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    Réunion de famille au palais de Grão Pará à Petrópolis le 13 août 1939, pour l'anniversaire de la Comtesse de Paris fêté par un grand pique-nique.

    Débout, le prince Henri d'Orléans, comte de Paris (1908-1999),

    Dona Francisca, duchesse de Bragance (1914-1968), la princesse Isabelle d'Orléans,

    comtesse de Paris (1911-2003), le prince Dom Pedro Gastão (1913-2007),

    la princesse Dona Teresa (1919-2011) et le prince Dom João (1916-2005).


    Au premier rang, la princesse Isabelle (1932), le prince de Grão Pará Dom Pedro de Alcântara de Orleans e Bragança (1875-1940) avec le prince Henri (1933),

    le prince François (1935-1960), la princesse Hélène (1934) et la princesse de Grão Pará, Dona Elisabeth de Orleans e Bragança,

    comtesse Dobrzensky de Dobrzenicz (1875-1951) avec la princesse Anne (1938).

     

     

     

     

     

     

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    2 novembre 1789
    Nationalisation des biens du clergé

     

    Le contexte

     

    L'un des principaux problèmes qui apparaît dans les premiers mois de la Révolution concerne les recettes fiscales.

      

    En 1788 les fermes avaient eu un rendement de 153 millions alors qu'en 1790 leur rendement ne s'élève qu'à 18 millions de livres soit seulement 11%.

    Le problème ne vient pas d'un budget déséquilibré puisque les dépenses restent relativement stables passant de 731 millions en 1789 à 822 millions en 1791 mais plutôt de la trésorerie. Le déficit du trésor s'accroissant donc de mois en mois, il était impératif de pallier aux problèmes financiers de la France : « Vous délibérez. Et la banqueroute est à vos portes ! » tonnera Mirabeau avec raison.

    Les tentatives d'emprunt de Necker lancé en août 1789 l'un de 30 millions l'autre de 80 millions avaient échouées ne rapportant que le cinquième des sommes espérées, les nouveaux impôts ainsi que la contribution patriotique ne rentreront pas avant 1793, les dons patriotiques encouragés par les députés qui apportaient les boucles d'argents de leur soulier avaient tout juste rapporter 1 millions en mars 1790, la banques d'escompte à laquelle l'Etat devait déjà 155 millions hésitait à s'engager d'avantage.

      

      

    Le pays étant acculé, il fallait bien se résigner à prendre l'argent où il se trouvait : dans les coffres du clergé. Louis XIV lui même n'avait il pas écrit :

    « Les rois sont seigneurs absolus de tous les biens tant des séculiers que des ecclésiastiques pour en user comme sages économies, c'est à dire selon les besoins de l'Etat » .

     

    La fortune de l'Eglise était considérable et tentait depuis plus d'un siècle certains hommes d'état. Les derniers scrupules pour s'emparer de cette fortune pouvaient maintenant tomber. Constituée en partie par la volonté des mourants, la fortune du clergé n'était qu'un dépôt des fidèles donc des citoyens entre ses mains et l'Etat donc les citoyens avaient maintenant besoin de cet argent.

    Un autre groupe de Constituants, qu'on pourrait qualifier d'anticatholique, poussait également dans ce sens. Ce groupe là trouvait intéressant de brouiller le clergé avec la Révolution et en ruinant l'Eglise de détruire le corps ecclésiastique. Rabaud Saint-Etienne dira au lendemain du vote sur la nationalisation :

    « Le clergé n'est plus un ordre ! Il n'est plus un corps, il n'est plus une république dans l'empire .... Les prêtres pourront marcher à la cadence de l'Etat. Il ne reste plus qu'à les marier »

    Ce même groupe agira avec le même but lors de la Constitution civile du clergé.

     

    La motion Talleyrand-Mirabeau :

    Mise à disposition des biens du clergé

     

    La proposition initiale


    La proposition initiale allait cependant être émise dans les rangs du clergé lui même par l'évèque d'Autun, Talleyrand, qui proposa le 10 octobre 1789 la possibilité de mettre à disposition de l'Etat les biens ecclésiastiques qui se montaient selon les estimations entre 2 et 3 milliards de livres argumentant

    « Le clergé n'est pas un propriétaire à l'instar des autres propriétaires puisque les biens dont il jouit et dont il peut disposer ont été donnés non pour l'intéret des personnes, mais pour le service des fonctions. »

     

    Deux partisans de la nationalisation des biens de l'Eglise.

    A gauche l'évèque d'Autun Talleyrand
    A droite le comte de Mirabeau

     

     

     

    Les débats à l'Assemblée


    Dès le lendemain Mirabeau appuyait cette proposition précisant que cette expropriation serait accompagnée d'une indemnisation sous forme de traitements, l'Etat prenant à sa charge les frais de culte. Les premiers chiffres évoqués,1200 livres par an pour un curé, bien supérieurs à la portion congrue des curés (environ 500 livres annuel) suscitèrent l'intérêt de ceux-ci.

     

    Une partie du clergé tenta de contrer la proposition avec vivacité.

      

    Celui-ci avait abandonné les dîmes d'un rapport de 120 millions par an mais refusait de livrer ses biens d'un revenu cependant inférieur estimé à 80 millions annuel.

      

    L'abbé Maury, fidèle à son habitude, combattit la proposition avec véhémence menaçant les usuriers et les juifs qui s'apprêtaient à saisir les donations des fidèles ou tentant d'effrayer la bourgeoisie

    « Messieurs les bourgeois, la propriété est une et sacrée pour nous comme pour vous.

    Nos propriétés garantissent les vôtres.

    Nous sommes attaqués aujourd'hui, mais ne vous y trompez pas, si nous sommes dépouillés, vous le serez à votre tour. ».

    L'abbé Sieyès argumentait que les biens ont été donnés au clergé à condition qu'il s'acquitte de certaines charges et que si rien ne peut être relevé contre lui sur ce plan alors on ne peut le déposséder de ces biens. Mgr Boisgelin, archevêque d'Aix, fit remarquer avec raison que les biens n'avaient pas été donnés à l'Eglise mais à diverses institutions, abbayes, cures, hôpitaux, collèges pour des objets et des actions précis.

     

    Le Chapelier rétorqua que le clergé n'exerçait « ... qu'une stérile et dangereuse charité propre à entretenir l'oisiveté et le fanatisme. ... la Nation, au contraire, établira dans ces maisons de prière et de repos des ateliers utiles à l'Etat où le pauvre trouvera sa subsistance avec le travail; il n'y aura plus de misérables que ceux qui voudront l'être. » et plus politiquement il précisa aussi l'idée qui guidait tout un groupe « il était impolitique que les grand corps eussent des propriétés ».

     

    Le 31 octobre Boisgelin qui regrettera plus tard que le clergé n'eut pas proposé lui même de cautionner un emprunt à la Nation proposera en vain une avance de 400 millions.

     

     

    Deux opposants à la nationalisation des biens de l'Eglise.

    A gauche l'abbé Maury.
    A droite le cardinal de Boisgelin

     

     

     

    Le vote final


    Le vote final eut lieu le 2 novembre 1789, la motion Talleyrand-Mirabeau fut adoptée par 568 voix contre 346 voix, il y eu 40 votes nuls et environ 300 députés absents ou émigrés à l'étranger.

    La motion décrétait en ces termes:

     

    1. « Que tous les biens ecclésiastiques sont à la disposition de la Nation, à la charge de pourvoir d'une manière convenable aux frais du culte, à l'entretien de ses ministres et au soulagement des pauvres, sous la surveillance et d'après les instructions des provinces. »

    2. et en contre-partie de cela 
    3. « Que dans les dispositions à faire pour subvenir à l'entretien des ministres de la religion, il ne pourra être assuré à la dotation d'aucune cure moins de 1200 livres par année, non compris le logement et les jardins en dépendant. »

     

    Le pressoir.

    2 novembre 1789

     

    Gravure populaire sur la confiscation des biens du clergé

     

     

     

    Les assignats : La liquidation des biens du clergé

     

    Emission des premiers assignats


    Environ deux milliards de livres de biens étaient ainsi mis entre les mains de l'Etat. Necker alors ministre des finances en était presque encombré car la liquidation de cette fortune en immense majorité foncière lui paraissait très difficile. Cette masse de biens jetés sur le marché dans une période d'insécurité n'allait-elle pas entraîner une dépréciation de la propriété ?

     

    L'Assemblée décida par décret la création d'une Caisse de l'extraordinaire destinée à encaisser tous les fonds issus de la contribution patriotique et de la vente des biens de l'Eglise. Ses ressources devaient servir à satisfaire les besoins de trésorerie et ultérieurement à payer le remboursement de toutes les dettes de l'Etat.

    La loi du 19 décembre 1789 autorisait l'émission de 400 millions d'assignats (billets de 1000 livres exclusivement portant intérêt à 5% assigné sur une première tranche de 400 millions de biens du clergé) dont la vente alimenterait cette caisse.

     

    Sous cette forme l'assignat n'était donc qu'une valeur mobilière, sorte de bon du Trésor, gagée sur les biens de l'Eglise. Le principe de fonctionnement en était fort simple; toute personne désirant acheter des biens nationaux ne pouvant le faire qu'au moyen des assignats, il fallait donc avant tout que les particuliers achètent des assignats auprès de l'État, c'est ainsi que la rentrée d'argent se faisait.

    Une fois la vente effectuée, de retour dans les mains de l'État, les assignats devaient alors être détruits. Par ce moyen, la rentrée d'argent frais était bien plus rapide que s'il fallait attendre que les biens soient véritablement vendus.

     

    Assignat de 1000 livres

     

     L'une des premières emissions.

     

     

     

     

    Rapport Chasset du comité des dîmes et Nationalisation des biens du clergé - 14 avril 1790
    Au début de 1790 la vente des biens démarre trè

    s difficilement d'une part à cause de l'insécurité générale et d'autre part entravée par les scrupules religieux, le clergé ouvertement hostile menaçant en chaire quiconque oserait acquérir les biens de l'Eglise. La motion Talleyrand-Mirabeau ne prévoyait en effet que la mise à disposition des biens du clergé à la Nation.

    Le clergé qui en gardait toujours l'administration ne désespérait donc pas de conserver la jouissance de la majeure partie de ces biens sur lesquels la Nation se contenterait de faire les ventes nécessitées par les besoins du Trésor.

     

    Le décret du 17 mars 1790 donna un coup de pouce aux ventes en décidant un transfert des biens aux municipalités, peu de gens en effet n'osaient acheter les biens de l'Eglise alors qu'ils le firent sans scrupules de ses mêmes biens désormais municipaux. La première, la municipalité de Paris offrit d'acheter pour 200 millions les biens de 27 maisons religieuses, rapidement d'autres communes suivirent son exemple.

     

    Afin d'accélérer encore le processus de ventes l'Assemblée Constituante va ôter au clergé l'administration de ces biens. Le 10 avril 1790 Chasset (Comité des dîmes) appuyé par Prieur de la Marne demande à ce que les biens ecclésiastiques soient placés sous séquestre et qu'ils soient mis à disposition de la nation.

    Boisgelin tente un ultime effort de conciliation en proposant que la fortune de l'Eglise serve de gage à un emprunt de 400 millions.

    Mais à ce moment la majorité de l'Assemblée était devenu plus hostile à l'Eglise, quand au clergé se sentant menacé il montrait des dispositions moins favorables à la Révolution qu'à l'automne 1789, la motion fut repoussé par 495 voix contre 400 et le 14 avril 1790 l'Assemblée votait la nationalisation des biens et comme contre-partie l'établissement d'un budget des cultes qui rendait le clergé dépendant de l'Etat.

     

    L'ère périlleuse de la monnaie-assignat


    Dès leur création les assignats sont loin de faire l'unanimité au sein de l'Assemblée Constituante, certains députés comme Talleyrand, Condorcet, Du Pont de Nemours ou encore l'abbé Maury rappelant la banqueroute du système de Law sont entièrement contre. Pour eux, le problème majeur de l'émission d'assignats sera de ne pas émettre plus d'assignats que la valeur des biens nationaux.

     

    Or, à cette époque, les billets sont facilement falsifiables (l'angleterre en emettra des millions pour financer la contre-révolution), il y a donc un fort risque de retrouver en circulation une quantité bien plus importante d'assignats que ceux émis par l'Etat lesquels par ailleurs ne rapporteraient rien à la Caisse de l'extraordinaire.

      

    Si un tel cas se produisait ou si l'Etat émettait plus d'assignats que la valeur des biens nationaux, l'assignat perdrait rapidement toute valeur et toute crédibilité.

    Malgrès ces craintes le décret du 17 avril 1790 donnait à l'assignat valeur de monnaie et ramenait son intérêt à 3%. Cette loi fut votée après plusieurs jours de débat houleux lors desquels l'abbé Maury prédit à l'assignat une destinée orageuse et une banqueroute finale et Pétion déclara « ... le bienfait des assignats sera d'assurer la Révolution ... »

      

    tout deux avaient raison :

    l'assignat failli ruiner la France mais assura la Révolution.

    A partir de cette date et jusqu'à la destruction de la « planche à billets » en 1796 la machine s'emballe, l'État, toujours à court de liquidités, utilisera l'assignat-monaie pour toutes ses dépenses courantes. Necker, résolument contre la transformation de l'assignat en papier-monnaie, donnera sa démission le 3 septembre alors que le 29 septembre 1790, une nouvelle émission de 800 millions était décrétée, avec l’engagement solennel de la Nation que ce total de 1.200 millions ne serait pas dépassé.

      

    A cette occasion l’intérêt des assignats sera supprimé et l’on instaurera des coupures plus petites, commençant à 50 livres.

    La diffusion des assignats etait facilitée par ces mesures mais la défiance augmentait. Les monnaies d’or, d’argent et même celles de bronze disparaissent de la circulation pour être thésaurisées. Il se pratique alors deux prix : l’un en assignat, l’autre en espèces. Seulement, personne ne veut plus payer en numéraire y compris pour les petites sommes.

      

    Les coupures de 50 livres sont encore trop grosses, le commerce est asphyxié.

     

    En mai 1791 l’Assemblée décrétera la fabrication d’assignats de 5 livres pour une valeur de 100 millions puis de nouvelles émissions de petites coupures entre 5 et 25 livres auront lieu durant l’année 1791.

      

    Un nouvel effort sera fait en janvier 1792 avec la création de coupures comprises entre 10 et 50 sous, destinées à être échangées contre des assignats de valeurs plus importantes.

    A ce moment, le cours de 100 livres d’assignats ne sera plus que de 77 livres en numéraire, soit une décote de 23 %.


    L’inquiétude monte, beaucoup d’émigrés sont partis, la crise du commerce est patente, la guerre couve… La situation s’aggrave encore en 1792. En effet l'Etat ne détruit plus les assignats qu'il récupère; pire même, il imprime plus d'assignats que la valeur réelle des biens nationaux.


    En octobre de cette année 1792 le montant maximum des assignats en circulation est augmenté à 2,4 milliards puis porté à 3,1 milliards de livres en février 1793.

      

    Les impôts rentrent de moins en moins, la spéculation s’étend partout.

      

    Le cours de 100 livres en assignats tombe à 22 livres en août 1793.

      

    Quelques efforts sont faits pour réduire le volume des assignats en circulation, notamment par l’emprunt forcé de l’été 1793 ou la démonétisation des assignats à effigie royale. Mais aussitôt après, de nouvelles émissions augmentent à nouveau la masse en circulation.

    Celle-ci atteint ainsi 8 milliards de livres au début 1794. Après Thermidor l’inflation s’accélère. Les premiers assignats en Francs sont décrétés le 7 janvier 1795.

      

    Leur valeur faciale de 100, 750, 1000, 2000 et 10.000 F témoigne à elle seule de la dérive des prix.

      

    Le cours de 100 livres en assignats tombe à 18 livres en numéraire, soit une perte de 82 %… ce cours passera à 3,20 en juin 1795 pour finir à 0,46 en janvier 1796, soit une chute abyssale de 99,5 %. A cette époque là, le plafond d’encours aura alors atteint la somme abyssale de 42 milliards d’assignats.

     

    Assignat de 300 livres - 1791

     

    Faux assignat de 300 livres - 1791

     

      

    Assignat de 15 sol - 1796

    Assignat de 10000 Francs - 1795

     

      

     

    Conséquences de la nationalisations des biens de l'Eglise et de l'émission des assignats

     

    Les semaines et les mois passant, la vente des biens nationaux aura pour conséquence d'attacher à la Révolution de solides défenseurs en la personne de ceux qu'elle aura enrichi. La définition et la diffusion même de l'assignat facilitera l'énorme opération de transfert de propriété qui allait être mise en place

    Thomas Lindet dira : « Les assignats ne tarderont pas à être dispersés et quiconque en sera porteur deviendra malgré lui le défenseur de la Révolution.»


    Cependant la mesure de nationalisation, en obligeant le législateur à salarier le prêtre le liera d'une façon bien gênante en le mettant pour de longues années dans l'impossibilité, sans commettre un évident déni de justice, de séparer l'Eglise de l'Etat.

     


    Dans l'immédiat une autre conséquence sera de détacher une part importante du clergé de cette Révolution qu'il avait plutôt favorisé que combattu. Même les curés les plus favorables au régimes comme Grégoire restèrent eux aussi un moment décontenancés face à la mesure.

    La dissolution des ordres religieux allait également exacerber leur ressentiment. Condorcet, lui même, peux suspect de tendresse envers le clergé estimera plus tard que l'opération avait été mené « sans équité et sans prudence » et, que faisant des prêtres « des victimes » on avait aliéné une force à la Révolution.

     

     


     

    12 juillet 1790
    Constitution civile du clergé

     

     

     

    Besoin de réformer le clergé

     

    « L'Eglise est dans l'Etat : nous sommes une Convention; nous avons assurément le pouvoir de changer la religion mais nous ne le ferons pas. » dira le jansénisme Camus.

    « Quand un souverain croit une réforme nécessaire, rien ne s'y peut opposer. Un Etat peut admettre ou ne pas admettre une religion. » énoncera le juriste Treilhard. Tous deux, farouches partisans de la constitution civile du clergé, proclament ainsi le droit de la Nation a réformer la religion.

    Pourquoi ce besoin de réformer la religion en été 1790 alors que la grande masse du clergé ne perturbe pas vraiment la marche de la Révolution ? Certes l'enthousiasme de 1789 a baissé dans les rangs des plus humbles mais dans l'ensemble la majorité des curés et plusieurs évêques restaient fidèles, en dépit de la nationalisation des biens, aux principes de 1789.

      

    La papauté en la personne de Pie VI se taisait, se contentant de gémir contre les atteintes au domaine ecclésiastique de l'Eglise de France.

    Alors pourquoi une telle réforme et cette intervention du pouvoir temporel dans le domaine mystique ? Déjà le 13 février 1790 les voeux religieux avaient été abolis; les ordres monastiques comme les Carmes ou les Bénédictins disparaissaient et seules les congrégations hospitalières ou enseignantes subsistaient.


    L'évèque de Clermont, Bonal, dénonçait alors « ... cette autorité qui rompt seule les barrières qu'elle n'a pas placée. ... [qui], sans le concours de l'Eglise, accorde la liberté à des hommes qui se sont librement engagés. » et Barnave méprisant ses remarques rétorquait « Il suffit que l'existence des moines soit incompatible avec les besoins de la société pour décider leur suppression. »

    Deux conceptionS diamétralement opposées s'opposaient l'une fondée sur l'utilité sociale l'autre sur le mysticisme.

     

    Abolition des ordres religieux

     

     

     

    Décret du 13 février 1790.

     

     

     

    La loi sur la Constitution civile du clergé

     

    La proposition de réforme de la commission Martineau.
    Faisant suite à la Nationalisation des bines du clergé, la reforme que propose la commission Martineau le 21 avril 1790 va encore plus loin dans l'intervention de l'Etat au sein de l'Eglise.

    Elle s'oriente sur trois axes :

     

      • réforme évangélique.
      • Nécessité de revenir aux temps apostoliques où le peuple élisait ses pasteurs.

     

      • réforme administrative. Certains des 135 diocèses comprenant moins de 100 paroisses (17 pour le plus petit) alors que d'autres en renfermaient plus de 500 (1400 pour celui de Chartres), l'esprit cartésien des Constituants souhaitait uniformiser ceux-ci et cadrer tout cela dans l'esprit des départements.
      • réforme politique.

     

      • Le Concordat de 1516 serait aboli, « ... concordat profane et scandaleux ...[conclu] entre un pape immoral et un despote à l'insu de l'Eglise et de l'Empire .... [pour partager] entre deux usurpateurs les droits et l'or des Français » disait de lui Mirabeau.

     

    • réforme morale. Les abus de certains prélats ne pouvaient plus être acceptés par la nouvelle société qui se mettait en place.

     

    Une réforme était certes nécessaire et s'imposaient même aux catholiques les plus intransigeants. Plusieurs solutions s'offraient à l'Assemblée. L'une d'entre elles consistait à laissée l'Assemblée préciser certains points de la réforme comme la délimitation des diocèses et des paroisses ou la participation des fidèles dans le choix des pasteurs.

    Sur une telle base le roi et une représentation de l'Eglise de France pouvait négocier avec Rome et ainsi réviser le Concordat.

      

    Une autre solution aurait été de séparer l'Eglise et l'Etat comme cela sera fait en 1795.

      

    Aucune de ces deux solutions ne sera retenue, les Constituants de 1789 souhaitant à la fois être les seuls décideurs de l'avenir de l'Eglise de France et maintenir le catholicisme religion d'Etat.

     

    La solution proposée et retenue sera de créer de toute pièce une Eglise d'Etat indépendante de Rome. Le 29 mai 1790 les débat s'ouvraient à l'Assemblée sur la proposition de constitution civile rapportée par Martineau.

    Ils dureront six semaines sans cesse coupés par d'autres discussions et

    aboutiront le 12 juillet 1790 au vote de la loi.



    Martineau résumait ainsi la réforme : les anciennes circonscriptions diocésaines seraient abolies et remplacées par 83 diocèse; un évêque par département dont dix métropolitains (nouvelle dénomination des archevêques) pour Rouen, Reims, Besançon, Rennes, Paris, Bourges, Bordeaux, Toulouse, Aix et Lyon; les paroisses seraient soumises à une nouvelle délimitation et 4 000 d'entre elles supprimées; évêques, vicaires épiscopaux, curés seraient élus par le corps électoral du département ou de la commune; l'institution canonique conférés aux curés par les évêques, aux évêques par le métropolitain.

      

    De Rome pas un mot, le triomphe du Gallicanisme.

