme ce fut dans le cas des plusieurs amours passagers, tels que la comtesse de Choiseul-Beaupré ou Marie-Louise O’Murphy.

      

    Mais en 1761, la jeune femme finit par tomber enceinte du roi et cela fait encore inquiéter la favorite en titre. Et si Anne de Romans donnait naissance à un fils et que le roi finissait par le reconnaître comme son aïeul, Louis XIV le faisait pour ses bâtards ? "Tout cela est du Louis XIV ; ce sont de grandes manières qui ne sont pas celles de notre maître", lui répétait Mme de Mirepoix.

      

    C'est sans doute la marquise de Pompadour qui fait procéder à des perquisitions chez la belle Romans pour soustraire des papiers prouvant la paternité de Louis XV. Cela ne sert à rien. Le 13 Janvier 1762, la belle demoiselle de Romans finit par accoucher d’un fils, qui est baptisé  le lendemain à l'église de Chaillot sous le nom de Louis-Aimé de Bourbon.

      

    Le roi même signera l’acte de baptême du bâtard, que le curé lui a présenté. C’est la première fois que Louis XV reconnait un bâtard né d’une de ses maitresses. Cela fait grand bruit et à la cour et certains commencent même à surnommer le nouveau-né le duc du Maine. Heureuse d’avoir un enfant, Anne de Romans prendra l'habitude de faire promener son enfant au bois de Boulogne. Habillée selon la dernière mode, la gorge couverte de dentelles précieuses, elle aime s'installer sur l'herbe pour allaiter son enfant, à la vue de tous.

      

    Mme de Pompadour finit par avoir une grande envie d’aller voir la mère et son enfant. Accompagnée par sa femme de chambre, Nicole du Hausset, elle va, camouflée sous plusieurs habillements dans la clairière où se trouvent la jeune mère et le fils. Le soir, elle racontera à Louis XV d'être allée à la Manufacture de Sèvres pour acheter des tasses ce qui était également vrai. Quelques mois après la naissance de Louis-Aimé, le roi s’éprend d’une toute jeune fille, du nom de la demoiselle de Tiercelin, âgée d’à peine de seize ans.

      

    Cette nouvelle passion finit par rassurer Mme de Pompadour, qui sait qu’à présent que ni l’une ni l’autre ne pouvait plus la supplanter dans le cœur du roi. Et quand la petite Tiercelin finit aussi par tomber enceinte et cela affligea Mme de Pompadour sans doute moins que n’avait fait la grossesse de Mlle de Romans.

      

    Cette fois, la favorite connaissait que pour cette fois, le roi ne reconnaitrait pas son nouveau bâtard. Mlle de Tiercelin accouchera plus tard le 7 Février 1764, peu de semaines avant la mort de Mme de Pompadour, aussi d’un fils, connu sous le nom de l’Abbé Le Duc. La faveur de Mlle de Romans durera jusqu’en Décembre 1765. Hélas, Mme de Pompadour ne survivra pas pour regarder la disgrâce de sa jeune rivale. Louis XV, lassé par ses exigences d’être faite favorite en titre après la mort de Mme de Pompadour, chassera Anne de Romans.

      

    Il finira par l'exiler achez les Ursulines de Saint-Denis et le séparera de son fils qu'il refusera de légitimer. Elle finira par en sortir et le roi lui fera don de 3 000 livres de pension par an. Quelques années plus tard en 1772, sous l’autorisation du roi, Anne épousera,  marquis de Cavagnac que lui avait présenté le duc de Deux-Ponts (ami intime de Louis XV et de Mme de Pompadour). De cette union,

    Anne aura deux enfants :

    une fille et un fils, Louis Aimé Marie Stanislas de Siran de Cavanac né le 6 janvier 1775.

    Malgré les demandes répétées de Mlle de Romans pour revoir son fils, Louis XV n'accédera jamais à ses requêtes.

    Elle devra se contenter de recevoir les nouvelles de son enfant par des intermédiaires. Ce n'est qu'en 1774, après la mort de Louis XV, que Mlle de Romans peut récupérer son fils âgé de 12 ans après avoir fait la demande auprès de Louis XVI.

    Tout au long de sa vie, elle s'essaiera de se construire une fortune qui sera évaluée à près d'un 1 000 000 livres dans les années 1780. A l'aube de la Révolution, elle sera avec la comtesse de Flaghac et la marquise de Champcenetz, l'une de ces femmes vivant dans un libertinage effréné, charismatiques et qui étaient très recherchées dans les salons mondains galants de la capitale et dont les titres cachaient d'anciennes pensionnaires du serdeau de Versailles.

    Anne Couppier de Romans parvint à garder sa vie sauve durant toute la Révolution. Elle mourra, septuagénaire, en 1808.

      

    Quant à son fils, Louis-Aimé de Bourbon, il deviendra abbé de Bourbon, et mourra jeune, le 28 février 1787, de tuberculose.

    Dans l'entretemps, il s'était lié d'amitié avec sa demi-soeur Marie-Louise qui, éplorée par sa mort, écrira :

    "Le Seigneur a cueilli cette jeune plante de crainte que le grand air ne lui fît du tort."

     

     

     

     

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    Marie-Anne de Châteauroux, favorite de Louis XV

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    Marie-Anne mène un grand train de vie comme celui d’une reine.

    Elle porte toujours des robes ou parures élégantes et très riches pour rehausser saduchessedechateauroux5 beauté et son éclat. Ses airs de hauteur et de fierté finissent par la faire haïr à la cour et elle devient de plus en plus insupportable.

    Le roi cède à tous les caprices : lui achète des châteaux et des hôtels à Paris, la comble des bijoux, des cadeaux et des présents et l'appelle "princesse".

    Seule ombre au tableau, elle doit supporter le goût de son royal amant pour l'une de ses sœurs, la grosse Lauraguais qui n'a apparemment rien de séduisant.

      

    Le roi offre aussi à sa famille, d’importantes charges ; ainsi son père, Louis de Nesle, aura de nombreux titres et charges. Avec une femme aussi belle que spirituelle, la gaîté revient à Versailles. La duchesse de Châteauroux préside les soupers des petits cabinets avec grâce et réussit à s’entourer aussi d’une coterie composée des amis intimes du roi, tels que : la princesse de Conti, Mlle de Charolais, Mlle de La Roche-sur-Yon, Mme d’Antin, Richelieu, et quelques autres hommes libertins.

    À la cour, la duchesse de Châteauroux est soutenue par le duc de Richelieu mais a aussi de nombreux ennemis qui ont à leur tête le duc de Maurepas, ministre de Louis XV. Celui-ci n’apprécie pas du tout la favorite officielle du roi et n’approuve pas les conseils qu’elle lui donne. Le ministre écrit alors mille libelles et pamphlets sur la duchesse de Châteauroux telle que celle-ci :

    Incestueuse la Tournelle Qui des trois êtes la plus belle, Le tabouret tant souhaité A de quoi vous rendre bien fière

    Votre devant, en vérité, Sert bien votre gentil derrière.

     

    duchessedechateauroux6b

    Il s’avère que la nouvelle maîtresse est très vite devenue impopulaire. Elle discrédite l’image du roi auprès de son peuple qui commence par le haïr lui aussi. La mort du cardinal de Fleury en 1743, laisse de champ libre à Marie-Anne qui apparaît comme toute-puissante. La duchesse de Châteauroux est alors une favorite très influente sur le roi, elle a un très grand ascendant sur Louis. Elle joue un rôle-clé dans l’ascension du roi.

    La duchesse de Châteauroux veut que son amant soit un vaillant homme envers son peuple. Elle l’arrache alors aux plaisirs de Versailles pour lui conseiller d’aller à la tête de ses armées pour se battre avec l’ennemi. La duchesse de Châteauroux se mêle ainsi de la politique. Elle s'attache aussi à deux ministres, Orry, le contrôleur général des Finances et le comte d'Argenson qui dirige le département de la Guerre.

      

    Ce serait Mme de Châteauroux qui aurait poussé le roi à entraîner la France dans la Guerre de Succession d’Autriche et de reconquérir la Flandres et l’Alsace, poursuivant ainsi le projet de sa sœur, la comtesse de Vintimille. Or la famille royale et les ministres du roi ne veulent pas que celui-ci s’illustre en guerre avec son fils, le dauphin de France, qui n’a que quinze ans.

      

    Le roi alors quitte clandestinement Versailles pour les Flandres. Mais peu de temps après, avec le soutien bienveillant du maréchal de Richelieu, Marie-Anne parvient à rejoindre le roi avec sa sœur, la duchesse de Lauraguais en Flandres. Elles viennent aussi accompagnées de quelques autres dames telles que la princesse de Conti ou la duchesse de Chartres, ravies de s'échapper de la Cour privée de leur maître et désertée des plus fringants gentilshommes.

    Le voyage de ces charmantes personnes fait scandale partout où elles passent. Le roi se rend après à Metz avec sa maîtresse. Il l’installe près de son palais pour qu’il la voie plus souvent. Le peuple est horrifié de voir le scandale de l’adultère royal s’étaler dans leur région. En août 1744, alors qu’il est toujours à Metz, le roi tombe grièvement malade. Voyant ses jours comptés, les membres du clergé mettent de la pression sur le roi pour qu’il renvoie sa favorite en titre.

    Le roi humilié, est obligé par l'évêque de Soissons, Mgr de Fitz-James, de chasser sa maîtresse ainsi que sa sœur qui n'ont pas quitté sa chambre depuis le début de sa maladie. Le souverain doit s'y résoudre pour le Salut de son âme. La favorite et sa sœur sont humiliées par le peuple. On jette des pierres sur son carrosse. Voulant sauver sa vie, la duchesse de Châteauroux parvient à revenir à Paris puis se réfugie dans son hôtel. Le souverain fait publiquement amende honorable pour sa conduite passée et demande pardon à la Reine, accourue en toute hâte, de peines qu'a pu causer le scandale de sa vie privée.

      

    Marie-Anne de Châteauroux n’oubliera jamais ces moments de haine, de désespoir et d’humiliation où le peuple décharné de Paris l’insultait en jetant mille choses à travers la fenêtre de son hôtel. Un médecin qui est venu de Versailles a trouvé un remède qui peut faire guérir le roi. Alors le roi se rétablit de jour en jour et finit par guérir. Il revient sur la promesse qu’il avait faite à la reine de ne plus jamais lui être infidèle, et rappelle Marie-Anne auprès de lui fin Novembre.

      

    Celle-ci cachée depuis plusieurs mois à l’hôtel de Paris retrouve le roi. Après de folles retrouvailles, le roi chercha à rétablir la duchesse de Châteauroux à la cour pour se venger ceux qui l’ont humiliée et une place de surintendante de la maison de la Dauphine lui fut promise. Mais quelques temps après, la duchesse fut prise d’horribles douleurs d’entrailles qui la conduisirent au tombeau deux semaines plus tard le 8 Décembre 1744. Cette mort laissa penser pour certains au poison, ce qui ne fut jamais prouvé.

      

    Avec la mort de Marie-Anne de Châteauroux s’achève le règne de la famille Nesle sur le roi Louis XV. El le roi ne voulut plus prendre encore une sœur Nesle, ce n’en était assez et il voulut prendre pour favorite une fille d’une autre famille. Leur père qui se plaignait de n’avoir jamais eut de fils a quand même laissé son nom dans l’histoire.

     

    Rédigée en collaboration avec le site Histoire-et-Secrets.com

      

     

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    Hortense de Flavacourt, impossible maîtresse de Louis XV

      

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    Hortense-Félicité, naît le 11 Février 1715. Elle est la quatrième et avant-dernière enfant de Louis III de Nesle et d’Armande-Félicitée de La Porte-Mazarin. Jeune encore, elle perd sa mère, Armande-Félice, en 1729, alors qu’elle n’a que quatorze ans. Elle est connue avant son mariage sous le nom de "Mademoiselle de Chalon". Après la mort de sa mère, Hortense est accueillie avec sa sœur cadette, Marie-Anne, par l’une de leurs tantes maternelles, Madame de Mazarin, qui se charge ensuite de les élever comme il faut.

      

    Le 21 Janvier 1739, sous l'instigation de sa tante, la belle Hortense est mariée à François-Marie de Fouilleuse, marquis de Flavacourt (1708-1763), maréchal de camp. Le marié possédait 26 000 livres de rente tandis que sa mère Marie-Marguerite Rouxel de Médavy, possédait 22 000.

      

    De leur union naitront deux enfants : un fils, Auguste-Frédéric, né fin 1739 et décédé en 1762, et une fille prénommée Adélaïde née en 1742 et décédée en 1759, et qui épousera à l'âge de 13 ans en 1755, le marquis d'Etampes.

    Après la mort de leur tante survenue en Septembre 1742, les deux jeunes marquises se verront chassées de l'hôtel par la comtesse de Maurepas - femme du ministre - qui est l'héritière de Madame de Mazarin. Elle sera invitée avec sa sœur cadette Marie-Anne par leur sœur aînée, Louise de Mailly-Nesle à la cour, après la disgrâce de Diane-Adélaïde, duchesse de Lauraguais (une autre de ses sœurs).

      

    Louise de Mailly (dont la bonté naturelle aveuglait et dont des cruelles leçons auraient cependant dû rendre défiante) espère ainsi présenter toute sa famille à la cour. Mme de Mailly prête à Mme de Flavacourt son appartement dans l'aile neuve tandis que Mme de La Tournelle est logée dans l'appartement de l'évêque de Rennes, près de la cour des Princes.

      

    D’une grande beauté, la marquise de Flavacourt est remarquée par le roi qui, séduit, commence à lui faire des yeux doux. Hortense résista à ses assiduités et évita son lit bien que ce dernier voulut en faire sa maîtresse après le départ de Mme de Lauraguais. Louis XV se heurta aussi à l’époux d’Hortense, le marquis de Flavacourt.

    Celui-ci, fort amoureux de sa femme et donc très jaloux, menaça cette dernière de la tuer si elle devenait « putain comme ses sœurs ». Devant les exigences de la dame et du mari, le roi cesse tout commerce avec Mme de Flavacourt. En représailles, sa sœur Mme de Châteauroux obtient qu’elle soit exclue des petits appartements, des voyages de Choisy et de La Muette. On peut peut-être également attribuer ce refus à la piété et la vertu de Mme de Flavacourt. Hortense refusa de devenir la favorite officielle non parce que son époux est très jaloux et possessif mais aussi qu’elle était éprise de lui et qu’elle était connue pour être aussi vertueuse que belle.

    Elle aurait commis un péché de double adultère en devenant la maîtresse officielle du roi.

    Dans ses mémoires, M. d’Argenson en dresse un portrait peu flatteur, la trouvant : « belle mais fausse, avec peu d’esprit ni de naturel ».

    Il sous-entend d’ailleurs que la dame aurait reçu ce message favorablement en y mettant la condition d’exiler sa sœur, alors favorite, la duchesse de Châteauroux.

    Néanmoins la marquise de Flavacourt demeura à la cour où elle exerce la charge de dame du palais de la Reine depuis septembre 1742, à la place de sa sœur aînée, la comtesse de Mailly, qui lui cède la charge après qu'elle soit renvoyée sur ordre de la marquise de La Tournelle (future duchesse de Châteauroux) devenue la nouvelle maitresse du roi. Cette disposition sera acceptée par le roi le 21 septembre. A la cour, Mme de Flavacourt se lie d'amitié avec la Reine et ce, en dépit de la position de ses quatre sœurs.

      

    Dans les premiers temps, la Reine la redoutait du fait des rumeurs qui couraient disant qu'elle était devenue aussi la maitresse du roi comme ses sœurs mais bien après, elle se révéla son alliée car elle ne cherchait pas à entrer dans le lit du Roi, et les deux dames entretinrent une longue amitié.

      

    Pendant la faveur de Mme de Châteauroux, Mme de Flavacourt sera du parti ennemi de la favorite, n'hésitant pas à s'allier avec Maurepas, alors que celui-ci écrivait plusieurs libelles et pamphlets contre sa sœur la favorite. Possédant une beauté supérieure à celle de sa sœur, elle sera continuellement courtisée par Louis XV qui lui écrira plusieurs lettres enflammées sous le soutien bienveillant de Lebel. Elle se verra encore proposée par le duc de Richelieu de devenir encore la favorite royale après la mort de sa jeune sœur, Marie-Anne. La marquise refusera encore ces honneurs préférant rester auprès de son époux. D'après Soulavie, après que Richelieu lui ait rénuméré tous les avantages possibles ainsi que les grâces promises pour devenir la maitresse du roi, la marquise se contentera de lui dire : "Voilà tout ! Je préfère l'estime de mes contemporains !"

    hortensefelicitedemaillyflavacourt2

     

    Pourtant cette grande dame qui se refusera de se donner au roi, se liera d'amitié avec la comtesse du Barry et deviendra l'une de ses premières promeneuses et soupeuses .

    Elle demeurera à la cour où elle exercera sa charge pendant vingt-quatre ans.

    Mme de Flavacourt démissionera de sa charge fin 1766, comme en témoigne une lettre de Marie Leszczynska à son ami, le président Hénault, datée du 10 décembre 1766 : "J'ai été bien étonnée du parti que Mme de Flavacourt a pris : je ne m'y attendais pas ; elle dit que sa santé est mauvaise.

    Il faut que je lui rende cette justice, c'est qu'il n y a jamais eu rien de si exact qu'elle pour mon service".

    Cette charge sera donnée à la marquise de Valbelle, une nièce de la duchesse de Luynes, qui était surnuméraire depuis septembre 1763.

    En 1774, après la mort de Louis XV, elle se retire du château de Versailles.

    En 1792, le comte de Mailly demanda aux Tuileries une lecture des Mémoires de feu le duc de Richelieu, qu’on s’apprêtait à publier et ou l’on qui parlait abondamment des sœurs de Mailly-Nesle.

      

    On invita Mme de Flavacourt, seule survivante des cinq sœurs, à présider cette assemblée. Selon le témoin de cette scène :

    « C'étoit une femme éclairée et pleine de religion, qui en remplissait les devoirs avec une sévérité peu compatible avec son âge. Il y avoit dans son maintien et dans ses habitudes toute la dignité des dames de la reine épouse de Louis XV.

    Elle étoit d'une amabilité charmante dans sa conversation et d'une naïveté singulière dans le récit des anecdotes de son temps qu'elle faisoit avec beaucoup de grâce et de réserve, pour ne dire que ce qu'il y avoit de convenable.

    Elle avoit une grande et belle taille. Sa figure étoit bien conservée en 1792, à l'âge de 80 ans…

    Le maréchal de Mailly n'avoit pas écouté avec plaisir toutes ces anecdotes ; mais quand il m'entendit raconter les entreprises du maréchal de Richelieu chargé de gagner pour le roi le cœur de madame de Flavacourt ;

    quand il vit cette dame baisser les yeux au récit de la tentation du maréchal de Richelieu qui parloit d'un roi fidèle à ses 4 sœurs, qui soupiroit après la cinquième, et qui, parvenu à l'âge de 35 ans en 1745 , étoit beau comme Apollon ;

    quand il entendit ce fameux séducteur parler du culte dû à la favorite du roi, du rang de duchesse, du luxe de sa maison , des soins des potentats de l'Europe à lui plaire, des attentions de leurs ambassadeurs à 1ui faire la cour;

    quand le maréchal de Mailly entendit madame de Flavacourt répondre à l'envoyé de Louis XV: Est-ce là tout, monsieur le Duc ? Je préfère l'estime de mes contemporains: M. de Mailly se lève, et d'un ton plein de dignité et de grâce.

    Madame, lui dit-il, vous aviez oublié toutes ces circonstances remarquables de votre vie : l'Histoire, de votre vivant, rend ses hommages à l'union de la vertu et de la beauté. »

      

    Confrontée comme d'autres nobles devant le tribunal révolutionnaire, elle y montra cette gaîté brave qui la sauvera de la mort. Elle sera enfermée pour quelques mois au couvent des Oiseaux, transformé en prison, et sera relâchée en 1794.

    Hortense de Mailly-Nesle mourra en 1799 à l’âge de quatre-vingt-quatre ans juste avant l'avènement au trône du jeune Bonaparte.

    La marquise de Flavacourt fut ainsi la seule des cinq sœurs à ne pas recevoir la faveur du roi.

     

    Cette biographie a été rédigée en collaboration avec le site Histoire-et-Secrets.com

     

    SOURCES

    http://favoritesroyales.canalblog.com/archives/2011/06/12/21376645.html

     

     

     

     

     

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    Diane-Adélaïde de Nesle, duchesse de Lauraguais

     

    Diane-Adélaïde, naît en mars 1714. Elle est la troisième sœur de Louis III de Nesle et d’Armande-Félicitée de La Porte-Mazarin. Diane-Adélaïde est issue par son père de la grande famille Nesle et est l’arrière-arrière-petite nièce de Mazarin, par sa mère, Armande-Félice. Décrite comme laide, grosse et sans séduction mais très intelligente, Diane, connue sous le nom de "Mademoiselle de Montcarvel", est mariée très vite à Louis de Brancas duc de Villars et de Lauraguais (1714-1794), lieutenant général des Armées du roi, fils de Louis Antoine de Brancas, duc de Villars et de Marie Angélique Fremyn, en 1742 par le roi de France, qui désire en faire sa maîtresse. Le duc de Lauraguais passait pour maladif et alcoolique.

      

    Le mariage ne sera pas heureux du tout et l’époux de Diane-Adélaïde, Louis de Brancas, duc de Lauraguais, la trompe ouvertement avec d’autres femmes. Voici d’ailleurs ce que Diane-Adélaïde dira de lui : « Mon mari m’a tellement trompée que je ne suis même pas sûre d’être la mère de mes propres enfants. » De son union avec le duc de Brancas naitra une fille en Décembre 1744 prénommée Marie-Anne en l'honneur de sa tante et qui mourra en 1749.

     

    Après la mort de la comtesse de Vintimille en septembre 1741, le roi demanda sa venue à la cour pour en faire sa maîtresse. Elle arrive à Versailles alors que Louis XV s’est remis avec sa sœur aînée Louise. Très vite, elle devient aussi sa maîtresse.

    Diane-Adélaïde avait beaucoup d’entrain, les courtisans l’appelaient « la grosse réjouie » et bien qu’elle fut laide et « craquante de graisse », le marquis d’Argenson dit que : « sa majesté s’est trouvé quelquefois assez d’appétit pour tâter de cette grosse vilaine de Lauraguais ». A cette époque, M. de Marville, lieutenant de police, informa le roi de ces vers circulant à Paris : « L’une est presqu’en oubli, l’autre presque en poussière,

      

    La troisième est en pied, la quatrième attend pour faire place à la dernière, choisir une famille entière, est-ce être infidèle ou constant ? ». Mais dès le début de l’année 1742, elle doit fuir la cour précipitamment car on prétend alors que Louis XV a déclaré coucher entre les deux sœurs.

    Diane-Adélaïde fut renvoyée pour faire éviter le scandale qui disait que le roi avait deux sœurs pour maîtresses. Même si elle fut la maîtresse de Louis XV pour une courtée durée, en revanche, elle sera l’amie des maîtresses qui se succéderont dans le lit du roi (telles que sa sœur, la duchesse de Châteauroux et la marquise de Pompadour).

      

    Après la mort de sa sœur, la duchesse de Châteauroux, c'est elle qui exercera la position de "favorite subalterne" jusqu'à l'avènement de Mme d'Etiolles (anoblie marquise de Pompadour) comme maitresse-en-titre en 1745.

    En raison de sa haute naissance, la duchesse de Lauraguais sera la dame pour accompagner puis dame d'atours de Marie-Thérèse Raphaëlle de Bourbon-Espagne, première épouse du Dauphin Louis-Ferdinand de France par le brevet du 1er Février 1743. Puis à la mort de celle-ci, elle continua d'exercer sa charge pour la deuxième Dauphine jusqu'à sa mort en 1767. Congédiée par le roi, Diane de Lauraguais restera à la cour et sera pendant très longtemps la maitresse du duc de Richelieu. Celui-ci sachant le reste d'influence qu'elle peut avoir sur le roi, l'utilisera pour ses intrigues comme sa nomination au commandement de l'expédition de Minorque. Le maréchal duc de Richelieu en dit dans ses mémoires :

    "Madame de Lauraguais était de son naturel vive, gaie, enjouée, fertile en bons mots, et tenait beaucoup du caractère de madame de Nesle, sa mère. Le roi, qui l'agaçait autant qu'il en était agacé lui-même, fit un jour son portrait en quatre paroles, en présence de madame de La Tournelle. Je viens de Paris, leur dit-il fort sérieusement, et j'ai vu la rue de madame de Lauraguais.

      

    C'était la rue des Mauvaises-Paroles. Le propos ne pouvait être mieux appliqué. Madame de Lauraguais, assise sur son fauteuil avec sa sœur La Tournelle, occupées l'une et l'autre à se réjouir aux dépens de tout le monde, sans être méchantes, riaient de tous les événements et ne manquaient le ridicule d'aucune dame ni d'aucun seigneur de Choisy" Diane-Adélaïde de Mailly-Nesle, duchesse de Lauraguais meurt le 30 novembre 1769 à Paris, dans sa cinquante-cinquième année.

      

    Elle est inhumée le jour suivant à Saint-Sulpice.

    Cette biographie a été rédigée en collaboration avec le site Histoire-et-Secrets.com

      

    sources

    http://favoritesroyales.canalblog.com/archives/2011/06/12/21376613.html

      

      

      

     

     

     

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    brodé par marie-antoinette

     

    Ce portefeuille, estimé entre 12 000 et 15 000 euros, a été brodé par Marie-Antoinette durant sa captivité. Il est accompagné d'un fac-similé de la dernière lettre de la Reine. Un morceau d'une de ses robes et un volant de dentelles lui ayant appartenu estimés entre 4 000 et 5 000 euros, sont également vendus aux enchères. © Christie's

     

     

      CHARLOTTE de TURCKHEIM (JEFFERSON) film rôle de Marie Antoinette

     

    Princesse autrichienne et épouse de Louis XVI, Marie-Antoinette reste l'une des plus célèbres reines de France. Légende noire pour ceux qui détestent “l'Autrichienne” ou la reine hautaine qui propose au peuple manquant de pain de manger de la brioche, Marie-Antoinette demeure l'un des personnages les plus fascinants de l'histoire de Versailles. Dédiée à l'organisation des divertissements de la cour, réticente au cérémonial imposé par sa fonction… la reine s'attire peu à peu les foudres de l'opinion publique.

     

    Fille de l'empereur François 1er et de l'impératrice Marie-Thérèse, Marie-Antoinette est née le 2 novembre 1755 à Vienne.

     

    Dès sa quinzième année, au sortir d'une enfance privilégiée et libre, où la danse et la musique occupent une place importante, la jeune Autrichienne est conduite à Versailles pour épouser le dauphin.

     

    Cette union suscite pourtant quelques réticences dans l'opinion publique, marquée par des années de guerre contre l'Autriche.

    Lorsque le roi Louis XV meurt le 11 mai 1774, Marie-Antoinette devient Reine de France et de Navarre. Elle est âgée de 18 ans.

     

    Toujours sans héritier à offrir à la France et toujours considérée comme une étrangère, celle que l'on surnomme “l'Autrichienne” devient, dès l'été 1777, la cible de premières chansons hostiles qui circulent de Paris jusqu'à Versailles. Marie-Antoinette s'ennuie et se distrait dans un tourbillon de festivités, de bals, de spectacles et de représentations théâtrales dans lesquelles elle joue elle-même.

     

    La reine adore le théâtre au point d'oser faire jouer au Petit Trianon “Le Mariage de Figaro” de Beaumarchais pourtant interdit par le roi...

    Bien que belle Marie-Antoinette est délaissée par Louis XVI et l'héritier tant désiré tarde à voir le jour. La reine devra attendre huit ans, pour donner naissance à son premier enfant, une fille, la petite “ Madame Royale”. Quelques années plus tard, le 22 octobre 1781, elle met au monde un dauphin, tant désiré : Louis-Joseph Xavier- François. Le dauphin fut baptisé sous les prénoms du frère aîné de Louis XVI. Marie-Antoinette adore ce fils dont toute la cour avait tant souhaité la naissance, mais malade, il meurt à l'âge de 7 ans à Meudon en 1789. C'est son frère cadet Louis Charles de France surnommé “Chou d'amour” qui lui succèdera comme dauphin de France.

     

     

     

     

    Pour apprécier les vidéos 

    cliquer sur le logo central de Mixpod  

    en bas dans la colonne de gauche...  

    le fond musical du blog sera supprimé

     

    Lorsque la Révolution française éclate, Marie-Antoinette pousse le roi à résister. Toujours dans un état d'esprit combatif, elle convainc son époux de s'enfuir, et le 20 juin 1791, la famille royale s'évade de Paris. Mais ils sont finalement interceptés à Varennes et ramenés vers la capitale dans une atmosphère particulièrement tendue. Sous la pression, Louis XVI approuve la Constitution le 14 septembre 1791, mais les rumeurs d'une éventuelle guerre conduite par Léopold II, (Empereur du Saint Empire romain germanique), contre la France ravivent la haine du peuple à l'égard de la reine.

    Enfermée au Temple en août 1792, elle sera transférée à la Conciergerie et jugée au lendemain de l'exécution du roi le 21 janvier 1793. Marie-Antoinette sera condamnée à mort pour haute trahison. Elle sera guillotinée le 16 octobre 1793, sur l'actuelle place de la Concorde. En 1815, ses restes sont déposés dans la basilique Saint-Denis.

    1755 : Naissance de Marie- Antoinette à Vienne 1774 : Reine de France et de Navarre 1792 : La reine et ses proches sont enfermés au Temple 1793 : Exécution de la reine à Paris

    Le saviez-vous ? En 1785, un somptueux collier avait été proposé à la reine Marie-Antoinette par deux joailliers, mais elle l'avait refusé devant l'énormité de la somme qui correspondait au prix de deux vaisseaux de guerre ! La comtesse de La Motte, fit croire au cardinal de Rohan, que la reine souhaitait ce collier et le chargeait de l'acquérir secrètement. Les joailliers confièrent alors le collier à la comtesse de la Motte dont le mari s'empressa de vendre les diamants en Angleterre. Le scandale éclata le 15 août 1785, les escrocs furent arrêtés et le roi confia l'affaire au Parlement. Si le cardinal de Rohan fut relaxé, la reine, peu aimée du peuple, fut calomniée. Cette affaire contribua certainement à la chute de la monarchie.

     

    mèche de cheveux de louis xvi

     

    Plusieurs souvenirs de l'emprisonnement de la famille royale ont échappé à la destruction grâce à la duchesse d'Angoulême et à deux fidèles des souverains, eux aussi enfermés au Temple durant les premières jours de captivité, Madame de Tourzel et le valet de chambre du roi Cléry. Cette mèche de cheveux de Louis XVI enfant en fait partie. Conservée dans un médaillon, elle est estimée entre 2 000 et 3 000 euros. © Christie's

     

    une bague

     

    Souvenir de la reine Marie-Antoinette, cette bague en or renferme une mèche de ses cheveux entrelacés avec ceux du roi Louis XVI. Son estimation varie entre 1 500 et 2 000 euros. © Christie's

     

     

    miniature de louis xvii

     

    Souvenir de Louis XVII, cette très rare miniature le représente enfant, emprisonné au temple et est datée du 24 décembre 1794. Offerte à Madame Royale la veille de Noël 1794, elle porte l'inscription "Cher par son objet, cher par celui qui le traça, il est pour moi un gage de souvenir et de tendresse". C'est l'un des rares portraits du jeune roi au Temple.

     

    paire de lunettes

     

    Des objets ayant appartenus à différents régents sont inclus dans cette vente aux enchères. Parmi eux, cette paire de lunettes de soleil, siglée Bodson (estimation : entre 150 et 200 euros) ayant appartenu au roi Louis-Philippe,

     

     

    Le Régent est un diamant blanc célèbre découvert en 1701 à Golconde, en Inde du Sud.

     

    Lors de sa découverte, il pesait 410 carats et Thomas Pitt, alors gouverneur de Madras, en fait son acquisition pour 20.400 £.

    Quelques années plus tard, en 1717, il le revend 650.000 £ à Philippe, duc d’Orléans et régent de France qui le fait tailler en brillant à Londres et le réduit ainsi à 140,5 carats.

     

    Copie_du_vrai___pour_montrer_la_taille_par_rapport___la_main

     

    Copie (pour voir la taille par rapport aux doigts)

     

    Depuis, le diamant prend le nom de Régent et fait partie du Trésor royal de France. Louis XV le portait sur sa couronne lors de son sacre en 1722, et Marie-Antoinette le portait souvent comme bijou

     

     

      Pot à lait provenant du service de la laiterie de Marie Antoinette à Rambouillet (Manufacture Royale de Sèvres), présenté sous le n° 52 lors de la vente aux enchères de ce vendredi 11 février 2011 à Drouot Richelieu.

    Cet objet, découvert fortuitement par l’Etude de Claude Aguttes, pourrait être classé trésor national dans les prochains jours.

     

    Sources

    D.R.

    Blog - histoire de la mode

    http://un-certain-regard.eklablog.com/tresor-insolite-de-marie-antoinette-c18046254#!/tresor-insolite-de-marie-antoinette-a46299354

      

     

      

     

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    Rose Bertin, ou encore « Mademoiselle Martin », de vrai nom Marie-Jeanne Bertin, née à Bellancourt à côté d'Abbeville, (une rue abbevilloise porte aujourd'hui son nom), le 2 juillet 1747 et morte à Épinay-sur-Seine

    le 22 septembre 1813, est une modiste.

     

    Tienda de Rose Bertin. 

    Le magasin « Le Grand Mogol »

    Fille d'un cavalier de la maréchaussée d'origine picarde, Rose Bertin travaille dès seize ans pour une modiste de Paris.

      

      

    Rose Bertin, couturière et "ministre de la mode" de Marie-Antoinette, aide la Reine à affirmer ses goûts vestimentaires. Ensemble, elles inventent la haute couture (Secrets d'Histoire/Marie-Antoinette intime/Société Européenne de Production).

      

     Coiffure à "la Belle Poule" 1778

    Coiffure à "la Belle Poule" 1778

      

    En 1770, elle ouvre son propre magasin de modes à l'enseigne

    « Le Grand Mogol », dans la rue du Faubourg-Saint-Honoré, à Paris.

    Sa créativité et son sens des affaires font que l'affaire se développe rapidement et emploie bientôt trente salariées et cent-vingt fournisseurs.

    Sa clientèle est essentiellement aristocratique.

      

    Pouf dit la Victoire, 1778

    Pouf dit la Victoire, 1778

      

    La ministre des modes

    Louise Marie Adélaïde de Bourbon, duchesse de Chartres la présente à celle qui est depuis un jour reine, le 11 mai 1774, à Marly, alors que Louis XV vient d'expirer. Elle jouit de la faveur de la reine de France Marie-Antoinette qui trouve en elle sa « ministre des modes » ; elle est d'ailleurs jalousée de sa proximité avec la souveraine.

     

      

    Fait inédit, cette jeune femme qui vient du bas-peuple peut être considérée comme une entrepreneuse avant l'heure, ne devant sa réussite qu'à son talent ;

      

      

    en outre, les métiers de conception de mode sont surtout à l'époque une affaires d'hommes : Rose Bertin inaugure avant l'heure ainsi l'ère des couturières, qui prendra son essor le siècle suivant.

     

     

      

      

    Elle achève la révolution opérée dans les modes par Madame de Pompadour et Madame du Barry. Elle se vit bientôt réclamée dans toutes les cours d’Europe. Les modes explosent de diversité et d’invention

    (coiffure à la belle poule, pouf aux sentiments, chapeau feu l’Opéra, à la Montgolfier ou à la Philadelphie…).

     

      

    Elle deviendra une proche de la reine Marie-Antoinette, elle lui conseilla notamment quand celle-ci ne parvenait pas à avoir d'enfant, d'effectuer le pèlerinage de Notre-Dame de Monflières, petit hameau de son village natal de Bellancourt.

     

    File:Madeline Rose Bertin.jpg

      

    La Révolution

    Pendant la Révolution française, le destin de Rose Bertin et de Marie-Antoinette suivent des routes parallèles, se rejoignent à Versailles et se séparent sur la place de la Révolution, en octobre 1793.

      

      

      

    Elle est accusée d'entretenir les passions dispendieuses de l'ancienne souveraine. Pendant la Terreur, Bertin détruit tous ses livres de caisse et ses factures. Elle continue à travailler et n'émigre qu'au dernier moment en Angleterre.

     

     detail

    Elle revient en 1794 et récupère ses biens, dont sa maison d'Épinay-sur-Seine (qu'elle surnomme le « pavillon Béatus » ; il est classé aux monuments historiques en 1933) où elle décide de rester un an plus tard, mais le Premier Empire ne lui permet pas de retrouver son succès d'antan. Située au bord du fleuve à Épinay-sur-Seine, la maison peut être aperçue depuis l'île Saint-Denis, à la droite de la mairie d'Épinay.

      

      

    Vie privée

    Rose Bertin aurait eu une liaison tumultueuse avec le chevalier d’Éon, mais son cœur battait, disait-on, pour un prince russe. Elle était officiellement célibataire.

     

     

     

     

     

     

     

     

     

    Mode du XVIIIè siècle, Rose Bertin

     

     

    Ici en matière de mode ce n'est pas le Roi mais Marie - Antoinette qui sera concernée et qui sera à sa manière un mannequin avec l'aide de sa Modiste Rose Bertin et de son coiffeur Léonard , elle lancera des modes dans le royaume de France .  

    - La reine engage une jeune modiste du nom de Rose Bertin avec laquelle elle reste enfermée durant des heures , on l'a aussi appelée " La ministre des modes " . Elle lance des robes de style champêtre qui connait un franc succès . - Elle confectionne des poupées habillées de ses créations afin de vanter l'élégance de la cour de France et ainsi s'attacher la plus prestigieuse des clientèles . Elle inventera également des robes légères ( Fichu croisé sur la poitrine comme une robe de campagne ) pour la Reine .

     

     

     
    Rose BERTIN

    - Dans la matinée lors de sa toilette et de son habillement , la Reine est obligée de suivre les rigueurs de l'étiquette :  

    Après que la dame d'atour a passé le jupon et présenté la robe , la dame d'honneur verse de l'eau sur les mains de la reine et lui passe la chemise . Si une princesse de sang est présente , elle remplacera la dame d'honneur et le même cérémonial se répète suivant l'ordre hiérarchique .  

    La reine peut choisir les différents habits qu'elle portera durant la journée dès son lever , quand un garçon de garde - robe apporte les corbeilles et donne à la première femme de chambre un livre contenant des échantillons de tissus de différentes robes .

    Marie - Antoinette plante une épingle sur l'échantillon de son choix pour désigner ainsi le grand habit , la robe - déshabillé de l'après - midi et la robe du souper .

      

      

    La vie de Rose Bertin est un roman.

     

    Jeune couturière pauvre, elle quitte Abbeville et sa Picardie natale pour vernir travailler à Paris. Elle vole vite de ses propres ailes et ouvre son    magasin : Le Grand Mogol.

     

    Le règne de Louis XV touche à sa fin. Bientôt, elle prend le chemin de Versailles et sa vie s’éclaire d’une rencontre inattendue, une flamboyante et royale    amitié. En Rose Bertin, Marie-Antoinette a trouvé son ministre des modes.

     

    Coiffure à la Belle Poule, pouf aux sentiments, chapeau feu d’opéra, bonnet à la chercheuse d’esprit ou en sorcière, quès aco… Les créations de la divine Bertin    explosent de diversité, d’invention. Et Paris devient la capitale du bon goût.

     

    Avec ce roman vrai, Catherine Guennec exhume un destin de femme éblouissant, audacieux, traversé de hasards magnifiques, d’amours secrètes, d’amitiés    indéfectibles. Où l’on croise Jeanne du Barry, Vigée Le Brun, la Polignac, Marie-Thérèse de Lamballe, le Chevalier d’Eon, Chateaubriand, Greuze, Paul Ier de Russie… Et où se rejoignent, pour le    dernier bal, tous les acteurs insouciants d’une page de l’histoire qui s’achève.

     

     

     

    Catherine Guennec fréquente le personnage de Rose Bertin depuis plus de 10 ans. Elle l’a suivi pas à pas de Coblence à Saint-Pétersbourg, en passant par Londres,    Madrid, Vienne, jusqu’à Abbeville.

     

          

     

          

     

          

     

          

     

     

     

    Ce livre retrace la vie de Rose Bertin, picarde, qui entre très jeune comme    ouvrière dans une boutique de mode grâce à l’éducation que lui a donné un prêtre. Sans cette éducation, elle aurait fait comme ses sœurs, tantes, cousines... toutes ouvrières à la    manufacture.

     

    Dans cette boutique de mode, elle y découvre des robes, des bonnets, des plumes, des dentelles…

     

    Petit à petit elle va découvrir le monde de la mode et apprendre les premiers rudiments.

     

    Cette jeune femme adore la couture et aime le travail en atelier « J’adorais les colifichets et les bijoux de tissus, les    bracelets ou les colliers qui se prenaient pour des fleurs. L’atelier était un jardin où poussaient en moins d’une heure des coquelicots, des marguerites, des pivoines, des    roses… ».

     

    Elle se trouvait toujours émerveillée de rencontrer les pratiques (on surnommait les clientes : les pratiques à    l'époque) de cette boutique. Ces femmes sentaient bon la poudre et la violette.

     

    Puis son bonheur de travailler dans cette boutique de mode va être troublé. Sa patronne proche de la faillite, la licencie après 7    années de travail.

     

    Après cet apprentissage, elle décide donc de partir pour Paris. Elle est alors âgée de 15 ans.

     

    D’abord embauchée dans une maison de mode Rue St-Honoré, son expérience, sa créativité et son talent vont la mener, bientôt, à    ouvrir sa propre boutique « Au Grand Mogol » dans cette même rue, et devenir marchande de modes.

     

    Un magasin de mode était, à l’époque, un magasin de luxe.

     

    Grâce à de belles rencontres, ses fées comme elle-dit, mais aussi ses belles inventions dans la mode, elle va bientôt    traverser les portes du Palais Royal à Versailles.

     

    Elle devient alors la modiste de la Reine. Elle y découvrira une profonde amitié envers Marie-Antoinette, une amitié bien    réciproque.

     

    Et elle sera très vite nommée la « ministre de la mode », la « divine Bertin ».

     

    Paris sera la capitale du bon goût.

     

     

     

    Je ne peux vous dévoiler tout le livre tellement y a de choses intéressantes à découvrir sur la vie de Rose Bertin, partie de rien et    devenue celle qui inventa la mode.

     

    La vie de Rose Bertin est riche en rencontres et en évènements. Cette jeune demoiselle était ambitieuse et elle a réussit. Elle a    travaillé toute sa vie et n’a vécu que pour la mode. Elle a habillé le tout Paris puis toutes les souveraines d’Europe qui appellent Rose Bertin à leur Cour. Sa clientèle est    aristocratique.

     

    Il n’y a que l’amour qu’elle n’a pas beaucoup connu, manque de temps…. Elle a eu une liaison tumultueuse avec le Chevalier d’Eon et    s’est pris d’amour pour un prince russe déjà marié avec qui elle correspondait beaucoup.

     

    Les liens que Rose Bertin avaient envers Marie-Antoinette étaient très forts, elle en paiera les conséquences. Car le peuple, comme    vous le savez, se retourna contre la royauté trop dépensière en habillement, bijoux, résidences (le Petit Trianon et St-Cloud) et jeux. Et le destin de Rose Bertin sera associé à celui de    Marie-Antoinette. Rose Bertin sera surnommée « Madame déficit ». On s’en prenait beaucoup à elle pour les dépenses que pouvait faire la Reine, question mode.

     

    Leurs vies seront séparées en octobre 1793 où Marie-Antoinette sera guillotinée.

     

    Rose Bertin restera avec ses fantômes

     

      

     

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     Agnès-Lucie Auguste

    Née le 14 avril 1761, Agnès-Lucie est la fille de Lucie Madeleine d’Estaing et de Louis XV. La preuve en est qu’elle fait partie des sept jeunes personnes qui reçoivent des lettres d’anoblissement de la part de Louis XVI, en août 1774. Comme ses demi-frères et demi-sœurs, Agnès-Lucie reçu elle aussi un capital de 223.000 livres, constitué par son père, Louis XV. Mais officiellement, la petite Agnès-Lucie est baptisée comme étant la fille de Lucie Citoyenne et de Louis Auguste, personnages fictifs mais dont les noms peuvent nous faire sourire.
     Lucie Madeleine d'Estaing, petite maîtresse de Louis XV
     
    Elevée elle-aussi au couvent de Chaillot loin de ses parents, Agnès-Lucie épouse, le 5 décembre 1777, le vicomte Charles de Boysseulh, écuyer du roi. Ce dernier est le neveu de François de Boysseulh, qui a épousé, en 1768, Lucie Madeleine d’Estaing ! Agnès-Lucie devient donc, par son union, la nièce de sa mère. De son époux, Agnès-Lucie aura trois fils  :
    -
    Charles Gabriel Théophile (1780-1859), marquis de Boysseulh. Ep. en 1816 Charlotte Armande de Lavalbousquet de Boreau (dont postérité) - Frédéric Alphonse (1782-1844), sans alliance - Denis (1788-1853), épouse Thérèse Clara Lesage-Pottier (dont postérité)

    Veuve en 1808, Agnès-Lucie décède le 4 juillet 1822 à l’âge de 61 ans. Sa postérité masculine s’éteint en 1955.
    Pour en savoir plus : " Les bâtards de Louis XV et leur descendance" de Joseph Valynseele et Christophe Brun
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    Un jour... une histoire... 02 juin 1793

     

    2 juin 1793

    Arrestation des Girondins
     
     

    Le 2 juin 1793, 80.000 Parisiens en colère assiègent l'assemblée de la Convention.

    Il s'agit essentiellement de gardes nationaux en armes.

     

    Ils réclament la destitution et l'arrestation des députés girondins, que l'on appelle ainsi parce que plusieurs sont originaires du département de la Gironde. Groupés autour de Brissot et Vergniaud, ils sont de leur vivant plus connus sous le nom de Brissotins.

     

     

    La Révolution au tournant  

    Leur crime ? Après la victoire de Valmy (20 septembre 1792) et l'instauration de la République, les Girondins, adeptes d'un pouvoir décentralisé, auraient souhaiter arrêter le cours de la Révolution.

     

    Mais au printemps 1793, une succession de défaites militaires ranime la crainte de l'invasion. Les Vendéens se soulèvent de leur côté pour échapper à la levée en masse. La disette et l'inflation réapparaissent de plus belle.

     

    Au contraire des Girondins, les députés de la Montagne (ainsi appelés parce qu'ils siègent en haut de l'Assemblée) préconisent des mesures draconiennes. Robespierre, leur chef, craint qu'une interruption du processus révolutionnaire n'entraîne une restauration la monarchie.

     

    Les Montagnards font voter une loi sur le cours forcé de l'assignat et ils obtiennent le lancement d'un «emprunt forcé» sur les riches. Ils créent aussi un Tribunal révolutionnaire et un Comité de Salut public.

     

     

    Paris contre la France  

    Les Montagnards bénéficient du soutien des sans-culottes parisiens, de la Commune de Paris et du club des Jacobins, ainsi que des bourgeois enrichis par la vente des biens nationaux. Leurs mesures extrêmes leur rallient aussi le mouvement parisien des Enragés de Jacques Roux.

     

    Les Girondins, bien que tenant les rênes du gouvernement, sont acculés par les groupes de pression parisiens et impuissants à mobiliser leurs propres partisans, pour la plupart en province.

     

    Ils tentent de faire mettre en accusation Jean-Paul Marat, un agitateur populaire qui sait mieux que quiconque manoeuvrer les sans-culottes des sections parisiennes.

     

     

     

    Marat par Joseph Boze (Paris, musée Carnavalet)

     

     

    De façon prévisible, celui-ci est acquitté par le Tribunal révolutionnaire qu'il a lui-même fondé. Il fait un retour triomphal à l'assemblée le 24 avril 1793.

     

    Les Girondins mettent alors sur pied, à la Convention, une Commission des Douze chargée d'enquêter sur des pétitions contre eux-mêmes, qui circulent dans les sections parisiennes de sans-culottes.

     

    Les Montagnards tentent une première fois, le 31 mai, d'organiser une insurrection populaire autour de l'Assemblée pour abattre leurs rivaux. Mais l'insurrection n'aboutit qu'à la suppression de la Commission des Douze.

     

    L'insurrection du 2 juin, préparée avec soin par Marat, met en branle les sections parisiennes de sans-culottes et la garde nationale qui encerclent l'assemblée. Comme les députés sortent pour adjurer les manifestants de rentrer dans leurs sections, le sans-culotte Hanriot, à la tête de la garde nationale, menace de faire tirer les canonniers sur eux.

     

     

     

    Les sans-culottes menacent les députés girondins le 31 mai 1793

    (musée Carnavalet - Paris)

     

     

    Penauds, les élus s'inclinent. Ils reprennent place dans les travées de l'assemblée et votent la mise en état d'arrestation de 29 des leurs, ainsi que l'exige l'insurrection parisienne. Les Girondins, arrêtés et retenus à leur domicile, s'enfuient et tentent sans succès de soulever les provinces. Mais la plupart seront rattrappés et guillotinés.

     

    Les Montagnards ayant enfin les mains libres, ce sera pendant 13 mois la Terreur, voire la Grande Terreur, sous la dictature du Comité de Salut public, un gouvernement de sept membres dirigé avec autorité par Maximilien de Robespierre.

      

      

    SOURCES

    http://acoeuretacris.centerblog.net/6584231-un-jour-une-histoire-02-juin

      

      

      

      

     

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    Un jour... une histoire... 10 juin 1794

     

    10 juin 1794

    La Grande Terreur
     
     
     

    Par le décret du 22 prairial An II (10 juin 1794), l'assemblée de la Convention réduit les procès révolutionnaires à une simple formalité.

     

    Fuite en avant  

    L'assemblée parisienne avait mis «la Terreur à l'ordre du jour»le 5 septembre 1793 mais la répression, les arrestations arbitraires et la peur de la guillotine n'avaient pas suffi à faire reculer les menaces qui pesaient sur la Révolution française et la République.

     

    Celles-ci étaient tout à la fois menacées par l'opposition royaliste, les catholiques restés fidèles à leur foi et les gouvernements étrangers qui craignaient les velléités expansionnistes des armées françaises.

     

    Devant la Convention, Maximilien de Robespierre, qui préside en dictateur le Comité de Salut Public, autrement dit le gouvernement du pays, justifie la Terreur avec des mots terribles :

    «La Terreur n'est pas autre chose que la justice prompte, sévère, inflexible !»

    Il convainc les députés de voter le décret du 22 prairial. C'est le début de la Grande Terreur à Paris comme dans les départements où les représentants en mission répriment les menées anti-révolutionnaires avec plus ou moins de zèle.

     

     

    Les noyades de NANTES

    par le conventionnel Carrier en 1793

    (gravure de Duplessis-Berteaux)

     

    Au total, la chasse aux suspects par la Convention montagnarde et le Comité de Salut Public vont faire environ 40.000 victimes dans l'ensemble du pays, du 5 septembre 1793 à la chute de Robespierre, le 27 juillet 1794. 17.000 victimes sont guillotinées et les autres tuées de diverses façons (fusillades, noyades,...).

     

    Malgré ces excès, la France se reprend à espérer. À l'intérieur, les révoltes sont étouffées, Vendée mise à part. Lyon et Toulon se soumettent et, aux frontières, les armées reprennent vigueur... La victoire de Fleurus écarte le danger d'invasion.

     

    Le sursaut  

    À l'été 1794, la sécurité de la France semble enfin assurée. Beaucoup de députés de la Convention aspirent désormais à profiter tranquillement de leur pouvoir ainsi que de leurs richesses (souvent mal acquises).

      

    Ils ont le sentiment que les principaux buts de la Révolution ont été atteints et se réjouissent des perspectives de conquête ouvertes par la victoire des armes. L'abolition des privilèges de naissance est irréversible, les «frontières naturelles» sont à portée de main et la séparation de l'Église et de l'État est entrée dans les faits.

     

    Les députés s'impatientent devant le régime de Terreur sur lequel s'appuie Robespierre et qui constitue une menace perpétuelle au-dessus de leurs têtes. Ils reprochent par ailleurs à l'Incorruptible d'avoir instauré la Fête de l'Être suprême et de préparer ainsi le retour de la religion.

    Ils s'inquiètent aussi de ses tractations secrètes avec l'Angleterre, en prélude à un accord de paix qu'ils jugent prématuré.

    Fin juillet 1794, après sept semaines de folie meurtrière, le temps de la Grande Terreur...

    et celui de Robespierre leur semble révolu.

      

      

      

      

     

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  • Agnès-Louise de Montreuil

     Portrait supposé de Marguerite Hainault par François Drouais 

     

    Agnès-Louise de Montreuil

      
    La naissance d’Agnès-Louise de Montreuil est attribuée à Louis XV par de nombreux historiens. Née et baptisée le 20 mai 1760 dans le 6e arrondissement de Paris, Agnès-Louise est officiellement la fille de Marguerite Catherine Hainault (ou Haynault) et d’un officier de cavalerie, un certain Louis de Montreuil. Sous cette identité se cache en réalité le roi de France.
      
    Quant à Marguerite Hainault, elle est l’une de ses petites maîtresses. L’enfant est élevée  à Paris, au couvent de la Présentation et, comme Agathe-Louise de Saint-Antoine de Saint-André (fille de Louis XV et de Marie-Louise O' Murphy), elle reçoit des lettres de reconnaissance de noblesse. Celles-ci lui sont accordées en août 1774 par Louis XVI, probablement au courant de l’existence des enfants naturels de son grand-père.
      
    Ces mêmes lettres sont également accordées par le roi à trois autres jeunes filles et deux jeunes garçons. Ainsi, nous avons la certitude que Louis XV fut le père d’au moins huit enfants naturels. Pour chacun d’eux, le Bien-Aimé avait constitué un capital de 223.000 livres, leur assurant ainsi un revenu annuel de 24.300 livres.
      
     
      
    Le 9 décembre 1778 à Chaillot, Agnès-Louise épouse le fils de marquis de Montmelas, Gaspard d'Arod de Montmelas (né en 1747), Capitaine de cavalerie au Régiment d'Artois.
      
    Ce dernier n’est autre que le frère cadet de Blaise d’Arod de Montmelas, qui a convolé en 1766 avec la mère d' Agnès-Louise ! De l’union de Gaspard et d’Agnès-Louise, naissent quatre enfants :
     
    - Louis Victor (1779-1824) sans alliance - Louis César Gaspard (1781-1810), épouse en 1807 Madeleine Mertreau de Chatelard (dont postérité) - Un fils (né et mort en 1782) -  Marie Sidonie (1787-1862), épouse en 1810 Louis-Auguste de Carnazet (dont postérité)
    Veuve en 1815, Agnès-Louise décède le 2 septembre 1837 sur les terres de son époux, à Montmelas. Elle y est enterrée auprès de son mari et de ses fils dans la chapelle de la famille d'Arod.
    Pour en savoir plus :
    " Les bâtards de Louis XV et leur descendance" de Joseph Valynseele et Christophe Brun
      
      
     
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    Un jour... une histoire... 11 juin 1144

     

    11 juin 1144

    Naissance de l'art gothique à Saint-Denis
     
     
     

    Le choeur de la basilique de Saint-Denis, dédiée au  premier évêque de Paris, est solennellement consacré le dimanche 11 juin 1144.

     

      

    L'abbé Suger invite à la cérémonie le roi de France, Louis VII le Jeune, et sa femme, la duchesse Aliénor d'Aquitaine, ainsi que tous les grands personnages du royaume, y compris les évêques et les archevêques.

      

      

      

    Ces derniers, émerveillés par la lumière des vitraux et l'élancement de la structure, regagnent leur diocèse avec le désir de reconstruire leur propre cathédrale dans le style particulier de Saint-Denis.

     

    C'est le véritable début de l'art gothique.

     

     

    Vue de la nef lumineuse de Saint-Denis

     

    Suger, un homme d'exception

     

    Fils d'un serf, Suger s'est hissé par ses seuls talents jusqu'au sommet de l'Église et de l'État, devenant abbé de Saint-Denis, au nord de Paris.

     

     

     

      

    Cette abbaye, dont les plus anciennes parties remontent aux rois mérovingiens de la lignée de Clovis, a été très tôt un lieu de pèlerinage. Dès l'époque de Dagobert, des rois et des princes s'y font inhumer. Pépin le Bref et ses deux fils, Carloman et Charlemagne, y ont été sacrés rois de France par le pape (Charlemagne sera par ailleurs sacré empereur à Rome).

     

     

    L'Abbé Suger sur un vitrail de Saint Denis (XIIème siècle)

     

    Entrepreneur hors pair, Suger fait reconstruire l'église abbatiale de Saint-Denis... Il a le sentiment d'oeuvrer ainsi pour la gloire de l'Église et du royaume. Ses conceptions sont à l'opposé de son contemporain et rival, l'austère Bernard de Clairvaux, qui plaide pour le dépouillement des lieux de culte.

     

      

      

    Dans un premier temps, pour la façade et la crypte de l'église, l'abbé adopte le style roman de l'époque, non sans introduire sur la façade une superbe rosace, la première du genre.

     

     

     

      

      

    Le style roman (ou romain, c'est-à-dire d'inspiration latine) s'est épanoui après l'An Mil en Occident à l'occasion du renouveau de l'Église. Il se caractérise par des voûtes en berceau soutenues par de solides parois en pierre.

     

     

     
      
    Un art français  

    Mais vers 1130, à Sens, à l'occasion de la construction de la cathédrale Saint-Étienne, un nouveau style architectural apparaît subrepticement, plus léger, plus élancé, plus lumineux. L'abbé Suger est séduit par ce nouveau style et décide de s'en inspirer pour l'achèvement de sa chère basilique.

     

      

    Avec la consécration du choeur de la basilique, les contemporains ont conscience d'assister à la naissance d'un nouveau style architectural, proprement révolutionnaire par sa hardiesse et son caractère résolument novateur...

     

     

     

      

    Art gothique ? disons plutôt art français !

     

    Le style architectural qui caractérise le choeur de Saint-Denis est d'abord baptisé «ogival» par référence à l'ogive ou à l'arc brisé, ou encore « art français » car il est né au XIe siècle dans le Bassin parisien, à Sens, Saint-Denis, Laon, Noyon, Paris. Il sera sous la Renaissance baptisé par dérision «art gothique»

      

    (c'est-à-dire « à peine digne des Goths »).

      

    sources

    http://acoeuretacris.centerblog.net/6584281-un-jour-une-histoire-11-juin-1144

      

      

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

      

      

     

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    Le 10 juillet 1754, le duc de Luynes note « On a eu des nouvelles que Mademoiselle Morphise est accouchée d’une fille à Paris ». En effet, le 30 juin, Marie-Louise O’ Murphy, petite maîtresse de Louis XV, a donné le jour à l’enfant de son royal amant. Baptisée le jour de sa naissance par le curé de la paroisse Saint-Paul, la petite fille était dite « fille de Louis Saint-André, ancien officier d’infanterie et de Louise-Marie de Berhini, demeurant rue Saint-Antoine ».

    Louis XV ne comptait pas reconnaître ses enfants naturels, nés de petites maîtresses et d’une brève liaison. Aussi, Agathe-Louise porta le nom de son père fictif ainsi que le nom de la rue où elle naquit ! De suite, elle est enlevée à sa mère et mise en nourrice.

    Par la suite, Agathe-Louise est placée au couvent de la Présentation afin d’y être élevée. Louis XV paye alors la pension de sa fille naturelle et Louis Yon, ancien secrétaire du contrôleur des finances, et Jean-Michel Delage, ancien notaire, hommes de confiance du roi, en sont les tuteurs.

    On ignore si Agathe-Louise rencontra un jour sa mère dont elle avait été séparée dès la naissance. L’Abbé Soulavie relatera plus tard une hypothétique rencontre entre Marie-Louise O’ Murphy et sa fille naturelle : au début des années 1770, Marie-Louise place sa dernière fille, Marguerite-Victoire, née en 1768, dans le même couvent que Agathe-Louise.

    Celle-ci se lie d’amitié avec sa jeune demi-sœur sans connaître le lien qui les unit. Les religieuses auraient ensuite accepté que Marie-Louise rencontre sa fille naturelle à condition de lui cacher qu’elle était sa véritable mère. Cependant, Agathe-Louise finit par découvrir sa véritable identité et, apprenant la chose, le roi ordonna une séparation définitive entre Marie-Louise et leur fille.



    morphise.jpg

    Marie-Louise O' Murphy

     En novembre 1773, alors qu’Agathe-Louise est en âge de se marier, Louis XV lui octroie des lettres de reconnaissance et de maintenu de noblesse afin que sa fille puisse se marier avec un noble. Mademoiselle de Saint-Antoine de Saint-André est alors considérée comme étant « issue de la plus ancienne noblesse ».

    Le roi maintient également Agathe-Louise « dans les titres et qualités de noble acquit par droit de sa naissance sans qu’elle puisse être tenue d’en rapporter d’autres titres ni preuves dont nous l’avons dispensé ». Agathe-Louise est belle, jeune, ressemble beaucoup à Louis XV d’après certains et est dorénavant riche, le souverain ayant constitué un capital de 223.000 livres à la jeune femme. Un projet de mariage est présenté au roi par sa favorite, la comtesse Du Barry :

    il s’agit d’unir Agathe-Louise à son neveu, Adolphe Du Barry, fils de Jean Du Barry dit « le Roué » et « l’une des plus mauvaises réputations du XVIIIe siècle ».

    Louis Yon s’oppose à ce projet, considérant les Du Barry comme « une famille de tarés ». C’est finalement Mans-Jean-René, marquis de La Tour du Pin qu’Agathe-Louise épouse le 27 décembre 1773. Sans rancune, la comtesse Du Barry facilite les débuts à la cour de la jeune marquise. Neuf mois après son mariage, Agathe-Louise meurt, probablement d’une fausse-couche, le 6 septembre 1774.


    Pour en savoir plus : "Les bâtards de Louis XV et leur descendance" de Joseph Valynseele et Christophe Brun

    Batards_louis_XV.bmp

      

      

    SOURCES

     

     

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    Un jour... une histoire... 27 juillet 1794

     

     

    L'exécution de Robespierre

    27 juillet 1794

    Arrestation de Robespierre

     

    Le 27 juillet 1794 prend brutalement fin la dictature de Maximilien de Robespierre et son pouvoir sans partage sur la France révolutionnaire.

     

    Une arrestation turbulente

     

    La veille, le 8 thermidor An II du calendrier révolutionnaire, à midi, l'Incorruptible est monté à la tribune de la Convention et a tenu un discours lourd de menaces dénonçant une «ligue de fripons» mais sans donner de noms.

    Évoquant le succès des armées de la République qui, partout, repoussent l'envahisseur, il lance avec la grandiloquence coutumière de l'époque :

    «la victoire n'a fait que creuser de ses mains brillantes le tombeau de la République», montrant par là sa crainte que l'éloignement des périls n'entraîne un relâchement de la vigilance républicaine, autrement dit de la Terreur ! Il conclut ses deux heures de discours par ces mots menaçants :

      

    «J'ai promis de laisser un testament redoutable aux oppresseurs du peuple ;

    je leur lègue la vérité, et la mort».

     

    Les députés s'inquiètent car la loi de Prairial (10 juin 1794) permet au tout-puissant Comité de salut public et à son président de faire arrêter et exécuter le moindre suspect. Tous ceux qui ont quelque motif de craindre Robespierre prennent peur et se dévoilent.

    Parmi eux Collot d'Herbois, qui proteste contre la «dictature de la vertu», Billaud-Varenne, Barras et Fréron qui se sont impunément enrichis à Marseille, Fouché qui a aussi profité de son autorité pour s'enrichir...

     

    En ce 9 thermidor An II (27 juillet 1794), à midi, Saint-Just, ami de Robespierre et membre du Comité de salut public, s'apprête à dénoncer les suspects à la tribune mais on lui coupe la parole. Robespierre lui-même est houspillé et empêché de monter à la tribune. On le montre du doigt aux cris de : «À bas le tyran !»

     

    Dans un sursaut de courage, un député, Cambon, lance à la tribune une mise en accusation de Robespierre. Un obscur député du nom de Louchet demande finalement son arrestation ainsi que celles de son frère, de Saint-Just, Lebas et Couthon.

     

    S'ensuit une grande confusion. Les prisonniers sont transférés à l'Hôtel de ville et se retrouvent sous la protection des sans-culottes, autrement dit des sectionnaires de la garde nationale, fervents partisans de la Révolution.

     

     

     

     

    Arrestation de Robespierre (gravure d'après Harriet)

     

     

    Tandis que sonne le tocsin, les sectionnaires hésitent sur la conduite à tenir. Pendant ce temps, le député Barras rassemble des troupes et entre dans l'Hôtel de ville.