      

    En contrepartie de cela le catholicisme demeurait religion d'Etat et les traitements des ecclésiastiques pris en charge par la Nation serait élevés : 50 000 livres pour l'évêque métropolitain de Paris, entre 12 000 et 20 000 pour les autres évêques et entre 1 200 et 6 000 livres pour les curés selon l'importance de la cure.

    Ces réformes en soit n'étaient pas inacceptables par l'Eglise, la réorganisation récente de Joseph II d'Autriche dans ses états du Saint-Empire était bien plus brutale, cependant deux problèmes fondamentaux restaient insolubles:

     

      1. Le pouvoir temporel avait il le droit de modifier les circonscriptions ecclésiastiques ? Camus précisait « Nous n'avons pas toucher au dogme. Nous n'avons fait que modifier la géographie. » ce à quoi Jabineau répondait « Un territoire n'est pas une réunion de maisons et de champs; ce sont des personnes, des êtres spirituelles, des âmes. » autrement dit la puissance civile ne pouvait instituer des bornes au pouvoir spirituel.

     

    1. L'Assemblée Nationale pouvait elle supprimer unilatéralement le concordat de 1516 ? Avaient elle le droit de rompre un lien établit entre le pape et les évêques ? Une telle réforme ne pouvait être le fait d'une décision unilatérale de l'Etat, elle devait être approuvé par une autorité spirituelle.

     

    Pour le clergé français seule l'autorité spirituelle de l'Église pouvait mettre en oeuvre de telles réformes, or si le clergé s'accordait sur les droits exclusif de cette autorité deux théologies s'opposaient sur son exercice: la romaine la réservait au pape et à la Curie Romaine, la gallicane aux évèques de France réunis en concile.


    De part cette division le clergé fut assez médiocre lors des discussions à l'Assemblée.

    S'il reconnaissait la nécessite de la révision du Concordat de 1516, et le manque de probité de certains de ces membres, certains évêques dont quelques-uns siégeant à l'Assemblée étaient des abus vivants, il était désarmé lorsqu'il s'agissait de défendre les droits de Rome car étant en majorité Gallican, il se préoccupait essentiellement des libertés de l'Eglise gallicane.

     

    Mgr Boisgelin et Mgr Francois de Fontanges, qui dirigeaient le Comité des Evêques, proposèrent la réunion d'un concile national pour discuter des réformes et les faire accepter du pontificat Romain. La Constituante se montra irréductible en n'acceptant pas cette primauté.

      

    La loi fut donc voté par l'Assemblée le 12 juillet et transmise le jour même à la sanction royale .

     

     

    Mise en application de la loi:


    Ne pouvant faire autrement Louis XVI ne put que sanctionner la loi le 22 juillet 1790 la mort dans l'âme.

    Au cours de l'été et de l'automne 1790 la constitution civile se publiait en province cependant les évêques lui opposaient la force d'inertie lorsqu'il fallait dissoudre les chapitres.

    Pie VI ne se prononçant pas officiellement sur la Constitution civile, la Constituante ne pouvait attendre indéfiniment un accord de toute façon très improbable

    du « Saint-Siège ».

    L'idée d'acculer prélats et curés à la reconnaissance formelle de la loi se propageait. Le clergé devrait alors prêter serment à la nouvelle loi sur la constitution civile, un refus équivaudrait à une démission, une opposition violente exposerait à des poursuites. Le 27 novembre le décret de serment était voté.

    Le 3 décembre Louis XVI suppliait Pie VI de donner son assentiment au deux lois mais celui-ci répondait le 14 que c'était impossible et que ce faisant le roi encourrait la désapprobation de l'Eglise universelle mais aussi de l'Eglise gallicane.

     

    Giannangelo, comte Braschi


    1717 - 1799

    pape sous le nom de Pie VI du 15 février 1775 à sa mort à Avignon.

     


    Pendant ce temps la Constitution Civile ayant créés de nouveaux sièges on convoqua les électeurs et deux nouveaux évêques furent élus l'un dans les Ardennes l'autre dans la Mayenne. Le 20 décembre Louis XVI était sommé de sanctionner le décret sur le serment des prêtres. Sur les conseils de Boisgelin et de son ancien ministre et ami Saint-Priest Louis XVI donna sa sanction le coeur déchiré le 26 décembre 1790 :
     

    « Par décret de l'Assemblée nationale, et conformément à la constitution civile du clergé en date du 24 août 1790, tous les ecclésiastiques prêteront le serment exigé un jour de dimanche après la messe, en présence du conseil général de la commune et des fidèles. Ceux qui ne le prêteront pas seront réputés avoir renoncé à leur office et il sera pourvu à leur remplacement. »

     

    Le serment était le suivant : « Je jure de veiller avec soin sur les fidèles de la paroisse qui m'est confiée, d'être fidèle à la nation, à la loi, au roi et de maintenir de tout mon pouvoir la Constitution décrétée par l'Assemblée nationale et acceptée par le Roi. »

     

    Le serment devait être prêté 8 jours après, soit le 4 janvier 1791. L'Assemblée s'attendait à ce que la grande majorité du clergé obéisse et prête serment. Elle se trompait. Le 4 janvier 1791, la majorité du clergé élut à l'Assemblée refusait de prêter serment, seuls 2 évêques sur 49 et un tiers des curés prêtaient serment à la constitution civile.

     

    Le 7 janvier, commencèrent les serments dans tous le pays. Ils furent échelonnés tous les dimanches de janvier et février 1791, à des dates différentes selon les diocèses. Sept évêques seulement (dont 3 in partibus) et environ la moitié des curés jura mais pour se rétracter en partie dès que Pie VI eut fait paraître la condamnation papale prononcée contre la Constitution Civile.

    Les membres du clergé qui n'étaient pas rattachés à une paroisse (environ cent mille ecclésiastiques et religieux "non-utiles"), furent contraints de prendre une retraite forcée ou alors de rejoindre les rangs du clergé de paroisse en prêtant serment.

     

    Le clergé était ainsi coupé en deux, les prêtres constitutionnels, et les prêtres réfractaires, c'était le schisme. Les proportions de curés jureurs dépendaient très fortement des régions, beaucoup jurèrent en définitive pour maintenir la religion sur le territoire, pour répondre aux voeux de leurs paroissiens et également dans les campagne pour ne pas se prononcer en faveur du seigneur contre les paysans libérés des droits féodaux.

     

    La réponse officielle du pape Pie VI:


    Le pape Pie VI fit connaître sa réponse officielle par les brefs Quod aliquantum du 10 mars 1791, et Caritas du 13 avril 1791. Il s'opposait sur certains points à la Constitution civile du clergé qu'il considérait comme hérétique, sacrilège, et schismatique. Il demandait aux membres du clergé n'ayant pas encore prêté serment de ne pas le faire, et à ceux qui avaient déjà prêté serment, de se rétracter.

      

    On peut reprocher à Rome sa réaction très tardive par rapport aux événements.

    Ce retard aurait laissé les prêtres et les évêques dans l'embarras pour la conduite à tenir par rapport au serment de fidélité à la Nation, à la loi, au roi, créant un malaise dans les provinces françaises durant les six premiers mois de l'année 1791, et conduisant à un véritable schisme de l'Eglise mais également à une rupture entre la Révolution et l'Église catholique.

     

    Ce point pas encore trés clarifié à l'heure actuelle fait l'objet de discussions de la part des historiens des religions. En effet, dans un bref en date du 2 avril 1792, Pie VI lui-même écrivit qu'on s'était servi de son nom pour troubler les consciences et semer la discorde en France en fabriquant des bulles qui défendaient de prêter serment de fidélité à la patrie.

      

    À trois reprises, par décret, l'Inquisiteur général d'Espagne condamna comme faux le bref du 10 mars 1791.

     


    Conséquences, suites et fin de la Constitution civile:
     

    Pour remplacer les prêtres réfractaires, il fallut élire de nouveaux prêtres :

    80 évêques furent élus et environ 20 000 prêtres furent remplacés.

    L''abbé Grégoire, curé et député, qui avait participé à la rédaction du projet de constitution civile du clergé, fut élu évêque constitutionnel, et devint le chef de l'église constitutionnelle de France.

     

    La plupart des prêtres réfractaires prirent le parti de la contre-révolution et les patriotes suspectèrent les ecclésiastiques, engendrant des haines passionnées.

      

    De très nombreux catholiques, paysans, artisans ou bourgeois qui avaient soutenu le Tiers état, rejoignirent ainsi l'opposition.

      

    Ces questions engendrèrent un mouvement de méfiance profonde dans le peuple, surtout dans l'ouest de la France (Bretagne, Vendée), et engendra les guerres liées à la contre-révolution.

    En 1793 et 1794, des mesures de déchristianisation se poursuivirent en France , avec le développement du culte de la Raison et de l'Être suprême, et la fermeture des églises au culte de mai 1793 à novembre 1794.

      

    Les prêtres réfractaires furent l'objet d'une sévère répression, notamment sous la Terreur, et furent confondus à cette période avec les autres, les prêtres constitutionnels (ou assermentés, ou jureurs).

     

     

    Le 18 septembre 1794 Cambon fait supprimer par raison d'économie le budget de l'Église assermentée; de ce fait la Constitution civile du clergé était ainsi implicitement rapportée et l'État complètement laïcisé.

      

    Cinq mois plus tard, la Convention thermidorienne confirme cette séparation en votant, le 21 février 1795, le décret sur la liberté des cultes :

     

    • Art. I - Conformément à l'article VII de la Déclaration des Droits de l'homme et à l'article 122 de la Constitution, l'exercice d'aucun culte ne peut être troublé.
    • Art. II - La République n'en salarie aucun.
    • Art. III.- Elle ne fournit aucun local, ni pour l'exercice des cultes, ni pour le logement des ministres.
    • Art. IV.- Les cérémonies de tout culte sont interdites hors de l'enceinte choisie pour leur exercice.
    • Art. V - La loi ne reconnaît aucun ministre du culte, nul ne peut paraître en public avec les habits, ornements ou costumes affectés à des cérémonies religieuses.
    • Art. VI - Tout rassemblement de citoyens pour l'exercice d'un culte quelconque est soumis à la surveillance des autorités constituées. Cette surveillance se renferme dans des mesures de police et de sûreté publique.
    • Art. VII - Aucun signe particulier à un culte ne peut être placé dans un lieu public, ni extérieurement, de quelque manière que ce soit. Aucune inscription ne peut désigner le lieu qui lui est affecté. Aucune proclamation ni convocation publique ne peut être faite pour y inviter les citoyens.
    • Art. VIII - Les communes ou sections de commune en nom collectif, ne pourront acquérir ni louer de local pour l'exercice des cultes.

     

    SOURCES

    http://revolution.1789.free.fr/novembre-1789/novembre-1789.htm

     

     

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  • CATHERINE,
    PRINCESSE DE TALLEYRAND
    (1761-1835)

     

    Jacques BRUN
    Février 2007

    I – Une vie d’aventures.
    II – Maîtresse de Talleyrand.
    III – Le mariage : Madame de Talleyrand-Périgord.
    IV – Châtelaine de Valençay et Altesse Sérénissime.
    V – Séparation et Nostalgie.
    VI – Le souvenir.
    VII – Pauvre princesse !

     



    I - Une vie d’aventures.

     

    Nous sommes au début du mois d’avril 1814. Napoléon est aux abois. Il abdiquera dans quelques jours. Les armées alliées sont à Paris.

     

    Le tsar de toutes les Russies est l’hôte de Talleyrand, dans son hôtel où s’organise la Restauration. (Chateaubriand dira qu’elle s’y tripote).

     

    Depuis longtemps, dans les salons de Talleyrand, se sont cristallisées les oppositions à l’Empire dont tout le monde est las. La rue Saint-Florentin est devenue le centre du monde. Caulaincourt vient plaider la cause de Napoléon II ; d’autres, celle des Orléans, certains même voudraient hisser Bernadotte sur le trône.

     

    La religion de Talleyrand est faite. Il a depuis longtemps décidé du retour des Bourbons. Les prétentions des Bonaparte et consorts sont vite balayées ; cinq ans après, ils paieront l’insulte du bas de soie.

     

    Des comparses, comme l’abbé de Pradt ou Aimée de Coigny, se répandent dans Paris pour diffuser la bonne parole. Si l’on en croit Chateaubriand (1), une autre personne enthousiaste parcourt les rues en calèche en exaltant partout le retour des Bourbons. C’est l’épouse de Talleyrand, la princesse de Bénévent.

     

    Elle a 53 ans. Depuis 16 ans, elle vit dans l’ombre de son mari qu’elle admire. Il n’y a plus d’amour entre eux, seulement l’habitude et le respect des convenances. Elle n’en est pas moins la maîtresse de maison de l’hôtel de la rue Saint-Florentin.

     

    Notre princesse ne se doute pas qu’elle est au tournant de sa vie qui, depuis un demi-siècle, a été une suite d’extraordinaires aventures.

     

    Elle est née aux Indes, de parents bretons, à l’époque où les Français ont été chassés par les Anglais.

     

    Son père, Jean-Pierre Verlée, né en 1724 à Port-Louis dans le diocèse de Vannes, était employé depuis de nombreuses années à Chandernagor par la Compagnie des Indes. Cette ville fut prise et détruite par les Anglais après le rappel de Dupleix en 1754. Il était, en 1758, lieutenant du port de Pondichéry ; devenu veuf, il avait deux filles de son premier mariage Marie Anne Françoise Xavier et Marguerite.

     

    Sa mère, Laurence Alleigne, était la fille d’un maître armurier dans l’armée française de la Compagnie des Indes.
    Jean-Pierre Verlée et Laurence Alleigne se marièrent le 17 avril 1758 ; il avait trente quatre ans et elle quatorze.

     

    Le 10 novembre 1760, ils baptisèrent leur premier enfant, une petite fille, Françoise, mais, cette même année, les Anglais prennent Pondichéry et la rasent complètement, remparts, forteresse, maisons et églises. Les français ont trois mois pour partir.

     

    Ici commence, en cette année 1761, l’épopée, le mot n’est pas trop fort, de notre héroïne qui va naître le 21 novembre. On la prénomme Catherine Noël ; pourquoi ce prénom masculin ? Il est vrai que son père a déjà prénommé une de ses filles Xavier…

     

    Son lieu de naissance fait rêver : Tranquebar sur la côte de Coromandel ! On croirait du Hugo avant l’heure.
    C’est une possession danoise que la guerre a épargnée. Tous les notables de Pondichéry s’y sont réfugiés. Ils y resteront deux ans jusqu’au traité de Paris qui sonna le glas des Indes françaises…

     

    La famille Verlée retourne à Chandernagor, où va naître un petit frère de Catherine. Le père est tout de suite nommé capitaine du port. Il est très bien noté et pratique très officiellement, à côté de sa fonction, du commerce pour son propre compte, mais, quelques années plus tard ses affaires vont très mal.

     

    La vie est triste et morne dans notre pauvre comptoir de Chandernagor. Catherine n’a que quinze ans mais les filles mûrissent très vite sous ces climats. Elle est ravissante et sa réputation de beauté va jusqu’à la riche et fringante Calcutta dont elle rêve.

     

    De nombreux soupirants s’empressent autour d’elle mais c’est un certain Georges François Grand qui va l’épouser au mois de juillet 1777 et l’emmener à Calcutta. Il s’est fait naturaliser anglais pour pouvoir être employé par la Compagnie anglaise des Indes. Il est né à Genève où sa famille s’était réfugiée après la révocation de l’édit de Nantes.

     

    C’est un personnage un peu falot dont Catherine croit être amoureuse et, effectivement, le ménage sera heureux quelque temps. Ils sortent beaucoup : soirées mondaines, dîners somptueux, bals costumés…. Mais tous les hommes de la colonie papillonnent autour de cette beauté et ce qui devait arriver, arriva : le riche et beau Sir Francis Philips, la coqueluche de toutes les dames de Calcutta réussit, un peu malgré elle, à la compromettre puis à la séduire. « Cette femme exhale l’amour » note-t-il dans son journal. Il y a procès et la Justice de sa Majesté Britannique indemnise pécuniairement le mari trompé qui se déclare satisfait…

     

    Sir Philips est un homme marié, son épouse est en Angleterre avec six enfants. La liaison dure peu et Catherine décide de quitter les Indes. L’aventure commence.

     

     

     

    portrait

    CATHERINE GRAND
    en 1783 - par Mme Vigée-Lebrun

     

    Elle a dix neuf ans, elle est belle à couper le souffle, « grande et svelte, avec un teint d’une fraîcheur éblouissante, des cheveux aux admirables boucles blondes, des yeux bleus sous les sourcils noirs, elle avait un charme étrange. Elle émerveillait par l’éclat de sa beauté et elle séduisait par sa grâce un peu nonchalante »(2) .

    Trois ans après, Madame Vigée-Lebrun, peintre attitré de Marie-Antoinette, immortalisera cette beauté. Elle embarque le 2 décembre 1780 sur un bateau hollandais à destination de l’Angleterre.

    Elle y fait connaissance d’un Anglais, Thomas Lewin, jeune, beau et fortuné. Le navire est arraisonné par les Français et les deux amants sont débarqués à Cadix. Ils rejoignent Lisbonne et arrivent enfin à Londres sur un bateau portugais. Ils resteront ensemble un certain temps, à Londres et à Paris. Lewin se maria, devint père de famille et, si l’on en croit sa fille, il versera, sa vie durant, une pension à son ancienne maîtresse. John Whitehill, ancien gouverneur de Madras, lui succède auprès de la belle indienne, il lui versera aussi une rente viagère de trente mille francs.

     

    De 1782 à 1792, pendant dix années, Catherine est à Paris. Elle mène grand train et tient le haut du pavé, riches appartements, bijoux, meubles, brillants équipages.

     

    Ses amants l’entretiennent dans l’opulence. Ce sont Rilliet-Plantamour, agent de change, le jeune paltoquet baron de Frénilly qui lui offrira un équipage de deux chevaux blancs, le banquier Valdec de Lessart qui sera contrôleur général des Finances en 1790 ou Louis Monneron député des Indes à la Constituante.

     

    Edouard Dillon, père de la comtesse de Boigne, s’est vanté d’avoir été reçu à dîner chez elle seulement vêtue de son abondante chevelure blonde.

     

    Surviennent les évènements du 10 août 1792. Elle a trente ans. Elle assiste au massacre sous ses fenêtres du portier de la maison qu’elle habitait. Elle prend peur et part avec sa femme de chambre sans rien emporter et sans argent. A Paris, tous ses biens sont inventoriés et mis sous séquestre. Elle arrive à Douvres.

     

    Elle s’appelle encore « Madame Grand » ou, mieux dans sa situation actuelle, « Madame Grant », cela fait plus anglais et en tant qu’épouse d’un sujet anglais, elle peut se prévaloir de la nationalité britannique. A Douvres, elle fait la connaissance d’un jeune lieutenant de la marine royale anglaise, Nath Belchier, âgé de vingt et un ans. Elle lui raconte ses malheurs. Celui-ci s’enflamme et se précipite à Paris avec un ami du nom de O’Dryer.

     

    Leur qualité d’Anglais vaut passeport, Belchier est accueilli comme membre de la marine anglaise, il obtient la levée des scellés et, malgré les risques encourus, les deux amis quittent Paris le 19 septembre 1792 en sauvant tout ce qu’ils peuvent emporter : quatre vingt mille francs de vaisselle dont une partie était en or, trois cent mille francs de bijoux, perles et diamants, deux mille cent louis d’or qu’ils cousent dans leurs ceintures et deux cent mille livres de billets de la caisse d’escompte.. Huit jours après, ils remettent ce trésor à Catherine et refusent toute récompense ; ils ne demandent que le remboursement de leurs frais, soixante et quelques livres sterling. Il n’est pas interdit de rêver à ce que fut peut-être la véritable récompense.

     

    Catherine arrive à Londres à la fin du mois de septembre 1792, elle y restera jusqu’à mai 1797. Elle gravite dans les différentes factions d’émigrés et a, entre autres, pour amant le comte de Lambertye dont nous reparlerons. Talleyrand est arrivé le même mois et y restera jusqu’à son départ pour l’Amérique en mars 1794.

     

    Pendant quatre années, elle va vivre de son pécule et de différents trafics où elle excelle en servant d’intermédiaire. Cependant la vie n’est pas toujours rose puisqu’en mars 1795, elle demande une aide à Pitt. Elle veut retourner à Paris et obtient un passeport hollandais grâce à son lieu de naissance, Tranquebar étant devenu une possession hollandaise. Elle arrive à Paris, via Hambourg, vers juin 1797, dans les bagages du marquis Cristoforo de Spinola, ambassadeur de la République de Gênes à Londres après avoir occupé le même poste à Paris avant la Révolution. Celui-ci est expulsé immédiatement comme espion.

     

     

     

    II - Maîtresse de Talleyrand.

     

    On raconte que Catherine, inquiétée par la police du Directoire en mars 1798, se serait présentée, un soir, au ministère des Relations extérieures avec une recommandation de Montrond ou de Mme de Sainte-Croix pour demander l’aide de Talleyrand. Celui-ci étant absent, elle l’attendit dans un fauteuil et s’endormit. Reprise par Sacha Guitry dans son excellent film « Le Diable boiteux », cette légende résulte du récit du maître d’hôtel qui l’aurait accueillie au ministère.

     

    La réalité a été tout autre. Talleyrand connaissait Catherine depuis longtemps.

     

    Pendant les dix années ayant précédé la Révolution, il menait la « douce vie » des abbés de Cour et ne pouvait pas ignorer l’existence d’une des plus belles femmes de Paris qui attirait tous les regards. La duchesse d’Abrantès(3) raconte qu’à cette époque, étant aux Tuileries en compagnie de son compagnon de séminaire l’abbé de Lageard, il lui fit remarquer une femme qui marchait devant eux ; « elle était grande, parfaitement faite, et ses cheveux, du plus beau blond cendré, tombaient en chignon flottant sur ses épaules . Ils la doublèrent et furent charmés en la voyant : une peau de cygne, des yeux bleus admirables de douceur, un nez retroussé et un ensemble parfaitement élégant ». C’était madame Grand.

     

    Quelques années plus tard, en janvier 1792, quand Talleyrand fut envoyé pour sa première mission diplomatique à Londres par Antoine Valdec de Lessart, ministre des Relations extérieures de Louis XVI, il ne pouvait pas ignorer que madame Grand était encore récemment la maîtresse de son ministre

     

    De début octobre 1792 à fin février 1794, madame Grand et Talleyrand sont tous deux à Londres dans le grouillement de l’Emigration. madame de Flahaut s’y trouve également avec le petit Charles. Villemarest(4) cite une lettre adressée par Talleyrand à son ministre Lebrun-Tondu le 26 janvier 1793 pour mettre au point un système de correspondance par voie indirecte car, dit-il, les ministres anglais le soupçonnent et le font surveiller, malgré le deuil qu’il porte pour la mort du roi. Il ne se fie plus à madame de Flahaut car elle est jalouse de quelques autres connaissances qu’il a faites ici. Les instructions pourront lui être envoyées entre autres sous le couvert de madame Grant dont il possède l’amitié.