     

     

    C'est la fin.

    Le chef montagnard est blessé à la mâchoire par un coup de pistolet.

    En piteux état, il est guillotiné le lendemain, le 10 thermidor An II (28 juillet 1794) avec Saint-Just, Couthon et Robespierre jeune, son frère, ainsi qu'une vingtaine d'autres partisans.

    Le jour suivant, quelque 80 robespierristes de plus montent à l'échafaud.

     

    Marquée par la Terreur et l'intolérance, la dictature jacobine n'aura duré qu'un peu plus d'un an dans le cadre d'une Révolution française globalement modérée et libérale, mais en dépit de sa brièveté, elle hantera à jamais la mémoire des révolutionnaires et de leurs opposants.

     

    Relâchement des moeurs

     

    Commence la Convention thermidorienne, en référence aux députés qui abattirent la dictature de Robespierre.

     

    Les vainqueurs, surnommés les «Thermidoriens», libèrent les suspects et mettent fin à la Terreur. Soulagement dans tout le pays. Les bourgeois qui craignaient, la veille, d'être à leur tour guillotinés se relâchent sans retenue.

      

    Se qualifiant par dérision d'«incroyables» et de «merveilleuses», ils se pavanent dans des tenues excentriques (et très déshabillées), à l'exemple de la célèbre Madame Tallien.

     

     

    Merveilleuses et Incroyables au Palais-Royal

     

    (Paris) après la chute de Robespierre

     

    Avant de céder la place au régime du Directoire, les thermidoriens accomplissent par ailleurs une grande oeuvre administrative.

      

     

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    Les Favorites Royales - Jeanne de Pompadour : la favorite qui fut ministre de Louis XV

      

      

    Fille de Louise-Madeleine de la Motte et officiellement de François Poisson, la petite Jeanne-Antoinette née à Paris le 29 décembre 1721. D’une grande beauté, sa mère aurait multiplié les liaisons amoureuses.

    L’absence prolongée de François Poisson, qui s’éloignait souvent pour ses affaires – il était commis de banques- à l’époque de la conception de Jeanne-Antoinette rend peu plausible sa paternité. Le père biologique de Mademoiselle Poisson est sans doute soit Pâris de Marmontel soit –et plus probablement- le financier Charles-François-Paul Le Normant de Tournehem qui montra toute sa vie une attention particulière à Jeanne-Antoinette.

    Après la naissance de cette première fille, Mme Poisson eut encore deux enfants dont on ne peut garantir que François Poisson fut le père : Françoise-Louise (née et morte en 1724) et Abel-François (1725-1781). Impliqué dans une sombre affaire d’argent, François Poisson dû quitter la France en 1727 date à laquelle Louise-Madeleine obtient la séparation d’avec son époux.

      

    La petite Jeanne-Antoinette fut envoyée à l’âge de 8 ans au couvent des Ursulines de Poissy à Paris dont les pensionnaires étaient issues des grandes familles. Jeanne-Antoinette y appris à lire et à écrire. Choyée, Jeanne-Antoinette était cependant de santé fragile et en janvier 1730, sa mère dû la reprendre.

      

    C’est à ce moment là que Charles-François-Paul Le Normant de Tournehem prit en main l’éducation de la fillette en lui prodiguant les meilleurs professeurs de maintient, danse et déclamation de l’époque. Mademoiselle Poisson reçu là une éducation parfaite. D’un caractère joyeux, Jeanne-Antoinette enchantait ses proches et manifesta très vite l’envie de fréquenter les salons. Belle, enjouée et douée pour l’art et la conversation, elle faisait sensation.

    Le Normant prit ensuite la décision de marier la jolie Jeanne-Antoinette. Il aurait pût épouser lui-même la jeune demoiselle Poisson mais parce qu’il devait être certain d’en être le père, il la maria à son neveu Charles-Guillaume Le Normand d'Etiolles le 9 mars 1741. Le 26 décembre de la même année, Mme d’Etiolles met au monde un fils prénommé Charles-Guillaume-Louis. Hélas, l’enfant meurt en 1742. Le 10 aout 1744, Jeanne-Antoinette donnera naissance à une fille, Alexandrine-Jeanne. Durant ses premières années de mariage, Mme d’Etiolles fréquente les salons, rencontre Voltaire ou Diderot et adhère à leurs idées nouvelles.

      

    Elle mène une vie effrénée dans un monde mondain rempli de plaisirs.

    Son mari préoccupé par ses affaires –il est financier- est vite écarté par Louise-Madeleine de la Motte et Charles-François-Paul Le Normant de Tournehem. Les parents de Jeanne-Antoinette visent pour la jeune femme d’une grande beauté et d’un charme naturel une place au sommet : celle de favorite royale. Justement la maitresse en titre de Louis XV, la duchesse de Châteauroux vient de mourir.

    C’est en 1745, alors que Charles-Guillaume d’Etiolles est loin de son épouse que celle-ci croise le roi dans la forêt de Sénart lors d’une chasse (à moins que leur première rencontre n’ait lieu au carnaval donné pour le mariage du dauphin). Pour le roi de France, c’est le coup de foudre. Très vite, Jeanne-Antoinette devient la maîtresse de Louis XV.

    Dés cette année, le roi l’installe au château de Versailles et fait annuler son mariage avec Charles-Guillaume Le Normand d'Etiolles. Le 14 septembre, Mme d’Etiolles est officiellement présentée à la cour et à la reine Marie Leszczynska.

    A la cour, la marquise ne comptait qu'une amie : Elisabeth-Alexandrine de Bourbon-Condé, cousine du roi qui partageait ses idées nouvelles. A Versailles, Jeanne-Antoinette organise fêtes sur réceptions pour amuser le monarque. Celle qui est devenue marquise de Pompadour se fait bientôt surnommée « Maman Putain » par les enfants de Louis XV. En effet, ces derniers ne supportent plus les scandales amoureux de leur père en particulier le dauphin et Madame Adélaïde.

    En juillet 1746, l’héritier de la couronne se retrouve veuf. Jeanne-Antoinette propose alors au roi de le remarier avec la princesse de Saxe Marie-Josèphe contre l’avis de la reine. L’union a lieu en 1747 à la grande satisfaction de la marquise de Pompadour.

    Si elle retient le roi, Jeanne-Antoinette n’en aura pas d’enfants. Entre 1746 et 1749 elle connaîtra une ou deux fausse-couche. A partir de 1751, la favorite qui est de santé fragile et souvent incommodée comprend qu’elle ne peut plus retenir le roi.

    Cependant, elle tient à rester à sa place de favorite en titre. Jeanne-Antoinette décide donc de choisir elle-même les petites maîtresses du roi, souvent des jeunes filles sans grande vertu qui ne retiennent pas longtemps le roi. La seule qui l’inquiètera plus qu’une autre sera Marie-Louise O’ Murphy que Louis XV finira par délaisser revenant vers la marquise.

    A la cour, Jeanne-Antoinette s’entoure d’artistes, d’écrivains et de philosophes au grand scandale de bon nombre de courtisans : outre Diderot, Voltaire ou d’Alembert, la marquise convoque des peintres et des architectes pour donner un nouveau gout aux appartements du château. C’est ainsi que né le style « Louis XV » ou « Pompadour ».

    La marquise développe également la manufacture de porcelaine de Sèvres. Si Jeanne-Antoinette n’est plus la maîtresse du roi, elle a su rester l’amie fidèle et s’intéresse bientôt aux affaires de l’Etat : elle prend des décisions politiques, nomme et renvoit les ministres.

    La marquise soutiendra entre autre la carrière du duc de Choiseul et du cardinal de Bernis. Son frère Abel Poisson tire également profit de la situation de sa sœur et devint surintendant des Bâtiments.

    L’Impératrice d’Autriche Marie-Thérèse lui écrira personnellement, sollicitant l’appuie de la France contre la Prusse. Jeanne-Antoinette poussera Louis XV à soutenir l’Autriche : il en résultera la guerre de sept ans de 1756 à 1763. En 1752, la marquise reçoit les honneurs du tabouret réservés aux duchesses. En 1756, elle est nommée dame du palais de la reine. Un drame vient secouer la marquise en 1754 : sa fille Alexandrine meurt d’une péritonite le 14 juin loin de sa mère.

    Mme de Pompadour ne se remettra jamais de la perte de sa fille. Il s’avère bientôt que Jeanne-Antoinette n’est pas fine politicienne même si elle occupe la place virtuelle de premier ministre du roi et siège au Conseil : la France s’endette dans la guerre de sept ans, perd la bataille Rossbach en 1757 et le Canada. La France est dans une crise financière grave : Louis XV doit aller jusqu’à faire fondre son argenterie, geste que fit également la marquise de Pompadour pour donner l’exemple.

    En 1763, le traité de Paris met fin à la guerre de sept ans – tout en humiliant la France qui perdait beaucoup- mais Jeanne-Antoinette est trop épuisée pour se réjouir de la fin de la guerre. Le train de vie de la cour, la lutte permanente contre de potentielles rivales et contre le clan anti-Pompadour (rassemblant les enfants du roi) et la mort de la petite Alexandrine l’ont affaiblit.

    Souffrant de troubles respiratoires et cardiaques, Jeanne-Antoinette est malade continuellement souffrant de bronchites, fièvres et crachements de sang. En février 1764 elle contracte une pneumonie.

    Mme de Pompadour voit Louis XV pour la dernière fois le 14 avril. Après avoir reçu l’extrême-onction, Jeanne-Antoinette meurt le 15 avril 1764 au château de Versailles.

      

    Elle fut la seule favorite à mourir dans la demeure royale.

    Le roi organisa ses obsèques mais ne pu y assister.

    Les funérailles eurent lieux à l’église de Notre-Dame le 17 avril.

    En regardant le convoi funéraire depuis son balcon, Louis XV déclara

    « Voilà les seuls devoirs que j’ai pu lui rendre…une amie de vingt ans ».

    Le souverain manifesta un profond chagrin à la mort de celle qu’il n’avais jamais cessé d’aimer.

      

      

     

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    Les Favorites Royales - La petite reine de Louis XV -

    Le 21 octobre 1737 à Rouen, Mme O’Murphy, épouse de Daniel O’ Murphy, met au monde une petite fille baptisée Marie-Louise. L’enfant passe son enfance au couvent où elle apprend « les manière du monde » puis elle revient dans sa famille aristocratique quoique point fort aisée. Marie-Louise ne semble pas être destinée à avoir une place importante dans l’histoire de France.

    La seule fortune de Marie-Louise reste sa beauté.

    On la dit jolie, fine, enjouée, blonde (ou brune selon les témoignages) bref, elle plait. En 1752, Mademoiselle O’Murphy rencontre Lebel, valet de chambre du roi Louis XV. Il semble bien que les mérites physiques de la jeune Marie-Louise aient couru jusqu’ à Versailles. Il faut dire que la même année, le peintre François Boucher avait fait de la belle demoiselle un magnifique portrait qui mettait bien en lumière la beauté de Marie-Louise.

      

    C’est donc à partir de 1752 que Marie-Louise O’Murphy, 15 ans –que tout le monde nomme désormais « la belle Morphise »- devient la maîtresse de Louis XV qui fut conquis par sa beauté, sa jeunesse et sa naïveté. Pas si naïve que cela pourtant notre Marie-Louise : outre son talent de musicienne, elle influence Louis XV et lui ouvre les yeux sur l’avancée du mouvement philosophique orchestré par Voltaire.

      

    Maîtresse oui mais pas favorite en titre pour autant. En effet, la marquise de Pompadour tient toujours cette place à la cour de Versailles même si depuis 1750, elle ne partage plus le lit du Bien-Aimé. Jeanne-Antoinette de Pompadour est désormais l’amie de Sa Majesté mais entend conserver sa place privilégiée à la cour. Ainsi, c’est elle qui choisi les maîtresses du roi et veille à ce que Louis XV s’en lasse rapidement. La marquise craint en effet qu’une nouvelle favorite ne la fasse chasser du palais.

      

    Or, cette fois, Jeanne-Antoinette n’a pas choisi la belle Morphise. Le roi est allé la chercher lui-même sans la consulter. Le monarque tient à rester discret et installe Marie-Louise au parc aux cerfs (notre actuel Quartier Saint-Louis). La jeune femme a à sa disposition deux cheveux et une voiture pour la conduire au palais lorsque le roi la réclame. Parfois, c’est lui qui se déplace de nuit jusque chez le belle Morphise. Louis XV ne semble pas envisager d’en faire une nouvelle favorite officielle. Pour parler de sa petite maîtresse en public, Louis XV utilise le terme de « Sirette » le féminin de « Sire ». Ceux qui connaissaient la liaison du souverain en déduisaient bien que Marie-Louise O’Murphy était devenue la petite reine de Louis XV.

    Le 20 juin 1754, Marie-Louise met au monde une fille, Agathe-Louise de Saint-Antoine de Saint-André. Cette naissance conforte la position de la jeune mère et Mlle O’Murphy se voit déjà déclarée maîtresse en titre. D’ailleurs, le roi semble de plus en plus épris d’elle. Marie-Louise fini par exiger de son royal amant qu’il l’installe à Versailles et renvoie la marquise de Pompadour qu’elle surnomme « la vieille ».

      

    Cela déplait beaucoup à Louis XV qui n’envisage pas du tout de se séparer de la marquise. Marie-Louise va jusqu’à s’allier avec le clan anti-Mme de Pompadour, ce qui la perd aux yeux du roi. En 1755, la belle Morphise doit épouser, selon les vœux de Louis XV, Jacques de Beaufranchet d'Ayat, officier du régiment de Beauvais. La belle Mophise partait avec 20.000 livres de dot et 1000 livres de bijoux.

      

    Marie-Louise ne reverra plus le roi à qui elle a voulu imposer trop tôt ses exigences. Son époux décède le 5 novembre 1757 à la bataille de Rossbach. Le 22 novembre, Marie-Louise accouche d’un fils, Louis-Charles-Antoine comte de Beaufranchet (mort en 1812). A 20 ans, le jolie veuve ne compte pas rester seule et se remarie en 1759 avec François le Normand comte de Flaghac.

    De cette union naquit une fille, Marguerite en 1768.

    En 1783, Marie-Louise était de nouveau veuve et convola en troisième noces en 1795 avec Louis-Philippe Dupont dont elle divorça en 1797. La petite reine de Louis le Bien-Aimé mourut à Paris le 11 décembre 1814 à l’âge de 77 ans.

    Sa royale fille, Agathe-Louise avait épousé en 1773 René-Jean-Mans de La Tour du Pin. Elle décéda le 2 septembre 1774 à peine âgée de 20 ans.

      

      

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    Le 2 septembre 1741, Pauline Félicité de Nesle, comtesse de Vintimille, met au monde un fils à Versailles. La jeune femme est la maîtresse de Louis XV depuis 1739.
      
    En septembre de la même année, le roi avait marié sa nouvelle conquête à Jean-Baptiste-Félix de Vintimille, marquis de Luc auquel une grosse somme d’argent fut versée pour sa complaisance. D’après certains, l’union du comte de Vintimille et de Pauline de Nesle ne fut jamais consommé. Pourtant, lorsque la jeune femme annonce sa grossesse en 1740, son époux manifeste tout d’abord une « joie extrême ».
      
    Puis, il se ravise et clame qu’il n’a « aucune part à cette grossesse » et que cela est « l’ouvrage du Roi ». Il est exact que Louis XV se montre très prévenant à l’égard de Pauline de Nesle durant toute sa grossesse qu’elle passe auprès de lui. D’après le marquis d’Argenson, le monarque n’a jamais montré à la reine de telles marques de sollicitudes au cours de ses nombreuses grossesses. Après la délivrance, Louis XV « va voir l’accouchée quatre ou cinq fois par jour ».
      
    Hélas, le 10 septembre, la comtesse de Vintimille décède des suites de l’accouchement à l'âge de 29 ans. Le roi se montre « inconsolable » et dans « une affliction épouvantable » en apprenant le trépas de sa maîtresse. Le monarque se rend responsable de sa mort, l’ayant mis enceinte. Louis XV voue une grande tendresse à l’enfant comme le rapporte le marquis d’Argenson en novembre :
      
    « Le Roi regarde l’enfant que Mme de Vintimille a laissé comme son fils ; on lui amène souvent secrètement dans son cabinet ». 
      
     
      
    Si Louis XV se sépare ainsi de son fils naturel, c’est qu’il n’a pas envie de reproduire l’exemple de Louis XIV qui légitimait ses bâtards et les installait à la cour auprès de la famille royale. En outre, les Vintimille possèdent des biens et ont les moyens de prendre l’enfant en charge. A la cour cependant, Charles-Emmanuel de Vintimille gardera le surnom de « Demi-Louis » tant il ressemble au roi. Louis XV revoit son fils naturel au moins une fois, une dizaine d’années plus tard. A l’époque, sa favorite, la marquise de Pompadour, souhaite unir Charles-Emmanuel de Vintimille à sa fille légitime, Alexandrine Lenormant d'Etiolles.
      
    N’ayant pas eu d’enfant du roi, Mme de Pompadour voit dans cette union le moyen d’avoir avec le souverain des petits-enfants en commun. La marquise organise alors la venue de Charles-Emmanuel et de son gouverneur en son château de Bellevue où se rend régulièrement Louis XV. Tandis que le jeune garçon s’amuse avec la petite Alexandrine, Mme de Pompadour glisse au roi « Ce serait là un fort beau couple ».
      
    Cependant, Louis XV, en apprenant l’identité du petit garçon, ne relève pas les propos de sa favorite et lorsque la marquise avance, pour flatter le monarque, que Charles-Emmanuel ressemble à son père, Louis XV réplique « Je ne savais pas que vous connaissiez si particulièrement le marquis de Luc ». L’affaire d’une possible union entre Alexandrine Lenormant d'Etiolles et le fils naturel de Louis XV en restera là : non seulement le roi ne semble pas y porter de l’intérêt mais la fille de Mme de Pompadour meurt en 1754.
     
     
     
    pauline_vintimille.jpg
    Pauline Félicité de Nesle

     Charles-Emmanuel de Vintimille fait carrière dans l’armée : en 1758, il fait partie du Régiment de Bourbon-Cavalerie. Il devient ensuite capitaine l’année suivante puis gouverneur de Porquerolles et de Lingoustier en 1764. L’année suivante, il est promu colonel du régiment Royal-Corse. Enfin, en 1781, il devient maréchal de camps.
      
    Il ne semble pas que sa montée en grade dans l’armée soit due à sa royale naissance, mais plutôt à son mérite : dans son dossier militaire, on peut lire à propos de Charles-Emmanuel de Vintimille « Excellent colonel, mène parfaitement son régiment, commande bien, se conduit à merveille à la tête de ce corps ».
      
    Le 26 novembre 1764, Charles-Emmanuel épouse Adélaïde Marie Marguerite de Castellane-Esparron. Le couple aura trois enfants :
    -
    Charles-Félix René (1765-1806) comte de Vintimille et marquis de Luc
    -
    Adélaïde Pauline Constantine (1767-1828) future marquise de Sainte-Alvère
    -
    Candide Dorothée Louise (1767-1825) future comtesse du Muy et de Saint-Mesme

     

    Adélaïde de Castellane-Esparron décède malheureusement d’une fausse-couche le 29 mars 1770 à l’âge de 24 ans. Charles-Emmanuel de Vintimille ne se remariera pas. Lorsqu’ éclate la Révolution Française, le marquis de Luc prend la sage décision de quitter la France. On ne sait rien de ses années d’émigration si ce n’est qu’il représente les princes de la famille royale à Turin pendant quelques temps.

      

    Charles-Emmanuel rentre en France en 1800. Il est d’abord placé sous surveillance à Fontainebleau puis, en 1808, il s’installe à Versailles puis à Saint-Germain en Laye. C’est là qu’il décède le 14 février 1814 à l’âge de 72 ans.


    pour en savoir plus : "Les bâtards de Louis XV et leur descendance" de Joseph Valynseele et Christophe Brun

    Batards_louis_XV.bmp

      

      

    SOURCES

     http://www.histoire-et-secrets.com/articles.php?lng=fr&pg=1187

     

     

     

     

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    Liste des maitresses du Bien-Aimé

    1. Louise-Julie de Mailly-Nesle, comtesse de Mailly (1710-1751). Liaison avec le roi de 1733 à 1739 puis de 1741 à 1742
    2. La fille d’un boucher de Poissy ou de Versailles. Elle transmet la chaude-pisse (maladie vénérienne) au roi. Liaison avec le roi vers 1738
    3. Madame de Beuvron, amie intime de la comtesse de Mailly. Liaison avec le roi vers 1738
    4. Marie-Anne de Vougny dite Madame Amelot, femme d’un ministre et jolie bourgeoise du Marais. Liaison avec le roi vers 1738.
    5. Pauline-Félicité de Mailly-Nesle, comtesse de Vintimille (1712-1741). Liaison avec le roi de 1739 à 1741
    6. Diane-Adélaïde Mailly-Nesle, duchesse de Lauraguais (1714-1769). Liaison avec le roi vers 1742 puis en 1745
    7. Hortense-Félicité de Mailly-Nesle, marquise de Flavacourt (1715-1799). Elle résiste au roi. Liaison avec le roi vers 1742
    8. Marie-Anne de Mailly-Nesle, marquise de La Tournelle puis duchesse de Châteauroux (1717-1744). Liaison avec le roi de 1742 à 1744
    9. Jeanne-Antoinette Poisson, marquise puis duchesse de Pompadour. Liaison avec le roi de 1745 à 1764
    10. Une inconnue surnommée « Rose-Blanche ». Date inconnue
    11. Une inconnue surnommée « Belle-Nuit ». Date inconnue
    12. Une inconnue surnommée « la Pudeur ». Date inconnue
    13. Sophie de Vignerot du Plessis de Richelieu. Date inconnue
    14. Mme de Grandis. Date inconnue
    15. Mme de Martinville. Date inconnue
    16. Mlle de Ville, courtisane professionnelle. Date inconnue
    17. Mme de Beaunier. Date inconnue
    18. Mlle de Malignan. Date inconnue
    19. Mme de Salis. Date inconnue
    20. Françoise-Catherine Boutinon Deshayes, Madame de La Pouplinière (1714-1756). Date inconnue
    21. Marie-Françoise-Marguerite de Talleyrand-Périgord (1727-1775), comtesse de Périgord. On la pousse dans le lit du roi mais elle repousse ses assiduités. Liaison avec le roi vers 1747
    22. La princesse de Rohan, fille de la princesse de Montauban. Liaison avec le roi vers 1747
    23. Marie-Anne-Françoise de Noailles, comtesse de La Marck (1719-1793). Liaison avec le roi vers 1748
    24. Anne-Marie de Montmorency-Luxembourg, princesse de Robecq (1729-1760). Liaison avec le roi vers 1748
    25. Marie-Françoise de Carbonnel de Canisy, marquise d’Antin puis comtesse de Forcalquier (1725-1796). Liaison avec le roi vers 1749
    26. Françoise de Chalus, duchesse de Narbonne-Lara, première femme de chambre de la duchesse de Parme (1734-1821). Liaison avec le roi vers 1750
    27. Marie-Géneviève Radix de Saint-Foix, épouse d’un commis de finances (1729-ap.1809). Elle est également la maitresse du dauphin. Liaison avec le roi de 1750 à 1751
    28. Irène du Buisson de Longpré (†1767), fille du seigneur de Longpré. Liaison avec le roi vers 1750 puis vers 1760
    29. Charlotte-Rosalie de Romanet, comtesse de Choiseul-Beaupré (v.1733-1753). Liaison avec le roi en 1752
    30. Mlle Trusson, fille de Mme Trusson. Fille d’un commis des affaires étrangères et d’une femme de chambre de la dauphine Marie-Josèphe de Saxe. Sa mère était l’une des proches de la marquise, elle est poussée par celle-ci dans le lit du roi. Liaison avec le roi vers 1752
    31. Mlle Niquet. Fille d’un président du parlement de Toulouse. Liaison avec le roi vers 1752
    32. Mlle de Saint-André, nièce d’une coiffeuse. Liaison avec le roi vers 1752
    33. Marie-Louise O’Murphy, dite de Boisfailly (1737-1814). Fille d’un officier aux armées. Liaison avec le roi de 1752 à 1755
    34. Thérèse Guerbois (v.1737- ?). Liaison avec le roi en 1754
    35. Brigitte O’Murphy (1727-1793). Liaison avec le roi en 1755
    36. Mlle Fouquet, fille d’une coiffeuse. Elle fut dotée et mariée par le roi. Liaison avec le roi vers 1755
    37. Mlle Robert. Liaison avec le roi vers 1755
    38. Mlle David, qui finit ses jours dans un couvent en 1764. Liaison avec le roi entre 1755 et 1759
    39. Mlle Armory, dite « Mimi », fille d’un danseur à l’Opéra. Mariée avec un américain après avoir été la maîtresse de Louis XV et de Choiseul. Liaison avec le roi entre 1755 et 1759
    40. Gabrielle-Charlotte Françoise d‘Hénin-Liétard (1729-1809), vicomtesse de Cambis, née princesse de Chimay. Elle est poussée dans le lit du roi par sa tante, Mme de Mirepoix. Liaison avec le roi en 1756
    41. Dorothée, fille d’un porteur d’eau de Strasbourg. Liaison avec le roi vers 1756
    42. Mlle Selin, d’origine bretonne et probablement bourgeoise. Liaison avec le roi vers 1756
    43. Marie-Anne de Mailly-Rubempré, marquise de Coislin, parente des Sœurs Nesle (1732-1817). Liaison avec le roi vers 1757
    44. Marie-Louise de Marny, Madame de Giambone. Liaison avec le roi vers 1758
    45. Marguerite-Catherine Haynault, fille d’un entreposeur de tabac (1736-1823). Liaison avec le roi de 1759 à 1762
    46. Marie-Madeleine Couppier de Romans, Madame Varnier. Liaison avec le roi vers 1759
    47. Lucie-Madeleine d’Estaing, bâtarde du marquis d’Estaing (1743-1826). Liaison avec le roi de 1760 à 1763
    48. Anne Couppier de Romans (1737-1808). Liaison avec le roi de 1760 à 1765
    49. Louise-Jeanne de Tiercelin de La Colleterie (1746-1779). Fille d’un cavalier de la maréchaussée. Liaison avec le roi de 1762 à 1765
    50. Béatrix de Choiseul, duchesse de Gramont (1730-1794). Liaison avec le roi vers 1764
    51. Anne-Thoynard de Jouy, comtesse d’Esparbès de Lussan (1739-1825). Liaison avec le roi entre 1763 et 1765
    52. Marie-Adélaïde de Bullioud, comtesse de Séran. Liaison avec le roi vers 1765
    53. Catherine-Éléonore Bénard, fille d’un écuyer de la Bouche du Roi (1740-1769). Liaison avec le roi vers 1768
    54. Marie-Thérèse Boisselet (1731-1800). Liaison avec le roi vers 1768
    55. Jeanne Bécu de Cantigny, comtesse du Barry (1743-1793). Liaison avec le roi 1768-1774
    56. Maire-Catherine de Brignole Sale (1737-1813), princesse de Monaco. Liaison avec le roi vers 1771
    57. Une demoiselle de Smith. Liaison avec le roi vers 1771
    58. Madame Bèche, femme d'un musicien de la chambre du Roi. Liaison avec le roi vers 1771
    59. Françoise-Marie-Antoinette de Saucerotte, Mlle de Raucourt (1756-1815), actrice de la comédie. Liaison avec le roi vers 1772
    60. Madame d’Amerval, fille naturelle de l’abbé de Terray. Liaison avec le roi vers 1772
    61. Rose-Marie-Hélène de Tournon, vicomtesse du Barry et parente du prince de Soubise. Liaison avec le roi vers 1773

    62. Albertine-Elisabeth van Nyvenheim (1742-1805), Madame Pater, née baronne de Nieukerque. Elle sera utilisée à plusieurs reprises pour remplacer la Du Barry dans le lit du roi, notamment dans les dernières années de son règne. Liaison avec le roi vers 1774

     

     

    Cette liste des maitresses du Bien-Aimé a été rédigée en collaboration avec le site Histoire-et-Secrets

    Sources

    http://favoritesroyales.canalblog.com/archives/2012/06/27/24591745.html

     

     

     

     

     

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    Louise-Julie de Nesle, première maîtresse de Louis XV

    Portrait_of_a_Lady__said_to_be_Louise_Julie_de_Nesle__Comtesse_de_Mailly_by_Alexis_Grimou

      

    Louise-Julie naît le 16 Mars 1710, un mois après la naissance du roi de France, Louis XV. Elle est la fille aînée des cinq de Louis III de Nesle et d’Armande-Félicitée de La Porte-Mazarin. elle est aînée de cinq filles du couple Nesle. Louise connaîtra encore quatre sœurs : Pauline (1712-1741), Diane-Adélaïde (1714-1769), Hortense (1715-1799) et enfin Marie-Anne (1717-1744). Le père de Louise-Julie, Louis III de Nesle descend d’une très ancienne et grande famille des Nesle qui remonte au haut-moyen-âge. Quant à sa mère, Armande-Félicitée, elle est la petite fille d’Hortense Mancini et donc par conséquence, arrière-petite-nièce du célèbre cardinal de Mazarin.

      

    Louise-Julie donc par son père et sa mère, appartient à des illustres et nobles familles. Louise-Julie ne passe pas une enfance très paisible, sa mère fréquente beaucoup d’amants et a de nombreux enfants illégitimes de ses aventures. "Mademoiselle de Mailly" n’a que seize ans lorsqu’elle épouse en 1726, Louis-Alexandre, comte de Mailly et Seigneur de Rubempré de 16 ans son ainé, qui est le cousin germain de son père. Son époux était débauché, le contrat de mariage ne fut pas respecté par les beaux-parents, et le couple se trouva souvent dépourvu de moyens. On disait: " C'est le mariage de la faim et de la soif "...

    Grâce à sa haute naissance, Louise entre dès l’âge de dix-neuf ans au service de la reine Marie Leszczynska comme dame d’honneur. La jeune femme fut délivrée de son époux qui n’appréciait pas la cour et demeurait sur ses terres. Elle avait pris dans l'entretemps, un amant, le marquis de Puisieux qui en devient amoureux et qui la consola de son mari. Le roi la remarque dès 1732 mais ne fait rien car il est encore très épris de son épouse. Pourtant, les grossesses à répétition de la reine commencent à lasser Louis. Bachelier et Lebel pourvoie à leur maître quelques passades amoureuses mais qui n'assouvissent pas ses désirs.

    Le Cardinal de Fleury dut se rendre à la réalité. Il fallait trouver au souverain une maitresse-en-titre capable de lui tirer de son ennui. Afin d'éviter que le choix du roi (ou de ses amis) ne se porte sur une femme ambitieuse susceptible d'exercer quelque influence sur le souverain, Le choix se porta sur Mme de Mailly. Ainsi, et avec la complicité du Cardinal de Fleury (qui devient son protecteur) ainsi que celle de Mlle de Charolais (qui voulait avoir un ascendant sur son jeune cousin), de la comtesse de Toulouse ainsi que de Bachelier, premier valet de chambre du roi, Louise entreprend une relation avec le roi pour le sortir de son ennui.

    Mais il fallait d'abord chasser l'encombrant marquis de Puisieux qui était fou amoureux de sa maitresse. Pour l'éloigner de bon de Mme de Mailly on lui fit miroiter le poste d'ambassadeur à Naples mais il refuse disant qu'il ne partirait que sur ordre de sa maitresse. Et ce que fit Mme de Mailly. Le marquis fut fort surpris et frappé par la décision de sa maitresse à laquelle il ne se connaissait pas de successeur.

    La liaison de Louis XV et de la comtesse de Mailly débutera en 1733 et restera secrète jusqu’en 1737, année où la reine donne naissance à sa dernièreLouise1

    enfant, Madame Louise et les deux amants utiliseront des portes et couloirs dérobés pour se voir. Mais en 1738, Marie Leszczynska ferme définitivement la porte de sa chambre au roi pour raison de santé (les médecins lui ayant conseillé de ne plus tomber enceinte car une autre grossesse peut nuire à sa santé).

    Louis s’affiche alors publiquement et sans scrupules avec la comtesse de Mailly. Ses contemporains décrivent le portrait d'une jeune femme enjouée, bonne, tendre, adroite et désintéressée. Pourtant Louise qui est si douce et réservée, est sans grande beauté : elle a un long nez, une grande bouche, un teint brun, cheveux bruns, des joues plates, une voix rude et une démarche masculine.