     

    Après la rédaction de cette lettre, une année s’écoulera avant l’expulsion de Talleyrand et son départ en Amérique le 3 mars 1794. D’après Fouché dans ses Mémoires et Philip Francis, le séducteur de Calcutta, Charles-Maurice et Catherine se sont beaucoup vus à Londres en 1793(5) Les relations entre eux sont-elles allées plus loin que la simple amitié ? Cela est possible, sinon probable.

     

    Retournons en juillet 1797 après l’expulsion de Cristoforo de Spinola évoquée plus haut.

     

    Catherine est seule à Paris. Elle apprend que, le 16 juillet 1797, Talleyrand devient ministre des Relations extérieures du Directoire. Elle se souvient de leur amitié et c’est certainement à ce moment qu’elle le contacte et non pas, comme on le lit souvent, sept mois plus tard lorsqu’elle sera recherchée et arrêtée par la police. On chuchote rapidement qu’elle est devenue (ou redevenue) sa maîtresse et le 3 septembre elle figure parmi les invités d’une réception au ministère des Relations extérieures rue du Bac.

     

    On peut estimer que c’est peu de temps après, vers décembre 1797 que fut conçue la petite Charlotte dont nous reparlerons et qui naîtra vers le mois d’août 1798.

     

    Talleyrand est très amoureux, plus que Catherine n’est amoureuse. Elle n’a pas oublié Spinola ni ses amis de l’Emigration. Au mois de mars 1798, elle adresse à Londres par un commissionnaire une lettre à son ancien amant le comte de Lambertye, dans laquelle elle dit que Talleyrand surnommé « Piécourt , est plus amoureux que jamais et l’obsède du matin au soir ; il lui parle mariage depuis quelques jours et espère mettre un sceptre à ses pieds ; elle pense qu’il pourra être bientôt l’un des cinq Directeurs

     

    Cette lettre suspecte est interceptée, Catherine est arrêtée comme conspiratrice ; Talleyrand écrit immédiatement à Barras sa célèbre lettre du 23 mars 1798 : « C’est la personne du monde la plus éloignée et la plus incapable de se mêler d’aucune affaire ; c’est une indienne bien belle, bien paresseuse, la plus désoccupée de toutes les femmes que j’ai jamais rencontrées. … . Je l’aime et je vous atteste à vous, d’homme à homme, que de sa vie elle ne s’est mêlée et n’est en état de se mêler d’aucune affaire. C’est une véritable Indienne, et vous savez à quel degré cette espèce de femme est loin de toute intrigue … »

     

    Ce sera la seule fois où Talleyrand dira et écrira qu’il aime une femme.

     

    Barras le soutient et, malgré l’opposition des Directeurs Larevellière-Lépeaux et Rewbell, Catherine est libérée.

     

    Bien des années plus tard Adolphe Thiers s’étonnait que Talleyrand donne plus d’importance aux femmes qu’à la Politique. « Mais, lui répondit-il, les femmes, c’est la Politique ». Effectivement, c’est peut-être cette vision des affaires qui prévaudra plus tard dans ses actions mais pour l’instant, il n’y mêle pas les femmes. Ne s’est-il pas fâché avec Germaine de Staël à laquelle il doit son ministère mais qui voulait avoir trop d’emprise sur lui. « Mon Dieu, ne peut-elle enfin me détester ! » (6), dira-t-il, excédé.

     

    En ce mois de mars 1798, il mise sur l’avenir de Bonaparte et il a donné le 3 janvier une réception mémorable en l’honneur de Joséphine. Il pressent le 18 brumaire.

     

    Mais, pourquoi ce désir de mariage de Talleyrand ?

     

    La raison ne peut être que l’état de grossesse de sa maîtresse qui est encore mariée. Le divorce est immédiatement demandé ; il est obtenu en quelques jours, le 7 avril 1798.

     

    Cet état de grossesse expliquerait le style désinvolte employé par Catherine dans sa lettre à Lambertye en mars 1798, lettre qui lui valut d’être arrêtée par la police du Directoire. Elle écrit à un ancien amant qui, selon Emmanuel de Waresquiel (7), a été le seul grand amour de sa vie. Elle lui dit que Piécourt veut l’épouser mais se garde bien de lui dire qu’elle le veut aussi et encore moins qu’elle est enceinte.

     

    Ils s’aperçoivent que le délai de viduité ne serait pas respecté et qu’un mariage ne résoudrait rien pour légitimer un enfant à naître cinq mois après le divorce. L’idée en est abandonnée. La naissance aura lieu secrètement, sans doute à Paris ou dans les environs. L’enfant, une petite fille, sera confiée à une certaine dame Beaujard et les deux amants continueront à vivre maritalement. Cette situation était courante à l’époque mais un enfant né hors mariage était une abomination. Pendant quarante ans la dame Beaujard fera chanter « le rusé compère qui, pour une fois, se trouva pris(8) ».Talleyrand devra lui payer une rente..

     

    Charlotte
    Baronne Alexandre de Talleyrand
    Vers 1820. Dessin d’après Gérard
    (Coll. André Beau)

     

    Le couple récupèrera l’enfant qu’ils prénomment Charlotte. Elle apparaît pour la première fois à Bourbon l’Archambault en août 1803. Elle sera tendrement choyée et signera ses lettres « Charlotte de Talleyrand ». Le compositeur Dussek lui dédiera une de ses œuvres sous cette appellation. Des habitants de Valençay ont entendu le prince la tenant par la main sur la terrasse du château lui déclarer : « Charlotte, tout cela est pour toi » .(9)

    Le 6 octobre 1807, Talleyrand sera, avec le consentement de Catherine, désigné par un juge de paix tuteur officieux de l’enfant « née de père et de mère inconnus ».

    Il lui avait déjà donné son prénom, Charlotte, il voudra, en 1814, lui donner son nom en la mariant à son cousin germain le baron Alexandre de Talleyrand ; mais, pour cela, il faut lui constituer un état civil.

    Il procèdera en deux temps : un prêtre de Londres certifiera que, le 14 octobre 1799, il a baptisé une fille née le 4 de même mois et prénommée Elisa Alix Sara. Ensuite, il désigne, parmi ses amis, un conseil de famille composé de six notables, le duc de Laval, le comte de Choiseul-Gouffier, Jaucourt, Dupont de Nemours, Dominique Bertrand et Dufresne Saint-Léon.

    Le 30 août 1814, tous témoigneront devant le juge de paix que Elisa Alix Sara est la même personne que Charlotte .(10)

     

    L’enfant du couple devient ainsi, très officiellement, Elisa-Alix Sara, baronne de Talleyrand, née à Londres le 4 octobre 1799.

     

    Nous avons vu que, en fait, elle est née un an plutôt, en région parisienne et vers le mois d’août 1798.

     

     

     

    III - Le mariage : Madame de Talleyrand-Périgord.

     

    En 1799, Talleyrand est très amoureux physiquement de Catherine. Elle est experte et c’est certainement la femme qui, charnellement, comptera le plus dans sa vie. Cet amoureux état de grâce durera presque dix ans. Le prude Molé a dit : « Le pouvoir qu’elle avait sur lui avait cela de repoussant qu’on ne pouvait lui assigner que la plus charnelle origine. » (11)

     

    Charles-Maurice n’était pas un foudre de guerre en amour, c’était un cérébral ; « non fortiter in re, suaviter in modo»(12) a dit madame de Flahaut. Catherine est la seule femme qui a su l’emmener au septième ciel. Ce sont des choses que l’on n’oublie pas.

     

    Survient le 18 brumaire (10 novembre 1799). Talleyrand réintègre le ministère des Relations extérieures du gouvernement consulaire. Catherine demeure dans son hôtel rue d’Anjou. Elle est aussi la maîtresse de maison à l’hôtel de Galliffet. Elle reçoit beaucoup ; Joséphine lui témoigne son amitié ; elle lui aurait fait don de la petite guenon à qui on faisait cacheter les lettres du ministère au grand amusement des collaborateurs du ministre. Bonaparte est bien disposé envers elle, Napoléon l’aura en aversion ; Casimir Carrère(13) le soupçonne de lui avoir fait en vain des avances comme il avait l’habitude d’en faire aux femmes ou amies de ses ministres.

     

    En 1802, déjà Napoléon perçait sous Bonaparte . En mars, c’est la paix d’Amiens, en avril ce sera le Concordat et en août le Consulat à vie. L’ordre moral de l’Eglise renaît en même temps que les convenances mises à mal par la Révolution. Des femmes d’ambassadeurs montrent une certaine réticence à faire la révérence à madame Grand, la maîtresse du ministre.

     

    Bonaparte exige soit la séparation, soit le mariage. Talleyrand est toujours très amoureux et il y a l’existence de Charlotte ; il décide de se marier. A grand renfort de diplomatie, le 21 juin, un bref du Pape réduit le prêtre à l’état laïc mais ne donne pas à l’évêque l’autorisation de se marier. Un décret enregistre le bref de façon ambiguë et l’on passe outre. Le mariage civil aura lieu le 10 septembre 1802. La veille, à Neuilly un contrat de mariage est signé devant deux notaires et contresigné par les deux frères de Talleyrand, Archambaud et Boson, par le premier consul Bonaparte et son épouse Joséphine et par les deux autres consuls Cambacérès et Lebrun. On a rarement vu une union célébrée sous de pareils auspices.

     

    Un prêtre constitutionnel d’Epinay, l’abbé Pourez, quelques jours après, célèbrera le mariage religieux que Talleyrand a voulu bien que rien ne lui en fasse une obligation. N’oublions pas que Bonaparte lui-même n’était pas marié à l’Eglise (Le cardinal Fesch le mariera en catastrophe la veille du couronnement). Il est indéniable que son attachement à Catherine et l’existence de leur fille Charlotte sont pour beaucoup dans sa décision de ne pas faire les choses à moitié.

     

     

     

    IV - Châtelaine de Valençay et Altesse Sérénissime.

     

    Talleyrand, dès qu’il est devenu ministre du Directoire en 1798, a cherché à constituer un important patrimoine immobilier : un hôtel rue d’Anjou à Paris, le domaine vinicole de Haut-Brion ou le château et les terres de Pont-de-Sains, cette dernière acquisition étant achetée en communauté avec Catherine avant qu’elle ne devienne sa femme.

     

    Moins d’un an après son mariage, le 7 mai 1803, il achète, sur les conseils et avec l’aide du premier Consul, le château de Valençay et son immense domaine.

     

    Catherine devient la châtelaine d’un château à la mesure des ambitions de Talleyrand : près de 12.000 hectares de terre et de forêts, une filature, une forge, une quantité de fermes ou de métairies.

     

    Catherine s’y plaît beaucoup. Elle crée une école pour éduquer douze jeunes filles. En les accueillant, Talleyrand dit qu’elle est une nouvelle Madame de Maintenon. madame de Staël ne manquera pas de se gausser de cette comparaison.

     

    Elle s’occupe de tout, donne ses instructions au régisseur, organise les nombreuses réceptions. Elle attire des regards curieux et admiratifs lorsqu’elle fait du cheval en habit de gentleman. « Madame de Talleyrand règne sur Valençay, entourée d’invités, de ses jeunes pupilles, de ses voisins dont les Godeau d’Entraigues, et d’une foule de serviteurs. ».(14)

     

    L’une de ses jeunes pupilles, la princesse Anna Santa Croce, sera mariée plus tard à Amédée Godeau d’Entraigues qui deviendra préfet d’Indre et Loire en 1830.

     

    Le 5 juin 1806, Catherine devient Son Altesse Sérénissime la princesse de Bénévent. A ceux qui viennent le féliciter, le nouveau prince répond : « Allez donc féliciter madame de Talleyrand, les femmes sont toujours très fières de devenir princesse. »

     

    En effet, elle en est très fière, on le serait à moins. Il lui arrivera de signer deux lettres « princesse souveraine » et « princesse régnante », lorsqu’elle écrit à Louis de Beer(15) , gouverneur de sa petite principauté de vingt mille habitants ; elle veut promouvoir Bénévent parmi ses relations et lui réclame des objets de manufacture, des curiosités du pays ou encore des chapelets pour les distribuer autour d’elle. Elle reçoit des caisses de « toroni », friandise du genre nougat que le prince aime beaucoup et qu’elle n’offre qu’aux personnes favorisées. « Tout ce qui me vient de Bénévent, lui écrit-elle, m’offre un intérêt que vous devez comprendre et qui vous fera juger, Monsieur, de tout l’attachement que je me sens pour ce pays. »

     

    Début mai 1808, Napoléon décide que Talleyrand, son Grand Chambellan, devra recevoir à Valençay les princes d’Espagne, Ferdinand, prince des Asturies qui deviendra Ferdinand VII, son frère Don Carlos et leur oncle Don Antonio. « Je désire … que vous fassiez tout ce qui sera possible pour les amuser. … .Vous pourriez y amener Mme de Talleyrand avec quatre ou cinq femmes. Si le prince des Asturies s’attachait à quelque jolie femme, cela n’aurait aucun inconvénient, surtout si on en était sûr. »

     

    La princesse de Bénévent part immédiatement. Les princes arrivent le 18 mai 1808 avec leur suite. Ils resteront six ans au château qu’ils dévasteront. Après avoir accueilli ses hôtes par obligation, Talleyrand n’y mettra plus les pieds jusqu’en 1816. Sa passion pour sa femme s’est éteinte, il aime ailleurs.

     

    Sous une surveillance étroite de la police, Catherine dirige tout à Valençay. En signe de gratitude, elle recevra, quinze ans plus tard, le grand cordon de l’Ordre de Marie-Louise en reconnaissance des égards qu’elle avait eus pour adoucir la position de S.M. Ferdinand VII pendant son séjour à Valençay. Elle demandera et obtiendra de Charles X l’autorisation de porter cette distinction.

     

    Catherine, princesse de Talleyrand
    Vers 1814. Lithographie d’Engelmann d’après un portrait d’Isabey.
    (Arch.. dép. de l’Indre)

     

    En attendant, ce qui devait arriver arriva. Le prince des Asturies avait un chambellan, Don Joseph-Michel de Carvajal, duc de San Carlos. C’est un grand seigneur dont la carrière, déjà bien remplie, comptera dans l’Histoire de l’Espagne. Il est très beau et, en 1808, il a trente sept ans, neuf ans de moins que Catherine. C’est le coup de foudre.

    « Vous ne m’avez pas dit que le duc de San Carlos était l’amant de votre femme ! » lancera Napoléon à celui qu’il vient d’injurier le 29 janvier 1809, « En effet, sire, je n’avais pas pensé que ce rapport pût intéresser la gloire de votre Majesté, ni la mienne. »(16)

    Par ordre de l’Empereur, San Carlos est assigné à résidence à Lons-le-Saunier et la princesse de Bénévent doit se rendre dans ses terres de Pont de Sains.

    La police la surveille et Savary fait savoir un jour à Talleyrand, que cela indiffère, qu’elle a rejoint plusieurs fois son amant dont une fois habillée en homme.

    Cet amour durera jusqu’à la mort du duc en juillet 1828. Revenu l’année précédente pour la deuxième fois comme ambassadeur à Paris, il meurt d’une indigestion de langoustes le lendemain d’un repas pris chez la princesse. Ayant dit à Dalberg qu’il regrettait beaucoup le duc de San Carlos, Talleyrand lui expliquera : « Le duc de San Carlos était l’amant de ma femme, il était homme d’honneur et lui donnait de bons conseils dont elle a besoin. Je ne sais pas maintenant dans quelles mains elle tombera. », paroles cyniques qui montrent qu’il ne s’est jamais désintéressé du sort de sa femme…

     

    En 1812, elle règne rue Saint-Florentin après l’achat de l’hôtel de l’Infantado. Talleyrand, quand il n’est pas en voyage, y cohabite avec sa femme ; c’est elle qui reçoit les invités lors des réceptions, elle préside avec lui à table et donne les ordres aux domestiques. Il n’y a plus d’amour, seulement des habitudes.

     

    V - Séparation et nostalgie.

     

    Avril 1814, les Bourbons sont rétablis en France par la volonté de Talleyrand. Nous avons vu Catherine prendre part à l’enthousiasme des opposants à l’Empire. Elle va bientôt déchanter.

     

    En septembre, Talleyrand part au congrès de Vienne. Il laisse à Paris sa femme et sa maîtresse, la duchesse de Courlande. Curieusement, ces deux femmes s’entendent très bien.

     

    En 1809, Dorothée, la fille de la duchesse de Courlande, a épousé Edmond, le neveu de Talleyrand. Elle déteste Catherine et ses relations ont toujours été très froides envers son mari et sa mère.

     

    C’est une jeune femme belle et intelligente. Elle a vingt et un ans et Charles-Maurice en a soixante. Il emmène à Vienne cette brillante nièce plutôt que sa femme légitime qui est encore belle mais qui a cinquante trois ans. En outre, il ne l’aime plus physiquement et il n’a jamais eu d’affinités intellectuelles avec elle.

     

    Saisi par le démon de midi, il est tombé, « comme un jeune homme de dix huit ans(17) », amoureux transi de Dorothée. Celle-ci répondra à sa flamme mais ses nombreux amants le feront beaucoup souffrir jusqu’à ce qu’il en prenne son parti. Pendant vingt quatre ans, jusqu’à la mort du prince, elle tiendra sa maison avec beaucoup de classe et d’autorité.

     

    Comment Catherine pouvait-elle lutter ?

     

    Réfugiée à Londres pendant les Cent-Jours, elle écrit tristement à Mme d’Osmond (18): « Je porte la peine d’avoir cédé à un faux mouvement d’amour propre. Je savais l’attitude de Mme Edmond chez M. de Talleyrand à Vienne ; je n’ai pas voulu en être témoin. Cette susceptibilité m’a empêché d’aller le rejoindre, comme je l’aurais dû, lorsque le retour de l’île d’Elbe m’a forcée de quitter Paris. Si j’avais été à Vienne au lieu de venir à Londres, M. de Talleyrand aurait été forcé de me recevoir. Et je le connais bien, il m’aurait parfaitement accueillie. Plus cela l’aurait contrarié, moins il y aurait paru. Au contraire, il aurait été charmant pour moi... Où je me suis trompée, c’est que je le croyais trop faible pour jamais oser me chasser. Je n’ai jamais assez calculé le courage des poltrons dans l’absence ! J’ai fait une faute, il faut en subir la conséquence et ne point aggraver la position en se raidissant contre. Je me soumets… »

     

    Quand Talleyrand revient à Paris, après Waterloo, il redoute le retour de sa femme. Un accord est négocié par des intermédiaires. Dorothée, toutes griffes dehors, affirme à son oncle que « l’argent est le vrai mobile de toutes les actions de Mme de Talleyrand et qu’il faut la contraindre à vivre en Angleterre » sous peine de voir ses subsides supprimés. Finalement il est convenu qu’elle passera l’hiver à Bruxelles et l’été à Pont-de-Sains. C’est en ce dernier lieu que Catherine restera deux ans en rongeant son frein.

     

    Fin 1817, oubliant en partie l’accord, elle revient à Paris. Talleyrand l’accepte à condition qu’elle demeure dans un autre quartier. Elle va habiter à Auteuil puis, rue de Lille.

     

    Pendant dix sept ans, jusqu’à sa mort, la princesse va vivre dans la nostalgie de la rue Saint Florentin ou du château de Valençay. Elle tient salon, reçoit de nombreux visiteurs et revoit son cher San Carlos. Elle a toujours eu d’excellentes relations avec les frères de son mari et voit très souvent sa fille Charlotte et Georgine la fille de Boson. Son embonpoint s’est accru. Elle vieillit.

     

    Le 7 décembre 1835, Catherine est très malade. Elle demande le secours de la religion. Mgr de Quelen, archevêque de Paris, interrompt immédiatement ses audiences et se rend à son chevet. Le 9 décembre, elle meurt entourée de ses proches, de ses amis et de ses domestiques.

     

    Talleyrand a fait demander des nouvelles de sa femme et, en apprenant sa mort, il délègue son homme d’affaires, M. Demion, pour organiser des obsèques de première classe. Il est souffrant et n’a « pas paru au chevet de la princesse ; il n’a pas paru davantage aux obsèques » (19). Pourquoi ne pas en conclure que, non souffrant, il l’eut fait ?

     

    Le deuil a été conduit(20) par Louis de Valençay (vingt quatre ans) et Alexandre de Périgord (vingt deux ans), les deux fils de Dorothée. Ce n’est certainement pas celle-ci qui en a décidé ainsi. Il est évident que c’est Talleyrand lui-même qui a ainsi confirmé l’appartenance de Catherine à sa famille.

     

     

     

    VI - Le souvenir.

     

    Nous avons vu que, de 1798 à 1807, l’euphorie a régnée entre Talleyrand et sa chère Kelly, ainsi qu’il l’appelait tendrement. A aucun moment, ni lui, ni sa famille n’évoqueront son passé aventureux. Il est vrai que ce passé n’avait rien d’exceptionnel : Thérésa Gabarus, Mme Tallien, puis maîtresse de Barras, d’Ouvrard et d’autres est devenue princesse de Caraman Chimay ; Rose Tascher de la Pagerie, Mme de Beauharnais, puis maîtresse de Hoche, de Barras et d’autres, est devenue l’impératrice Joséphine.

     

    De 1808 à 1815, le couple a mené une vie semblable à celle de beaucoup de leurs contemporains. A cette époque, le cocuage était fréquent et banal. Il ne dérogeait pas aux convenances.

     

    Talleyrand a admis l’aventure de son épouse avec le duc de San Carlos et Catherine a accepté les nombreuses incartades de son mari. Lui, se laissait aduler au milieu de son « harem » d’admiratrices et d’anciennes maîtresses plus ou moins bas-bleus et elle, un peu à l’écart, était heureuse de son sort, indifférente aux qu’en-dira-t-on. Il n’y avait plus d’amour entre eux mais elle n’a jamais cessé de tenir son rôle quand elle recevait ou était invitée.

     

    Lorsque Talleyrand sera parti au Congrès de Vienne Madame Reinhard notera ; « Je voudrais borner mes sorties aux réceptions de la princesse de Bénévent. ».(21)

     

    Catherine est au mieux avec la duchesse de Courlande, la maîtresse de Talleyrand restée à Paris. Jaucourt, qui assure l’intérim du ministère des Affaires Etrangères, écrit à son ministre le 1er novembre 1814 : « La duchesse de Courlande chez qui je passe ma vie, m’a fait l’honneur de me faire dîner, dimanche, avec la princesse de Talleyrand, demain avec M. l’archevêque de Reims. »(22) ou, une autre fois : « Ma femme ne vous écrira que samedi. l’honneur qu’elle a d’offrir à dîner à la princesse de Talleyrand avec les ambassadeurs l’absorbe. ».(23)

     

    Viennent ensuite, à partir de 1815, les vingt années de séparation durant lesquelles les deux frères de Talleyrand n’ont pas cessé de la fréquenter. Celui-ci demandait des nouvelles de sa santé et madame Colmache, l’épouse d’un de ses secrétaires, a écrit que, tous les ans, il s’inquiétait de savoir si ses domestiques et collaborateurs lui avaient bien présenté leurs vœux. (24)

     

    Talleyrand n’a jamais et à aucun moment renié son mariage. Il l’a totalement assumé au point de donner officiellement son nom à Charlotte qui en a été le fruit.

     

    N’est-il pas remarquable de constater que, peu de temps avant la mort du prince, Mgr de Quelen et tout un cénacle de théologiens prépareront le texte de rétractation qu’il devrait signer pour se réconcilier avec l’Eglise. Il doit, entre autres, désavouer, condamner et rétracter le mariage, illicite et nul, d’après les lois canoniques, qu’il a eu le malheur de contracter « devant les saints autels » au moyen d’une interprétation arbitraire et forcée du bref du pape Pie VII.

     

    On connaît la longue négociation qui s’en suivit menée jusqu’à sa dernière heure par l’abbé Dupanloup, Dorothée sa nièce et Pauline, sa petite nièce, fille de la précédente. Finalement, à quelques heures de sa mort, Talleyrand signera une déclaration qu’il a lui-même rédigée et dans laquelle aucun grief n’est précisé. Il se borne à déplorer (mais ni ne les regrette ni ne les rétracte) les actes de sa vie qui ont contristé l’Eglise.

     

    Talleyrand a voulu que Catherine reste son épouse devant Dieu, l’Eglise et les hommes. Personne ne l’a contesté de son vivant. Il faudra que la contestation vienne de Dorothée, reprise en écho par Chateaubriand parlant de Catherine « que Bonaparte avait attachée à son mari comme un écriteau .»(25)

     

    En octobre 1835, Dorothée a été avertie par Charlotte, baronne de Talleyrand, que la princesse (sa mère) était à l’article de la mort (26). Elle annonça à Talleyrand la maladie de sa femme avec beaucoup de ménagement car elle ne voulait pas que cela l’affecte, ce qui démontre qu’elle était consciente de ce que son oncle n’était pas indifférent au sort de sa femme. Il ne dit rien mais, les jours suivants, ils furent tous deux très préoccupés par les incidences financières d’une éventuelle disparition. En effet l’article 8 du contrat de mariage établi trente trois ans plus tôt stipulait que tous les biens de son épouse devaient lui revenir. L’exécution de cette clause provoquera quelques remous avec Georgine, fille de Boson le frère de Talleyrand. En apprenant la mort de la princesse, il aurait conclu ; « Voilà un évènement qui simplifie beaucoup ma position ». Paroles cyniques d’un homme qui n’aurait plus à payer une pension et allait récupérer tous les biens de la défunte.

     

    Talleyrand meurt le 17 mai 1838. Dorothée est sa légataire universelle. Sa hargne à l’encontre de Catherine n’a pas faibli. Un an après, le 10 mai 1839, elle écrit au père Dupanloup qui avait assisté le prince dans ses derniers instants. Pour ce prêtre et pour ses supérieurs, le mariage de Talleyrand est une affaire classée mais elle la remet la question : Elle écrit : « Chaque fois que j’avais parlé à mon oncle de son mariage, et cela m’était arrivé souvent, je ne craignais pas de lui montrer ma surprise d’une faute aussi inexplicable aux yeux des hommes qu’elle était fatale aux yeux de Dieu. Il me répondait alors : « Je ne puis, en vérité, vous en donner aucune explication suffisante ; cela s’est fait dans un temps de désordre général ; on n’attachait alors grande importance à rien, ni à soi, ni aux autres ; on était sans société, sans famille, tout se faisait avec la plus parfaite insouciance, à travers la guerre et la chute des empires. Vous ne savez pas jusqu’où les hommes peuvent s’égarer aux grandes époques de décomposition sociale. » …

    …que non seulement, il ne cherchait pas à justifier son mariage, mais qu’en vérité il n’essayait pas même de l’expliquer. Il en avait été très malheureux dans sa vie domestique. Sous l’Empire, sous la Restauration, depuis encore, je l’ai toujours vu embarrassé, honteux de cet étrange lien, dont il ne voulait plus porter et dont il ne pouvait entièrement rompre la pénible chaîne. Aussi, quand la mort vint la briser, il sentit pleinement sa délivrance. » : (27)

     

    Or, en 1802, l’ordre avait été rétabli, la France était prospère et nullement décomposée socialement.

     

    Ces propos prêtés à Talleyrand ne sont pas étonnants, échangés par un homme âgé, peu expansif et de nature assez indolente avec la jeune femme qui partageait sa vie depuis vingt deux ans, qui avait une grande emprise sur lui et à qui, ainsi qu’elle le dit, .il était « arrivé souvent » de le questionner à ce sujet. Quand à un Talleyrand « embarrassé, honteux de cet étrange lien », qu’il soit permis d’en douter lorsqu’on connaît l’homme…

     


    Les Mémoires de Talleyrand, revus et corrigés par Dorothée et Bacourt, ne parlent pas de son mariage. On peut toutefois y trouver une allusion indirecte dans les premières lignes de la sixième partie qui traite de l’année 1809. Il veut marier son neveu Edmond et veut mener cette affaire avec intérêt et attention. Il veut un grand nom et une grande fortune. Il lui fera épouser Dorothée. Il vient d’être disgracié par l’Empereur. Il aspire au repos et aux « occupations douces » car, avec Napoléon, ce genre de vie n’était pas possible. « Je partageais cette condition qui explique l’indifférence que chacun portait dans tous les actes de la vie, et que je me reproche d’avoir mise dans plusieurs de la mienne ». (28)

     

    Son mariage pourrait faire partie de ces actes qu’il aurait accomplis avec indifférence à cause de Napoléon qui « croyait que, pour être à lui, il fallait être hors de soi ».

     

    Talleyrand n’était pas un homme à avoir des regrets mais, s’il s’est fait un reproche, c’est d’avoir, par indifférence, imposé une mésalliance à sa Maison à laquelle il est devenu très attaché sur le tard. Le séminariste, l’abbé de Périgord, l’évêque ou le révolutionnaire ont été indifférents à la « Maison de Périgord » par réaction à l’ordre établi de l’ancien régime, le grand dignitaire du Consulat et de l’Empire n’a pas eu, jusqu’en 1809 et par la faute de Napoléon, le temps d’y être attentif.

     

    Les détracteurs de Catherine ne se sont pas bornés à la présenter comme une intruse et une intrigante.

     

    On a voulu la faire passer pour niaise.

     

    Talleyrand avait des amis et des ennemis. La pauvre princesse a dû subir à la fois l’inimitié des ennemis du prince et les moqueries de beaucoup de ses amis. Elle a été la tête de turc des faiseurs de bons mots. « Les Tallemant des Réaux de ce temps, a écrit Michaud (29)en 1846, racontaient les balourdises de la citoyenne Talleyrand, souvent inventées par l’esprit d’opposition… ».

     

    Elle n’a jamais dit « Je suis d’Inde »(30) . Autre exemple, on s’est gaussé de la confusion qu’elle aurait faite d’un invité avec Stevenson, l’auteur de Robinson Crusoé, alors que la même histoire avait déjà été colportée au XVIIIème siècle avec d’autres acteurs.

     

    Dans ses Mémoires, Mme de Chastenay a écrit : «… Je n’ai jamais rien entendu sortir de sa bouche qui ressembla aux propos vides de sens que l’on se plaisait à lui prêter. Jamais elle n’a proféré devant moi une seule phrase de mauvais ton, jamais elle n’a dit un mot qu’on pût qualifier de bêtise. »

     

    On a voulu aussi la faire passer pour inculte. Or, elle écrivait beaucoup et très bien dans un style excellent. Ses lettres au chevalier Millin en sont un témoignage. Elle ne faisait pas plus de fautes d’orthographe que Talleyrand lui-même et, contrairement à celui-ci, elle avait une belle écriture. Comme l’a dit Michel Missoffe, « …n’en déplaise aux nouvellistes de son temps et du nôtre, elle ne méritait certainement pas le bonnet d’âne . »(31)

     

    Aujourd’hui, en ce début du XXIème siècle, par habitude, Catherine n’est pas mieux traitée ; beaucoup persistent à l’appeler « Madame Grand » quelle que soit la période de sa vie. L’idée reçue veut que l’on se moque d’elle et que ses défauts, souvent forcés ou inventés, soient mis en avant.

     

    C’est ainsi que, dans un ouvrage important sur Talleyrand (32), on peut lire un texte de la lettre, qu’aurait adressée Catherine à Pitt pour lui demander des secours en mars 1795 (cf. supra). Cette lettre, écrite en français, est un vrai charabia. « … le maître d’écriture n’avait pas dû suivre son élève en Angleterre. », ironise l’auteur qui n’a pas voulu voir que, à l’évidence, ce document était une mauvaise traduction d’un fonctionnaire anglais d’une lettre adressée en anglais au premier ministre.

     

    Même le fait, reconnu par tous, qu’elle était très belle, a révélé des malveillances : Le musée de Dijon expose un portrait, daté de 1787, de « Madame Grand par Antoine Vestier ». (On peut en voir la reproduction dans les pages hors-texte des illustrations de la biographie de Talleyrand de Jean Orieux.).

     

    L’œuvre du portraitiste Antoine Vestier a fait l’objet, en 1974, d’une étude de Jean-Claude Sueur, descendant de l’artiste. En fait, le tableau du musée de Dijon n’est pas d’Antoine Vestier mais de son fils Nicolas et on lit : « Ce portrait pose un problème. En effet, il est censé reproduire les traits de la future épouse du prince de Talleyrand lequel, il est vrai, protégea Nicolas et ses fils. Cependant le modèle paraît sensiblement plus âgé et plus laid que ne l’était la jolie Catherine à l’époque. Il s’agirait donc d’une autre Mme Grand, soit la femme du banquier parisien d’origine genevoise R.F. Grand (1726-1794), soit celle du feudiste (spécialiste de droit féodal) Henry Grand qui sera arrêté en germinal an II, en même temps que Hyacinthe de Pestre, autre modèle de Vestier. ».

     

    Alerté de cette confusion, le musée de Dijon n’en a tenu aucun compte.

     

     

     

    VII - Pauvre princesse !

     

    Oui, pauvre princesse qui ne mérite pas tout le mal que l’on a dit d’elle. Certes, ce n’était pas une Mme de Staël mais elle avait beaucoup de bon sens et était très bonne. Il faut la laisser dans le contexte historique de son époque et surtout, ne pas la juger selon les normes des deux siècles suivants.

     

    Dans l’illustre famille des Talleyrand Périgord, il y a eu des baronnes, des comtesses, des marquises ; il n’y a eu qu’une princesse de Talleyrand et ce fut elle.

     

    Au cimetière Montparnasse, en 1835, sa tombe consistait en une dalle entourée d’une grille en fer forgé. Dans les années 1930, il ne restait qu’un morceau de la grille et actuellement il n’y a plus rien qu’une parcelle de terre battue sur laquelle circulent les visiteurs du cimetière.

     

    Peut-on rester indifférent devant cet état d’abandon ?

     

     

    Cimetière Montparnasse. Etat actuel de la parcelle de terre battue sous
    laquelle repose la princesse de Talleyrand. (Photo Jacques BRUN)

     

     

     

    Pauvre princesse !

     

     

     

     

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    La France vers 1760

      

      

    En 1760 c'est l'essor économique dans toute l'Europe, y compris la France.

    L'abondance des produits et l'accroissement de la consommation fait monter les prix et permet de mieux utiliser les crédits.

      

    Le commerce maritime est sans cesse en développement.

      

    La Compagnie des Indes qui a été très touchée par la guerre est supprimée en 1769, mais ça n'empêche pas le trafic avec l'Outre-mer.

     

    Les Antilles prospèrent et cela profite à nos ports maritimes.

    Les armateurs font fortune.

      

    Le commerce terrestre est aussi favorisé par un excellent réseau routier et la Poste fonctionne de façon régulière.

      

    L'atelier du couturier, Arles, 1760

      

    Le textile évolue :

      

    les ateliers ruraux travaillent pour des fabricants, et dans les villes les manufactures qui utilisent des machines se multiplient.

    Là où il y a des forêts les forges et les verreries fleurissent.

    Les grands seigneurs participent à la constitution de sociétés anonymes pour exploiter les mines de houille.

      

    Tout cela est encouragé par le gouvernement.

      

    L'agriculture change peu.

      

    Les ouvriers agricoles n'améliorent pas leur situation qui reste précaire.

    Les paysans propriétaires ou locataires de terres, malgré les charges qu'ils supportent, sont plus heureux.

    *

     

    Comme toujours c'est la bourgeoisie riche qui réalise les plus grands progrès.

    Les financiers, notamment les fermiers généraux, font des fortunes colossales.

    Ils marient leurs filles aux plus grands seigneurs.

    Les médecins et les avocats s'enrichissent.

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

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    Tanneries de peau humaine, sous la révolution française

     

    Puisque la république a encore une fois célébrer de manière très idéologique le "14 juillet", je vous propose - en guise de préparation à ce jour - de lire (ou de relire pour ceux qui la connaissent déjà) cette excellente étude de "Mauny" sur l'un des multiples aspects de la révolution totalement occultés par l'histoire officielle : Les tanneries de peau humaine...   On critique - à juste titre - les atrocités commises par les nazis, mais pourquoi ne dit on pas que les "grands ancêtres" de la révolution française leur avait donné l'exemple?

    Frère Maximilien-Marie, légitimiste



    L’Ancien Testament enseigne qu’enterrer les morts constitue un “acte corporel de charité” ; le corps avec l’âme est une partie de notre humanité et même les civilisations les plus primitives marquent du respect envers les dépouilles des défunts. Pour le révolutionnaire matérialiste, l’homme n’est que matière, aussi que pourrait-il bien empêcher de destiner des parties de corps humain à des fins utilitaires, voire marchandes ? Et les ennemis de la Révolution, dont on utilise ainsi les cadavres, sont-ils encore des hommes ?

     



    A - Unité de la Révolution

    « La Révolution est un bloc » affirmait Georges Clemenceau. Il ne faisait que constater une réalité car il est évident à tout esprit réfléchi et indépendant que la Terreur est sortie tout droit de 1789, de même que la Révolution est le fruit pernicieux du XVIIIe siècle libertin aux mœurs relâchées et au dérèglement de la morale, ce siècle abusivement

    appelé le “siècle des lumières”.

    Au demeurant la période sanglante de la Révolution ne commença point en septembre 1792, mais dès les 26 et 27 janvier 1789 à Rennes, marqués par les premières émeutes sur lesquelles chacun a en mémoire la réflexion de Chateaubriand. Cette sanglante “émotion” populaire fut suivie les 27 et 28 avril par la mise à sac de la manufacture Reveillon, au faubourg Saint-Antoine à Paris, par des émeutiers soudoyés par le duc d’Orléans. Il y eut 25 morts et 22 blessés.

    Il est donc mal venu de prétendre, que la Révolution des “Droits de l’Homme”, celle de 1789, était la seule dont on devait se réclamer et condamner la Révolution sanglante qui la suivit. Subtile argutie ! Tout se tient, tout s’enchaîne : 1792 fut la conséquence logique, inéluctable de 1789. On ne peut séparer de la Révolution aucune partie de son ensemble : elle constitue bel et bien un bloc, comme l’a dit Clémenceau.

    Qui prône la Révolution doit endosser la responsabilité de tous ses massacres, de toutes ses turpitudes, telles les tanneries de peau humaine sur lesquelles existent trop de témoignages pour qu’on les révoque en doute.

     



    B - Le conventionnel Harmand témoigne

    Citons d’abord le témoignage du conventionnel Harmand (de la Meuse) qu’il a consigné dans un livre paru en 1820 chez Maradan, à Paris, et intitulé Anecdotes relatives à quelques personnes et à plusieurs événements remarquables de la Révolution. Voici ce qu’il apporte :
    " Une demoiselle jeune, grande et bien faite, s’était refusée aux recherches de Saint-Just ; il la fit conduire à l’échafaud.   

      

    Après l’exécution il voulut qu’on lui présentât le cadavre et que la peau fût levée. Quand ces odieux outrages furent commis, il la fit préparer (la peau) par un chamoiseur et la porta en culotte. Je tiens ce fait révoltant de celui-même qui a été chargé de tous les préparatifs et qui a satisfait le monstre ; il me l’a raconté avec des détails accessoires que je ne peux pas répéter en présence de deux autres personnes qui vivent encore.
     

     Il y a plus : c’est que, d’après ce fait, d’autres monstres, à l’exemple de Saint-Just, s’occupèrent des moyens d’utiliser la peau des morts et de la mettre dans le commerce. Ce dernier fait est encore constant. Il ne l’est pas moins que, il y a environ trois ans, on mit aussi dans le commerce de l’huile tirée des cadavres humains ; on la vendait pour la lampe des émailleurs."

    Arrêtons-nous un instant sur cette dernière accusation pour dire qu’il ne s’agit pas d’un racontar : il est établi par des faits notoires, en particulier à Clisson où, le 6 avril 1794, des soldats de la compagnie de Marat dressèrent un bûcher sous lequel ils placèrent des barils et, dans une seule nuit, ils firent fondre les cadavres de cent cinquante femmes pour se procurer de la graisse.   

    Ces barils furent transportés à Nantes pour être vendus aux hôpitaux et dans le registre de Carrrier on lit que « cette opération économique produisait une graisse mille fois plus agréable que le saindoux. »

     Meudon châteaux


    C - La tannerie de Meudon
    C 1 - Le conventionnel Saint-Just

    Saint-Just, dans son rapport du 14 août 1793 à la Commission des moyens extraordinaires, écrit : « On tanne à Meudon la peau humaine. La peau qui provient d’hommes est d’une consistance et d’une bonté supérieure à celle du chamois. Celle des sujets féminins est plus souple mais elle présente moins de solidité. »

     

    Fichier:Coigny-aimee3.jpg



    C 2 - Aimée de Coigny

    On ne peut négliger le témoignage d’une personne qui vécut sous la Révolution et était bien placée pour recueillir des confidences : c’est Aimée de Coigny qui écrit, dans le chapitre sur la Convention de son Journal :


    " Trois tanneries de peaux humaines, aux Ponts de Cé (près d’Angers), à Étampes, à Meudon, ont été identifiées ; à la fête de l’Être Suprême plusieurs députés en portèrent des culottes. Après Thermidor Galetti le prouva au péril de sa vie."

     

     



    C 3 - L’abbé de Montgaillard

    L’abbé de Montgaillard corrobore les dires d’Aimée de Coigny dans le troisième (p. 290) des neuf tomes de son Histoire de France depuis la fin du règne de Louis XVI jusqu’en 1825 ; il a vu cette tannerie de Meudon et il confirme que :


    " On y tannait la peau humaine, et il est sorti de cet affreux atelier des peaux parfaitement préparées. Le duc d’Orléans (Égalité) avait un pantalon de peau humaine. Les bons et beaux cadavres des suppliciés étaient écorchés et leur peau tannée avec un soin particulier. La peau des hommes avait une consistance et un degré de bonté supérieur à la peau de chamois ; celles des femmes présentait moins de solidité à raison de la mollesse du tissu."

     



    C 4 - Le citoyen Dusaulchoy de Bergemont

    Dusaulchoy de Bergemont, qui avait été l’ami de Camille Desmoulins et son collaborateur, publia en 1818 chez Rosa, à Paris, un livre en deux volumes portant pour titre : " Mosaïque historique, littéraire et politique, ou glanage instructif et divertissant d’anecdotes inédites ou très peu connues, de recherches bibliographiques, de traits curieux, de bons mots et de médisances". La concision n’était pas la qualité de cet auteur !

     


     

    À la page 140 du premier volume, sous le titre « Tannerie de peau humaine », on lit :
     

    " Quel est le peuple d’Europe qui ne prend pas pour une fable l’établissement de la tannerie de peau humaine de Meudon ?

    On se souvient cependant qu’un homme vint à la barre de la Convention annoncer un procédé simple et nouveau pour se procurer du cuir en abondance ; que le Comité de Salut public lui accorda l’emplacement de Meudon dont les portes furent soigneusement fermées et qu’enfin plusieurs membres de ce Comité furent les premiers qui portèrent des bottes faites de cuir humain.

    Ce n’était pas au figuré que Robespierre écorchait le peuple, et comme Paris fournissait des souliers aux armées, il a pu arriver à plus d’un défenseur de la patrie d’être chaussé avec la peau de ses parents et amis."

    L’homme en question s’appelait Seguin, « inventeur de nouveaux procédés pour le tannage des cuirs », auquel le Comité de Salut public procura « toutes espèces possibles de facilités » pour la fondation des Tanneries de Sèvres, et non de Meudon comme dit notre chroniqueur qui confond avec une usine de munitions de guerre fondée à Meudon.

     



    L’accusation de Dusaulchoy de Bergemont, jointe à maintes autres du même genre, ne laisse pas d’être troublante, comme l’est l’émotion qui saisit les thermidoriens chargés de la surveillance de l’établissement de Meudon devant les bruits persistants et de plus en plus fournis sur l’existence d’une tannerie de peau humaine. Ils la manifestèrent près de la Convention par une démarche que nous fait connaître le Moniteur.

    Les représentants du peuple envoyés à Meudon adressent à la Convention une lettre par laquelle ils réclament contre un bruit calomnieux, inséré dans plusieurs journaux, qu’on tannait à Meudon des peaux humaines pour en faire des cuirs. « La Convention passe à l’ordre du jour ».



    D - On tanne les peaux humaines en pays rebelle
    D 1 - Les tanneries d’Angers

    À Angers, le fondateur d’une tannerie de peau humaine fut le major Péquel qui chargea le tanneur Langlais de les préparer. Le manchonnier Prudhomme put ainsi confectionner trente-deux culottes en peau de Vendéens que portèrent certains officiers Bleus.