    Mais elle a un front ayant le poli d’ivoire, est très bien faite et adore l’intimité (ce que Louis XV aime également). Elle est aussi fort élégante et sait mettre en valeur quelques avantages que la nature lui a donnés. Le valet de chambre de Louis XV la dépeint ainsi : "Grande et bien faite, c'est une belle brune piquante, sa gorge est blanche et si son nez est un peu long, les yeux sont magnifiques". Louise fut certainement celle qui, parmi les sœurs Nesle (et presque toutes les favorites et maîtresses de Louis XV), aima le roi d’un amour totalement désintéressé voire sincère.

    Eloignée de toute intrigue, Mme de Mailly reste en extase devant ce souverain qui lui témoigne régulièrement sa flamme, malgré les scrupules religieux qui l'assaillent parfois. En fait il quittait parfois sa maitresse pour rejoindre le lit de la Reine où pleurant et à genoux, lui demandait plusieurs fois de lui accorder le pardon. Malgré sa position de favorite royale, elle ne demandait rien au roi ni pur elle ni pour ses proches. Louis XV d’ailleurs, ne lui donnait presque rien puisqu’elle ne le demandait pas. Même la pension qu’il lui versait était bien maigre et Louise portait parfois des robes trouées et usées.

    Quoique Louise-Julie de Mailly-Nesle soit la favorite déclarée de Louis XV, en revanche, elle est respectueuse envers la reine. Louis XV parait heureux de sa maitresse (même s'il la trompait quelques fois avec les autres dames telles que Mme de Breuvon ou Mme Amelot) et Fleury est satisfait d'un plan qui n'entrave pas la marche du gouvernement. Il ne va pas pourtant tarder à déchanter. Louise, dans sa grande bonté (et naïveté) introduit bientôt à Versailles sa sœur Pauline qui vient de finir son éducation au couvent de Port-Royal. Après avoir écrit plusieurs lettres à sa sœur, Pauline veut venir à la cour et la supplanter dans le cœur du roi. Pauline est aussi vive, insolente, mordante et laide que sa sœur aînée est réservée, timide et sans grande beauté.

    Il apparaît bien vite que Louise ne sert plus que de paravent aux amours du roi et de sa sœur. Mais en septembre 1741, Pauline décède brusquement lors d’un accouchement et Louis, éploré, retourne auprès de la comtesse de Mailly. Le roi installe Mme de Mailly dans un appartement secret aménagé au-dessus du sien au-dessus du sien.Mais cette dernière ne parvenait plus a égayer les petits soupers des cabinets. Elle pleurait et le roi aussi. Lorsque celui-ci partageait son lit, il se réveillait pendant la nuit pour réciter un acte de restriction. Pour se recoucher ensuite auprès de sa maitresse parée comme une châsse puisqu'elle ne pouvait pas dormir sans ses bijoux. Elle avait appelé une autre de ses soeurs, Mlle de Montcarvel qui fut sa maitresse de très courte durée. Il l'avait renvoyée et s'empressa de la marier au duc de Brancas.

    louise_julieLa cour s'enlisait dans l'ennui et les courtisans se demandaient qui allait succéder Mme de Mailly dans le lit du roi. Et une fois de plus, Louise encore sans défiance, fait entrer à la cour ses deux dernières sœurs, les plus jeunes, Hortense et Marie-Anne. Le roi de France alors amoureux fou, courtise la première, qui repousse ses avances puis la deuxième, qui finit par accepter de devenir sa maîtresse en titre. Louis XV mettra alors définitivement un terme à sa relation avec Louise.

    Celle-ci quitte alors Versailles en 1742 pour Paris où, honteuse, elle porte désormais un cilice. Elle vient d’être bannie par le roi à la demande de sa sœur, Marie-Anne, qui souhaite être la seule favorite officielle de Louis XV. Louise de Mailly se retire à Paris où elle vit dans la charité, la dévotion et la pauvreté. Touchée par un sermon du père Renaud, ce disciple du père Massillon, Mme de Mailly se sentait tout à coup ravie et dégoûtée d'elle-même par cette parole douce et pénétrante qui parlait du bonheur de vivre avec Dieu.

    Un jour où elle devait diner chez M. de Boissière, elle faisait dire qu'elle ne pouvait plus s'y rendre et c'est là qu'on apprit le grand renoncement de Mme de Mailly : elle quittait le rouge et les mouches. Elle s'était complètement métamorphosée et de ce jour, elle se vouait à une pénitence exemplaire. Le Jeudi Saint de l'année 1743, la Cour et le peuple se pressaient chez les soeurs grises de Saint-Roch pour voir Mme de Mailly, qu'accompagnait la jeune veuve du duc de La Trémoille pour le lavement des pieds.

    Elle consacrait tout son argent pour des bonnes oeuvres. Elle ne s'employait qu'à visiter les pauvres et les prisons, n'hésitant pas à se ruiner voire se dépouiller en secours et en charités, à peine se réservait-elle pour son nécessaire personnel deux ou trois écus de six livres. Cette vie d'immolation et de sacrifice menée avec courage, avec gaîté même, dura jusqu'au 30 novembre 1751 où la comtesse de Mailly mourait à l’âge de quarante et un ans en odeur de sainteté avec le cilice sur la chair.

    Son légataire universel fut le jeune comte du Luc, fils du roi et de sa jeune soeur, Mme de Vintimille, qu'elle avait adopté ; son exécuteur testamentaire, le prince de Tingry à qui elle laissa un diamant de prix et une somme de 30 000 livres qui était destinée à payer ses créanciers. L'ancienne favorite fut enterrée selon ses veux, au cimitière des Innocents, parmi les pauvres. Une méchante personne dit de cette ancienne pécheresse : "Voilà bien du train pour une putain." et se vit répondre, "Puisque vous la connaissez, priez Dieu pour elle !"

      

      

    Rédigée en collaboration avec le site Histoire-et-Secrets.com

    Sources :

    http://favoritesroyales.canalblog.com/archives/2011/06/12/21376512.html

      

     

      

      

      

     

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  • Louise Liard-Fleury

     

     

    Née vraisemblablement à Stuttgart en 1771, Louise Fusil est issue d'une famille d'acteurs dont le plus connu est son grand-père François Liard-Fleury, un temps comédien du Théâtre-Français. Sa prétendue parenté avec son homonyme, Abraham-Joseph Bénard, dit Fleury, le fameux acteur de la Comédie-Française, est douteuse. François Liard a épousé une demoiselle Clavel, tante de la célèbre cantatrice Antoinette Clavel, mieux connue sous le nom de Mme Saint-Huberti.

    Cette dernière initie Louise à l'art du chant et la fait venir à Paris où elle devient l'élève de Piccini. Le père de Louise, Henri Liard-Fleury, et sa mère, Catherine Durussose, sont également acteurs. Peu de temps avant que n'éclate la Révolution, Louise épouse, à Toulouse, le comédien Fusil.

    Ami de Talma, il participe aux spectacles du Théâtre de la République où Louise fait aussi quelques apparitions. Le couple, dont naîtra une fille prénommée Henriette, actrice à son tour, ne tarde pas à se séparer: Fusil est engagé à Marseille tandis que la jeune femme mène une carrière en solo à Bruxelles, Gand, Anvers, Tournai et Lille où elle accompagne en tournée le Chevalier de Saint-Georges, célèbre compositeur et interprète originaire de la Guadeloupe. En 1806, elle quitte la France pour la Russie (Pétersbourg et Moscou) où elle exerce ses talents sur les scènes des théâtres impériaux et dans une petite troupe de comédiens français dirigée par Aurore Bursay, jusqu'en 1812.

      

      

    Forcée de fuir Moscou en flammes, elle revient en France avec, dans ses bagages, une jeune «orpheline», la petite Nadèje, recueillie pendant la retraite de Russie. L'histoire est émouvante mais elle est peu crédible, et l'on s'accorde à penser que «l'orpheline de Wilna», comme on l'appelle alors, est en réalité la fille naturelle de Louise. De retour en France, elle l'adopte, la forme au chant, à la danse et à la comédie, et la montre sur les scènes européennes où elle recueille un assez joli succès.

      

    Bouleversée par la disparition prématurée de Nadèje, survenue en 1832, Louise Fusil séjourne un temps en Angleterre avant de rentrer définitivement en France où, poussée par le besoin, elle publie en 1841 ses Souvenirs d'une actrice. De 1844 à 1848, elle dirige une «revue de modes et de littérature» qui, malheureusement pour elle, ne connaît pas le succès de ses Mémoires. Oubliée de tous, elle meurt en 1848, dans le plus complet dénuement.

    On possède peu de témoignages sur ses qualités de chanteuse et de comédienne, et seuls les deux gros volumes des Souvenirslui valurent une réelle notoriété. Ils se révèlent fort agréables à lire et d'un réel intérêt, en dépit de lourdes erreurs factuelles et chronologiques. On rencontre dans le quotidien de cette artiste de second plan les noms qui noircissent les colonnes des manuels d'histoire: Saint-Georges, Talma, Lekain, Louvet, Chénier, Dauberval, Boïeldieu, Rostopchin, Gluck, Grétry, le prince de Ligne ou le célèbre comte du Barry. La deuxième partie, essentiellement consacrée à la vie en Russie, associe les charmes de la peinture naïve aux détails documentaires et au reportage.

      

    La mémorialiste ne se borne pas aux observations de salon. Outre les qualités littéraires indéniables de l'oeuvre, qui mêle habilement la technique du portrait aux procédés romanesques, les descriptions pittoresques aux réflexions abstraites, on reconnaîtra sans peine son intérêt historico-sociologique, voire ethnologique. L'ouvrage constitue un document de choix pour l'étude des conditions de vie des comédiens à la fin du XVIIIe siècle, un témoignage privilégié de l'évolution des modes, de l'art de la scène dramatique et lyrique. Louise Fusil écrit en femme qui a longuement réfléchi sur son métier et sur son art.

      

    Elle commente la réorganisation des théâtres, leur libéralisation, la rémunération des comédiens, etc. Lectrice cultivée, elle note avec pertinence l'influence de la Révolution sur les nouveaux courants littéraires, le retour à l'antique et l'idéalisation des héros de la république romaine. Fine observatrice des moeurs de son temps, elle n'était cependant ni une moraliste, ni une progressiste et l'on ne trouve sous sa plume aucune réelle critique de l'Ancien Régime. Si Louise Fusil est peu citée dans les histoires du théâtre, les historiens de la France mentionnent souvent ses anecdotes relatives à la Révolution au titre de «sources», malgré le peu de fiabilité de ses informations.

    Une édition critique de ces Souvenirs paraîtra prochainement aux éditions H. Champion.

    Oeuvres

    - 1817 : L'incendie de Moscou, la petite orpheline de Wilna, passage de la Bérésina et Retraite de Napoléon jusqu'à Wilna. Par madame Fusil, témoin oculaire. Ces mémoires sont suivis d'un Voyage aux confins de l'Asie russe, sur les bords de la Wolga, de Notes sur la Russie, le Kremlin, Petrosky, et les principaux édifices qui ont été la proie de flammes,Londres, impr. de Schulze et Dean.
    - 1841 : Souvenirs d'une actrice, par Mme Louise Fusil, Paris, Dumont -- Éd. Valérie van Crugten-André, Paris, H. Champion, (à paraître, printemps 2005).
    - 1843 : «L'Oranger de la superstition», Magasin de récréations des dames, juillet 1843, Paris, au bureau de la gazette des femmes, p.80-84 (récit d'une anecdote survenue à Moscou en 1809).
    - 1844 : Proserpine à Paris. Revue anecdotique de Modes, de Nouveautés, de littérature, d'industrie, etc., rédigée par plusieurs dames, Paris, Brière, Bureaux, à la Tente, au Palais-Royal,

    1844 (devient en 1846, Revue des dames. Journal littéraire. Anecdotes et nouvelles inédites,Bureaux, à la Tente, au Palais-Royal, Galerie Montensier, 6 au premier; devient en

    1848: Revue des arts, de la littérature, depuis 1790 jusqu'en

    1848 par Mme Louise Fusil, Auteur des Souvenirs d'une actrice, de l'incendie de Moscou, du passage de la Bérésina, de l'île des vieilles[sic], du prince et la chanteuse[sic], de la famille ste.-Amaranthe[sic], Bureaux, Salon littéraire de la Tente).
    - 1847 : Notice historique sur mademoiselle Mars, par Mme L. Fusil, auteur des Souvenirs d'une actrice, d'une relation de l'incendie de Moscou, de nombreuses notices anecdotiques sur les théâtres, les artistes éminents, et sur l'art dramatique, du temps de la république, de l'Empire et de la Restauration. Avec un autographe de l'illustre comédienne adressé à l'auteur, Paris, à la Tente, au Palais-Royal et chez les marchands de nouveautés.
    - 1848 : Notice historique sur son altesse royale Mme la princesse Adélaïde, par Mme L. Fusil, Paris, imprimerie de Madame Lacombe.

    Choix bibliographique

    - Barbé, J.-J. Dictionnaire des musiciens de la Moselle. Metz, Imprimerie du Messin, 1929.
    - Id. «Un chapitre de l'histoire du théâtre de Metz au XVIIIe, Les Fleury, comédiens et chanteurs». Le Pays Lorrain, 1925, p.320-326.
    - Roman d'Amat et al. (dir.).Dictionnaire de Biographie française. Paris, Letouzey et Ané, 1976, t.XIV, p.1459-1463.
    - Lyonnet, Henri. Dictionnaire des comédiens français (ceux d'hier). Biographie, Bibliographie, Iconographie[...]. Paris, E. Jorel, 2 vol., librairie de l'art du théâtre, s.d. [1904].

    Jugements

    - (à propos du Théâtre des Beaujolais) «Le divorce inutile. Comédie en prose et en un acte par M. Gabiot. Très jolie pièce, écrite avec pureté, pleine de sentiments relevés, et d'idées fines et spirituelles; il y règne d'un bout à l'autre un excellent ton; et l'on ne peut trop engager les acteurs de ce théâtre à entremêler souvent leurs opéras de comédies du même genre. Mesdames Sara et Fusil s'y font applaudir, parce que les bons rôles siéent toujours aux talents» (Almanach général de tous les spectacles de Paris et des Provinces pour l'année 1791, p.86-87).
    - «Une femme aimable et spirituelle, dont la longue carrière n'a pas été sans éclat, et qui a obtenu dans les arts des succès brillants, vient de finir ses jours dans un hospice [...]. Telle est souvent la destinée des artistes qui manquent de prévoyance, et qui ne songent pas qu'une vogue éphémère ne les préservera pas des chances hasardeuses de l'avenir.

    Mme Fusil, née Louise Fleury, qui aurait pu être inconnue de la génération actuelle, ne l'était cependant pas, puisque sa plume septuagénaire, qui avait conservé l'esprit, le grâce et la fraîcheur de la jeunesse, a tracé récemment des Mémoires qui, au charme du style, joignent un grand intérêt de curiosité pour les amateurs de théâtre et pour les curieux d'anecdotes littéraires» (extrait d'un article de nécrologie sur Louise Fusil, La semaine, 1849).

      

    SOURCES :

    Notice de Valérie van Crugten-André, 2004.

      

     

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    Antoinette Saint-Huberty

    Anne-Antoinette-Cécile Clavel, dite Mme Saint-Huberty, née à Strasbourg le 15 décembre 1756 et morte à Barnes près de Londres le 22 juillet 1812, est une cantatrice française.

    Fille d’un musicien, qui lui fit parcourir l’Europe, lorsque sa voix se fut formée, elle rencontra, à Varsovie, le compositeur Jean-Baptiste Moyne, dit Lemoyne, qui compléta son éducation musicale. La princesse Lubomirska la prit sous sa protection et, de retour en France, elle épousa en 1774 le sieur Croisilles de Saint-Huberty, chargé d’affaires du prince Henri de Prusse et recruteur de nouveaux talents pour son théâtre privé. Elle travailla au théâtre de Strasbourg jusqu’en 1777.

    Sa réputation la fit venir à Paris, où elle débuta dans l’Armide de Christoph Willibald Gluck, le 23 septembre 1777, mais avec peu de succès. Engagée à l’Opéra, elle n’obtint que des seconds rôles, mais dévouée à son art, elle lui sacrifiait tout. La mort ou la retraite de ses principales rivales, dont Sophie Laguerre, Rosalie Levasseur ou Sophie Arnould, mais surtout la protection particulière de Louis XVI qui l’appréciait, lui permirent de devenir la première cantatrice en titre.

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    Antoinette Saint-Huberty dans le rôle de Didon par A. Vallayer-Coster 1785

    C’est alors qu’elle obtint, chose rare pour une femme à cette époque, gain de cause dans un procès en séparation d’avec son mari qui la maltraitait et la dépouillait. Elle obtint même de garder son nom de femme mariée pour la scène, sans particule, et elle est donc connue sous le nom de « Mme Saint-Huberty ».

    Sa carrière ne fut plus qu’une longue suite de succès. On cite sa tournée triomphale à Marseille. En quelques années, elle est devenue la cantatrice la plus réputée dans l’Europe de la fin du siècle des Lumières.

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    Elle s’enrichit prodigieusement et acquit une villa à Neuilly et un petit château à Groslay dans la vallée de Montmorency. Alors l’amie d’un mélomane italien, le comte Turconi, qui possédait une magnifique villa à Mendrisio, à la frontière italio-suisse, elle le délaissa pour le comte d’Antraigues qui s’éprit d’elle.

    En 1790, elle quitta l’Opéra pour suivre son amant, qui émigrait. Ils s’épousèrent secrètement à Lausanne en décembre 1790 puis vécurent plusieurs années à Mendrisio dans la villa du comte Turconi. D’Antraigues eut alors une activité politique très importante et fut secondé par Mme Saint-Huberty, devenue comtesse d’Antraigues, qui accomplit un voyage secret à Paris en 1792.

      

    Elle fit parvenir des messages de l’émigration à la famille royale et retourna à l’étranger à la veille des événements du 10 août. Le comte d’Antraigues anima un réseau de correspondance contre-révolutionnaire, dirigeant les nouvelles qu’ils recevait de ses agents secrets à Paris vers l’Espagne, l’Angleterre, le Portugal et la Russie.

    Lorsqu’il fut arrêté à Trieste et ses papiers saisis sur ordre du général Bonaparte, Mme Saint-Huberty, dont la réputation internationale avait un certain poids, implora Joséphine, qui était alors à Milan, et le Directoire apprit peu après que d’Antraigues, dont la tête était mise à prix, s’était évadé de sa prison de Milan.

      

      

    Fuyant les armées françaises, ils se rendirent ensuite à Vienne puis en Russie, où la tsarine Catherine II confia une mission diplomatique au comte d’Antraigues. Il prit la nationalité russe et se convertit à l’orthodoxie. Sa femme avait mis un terme à sa carrière et ne se produisait plus qu’en privé. Chagrinée d’avoir dû mettre un terme à sa carrière si prometteuse, elle écrivit des pièces de théâtre.

    Vers 1809, le couple se retira à Londres, où les d’Antraigues périrent tous deux, assassinés à l’arme blanche par un domestique italien, qui fut aussitôt abattu. Les services secrets britanniques, qui avaient monté l’opération, recueillirent les papiers du comte d’Antraigues, papiers recelant les clauses secrètes de certains traités et l’original du testament de Louis XVI, qui étaient de la plus haute importance politique.

    Bibliographie

    • Olivier Blanc:Edmond de Goncourt, La Saint Huberty, d’après sa correspondance et ses papiers de famille, Paris, Dentu, 1882 (une biographie qui ne vaut que par les extraits de correspondance cités par les Goncourt).
      • Les Espions de la Révolution et de l’Empire, paris, Perrin, 1995.
      • L’Amour à Paris, Paris, Perrin, 2003.

     SOURCES

    WIKIPEDIA

      

     

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    Mademoiselle Clairon

    Claire-Josèphe Léris, dite Mademoiselle Clairon, ou encore la Clairon, est une actrice française née à Condé-sur-l'Escaut le 25 janvier 1723 et morte à Paris le 29 janvier 1803.

    Carrière théâtrale

    Fille naturelle de François-Joseph-Désiré Léris, sergent au régiment de Mailly, et de Marie-Claire Scana-Piecq (probablement batelière), Mlle Clairon n'a de cesse, toute sa vie, de travestir sa propre histoire. S'affublant d'une origine bourgeoise, elle se fit appeler Claire-Hyppolite Léris de La Tude et prit le pseudonyme de Clairon, en souvenir de sa mère dont c'était vraisemblablement le sobriquet. Dans ses Mémoires (Paris 1799) — qui sont extrêmement peu fiables tant pour les faits que pour les dates —, elle raconte qu'elle fut baptisée pendant le carnaval par le curé et le vicaire qui, n'ayant pas pris le temps de se changer, étaient déguisés l'un en arlequin et l'autre en gille

     

    Fichier:Mlle Clairon.jpg

     

    Si Mlle Clairon était d'une extrême vanité, elle n'en fut pas moins l'une des plus grandes actrices de son temps. Maltraitée par sa mère, qui voulait en faire une couturière, Mlle Clairon savait à peine lire à l'âge de onze ans. Elle quitta le domicile maternel pour se rendre à Paris et s'installa, par hasard, en face de la célèbre comédienne Dangeville, qui fit naître chez elle le désir d'entrer au théâtre. Elle débuta à la Comédie-Italienne le 8 janvier 1736, n'ayant pas encore atteint l'âge de treize ans. Au bout d'un an, elle fut engagée au théâtre de Rouen, où elle resta quatre années.

      

    Un soupirant dédaigné fit paraître un pamphlet grossier contre elle, intitulé Histoire de la vie et mœurs de Mlle Cronel, dite Frétillon, écrite par elle-même, actrice de la Comédie de Rouen (La Haye 1739). Elle quitta Rouen et s'en alla jouer à Lille, Gand et Dunkerque, où elle reçut un ordre de début pour l'Opéra et où elle parut en mars 1743.

    Consciente que le théâtre parlé lui conviendrait mieux que le théâtre chanté, elle demanda à débuter à la Comédie-Française, ce qu'elle fit le 19 septembre 1743 dans le rôle de Phèdre de Jean Racine. Le succès fut tel qu'elle fut reçue sociétaire le mois suivant.

      

    Rivale impitoyable de Mlle Dumesnil, la Clairon travaillait assidûment et méticuleusement chaque vers, chaque mot, chaque intonation. Le résultat fit dire à David Garrick, de passage à Paris : « Elle est trop actrice, et l'art d'un grand acteur est de faire oublier jusqu'à son nom quand il paraît sur scène ». Cette rivalité maladive vira à la jalousie, sentiment que la Clairon ne put dissimuler dans ses Mémoires et qui écartelait Voltaire, lui qui disait « ma bonne Dumesnil » et qui se proclamait par ailleurs « claironien ».

     

    Fichier:Charles André van Loo - Mlle Clairon en Médée.jpg

     

    En 1765, plusieurs comédiens, dont Mlle Clairon, s'étaient prononcés pour l'exclusion d'un des leurs, l'acteur Dubois, qui avait fait un faux serment dans un procès scandaleux. Les comédiens refusèrent de jouer Le Siège de Calais et furent emprisonnés au For-l'Évêque. La Clairon y fut également conduite, mais en carrosse, et durant les cinq jours que dura son incarcération, un flot de visiteurs se pressa pour voir la chambre qu'on lui avait meublée.

    Sa santé étant fort ébranlée, son médecin lui conseilla le repos, ce qu'elle fit auprès de Voltaire en août 1765. Elle resta un mois à Ferney, puis décida que l'air de la Provence lui serait plus propice, et rentra à Paris en novembre. C'est alors qu'elle décida de quitter définitivement le théâtre : elle n'y revint plus jamais, sauf pour se produire en privé, comme en 1770, où elle interpréta Hypermnestre de Lemierre à la cour.

    Elle se consacra dès lors à l'amélioration de la situation des comédiens, poursuivant son action en vue de faire lever l'excommunication dont les comédiens français étaient frappés. Elle avait fait rédiger en 1761, par l'avocat Huerne de La Motte, une brochure intitulée Liberté de la France contre le pouvoir arbitraire de l'excommunication. Elle continua son action et se fit également professeur, recevant comme élèves Larive et Mlle Raucourt.

    Elle eut pendant dix-neuf ans une liaison tumultueuse avec le comte de Valbelle qui la quitta en 1773.

    Le jeune margrave d'Ansbach, Charles-Frédéric d'Anspach-Bayreuth, tomba éperdument amoureux d'elle et l'emmena dans sa principauté, où elle passa dix-sept années. Elle revint à Paris à la veille de la Révolution, sombra dans la misère et vint vivre auprès de sa fille adoptive, Marie-Pauline Ménard, veuve de La Riandrie, chez qui elle mourut à l'âge de 80 ans.

    Inhumée au cimetière de Saint-Sulpice à Paris, elle fut transférée au Père-Lachaise le 29 août 1837. Elle repose dans la 20e division,d'où elle apparaît en Dame Blanche!...

     

     

    File:Père-Lachaise - Division 20 - Clairon 03.jpg

      

     

     

    Sources

    WIKIPEDIA

     

     

     

     

     

     

     

     

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    Julie Candeille

    Amélie-Julie Candeille, née à Paris, paroisse Saint-Sulpice, dans la nuit du 30 au 31 juillet 1767, morte à Paris le 4 février 1834, est une femme exceptionnelle aux multiples talents artistiques. Elle fut une brillante compositrice pour le piano et excellente musicienne, actrice et auteure dramatique, mais elle commença sa carrière comme cantatrice.

    Les premiers pas[modifier]

    Elle baigna dans un milieu familial entièrement tourné vers la musique et grâce à son père musicien[1], elle développa certains dons naturels pour le clavecin et le chant. Encore enfant, elle participait à des orchestres de chambre, parut à un concert devant le roi à l’âge de sept ans et on dit qu’elle fut une fois amenée à jouer en compagnie de Mozart adolescent. Elle se produisit également comme pianiste et comme compositeur au Concert spirituel. On lui doit des sonates pour le clavecin et le piano-forte, des romances et des airs dont certains ont été récemment redécouverts.

    Julie Candeille se décrit ainsi dans ses Mémoires: « De fort beaux cheveux blonds, les yeux bruns, la peau blanche, fine et transparente, l’air doux et riant ». D’après sa collègue la comédienne Louise Fusil, elle était jolie, avec « sa taille bien prise, sa démarche noble, ses traits et sa blancheur (qui) tenaient des femmes créoles ». Elle n’avait pourtant rien de créole car ses origines étaient flamandes, et sa vie durant, elle mit son physique avenant, ses talents multiples et sa séduction naturelle au service de son ambition qui n’était pas médiocre. En 1781, encore très jeune, elle fut initiée dans une loge franc-maçonne – la Candeur –, où elle rencontra un certain nombre d’auteurs de théâtre, comme Olympe de Gouges, mais aussi des personnages influents susceptibles de favoriser sa carrière artistique dans l’univers complexe de la mondanité parisienne et des intrigues de l’Ancien régime agonisant.[réf. nécessaire]

    Dans ses Mémoires, elle raconte aussi avoir bénéficié de protections puissantes, entre autres celle du marquis de Louvois, aristocrate contestataire, l’ami intime du chevalier de Champcenetz qui comme lui fut envoyé au fort de Ham pour inconduite, de la mélomane duchesse de Villeroy qui avait composé un salon majoritairement féminin et dont l’influence s’étendait dans les milieux du théâtre, et le baron de Breteuil, ministre de la maison du roi, qui fut peut-être un amant.

    Munie de ces protections, elle débuta à l’Académie royale de Musique le 27 décembre 1782 dans le rôle titre d'Iphigénie en Aulide de Gluck où elle remporta un succès mitigé. Mme Saint-Huberty qui avait succédé à Mlle Levasseur et Mlle Laguerre, ne lui laissa d’ailleurs aucune chance, car elle n’avait pas la voix pour s’imposer sur ce terrain si exigeant.

      

    Elle se retourna vers la Comédie-Française où elle se fit remarquer le lundi 19 septembre 1785 dans Hermione d' Andromaque de Racine. Molé fut son protecteur comme il le fut à la même époque d’Olympe de Gouges alors l’amie de Julie Candeille[2]. Sa personnalité forte et ses idées originales ne plaisaient pas et elle fut toujours un peu tenue à l’écart par ses collègues de la Comédie française tels que Molé, Dazincourt, Fleury ou Louise Contat qu’elle-même regardait comme de plats courtisans de Versailles. Elle se rapprocha de Talma et de ceux des comédiens qui accueillirent avec enthousiasme la Révolution de 1789.

    L’auteure dramatique

    En 1789, elle tint le rôle de la jeune esclave Mirza dans une pièce dénonçant la condition des esclaves des colonies intitulée l’Esclavage des Nègres, ou l’Heureux naufrage, drame en trois actes d’Olympe de Gouges, qui fut le prétexte à un affrontement en règle entre les représentants du puissant lobby des propriétaires coloniaux en France et la Société des amis des Noirs, club co-fondé par Brissot, Condorcet et l’abbé Grégoire. Julie Candeille fut l’ornement des salons constituants, et on la vit aussi bien chez Mme de Lameth où venait Robespierre, que chez Mmes de Villette, Helvétius ou Condorcet.

      

    C’est à cette époque (1791) qu’Adélaïde Labille-Guiard, qui partageait ses idées, fit son portrait. Les pièces pour lesquelles elle était à l’affiche au début de la Révolution eurent un succès considérable, tant au nouveau théâtre des Variétés amusantes de la rue de Richelieu qu’au Théâtre de la République. La Révolution relança véritablement sa carrière et elle se fit de nombreux amis dans les cercles politiques avancés. On prétend que c’est pour elle que Fabre d'Églantine écrivit la romance Je t’aime tant, mise en musique par Garat.

    En 1792, elle était à une fête que les Talma donnaient chez eux rue Chantereine en l’honneur du général Dumouriez, vainqueur de Valmy, lorsque Marat à la tête d’un groupe d’énergumènes armés, se fit bruyamment annoncer. La plupart des convives tels que Antoine-Vincent Arnault ou Pierre Victurnien Vergniaud firent, dès le lendemain, l’objet d’une dénonciation en règle dans l'Ami du peuple. On dit que Julie Candeille était lors l'amie de Vergniaud, qui était devenu le brillant orateur du parti des girondins.

    Elle fit représenter au Théâtre-Français, en 1792, Catherine ou la Belle fermière, comédie en 3 actes et en prose, qui eut une vogue prodigieuse. Les représentations avaient commencé à l’époque du procès de Louis XVI. Michaud, en a inféré sous la Restauration qu’elle avait joué le rôle de la déesse Raison[3], ce qu’elle a démenti, preuves à l’appui, mais les frères Goncourt, qui ne sont pas à une inexactitude historique près, ont allégué le contraire. Compromise par ses amitiés girondines, Julie Candeille fut, malgré sa popularité, inquiétée en 1793. Trop proche de Vergniaud et des Girondins, elle fut l’objet de dénonciations. Une perquisition fut ordonnée à son domicile de la rue Neuve des Mathurins.

    Mais grâce au député montagnard Julien de Toulouse qui appartenait encore au Comité de sûreté générale, Julie Candeille ne fut pas arrêtée au titre de suspecte.

    La citoyenne Simons

    Une fois la Terreur terminée, elle se maria sur un coup de tête avec un jeune médecin qui lui plaisait, le citoyen Laroche, dont elle ne porta jamais le nom. Le Directoire devait consacrer sa popularité d’actrice, mais aussi d’auteur dramatique en vue. On exposa au Salon des arts de l’an III son portrait réalisé par Jacques-Antoine-Marie Lemoine, et l’année suivante une charmante miniature en robe rayée et ceinture rouge, peinte par Jeanne Doucet de Suriny, dans laquelle on la voit occupée à écrire une nouvelle pièce de théâtre. Cette pièce un peu scandaleuse, La Bayadère ou le Français à Surate, comédie en cinq actes et en vers, avait été écrite sur mesure pour elle et elle en avait créé le rôle titre en janvier 1795. Le succès ne fut pas à la hauteur de ses espérances.

    En 1797, la comédienne Élise Lange, ancienne protégée et amie de Julie Candeille, épousa l’homme d’affaires Michel Simons, lui-même fils d’un carrossier belge que Mlle Candeille avait rencontré en août 1796 à Bruxelles, ville où elle était venue représenter Catherine ou la belle fermière. Jean Simons le père n’avait pas été insensible au charme de Julie qu’il épousa à Bruxelles, le 11 février 1798, après qu’elle eut divorcé de Laroche et rompu un engagement au théâtre, ce qui lui valut un procès qu’elle perdit.