    Dans un ouvrage impartial et s’appuyant sur des documents irréfutables, le professeur Raoul Mercier, professeur honoraire de l’École de Médecine de Tours, membre correspondant de l’Académie des Sciences, publia en 1939 chez Arrault et Cie, à Tours, Le Monde médical dans la guerre de Vendée où il donne des précisions sur le chirurgien-major Péquel du 4e bataillon des Ardennes qui « s’est acquis, dit le Pr Mercier, une triste célébrité en dirigeant l’atelier de tannerie de peaux des Vendéens fusillés près d’Angers. »

    Le rôle de Péquel est certifié par deux témoins :


    * l’un, Poitevin, agent national de la commune des Ponts-de-Cé, interrogé le 15 brumaire an III (6 novembre 1794), affirme avoir vu Péquel écorcher au bord de la Loire une trentaine de Vendéens fusillés.


    * l’autre, un Angevin, Robin, raconta le 31 mai 1852, les scènes dont il fut témoin dans sa jeunesse : « J’avais, dit-il, l’âge de treize à quatorze ans, je puis affirmer avoir vu, sur les bords du fleuve (la Loire), les corps des malheureux Vendéens dont les cadavres avaient été écorchés.

      

    Il étaient écorchés à mi-corps parce qu’on coupait la peau au-dessous de la ceinture, puis le long des cuisses jusqu’à la cheville, de manière qu’après son enlèvement le pantalon se trouvait en partie formé.

    Il ne restait plus qu’à tanner et à coudre. » Les peaux étaient envoyées à la tannerie de Langlais, aux Ponts-Libres, ci-devant les Ponts-de-Cé, où elles étaient travaillées par des soldats, les ouvriers refusant de faire ce travail.

     



    D 2 - D’autres témoignages

    Poursuivons notre quête de témoignages. L’existence de ces tanneries d’un nouveau genre est établie en Vendée pendant les années cruelles de 1793-1794.

    Le général Beysser, rapporte Crétineau-Joly (Histoire de la Vendée militaire, T1, p. 165, Ed. de 1851), osa être le premier à porter un pantalon fait avec la peau préparée et tannée des Vendéens qu’on écorchait après la bataille.

    En 1829, la comtesse de la Bouëre, qui préparait la rédaction de ses Mémoires, se trouvait à passer par La Flèche, a l’idée de recueillir, si possible, de quelqu’un du pays des renseignements sur le passage des Vendéens dans cette ville pendant la Virée de Galerne.

      

    Aux abords de la diligence elle s’adresse au hasard à un homme qui flâne par là et lui pose des questions. « Vous ne pouviez mieux vous adresser, Madame, répond-il. J’ai servi sous les généraux Kléber, Canclaux, Turreau, Cordelier… »

    Et cet ancien Bleu donne à Mme de la Bouëre de terribles précisions ; il se vante même d’avoir écorché des “brigands” pour en faire tanner la peau à Nantes. Et il conclut le récit de ses exploits par ce satisfecit personnel : « Ah ! je bûchais bien. Aussi, on m’appelait “le boucher des Vendéens”. Et si cela revenait, je recommencerais encore. Je le ferais encor, si j’avais à le faire. »

    Continuons nos recherches. Paul Lacroix, plus connu sous le nom de Bibliophile Jacob, avait fait la connaissance d’un nommé Souterre, ancien Hussard de la Mort, lequel lui assura avoir porté une culotte de peau humaine.

    Il recueillit un aveu identique de la bouche d’un architecte qui était, en 1823, un des plus terribles exécuteurs de la Bande Noire : il rasait les châteaux avec une impitoyable malerage. Cet architecte lui confia que, se trouvant à l’armée, il avait porté une culotte de peau humaine « fort bien tannée, fort souple et fort convenable. »

    E - Des objets en peau humaine


    E 1 - La peau humaine exposée au Muséum des Sciences Naturelles de Nantes

    Des objets en peau humaine existent dans des collections privées ; mais l’on peut voir au Muséum des Sciences Naturelles de Nantes, une peau humaine tannée. Ce n’est pas celle d’un Vendéen, c’est celle d’un Bleu, tué à la défense de Nantes, en juin 1793, qui avait légué sa peau pour en faire un tambour ! Selon sa volonté elle fut préparée dans une tannerie des bords de la Sèvre nantaise ; malheureusement son épaisseur insuffisante ne convint pas à un tel usage…

    E 2 - Un exemplaire de la Constitution du 24 juin 1793 reliée en peau humaine

    Louis Combe a fait connaître le texte du placard, copié sur l’original même, dans ses Épisodes et curiosités révolutionnaires et l’a fait suivre de sa Réponse à l’affiche de Billaud-Varenne, Vadier, Collot et Barère dans laquelle il dit ceci :


    " Plusieurs journaux avaient parlé avant nous des prétendues tanneries. Le fait nous parut si hasardé que nous le reléguâmes dans les on-dit, et nous nous contentâmes, dans un mémoire suivant, de rapporter littéralement les détails que donnait à ce sujet une feuille accréditée. Billaud-Varenne, Vadier, Collot et Barère ont cru bon et utile de signer une grande affiche bleue contre nous seuls.


    À la première explication que nous venons de donner, nous ajouterons que le fait de la tannerie humaine a certainement existé, puisqu’un de nos abonnés nous envoie, comme un digne monument des decemvirs, une Constitution de 1793, imprimée à Dijon chez Causse, sur un papier vélin et reliée en peau humaine qui imite le veau fauve. Nous offrons de la montrer à tous ceux qui seraient curieux de la voir…"

    Cet exemplaire de la Constitution a une histoire. Il devint plus tard la propriété d’un historien de la Révolution, Villeneuve, qui y joignit un exemplaire de l’affiche et une note destinée à l’authentifier. Muni de telles références, le livre fut mis en vente et acquis en 1849 par un libraire parisien.

      

    On en perd ensuite la trace jusqu’en 1864 où, le 13 février de cette année, il était vendu par les soins de M. France, le père d’Anatole, le maître styliste et délicieux conteur, pour la coquette somme de 231 F or. Cet exemplaire, après avoir eu plusieurs possesseurs, dont le marquis de Turgot, fut acheté en 1889 par le musée Carnavalet. C’est un in-12, joliment relié avec filets sur les plats et doré sur tranches.

    F - Conclusion

    Plusieurs mémorialistes et écrivains, se posant en historiens, rapportent encore l’existence de ces tanneries de peau humaine : Georges Duval dans ses "Souvenirs de la Terreur", Granier de Cassagnac dans son "Histoire des Girondins et des massacres de septembre", ou encore "l’Histoire impartiale des Révolutions" de Prud’homme, "Les brigands démasqués" de Danican, etc.

    "L’intermédiaire des chercheurs et curieux" du 30 mars 1936 révélait qu’il s’était tout de même trouvé un tribunal pour condamner l’officier de santé Morel et le bourreau, coupables d’avoir détourné la peau de l’abbé Thomas, de Guebwiller, guillotiné à Colmar.

    Il reste que l’utilisation de sous-produits des massacres constitue une forme achevée du sadisme terroriste.

    Comment est-il encore possible de se réclamer de cette Révolution sanguinaire, qui a généré de telles barbaries ? Est-ce anodin que tous les tyrans des régimes totalitaires, tous les massacreurs des peuples de l’histoire contemporaine ― Lénine, Trotsky, Staline, Hitler, Mao, Pol Pot … ― se réclament de la Révolution française et se posent en continuateurs de Robespierre ?

    Mauny.

     

     

    http://trone.forumpro.fr/t595-tanneries-de-peau-

    humaine-sous-la-revolution-francaise#4717

     

    Une tannerie de peau humaine en 1793

    Dans un catalogue de livres de la bibliothèque de M. Villenave, en novembre 1849 vendus publiquement à Paris, on lisait, sous le numéro 889, le singulier article que voici :
    Constitution de la république française. Dijon, 1795,1 volume ia-48, relié en peau humaine.

    En tête de ce livre, éminemment démocratique, comme on le voit, et par le fond, et par la forme, était écrite la Déclaration des droits de l’homme. Le volume était réellement relié en- peau humaine imitant le veau fauve : il a été acheté par un libraire du quai Malaquais, qui dut assurément le payer fort cher.

    Beaucoup de personnes vont s’imaginer peut-être que cette reliure en peau humaine est une de ces diaboliques inventions réactionnaires que les blancs se plaisent à propager sur te compte des amis de ce bon M. de Robespierre et de son digne rival M. Marat. La chose est pourtant bien certaine. Il est même fort étonnant qu’il ne se rencontre pas plus souvent de ces catéchismes révolutionnaires reliés en peau d’aristocrate, car à cette bienheureuse époque, il se faisait un assez grand usage de ce genre de reliures ; il y avait des fabriques où l’on tannait la peau humaine, absolument comme le cuir de bœuf et de cheval, et l’on en faisait de beaux volumes qui se vendaient à un prix fou.

    Et ceci n’est pas encore un conte fait à plaisir pour faire peur aux enfants, et appeler la défaveur sur ces bénins philanthropes de 93.

    De 1792 à 1794, il existait à Meudon, près de Paris, une tannerie de peau humaine. Selon l’historien Montgaillard :

    On tannait à Meudon la peau humaine, et il est sorti de cet affreux atelier des peaux parfaitement préparées. Les bons et beaux cadavres des suppliciés étaient écorchés, et leur peau tannée avec un soin particulier. La peau des hommes avait une consistance et un degré de bonté supérieurs à la peau des chamois ; celle des femmes présentait moins de solidité, a raison de la mollesse des tissus. (Montgaillard, Histoire de France, 3e édition, tom. 7, p. 64 en note.)

    On voit par cette citation, dont nous indiquons l’auteur, le volume et la page, que nous n’inventons pas. La chose n’a d’ailleurs rien d’impossible, s’il est une fois admis que nos terroristes de la première heure aient aimé assez peu les aristocrates pour les peler et passer leur peau tout comme celle des quadrupèdes, car la science nous apprend que la peau humaine se prépare exactement par le même procédé que celle des animaux. On peut lire, à cet effet, l’article sur la Peau de l’Encyclopédie, qui donne tous les détails désirables sur le traitement des peaux humaines, et leur conversion en livres patriotiques par la méthode de 1793.

    Livre en Peau Humaine

    II est encore certain que les peaux aristocratiques ont servi à confectionner d’autres objets que des reliures, car la même Encyclopédie nous apprend qu’un chirurgien de Paris, qui porte le nom et est probablement l’aïeul de notre célèbre romancier socialiste, fit présent au cabinet du roi d’une paire de pantoufles, faites avec de la peau humaine, et sortant de la tannerie de Meudon.

    Depuis 1793, l’usage des peaux humaines a totalement disparu de l’industrie française ; c’est pourquoi beaucoup le prenaient pour une pure fable, avant la découverte d’un volume de la Constitution de la République française, vendu, naguère à Paris." Et l’on dira, après cela que les révolutionnaires de 95 n’étaient pas des hommes de génie, et qu’ils ramenaient la France à la barbarie ! Le progrès humain alla-t-il jamais plus loin : la peau humaine appliquée à l’industrie en général et aux cordonniers en particulier !…

    On ne nomme pas le relieur du siècle dernier qui avait confectionné la reliure d’un petit volume in-18 de 103 pages, vendu à la vente de feu Villenave, intitulé : Constitution de la république française, et imprimé a Dijon en 1793, du, P. Causse. H est sur papier vélin et doré sur tranche. La reliure, avec trois filets dorés sur plat, imite le veau fauve, et une note écrite de la main de Villenave, sur un feuillet placé avant le titre, indique que le livre est relié en peau humaine. On a parlé à la même époque de culottes, de bottes, de pantoufles en cuir humain. Aussi bien, ce n’était pas la un premier essai, comme on serait tenté de le croire ; et une vingtaine d’années auparavant le célèbre Hunier avait absolument tenu à faire relier en peau humaine un traité sur les maladies de la peau. C’est un procès entre lui et son relieur qui révéla cet acte d’excentricité.

     

     

     

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    Il y a plusieurs généalogies des capétiens :

     

     

     

     

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    Blason « France Ancient », D’azur semé de fleurs de lys d’or.

      

    Les dynasties françaises

     

    Cette présentation qui se veut aussi succincte que possible a pour seule ambition d'établir, pour le lecteur, un fil conducteur lui permettant d'aborder sans se perdre le dédale des principales familles capétiennes.

     

     

    Les Carolingiens

    Les Carolingienssont issus d’une vieille famille franque, les Pippinides (du prénom de Pépin de Landen), qui se substitua peu à peu aux mérovingiens devenus les « roi fainéants ».

     

     
    Arbre généalogique des Carolingiens, Chronicon Universale de Ekkehard von Aura


    La famille carolingienne tient son nom de Charlemagne, mais c’est son père Pépin le Bref, fils de Charles Martel qui s’empara du pouvoir royal en 751.


    Charlemagne développa l’empire d’Occident, mais ses descendants divisèrent son héritage. La partie occidentale ou Francie occidentale donnera naissance à la France. Progressivement, la faiblesse des souverains carolingiens favorisa l’émergence d’une nouvelle dynastie, les Robertiens qui prendront le pouvoir royal à plusieurs reprise.

    Leurs héritiers, les Capétiens le gardèrent à partir de 987.

     

     

     
    Philippe Auguste mène une lutte victorieuse pour abaisser la puissance des Plantagenêts et agrandir le domaine.

      

    Les Familles Capétiennes

     

    Les Robertiens

    Du X ème au XIX ème siècle les Capétiens régnèrent sur la France. Ils ont pour ancêtre Hugues Capet (940,996), duc des Francs issu des Robertiens, importante famille franque de l‘ère Carolingienne. En 987, à la mort du dernier roi carolingien Louis V, sans postérité, Hugues Capet fut élu roi par les grands aristocrates francs. Sa dynastie se substitua ainsi aux carolingiens.

     

     

    Les Capétiens

    La famille des Capétiensdirects, issue de Hugues Capetrégnera sur la France jusqu’au XIV ème siècle. Ils s’employèrent à renforcer le royaume et pérenniser la dynastie. Les derniers représentants exhumèrent une vieille loi franque dite « loi salique » qui excluait les femmes pour maintenir la couronne à la descendance mâle. Les capétiens directs s’éteindront en 1328, à la mort de Charles IV le Bel.

    De ce « tronc », sont issues plusieurs branches, traitées ici par ordre chronologique d’apparition.

     

     

     

     

    Bourgogne (duché)

    La première famille capétienne de Bourgogneest issue de Robert Ier (1001, 1076) duc de Bourgogne, fils du roi de France Robert II « le pieux ». Sa descendance mâle s’éteignit en 1361, à la mort du duc Philippe Ier « de Rouvre ». Le roi de France Jean II « le bon », fils de Jeanne de Bourgogne, repris le duché en se réclament de sa mère, au détriment du roi de Navarre Charles II le mauvais à qui il aurait dû revenir.

      

    Celui ci s’estimait déjà spolié de la succession au trône de France dont sa mère Jeanne de Navarre, fille de Louis X « le Hutin », fut écartée par la loi Salique réactivée à cet effet. Ces éléments alimenteront la rancœur de ce prince à l’égard des roi de France de la famille Valois.

     

    Bourgogne-Portugal

    La famille de Bourgogne-Portugal est issue de Henri de Bourgogne (1035,1066), arrière petit fils du roi de France Robert II.

      

    Étant cadet, il s’installa en Espagne où la « reconquista» contre les maures lui permit de se distinguer. En récompense le roi de Castille et Léon lui fit épouser sa fille et lui confia le comté de Portugal, province du royaume de Léon. C’est la souche des familles royale du Portugal jusqu’à nos jours.

    Compte tenu de sa longévité et de son histoire indépendante de la France,

     

     
    Le 5 juin 1286, Édouard Ier, roi d'Angleterre rend hommage à Philippe le Bel. La scène a lieu dans une salle du palais royal en présence de la cour. Tiré des Grandes Chroniques de France, enluminées par Jean Fouquet 

     

    Dreux

    La famille de Dreuxest issue de Robert (1081,1137) comte de Dreux, fils du roi Louis VI « le gros ». La branche aînée s’éteignit en 1345 à la mort du comte Pierre I.
    Un rameau dit des « seigneurs de Beu » issu de Robert (1217,1284), fils du comte Robert III « gasteblé » subsista jusqu’au XVI ème siècle.

     

     

    Dreux-Bretagne

    La famille de Dreux-Bretagne est une branche cadette issue de Pierre « mauclerc » (1191,1250), fils de Robert II comte de Dreux. Par son mariage avec la duchesse de Bretagne Alix de Thouars (1201,1221), Il devint duc « bailliste » de Bretagne.

      

    Ses descendants (branche aînée dont l’héritière Jeanne de Penthièvre réclama le duché et branche cadette « de Montfort » qu’elle finit par reconnaître à l’issue de la guerre de succession de Bretagne) régnèrent sur la Bretagne jusqu’à la mort, en 1488 du duc François II. Son héritière, la Duchesse Anne épousa successivement Maximilien de Habsbourg (futur empereur germanique), le roi de France Charles VIII puis son successeur Louis XII.

     

     

    Courtenay

    La maison capétienne de Courtenayest issue de Pierre (1126, 1183), autre fils de roi Louis VI « le gros ». Il pris le nom de Courtenay après son mariage avec Élisabeth de Courtenay. Pendant les croisade cette famille régna sur l’empire latin de Constantinople. Elle s’éteignit en 1283, à la mort de Philippe I de Courtenay.

      

    Sa fille Catherine épousa Charles de Valois et lui transmis l’héritage et les droits afférents.
    Une branche cadette « Courtenay-Champignelles » issue de Robert de Courtenay (1158,1239), fils de Pierre Ier, subsistera jusqu’en 1742, sans que les derniers représentants puissent se faire reconnaître la qualité de « prince du sang ». L’héritière de cette lignée épousa, sous Louis XIV, le marquis de Beauffremont dont la descendance existe toujours.

     

     

    Artois

    La famille d’Artois est issue de Robert Ier (1216,1250), fils du roi de France Louis VIII « le lion ». Elle posséda le comté d’Artois, puis ceux de Beaumont-le Roger et d’Eu. Elle s’éteignit en 1472, à la mort Charles comte d’Eu.
     

    Mais dès 1302, le comté d’Artois passa à Mathilde (dite Mahaut) comtesse de Bourgogne et fille du comte Robert II d’Artois, au détriment de son neveu Robert III.

      

    Celui ci devint comte de Beaumont le Roger, mais n’accepta jamais la situation. Cet épisode et les troubles qui s’en suivirent ont connu la notoriété grâce aux « rois maudits » de Maurice Druon.

     

     

    Anjou

    La première maison capétienne d’Anjou est issue de Charles Ier (1227, 1285), fils du roi de France Louis VIII « le lion ». Cette famille régna sur Naples, la Sicile, Jérusalem, la Provence, le Péloponése, l’Albanie, la Hongrie, la Pologne. Elle s’éteignit à la mort de Charles III, roi de Naples et de Hongrie.
    Mais, dès 1290, les possessions Française (Anjou et Maine) revinrent à Charles de Valois (1270,1325) par son mariage avec Marguerite (1273,1299), fille du roi de Naples Charles II.

     

      

    Bourbon

     

    La famille de Bourbon est issue de Robert de Clermont (1256,1317), fils de Louis IX (saint Louis), qui épousa Béatrice de Bourgogne dame de Bourbon d‘où elle tient son nom.
    Cette branche compte de nombreux rameau. Elle devint la famille régnante de France du 16ème siècle (Henri IV) jusqu’au 19ème siècle, malgré une interruption de 1792 à 1814 (révolution française et 1er empire). Ses descendants règnent encore aujourd’hui sur l’Espagne et le Luxembourg.

     

    Compte tenu de ses nombreuse ramification et de son importance dans l’histoire récente et contemporaine,
    cette famille sera traité in fine.

     

     

     

    Valois

    La Famille de Valoisest issue de Charles (1270,1325) comte de Valois, fils du roi Philippe III. Après avoir écarté définitivement Jeanne de Navarre, fille de Louis X le Hutin, au nom de la loi salique, la branche aînée des Valois devient la famille régnante de France, de Philippe VI (1293,1350), fils de Charles de Valois, à Charles VIII (1470,1498) dont les trois fils issus de son mariage avec Anne de Bretagne ne vécurent pas.
    Elle produisit de nombreux rameaux qui seront traités après les « Évreux » .

     

     

    Évreux

    La famille d’Évreux est issue de Louis (1276,1319), fils du roi Philippe III.
    La branche cadette s’éteindra en 1336.

     

     

    Évreux-Navarre

    La branche aînée devient Évreux-Navarre par le mariage de Philippe (1301,1343), fils du comte Louis avec Jeanne II (1312,1349) reine de Navarre, fille du Roi Louis X le Hutin, écartée du trône de France par ses oncles (loi salique), puis par les Valois, mais qui concevra la Navarre transmissible aux et par les femmes.
    Elle s’éteignit en 1425, à la mort du roi de Navarre Charles III. Toutefois, par les femmes (voir famille « Navarre »), cette branche conduit au roi de France Henri IV.

     

     

    Valois-Alençon

    La Famille de Valois-Alençon est issue de Charles II (1297,1346) comte d’Alençon, fils de Charles de Valois. Elle s’éteignit en 1525, à la mort du duc d’Alençon Charles IV. L’héritière de cette lignée est Marguerite de Bourbon, la mère d’Antoine de Bourbon et la grand mère du roi Henri IV.

     

     

    Valois-Anjou

    La famille de Valois-Anjou (deuxième famille capétienne d’Anjou ») est issue de Louis Ier (1339,1384), deuxième fils du roi Valois Jean II le bon.
    Cette famille régna sur Naples, la Provence, la Lorraine mais ne pu asseoir durablement ses droits. Elle s’éteignit en 1481 à la mort de Charles de Valois duc d’Anjou.

     

     

    Valois-Berry

    La famille de Valois-Berry issue de Jean (1340,1416) duc de Berry, troisième fils du roi Jean II le bon.
    Elle ne prospéra pas, les deux fils du duc Jean mourront avant leur père, sans postérité.
    L’héritière de cette branche apporta le comté de Montpensier aux Bourbons

     

     

    Valois-Bourgogne

    La famille de Valois-Bourgogne (2ème famille capétienne de Bourgogne) est issue de Philippe II le hardi (1342,1404), 4ème fils du roi Jean II le Bon.

      

    Par héritage ou par conquête cette famille régna sur un vaste territoire comprenant non seulement le duché de bourgogne, mais aussi la comté de Bourgogne (Franche-Comté), l’Artois, les « pays-bas bourguignons » (la Belgique, les actuels pays-bas néerlandais, le Luxembourg) et l’Alsace.


    Cette famille s’éteignit en 1477, à la mort du duc Charles le téméraire. Sa fille Marie épousa Maximilien de Habsbourg, futur empereur germanique. Ils sont, par leur fils, à l’origine de la lignée des Habsbourg d’Espagne et les grand-parents de l’empereur Charles Quint. L’héritage bourguignon fut partagé, la France conservant le duché et les Habsbourg d’Espagne le reste.

     

     

    Valois-Orléans

    La famille Valois-Orléans est issue de Louis Ier (1372-1407) duc d’Orléans, fils du roi Charles V. La branche aînée régnera sur la France avec Louis XII et s’éteindra à sa mort en 1515. La fille de ce dernier, Claude, issue de son mariage avec Anne de Bretagne, épousera son successeur et cousin le roi François Ier (1494,1547) de la branche cadette des « Valois-Orléans-Angoulême », attachant ainsi définitivement le duché de Bretagne à la France.

     

     

    Valois-Orléans-Angoulème

    Cette branche cadette issue de Jean (1400,1467) comte d’Angoulême, fils de Louis Ier d’Orléans, devient la famille régnante de France de François Ier roi en 1515, à Henri III avec qui elle s’éteint en 1589.

     

     

    Bourbon

    Enfin, revenons à la famille de Bourbonissue de Robert de Clermont (1256,1317), fils de Louis IX

    (saint Louis).


    La branche aînée des Ducs de Bourbon et son rameau cadet des Montpensier s'éteignent respectivement en 1521 Ã la mort de la duchesse Suzanne et en 1527 à la mort Charles III de Montpensier (dit le connétable de Bourbon), son époux.
      
    A la mort de Suzanne, Louise de Savoie, mère de François Ier, fit valoir ses droits au duché de Bourbon au détriment du connétable. Celui-ci, s’estimant spolié combattit le roi de France aux cotés de l’empereur Charles Quint, ce qui conduisit François Ier à confisquer ses biens à son profit.

    La Branche cadette de « Bourbon-La Marche» issue de Jacques Ier (1319,1361) comte de La Marche, fils du duc Louis Ier, puis des « Bourbon-La Marche-Vendôme » régna sur la France de Henri IV (1553,1610) qui succéda au dernier Valois en 1589 jusqu’à Charles X en 1830.

    Outre le rameau cadet « Bourbon-Montpensier », issu de Louis de Bourbon prince de la Roche sur Yon (1473,1520) époux de l’héritière de la précédente famille Bourbon-Montpensier, qui subsistera jusqu’en 1608 et dont l’héritière (Marie de Bourbon-Vendôme) épousa Gaston d’Orléans fils cadet de Henri IV, la branche Bourbon-La Marche-Vendôme est à l’origine des familles qui suivent.

     

    Bourbon-Condé

    La maison de Bourbon-Condé, issue de Louis Ier (1530,1537) prince de Condé, fils de Charles de Vendôme duc de Bourbon, et sa branche cadette de Bourbon-Conti s’éteignirent au 19ème siècle après avoir joué un rôle important en France.

     

    Bourbon-Orléans

    La maison de Bourbon-Orléans, issue de Philippe (1640-1701) duc d’Orléans, fils de Louis XIII assura la régence pendant la minorité de Louis XV puis régna avec Louis Philippe (1773, 1850) dernier roi de France de la lignée des Capétiens.

    Ses descendants actuels se considèrent comme les légitimes prétendants au trône de France, du fait de la renonciation de Philippe d’Anjou (voir ci dessous).

     

     

    Bourbon-Anjou

    La maison de Bourbon-Anjou est issue de Philippe (1683,1746), fils du « grand Dauphin » dont la mère Marie Thérèse, épouse de Louis XIV, était la sœur du roi d’Espagne Charles II. Sans postérité, celui ci désigna comme héritier son neveu le duc d’Anjou qui régna sur l’Espagne sous le nom de Philippe V après avoir renoncé, pour lui et ses descendants, au trône de France.

      

    Cette famille a aussi régné sur Naples et la Sicile (maison Bourbon-Deux Siciles), ainsi que Parme ( maison Bourbon-Parme) jusqu’à la fin du 19éme siècle et règne toujours sur l’Espagne (Juan Carlos) et sur le Luxembourg (branche Bourbon-Parme).
     

    Les descendants actuels de la branche aînée se considèrent comme les seuls prétendants légitimes au trône de France, considérant la renonciation de Philippe V comme illégale.

     

    Bourgogne-Portugal

    Regardons maintenant la famille royale capétienne du Portugal, Bourgogne-Portugal (dite aussi dynastie de Bourgogne) issue, au XI ème siècle de Henri de Bourgogne, petit fils du roi de France Robert II. Son fils, Alphonse du lutter pour s’imposer vis à vis du roi de Castille comme comte de Portugal. En 1139 il fut proclamé roi de Portugal et imposa l’indépendance de son territoire.

      

    Il devint ainsi le créateur du Portugal. Ses successeurs luttèrent pour faire reconnaître la légalité du royaume et assurer son indépendance, tout en poursuivant la reconquista. Cette famille s’éteignit en fin du XIV éme siècle faute de descendance mâle.

      

    L’héritière Béatrice avait épousée le roi de Castille Jean Ier à qui devait revenir, par contrat de mariage, le Royaume du Portugal. Elle fut proclamée reine, mais les portugais entendais préserver leur indépendance.

     

     

    Bourgogne-Portugal-Aviz

    La maison Bourgogne-Portugal-Aviz (dite aussi dynastie d’Aviz) est issue de Jean (1357, 1433) grand maître de l’ordre d’Aviz, fils illégitime du roi Pierre Ier et oncle de la reine Béatrice. Les portugais se révoltèrent contre la main mise castillane et proclamèrent roi le grand maître d’Aviz, seul descendant mâle de la dynastie de Bourgogne, sous le nom de
    Jean Ier.

      

    Cette famille régna sur le Portugal jusqu’à la fin du XVI éme siècle, mais la consanguinité mina les derniers descendants. En 1580, le dernier roi de cette dynastie abdique et Philippe II d’Espagne, faisant valoir les droits de sa mère, infante de Portugal, s’empare de la couronne Portugaise, unifiant ainsi les couronnes de la péninsule ibérique pour un temps.

     

     

    Bourgogne-Bragance

    La famille Bourgogne-Bragance (dite dynastie de Bragance) est une branche bâtarde de la dynastie d’Aviz. Elle est issue d’Alphonse (1373,1461) duc de Bragance, fils illégitime du roi Jean Ier (qui était lui même illégitime).


    Au milieu du XVII ème siècle, les portugais se révoltent contre le roi Philippe IV d’Espagne et offrent le trône de Portugal au duc de Bragance, en sa qualité de descendant de Jean Ier. Il devint roi en 1640 sous le nom de Jean IV.


    Cette famille régnera sur le Portugal jusqu’au milieu du XIX ième siécle et sur le Brésil jusqu’à la fin du XIX ième siècle.


    Les guerres Napoléoniennes contraignit la famille royale de Portugal à s’exiler au Brésil, alors colonie. En 1822, l’Héritier du Portugal, déclara l’indépendance du Brésil où il devint empereur sous le nom de Pierre Ier. Puis il devint roi du Portugal sous le nom de Pierre IV, mais reste au Brésil. Il laisse la régence du Portugal à son frère Michel et abdique en faveur de sa fille Marie II..

      

    Le régent se révolte, détrône sa nièce et se proclame roi sous le nom de Michel Ier.
    Mais, au retour de Pierre, il est vaincu et exilé. Mais c’est lui qui assurera la descendance mâle de la famille capétienne de Portugal. Ses descendants portent de nos jours le titre de Duc de Bragance.

    La reine Marie II rétablie épousa un prince de la famille Saxe-Cobourg-Gotha et la couronne de Portugal quitta la famille de Bragance.

     

     

    Bourbon-Orléans-Bragance

    Pendant ce temps sur le Brésil régnait Pierre II fils de Pierre Ier.

    Son héritière, Isabelle, princesse impériale épousa Gaston d’Orléans, comte d’Eu fondant ainsi la famille Bourbon-Orléans-Bragance qui serait devenue la famille régnante du Brésil sans la révolution qui renversa l’empire.

    Les descendants de cette famille existent toujours.

     

     

    SOURCES

    D.R. 

    http://dona.centerblog.net/

    http://fr.pinterest.com/donarodrigue/royaume-de-france/

    http://www.roi-france.com/Dynasties_Francaises

     

     

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    21 janvier 1793 : le bourreau espère l'évasion de Louis XVI

     

    Sanson, bourreau qui donna la mort à
    Louis XVI tout en espérant
    la réussite d’un complot d’évasion

    (D’après « Le Gaulois », n° du 21 janvier 1893)

     

    Grand fournisseur de nouvelles pour diverses gazettes parisiennes, le journaliste Ange Pitou eut l’idée, le jour même de la décapitation de Louis XVI, d’aller entretenir le bourreau Sanson.

      

    Pitou s’engageant à n’en faire usage que plus tard, l’exécuteur des hautes œuvres lui confie avoir été horrifié par la condamnation ainsi que la mort du roi, et avoir espéré, jusqu’au moment fatal, qu’une opération d’évasion serait couronnée de succès

    C’est l’âme à jamais ulcérée que j’ai dû procéder à l’exécution de Louis XVI.

      

    Révolutionnaire à l’origine, l’injustice des accusations portées contre le Roi a contribué plus que tout autre chose à me faire revenir de mon illusion.

      

    La perfidie des accusations portées contre Louis XVI, l’oubli volontaire des plus simples formes juridiques n’ont montré que trop que sa perte était résolue d’avance.

    Quel égarement aveuglait donc cette assemblée pour qu’elle imputât à Louis XVI jusqu’aux attentats dirigés contre lui ?

    Lorsque je connus l’issue de cet affreux et inique procès, je fus atterré ; je fus sur le point de m’évanouir lorsqu’on me présenta le papier, l’ordre de faire dresser l’échafaud dans la nuit et d’y attendre le condamné à partir de huit heures du matin.

     

     

    Le dernier moment de la vie du roi Louis XVI, d’après Charles Benazech

     

    Je reçus presque en même temps diverses lettres, la plupart sans signature, dans lesquelles on m’avertissait que toutes les mesures étaient prises pour la délivrance du Roi pendant le trajet du Temple et place de la Révolution, et qu’à la moindre résistance que je ferais, je serais percé de mille coups.

    D’autres lettres m’adjuraient de me joindre aux libérateurs du Roi, de traîner l’exécution en longueur, pour donner le temps à des hommes bien déterminés, qui devaient se trouver dans la foule, de rompre les rangs de la milice et d’enlever le Roi de dessus l’échafaud.

      

    Je l’avoue, ce dernier moyen ne me semblait ni impossible ni même improbable, et c’était le seul qui me laissât une lueur d’espoir. Je vous étonnerai bien, mon cher Pitou, en vous disant jusqu’où est allé le dévouement de certains royalistes pour le royal martyr.

      

      

    La veille de l’exécution, un jeune homme est venu s’offrir à mourir à sa place, si l’on pouvait lui procurer des habits exactement semblables à ceux du Roi, de manière à ce qu’une substitution pût s’opérer sur l’échafaud sans que la foule s’en aperçût.

      

    Une foule d’autres projets, non moins chimériques, me furent confiés. Mon fils faisait partie d’un des bataillons de garde nationale chargés d’assister à l’exécution. Il était parfaitement résolu à se joindre à ceux qui essaieraient de sauver le Roi.

    La foule était si grande dans les rues, qu’il était déjà plus de huit heures lorsque nous arrivâmes place de la Révolution.

     

     

    Gros et Barré, mes aides, avaient fait monter la machine, et c’est à peine si je l’examinai, tant je pensais qu’elle ne servirait point.

      

    Mes frères et moi, nous étions solidement armés : nous avions, sous nos houppelandes, outre nos épées, des couteaux-poignards, quatre pistolets passés dans notre ceinturon, une boîte à poudre et nos poches pleines de balles.

      

    Nous pensions qu’on ferait une tentative pour délivrer le malheureux prince et que nous ne saurions être munis de trop de moyens pour lui livrer un passage.

    Aussitôt arrivé sur la place, j’ai cherché des yeux mon fils et je l’ai aperçu, à peu de distance de moi, avec son bataillon.

      

    Il me regardait d’un air d’intelligence et paraissait m’encourager en me flattant de l’espoir que, cette fois, je ne boirais pas le calice jusqu’à la lie.

      

    Je prêtais une oreille inquiète pour entendre quelque bruit qui fût l’indice d’une de ces tentatives que l’on m’avait annoncées la veille.

    De temps à autre, mes yeux plongeaient avec anxiété du côté des boulevards.

      

    Tout à coup, je vois déboucher un corps de cavalerie, et, peu après, une berline attelée de deux chevaux, entourée d’une double haie de cavaliers. Plus de doute possible, plus d’illusions, c’est le Roi-Martyr qui s’avance.

      

    Ma vue se trouble, un frémissement s’empare de moi. Le Roi descend, puis il gravit les marches de l’échafaud. Hélas ! j’ai fait mon devoir.

      

    Le Roi est mort, mais ce n’est pas moi qui l’ai tué.

      

    Oh ! pourquoi n’a-t-on pu le délivrer, j’aurais donné mon sang pour ne pas répandre le sien ! Il est mort en Roi, en héros, en saint.

    Son auguste image ne s’effacera jamais de ma mémoire. »

      

      

    Source :

    http://www.france-pittoresque.com/spip.php?article5609

     

     

     

     

     

     

     

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    « Il y a quelques chose d’émouvant » me confiait il n’y pas encore si longtemps mon père ! En effet il est émouvant de voir qu’a travers toute la France des messes sont célébrées à la mémoire de Louis XVI. Plus de deux siècles après son assassinat, le malheureux souverain ne peut pas s’empêcher d’éveiller toute la sympathie de ses peuples.

    C’est un assassinat ! N’ayons pas peur des mots, et ceux qui se refusent à employer ce terme restent de mauvaise foi. Son procès fut un simulacre où ce dernier resta toujours digne au point d’en étonner ses bourreaux.

      

    On nous parle de trahison du roi, de fuite à Varennes etc.

      

    En réalité Louis XVI était prisonnier en son royaume et sa vie à juste titre était en danger. Si c’est un traître, pourquoi donc n’a-t-il pas demandé aux hussards de l’aider à fuir en le protégeant et en se frayant un chemin à Varennes ? Si c’est un traître, pourquoi n’a-t-il jamais demandé de verser le sang des civils ?

    Louis XVI n’aspirait qu'au bonheur de ses peuples et lors de la prise des Tuileries, les révolutionnaires se livrèrent au massacre des gardes suisses. Les gardes suisses étaient le dernier rempart de sécurité du roi et ils étaient prêts à faire feu.

      

    Ils ne leur manquait plus qu'un ordre, et quand celui-ci arriva dans les mains du capitaine, c’était celui qui lui interdisait de verser le sang des Parisiens. La famille Royale se réfugia à l’assemblée. Les gardes ne pouvant riposter se mirent à chanter « les adieux Suisses » alors qu’ils se firent littéralement massacrer.

    Louis XVI était un homme profondément bon.

    « Jugé en décembre 1792, Louis XVI est la victime expiatoire de ce processus … En vérité, Louis XVI n’a commis d’autre crime que d’exister…

      

    Il est présumé être innocent jusqu'à ce qu’il soit jugé ; mais si Louis est absous, si Louis peut être présumé innocent, que devient la révolution ?

    Le 21 janvier 1793, l’exécution du roi introduit une rupture symbolique dans l’histoire de France »
    Jean Sévilla : Historiquement correct

    S’ensuit la Terreur, la promulgation de la loi des suspects et le génocide vendéen par les colonnes infernales. Tout ceci n’inspire que dégoût et rejet, lorsque le roi sera conduit à l’échafaud, pour l’empêcher de s’adresser au peuple, on fera donner les tambours.

    « Un souverain ne saurait rien faire de plus utile que d’inspirer à sa nation une grande idée d’elle-même »

    Le jour viendra où ce roi sera réhabilité, où on reconnaîtra pleinement la barbarie révolutionnaire et le génocide Vendéen. Il était bon, il était juste, il aspirait au bonheur de ses peuples, il était le roi martyr.

    Le Roi est mort ! Le Roi est mort ! Le Roi est mort !

    Vive le Roi ! Vive le roi ! Vive le roi !

     

    article de 2012

    http://archives-lepost.huffingtonpost.fr/article/2012/01/22/2683619_il-y-a-219-ans-on-assassinait-louis-xvi.html

      

      

      

     

     

     

     

     

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     LE CHEVALIER D'ÉON | Flickr : partage de photos !

     

     

     

     

    Charles Geneviève d'Eon de Beaumont obtint des succès éclatants dans ses missions pour le secret du roi.

     

    A Saint Petersburg, il permit de rétablir une alliance primordiale entre la France et la Russie alors que la guerre menaçait en Europe.Charles 

     

    Sept ans plus tard, la guerre perdue contre l'Angleterre, il vola à l'ennemi des documents cruciaux en vue des négociations de paix. Louis XV lui confia même la plus incroyable des missions : repérer les côtes anglaises en vue d'un débarquement !

    Les succès du chevalier d'Eon lui montent à la tête.

    Victime de sa mégalomanie, il semble prêt à tout pour obtenir toujours plus de considération, au point de faire trembler la couronne de France quand il refuse de rendre ses documents confidentiels du secret du roi. Traqué, il recourt au travestissement pour se cacher.

     

    Il prétend alors qu'il a toujours été une femme déguisée en homme, et passe même les 33 dernières années de sa vie vêtu en femme !

     

    A sa mort en Angleterre après une longue déchéance,

    l'autopsie révèle à la surprise générale qu'il était un homme.

     

     

     

     

     

     

     

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  • Testament de Louis XVI

     

    la mort du Roi Louis XVI, voici, dans son intégralité, son testament. Magnifique.

    Au nom de la très Sainte Trinité du Père du Fils et du St Esprit.

    Aujourd’hui vingt cinquième jour de Décembre, mil sept cent quatre vingt douze.

    Moi Louis XVIe du nom Roy de France, étant depuis plus de quatre mois enfermé avec ma famille dans la Tour du Temple à Paris, par ceux qui étaient mes sujets, et privé de toute communication quelconque, même depuis le onze du courant avec ma famille, de plus impliqué dans un Procès dont il est impossible de prévoir l’issue à cause des passions des hommes, et dont on ne trouve aucun prétexte ni moyen dans aucune Loy existante, n’ayant que Dieu pour témoin de mes pensées et auquel je puisse m’adresser.

    Je déclare ici en sa présence mes dernières volontés et mes sentiments.

    louis 16

      

    « Je laisse mon âme à Dieu mon créateur, et je le prie de la recevoir dans sa miséricorde, de ne pas la juger d’après ses mérites, mais par ceux de Notre Seigneur Jésus Christ qui s’est offert en sacrifice à Dieu son Père, pour nous autres hommes, quelque indignes que nous en fussions, et moi le premier.

    « Je meurs dans l’union de notre sainte Mère l’Église Catholique, Apostolique et Romaine, qui tient ses pouvoirs par une succession non interrompue de Saint Pierre auquel Jésus-Christ les avait confiés. Je crois fermement et je confesse tout ce qui est contenu dans le Symbole et les commandements de Dieu et de l’Église, les Sacrements et les Mystères tels que l’Église Catholique les enseigne et les a toujours enseignés.

      

    Je n’ai jamais prétendu me rendre juge dans les différentes manières d’expliquer les dogmes qui déchirent l’Église de Jésus-Christ, mais je m’en suis rapporté et rapporterai toujours, si Dieu m’accorde vie, aux décisions que les supérieurs Ecclésiastiques unis à la Sainte Église Catholique, donnent et donneront conformément à la discipline de l’Église suivie depuis Jésus-Christ. Je plains de tout mon cœur nos frères qui peuvent être dans l’erreur, mais je ne prétends pas les juger, et je ne les aime pas moins tous en Jésus-Christ suivant ce que la charité Chrétienne nous l’enseigne.

    « Je prie Dieu de me pardonner tous mes péchés, j’ai cherché à les connaître scrupuleusement, à les détester et à m’humilier en sa présence, ne pouvant me servir du Ministère d’un Prêtre Catholique.

    Je prie Dieu de recevoir la confession que je lui en ai faite, et surtout le repentir profond que j’ai d’avoir mis mon nom, (quoique cela fut contre ma volonté) à des actes qui peuvent être contraires à la discipline et à la croyance de l’Église Catholique à laquelle je suis toujours resté sincèrement uni de coeur.

    Je prie Dieu de recevoir la ferme résolution où je suis, s’il m’accorde vie, de me servir aussitôt que je le pourrai du Ministère d’un Prêtre Catholique, pour m’accuser de tous mes péchés, et recevoir le Sacrement de Pénitence.

    « Je prie tous ceux que je pourrais avoir offensés par inadvertance (car je ne me rappelle pas d’avoir fait sciemment aucune offense à personne), ou à ceux à qui j’aurais pu avoir donné de mauvais exemples ou des scandales, de me pardonner le mal qu’ils croient que je peux leur avoir fait.

    « Je prie tous ceux qui ont de la Charité d’unir leurs prières aux miennes, pour obtenir de Dieu le pardon de mes péchés.

    « Je pardonne de tout mon cœur à ceux qui se sont fait mes ennemis sans que je leur en aie donné aucun sujet, et je prie Dieu de leur pardonner, de même que ceux qui par un faux zèle, ou par un zèle mal entendu, m’ont fait beaucoup de mal.

    louis XIV

      

    « Je recommande à Dieu, ma femme, mes enfants, ma Sœur, mes Tantes, mes Frères, et tous ceux qui me sont attachés par les liens du sang, ou par quelque autre manière que ce puisse être. Je prie Dieu particulièrement de jeter des yeux de miséricorde sur ma femme, mes enfants et ma sœur qui souffrent depuis longtemps avec moi, de les soutenir par sa grâce s’ils viennent à me perdre, et tant qu’ils resteront dans ce monde périssable.

    « Je recommande mes enfants à ma femme, je n’ai jamais douté de sa tendresse maternelle pour eux ; je lui recommande surtout d’en faire de bons Chrétiens et d’honnêtes hommes, de leur faire regarder les grandeurs de ce monde ci (s’ils sont condamnés à les éprouver) que comme des biens dangereux et périssables, et de tourner leurs regards vers la seule gloire solide et durable de l’Éternité.