    Le nouvelle Mme Simons mena dès lors une vie luxueuse entre Bruxelles et Paris. Comme beaucoup de parvenus de l’époque, le couple voulut avoir sa petite maison qui fut construite à grands frais sur des plans dessinés par Bellanger à la pointe Bellevue, sur l’ancien domaine de Mesdames.

      

    On dit qu’elle voulut seconder son mari dans l’exercice de ses tâches industrielles et que c’est grâce à sa vielle amitié avec Joséphine qu’elle avait connu dans les salons constituants qu’elle obtint la commande de la voiture du sacre de Napoléon. Ce joyau de la technologie du Premier Empire fut détruit avec plusieurs objets du musée Tussaud de Londres lors de l’incendie de 1925. En 1803, elle avait partagé avec son ex-amie Mme Lejay, devenue comtesse de Pontécoulant, le soin de faire les honneurs de la ville de Bruxelles au Premier consul et à son épouse.

    Au début de l’Empire, lorsque la guerre reprit, les affaires de Jean Simons périclitèrent. Son épouse se retira dans son hôtel parisien rue Cérutti, n° 3, et elle donna des récitals de piano dans les soirées aristocratiques de la capitale. Elle devait aussi bénéficier d’une pension que lui versait la nouvelle impératrice Marie-Louise.

    La passion pour Girodet

    Julie Candeille avait toujours beaucoup d’indulgence pour les jeunes gens, et parmi eux, elle distingua le talentueux peintre Girodet, son cadet de quelques bonnes années, avec lequel elle eut une liaison toute platonique et principalement épistolaire. Fils adoptif du docteur Trioson, Girodet s’était fait connaître en 1793 avec son portrait d’Endymion dans lequel il concourut à mettre au goût du jour l’esthétisation de l’anatomie masculine.

    Fichier:Julie Candeille.jpg  

    Un dessin non localisé de Girodet le représente en double profil avec une Julie Candeille méconnaissable qui semble avoir sacrifié sa longue et blonde chevelure pour une coupe « à la garçonne » avant la lettre. Elle lui adressa des lettres passionnées jouant le rôle d’une complice et amie plutôt que d’une amoureuse transie, comme cela a été avancé. Elle signait « Votre vieille Galathée » et s’offrait à l’occasion comme intermédiaire amoureux puisque, connaissant ses dessins homo-érotiques, elle n’ignorait pas que les goûts de Girodet l’inclinaient vers les autres hommes.

      

    Lorsqu'elle devint veuve, elle tenta quand même sa chance : — Mon ami, lui dit-elle, je suis libre. Je sais que vous avez pensé à moi. Je viens vous offrir ma main. L'autre, éberlué, hésite et cherche une sortie :

    — Sachez, lui répondit-il, que je suis l'homme le plus violent qui se puisse trouver.

    Je bats mes domestiques. Il n'y a pas d'excès auxquels je ne sois capable de me livrer.

    Delescluze, qui raconte cette histoire, ajoute que « la belle Fermière » trouva ces raisons suffisantes pour abandonner son projet.

    Elle ne renonça pas pour autant au mariage et jeta son dévolu sur un autre homme fort beau, de trente ans plus jeune qu'elle, Henri Périé de Sénovert, qui accepta. Une fois mariés, ils vécurent d'abord dans le magnifique hôtel de Julie, rue Neuve Saint-Augustin (l'hôtel de Gesvres).

      

    Elle était devenue très riche si l'on s'en tient à la seule description de sa chambre : « L'estrade d'ébène incrustée d'argent qui supportait le lit de Mme Périé, était placée dans un hémicycle dont chaque panneau contenait une figure peinte, de grandeur naturelle, représentant une des heures de la nuit. Chacune de ces cinq pages poétiques portait un nom illustre : David, Prud’hon, Girodet, Franque, Gérard, Guérin avaient tous signé leur heure. »

    Nîmes

    Comme on venait de créer le musée de Nîmes, elle intrigua et réussit à faire nommer son mari au poste de conservateur. Ils devaient y vivre neuf ans, y étant logés par un un ami de Julie, Jean Roman, autrefois membre des académies d'Ancien régime et fondateur de la société des Valmusiens qui regroupait des poètes des deux sexes.

      

    Elle collabora aux Annales de la Littérature et des arts, organe de la Société des Bonnes lettres, et, pour se faire admettre dans la bonne société catholique et royaliste nîmoise, elle publia une « lettre sur Nîmes et ses environs ». Jouissant de sa réputation d'ancienne sociétaire de la Comédie française et d'écrivain, elle ouvrit un salon où à la suite du préfet et de l'évêque se pressèrent les célébrités de la ville et de la région. En 1827, elle invitait Victor Hugo à venir séjourner et il lui adressait en retour un exemplaire dédicacé de Bug-Jargal. A plus de soixante ans, elle était toujours séduisante avec ses beaux cheveux blonds et ses yeux noirs, le sourire aimable et l'air distingué.

      

    En 1832, elle annonçait à son ami Charles Nodier qu'elle désirait revenir à Paris. Éprouvée dans ses intérêts, elle subit les premières atteintes de la maladie. Périé meurt brusquement en 1833. Elle-même est frappée d'une attaque d'apoplexie. Découragée, elle demande à Nodier de la rapatrier dans une maison de santé parisienne où elle meurt le 3 février 1834

     

    SOURCES

    WIKIPEDIA

     

     

     Œuvres

    • Catherine, ou la Belle fermière, Paris, l’an II.
    • La Bayadère, ou le Français à Surate, Paris, l’an III.
    • Ida, ou l’orpheline de Berlin, pièce en trois actes.
    • Louise, ou la réconciliation.
    • Lydie, ou les mariages manqués, Paris, 1809.
    • Bathilde, reine des Francs, Paris, 1814.
    • Vers sur la bonté.
    • Justification de Julie Candeille en réponse à Audiffret.
    • Souvenirs de Brighton, Londres et Paris, Paris, 1818.
    • Agnès de France, ou le douzième siècle, Paris, 1821.
    • Essai sur la félicité humaine

    Pièces de musique

    • Trois sonates pour le clavecin avec accompagnement au violon.
    • Concerto pour piano et instruments à corde.
    • Deux grandes sonates pour piano, opus 8 (sous le nom de Julie Simons).
    • Fantaisie pour piano (dédié à Mme Rivière).
    • Nocturne pour piano (fantaisie n°5, opus 11).

     

     

     

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    Fichier:Portrait of a Lady, called Sophie Arnould (c. 1773) by Jean-Baptiste Greuze.jpg

     

     

    Madeleine-Sophie Arnould, née le 13 février 1740 à Paris où elle est morte le 22 octobre 1802, est une actrice et cantatrice française.

    Elle débuta en 1757, et se retira en 1778. Elle se distinguait, selon ses contemporains, par une expression vraie et une voix touchante. Elle acquit une grande célébrité par ses bons mots, dont Albéric Deville a fait un recueil intitulé Arnoldiana, ou Sophie Arnould et ses Contemporaines (1813), largement utilisé par les Goncourt.

    Mademoiselle Arnould n’était point jolie ; sa bouche déparait son visage, ses yeux seulement lui donnaient une physionomie où se peignait l’esprit remarquable qui l’a rendue célèbre. On a répété et imprimé un nombre infini de ses bons mots. (Élisabeth Vigée Le Brun)

    Elle créa le rôle éponyme d’Iphigénie en Aulide de Gluck.

    De sa relation adultère avec le duc de Lauragais, elle eut quatre[1] enfants, dont Antoine-Constant de Brancas, colonel du Premier Empire mort à Essling.

    Elle fit partie de la société chantante La Dominicale fondée par le célèbre chirurgien Louis et dont furent membres Vadé, Crébillon fils, Pierre-Yves Barré, Coqueley de Chaussepierre.

      

    Sources

    WIKIPEDIA

      

     

     

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  • Article de Monsieur Karim Ouchikh

     

    Du « passé », toujours faire table rase ! Effacer la mémoire d’un peuple qui avait noué au cours des siècles une relation bienveillante avec sa dynastie…
    De « la profanation révolutionnaire des tombeaux royaux de Saint-Denis »

     par Karim Ouchikh.

     

    Autres temps ? Et si, insidieusement, ces temps de profanation se poursuivaient ?

     

    La profanation révolutionnaire
    des tombeaux royaux de Saint-Denis

    « Les tombeaux de Saint-Denis » Nouvelle à lire dans « Les Mille et Un Fantômes »

    « La haine que l’on était parvenu à inspirer au peuple pour le roi Louis XVI, et que n’avait pu assouvir l’échafaud du 21 janvier, avait remonté aux rois de sa race ; on voulut poursuivre la monarchie jusqu’à sa source, les monarques jusque dans leur tombe, jeter au vent la cendre de soixante rois ». Dans l’une des nouvelles les plus singulières qu’il ait composées, Les Tombeaux de Saint Denis, Alexandre Dumas nous introduit de la sorte à l’évocation saisissante de l’un des épisodes les plus sombres de la Révolution française, qui n’en manqua guère : la profanation des tombeaux royaux qui furent pieusement conservés, depuis l’an 638, dans les murs de l’abbaye de Saint-Denis.

    En sonnant le glas du lieu de sépulture privilégié des dynasties royales, où reposaient quarante-deux rois, trente-deux reines, soixante-trois princes et princesses et dix grands du royaume de France, l’avènement de la République va briser instantanément rien moins que le fil d’Ariane de l’Histoire de France.

    *

    Ce funeste évènement doit être replacé dans sa juste perspective historique. « Si le droit des rois d’avoir une nécropole n’est pas remis en cause en 1789, après la chute de la royauté, le monarque et ses aïeux font figure de traîtres héréditaires et de corps étrangers à la Nation » (Le mythe de Saint Denis, Entre Renaissance et Révolution, Champ Vallon, 2007).

    Le 21 septembre 1792, la Convention décrète l’abolition de la royauté en France et proclame, le lendemain, « l’An I de la République française ». Dans les mois qui suivent l’installation du nouveau régime, la Convention s’emploie aussitôt, durant la Terreur, à faire table rase du passé en faisant partout disparaître les symboles royaux, des fleurs de lys aux armoiries royales, apposés sur les monuments, meubles et tapisseries, avant de s’en prendre aux statues des rois de France et aux tableaux rappelant le règne des Bourbons.

    Pierre Sylvain Maréchal, précurseur du calendrier révolutionnaire…

    En proie depuis des mois à la discorde des esprits et aux troubles de la rue, la population des faubourgs de Paris se déchaîne hélas sans peine pour les causes les plus incertaines. En véritables professionnels de l’agitation politique, les députés et les librettistes n’en ignorent rien. Profitant du climat antimonarchique qui règne alors dans les rues de la capitale, ils décident de lancer le peuple à l’assaut des sépultures des rois de France.

    Ainsi, à la fin de 1792, le pamphlétaire Pierre Sylvain Maréchal, qui fut un temps le compagnon de route de Gracchus Babeuf, réclame explicitement l’anéantissement des tombes royales dans les colonnes de son journal Révolutions de Paris : « Tandis que nous sommes en train d’effacer tous les vestiges de la royauté, comment se fait-il que la cendre impure de nos rois repose encore intacte dans la ci-devant abbaye de Saint-Denis ? Nous avons fait main basse sur les effigies de tous nos despotes. Aucune n’a trouvé de grâce à nos yeux. Statues, bustes, bas-reliefs, tableaux, dessins, gravures, toute image de roi a été soustraite à notre vue et nous souffrons que leurs reliques, précieusement conservées dans des cercueils de plomb, insultent aux mânes de quantité de bons citoyens, morts pour la défense de la patrie et de la liberté, et qui à peine ont obtenu les honneurs de la sépulture » (Louis Réau, Histoire du vandalisme, collection Bouquins, Robert Laffont, 1994).

    Bertrand Barère de Vieuzac, resté célèbre sous le simple nom de Barère. L’inspirateur, l’âme et le metteur en œuvre de la Terreur…

    Le 31 juillet 1793, à la tribune de la Convention, Bertrand Barère en appelle ouvertement, au nom du Comité de salut public, à la destruction des « mausolées fastueux qui sont à Saint-Denis » qui rappellent «des rois l’effrayant souvenir ». Le député emporte aisément l’adhésion d’une représentation nationale avant tout soucieuse de commémorer avec force les évènements du 10 août qui avaient renversé le trône avec la prise des Tuileries, perpétrée un an auparavant. Et de fait, le 1er août, la Convention nationale décrète aussitôt : « les tombeaux et mausolées des ci-devant rois, élevés dans l’église de Saint-Denis, dans les temples et autres lieux, dans toute l'étendue de la république, seront détruits le 10 août prochain ».

    L’entreprise de démantèlement des tombeaux est entamée avec célérité, le 6 août. Nommé alors commissaire chargé d'assister à l'exhumation, le moine bénédictin dom Poirier dresse le procès-verbal de ces macabres opérations : « Le nombre de monuments détruits du 6 au 8 août 1793 monte à cinquante et un : ainsi, en trois jours, on a détruit l’ouvrage de douze siècles ». Les tombeaux de Pépin le Bref et de Philippe le Hardi ne résistent pas à ces premiers outrages. Dans son tableau évocateur, La profanation, visible au Musée Carnavalet, le peintre Hubert Robert donnera ainsi à voir l’ampleur des destructions matérielles des caveaux royaux de l'église abbatiale de Saint-Denis commises par des révolutionnaires acharnés tant et plus à accomplir ainsi leur misérable dessein.

    Un temps suspendus, les saccages des sépultures royales de Saint-Denis reprennent et se poursuivent avec intensité du 12 au 29 octobre 1793, mais cette fois-ci avec une barbarie inégalée attendu que les dévastations des tombeaux doivent systématiquement s’accompagner désormais de l’exhumation sacrilège des cercueils et de l’effacement méthodique des corps qui s’y trouvent, sans plus de respect porté à l’égard des dépouilles des défunts.

    Un témoin :
    Parmi les profanateurs des sépulcres on reconnaissait un grand nombre d'ouvriers des Carmes, de la Force, et de l'abbaye, mais ici il manquait une grande joie aux septembriseurs, ils n'avaient à frapper que des rois, que des reines, que des princes et princesses de pierres, ici point de douleur, point de cris, pas d'agonie et surtout pas de sang. Le bruit que l'on entendait dans les souterrains de la mort, n'était que celui des pics de fer contre le granit et le marbre des tombes, mais les cris des victimes manquaient, ceux qu'on immolaient restaient muets dans leurs cercueils. Si des voix s'élevaient c'étaient celles des profanateurs, les éclats de rire, les jurements, les blasphèmes étaient hideux à entendre sous ces voûtes consacrées au repos de la mort.

    http://desaix.unblog.fr/2007/11/09/profanation-des-tombes-royales/

    Au même moment, le 16 octobre, la reine Marie-Antoinette monte dignement à l’échafaud, près de neuf mois après le martyre de son époux, Louis XVI.

    En ce terrible mois d’octobre 1793, des dizaines de tombes, celles des rois, des reines, des membres de la famille royale, aussi bien que celles des grands du royaume, sont ainsi semblablement profanées : cibles posthumes d’une mise à mort symbolique, les corps de Dagobert, Hugues Capet, Henri IV, Saint Louis, François 1er, Louis XIV, Isabeau de Bavière, Marie de Médicis, Charles Martel, ou ceux du connétable Bertrand du Guesclin et de l’abbé Suger seront livrés à cet instant, parmi tant d’autres victimes expiatoires, à une rage révolutionnaire, en apparence irrationnelle. Ces exactions ne cesseront qu’avec l’exhumation du corps du Cardinal de Retz, le 19 novembre 1793, puis de celui de Marguerite de Flandre, fille de Philippe V, le 18 janvier 1794.

    Aussitôt extraits des tombeaux dévastés, les cercueils sont ensuite délestés de leurs enveloppes de plomb, lesquelles seront alors fondues pour servir à l’armement. Un sort infâme est réservé à la plupart des corps exhumés : jetées pêle-mêle dans la chaux, dans l’inhumanité de fosses communes, ces dépouilles seront auparavant victimes, pour certaines d’entre elles, d’actes de malveillances inqualifiables commis par une foule de curieux venus nombreux assister aux profanations, à l’exemple des atteintes impardonnables qui seront portées à la dépouille du bon roi Henri IV dont la tête fut impitoyablement arrachée de son cadavre.

    Lorsque Bonaparte, durant le Consulat, puis Louis XVIII, sous la Restauration, feront le choix déférent, chacun pour des motifs différents, d’exhumer les restes des monarques et des dignitaires royaux pour les inhumer de nouveau à Saint-Denis, il leur sera impossible, à l’un comme à l’autre, de les identifier en grande partie de sorte que, ne pouvant être ensevelies de ce fait dans des sépultures individuelles, les reliques demeurées anonymes seront alors disposées solennellement dans un ossuaire placé dans la crypte de l’abbaye.

    Alexandre Lenoir, jeune, par Marie Bouliard

    Par l’effet heureux de la providence, les statues de marbre et de pierre subsisteront pour la plupart, quoique mutilées, grâce à l’intervention décisive autant que courageuse du jeune peintre Alexandre Lenoir qui parvint à les sauver d’une destruction certaine en les transférant, non sans difficultés, au dépôt provisoire des Petits-Augustins (actuellement l’Ecole des Beaux-arts) dont il fut le gardien, avec pour ambition de rassembler de la sorte les premières collections du tout nouveau musée des Monuments français.

    Alexandre Lenoir par David- vers 1815-1817


    Alexandre Lenoir est le témoin de la destruction des tombes royales, des ossements jetés dans une fosse. Il se bat contre le vandalisme révolutionnaire mais parvient à sauver du saccage les statues et les gisants qu'il fait entreposer au couvent des Petits-Augustins.

    En 1795, il ouvre au public le musée des monuments français, dont il est nommé administrateur et le reste pendant une trentaine d'années.

    En 1816, il est chargé par Louis XVIII de replacer les dépouilles royales et fut nommé administrateur des tombeaux de la basilique Saint-Denis.

    Cet ensemble de sculpture funéraire incomparable, comprenant plus soixante dix gisants et tombeaux monumentaux, réalisés entre le XIIème et le XVIème siècle, est aujourd’hui visible à l’abbaye de Saint-Denis

    Les tombeaux de métal, dont ceux, d’une égale noblesse, de Charles le Chauve et de Charles VIII, n’échapperont malheureusement pas à la fonte.

    En 1816, Louis XVIII entreprend de reconstituer la nécropole royale, en y transférant tous les tombeaux qui avaient été sauvés par Lenoir aussi bien que les rares corps royaux et princiers qui ont pu être alors retrouvés. La réhabilitation du caractère sacré de la nécropole royale de Saint-Denis, accomplie dans la fidélité à sa vocation séculaire, est complétée par d’importants travaux de restauration de l’édifice réalisés pour l’essentiel de 1813 à 1846 par l’architecte Françoise Debret puis, de 1846 à 1879, par Eugène Viollet-le-Duc qui s’appliquera, dans le même temps, à aménager non sans intelligence les emplacements des tombes royales, suivant une distribution qui subsistera jusqu’à ce jour.

    *

    Dans une histoire fertile en épisodes tragiques, la France n’a guère connu de précédents aussi puissamment destructeurs de son patrimoine artistique que celui qui s’est produit sur son sol avec l’iconoclasme dévastateur de 1793, hormis peut-être à l’occasion des actes de vandalisme qui furent contemporains à la crise politico-religieuse née de la Réforme au XVIème siècle.

    A dire vrai, l’irruption partout en France de l’iconoclasme antimonarchique demeure inséparable d’une mutation profonde des idées qui s’y est produite avec une radicalité singulière et dont les ressorts épousaient étroitement les errements idéologiques du moment : la période révolutionnaire avait accouché en effet rien moins qu’une conception inédite de la Nation dont l’incarnation, jusqu’alors confondue avec la personne sacrée du roi, devait s’identifier désormais au peuple souverain, seule autorité légitime à pouvoir en déléguer l’expression par l’intermédiaire, non plus de corps constitués, mais de ses représentants élus.

    Pour assurer le succès de cette ambition marquée du sceau de l’intransigeance et du sectarisme et conjurer tout risque de restauration du régime honni, le projet révolutionnaire s’était proposé alors, dans le sillage de son entreprise fanatique de déchristianisation des esprits, d’éradiquer partout en France les marques et symboles constitutifs de la société d’Ancien Régime, en détruisant méthodiquement pour cela les tombeaux de ses souverains qui avaient symbolisé pareillement une monarchie française fondée sur le principe de continuité dynastique.

    Cette interprétation condamnable des réalités du monde de ce temps avait si tristement inspiré les révolutionnaires de 1793, dans leur propension criminelle à extirper de la conscience de leurs contemporains la relation bienveillante que chaque Français entretenait intimement avec la royauté, qu’elle les avait déterminés à se livrer sans aucun scrupule aux horreurs des profanations et des exhumations et à porter de la sorte une atteinte irréparable à l’intégrité des tombeaux de la nécropole royale de Saint-Denis.

    « Il y a des temps où l’on ne doit dépenser le mépris qu’avec économie, vu le grand nombre de nécessiteux ». Cette citation admirable de Châteaubriand ne résume-t-elle pas au fond parfaitement le sentiment de révolte de ceux qui, nombreux, ne peuvent se résoudre à pardonner, non plus qu’à oublier, cette folie destructrice qui a troublé le repos des âmes des défunts qui en ont été les infortunées victimes, non sans priver autrement la France d’un inestimable patrimoine culturel, aujourd’hui définitivement perdu ?

    Karim Ouchikh
    18 septembre 2010

     

     

     

     

    "Que vont-ils faire de ces restes sacrés ? Sans pitié ils arrachent de leur séjour, ils en dispersent les touchans lambeaux. Et pourquoi tourmentent-ils ainsi la mort ? C'est pour conquérir le plomb du cercueil; et les voilà qui, les flammes à la main, se hâtent de lui enlever ses formes funéraires, et de le liquéfier ! Méprisable victoire ! Hélàs ! la piété ose à peine verser sur tant de pertes une larme; mais elle gémit en silence de ce sacrilège; car elle a cru sur tous les monumens ces mots écrits sur celui de Chilpéric : Chilpéric vous prie de ne pas enlever ces ossemens de cet asile." 1793

    Cet ouvrage est un témoignage poignant d'une histoire que beaucoup on souhaité oublier tant elle est "honteuse", mais c'était aussi l'histoire de la Révolution Française.

     

    SOURCES

    http://www.montjoiesaintdenis.fr/articles/article102.php

     

     

     

     

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    LE XVIIIème SIECLE : Le siècle des Lumières.. le THEATRE

    LE XVIIIème SIECLE : Le siècle des Lumières

    Siècle des Lumières, terme qui désigne le XVIIIèmesiècle en tant que période de l'histoire de la culture européenne, marqué par le rationalisme philosophique et l'exaltation des sciences, ainsi que par la critique de l'ordre social et de la hiérarchie religieuse, principaux éléments de l'idéologie politique qui fut au fondement de la Révolution française.
     
    L'expression était déjà fréquemment employée par les écrivains de l'époque, convaincus qu'ils venaient d'émerger de siècles d'obscurité et d'ignorance et d'entrer dans un nouvel âge illuminé par la raison, la science et le respect de l'humanité.

    L’un des textes fondateurs qui inaugure le mouvement des Lumières en France est le Dictionnaire historique et critique de Pierre Bayle (1647-1707). Son appel à la tolérance, à la lutte contre les superstitions et les préjugés, va inspirer tout le mouvement de pensée du XVIIIème siècle et le Dictionnaire historique et critique va devenir l'arme privilégiée du camp des "philosophes". L'Encyclopédie de Diderot (1713-1784) et d'Alembert (1717-1783) reprendra à son compte le militantisme philosophique et le combat contre l'obscurantisme, le dogmatisme, le fanatisme et le despotisme.

     

    LE XVIIIème SIECLE : Le siècle des Lumières.. le THEATRE

    Les idées de Pierre Bayle trouveront aussi un écho puissant chez Montesquieu (1689-1755), qui introduit en philosophie politique des notions décisives, Voltaire(1694-1778), héros de la lutte contre l'obscurantisme et les préjugés, et surtout chez Condorcet (1743-1794) le théoricien de l'idée de progrès chère aux Lumières. D'un point de vue plus strictement philosophique, un courant se développe, incarné par Etienne Bonnot de Condillac (1715-1780), représentant éminent de l'empirisme français, et qui trouve un prolongement matérialiste avec Helvétius (1715-1771), d'Holbach (1723-1789), La Mettrie (1709-1751) et Diderot.

    Alors que la vie sur Terre était menacée : perte, épidémie, famine, on croyait au bonheur après la mort. La classe montante était la bourgeoisie, elle va demander plus de liberté et la fin des privilèges. Les idées de l'époque étaient le progrès et la justice. A coté du courant rationaliste, il y a un côté d'ombre. C'est l'éclosion de plusieurs nouvelles écritures.

    De tous ces courants se détache la figure originale de Jean-Jacques Rousseau (1712-1778) qui occupe une position transitoire dans le mouvement des Lumières. Après Rousseau, qui est à l'origine de la pédagogie moderne, il y a l'éclosion de la sensibilité, avec le courant romantique Rousseau est un penseur marginal ("Je").

     

    1) Le théâtre au 18ème siècle : un phénomène de société

    LE XVIIIème SIECLE : Le siècle des Lumières.. le THEATRE

     

    Que ce soit à Paris ou en province, les nobles et bourgeois aisés apprécient le théâtre. A Paris, ils se rendent dans l’un des quatre théâtres de la ville :

    - L'Opéra

    - Le théâtre des Italiens (rappelé en 1715)

    - L'Opéra Comique

    - La Comédie Française

    De plus, les théâtres de foire et les théâtres de boulevard prolifèrent.

    En province, on trouve peu de théâtre mais pendant la Régence, ceux ci se multiplient ; on y joue les mêmes types de pièce qu’à Paris.

    De 1715 à 1750, il y aura 266 créations théâtrales : un record !
     

    2) Les conditions du spectacle

    La scène est rectangulaire ou trapézoïdale, les risques d’incendie sont élevés, la scène étant éclairée par des bougies. Les spectateurs sont debout sur le parterre, on trouve des places sur la scène même, et ce, jusqu’en 1759.

    Il n’y a pas de metteur en scène, souvent le dramaturge est chef de troupe. Beaumarchais, sera le premier metteur en scène à se nommer comme tel.

    Les représentations se font à 17 heures avec deux œuvres : une longue et une plus courte.

    Le public est constitué d’habitués et de versatiles (surtout les provinciaux et les étrangers).

    La « claque » impose toujours sa loi.

    La condition des acteurs et leur niveau de vie augmente peu à peu.

     

    3) Les auteurs

     

    Les œuvres ne sont pas protégées et la notion de droits d’auteurs n’a pas encore été exploitée.
     

    On distingue :

    - les acteurs-auteurs (comme Dancourt)

    - les auteurs riches (comme Voltaire)

    - les auteurs qui aspirent à vivre du théâtre (comme Marivaux)LE XVIIIème SIECLE : Le siècle des Lumières.. le THEATRE
     

    Pour la comédie, trois auteurs se détachent :

    - Regnard

    - Dancourt

    - Dufresny
    Puis une nouvelle génération d’auteur fait surface :

    - Destouches

    - D’Orneval

    - Marivaux

    En 1756, la comédie devient de plus en plus moralisante
     

     

     

    4) La censure
     

    Elle est plus que jamais la règle, elle se fait soit :


    C’est dix-neuf ans après la mort de Louis XIV, qui avait chassé la troupe des Comédiens Italiens, que le Régent les rappelle ; la troupe s’installera à l’hôtel de Bourgogne. En 1762, la troupe des comédiens Italiens fusionnera avec celle de l’Opéra comique.

    A partir de 1773, le théâtre français attaque la troupe ce qui conduira, en 1779, à l’interdiction de représenter des pièces italiennes. Le théâtre des Italiens, dont la particularité est la présence d’une fosse d’orchestre qui conduit à un espace de jeu réduit a longtemps utilisé le masque en guise de costumes

      

      

      

     

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    Du sang royal probablement caché à l'intérieur d'une gourde

     

    Datant de la Révolution française, cette gourde est censée contenir le sang de Louis XVI, recueilli peu de temps après son exécution.

    La gourde, utilisée à l'origine pour stocker de la poudre à canon, a été largement décoré à l'extérieur avec un outil chauffant. Le texte gravé sur la surface: "Maximilien Bourdaloue le 21 Janvier, trempa son mouchoir dans le sang de Louis XVI après sa décapitation".
     
     
     
    Une nouvelle étude est donc entrain de déterminer si cette gourde peut contenir le sang de Louis XVI, qui a été exécuté par la guillotine en 1793.
     
    L'étude montre comment l'analyse génétique peut fournir de nouvelles preuves historiques indépendant des autres sources d'information traditionnelles.
     
    "Il est décrit dans les comptes contemporains qu'il y avait beaucoup de sang dans l'échafaud après la décapitation et que beaucoup de gens allaient là pour tremper leurs mouchoirs dans le sang", explique Carles Lalueza-Fox, auteur principal de l'étude et chercheur à l'Institut espagnol de biologie évolutive (Unitat de Biologia Evolutiva).
     
    Le mouchoir est maintenant absent de la gourde, mais Lalueza-Fox et son équipe ont identifié une substance brunâtre à l'intérieur de celle-ci. Des tests biochimiques ont déterminé que la substance était du sang séché.
     
    Lalueza-Fox se rappelait que le roi était connu pour ses yeux bleus, souvent mis en valeur dans les peintures. Il a alors eu l'idée de rechercher la mutation des yeux bleus dans l'ADN du sang séché. Les scientifiques ont découvert cette mutation dans un gène appelé HERC2. Les chercheurs ont également analysé d'autres aspects des gènes du sang, tels que son profil d'ADN mitochondrial, le profil de son chromosome Y et quelques autres marqueurs.
     
    Tous ces aspects ont révélé que le profil ADN "trouvé à l'intérieur de la gourde est extrêmement rare chez les Eurasiens modernes", suggérant qu'il pourrait provenir de lignée royale.
     
    "Nous avons effectué une analyse du sang de la «personne» qui est à l'intérieur de la calebasse pour lesquels nous avons des preuves historiques suggérant que ce serait le roi, mais pour preuve définitive nous avons besoin de quelqu'un pour comparer les résultats" ajoute Lalueza-Fox.
     
    Par chance, un organe d'une telle personne existerait: un coeur situé dans une crypte royale française est censé appartenir au fils du roi, Louis XVII, qui est décédé alors qu'il n'avait que 10 ans.
     
    La gourde a aussi, gravés, les noms des figures clés de la période révolutionnaire: Georges Danton, Jean-Paul Marat, Camille Desmoulins, Louis-Sébastien Mercier, Joseph Ignace Guillotin, Maximilien Robespierre, Bernard-René de Launay, Jacques de Flesselles et Joseph Foullon.


    «Cela peut paraître étrange aujourd'hui, mais pour une personne assistant à l'exécution, l'une de ces gourdes à poudre était un récipient acceptable pour préserver quelque chose de précieux», explique Lalueza-Fox.
     
      
    Source:

      

     

    LOUIS XVI - découverte d'une gourde remplie du sang du Roi, après son exécution.Né à Versailles en 1754, mort en 1793, roi de France de 1774 à 1791, Louis XVI est le petit fils de Louis XV. Orphelin de père à onze ans et de mère à treize ans, il fut élevé par son précepteur Mgr de Coetlosquet et par le duc de La Vauguyon. Il reçut une éducation très conservatrice et très religieuse, au sein d’une cour où dominait la Marquise de Pompadour.

     

    Ayant peu de goût pour la guerre, il se passionnait pour la chasse et les travaux artisanaux ( en particulier la serrurerie ). Le futur Louis XVI est intelligent, instruit, mais manque de caractère et sa timidité presque maladive lui fera adopter des attitudes hésitantes et contradictoires. Marié en 1770 à l’archiduchesse Marie-Antoinette, fille de François 1er empereur d’Autriche , il eut quatre enfants, mais deux mourront en bas-âge.

     

    Sacré le 10 mai 1774, il souhaite rompre avec les habitudes de débauche de la Cour, et ce roi de vingt ans, vertueux, un peu maladroit s’attire en ce début de règne, les sympathies et l’affection du peuple. Il forme une nouvelle équipe gouvernementale avec Turgot aux finances. Cependant, il se refuse à effectuer les réformes modernistes proposées.

     

     
     

     

    Turgot fut renvoyé en mai 1776.

    Le Genevois Jacques Necker, fut nommé directeur général des finances en 1777, mais il ne parvint pas plus que son prédécesseur à imposer les réformes nécessaires et la publication en 1781 de son Compte-Rendu décrivant l’état exact des finances du royaume lui valut son renvoi.