    Je prie ma soeur de vouloir bien continuer sa tendresse à mes enfants, et de leur tenir lieu de mère, s’ils avaient le malheur de perdre la leur.

    « Je prie ma femme de me pardonner tous les maux qu’elle souffre pour moi, et les chagrins que je pourrais lui avoir donnés dans le cours de notre union, comme elle peut être sûre que je ne garde rien contre elle si elle croyait avoir quelque chose à se reprocher.

    « Je recommande bien vivement à mes enfants, après ce qu’ils doivent à Dieu qui doit marcher avant tout, de rester toujours unis entre eux, soumis et obéissants à leur mère, et reconnaissants de tous les soins et les peines qu’elle se donne pour eux, et en mémoire de moi. Je les prie de regarder ma soeur comme une seconde mère.

    « Je recommande à mon fils, s’il avait le malheur de devenir Roi, de songer qu’il se doit tout entier au bonheur de ses concitoyens, qu’il doit oublier toute haine et tout ressentiment, et nommément tout ce qui a rapport aux malheurs et aux chagrins que j’éprouve. Qu’il ne peut faire le bonheur des Peuples qu’en régnant suivant les Lois, mais en même temps qu’un Roi ne peut les faire respecter, et faire le bien qui est dans son cœur, qu’autant qu’il a l’autorité nécessaire, et qu’autrement, étant lié dans ses opérations et n’inspirant point de respect, il est plus nuisible qu’utile.

    « Je recommande à mon fils d’avoir soin de toutes les personnes qui m’étaient attachées, autant que les circonstances où il se trouvera lui en donneront les facultés, de songer que c’est une dette sacrée que j’ai contractée envers les enfants ou les parents de ceux qui ont péri pour moi, et ensuite de ceux qui sont malheureux pour moi. Je sais qu’il y a plusieurs personnes de celles qui m’étaient attachées, qui ne se sont pas conduites envers moi comme elles le devaient, et qui ont même montré de l’ingratitude, mais je leur pardonne, (souvent, dans les moment de troubles et d’effervescence, on n’est pas le maître de soi) et je prie mon fils, s’il en trouve l’occasion, de ne songer qu’à leur malheur.

    louis_XVI_tuileries_10_juin_1792« Je voudrais pouvoir témoigner ici ma reconnaissance à ceux qui m’ont montré un véritable attachement et désintéressé. D’un côté si j’étais sensiblement touché de l’ingratitude et de la déloyauté de gens à qui je n’avais jamais témoigné que des bontés, à eux et à leurs parents ou amis, de l’autre, j’ai eu de la consolation à voir l’attachement et l’intérêt gratuit que beaucoup de personnes m’ont montrés. Je les prie d’en recevoir tous mes remerciements ; dans la situation où sont encore les choses, je craindrais de les compromettre si je parlais plus explicitement, mais je recommande spécialement à mon fils de chercher les occasions de pouvoir les reconnaître.

    « Je croirais calomnier cependant les sentiments de la Nation, si je ne recommandais ouvertement à mon fils MM de Chamilly et Hue, que leur véritable attachement pour moi avait portés à s’enfermer avec moi dans ce triste séjour, et qui ont pensé en être les malheureuses victimes. Je lui recommande aussi Cléry des soins duquel j’ai eu tout lieu de me louer depuis qu’il est avec moi. Comme c’est lui qui est resté avec moi jusqu’à la fin, je prie MM de la Commune de lui remettre mes hardes, mes livres, ma montre, ma bourse, et les autres petits effets qui ont été déposés au Conseil de la Commune.

    « Je pardonne encore très volontiers à ceux qui me gardaient, les mauvais traitements et les gênes dont ils ont cru devoir user envers moi. J’ai trouvé quelques âmes sensibles et compatissantes, que celles-là jouissent dans leur coeur de la tranquillité que doit leur donner leur façon de penser.

    « Je prie MM de Malesherbes, Tronchet et de Sèze, de recevoir ici tous mes remerciements et l’expression de ma sensibilité pour tous les soins et les peines qu’ils se sont donnés pour moi.

    « Je finis en déclarant devant Dieu et prêt à paraître devant Lui, que je ne me reproche aucun des crimes qui sont avancés contre moi.

    Fait double à la Tour du Temple le 25 décembre 1792.

    louis_xvi_execution

     

     

     

     

     

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     Nationalité : France
    Né(e) à : Woluwe-Saint-Pierre (Belgique) , le 14-06-1933
    Mort(e) à : Cherisy (Eure-et-Loire) , le 19 06 1999

    Biographie :

    Henri d'Orléans — de son nom de naissance Henri Philippe Pierre Marie d'Orléans —, « comte de Paris », est né le 14 juin 1933 au manoir d’Anjou, à Woluwe-Saint-Pierre (Belgique).

    Prétendant orléaniste au trône de France depuis le 19 juin 1999, il porte les titres de « comte de Paris » et « duc de France ». Il est, depuis la mort de son père, le « chef de la maison de France », de par sa position d’aîné des descendants en primogéniture mâle de Philippe de France (fils de France, frère de Louis XIV, duc d’Anjou puis d’Orléans, père du Régent). De jure « Henri VII » pour les orléanistes, Henri d’Orléans fait usage des pleines armes de France (« d’azur à trois fleurs de lis d’or »).
     

     

    Henri d’Orléans, comte de Paris, prétendant au trône de France dans le cas d’une restauration monarchique, a longuement séjourné à Louveciennes, de 1953 à 1972.

    Monseigneur 1928

      

    Après l'abrogation de la loi d'exil, par l'Assemblée nationale en 1950, Henri d'Orléans rentra en France et s'installa au manoir « Le Cœur Volant » avec son épouse et ses 11 enfants. Il existe plusieurs manières de raconter ce séjour. On peut retenir la vie brillante menée par la famille princière sous l’œil des médias (« Paris Match »,

      

    « Point de vue-Images du monde », ,…) avec ses joies et ses peines.

      

    Le mariage civil de trois de leurs filles en mairie de Louveciennes, Hélène en 1957, Isabelle en 1964. Anne en 1965.

      

    Le drame qui viendra endeuiller la famille :

    François, un des fils, tué le 11 octobre 1960 dans les Aurès lors de la guerre d'Algérie.

    On peut également s’attacher à l’action politique du comte de Paris.

    C’est ce que nous essaierons de faire.

     

    « Etre prétendant, c’est être commis voyageur »

    De retour en France, convaincu des chances d’une restauration, le comte déploya son action politique sous différentes formes : un secrétariat installé dans un magnifique hôtel particulier légué par une dame royaliste, à Paris rue de Constantine, un Bulletin mensuel d’information de 4 pages distribué aux élites et de nombreuses réceptions dans la demeure de Louveciennes dans la grande tradition de l’époque.

    Michel de Grèce, neveu du comte de Paris, qui dans son adolescence a vécu à Louveciennes, relate ces soirs de réception dans ses « Mémoires insolites ». « Les dîners de Louveciennes formaient un des pivots de l’action de mon oncle.

      

    Deux fois par semaine, le mardi et le jeudi, il réunissait environ une quarantaine de convives, des ministres, des politiciens de l’opposition, des chefs d’entreprise, des banquiers, des hauts fonctionnaires, des cardinaux, des académiciens, des ducs. (…) A leur descente de voiture, les invités étaient reçus par les chefs de bureau de mon oncle, MM Delongrès-Moutier et Longone.

      

    Ils traversaient le hall orné du fameux tableau d’Horace Vernet représentant Louis-Philippe et ses fils à cheval devant le château de Versailles, qui faisait face au Louis XIII en pied par Champaigne.

      

    On leur servait l’apéritif dans le grand salon sous le nez du duc d’Orléans par Ingres, de la princesse de Joinville par Winterhalter et de la duchesse de Mecklembourg. (…)

      

    Se trouvaient réunis par exemple pour un soir le nonce du pape, Mgr Marella ; Valéry Giscard d’Estaing ; Maurice Schumann ; le duc et la duchesse de Brissac ; un autre duc, académicien de surcroît, celui de Castries ; Albin Chalandon et sa femme, la superbe Salomé Murat, sculpturale dans une robe rose ; le président de la Shell et son épouse, cette illustre figure mondaine qu’était Lady Detterding ; le général Catroux et son épouse surnommée « la reine Margot ».

     

    Le dîner annoncé, nous passions dans la salle à manger où les invités admiraient alignés sur les murs, les gouaches de Carmontelle représentant le duc d’Orléans avec sa famille et les membres de la Cour, ainsi qu’un extraordinaire dessin colorié d’Angelika Kauffmann figurant Philippe Egalité sans sa perruque.

      

    Le service était dirigé par le maître d’hôtel, le grand et beau Roger, qui portait avec les autre membres du personnel la livrée Orléans : boutons d’argent aux armoiries et les trois couleurs bleu-blanc-rouge.

      

    Une légende accréditée par la famille soutenait que ces couleurs de la maison d’Orléans avaient inspiré le drapeau tricolore. »

    Michel de Grèce évoque également une autre soirée avec des convives comme Pierre et Hélène Lazareff, des voisins, les Bleustein-Blanchet, propriétaires de Publicis, Marcel Pagnol, Joseph Kessel…

     

      

    Il arriva également au cours de ces soirées, après le dîner, que le comte de Paris, lors d’une actualité politique brûlante, emmena les messieurs dans son bureau pour en discuter.

      

    Michel de Grèce ne nous fait malheureusement pas partager la teneur de ces entretiens, car encore adolescent, s’il lui était permis d’assister au dîner, ce qui fut pour lui « une école incomparable », il n’était pas convié à ces réunions restreintes.

      

    Les femmes en étaient également exclues.

      

    Ainsi la comtesse de Paris, si elle participait aux soupers, était cantonnée à un rôle purement ornemental ; si elle avait l’audace de manifester quelques velléités pour participer aux échanges, elle était rapidement rappelé à l’ordre par son mari, très mufle :

      

    «Bébelle, tais-toi, tu n'y connais rien. ».

      

    Vers minuit, rituellement, le comte se levait et, pour signifier que la séance était terminée, prononçait la phrase rituelle :

      

    « Mesdames, Messieurs, je ne vous retiens pas. »

      

    La répétition des réceptions ne devait pas toujours être passionnante, elle pouvait engendrer une certaine lassitude comme ce soir où, en remontant l’escalier, le comte avoua à son neveu :

      

    « Etre prétendant, c’est être commis voyageur. »



    Michel de Grèce fait également état d’une visite du roi du Maroc, Mohammed V, revenu d’exil après avoir été déposé et exilé à Madagascar. Le comte de Paris s’était dès le début démené en sa faveur.

      

    « Aussi, lorsqu’il passa à Paris, Mohammed V lui rendit visite.

      

    Ce déjeuner suscita une excitation extrême à Louveciennes. Toute la famille royale marocaine débarqua. Les tailleurs gris trop serrés et les talons hauts des princesses leur seyaient peu. Le prince héritier, futur Hassan II, apparut en treillis.

      

    Quant au sultan, il craignait le froid en cet automne pluvieux et avait demandé une chaufferette sous la table afin d’y poser ses pieds lorsqu’il quittait ses babouches blanches. Il mangeait délicatement, il parlait peu, il manifestait une courtoisie de grand seigneur d’un autre âge, mais sous la douceur perçait l’autorité.»

    Au printemps 1958, le régime de la IVème République, incapable de résoudre « la question algérienne », était à l’agonie. En mai, le soulèvement des généraux appuyé par la population européenne d’Alger se dressa contre le gouvernement. On craignit un débarquement des parachutistes à Paris.

      

      

    A Louveciennes, Henri d’Orléans « se montrait profondément inquiet, au point qu’il avait préparé un plan pour le faire sortir lui et la famille hors de France à peine les chars seraient-ils apparus dans les rues de Paris. ».

      

    La suite est connue. Le général de Gaulle arriva au pouvoir, le comte de Paris se proclama un « partisan inconditionnel ».

      

    Les dîners à Louveciennes se poursuivirent « mais désormais, plus question de recevoir des représentants de l’opposition. Mon oncle se limita à nourrir les gaullistes à tous crins.

      

    Les agapes en perdirent de leur saveur, car on n’entendit plus qu’un concert de louanges parfois assez fades monter vers le grand homme. » ( source: louveciennestribune.typepad.com )

     

    http://www.la-couronne.org/blog/2/

     

     

     

     

     

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  • Varennes, 20-25 juin 1791.

     

    La fuite de la famille royale et la fin de la monarchie

    La fuite de Louis XVI et de sa famille dans la nuit du 20 au 21 juin 1791 n’est pas qu’un des multiples rebondissements de la période révolutionnaire. Ses conséquences en font un des épisodes cruciaux de la Révolution. Un événement charnière qui va ternir l’image du roi et contribuera au renversement de la monarchie.

    Après son installation forcée aux Tuileries, le 6 octobre 1789, la famille royale n’est plus vraiment libre de ses mouvements. Surveillée de près, ses sorties sont contrôlées.

    Le 19 février 1791, le départ pour Rome des tantes de Louis XVI, inquiètes des lois anti-religieuses, jettent la suspicion sur la famille royale.

     

    Comme l’année précédente, Louis XVI souhaite passer la Semaine Sainte puis la belle saison avec sa famille au château de Saint-Cloud. Il fixe le départ au 18 avril.

     

    Aussitôt connue la nouvelle de ce projet, les milieux révolutionnaires affirment que le Roi veut quitter Paris pour faire ses Pâques avec un prêtre non assermenté. Au moment du départ, une foule hostile entoure le carrosse et l’empêche de partir. La famille royale doit donc rentrer aux Tuileries. En montant les marches du perron, Marie-Antoinette lance aux grenadiers : «Vous avouerez à présent que nous ne sommes pas libres !»

     

     

     
     
    L’arrestation de Louis XVI et de sa famille à Varennes chez l’épicier et procureur Jean-Baptiste Sauce

     

    Comme le lui avait conseillé Mirabeau, décédé le 2 avril 1791, et encouragé par le comte suédois, Axel de Fersen, Louis XVI décide de rejoindre le quartier général du marquis de Bouillé, à Montmédy, près de la frontière du Luxembourg. Il sait que les troupes du marquis lui sont fidèles.

    Un plan est échafaudé : il consiste à se faire passer pour l’équipage de la baronne de Korff (la marquise Louise-Elisabeth de Croÿ de Tourzel, gouvernante des enfants de France), veuve d’un colonel russe qui se rend à Francfort avec deux enfants (le Dauphin et Marie-Thérèse), une gouvernante, Mme Rochet (la reine), un valet de chambre (le roi) et trois domestiques (des gardes du corps du roi).

     

    Une berline est spécialement commandée pour cette équipée. La fuite est d’autant plus délicate qu’une domestique fait courir des rumeurs sur une éventuelle fuite de la famille royale. La surveillance est renforcée, des gardes dorment à même le sol devant les portes des appartements royaux. Malgré toutes ces précautions la famille royale parvient à sortir des Tuileries. La berline passe la Barrière Saint Martin (actuelle rotonde de la Villette) vers 1h20.

     

    Commence alors un voyage qui doit se conclure par la prise en charge de la famille par les troupes du marquis de Bouillé mais qui ne sera qu’une longue suite de contretemps et de malentendus. La berline royale prend beaucoup de retard sur l’horaire prévu.

     

     

    Dans la soirée, elle arrive à Sainte-Ménehould, en Champagne, où un détachement de hussards envoyé par le marquis de Bouillé doit assurer sa protection. La berline repart sans son escorte mais le maître de poste, Drouet, qui a reconnu Louis XVI, devance la berline par des chemins de traverse et parvient à l’étape suivante à Varennes-en-Argonne. Il alerte les habitants et le procureur de la commune, l’épicier Sauce. Ce sera la fin de l’équipée.

     

     

    La même nuit, le comte de Provence, futur Louis XVIII, quitte la France en suivant un autre itinéraire qui le conduit aux Pays-Bas autrichiens sans incident.

      

      

    La découverte du départ du roi à Paris

    Dès la découverte de la fuite du roi, c’est l’effervescence mais également l’inquiétude à Paris. Lafayette, Bailly et Alexandre de Beauharnais (le mari de Joséphine et président de l’Assemblée), se concertent et se mettent d’accord pour affirmer que le roi avait été «enlevé».

     

     

    L’annonce du départ de la famille royale est faite en début de séance. M. de Laporte, intendant de la liste civile, apporte à l’Assemblée un document (le «testament politique de Louis XVI», retrouvé en 2009) que le roi a rédigé et dans lequel il explique les raisons de son départ. Le 22 juin à 22 h, on apporte la nouvelle de l’arrestation du roi. Trois commissaires sont nommés pour ramener la famille royale à Paris : Barnave, Pétion et Latour-Maubourg.

     

    Le 23 juin, commence le retour de la famille royale à Paris. Un trajet long et difficile, ralenti ou interrompu par des manifestants qui lancent aux fugitifs injures et quolibets. A Paris, on avait affiché dans les rues : «Quiconque applaudira Louis XVI sera bâtonné ; quiconque l’insultera sera pendu». C’est donc dans un lourd silence que le roi retrouve la capitale dans la soirée du 25 juin. Le cortège passe au milieu d’une haie de gardes nationaux portant leurs crosses de fusils à l’envers.

     

     

     
    Le retour du roi à Paris

     

    Le prestige du roi ébranlé

    La fuite manquée du roi marque un tournant dans la Révolution. La confiance dans sa sincérité et son acceptation de la Révolution sont mises en doute. Cette situation pose un redoutable problème politique aux partisans de la monarchie constitutionnelle car l’on soupçonne le roi de collusion avec l’étranger, voire de trahison. Le roi est suspendu et l’Assemblée va admettre la théorie de l’«enlèvement» du roi pour sauver ce qui peut l’être. Mais l’histoire va s’emballer.

    Alors que la majorité de l’Assemblée tente de minimiser les conséquences du départ du roi, le principe monarchique commence à être remis en cause et certains parlent même ouvertement de République, une idée jusque-là très minoritaire. Mais les clubs commencent à s’agiter, sur fond d’agitation sociale engendrée par la loi le Chapelier du 14 juin interdisant toute association d’ouvriers et tout mouvement de grève.

    Le 16 juillet, suite à une pétition du Club des Cordeliers demandant la déchéance du roi, les modérés du club des Jacobins font une scission et fondent le club des Feuillants. Seule, une dizaine de députés, dont Robespierre, reste au club. Le 17 juillet alors que la foule afflue au Champs-de-Mars pour signer la pétition, un incident provoque une fusillade qui fera plusieurs dizaines de victimes. Le fossé entre les classes populaires et l’Assemblée ne fera, dès lors, que s’agrandir.

    La Constitution, discutée pendant tout l’été, est votée le 3 septembre et acceptée par le roi le 14, qui vient prêter serment devant l’Assemblée. L’Assemblée constituante considérant sa tâche comme achevée décide de se séparer le 30 septembre en précisant que ses membres seraient inéligibles à la nouvelle Assemblée législative. Pour beaucoup, la Révolution est terminée. La monarchie constitutionnelle semble bien installée, l’idée de République oubliée. Du moins le croit-on.

    La chute de la royauté

    Les mois qui suivent vont pourtant conduire à l’effondrement de la monarchie. La déclaration de guerre au «roi de Hongrie et de Bohême» (l’empereur d’Autriche), votée le 20 avril 1792, est souhaitée ouvertement par les Girondins, secrètement par le roi et combattue par Robespierre. Les défaites successives des armées françaises, les émigrés regroupés près des frontières, les rumeurs de trahison, vont créer une véritable ambiance de psychose.

     

    Une première journée insurrectionnelle a lieu le 20 juin. Les sans culottes parisiens investissent l’Assemblée législative et les Tuileries pour forcer le roi à retirer son veto sur la déportation des prêtres réfractaires et la formation d’un camp de fédérés à Paris. Louis XVI accepte de coiffer le bonnet phrygien et de boire à la santé de la nation mais ne cède pas.

     
     
     
     L’assaut des Tuileries

     

    Le 5 juillet, l’Assemblée déclare la nation «en danger». Les volontaires et fédérés affluent à Paris pour rejoindre l’armée. La Commune de Paris décide d’en finir avec la monarchie. Le palais des Tuileries est pris d’assaut dans la matinée du 10 août par 15 à 20 000 insurgés. 950 gardes suisse, 200 gentilshommes et 2000 gardes nationaux assurent sa défense.

     

    Le roi et sa famille se réfugient à l’Assemblée. Louis XVI ordonne le cessez-le-feu. 600 gardes suisses seront massacrés, le chef des gardes nationaux, Mandat, est assassiné par ses propres troupes.

    Le roi est suspendu, la famille royale est installée au palais du Luxembourg puis transférée au Temple le 13 août. Début septembre, sans-culottes et populace massacrent plus de mille détenus à Paris, des centaines en province. Une nouvelle Assemblée, la Convention, est élue au suffrage universel masculin à deux degrés. Elle proclame la République le 21 septembre. C’est la fin de la monarchie.

     

     

    Bibliographie :

    Mona OZOUF. Varennes. La mort de la royauté. 21 juin 1791. Trente journées qui ont fait la France, Gallimard, 2005.
    Marcel REINHARD, La Chute de la Royauté. 10 août 1792. Ces journées qui ont fait la France, Gallimard, 1969.
    Timothy TACKETT, Le Roi s’enfuit. Varennes et l’origine de la Terreur, La Découverte, 2004

     

    http://histoire.fdesouche.com/2311-varennes-20-25-juin-1791-la-fuite-de-la-famille-royale-et-la-fin-de-la-monarchie-2

     

     

     

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    Photos 1 et 2 : pièce des Bains de Marie-Antoinette mise en scène par l'artiste belge Isabelle Borchgrave. Entièrement réalisés en papier, les tentures et les personnages évoquant un moment d'intimité de la Reine sont inspirés de gravures d'époque. Photo 3 : le cabinet de chaise de Louis XV. Photos 4 et 5 : escaliers menant à l'entresol où se trouvent les réservoirs d'eau.

     
      
    A l'occasion de la conférence intitulée "L'art de vivre à Versailles au XVIIIe siècle", les élèves ont pu pénétrer dans l'intimité des rois. Il y a tant de portes du Château qui restent fermées au grand public, tant de portes qui font rêver les visiteurs qui ont entendu parler des escaliers secrets qu'elles dissimulent.

    C'est une de ces portes donnant sur le Cabinet du Conseil qui s'est ouverte pour eux, laissant apparaître la sixième salle de bain de Louis XV. Très confortable pour l'époque, elle présente une tuyauterie en cuivre encastrée derrière les lambris, amenant l'eau contenue dans des réservoirs à l'entresol, chauffés par un brasier et munis d'une bouche d'aération évacuant la vapeur !
     