     

    La politique extérieure, permet de retrouver le prestige perdu par les défaites successives du règne précédent. La lutte des treize colonies d’Amérique obtient le soutien officiel du gouvernement. Louis XVI signe avec Benjamin Franklin un traité d’amitié en 1778, tandis que de jeune aristocrates comme La Fayette ou Rochambeau, s’engagent activement dans les mouvements de libération. Les Français apportent une aide réelle à Georges Washington. Cette politique menée également aux Indes et en Europe entraîne un déficit budgétaire important ( 1 milliard de livres ont été dépensées rien que pour l’indépendance américaine !)

     

     

    La crise financière se double d’une crise morale, politique et sociale. Les débordements et le gaspillage de la Cour, la baisse des revenus agricoles, le manque de réformes fiscales, font que le mécontentement populaire s’accentue porté par des oeuvres comme « le mariage de Figaro » de Beaumarchais et amplifié par des scandales comme l’affaire du Collier de la Reine 1785.

     

    Le roi mal entouré, d’une indécision constante, ne sut pas faire face à la montée révolutionnaire. Face à une agitation grandissante charge Loménie de Brienne de convoquer les Etats Généraux. Dès la convocation faite, Louis XVI le renvoie et rappelle Necker.

     

    Par un Edit du 8 août 1788, Brienne convoque les Etats Généraux pour le 1er Mai 1789. Lors de leur ouverture , le 5 mai 1789, Louis XVI refuse de répondre à la question du système de vote ( par ordre ou par tête )

     

     

    Ce qui provoque une totale désillusion au sein de la bourgeoisie, et impuissant devant la contestation, il accepte alors la proclamation des Etat Généraux en Assembler Nationale, invitant la Noblesse et le Clergé à s’y associer.

     

    Le 17 juin 1789 les Communes décident de se transformer en l’Assemblée Nationale, ce qui sonne le glas de l’absolutisme royal : la Révolution est en marche.

     

    Le 9 juillet l’Assemblée nationale se proclame constituante. Le 17 juillet 1789 Louis XVI renvoie Necker pour la seconde fois et le remplace par la baron de Breteuil, un contre-révolutionnaire notoire. Cette provocation ajoutée aux problèmes économiques rencontrés par les parisiens, déclenche les évènements de juillet.

     

    En octobre le peuple se rend à Versailles pour ramener la famille royale à Paris, et le 14 juillet 1790 le roi prête serment de fidélité à la Nation durant la fête de la Fédération, mais la Constitution Civile du Clergé heurte sa conscience de chrétien.

    LOUIS XVI - découverte d'une gourde remplie du sang du Roi, après son exécution.

     
    Exécution de Louis XVI

     

     

    Il décide de fuir à l’étranger mais est arrêté à Varennes la nuit du 20 au 21 juin 1791. Suspendu de ses fonctions durant un mois, il devient « rois des français » le 14 septembre 1791 après avoir juré fidélité à la Constitution.

     

    De nombreuses maladresses et des contacts mal dissimulés avec les chancelleries étrangères, ne firent qu’augmenter l’hostilité des révolutionnaires, et le 10 août 1792, les Tuileries sont prises, le roi est arrêté : c’est la chute de la royauté.

     

    Déchu, prisonnier au Temple, Louis XVI appelé par dérision Louis Capet, est accusé de « conspiration contre la liberté publique » et jugé par la Convention. Ses défenseurs : Malesherbes, Tronchet et Romain de Séze ne peuvent le sauver .

     

    Sa culpabilité fut reconnue à la majorité : 387 voix contre 334. Condamné à mort, il fut exécuté sur la place de la Révolution actuellement place de la Concorde le 21 janvier 1793.

     

    par Webmaster

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    Au soir du cinq octobre, Marie-Antoinette ne sait plus quoi penser.

     

    Elle a peur... et elle a raison.

     

    C'est sa dernière nuit à Versailles.

    http://membres.lycos.fr/madameroyale/6oct.jpg

     

    Madame de Tourzel et les dames de service cette nuit là avaient reçu pour ordre de mener les enfants royaux chez leur mère à la moindre alerte.

     

    Marie-Antoinette ne semble pas encore comprendre que son mari est aimé, que c'est à elle qu'on en veut.

     

    Sur le coup de onze heures, elle annule son ordre et commande d'emmener les Enfants de France chez le roi, où ils seront en sécurité.

     

    Ils dorment, et tout le monde espère que les malheureux évènements du 5 seront bel et bien finis.

     

    La Reine, à qui l'on a conseillé de dormir chez son mari, préfère attirer la foule vers elle. Les rumeurs vont et viennent, se contredisent.

     

    Enfin Marie-Antoinette, sur les deux heures du matin, va se coucher pensant qu'il ne se passera rien, et conseille à tout le monde d'en faire autant.

     

     

    Vers six heures, les attaques recommencent. "Point de quartier! Tue! Tue" hurle-t-on.

     

    La masse populaire tranche la gorge de tous ceux qui sont sur son passage.

     

    Ce sont d'abord les sentinelles de l'appartement de Mesdames, c'est ceux du grand escalier que les suisses et autres gentilshommes défendent corps et âme.

     

    La foule avide de sang - et de pain- a tout envahi, cours intérieures, jardins, et avance toujours plus loin jusqu'aux appartements de la Reine.

    "Il nous faut le coeur de la Reine! Prenons ses entrailles pour en faire des cocardes!"

     

    Plusieurs gentilshommes, blessés, ont heureusement le temps de crier

    "Sauvez la Reine! Sauvez-la!"

     

    Mme Thibaut, première femme de chambre de Marie-Antoinette, ne s'était pas couchée.

     

    Elle réveille la souveraine et lui fait passer une robe.

     

    Elles partent par le petit passage secret situé à la droite du lit.

     

    Peu de temps après, la populace défonce les portes et martèle de piques le matelas vide.

     

    S'ils découvrent les passages qui mènent aux petits appartements, c'en est fait.

     

    Heureusement, ce n'est pas le cas.

    http://www.diagnopsy.com/Revolution/images/0131.jpg

    La Reine arrive donc chez le Roi... et n'y trouve pas ses enfants. M. de Sainte-Aulaire a couru vers les appartements du jeune Louis-Charles où veille Madame de Tourzel.

     

    Tous trois reviennent sans incident chez Louis XVI.

     

    On se soucie moins de Madame Royale, car il est certain que ce n'est pas chez elle qu'ira ce peuple en déroute.

     

    La reine n'est pas de cet avis, et prend l'un des escaliers intérieurs pour descendre chez sa fille et la jeune Ernestine.

     

    N'oublions pas que leurs appartements donnent sur la cour de marbre!

     

    Elle y trouve les filles de Mme de Tourzel veillant sur ces enfants de onze et dix ans.

     

    Tout le monde chez le Roi, dont l'appartement n'est pas encore forcé, les gardes se relayent.

     

    Courageusement, ils attendent la mort, et beaucoup périront lors de ces attaques.

     

    Leurs fils, leurs filles seront condamnés au Tribunal Révolutionnaire.

     

    Mais tout cela prend fin: la Garde Nationale de Paris charge le peuple, qui est reflué vers la cour de Marbre.

     

    Que se serait-il passé si la charge avait eu lieu la demi-heure précédente, Madame Royale dans ses appartements?

    http://membres.lycos.fr/madameroyale/images/6oct.jpg

     

    La famille royale réunie, on se concerte.

     

    Debout sur une chaise, Louis-Charles joue avec les longs cheveux défaits de sa soeur.

     

    Il a faim.

     

    Elle sait qu'il ne faut rien demander.

     

    A côté d'eux, la soeur d'adoption de Madame Royale, dont le père officiel court en ce moment dans Versailles pour défendre la Reine.

     

    C'est Ernestine Lambriquet.

     

    Dans Versailles, les rumeurs courent: on assure, nous dit un député du Tiers, que la Reine est partie dans une voiture grise, prenant la route de Saint-Cyr.

     

    Elle est pourtant toujours au château; la dame dans la voiture était Mme de Saint-Priest, qui devait accoucher et dont le mari était aux côtés du Roi.

     

    Les gardes meurent les uns après les autres.

     

    Ecoeuré, Louis XVI ouvre les portes-fenêtres de son appartement et se montre au Balcon donnant sur la Cour de marbre.

     

    Ses défenseurs, restés avec lui, jettent leur bandoulière à terre et crient

    "Vive la Nation!"

     

    Le peuple se calme et invite la garde à descendre dans la cour de marbre pour faire la paix.

     

    Pendant ce temps, toute la Famille Royale, les tantes du Roi, Madame Élisabeth, et les habitants du château se retrouvent chez le Roi.

     

    Il discute avec la Fayette: faut-il quitter Versailles pour s'installer à Paris?

     

    Après quelque temps de débat, le Roi se présente à nouveau au balcon et annonce sa décision au peuple. "L'ivresse de cette multitude fut à son comble" nous dit Mme de Tourzel.

     

     

    Mais cela ne suffit pas; si les hommes sont contents, les poissardes et les dames de la Halle sont toujours là.

     

    De la cour de Marbre, elles demandent à voir la Reine.

     

    Marie-Antoinette s'exécute, tenant par la main le Dauphin et Madame Royale.

     

    On la regarde avec fureur.

     

    "Faites rentrer les enfants!"

     

    C'est vraiment à la Reine qu'on en veut. Si Louis XVI est admiré par le peuple et conserve sa réputation méritée d'homme bon et généreux, la Reine est haïe.

     

    Une députation est nommée pour accompagner la famille royale à Paris.

     

    On part donc entre une heure et demie et deux heures.

     

    "Le Roi, nous dit Adrien Duquesnoy, était dans une voiture, dans le fond à droite, la Reine à gauche, Monsieur le Dauphin sur ses genoux, Madame entre le Roi et la Reine. Monsieur et Madame (NDW: de Provence) au milieu, Madame Victoire et Madame Élisabeth sur le devant."

     

    Et le député de conclure

    "Qu'on pense à ce très étonnant spectacle et qu'on dise si l'histoire en offre un pareil!"

     

    Madame de Tourzel, si elle confirme que le Roi et la Reine étaient avec leur fille, précise

    "J'étais sur le devant, tenant sur mes genoux M. le Dauphin, et Madame (de Provence) était à côté de ce prince.Monsieur et Madame Elisabeth étaient aux portières."

     

    Entourée par la Fayette et d'Estaing, la voiture, après six heures de pure folie, arrive à Paris.

     

    Précédée par la populace, elle ne voit pas les deux piques sur lesquelles sont plantées les têtes de Des Huttes et De Varicourt.

    http://www.diagnopsy.com/Revolution/images/0139.jpg

     

    On arrive à Passy.

     

    Au balcon d'un hôtel richement meublé, quatre jeunes gens et leur gouvernante regardent la scène, mi amusés, mi dépités.

     

    Ce sont Mme de Genlis, le jeune Louis-Philippe d'Orléans, ses frères Antoine et Alphonse et leur soeur Adélaïde, âgés de 16, 14, 10 et 12 ans.

     

    Leur père, le futur Philippe-Egalité, a demandé qu'on leur fasse assister à la scène.

     

    Le voyage n'est qu'une série d'insultes.

     

    A la barrière de Chaillot, Jean-Sylvain Bailly, le maire de Paris, présente les clefs de la ville à Louis XVI.

    "Quel beau jour, Sire, que celui où les parisiens vont posséder dans leur ville Votre Majesté et sa famille!" déclare-t-il.

     

    Notons bien ce mot de posséder.

     

    C'est ce sentiment là qui insupporte le Roi, et qui lui fera choisir, dans un an et demi, de quitter Paris pour Montmédy.

     

    On compte partir de suite aux Tuileries, mais Bailly s'enflamme et supplie le Roi de se rendre à l'Hôtel de Ville.

     

    La foule est si dense qu'on descend place de Grève et marche jusqu'à la Mairie.

     

    On crie "Vive la Famille Royale"... puis tout en détail, le Roi, la Reine, le Dauphin, Madame Royale, les Provence... tout le monde y passe.

     

    Bailly présente au Roi un nouveau discours.

     

    Tout le monde est épuisé.

     

    La séance se termine par un "Vive le Roi"

     

    A tel point qu'on pourrait croire que c'est une fausse alerte, et que tout sera comme avant.

     

    Grave erreur.


    La Famille Royale est conduite aux Tuileries.


    Le château est désert.

     

    Volets et portes n'avaient pas été fermés depuis Louis XIV.

     

    L'horloge est arrêtée.

     

    Versailles, symbole de la royauté, est devenue une ville morte.

      

    SOURCES

    superbe blog

    http://decroyhavre.over-blog.com/article-27920897.html

      

     
     
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     File:Hans Axel von Fersen2.jpg

    Le grand départ :

     

    C'est le 3 juin 1770 que le jeune comte Hans-Axel von Fersen quitte la Suède pour la première fois. Il est le fils aîné du maréchal Frédérik-Axel Von Fersen, l'homme le plus riche et le plus influent de Suède sur le plan politique. Comme tout jeune aristocrate respectable, il entame son tour d'Europe. Il part étudier à l'étranger dans des académies et des écoles de guerre. Il n'a que quatorze ans. C'est également ce jour-là qu'il commence son journal qu'il n'achèvera qu'en 1808.

     

    Bien qu'une multitude de notes aient été détruites pendant la Révolution, le journal contient plus de 20 000 pages (Les notes entre 1779 et 1791 ont été détruites par le valet de chambre du comte). Axel de Fersen traverse le Danemark, passe par l'Allemagne, l'Italie, Paris et Londres.

     

    En Allemagne, il s'inscrit à l'académie et commence ses études tout en préservant ses loisirs. Il se rend à la Cour et assiste à de nombreuses réceptions. Il accueille le prince Charles, frère du Roi Gustave III de Suède, en visite. Il reçoit alors son premier grade militaire suédois, il est caporal au régiment des hussards de la garde. En janvier 1771, il reçoit encore des princes suédois en visite, sa courtoisie et son dévouement lui valent un autre grade. Il est fait membre du corps des officiers de la garde Royale.

     

     

     

      

      

    Il quitte enfin l'Allemagne et se rend à Strasbourg pour des études militaires. Il apprend le droit naturel, le Français, l'Allemand, les mathématiques et l'histoire de l'art militaire. Puis il continue son voyage en passant par la Suisse où il a la chance de rencontrer Voltaire, le plus grand philosophe de son temps.

      

    Sa prochaine étape, Turin, en Italie, où il reste dix-sept mois, sera un très bon souvenir pour Fersen. Il apprend l'Italien et suit des cours à l'académie de médecine. Il est présenté au Roi Charles-Emmanuel III. Il fréquente l'académie militaire, mais aussi le théâtre, l'opéra et les dames de Turin qui le fascinent.

     

    Il passe par Rome et par Naples où il rencontre la reine Marie-Caroline, sœur de la princesse Marie-Antoinette. A la fin de son séjour en Italie, Fersen parle Allemand et Italien.

    En 1773 il est nommé porte-étendard au régiment de cavalerie de Smäland et promu lieutenant la même année. Grâce à son père il est également lieutenant à la suite du Royal Bavière, un régiment Français.

      

     

    En 1774, Axel de Fersen arrive à Paris. Il vient de faire 18 ans. Il s'installe non loin de l'université avec son précepteur et ses domestiques. Il est reçu par l'ambassadeur de Suède, Creutz, qui le présente à la Cour de Versailles. Fersen s'enivre des plaisirs parisiens, il va aux bals masqués de l'opéra, au théâtre. Il s'inscrit à la Sorbonne et suit des cours de physique et de sciences naturelles. C'est pendant ses cours qu'il fait la connaissance de la fille de Diderot. Marie-Angélique Diderot.

    Fersen la décrit comme « joyeuse, intelligente, mais pas belle ». Lors d'un dîner il rencontre l'ambassadeur d'Autriche, le comte de Mercy, celui-ci lui déplait et tous ces dîners sont très ennuyeux selon Fersen. C'est à cette époque qu'il rencontre aussi Catherine Leijel, anglaise d'origine suédoise, de très bonne famille. D'ailleurs leurs deux familles se connaissent et sont en relations.

     

     File:Marie Antoinette in Muslin dress.jpg

     

     Marie-Antoinette :

     

    En janvier 1774, Axel de Fersen rencontre la princesse royale Marie-Antoinette à Versailles à un bal où il est invité, c'est la première fois qu'il la voit. Le jeune Comte de Fersen préférait les manifestations moins traditionnelles et surtout moins ennuyeuses. C'est le 30 janvier, au Bal de l'Opéra qu'il revoit Marie-Antoinette, Louis le prince héritier et son frère, le Comte de Provence.

      

    Travel “alarm clock” c. 1788 by Charles Le Roy. Marie-Antoinette is believed to have ordered this watch as a gift for the man thought to be her lover, Count Axel de Fersen, Ambassador and Marshall of  Kingdom of Sweden.

      

    Ils sont tous masqués et dans un premier temps, Fersen ne reconnaît pas la jeune Dauphine avec laquelle il plaisante pendant plus d'une demi-heure. Il dira dans son journal « Lorsqu'elle fut enfin reconnue et donc très entourée, elle se retira dans sa loge. Je suis parti à trois heures ».

     

    A cette époque Axel de Fersen est un jeune homme grisé par les plaisirs faciles et l'amusement, ses notes écrites hâtivement durant cette période en témoignent. Il se partageait entre bals, déjeuners, rendez-vous galants. On est bien loin du beau suédois totalement fasciné dès le premier jour par la beauté de Marie-Antoinette, se vouant corps et âme à un amour impossible ! Une chose est pourtant sûre, il a été captivé par la cour de Versailles et la France. En Mai 1774, il part en Angleterre et étudie l'Anglais et l'Histoire. Il ne cesse de faire part de sa déception et fait des comparaisons avec la France.

    « Quoique prévenu, je ne fut pas moins frappé de la différence totale qu'il y a entre ces deux nations voisines et qui est d'autant plus sensible qu'elle est subite. Je ne jugerai ni pour l'une, ni pour l'autre, il y a du bon et du mauvais des deux côtés. Ce que je sais c'est que malgré les raisons que j'avais de regretter l'Angleterre, je fus fort aise de revoir la France ».

     

    Il retourne en Suède en décembre 1774 et obtient le titre de Capitaine dans l'Armée en mai 1775. En Mai 1778, avec la permission de son père, il retourne à Londres pour demander la main de Catherine Leijel. Celle-ci refuse, prétextant ne point vouloir quitter l'Angleterre. En vérité, elle est éprise de quelqu'un d'autre.

    C’est la seule demande en mariage qu'il fera au cours de sa vie.

     

     

     

      

    En Août 1778, il est de retour en France et à Versailles. Dans une lettre à son père il mentionne « La Reine qui est charmante, dit en me voyant : Ah, c'est une ancienne connaissance !...Le reste de la famille ne me dit pas mot ». Cette remarque de Marie-Antoinette touche beaucoup Fersen, qui est aussitôt introduit dans le cercle de la Reine.

      

      

    Il écrit de nouveau à son père le 8 septembre « la Reine, qui est la plus jolie et la plus aimable princesse que je connaisse, a eu la bonté de s'informer souvent de moi ; Elle a demandé à Creutz pourquoi je ne venais pas à son jeu le dimanche (…)

      

    Sa grossesse est très visible » . En effet, Marie-Antoinette attend son premier enfant, Madame Royale qui naîtra le 19 décembre 1778.

     

    Marie-Antoinette in a redingote, c. 1780, drawing, gift from Axel de Fersen to his sister Sophie 

    Marie-Antoinette aimait s'entourer d'étrangers à Versailles. Dans son cercle, des noms reviennent souvent, comme Esterhazy, le baron de Stedingk ou encore Fersen.

    Elle dira « Ceux-là ne me demandent rien ».

    En effet, Axel de Fersen ne ressemblait pas aux courtisans Français qui mendiaient des faveurs.

    Il était simple, poli, loyal, franc mais surtout discret et réservé.

     

     File:Hans Axel von Fersen1.JPG

     

    La Reine comble Fersen de faveurs et cherche par tout moyen à lui témoigner son intérêt. Axel s'en aperçoit et est tellement flatté qu'il en parle encore à son père « La Reine, me traite toujours avec bonté (…) C'est la princesse la plus aimable que je connaisse » .

      

    Un jour, elle émet le désir de le voir revêtir son uniforme suédois, ce qui fait jaser la Cour de Versailles. Dès lors, on ne parle plus que d'un certain comte Fersen « grand, élancé et parfaitement bien fait » comme le décrit le comte de St Priest. Les fêtes de Versailles et la vie parisienne sont tellement enivrantes, qu'Axel ne note rien dans son journal pendant six mois.

     

     Départ aux Amériques :

     

    Certainement plus ambitieux que romanesque, Fersen décide de s'engager pour la guerre d'Amérique. C'est un désir qu'il a depuis qu'il sait que la France compte y envoyer un corps expéditionnaire. Il est persuadé d'avoir tous les honneurs et la gloire militaire à son retour.

     

    Les derniers jours avant son départ, il est dit que Marie-Antoinette avait les larmes aux yeux. La duchesse Fitz James dit à Axel « Quoi, Monsieur, vous abandonnez ainsi votre conquête ? » Ce à quoi il répond « Si j'en avais une, je ne l'abandonnerais pas. Je pars libre et sans laisser de regrets ».

     

    Après de longs mois d'attente à Brest, il embarque à bord du « Jason », le vaisseau de guerre armé, le 13 Avril 1780. Nommé Colonel d'Infanterie, Fersen sera l'interprète du Général Rochambeau avec le titre de « Mestre de camp ». Pourtant très exigeant, Rochambeau dira à Louis XVI que Fersen était " un des officiers sur les talents duquel il se repose le plus ".

     

    Creutz quant à lui écrit à Gustave III que " Fersen qui a rang de mestre de camp, se conduit avec une sagesse et une raison étonnante...".

      ean-Baptiste-Donatien de Vimeur, Comte de Rochambeau, Marechal De France (1725-1807), by Charles-Philippe Larivere. Lieutenant General in command of some 7,000 French troops and sent to join the Continental Army, under George Washington in the American Revolutionary War Rochambeau commanded more troops than did Washington. Count Axel von Fersen the Younger served as Rochambeau's aide-de-camp and interpreter. 

      

    Il assiste à quelques discussions entre Washington et Rochambeau. Fersen dira de Washington « C'est l'homme le plus célèbre de nos jours. Son beau visage est doux et franc et reflète ses qualités morales. Il a bien l'air d'un héros.

    Il est froid et parle peu, mais il est courtois et bon ».

     

    Il participe en octobre 1781 à la bataille de Yorktown. Il prend part à la direction des combats et fait fonction d'officier de liaison entre les Français et les Américains. Loin de là, le 22 octobre 1781, naît à Versailles, Louis-Joseph, 2eme enfant de louis XVI et Marie-Antoinette.

     

    La plupart des officiers, camarades de Fersen, rentrent à Paris, mais lui reste, la guerre n'est pas terminée. Gustave III confie également une mission à Fersen au profit de son pays qui consiste à savoir si quelques îles américaines pourraient être cédées à la Suède. Il a toute confiance en Fersen et le fait chevalier de l'Ordre de l'Epée.

     

    En mars 1782, il reçoit une lettre de l'Ambassadeur de Suède à Paris qui l'informe que la Reine vient de le nommer Mestre de camp en second au Régiment Français Royal deux-ponts. Il est également nommé Colonel dans l'armée Suédoise.

     

    Lors d'une expédition en Amérique du Sud à bord d'un bateau de guerre, Fersen tombe malade. Ils abordent à Puerto Cabello, au nord du Venezuela. C'est là qu'ils apprennent la fin de la guerre.

     

    La guerre terminée, Axel de Fersen peut enfin rentrer…Il a 28 ans. Il regagne la France fiévreux et affaibli… Il arrive à Paris le 23 Juin 1783. Mûrit par la guerre, mais toujours aussi séduisant il devient rapidement la coqueluche des salons parisiens. Il envisage un autre projet de mariage avec la fille du ministre des Finances Français, Jacques Necker.

    Ce projet n'aboutit pas, Germaine Necker épouse un autre Suédois, Erik Staël von Holstein, nouvel ambassadeur de Suède en France. Fersen en est soulagé, en vérité, il ne fait ces projets de mariage que pour satisfaire son père.

     

    Retour en France et Royal Suédois :

     

    Au cours de sa vie, Axel de Fersen entretient une correspondance avec son père, quelquefois houleuse lorsqu'il s'agit d'argent. Son père se plaint de donner beaucoup trop d'argent à son fils aîné, au détriment de ses autres enfants, en particulier de son fils cadet, Fabian, parti faire son tour d'Europe.

     

    Depuis son retour d'Amérique Axel veut servir en France, il souhaite l'acquisition d'un régiment français. Aussi, après beaucoup d'insistance auprès de son père, grâce à Gustave III et à l'appui de Marie-Antoinette, il finit par obtenir ce qu'il veut.

     

    Le Roi de Suède intervient personnellement auprès de Louis XVI. Fersen écrit à Gustave III : « Le Roi a consenti tout de suite et a témoigné la plus grande envie de faire quelque chose qui put être agréable à Votre Majesté. La Reine a bien voulu s'en mêler dès qu'elle a su que vous le désiriez (…) » .

     

    Axel de Fersen devient donc propriétaire du régiment Royal-Suédois.

     

    Il écrit à sa sœur « Mon affaire est décidée, ma chère amie, je suis colonel, propriétaire du Royal-Suédois, mais je n'ai pas encore mon brevet. N'en dîtes rien à mon père, s'il ne vous en parle pas (…) ».

     

    C'est à cette époque que Fersen et Marie-Antoinette deviennent très proches. Axel écrit à sa sœur, Sophie Piper « J'ai pris la décision de ne jamais me marier. Ce serait contre nature…Je ne peux appartenir à la seule personne à laquelle je le voudrais vraiment…Je ne veux donc appartenir à personne. »

     

    Contraint de suivre Gustave III, il fait partie de sa suite au cours du voyage du Roi en Italie puis en France. C'est à Naples qu'il reçoit la médaille de l'ordre de Cincinnati (Haute décoration distribuée aux chefs et aux officiers supérieurs des soldats de la liberté d'Amérique). Au cours de ce voyage Fersen entretient aussi une correspondance avec Marie-Antoinette, son courrier est adressé à «Joséphine » et noté en tant que tel dans ses notes.

      

    C'est le 7 juin 1784 que Gustave III et sa suite arrivent à Paris. Une fête est donnée en cet honneur par Marie-Antoinette à Trianon le 21 juin 1783. Gustave III parle de cette fête dans une lettre adressée à son frère le Duc de Sudermanie « On soupa dans les pavillons des jardins et, après souper, le jardin anglais fut illuminé. C'était un enchantement parfait.

      

    La Reine avait permis de se promener aux personnes honnêtes qui n'étaient pas du souper et avait prévenu qu'il fallait être habillé en blanc (…) La Reine ne voulut pas se mettre à table (…), elle parla à tous les suédois et s'occupa d'eux avec un soin et une attention extrême. »

     

    Le Roi alloue à Axel un salaire de vingt mille livres par an comme chef d'un régiment français. Il peut retourner auprès de son père la tête haute.

     

    En août 1784, Fersen rentre à Stockholm. Entre 1784 et 1785 très sollicité, il écrit à d'anciennes maîtresses, rencontrées en Italie. Il écrit aussi régulièrement à Joséphine… Nostalgique de la France et de Versailles, Fersen se sent mal à l'aise au sein de la Cour de Gustave III où plus rien ne lui est familier.

     

    Il retourne en France en 1785 et lorsqu'il écrit à sa sœur et qu'il nomme la Reine, il parle de « mon amie ». Le 25 mars 1785, naît à Versailles, le Duc de Normandie, (futur Louis XVII). En Avril 1788, Fersen est rappelé auprès de son pays, il part en Finlande à l'occasion de la guerre contre la Russie. En novembre 1788, il est de retour à Versailles, chargé de mission par Gustave III.

      

    Mais en France plus rien ne va, les pires pamphlets circulent sur la Famille Royale, la Reine est souvent appelée « L'Autrichienne » ou « Madame Déficit », l'avenir s'annonce sombre et incertain.

     

     

     

     Début de la tourmente :

     

    Le 10 décembre 1788, Fersen écrit à son père « La fermentation des esprits est générale, on ne parle que de constitution (…) Tout le monde est administrateur et ne parle que de progrès (…) » Dans une autre lettre il ajoute « En attendant le public est innondé d'écrits, de brochures et de pamphlets, il n'y a pas de jour où il n'en paraisse quatre ou cinq.

      

    La plupart n'ont pas de sens commun, ne contiennent que des pensées vides de sens ou des pensées tout à fait séditieuses (…) Les femmes ne sont occupées maintenant que de constitution, et les jeunes gens pour leur plaire et être de bon ton, ne parlent que d'états généraux et de gouvernements (…) je ne sais pas si le royaume gagnera à tous ces changements, mais la société y a perdu ».

     

    Alors qu'en France, la révolte gronde, en Suède, Gustave III décide de se venger d'une noblesse rebelle. Il convoque le parlement et fait arrêter les chefs de la haute noblesse, dont le Maréchal conseiller, Frederik Axel von Fersen. Le père de Fersen restera prisonnier pendant dix semaines.

    Malgré le coup d'Etat de Gustave III, son père aux arrêts, Fersen ne renie pas pour autant la Royauté et reste fidèle à ses principes. Le Maréchal Fersen donne l'ordre à ses enfants de ne pas quitter leurs postes à la Cour et de ne changer aucune de leurs habitudes, il considère son conflit avec Gustave III, comme personnel.

     

    Entre temps, en France, la situation empire, mais Fersen malgré son inquiétude est heureux. Il écrit dans son journal que la période 1788-1791 a été la meilleure de sa vie. Il a la confiance absolue du couple royal, il est au cœur des évènements et peux montrer son dévouement.

    Les amis de la Reine disparaissent et il reste un de ses seuls conseillers et fidèles. Pendant cette période, il écrit à sa sœur Sophie « Elle est terriblement inquiète, mais très courageuse. C'est un ange de Dieu. J'essaie de la conforter du mieux que je peux ».

     

    En mai, les Etats Généraux se réunissent à Versailles. Fersen s'installe à Paris, 27 avenue Matignon, à l'angle de la rue du Faubourg Saint Honoré. Il apprend le décès du Dauphin, Louis-Joseph le 4 juin 1789 et le retrait du Roi au château de Marly, accablé de chagrin. Les troubles gagnent les provinces et Axel est contraint de rejoindre son régiment à Valenciennes.

    Le 14 juillet, la Bastille est prise. Fersen tient au courant depuis Valenciennes son Roi et sa famille en Suède. Il écrit à son père « Ce pays traverse une crise hors du commun…Tous les liens sont coupés et la discipline militaire disparue… »

     

    Désormais il s'installe dans un logement près de Versailles. Dans sa correspondance avec Sophie, le Reine devient « Elle ». Elle était pour lui au-dessus de toute appréciation ordinaire, c'était La Reine, qu'il fallait préserver et protéger.

     

    En Suède, la famille Fersen s'inquiète pour Axel. Le 8 Août Hedda (sœur aînée d'Axel) écrit à Fabian en Finlande « Ce n'est pas pour vous seul mon cher ami que j'ai des craintes et Axel en France n'est guère plus sûrement. Il y aura certainement une guerre civile dans ce malheureux pays (…)

    Axel avec son régiment sera peut-être dans le cas de se battre contre les gardes françaises et le peuple de Paris. Nous sommes bien malheureux en Suède, mais je crois cependant que nous le sommes moins que les Français ».

     

    Le 5 octobre, le peuple marche sur Versailles.

    Ce sont pour la majorité, des femmes venant chercher du pain à Versailles. Fersen est présent ce jour-là et prie la famille Royale de s'enfuir. Ils n'en feront rien et le 6 octobre les manifestants, pénètrent dans le château. La famille Royale doit quitter Versailles pour Paris et s'installe aux palais des Tuileries.

     

    Gustave III, comprend que la révolution est un danger pour la monarchie française, mais aussi pour toutes les monarchies d'Europe. Aussi en janvier 1790, il charge Fersen d'une haute responsabilité. Axel devient l'agent de liaison entre Gustave III et le couple royal. Il voit souvent l'Ambassadeur Russe, Johan Simolin qui le met en contact avec Quentin Craufurd, un agent secret britannique, qui vit rue de Clichy en compagnie de sa concubine Eléonore Sullivan.

    Cette dernière devient la maîtresse de Fersen.

     

     La fuite :

     

    Le journal de Fersen montre qu'il ne poursuit qu'un seul but : sauver la famille royale. Il aurait le choix de rentrer en Suède, de poursuivre une carrière politique, mais il préfère rester en France, malgré l'inquiétude de sa famille.
    La situation est alarmante aussi bien pour la Monarchie que pour la famille Royale. Fersen et la Reine, mettent sur pied un plan de fuite. S'amorcent alors des correspondances secrètes écrites à l'encre invisible et chiffrées entre la Reine, les ambassadeurs et les hommes politiques. C'est Fersen qui fait sortir les lettres, s'occupe de leur acheminement. En 1791, Fersen a 36 ans. Il rassemble les fonds pour organiser la fuite du Roi et de sa famille.

     

    L'argent étant difficile à trouver, outre la participation de la Reine, il donne tout ce qu'il a, emprunte trois mille livres à son maître d'hôtel, quatre-vingt treize mille livres à une dame Suédoise et cent soixante neuf mille livres à Madame Von Korff. Eléonore Sullivan donnera mille livres. Simolin se charge des passeports. La famille Royale voyagera sous de fausses identités.

     

    Les rumeurs d'une supposée fuite de la famille Royale gagne Paris.

    Le journal de Marat « L'ami du peuple », y contribue fortement. C'est dans cette atmosphère tumultueuse que s'organise la fuite. Fersen et le marquis de Bouillé préparent activement les opérations, mais Axel ne peut s'empêcher d'être inquiet et se méfie de tout le monde.

    Ses lettres adressées à Bouillé en témoignent « occupez-vous bien de la sûreté de la route jusqu'à Châlons »… «Assurez-vous bien des détachements ou n'en placez que depuis Varennes »…

    « Tâchez, s'il est possible de ne pas envoyer le duc de Choiseul (…) je crains quelques indiscrétions ».

     

    Après bien des péripéties, le départ est fixé à la nuit du 20 au 21 juin 1791.

     

    Au courant du projet de fuite, Gustave III décide de se rendre à Aix-la-Chapelle pour attendre le couple Royal. Un important détachement royaliste, dirigé par Bouillé, les attendra à Montmédy. Consciente des frais qu'occasionnait cette fuite, la Reine donna un reçu à Fersen signé par elle et le Roi dans lequel il est demandé à l'ambassadeur d'Autriche, Mercy de rembourser Fersen des sommes engagées.

    Plus tard, malgré ses démarches, Axel ne récupèrera jamais la totalité de l'argent, il devra rembourser en partie lui-même les frais considérables.

     

    Fersen avait désiré faire le voyage avec la famille Royale jusqu'au bout, mais Louis XVI s'y opposa, il devait juste les faire sortir de Paris et les quitter ensuite. Axel s'inclina, mais le regretta vivement par la suite.

     

    Le jour du départ, Fersen note sur son journal : « Le Roi me dit, Monsieur de Fersen, quoi qu'il arrive, je n'oublierai jamais ce que vous avez fait pour moi ». Fersen quitte le Roi et la Reine à 18H.

     

    A 21 heures, il donne l'ordre à son cocher de conduire ses chevaux, rue de Clichy, chez Craufurd, où est cachée la Berline qui conduira la famille Royale en lieu sûr.

     

    Axel de Fersen s'habille en cocher et conduit une voiture légère le long du Faubourg St Honoré, puis de la rue Saint Honoré, traverse la cour du Carrousel et arrive à la Cour des Princes.

     

    Madame de Tourzel et les enfants Royaux montent les premiers dans la voiture

    (Louis-Charles est déguisé en fillette), suivis par Madame Elisabeth, sœur du Roi.

     

    Après avoir réussi à fausser compagnie à La Fayette, Louis XVI parvient à sortir des Tuileries, vêtu en simple laqué. La Reine sera la dernière à les rejoindre. Enfin ils partent et Fersen passe rue de Clichy pour s'assurer que la berline n'y est plus et les attend aux portes de Paris.

    Arrivés à la Porte Saint Martin ils trouvent la Berline, ainsi que le cocher de Fersen et deux officiers de la garde, Valory et Moustier. Ils se dirigent vers Bondy.

     

    C'est à Bondy que Fersen prend congé de la famille royale, sur ordre du Roi. Il part seul à cheval à bride abattue en direction du Bourget, puis passe en Belgique, manquant se faire arrêter à la frontière.

     

    Il arrive à Mons où l'attendent des réfugiés et madame Sullivan, qui elle aussi avait prit la fuite le même jour. Il prévient Taube (ministres des affaires étrangères en Suède) et Gustave III de la réussite du projet, ainsi que son père « Le Roi et sa famille ont réussi à quitter Paris le 20 de ce mois…J'ai dirigé les opérations jusqu'au premier relais de chevaux… ».

    Rouillac 

    ENSEMBLE de cinq MÉDAILLONS ovale en laiton contenant des reliques de la famille royale dont : cheveux de Louis XVI avec au dos une inscription manuscrite : "cheveux de Louis XVI coupés pendant la journée qu'il a passé à l'Assemblée nationale le (...) recueillis par la Duchesse de Tourzel qui était avec lui". Cheveux de Charles X, cheveux de Mademoiselle avec inscription manuscrite au dos "1829", cheveux du Duc de Bordeaux, cheveux de Madame La Dauphine.
    Mais à l'heure où la fuite du Roi est découverte à Paris, la berline se trouve à seulement 60 km à l'Est de la ville. La voiture trop lourde avait prit beaucoup de retard…. Drouet, receveur des postes de Ste Menehould avait reconnu la Reine….. Fersen arrive le 23 juin au poste-frontière d'Aron, il rejoint le général Bouillé, mais tout est fini…Le Roi , sa famille, ainsi que la voiture des dames d'honneur sont arrêtés à Varennes.

    sources :  http://www.rouillac.com/Calendrier/da-FR-9-134-45859-list-4-2009-objets_de_vitrine_et_de_collection_78

     

    http://imageshack.us/ 

    Les passagers sont conduits chez l'épicier Sauce. On identifie le Roi. Les hussards, fidèles à Louis XVI, qui se trouvaient là, auraient pu sauver la famille royale, mais aucun ordre fut donné, par ailleurs certains avaient trop bu. La Berline fait demi-tour pour Paris le 22 Juin.

     

    Fersen écrit à son père « Tout est perdu, mon cher père, je suis désespéré. Le Roi a été pris à Varennes, à 160 km de la frontière. Représentez-vous ma douleur et plaignez-moi » . Il écrit aussi à Gustave III « Tout a échoué….Je vais rendre visite à Monsieur de Mercy et lui remettre une lettre du Roi de France invitant l'empereur d'Autriche à prendre toute mesure nécessaire à son propre intêret ».

     

    Il écrit dans son journal « Personne ne connaît les détails, sinon que le détachement militaire n'a pas fait son devoir. Le Roi a manqué de fermeté et de présence d'esprit. » …. « Tout le monde est désolé par la capture du Roi. Au Luxembourg, c'est le désespoir…Arrivé à Namur, j'ai rencontré Monsieur » (le comte de Provence, frère du Roi). Les historiens s'entendent pour dire que si Fersen avait décliné l'ordre du Roi et accompagné la famille royale jusqu'au bout, la fin aurait certainement été différente.

     

     La contre-révolution :

     

     * Sauver le couple royal :

     

    La fuite à Varennes et surtout l'échec de son entreprise a totalement bouleversé la vie de Fersen. Plus que jamais il souhaite sauver Louis XVI et sa famille. Quelque temps après le retour de la famille Royale aux Tuileries, il reçoit une lettre de Marie-Antoinette

    « Je saisis une occasion de pouvoir vous dire que je vous aime et c'est à vrai dire ma seule occupation.

     Je vais bien, ne vous inquiétez pas pour moi. Je voudrais bien savoir s'il en est de même pour vous (…).Au revoir, vous qui êtes le plus aimé et le plus affectueux des hommes. Je vous embrasse de tout cœur ».

     

    Fersen n'a qu'une idée en tête, mettre sur pied un plan contre-révolutionnaire, nécessitant une collaboration internationale. Tout le monde sait qu'il est l'instigateur de la fuite du Roi. C'est alors pendant un an et 4 mois, que Fersen va jouer un rôle politique primordial, un des rôles les plus importants de sa vie, puisqu'il sert d'intermédiaire entre la famille Royale et l'extérieur. Presque toutes les lettres du Roi et de la Reine passent par lui.

     

    Le 29 juin 1791, il rejoint Gustave III à Aix-la-Chapelle. Le Roi de Suède est le plus engagé des monarques pour sauver le Roi de France. Gustave III reçoit les émigrants Français et décide d'engager une contre-révolution internationale. Il envoie des officiers suédois espionner à Paris. De son côté Fersen part pour Vienne, tenter de négocier avec l'Empereur Léopold II, frère de Marie-Antoinette, il propose à l'Empereur un nouveau plan de fuite.

     

    Il tente de se convaincre que tout effort n'est pas vain, que la famille Royale a des liens de parenté dans toute l'Europe. On ne peut leur refuser de l'aide…Mais, chaque pays a ses propres préoccupations et finalement le sort du Roi de France est bien moindre. La contre-révolution a du mal à prendre forme. Gustave III n'est pas pris au sérieux.

      

    A Vienne Fersen n'a pas plus de succès, il se heurte à l'indifférence de l'Empereur qui à l'air de se moquer royalement du sort de sa soeur.

     

     

      

    Marie-Antoinette propose la réunion d'une conférence des puissances étrangères près de la frontière Française. Fersen est chargé par le Roi et la Reine de réunir cette conférence, mais une fois de plus le projet échoue, personne ne veut s'engager concrètement.

     

    La correspondance entre la Reine et Fersen prend des proportions considérables.

    Axel écrit des pages entières à Marie-Antoinette, la conseillant, la guidant, lui dictant presque sa conduite, « il faudrait après avoir remercié le Roi d'Espagne de tout ce qu'il a fait pour vous (…) lui communiquer le plan que vous avez adopté (…)

    Vous lui demanderez d'user de son influence sur le Portugal, la Sardaigne et Naples pour les engager à des démarches pareilles (…) Il serait bon d'ajouter que c'est le baron de Breteuil qui restera chargé de votre correspondance. Il serait utile que le Roi écrivît un mot au Roi d'Espagne…. »

     

    Fersen fait un compte rendu à la Reine « L'impératrice de Russie, les rois de Prusse, de Naples, de Sardaigne et d'Espagne sont favorables à nos plans, surtout les trois premiers. La Suède est prête à se sacrifier pour vous. L'Angleterre nous promet la neutralité. L'Empereur d'Autriche est le moins bien disposé ; il est faible et peu fiable ».

     

    En septembre 1791, Louis XVI signe officiellement la nouvelle Constitution. Fersen et Marie-Antoinette continuent à entretenir une correspondance secrète, chiffrée, écrite à l'encre invisible, courrier caché dans des boîtes à gâteaux ou cousu dans les doublures de chapeaux.

     

    La Reine adresse sa correspondance à l'Abbé de Beauverin, poste restante, Bruxelles.

     

    Fersen échange des messages avec toutes les Cours d'Europe, fait l'impossible, mais rien n'avance. Gustave III rentre en Suède au grand soulagement des Cours d'Europe. Axel est de plus en plus inquiet…À l'indifférence des Cours étrangères, s'ajoute celle des fidèles de Versailles qui s'intéressent plus aux princes émigrés qu'à la famille Royale.

     

    Pendant tout ce temps, Fersen loge chez Madame Sullivan à Bruxelles, avec l'accord de Craufurd, qui sait que le comte Suédois a de très bons rapports avec la famille Royale aux Tuileries, il peut donc être utile et avoir des informations intéressantes. Mais dans le journal de Fersen on peut lire « Dîner chez Craufurd, très jaloux de moi… » .

    La liaison de Fersen et d'Eléonore fait jaser et irrite Craufurd au plus haut point.

     

    Sa sœur Sophie écrit à Axel : « …Cher Axel, laisse-moi te dire que si Elle venait à être au courant de ces rumeurs, elle pourrait, dans son amour, en éprouver un chagrin mortel. Tout le monde épie ce que tu fais et parle de toi. Pense à Elle, la malheureuse, et épargne-lui ces peines fatales. »

     

    Mais une autre rumeur naît …Marie-Antoinette serait liée à quelques constitutionnels, dont Antoine Barnave, l'un des chefs révolutionnaires modérés. Celui-ci se rapprocha de la famille Royale lors du retour de Varennes. Barnave et la Reine entretiennent une correspondance et de folles rumeurs courent sur leur compte. D'autres bruits courent encore…

    Le Reine douterait de Fersen, de son dévouement et de sa loyauté. Il reçoit une chevalière de Marie-Antoinette portant l'inscription « Lâche qui les abandonne ». La Reine écrit que c'est une bague qu'elle a elle-même portée.

     

    Mais ce qui peine le plus Axel c'est la rumeur selon laquelle, il aurait organisé la fuite du Roi seulement pour se faire valoir. Déconcerté, il écrit à Marie-Antoinette « Staël dit des horreurs sur moi ; il a même débauché mon cocher et l'a pris à son service, ce qui m'a fait de la peine. Il a séduit beaucoup de monde contre moi qui blâme ma conduite, ils disent que je ne me suis conduit que par ambition et que je vous ai perdue et le Roi (…)

    Ils ont raison, j'avais l'ambition de vous servir, et j'aurai toute ma vie le regret de ne pas avoir réussi (…) Je voulais leur montrer qu'on peut être attaché à des gens comme vous sans aucun autre intérêt. Le reste de ma conduite leur aurait prouvé que c'était là ma seule ambition, et que la gloire de vous avoir servis était ma plus chère récompense ».

     

    * Visite secrête à Paris :

     

    Inquiet et troublé, Fersen décide de se rendre secrètement à Paris et de voir la Reine. Il la prévient de son intention. Celle-ci lui déconseille fortement « C'est absolument impossible que vous veniez ici. Ce serait un risque pour notre sécurité. Et quand je dis cela, je vous prie de me croire, car j'ai une envie sans borne de vous voir. » Mais, la situation s'améliore à Paris et le 21 décembre 1791, Fersen écrit dans son journal « La Reine m'a autorisé à venir à Paris ».

     

    Ce voyage est risqué, car depuis la fuite à Varennes, Fersen est considéré comme un émigré. Sa famille et ses amis en Suède s'inquiètent de cette initiative tant périlleuse. Le feld maréchal Fersen, écrit à son fils Fabian « J'ai des fréquentes nouvelles de votre frère à Bruxelles, nous ne nous entretenons guère que l'objet de sa mission… ». Son ami Taube lui écrit « Votre lettre, mon meilleur ami, m'a causé la plus grande inquiétude (…) Vous venez de faire, mon cher ami, plus d'une imprudence en vous exposant à aller à Paris depuis ce décret sur les passeports (…) Si le bon Dieu vous ramène et sauf, je désapprouve ce que venez de faire (…) »

     

    Sophie écrit à Axel « Vous n'avez pas besoin de vous justifier au sujet de madame Craufurd, le voyage que vous avez fait et les soins auxquels vous avez voué votre vie, si digne de vous et de l'honneur m'en disent plus que toutes vos assurances. Mon Dieu à quels dangers vous vous êtes exposé, je n'ose y penser ».

     

    La duchesse Charlotte écrit à son amie Sophie Piper : « Si votre frère n'a pas réussi dans l'entreprise (la fuite du Roi) , vous avez la satisfaction qu'il a agit en honnête homme (…) un sentiment plus vif y a contribué sans doute et je souhaite que ce sentiment ne le perde….Qu'il veuille retourner en France, ce qui serait une imprudence affreuse.

    J'ai vu une lettre de Paris où était dit « Le comte Fersen a commandé la voiture qui était dans une remise de la rue St Honoré, tout Paris lui en veut ... »

     

    Mais il s'entête et son départ a lieu le 11 février 1792 à 9h30. Il est accompagné de son adjoint au Royal-Suédois, le Baron Reutersward, aucun serviteur. Ils se feront passer pour des courriers diplomatiques suédois se rendant à Lisbonne. Pour ce faire, Fersen n'hésite pas à falsifier des documents portant la signature de Gustave III. Il prend avec lui de vraies lettres de Gustave III pour Louis XVI. Cachés sous des perruques, méconnaissables, ils sont reçus partout avec respect. Ils arrivent le 13 février à Paris.

    Pendant que Reutersward descend à son hôtel, Fersen se rend chez Goguelat, agent de liaison entre Marie-Antoinette et le monde extérieur.

     

    Dans un premier temps Goguelat n'est pas chez lui et Axel décide de retourner à l'hôtel de Reutersward, mais il n'y est pas. Il retourne donc chez Goguelat, en longeant la rue Saint Honoré, on peut l'imaginer bien caché sous sa perruque et son chapeau, car il est connu dans le quartier. Il rencontre enfin Goguelat. Puis il prend le chemin des Tuileries.

      

    Il rentre par le parc, malgré la crainte des gardes nationaux il se dirige vers les appartements de Marie-Antoinette par son chemin habituel. Il note dans son journal, « je rentrai par mon chemin ordinaire ». Il voit la Reine, ils ne se sont pas vus depuis huit mois. Fersen note dans son journal « Elle se porte fort bien. Je n'ai pas rencontré le Roi » . Une rature suit…après recherche, il adviendrait que sous la rature il y eût écrit : « Je suis resté chez elle » . Personne ne sait ce qui c'est passé ce soir là, tout ce que l'on peut affirmer c'est qu'il aurait été fort dangereux pour Fersen de sortir en pleine nuit, passer devant la garde, se cacher dans Paris et retourner le lendemain voir le Roi.

     

    Le lendemain, Fersen rencontre le Roi et lui donne les lettres de Gustave III. Mais le Roi ne veut plus partir, malgré les plans d'évasions proposés par Gustave III. Fersen note dans son journal « J'ai rencontré le Roi à quatre heures de l'après-midi. Il ne veut absolument pas partir… » Le Roi ne pense pas que c'est dangereux pour lui de rester, il est encore persuadé de la chute des rebelles. D'après le journal de Fersen le Roi lui aurait confié « Nous sommes seuls et nous pouvons parler librement. Je sais que l'on me trouve faible et irrésolu, mais personne ne s'est jamais trouvé dans ma situation. Je sais que j'ai laissé passer ma chance ; j'aurai dû fuir le 14 juillet (…) »

     

    Fersen prend congé du couple Royal, ils ne se reverront jamais. En attendant de pouvoir repartir, il se cache dans le grenier de Madame Sullivan à l'insu de Craufurd et occupe son temps à lire des romans. Il repart avec Reutersward dans la nuit du 21 février à une heure du matin. Bien couverts et arborant des cocardes tricolores pour plus de sûreté, ils prennent la route. Il écrit « Ni lui ni moi n'avions dans nos poches quoi que ce soit susceptible de nous trahir, mais j'étais cependant fort inquiet. » Le voyage se passe bien, malgré quelques imprévus, ils arrivent à Bruxelles.

     

     * Assassinat de Gustave III :

     

    Le 16 Mars 1792, Gustave III est victime d'un attentat, mortellement blessé lors d'un bal à l'opéra de Stockholm. Il meurt le 29 mars. C'est le Duc Charles qui prend la régence en attendant la majorité du fils de Gustave III, qui n'a alors que 13 ans. Lorsqu'il apprend l'attentat, Fersen se dit « désespéré ». Il écrit à Taube : « Oui, mon ami, notre perte est grande et jamais je ne cesserai de le regretter toute ma vie ».

     

    À la confirmation de la mort du Roi, il se demande s'il restera encore ministre à Bruxelles, ville qu'il ne veut absolument pas quitter, il ne veut pas être plus éloigné de la famille Royale qu'il ne l'est déjà. Il a peur que son père, inquiet et désireux de le voir rentrer en Suède, exerce la pression sur le Duc Charles. Mais il n'en est rien et Fersen garde son poste à Bruxelles.

     

    * Le manifeste de Brunswick :

     

    e 20 avril 1792, Louis XVI est contraint de se rendre à l'Assemblée Législative et de déclarer la guerre à l'Autriche, ce que désiraient les jacobins.

     

    Le 20 juin 1792, les révolutionnaires fêtent l'anniversaire de la tentative de fuite manquée, mais dans l'euphorie, se précipitent aux Tuileries et obligent le Roi à arborer le bonnet révolutionnaire. Ils le forcent à trinquer à la santé de la nation. Humiliation terrible d'après certains témoins, dont Germaine de Staël.

     

    Fersen et Marie-Antoinette pensent qu'il serait intéressant d'écrire un puissant manifeste, signé par le Duc de Brunswick. Ce document aurait pour but d'effrayer le peuple, le ramener à la raison par la peur. Le projet est rapidement mis en place, Fersen y travaille. Le 18 juillet, il écrit à la Reine « Je l'ai montré à Monsieur de Limon qui l'a donné à Monsieur de Mercy » .

      

    Persuadés de l'impact positif du manifeste, oubliant que le temps est précieux et qu'il faut se hâter, les émigrés travaillent à la formation d'un ministère et d'une Cour. Aveuglé par son amitié pour le Baron de Breteuil, Fersen souhaite qu'il fasse parti de « ce nouveau gouvernement ». Aussi il le recommande à Marie-Antoinette…Il reçoit une réponse ferme de la Reine, rédigée par Goguelat « Au milieu de tant de dangers, il est difficile de s'occuper du sort des ministres (…)

    Pour le moment il faut songer à éviter les poignards et à déjouer les conspirateurs qui fourmillent autour du trône.

      

    Depuis longtemps les factieux ne prennent plus la peine de cacher le projet d'anéantir la famille Royale (…) Vous avez pu juger lors de la précédente lettre comme il est important de gagner vingt-quatre heures ; Je ne fais que vous le répéter aujourd'hui en y ajoutant, que si on n'arrive pas, il n'y a que la providence qui puisse sauver le Roi et la Reine ».

     

    Ces mots reviendront sûrement en mémoire à Fersen très souvent après la mort de la Reine.

     

    Fersen demande aussi l'avis de Craufurd sur le manifeste.

    A Taube il écrit « c'est moi qui ai écrit le manifeste du duc de Brunswick ».

    Le manifeste est présenté au peuple de paris le 1 er Août.

     

    Partie du manifeste de brunswick (…) La ville de Paris et tous ses habitants sans distinction seront tenus de se soumettre sur-le-champ et sans délai au roi, de mettre ce prince en pleine et entière liberté, et de lui assurer, ainsi qu'à toutes les personnes royales, l'inviolabilité et le respect auxquels le droit de la nature et des gens oblige les sujets envers les souverains ;

    leurs Majestés impériale et royale rendant personnellement responsables de tous les événements, sur leur tête, pour être jugés militairement, sans espoir de pardon, tous les membres de l'Assemblée nationale, du département, du district, de la municipalité et de la garde nationale de Paris, les juges de paix et tous autres qu'il appartiendra, déclarant en outre, leursdites majestés, sur leur foi et parole d'empereur et de roi, que si le château des Tuileries est forcé ou insulté, que s'il est fait la moindre violence, le moindre outrage à leurs Majestés, le roi, la reine et la famille royale, s'il n'est pas pourvu immédiatement à leur sûreté, à leur conservation et à leur liberté, elles en tireront une vengeance exemplaire et à jamais mémorable, en livrant la ville de Paris à une exécution militaire et à une subversion totale, et les révoltés coupables d'attentats aux supplices qu'ils auront mérités.

      

    Leurs Majestés impériale et royale promettent au contraire aux habitants de la ville de Paris d'employer leurs bons offices auprès de sa majesté très-chrétienne pour obtenir le pardon de leurs torts et de leurs erreurs, et de prendre les mesures les plus rigoureuses pour assurer leurs personnes et leurs biens s'ils obéissent promptement et exactement à l'injonction ci-dessus. (…)

     

    Mais le manifeste ne produit pas l'effet espéré, bien au contraire il accentue la colère du peuple. Le 10 Août, les Parisiens déchaînés, envahissent les Tuileries. C'est un carnage, des centaines de Parisiens et de gardes suisses qui protègent les Tuileries sont massacrés, le couple royal est allé se réfugier à l'Assemblée Législative. Il sera ensuite conduit à la prison du Temple.

     

    Les portes de Paris sont fermées et la guillotine fait son apparition place du Carrousel. Fersen à Bruxelles, apprend la nouvelle une semaine plus tard. Jour après jour, il y a des exécutions, des massacres, la Princesse de Lamballe, amie de la Reine, en fait partie.

     

    Fersen est de plus en plus inquiet, il n'a presque plus contact avec le couple Royal, enfermé au Temple. Le 9 novembre 1792, il est contraint de quitter Bruxelles avec ses amis (Eléonore, Craufurd, Simolin) car les troupes françaises s'approchent dangereusement. Le 11 novembre il est à Aix-la-Chapelle et rencontre les frères de Louis XVI. Fersen apprend que le procès du Roi a commencé.

     

    L'éxécution du couple royal :

     

     La guillotine se trouve à présent place de la République (ancienne place Louis XV et actuelle place de la Concorde). Le 20 janvier 1793, les membres de la Convention votent la peine de mort pour Louis XVI. Le Duc d'Orléans votera la mort de son cousin. Montrant un courage exemplaire, digne d'un Roi, Louis XVI monte sur l'échafaud, le 21 janvier 1793 à dix heures et quart .

      

    « Je meurs innocent de tous les crimes qu'on m'impute et je pardonne à tous ceux qui sont responsables de ma mort » Ce seront ses derniers mots.

     

    Pendant ce temps à Dusseldorf, Fersen qui n'est pas encore au courant écrit dans son journal : « (…) Leur sort m'afflige beaucoup. Je porte le deuil de la Suède, de mon avenir, de la politique. S'ils meurent tout est fini pour moi ».

     

    C'est le 26 janvier que Fersen apprend les détails, mais outre la mort du Roi, des rumeurs courent selon lesquelles le reste de la famille royale aurait été massacré. Axel écrit à sa sœur :

    « Ma chère et tendre Sophie ah plaignez- moi ! L'état où je suis ne peut être perçu que par vous. J'ai donc tout perdu dans le monde, seule vous et Taube me reste.

    Ne m'abandonnez pas ! celle qui faisait mon bonheur, celle pour laquelle je vivais.

    Oui, ma tendre Sophie, car je n'ai jamais cessé de l'aimer (…) Celle pour qui j'aurais donné mille vies n'est plus (…) Tout est fini pour moi ma chère amie. Ah ! que ne suis-je mort pour Elle, pour eux le 20 juin. Je serais plus heureux que de traîner ma triste existence dans d'éternels regrets…(…) »

      

    Il écrit encore « Il est minuit, nous recevons la triste certitude de l'exécution du Roi, mon cœur est si déchiré que je n'ai pas la force de vous rien dire de plus. On ne parle pas du reste de la famille, mais mes craintes sont affreuses. Ah mon Dieu ! Sauvez-les et ayez pitié de moi ».

     

    On imagine sans peine son soulagement en apprenant que le massacre du reste de la famille n'était qu'une rumeur.

     

    Mais le sort s'acharne, Axel apprend également la mort de sa sœur aînée, Hedda et que son père est gravement malade. De plus, le gouvernement suédois lui fait savoir que son poste n'a plus lieu d'être, on lui propose un poste de ministre à Londres, qu'il refuse.

     

    La mort de Louis XVI représente une des périodes les plus malheureuses de la vie de Fersen. En peu de temps il a perdu deux Rois qu'il affectionnait énormément.

    Il écrit à Sophie « Mon âme est sans cesse affectée des deux pertes que je viens de faire et des craintes sur celles dont je suis encore menacé. L'assassinat des deux Rois dont les bontés me seront toujours présentes ne cesse d'occuper ma pensée (…)

    Joignez encore à cela le mauvais état de la santé de mon père, mes craintes pour sa mort (…) J'éprouve sans cesse une mélancolie et un dégoût de tout que je ne puis vaincre, mes idées se portent toujours sur un même objet et l'image de Louis XVI montant à l'échafaud ne me quitte jamais ».

     

    Mais malgré tout il veut garder espoir. La contre-Révolution mieux organisée, gagne du terrain. Les Autrichiens remportent des victoires, Bruxelles est libérée. Dumouriez, un des chefs de la révolution s'est laissé acheté par les Autrichiens. La trahison de Dumouriez fait naître une lueur d'espoir chez les émigrés français et Fersen, lui-même, veut y croire. Il note dans son journal « Je ne suis plus inquiet pour la Reine » .

    Une rumeur avance que Dumouriez serait déjà en route pour Paris avec une armée de cinquante mille hommes. Le gouvernement suédois nomme Fersen ambassadeur en France auprès de Louis XVII. Mais Dumouriez ne marche pas sur Paris, il a seulement été destitué de son poste pour trahison. Tout repart à zéro, Fersen pense à un plan pour sauver la Reine et le petit Roi. Hélas, en Juillet 1793 la situation empire, Marie-Antoinette est séparée de son fils. Le 2 Août elle est transférée à la prison de la Conciergerie, bien mauvais présage.

     

    C'est un général Français royaliste, Monsieur de Jarjayes qui remettra à Fersen les derniers messages de la Reine, ainsi qu'un anneau qu'il lui avait offert avec les armes de la famille Fersen, comportant la devise « Tutto a te mi guida » (tout me conduit vers toi).

     

    Bien que les Autrichiens accumulent les victoires sur l'armée française, rien n'est envisagé pour sauver la famille Royale. Devant la suggestion même d'envoyer un corps armé sur Paris, l'ambassadeur d'Autriche (Monsieur de Mercy) « reste de glace », dixit Fersen. Le procès de la Reine commence, mais les Autrichiens restent indifférents….

     

    Axel écrit à Sophie « Tu es certainement au courant Chère Sophie, de l'affreux malheur, le transfert de la Reine à la Conciergerie (…) La Convention la livre au Tribunal Révolutionnaire pour être jugée. Depuis ce moment, je ne vis plus (…) Je donnerai ma vie pour la sauver, mais je n'en ai pas le droit. Mon plus grand bonheur serait de mourir pour Elle, mais ce bonheur m'est refusé (…) »

     

    Axel écrit dans son journal « Si je la perds, je perds tout et me retrouverai pratiquement seul dans ce monde. J'aurai perdu trois souverains qui furent mes amis. Je suis en passe de perdre mon père (…) »

     

    Alors que se joue l'avenir de la Reine, Fersen se pose des questions sur son propre avenir. Eléonore serait prête à quitter Craufurd pour lui, mais à condition qu'Axel se décide : « J'ai besoin de quelqu'un qui prenne soin de moi. Mais si Elle survit, je ne voudrais, ni ne pourrais l'abandonner ».

     

    Dès le mois d'octobre 1793, plus personne ne garde espoir sur le sort de la Reine. Même Fersen n'y croit plus. Dans son journal il écrit, le 10 octobre : « Le jugement de la Reine me fait trembler ; S'il a lieu cette grande et infortunée princesse est perdue (…). »

     

    Pendant ce temps à Paris, s'ouvre le procès de Marie-Antoinette. Les pires accusations sont lancées contre elle, dont certaines abominables (entre autres, l'inceste avec son propre fils). Elle est condamnée à mort le 15 octobre. Son procès était joué d'avance, comment pouvait-il en être autrement ?

    Marie-Antoinette était devenue pour le peuple Français l'ennemie à abattre, il fallait s'en débarrasser. Elle est exécutée le 16 octobre 1793. Tout comme le Roi, elle montra un courage exemplaire dans ses derniers instants, elle resta Reine jusqu'au bout. Elle allait avoir 38 ans.

     

     Apprenant la nouvelle, Axel écrit à Sophie « J'ai maintenant perdu tout ce que j'avais au monde. Toi seule me reste.

    Elle pour qui je vivais, qui faisait mon bonheur, pour qui je vivais, oui ma chère Sophie, je n'ai jamais cessé de l'aimer et j'aurai tout sacrifié pour Elle.

    Elle que j'aimais tant, pour qui j'aurai donné mille fois ma vie, n'existe plus. (…) J'aurai toujours son image devant les yeux, en moi, le souvenir de ce qu'elle était pour moi me fera la pleurer éternellement. Tout est fini pour moi. Pourquoi n'ai-je pu mourir à ses côtés, verser mon sang pour Elle, pour eux ? » Ces quelques mots prouvent à quel point il est accablé de chagrin, de regrets. Dans son journal : « Son image, ses souffrances, sa mort et mon sentiment ne me sortent pas de la tête, je ne puis penser à autre chose.

    Oh mon Dieu ! Pourquoi faut-il l'avoir perdu ! Et que vais-je devenir ? Je lus les interrogatoires et ils font bouillir de colère en pensant que la Reine de France ait été assez avilie pour être menée devant des gueux et des scélérats de cette espèce ».

     

    La vie d'Axel von Fersen sera désormais bien morne, ponctuée de remords, de désirs de vengeance, d'émotions et de souvenirs qu'il notera inlassablement dans son Dagbook.

     

    Désespéré, dépressif, il se tourne une nouvelle fois vers Eléonore, mais ne pense qu'à Elle et à la venger, son journal en témoigne :

    « Qu'elle ait été seule dans ses derniers instants, sans consolation, sans personne à qui parler et à qui elle aurait pu faire part de ses souhaits, voilà qui est affreux. Quels suppôts de Satan ! Non, si je n'arrive pas à me venger, je n'aurai jamais l'âme en paix. »

     

    Son père malade, le prie de rentrer en Suède, mais Axel ne se décide pas à quitter Eléonore, la seule qui dans ces moments de désespoirs lui apporte un peu de réconfort et de soutien. Mais la peur du mariage l'éloigne peu à peu de madame Sullivan.

     

    Il se procure tout ce qu'il peut trouver sur la reine, souvenirs…

    Un jour, il reçoit une feuille avec l'écriture de Marie-Antoinette

    « Adieu, mon cœur est tout à vous » .

     

    Son père meurt le 24 avril 1794, mais toujours à Bruxelles, Axel n'apprend son décès que 18 jours plus tard. Il n'a pas assisté aux obsèques. Il apprend aussi qu'il n'est plus ministre et doit quitter Bruxelles pour Spa, la Belgique étant de nouveau entre les mains des Français dirigés par le général Bernadotte.

     

      Retour en Suède et rôle politique :

     

    * Les désillusions :

     

    La Révolution Française gagne une bonne partie de l'Europe, Fersen se résout enfin à rentrer en Suède après six ans d'absence. Il écrit le 13 octobre 1794 « je suis resté tristement enfermé pendant toute la journée à ruminer le passé, le présent et le futur. Le passé était plein d'agréments, mais ils ont disparu. Mes jours de bonheur sont en tout cas derrière moi. Le présent est sinistre et Dieu sait ce que nous réserve l'avenir. Tel est le résultat de mes méditations » .

     

    Effectivement, tout paraît noir pour Fersen, il n'est plus le même, la plupart des personnes auxquelles il était attaché ont disparu, laissant derrières elles, mélancolie, regrets, peines…À ces regrets s'ajoute son histoire avec Eléonore que la jalousie de Craufurd avait rendue finalement impossible. Même si Axel tente de se convaincre qu'il n'avait aucun avenir avec Eléonore, plus âgée que lui, menant une vie de débauche, il n'en demeure pas moins qu'elle lui manque et qu'elle est un des seuls liens avec sa vie passée.

     

    Le 16 Octobre 1794, jour d'anniversaire de la mort de Marie-Antoinette, Fersen est dans le bateau qui le conduit en Suède. Il écrit « C'était un jour aussi mémorable qu'atroce pour moi, cet anniversaire du jour où j'aie perdu l'être qui m'aimait plus que tout sur terre et que j'aimais d'un amour sincère. Je pleurerai cette perte toute ma vie et je me rends compte que mon amour pour Eléonore, si fort qu'il soit, ne pourra jamais me faire oublier ce que j'ai perdu ».

     

    Il retrouve sa famille le 23 octobre 1794. Il profite de son retour pour s'occuper de son avenir, mais Axel de Fersen se sent comme un étranger dans son propre pays. La Cour du Duc régent est dérisoire en comparaison des autres cours d'Europe, rien ne le séduit dans sa patrie. Il écrit dans son journal « Plus je vois de choses dans mon pays, plus je le trouve changé et moins j'ai de goût pour y habiter. J'aurais voulu naître anglais, c'est le pays le plus agréable à vivre. Ici on s'intéresse exclusivement aux faits et gestes d'autrui et il n'y a aucune sorte de vie en société ».

     

    La plupart des femmes qui essaient de s'approcher de lui n'essuient que des refus. Il est toujours hanté par Eléonore et le souvenir de Marie-Antoinette.

     

    En Juin 1795, il apprend la mort de Louis XVII. Il écrit « J'ai appris la triste nouvelle de la mort du jeune Louis XVII. J'en ai été profondément troublé, car ce prince représentait le dernier sujet d'intérêt qu'il me restait en France. Maintenant je n'ai plus rien là-bas, tout ce que j'aimais à disparu, car je ne me préoccupe pas de Madame dont je prévois qu'elle ne vivra pas longtemps. Ainsi toute la famille sera anéantie. Cette triste pensée me remet en mémoire mes tristes pertes » .

     

    Il y aura beaucoup de confusion et une grande polémique encore de nos jours autour de la mort du jeune Roi. Fersen est un des premiers à avoir des doutes. Il note « J'y ai lu le procès verbal de l'autopsie du malheureux enfant. Ce qui est dit sur sa constitution scrofuleuse est plausible pour le public, mais ne peut pas être authentique. On l'a enterré à la sauvette ; tout cela est pour moi d'une infinie tristesse (… )»

     

    En Juillet 1795, il quitte temporairement la Suède pour rencontrer Eléonore avec laquelle, malgré tout, il a gardé contact. Il voyage incognito et opte pour diverses identités telles que Monsieur Von Ljung. Il voit Eléonore, reste seul avec elle le plus souvent possible, mais sait qu'il ne peut plus vivre de cette manière. Il doit se décider, ce qu'il ne fera jamais.

     

     * La Cour de Vienne :

     

    Le 19 décembre 1795, Marie-Thérèse Charlotte (Madame Royale), la fille de Louis XVI et Marie-Antoinette sort de prison pour être échangée contre des révolutionnaires, prisonniers des Autrichiens, dont faisait partie le fameux Drouet. Depuis la mort du couple royal, Fersen, a tenté vainement de récupérer l'argent entrepris pour la fuite à Varennes, mais ses tentatives avec la cour de Vienne n'ont jamais abouties. Il décide alors d'aller en Autriche rencontrer la fille de Louis XVI…Malheureusement pour lui, il n'aura pas plus de chance avec Madame Royale.

     

    Il n'avait pas vu Madame Royale depuis la fuite à Varennes, elle avait alors douze ans.

     

    Le 19 Février, Fersen se trouvait à la cour de Vienne en compagnie d'un aristocrate français, le Duc de Guiche. Il aperçoit la jeune femme « lorsqu'elle passa devant nous, elle salua en rougissant et, en rentrant chez elle, se retourna comme pour nous voir encore une fois » . Il rencontre l'Empereur François II, le 14 février, mais malgré le reçu de Louis XVI et Marie-Antoinette il ne peut rembourser Fersen. Le 5 mars il rencontre Madame Royale qui lui dit « Je suis bien heureuse de voir que vous êtes en sécurité » .

      

    Elle ne dit pas un mot de plus, s'éclipsa, mais Fersen écrit dans son journal : « J'ai eu au moins vingt fois les larmes aux yeux de joie et de mélancolie ». Enfin il peut s'entretenir en privé avec la princesse, ils discutent et Axel l'observe attentivement ; Il note « Elle parle fort bien et naturellement » puis un peu déçu « Elle tient moins de sa mère que des Bourbons et j'aurais préféré le contraire ». Il ajoute " je remarquais qu'elle était très gênée de nous rencontrer ainsi, le duc de Guiche et moi".

     

    Après entretiens, lettres et audiences, Fersen finit par obtenir un compromis de l'Empereur. Il consent à donner mille ducats à Mesdames Stegelman et Von Korff qui avaient avancé près de trente mille livres !

     

    Il écrit dans son journal « J'étais très content de quitter Vienne mais irrité et désolé d'avoir si complètement échoué. Ces gens, avec leur manque de cœur, de noblesse, de générosité et de sens de la justice m'ont offensé. Le comportement de Madame m'a blessé et désolé ».

     

     * Le congrès de Rastatt :

     

    Juillet 1796, Fersen mentionne le nom de Bonaparte dans son journal. « Bonaparte est un jeune homme plein de feu et d'ambition… ».

     

    En novembre 1796, Gustave IV Adolphe, alors majeur, devient Roi de Suède. C'est la fin du gouvernement de tutelle. Fersen attend un poste au gouvernement, mais souhaite également rester près d'Eléonore, même s'il ne veut pas l'épouser. C'est le 28 avril 1796 qu'il rencontre pour la première fois le Prince Kristian August d'Augustemborg. Il dira « il est blond, avec un beau visage, ses manières ne sont pas d'une grande noblesse, mais agréables ». Il ne sait pas que quelques années plus tard ce prince sera la cause de sa mort…

     

    En 1797, Bonaparte accumule les victoires les unes après les autres, les Autrichiens sont vaincus. La carte de l'Europe est modifiée, c'est ainsi qu'à lieu le congrès de Rastatt. Ce congrès a pour but de régler la réorganisation territoriale de l'Allemagne. Gustave IV considère que la Suède, qui a des possessions en Allemagne doit être présente.

    C'est Fersen qu'il désigne pour défendre les intérêts de la Suède à Rastatt. Il aura ainsi le titre d'ambassadeur. Il rencontre Bonaparte en tant qu'ambassadeur de Suède, mais leur entrevue ressemble plus à une confrontation qu'à un rendez-vous politique. Bonaparte incarne la nouvelle république victorieuse et Axel de Fersen, la royauté déchue, avec ce titre « d'amant de la Reine » qui lui colle à la peau. Fersen écrit dans son journal « Il m'a appelé Monsieur, donc ni ambassadeur, ni comte, offense qui dans d'autres temps, ne serait pas restée impunie. »

      

    Bonaparte déclare que « la République Française ne souffre pas qu'on lui manque le respect et qu'on lui envoie des représentants qui lui déplaise en raison de leur rôle politique, exactement comme le Roi de Suède refuserait de recevoir quelqu'un qui aurait participé à un mouvement dirigé contre lui. Je déclare ainsi, à l'usage du Roi de Suède, que la République, soucieuse de sa dignité, ne tolèrera pas des personnes qui vraissemblablement, figurent sur les listes d'émigrés et ont pris une part active en politique…. »

     

    Fersen écrira « je me sentis offensé et indigné par cette déclaration qui, de toute évidence, me visait personnellement ».

     

    Axel de Fersen ne dit mot et quitte la pièce. Il note tout de même que Bonaparte le raccompagna jusqu'à la porte :

    « Il est petit et fluet, émacié et noiraud ; il semble malade de la poitrine » puis… 

    « Il fallait du sang froid pour ne pas répondre sèchement et durement, mais, dans les circonstances du moment, il m'a paru plus prudent de ne rien dire »

     

      

    De son côté Bonaparte déclare que Fersen n'est autre pour lui qu'un émigré puisqu'il a abandonné son service en France au moment de la Révolution. De plus il était le chef du parti le plus haineux contre la Révolution et enfin, il était l'amant de Marie-Antoinette.

      

    « Il a couché avec la veuve Capet, c'était dans les journaux ».

     

    Fersen est outré « Cet illustre général dans sa façon de se comporter, n'est qu'un simple parvenu qui croit que l'effronterie et l'orgueil sont des qualités ».

     

    Les accusations de Bonaparte sont reprises dans plusieurs journaux, Fersen écrit, désabusé « Ce qu'ils disent de ma conversation avec lui est en partie vrai, mais j'ai été blessé par leurs allusions à mes rapports avec la malheureuse reine ».

     

    Après ces accusations, Fersen ne peut continuer à mener la délégation suédoise à Rastatt. Mais malgré cet affront il est content de passer pour le représentant de l'ancien régime, surtout en voyant les petitesses dont sont capables certaines personnes.

    Il reste à Rastatt encore un moment et part ensuite pour Karlsrhue assurer une mission confiée par Gustave IV.

    Il resta longtemps à Karlsrhue et encore une fois brisa des cœurs à son départ, dont celui de la princesse de Hesse-Darmstatd.

     

     * Le retour en Suède :

     

    ll s'engage dans un mouvement et travaille clandestinement contre la Révolution et le Jacobinisme. C'est à cette même période qu'il rompt définitivement avec Eléonore Sullivan. Il perd aussi son meilleur ami Evert Taube, amant de Sophie, qui meurt des suites d'un empoisonnement.

    Il rentre en Suède en octobre 1799 « j'étais heureux de me retrouver chez moi, mais mon ami Taube me manquait d'autant plus et ma pauvre sœur versait des larmes amères ».

     

    À l'automne 1799, Axel de Fersen est un des plus grands seigneurs de Suède, seul, riche et influent. Il entretient de très bonnes relations avec Gustave IV Adolphe, partisan de la contre-révolution et contre le jacobinisme. Mais voilà qu'en Suède, le peuple gronde, l'économie est au plus bas. Encore sous le choc de la Révolution Française, Fersen, sous l'autorité du Roi donne l'ordre d'arrêter tous les responsables des émeutes.

      

    Le Roi le nomme chancelier de l'université d'Uppsala. Fersen est effaré ! Lui qui s'attendait à un poste de ministre des affaires étrangères... Mais devant des étudiants qui montrent des signes de rebellions, qui approuvent les idées révolutionnaires, le Roi pense que Fersen est le mieux placé pour mettre de l'ordre et calmer les esprits. En effet, il met de l'ordre ! Il met en place des patrouilles militaires de nuit dans les rues d'Uppsala et interdit toute manifestation ou réunion jacobine.

     

    Pendant ce temps, il continue son combat contre la révolution. Il note en 1800 « la sécurité de l'Europe et ma soif personnelle de vengeance s'unissent dans mon espoir de voir la chute de la République.

    C'est une hydre qu'il faut anéantir si l'on veut éviter qu'elle contamine toute l'Europe » . Fersen se rend compte qu'il devient très impopulaire dans son propre pays. En avril 1800, sa mère meurt d'une épidémie qui sévie dans le pays.

     

    Le peuple suédois gronde de plus en plus, certains nobles renoncent même à leurs privilèges pour se ranger du côté de la rébellion. Fersen quant à lui est décoré de l'ordre des Séraphins, premier ordre en Suède et très honorable.

     

    Face à la révolte menaçante, le Roi perd en popularité, Fersen note « tout le monde se plaint que la Cour soit triste et déplaisante …Le roi de jour en jour plus obstiné et plus raide (…) personne ne trouvant plaisir à le servir ». Il parle aussi de l'influence qu'exercent certains sur le jeune monarque.

     

    A 44 ans, Axel de Fersen est un des hommes les plus riches de Suède, il possède des terres, des bois, de nombreuses propriétés jusque dans les Antilles, des mines et des actions. Il est chevalier de l'ordre des Séraphins, chancelier de l'université d'Uppsala, lieutenant de la garde Royale…

      

    Malgré cela il est malheureux, il a perdu ses parents, ses amis et le régime pour lequel il a voué toute sa vie est entrain de sombrer.

      

    À l'automne 1800 il rentre au gouvernement, mais de nouveau ses rapports laborieux avec la France républicaine l'empêchent d'accéder au poste souhaité. Il ne sera pas ministres des affaires étrangères, comme il le désirait, mais « seulement » Maréchal du Royaume ; Poste qu'il refuse au début, mais fini par accepter.

     

    Affectée par la mort de son ami Taube, Sophie tombe malade et Axel décide de l'amener en voyage, ce qui lui rappelle d'innombrables souvenirs. La fille de sa sœur aînée Hedwige, les accompagne ainsi que son mari, Möllersward. Ce dernier moura au cours du voyage. Il est enterré à Pise, au même endroit que sa belle-mère qui elle aussi mourut en Italie au cours d'un séjour.

      

    Fersen retrouve une de ses anciennes maîtresse Marianne Orua, épouse d'un ministre Espagnol. Il constate avec regret que l'Europe n'est plus ce qu'elle était, que les souverains des différents pays sont faibles et plient sous l'influence Française.

     

    Au cours de leur séjour, ils rencontrent le Pape Pie VII. A Naples, l'état de Sophie empire avec la chaleur. Ils décident de rentrer, ils passent par Francfort et Hambourg où il rencontre Madame de Korff qui avait prêté et perdu énormément d'argent pour la fuite de la famille Royale.

      

    Il note « Elle a vieilli, j'étais ravi de la revoir, elle a été tout à fait charmante avec moi. Elle vit confortablement, mais je me sentais triste en pensant à tout ce qu'elle avait perdu et de quelle manière ». Ils passent par le Danemark et rentrent enfin, par un froid glacial le 5 février 1803.

     

    Dès son retour, Fersen s'affirme sur le plan politique, membre du gouvernement, chancelier de l'université, général de corps d'armée et maréchal du royaume. Il est sollicité et respecté.

      

    Sa vie en Suède lui paraît enfin acceptable, il fréquente les membres de la famille royale, se partage entre la Cour et ses occupations. Il finit même par écrire une partie de ses notes en suédois. Sophie va mieux et surmonte la mort de Taube.

     

    En 1804, il apprend que Louis XVIII (Provence), son neveu (Duc d'Angoulême, époux de Madame Royale) et le comte d'Artois (futur Charles X) venaient en Suède. Ils souhaitent établir une protestation contre le fait que Napoléon Bonaparte soit proclamé empereur.

      

    Une réunion des Bourbons doit avoir lieu à Kalmar et Gustave Adolphe charge Fersen de recevoir Provence et Artois.

     

    Louis XVIII est déjà appelé « Votre Majesté » en permanence. Kalmar devient pour quelque temps la capitale de la contre-révolution. Fersen arrive sur place le 13 octobre 1804 et loge chez Alberg, le chef de la Police. Il appréhende cette rencontre et en même temps est heureux de revoir les frères de Louis XVI. Il écrira au sujet de ces retrouvailles « Ils m'ont sauté au cou et notre rencontre fut très émouvante (…)

      

    J'étais très heureux de les voir, cela ravivait en moi tant de souvenirs mais aussi le sentiment de ma perte » .

    Les activités s'organisent et la déclaration contre Napoléon est rédigée. Fersen persuade Louis XVIII de ne proclamer cette déclaration qu'en territoire neutre, en mer. L'ambiance est idéale, des contemporains, ainsi que Fersen lui-même note que Louis XVIII a tendance à boire un peu trop. Après avoir remercié les suédois pour leur hospitalité, les Bourbons quittent la Suède le 23 octobre. Mais malgré la déclaration contre Napoléon, ce dernier est tout de même couronné empereur en décembre 1804.

     

    Gustave Adolphe est déterminé à faire tomber Napoléon et écraser une bonne fois pour toute la Révolution Française afin de rendre le trône aux bourbons. De son côté Fersen est réaliste, il s'est rendu compte que les puissances étrangères ne pouvaient pas faire grand-chose contre la France et Napoléon. Il n'est plus l'homme d'antan prêt à combattre, rêvant de vengeance.

     

    Mais le Roi persiste dans son entêtement et charge Fersen, de se rendre en Poméranie, en tant que ministre des affaires étrangères et d'entretenir des contacts avec les puissances.

    Malgré tout, les armées de Napoléon battent un à un tous les pays. Fersen écrit fin 1805 « L'année se termine sur la déconfiture des dynasties d'Autriche et d'Italie, la dissolution de la coalition, l'Allemagne du nord abandonnée à l'abjecte politique prussienne, pas assez unie pour construire un barrage capable de résister à la force monstrueuse de la France, et toute l'Allemagne du Sud réduite en esclavage.

    Souhaitons de ne pas avoir à subir au cours de l'année qui commence, des évènements encore plus amers » .

     

    Axel tente vainement de raisonner le Roi, il est alors écarté du gouvernement. Il écrit : « J'étais ravi de devoir m'en aller et m'éloigner de la politique car c'est affreux et imparable d'être le bouc émissaire de tout ce qui arrive, ou tout du moins d'en être soupçonné » .

      

    Fersen reste malgré tout maréchal du royaume.

     

    C'est alors qu'il sombre de nouveau dans un profond désarroi, il critique l'alcoolisme des suédois, la méchanceté et l'intrigue. Il note « La galanterie n'est que débauche (…) on cancane beaucoup et toutes les dames d'un certain âge sont des commères. D'une manière générale, ils ne voient pas ce que veut dire aimer ou vivre et il est impossible à Stockholm, d'avoir une liaison convenable ».

     

    Il entame une liaison avec une jeune femme de 26 ans, Emelie de Geer, relation sérieuse, puisqu'il serait même question qu'il l'a demande en mariage. Commence alors une vie « tranquille », loin de la politique, il prend plaisir à la vie simple et sans contrainte. Le 21 Février 1808 la Russie attaque la Suède. Le Danemark déclare à son tour la guerre à la Suède, avec le général Français Bernadotte à sa tête.

    Quant à la Suède elle déclare la guerre à la Prusse. Dans toute cette agitation, Gustave Adolphe perd sa crédibilité et devient très impopulaire.

     

    C'est officiellement le 31 mars 1808, que Fersen ferme son journal sur cette phrase « jeudi 31, le Roi est revenu de Gripsholm ». On ne connaît pas à ce jour la raison pour laquelle, Fersen arrête brusquement ses confidences, alors qu'il a tenu son journal pendant 38 ans. Peut-être pensait-il s'y remettre plus tard ? ou bien était-il impliqué dans un complot pour déposer le Roi ? Encore une fois, aucune preuve ne peut venir apporter une réponse concrète. Quoiqu'il en soit, le 12 mars 1809, le Roi est déposé et mis aux arrêts.

     

    Sa mort :

     

     * La mort du prince héritier :

     

    C'est le Duc Charles qui devient Charles XIII, Roi de Suède. Mais étant donné qu'il n'a aucune descendance un prince héritier doit être désigné. Ce sera Kristian August Augustenborg, appelé Karl August, commandant en chef en Norvège lors du coup d'Etat en Suède. Axel et son frère Fabian, font partis de la délégation chargée d'accueillir le prince héritier. En novembre 1809, Charles XIII est atteint d'une hémorragie cérébrale.

      

    Il est sauvé, mais on parle plus que jamais du règne de Karl-August, on se préoccupe même de sa descendance. Pendant ce temps Gustave IV Adolphe et sa famille sont exilés en Allemagne. De son côté Fersen est de plus en plus écarté du pouvoir politique et du premier gouvernement issu de la nouvelle constitution. La Suède tend vers l'égalité des droits, les nobles perdent un grand nombre de leurs privilèges passés.

     

      

    Axel de Fersen est de plus en plus isolé, ce pays, cette nouvelle Europe n'a plus rien à voir avec ce qu'il a connu. Il reste attaché à l'Ancien Régime, il est conservateur et a du mal à accepter la tournure des évènements. C'est un homme du passé et c'est justement ce qu'on lui reproche. En tant que Maréchal du Royaume, Fersen doit conduire le prince héritier au château de Drottninggholm. Mais le prince n'a pas l'air en très bonne santé, il est souvent malade. Les pamphlets alimentent déjà la rumeur, et on soupçonne la comtesse Piper, aidé de la Reine d'avoir empoisonné le prince héritier. Un constitutionnel actif, Grevesmöhlen s'occupe de répandre la rumeur.

      

    Les Suédois ont toujours à l'esprit les morts subites survenues dans l'entourage de Sophie Piper, en commençant par Evert Taube.

     

    Epuisé et malade, Karl-August est en permanence suivi par un médecin particulier, Rossi, qui s'avère être le médecin de famille des Fersen. Mais cela ne sera pas suffisant, le 28 mai 1810, Karl August tombe de cheval lors de l'inspection d'un régiment de hussards. Il faisait un froid glacial et des témoins disent l'avoir vu chanceler, perdre le contrôle de son cheval et tomber. Malgré les secours, dont son médecin Rossi, Karl-August meurt.

     

    C'est alors que les pires rumeurs circulent, dont l'empoisonnement du prince héritier. Une autopsie immédiate est demandée. Sparre, le chef de cabinet du prince refuse dans un premier temps puis fini par accepter se disant que l'accord de Stockholm serait long à venir.

      

    C'est le docteur Rossi, assisté de cinq médecins qui pratique l'autopsie. Les résultats de l'autopsie révèlent que la mort est due à une attaque, qu'il n'est nullement question d'empoisonnement.

    Une fois de plus la Suède se retrouve sans prince héritier, ce qui accable encore plus le pauvre Charles XIII, dont la santé faiblie.

      

    On pense alors à Fredrik Christian, frère du défunt prince pour le remplacer. Pendant ce temps, des experts médicaux sont envoyés par le gouvernement pour faire l'autopsie de Karl-August et constatent que l'acte médical a déjà été effectué. Les rumeurs vont bon train et Charles XIII lui-même est persuadé que le prince a été assassiné.

     

    Le Roi soupçonne les Gustaviens, dont son épouse fait partie. Il souhaite étouffer l'affaire, mais il est déjà trop tard. Le peuple gronde, des tracts circulent et des groupes se rassemblent devant l'hôtel particulier des Fersen. Les comtes de Fersen et Sophie Piper sont directement visés.

    Des pamphlets qui décrivent « la conspiration des Fersen » sont distribués dans tout Stockholm. Un témoin dit même avoir entendu le Roi dire « Si j'étais à la place de Fersen, je demanderais à être arrêté et j'exigerais d'être jugé. Cela les ferait taire tous. ». Mais Axel de Fersen est loin de tout cela, il est en congé, en province chez Emelie et se souci peu des bruits qui courent.

     

    * 20 juin 1810 : Dernier voyage :

     

    En tant que maréchal du royaume Fersen doit regagner Stockholm pour s'occuper des funérailles du prince. Emelie, consciente du danger tente de l'en dissuader, mais fidèle à ses principes et à ses devoirs, il part pour Stockholm. Ce qu'il ne sait pas c'est que dans la capitale, on le soupçonne d'être à la tête du mouvement Gustaviens qui aurait soit disant assassiné le prince.

      

    D'autant plus que l'autopsie est remise en cause par les médecins experts du gouvernement et Rossi, le médecin de Fersen est accusé d'incapacité et de complicité.

     

    Axel de Fersen souhaite parler au Roi pour l'organisation des funérailles, mais aucune audience ne lui sera accordée. Il est totalement sidéré. Selon les témoignages, il part en disant

    « Si le Roi n'a pas le temps de parler à son maréchal du royaume des mesures à prendre pour le cortège funèbre, alors je m'éloigne ».

     

    Face aux violences et à l'agitation prévue, le préfet de Stockholm demande au Roi de dissuader Fersen de participer au cortège. Ce à quoi le Roi répond « Cela ne fera pas de mal si le monsieur en question voit sa voiture un peu salie ». C'est le général Silfversparre qui est chargé ce jour là de maintenir l'ordre, demande au Roi l'autorisation de distribuer des cartouches à ses soldats et le droit de riposter en cas d'émeutes.

      

    Mais une fois de plus le Roi refuse et dit « il n'y aurait rien de mal à ce que ce monsieur hautain reçoive une leçon ». Le 19 juin au soir, la bière est distribuée à flot dans tout Stockholm et le 20 juin au matin les cabarets ouvrent tôt. On donne même de l'argent aux marins pour boire, tout le monde sait ce qui va se passer.

     

    Pendant ce temps Fersen se prépare. Son serviteur le met en garde et tente de le dissuader, mais rien n'y fait. Ni les mises en garde de ses proches, ni même les lettres anonymes et menaçantes qu'il a reçu, dont voici un extrait « Un seul mot peut t'écraser misérable ! Méprisable créature, avec ta prétendue grandeur et toute ta splendeur, sache que le dernier des paysans te crache dessus ».

     

    Mais Axel de Fersen n'a pas peur, il se moque des menaces et méprise les enragés, comme autrefois les "enragés" Français. C'est donc calme et détendu qu'il monte dans son beau carrosse et quitte sa propriété. A midi le cortège funèbre se met en route.

      

    Les cloches des églises sonnent au rythme de la marche funèbre. Silfversparre est en tête du cortège, suivent les voitures de Cour. Le carrosse étincelant du maréchal est suivi du corbillard. Mais peu de temps après le départ du convoi, l'agitation commence, ce sont d'abord des insultes verbales, crachats, mais Fersen reste calme. Il regarde droit devant lui, ne faiblit pas, peut-être songe-t-il à la fuite à Varennes, survenue il y a 19 ans jour pour jour. Il a si souvent mentionné cette date du 20 juin dans son journal, se reprochant d'avoir cédé au Roi, de les avoir quitté au premier relais et de n'avoir pu sauver la Reine ou de ne pas être mort pour Elle….

      

    Et voilà qu'une fois de plus, un 20 juin tragique survient dans sa vie, ce sera le dernier. Après les insultes, viennent les jets de pierres sur le carrosse, à son passage il entend « Le voilà le meurtrier ! », sa voiture est secouée et les vitres volent en éclats. Axel de Fersen saigne au visage, mais ne bouge pas, il est toujours sûr de lui, froid et impassible. Les cochers et laquais sont atteints par des pierres, la foule devient de plus en plus menaçante et se presse dangereusement autour du carrosse du maréchal. On entend crier « Mort à Fersen ! Mort au meurtrier ! ».

      

    Axel demande à un cavalier d'aller chercher de l'aide. Silfvesparre est prévenu, mais ne se presse pas pour intervenir. Fersen reçoit pierres et ordures, il se protège le visage ensanglanté comme il peut. Mais le carrosse est immobilisé. Un ancien adjudant, Bartholin, fait sortir Fersen du carrosse et l'entraîne vers une maison. Silfvesparre arrive alors et engage Fersen à se protéger dans la maison. Il est amené dans le cabaret au premier étage et dit « Tout cela est pour moi une surprise. Je ne sais pas ce que j'ai bien pu faire au peuple ». . Ses habits sont en lambeaux, il respire péniblement. Mais la foule n'est pas calmée pour autant et Silfvesparre comprend tout à coup, que le peuple ne s'arrêtera pas à quelques insultes ou maltraitances.

      

    Il tente de calmer la foule rassemblée devant la maison où se trouve Fersen, en promettant son arrestation. Mais les injures continuent et Fersen entend même en français : « c'est vous le responsable de la Révolution Française ! ». Axel est bousculé, ses décorations arrachées, il est traîné dehors. Il tente de se justifier « Je suis innocent ! J'aimais le prince héritier et je déplore sa mort autant que vous ! », mais les agitateurs le poussent dans l'escalier pour le faire sortir de la maison et descendre dans la rue. Silfvesparre tient Fersen par le bras, promettant à la foule de l'amener à l'hôtel de ville pour qu'il soit arrêté. Les insurgés les bousculent, tape Fersen avec ce qu'ils peuvent. Silfvesparre est également blessé.

      

    Une fois dans la rue, Fersen demande à un général à cheval de l'aider et de le sauver, mais la foule en délire le pousse, le met à terre, le tire jusqu'à la place de la noblesse. Les deux cents hommes de la garde royale ne bougent pas, ils ont reçu des ordres. Fersen est poussé à coups de pieds et de cannes contre la porte de l'hôtel de ville. Les gardiens parviennent à le faire entrer, un laquais l'a rejoint. Mais la foule force la porte et se rue de nouveau sur le pauvre malheureux et le serviteur.

      

    Ils hurlent « Est-ce ton serviteur ? ». Conscient de la situation Fersen répond « Non, je ne le connaît pas ». Ils sortent Fersen dans la rue et l'achèvent lamentablement à coups de cannes et de parapluies. Ils sautent sur le corps, dansent et le piétinent. Pendant ce temps, Silfvesparre, les gardes, les fonctionnaires de police assistent calmement à la scène. Axel de Fersen est mort, sacrifié à une foule déchaînée.

     

    Aucun des assassins de Fersen n'est condamné pour meurtre. Juste pour « participation à l'émeute » ou encore « avoir avoué des actes de violences ». La plupart sont graciés par Charles XIII quelques années après.

     

    L'enquête sur la mort de Karl-Auguste révéla que le prince n'est pas mort d'empoisonnement, et les Fersen sont entièrement disculpés.

     

    Sophie Piper se bat pour la réhabilitation de son frère, qu'elle fini par obtenir. Le 2 décembre 1810, il est réhabilité et en tant que maréchal du royaume et détenteur de l'ordre des Séraphins, il a droit à des obsèques officielles avec honneurs.

     

    Sophie fit élever un monument à la mémoire de son frère :

     

    Comte Axel de Fersen, grand maréchal de Suède

     

    Chancelier de l'académie d'Uppsala, général de cavalerie,

     

    Chevalier et commandeur des principaux ordres du royaume,

     

    Né le 4 septembre 1755,

     

    Lui qui voulait combattre l'anarchie et la fureur populaire,

     

    Il en a été victime le 20 juin 1810,

     

    Que son innocence soit reconnue

     

    Que vienne la vengeance des innocents,

     

    La gloire et la vérité,

     

    Sa mémoire les garde.

      

     

    sources

    superbe blog - AXEL de FERSEN

    http://axelvonfersen.free.fr/index.php?option=com_

    content&view=article&id=2&Itemid=2  

    photos google

     

    http://imageshack.us/
     
     
     
     
     
     

     

      

      

     

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