    Poursuivant leur parcours, ils ont découvert la Pièce des Bains réalisée pour Marie-Antoinette en 1782. Située dans le Petit Appartement de la Reine, au rez-de-chaussée du corps central, cette pièce vient d'être restaurée. Inaugurée quelques jours auparavant, les élèves ont pu découvrir ce lieu qui a fait l'objet d'une restauration d'un tout nouveau genre dont la presse locale et nationale s'est fait l'écho. Attention cependant, la nouvelle mise en scène financée par la Société des amis de Versailles n'est accessible à la visite que par le biais de visites-conférences.
     
     


     
    L'art de vivre, s'exprime aussi à travers le mobilier, qui prend alors un véritable essor, à un moment où le roi et ses proches recherchent le confort et l'intimité. Ce fut l'autre versant de cette conférence passionnante.

     
     

    HYGIENE A LA COUR

    Contrairement aux idées reçues, l'hygiène n'est pas absente à Versailles. La reine Marie-Antoinette par exemple prenait un bain quotidien. Dans ses Mémoires, Mme Campan, première femme de chambre de la reine, nous donne de précieux renseignements. Comme toutes les femmes de son époque, elle se baignait habillée :
      
    "La reine se plongeait dans le bain avec une grande chemise de flanelle boutonnée jusqu’au bas et dont les manches, à l’extrémité ainsi que le collet, était doublés de linge. [...] Lorsqu’elle sortait du bain, la première femme de chambre tendait un drap élevé pour la séparer entièrement de la vue de ses femmes, elle le jetait sur ses épaules. Les baigneuses l’en enveloppaient et l’essuyaient complètement.
      
    Elle passait une très grande et très longue chemise ouverte et entièrement garnie de dentelles, de plus un manteau de lit en taffetas blanc qui lui recouvrait les épaules. On lui apportait ses pantoufles de basin garni de dentelles."
     
     


    "Au XVII siècle, on avait peur des bains car on croyait qu'ils apportaient des maladies. Le roi en prenait rarement, après la chasse ou la guerre. Cependant Louis XIV était propre : on lui frottait le corps avec une toile parfumée et il changeait de chemise cinq fois par jour. Les domestiques lui apportaient sa chaise percée. Il y faisait ses besoins en public, comme toutes les cérémonies"
    Achille Baucher 4°6

    "Les bains étaient plutôt rares jusqu'à la fin du XVII. Le roi se parfumait beaucoup pour cacher son odeur corporelle. On pensait que l'eau chaude ramollissait la peau et laissait entrer les bactéries. Les salles de bain sont toutes carrelées et basses de plafond pour laisser la place aux réservoirs d'eau et au réseau de tuyaux."
    Julie Stonina 4°6

    "On n'aimait pas le contact froid du métal et un léger drap de bain recouvrait toute la baignoire. On se lavait habillé d'une chemise. Après le bain, il était recommandé de s'allonger sur un lit de repos comme on peut le voir dans la salle de bain récemment reconstituée de Marie-Antoinette."
    Mathilde Bachelier 4°6

     
     
     

    MOBILIER

    "Au XVIII siècle, le mobilier est conçu en harmonie avec la pièce. Le confort du siège dépend du rang. Sur les sièges destinés aux femmes, on place un coussin pour qu'ils soient plus confortables. Les femmes s'installent aussi sur des sortes de prie-Dieu pour regarder les hommes jouer."
    Paul Réardon Lépine 4°6

    Les sièges ne sont pas les seuls concernés par cet essor du mobilier. Commodes et bureaux connaissent également un grand développement : on en connaît de célèbres exemples comme le bureau à cylindre de Louis XV ou le bureau sur lequel fut signé le Traité de Versailles que les élèves ont pu voir exposé dans la Galerie des Glaces à l'occasion de l'Exposition sur le mobilier national. On voit aussi apparaître de nouveaux types de meubles qui répondent à de nouveaux besoins : mobilier de toilette ou mobilier pour le jeu.*
     
     
     
     http://www.clg-jprameau-versailles.fr/index.php?post/2012/01/30/L-art-de-vivre-%C3%A0-Versailles-au-XVIII-si%C3%A8cle
     
     
     
     
     
     
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    Si la marche et la lecture solitaire sont des marqueurs de la recherche d’un épanouissement personnel, qui n’a plus que faire d’attitudes démonstratives, ce ne sont pas les seuls.

    Depuis la Renaissance, les manuels dits de civilité (de savoir-vivre) ont de plus en plus insisté sur le positionnement du corps dans l’espace. L’essentiel étant de dérober son corps au toucher et au regard des autres, on a ainsi progressivement banni les embrassades et les courbettes excessives, le but étant certes de ne pas se faire oublier, mais sans s’imposer. Cette nouvelle approche du corps, conçu comme à soi, induit la grande innovation du siècle qu’est la toilette faite dans le secret d’une pièce privée.

    Jusqu’au milieu du XVIIIe siècle, l’eau était considérée comme dangereuse. Elle l'était certes sous l’influence des religieux, qui redoutaient une auto complaisance érotique dans le bain, mais aussi sous celle des scientifiques qui étaient également très réticents devant un usage inconsidéré de l’eau, dans les ablutions, mais plus encore dans les bains. Bordeu, un médecin du XVIIIe siècle, disait en effet avoir connu des individus vigoureux, détruits par l’hygiène :

    « La peau s’était nettoyée, les émanations et la transpiration fortes s’étaient détruites, mais tout ce qui caractérise le sexe était éteint. »

    On ignorait donc l’usage de l’eau, sauf pour le visage et les mains, et on lui préférait la toilette sèche, qui consistait en un essuyage avec de l’alcool ou du parfum. Le linge de corps, qu’on ne changeait pas, avait du reste cette fonction d’essuyage. La netteté se concentrait en revanche sur les parties visibles : on secouait de temps en temps les vêtements pour en ôter la poussière, mais col et poignets devaient être impeccables.

     

     

    Dans la seconde moitié du XVIIIe siècle, les choses évoluent : le docteur Tronchin recommande, outre la marche et des repas frugaux, la toilette à l’eau froide. Or Nicolas Le Floch suit cette règle, lui qui a coutume de se laver tous les matins à grande eau, si possible à la fontaine de la cour et « dans sa natureté ».

    Il devient aussi de bon ton d'avoir son propre cabinet de toilette, voire sa propre salle de bains. Certes le moment du bain n’est pas forcément intime pour autant : Louis XV, qui possédait une salle de bain avec deux baignoires – l'une pour se savonner, l'autre pour se rincer (cf. L’Affaire Nicolas Le Floch) – prenait encore son bain en public. Mais les particuliers se dotent peu à peu du même confort dans un espace privé donnant sur leur chambre, ce que ne manque pas de souligner Jean-François Parot lorsqu'il mentionne, dans Le Crime de l'hôtel Saint-Florentin, qu'une salle de bain est attenante à la chambre à coucher du duc de La Vrillière.

      

    Portrait du célèbre docteur genevois Théodore Tronchin (1709-1781), gravé par Robert Gaillard, d'après Jean-Étienne Liotard.

    Quand on ne dispose pas de ce confort, il y a les bains flottants avec leurs cabines individuelles, ceux-là mêmes dont il est question dans Le Crime de l'hôtel Saint-florentin. On y offre aux clients des serviettes, du savon à la bergamote et des mules.

    « On y disposait d’une baignoire en cuivre, d’un banc, d’un guéridon où une bouteille attendait dans un rafraîchissoir, d’une toilette et d’une chaise longue », écrit Jean-François Parot.

     

    Bien qu'ils datent du XIXe siècle, ces dessins – de S. Frisch et de Civeton – peuvent donner
    une idée des barges de bains flottants qui sont au centre
    de l'énigme du Crime de l'Hôtel Saint-Florentin.

     

    La toilette intime, dont on ne parlait pas jusque là, devient dès lors le sujet de peintures.

    On voit ci-contre deux tableaux mettant en scène cette toilette. Le premier est de Watteau (1717-1718). Le second – que vous verrez apparaître en survolant le premier avec la souris – est de Boucher (1742 ?).

    Chez Watteau, la toilette se fait avec l'aide d'une domestique alors que chez Boucher, la posture est plus individualisée.

    Le bidet, appelé grivoisement " pièce d’eau des cuisses", est du reste une invention du XVIIIe siècle. Il est utilisé par les courtisanes dans les maisons closes raffinées, comme celle de la Gourdan, mais aussi par les aristocrates (Mme de Maintenon, la du Barry, Marie-Antoinette). Lié à l’intime, il ne doit pas se voir : d’où la nécessité d’une pièce spécifique comme le cabinet, la garde-robe ou, à défaut, la chambre.

    On assiste à la même mutation pour la chaise percée qui sera reléguée dans le secret d’une pièce, les retraits.

    Le souci de ne pas s’exhiber conduit aussi à l’utilisation de nouveaux parfums, plus discrets. Le parfum devait jusque là être fort pour masquer les odeurs corporelles, comme l’encens masque l’odeur des morts dans les cryptes. On préférait d’ailleurs les odeurs animales, qui entêtaient, comme le musc, l’ambre ou la civette. Au milieu du XVIIIe siècle, on recherche, là comme ailleurs, le naturel.

    Comme le souligne Jean-François Parot, les vers de Voltaire sur Richelieu faisaient le bonheur du tout Paris :

    « On doit quand Richelieu paraît dans une chambre / Bien défendre son cœur et bien boucher son nez. »

    Dans la série, l'odeur de Richelieu devient d'ailleurs un leitmotiv. Elle dérange Nicolas dans Le Crime de l’hôtel Saint-Florentin comme elle avait irrité La Borde dans L'Affaire Nicolas Le Floch :

     

     

    « Au moment d’entrer dans la salle […] une odeur acre et douceâtre à la fois de musc, parfum et poudre saisit [Nicolas] aux narines avant qu’une main griffue ne lui enserre l’épaule. À ce fumet, il reconnut le maréchal de Richelieu. »

      

    L’article « Parfum », dans l’Encyclopédie ou Dictionnaire raisonné des sciences, des arts et des métiers de Diderot et d’Alembert, est clair :

    « Autrefois les parfums où entraient le musc, l’ambre gris et la civette, étaient recherchés en France, mais ils sont tombés de mode, depuis que nos nerfs sont devenus plus délicats. »

    La senteur animale dénonce l’homme du peuple ou la personne sans savoir-vivre. "L’élégant n’exhale point l’ambre", note Mercier et Casanova manque de défaillir à l’apparition de la vieille duchesse nymphomane qui sentait le musc à vingt pas :

    « Une odeur infecte de musc qui me parut cadavéreuse faillit me faire trouver mal. »

    La mode est donc aux parfums végétaux, frais, subtils et discrets, comme le bois de rose et de cèdre, l'iris, la fleur d'oranger, la rose, le jasmin, la jonquille, la tubéreuse, et autres fleurs odorantes, mais aussi des senteurs aux fruits. Or, dans L’Affaire Nicolas Le Floch, Julie de Lastérieux use « d’essences particulières, bergamote ou cédrat, dissoutes dans l’alcool ».

    Ci-dessus, un nécessaire à parfums du XVIIIe siècle
    contenant deux flacons en verre et un entonnoir.

    On n’utilise pas non plus le parfum à profusion. Julie de Lastérieux est encore l’illustration même de cette mutation, qui s’opère dans le XVIIIe siècle finissant : elle use en effet du parfum avec parcimonie afin – écrit Jean-François Parot – de « laisser percer l’atmosphère individuelle, révélatrice de l’unicité du moi ». Exhaler un puissant parfum, c’est en effet laisser supposer une propreté douteuse : le musc engendre le soupçon. Il faut, dans l'usage du parfum comme dans les gestes, signaler sa présence sans l’imposer.

    On opte aussi, dans l'intimité, pour des vêtements plus confortables, telles la robe de chambre en perse fleurie de M. de Noblecourt ou celle d’indienne de La Borde. Dans Le Cadavre anglais, la reine elle-même reçoit Nicolas « en chenille et décoiffée ».

     

    http://www.nicolaslefloch.fr/Vie-Paris/l-intimite-au-18e-siecle-3.html

     

      

      

      

      

     

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  • La chasse aux mauvais propos

     

    Au XVIIIè siècle, avant la Révolution française, le peuple effraie.

      

    Cette masse mouvante, inculte et misérable qui sillonne la France d'une ville à l'autre, d'une campagne à l'autre, à la recherche d'emplois saisonniers est soupçonnée d'être la cause de tous les troubles et de tous les dangers.

      

    Dans cette société extrèmement hierarchisée, point trop de salut pour le pauvre; son seul recours est Dieu, mais dans la mesure ou Dieu a décidé de sa condition...?

      


    Le peuple, au bord de la misère, souvent taxé "d'imbécillité", est sous surveillance constante.

      

    On craint son effervescence, ses humeurs, ses colères, "pour les contemporains, la foule est femelle, donc basse, passionnelle et dépourvue de pensée" (Arlette Farge).

      

      

    Le peuple, lui, craint, à juste titre, la justice: pas d'avocats pour sa défense, pas de code national pour déterminer les délits et la nature des peines.

      


    La France est régie par des coutumes, des juridictions seigneuriales, ec

      

      

    clésiastiques ou parlementaires, qui varient d'une province à l'autre. Un pays sans droit unique .

      

      

    L'arbitraire est roi, et pourtant, des philosophes, des hommes éclairés réflechissent à la justice et à son fonctionnement, d'abord timidement, par peur de la censure et de l'embastillement, puis parleront bientôt d'égalité, de liberté, mais sans vraiment repenser le système pénal, sauf dans les dernières années du siècle.

    En attendant, la population, objet de toutes les craintes royales, est sous contrôle. Paris, plus particulièrement, est surveillé. Pour l' "assainir", on piste les prostituées, mais aussi les juifs, les étrangers, les livres suspects. Des officiers de police assermentés ou des "mouches"
      
    (mouchards payés par la police et souvent connus de la population) se placent dans des endroits clés (églises, tavernes) écoutent les propos de la populace et les consignent par écrit.
     
     
    Critiquer dans une taverne ou sur une place publique le roi, ses ministres, pester contre les fermiers généraux, contre la vie chère ou le prix de pain est considéré comme des "mauvais propos", leurs auteurs sont pourchassés, arrêtés et internés soit à la Bastille, soit à Bicêtre pour les hommes ou à la Salpétrière pour les femmes "lieux d'horreur et de misère (Sébastien Mercier), où les déments côtoient les prostituées, les mendiants..
      

    Une façon pour le roi d'humer l'air du temps et de se tenir au courant de l'état de "santé" de sa nation...

    A lire , "Condamnés au XVIIIè siècle" d'Arlette Farge paru aux Editions Thierry Magnier.
    Un livre passionnant (dont je n'ai donné ici qu'un tout petit aperçu) qui analyse avec rigueur et sensibilité cette "justice" et cette société du XVIIIème.

     

     

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  • Intimité et XVIIIème

     

     

     

      
      
    Au XVIIIe siècle, vie mondaine oblige, on se couche tard, quelquefois à l'aube. Récite-t-on comme au siècle précédent ses prières, son Pater, son Ave et son Credo, suivies d'un examen de conscience ? Sûrement.
      

     
    En tout cas, au XVIIIe, on se lave. Plus question de faire une toilette "sèche" (s'essuyer simplement le corps avec un linge blanc) ou de se laver seulement les mains avec de l'eau parfumée
     
    ( (des mains sales manquant de distinction).
     
    Au XVIIIe, avant de se coucher, on fait une toilette du soir. On se lave le visage avec de l'eau afin de "déhâler le teint ", on peut "écraser quelques fraises sur ses joues, les laisser sécher pendant la nuit et le lendemain se laver avec de l'eau de cerfeuil. Alors la peau devient belle, fraîche et luisante".
     
    Plus question comme au XVIIe, afin de préserver sa coiffure si compliquée, de dormir avec une coiffe de taffetas graissé, doux repaire des poux et du prurit.
    Après s'être longuement brossé les cheveux, on les enroule dans des papillotes que l'on enserre dans un bonnet appelé "dormeuse". Et l'on prend l'habitude de porter une chemise de nuit.
     
     
     
    Ou plutôt une "chemise conjugale" percée d'un petit trou judicieux permettant aux époux de remplir leur devoir.
     
    Puis, après s'être assuré qu'une collation, en cas de fringale nocturne, en général du bouillon, est posée sur la petite table de chevet et que le vase de nuit, appelé "bourdaloue" *, se trouve à disposition, on se glisse dans le lit, souvent encastré dans une alcôve qui retient la chaleur.
     
     

    Ci-dessus, un nécessaire à parfums du XVIIIe siècle
    contenant deux flacons en verre et un entonnoir.

     
     
    Un lit confortable et sophistiqué : pas moins de trois matelas de laine et de plume, des draps, des traversins, des oreillers, des couvertures et une courtepointe.
     
    Ensuite, on éteint la bougie avec les mouchettes, petites pinces en ciseaux permettant d'écraser la mèche ou avec un éteignoir de forme conique qui étouffe la flamme.
    Et ensuite... on rêve.
     
    Au XVIIe, on masquait la crasse du visage considérée comme protectrice sous des couches de fards , on inondait de parfums violents le corps, après l'avoir purgé et abondamment saigné et surtout on fuyait l'eau qui " en dilatant les pores de la peau", était perçue comme le vecteur de toutes les épidémies.
     
    La seule hygiène, au XVIIe, consistait finalement en l'épouillage (tant la vermine abondait).
     
    La propreté commence dans la seconde moitié du XVIIIe. L'eau n'effraie plus, on s'interroge même sur ses vertus thérapeutiques (pour soigner, par exemple, l'hystérie féminine... On prend un bain, et par là, on se repose...).
     
     
      
      
    C'est sous Louis XVI qu'arrive le règne de la baignoire, considérée comme un meuble de luxe.
     
    En marbre, en cuivre, en bois ou en tôle , en forme de cuve, de sabot ou en méridienne, la baignoire trône au milieu de la salle de bains.
      
      
    On peut prendre son bain seul et recevoir ses intimes pour y tenir conversation telle la Princesse de Genlis qui tenait des "bains salons"
      
    (tout en prenant soin de verser du lait dans l'eau afin de la rendre opaque.)
     
    On pouvait aussi prendre le bain à plusieurs, certaines baignoires étant assez grandes pour y recevoir quatre personnes. Inutile de dire que le thème du bain inspira maints peintres du XVIIIe...
     
    Et c'est aussi au XVIIIe que le bidet fit son apparition.. Mais là, c'est une toute autre histoire...

      
      
    * Bourdaloue : du nom du prédicateur de Louis XIV dont les sermons étaient tellement longs que les dames emportaient par précaution ce petit vase à la messe.
     
     
     
     
    Sources
    http://instants.over-blog.com/tag/Vie%20au%20quotidien/
     
     
     
     
     
     
     
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  • Ecole de Rosalba CARRIERA (XVIIIe siècle)

    Portrait de jeune femme au singe

     

      

    Pourquoi le XVIIIe siècle ?

    Siècle des Lumières, le XVIIIe siècle affirme une ouverture des esprits et un engouement pour la réflexion philosophique.

     

    C’est également un siècle fondamental pour la peinture française qui s’articule autour de trois courants picturaux : le rococo, le néo-classicisme et le romantisme.  

     

    roslin

    Femme ornant la statue de l’Amour – Ecole d’Alexandre Roslin : Galerie Clostermann

    Le rococo : l’illusion d’une société légère, gaie et décomplexée

    Alliance du style rocaille français et du baroque italien, le rococo se détache de l’austérité du classicisme pour plus de légèreté, de fantaisie et de gaieté. Dans un contexte incertain où la société fuit une réalité dérangeante, le rococo joue le maître de l’illusion. Fortement inspirée du théâtre, la peinture met en scène une société qui s’adonne aux plaisirs du corps et de l’esprit. Les fêtes galantes de Versailles font partie des thèmes de prédilection des peintres français. Watteau, Boucher, Fragonard théâtralisent un monde non pas réel mais idéalisé. L’Arcadie, les sujets galants, érotiques et libertins sont typiques du rococo imaginaire et fantaisiste.

     

     

     

    Le XVIIIe siècle est, selon l'expression consacrée, le "siècle des Lumières".

      Afficher l'image d'origine

    Ces belles lumières éclairent l'entendement humain depuis l'Antiquité et ne sont jamais aussi brillantes qu'au temps de Louis XV.

    Michelet aurait ouvert un cours au Collège de France par ces paroles :

      

    "Le Grand Siècle, messieurs, je veux dire le XVIIIe..."

    Afficher l'image d'origine  

    Tout au long de son existence, l'humanité s'est principalement occupée de son esprit et de son âme. D'où la place que tiennent les lettres, les arts et la religion, instruments majeurs de la connaissance spirituelle.

     

    Afficher l'image d'origine

     

    A la fin du siècle des Lumières, l'Europe parle français, sachant ou sentant que cette langue est la plus apte à explorer l'inconnu.

    Certes, le XVIIIe siècle se tourne également vers les sciences et découvre avec enthousiasme la notion de progrès, tant dans le domaine de la science que de la technique.

     

      

    Mais il restera pour toujours ce siècle de "la douceur de vivre" dont parle Talleyrand, douceur de vivre à laquelle contribuent maintes femmes, célèbres ou non, qui dansent, sans le savoir, au bord d'un volcan.

     

     

    Personne ne peut rester neutre face au règne de Louis XV car on y voit poindre la Révolution, dont la France est aujourd'hui l'héritière. D'où par exemple le contraste très vif entre les jugements portés depuis plus de deux siècles sur Louis XV et Louis XVI, sur Mme de Pompadour et Marie-Antoinette.

    Siècle intéressant qui, en dépit de son apparence aimable et frivole, est traversé de tensions violentes, de rancoeurs et de haines.

      

    Les témoignages d'époque sont marqués, plus fortement que jamais, par des préventions, et certains Mémoires sentent parfois le règlement de comptes. Les pamphlets, utilisés comme moyen de déstabiliser l'autorité royale, multiplient les accusations invérifiables, souvent calomnieuses.

     

      

      

    On peut donc trouver dans les textes tout ce qu'on veut et son contraire, le meilleur comme le pire et il est malaisé de faire le tri, d'autant que sur le XVIIIe siècle, les documents abondent, les travaux des historiens aussi.

    Ces textes fournissent en tout cas une mine de détails pour celui ou celle qui cherche à retrouver les façons de penser, de sentir et de vivre d'autrefois.

      

    Vie quotidienne anecdotique, dirait l'Histoire majuscule. Voire…

    "L'Histoire se sert de tout, d'une note de marchand, d'un livre de cuisine, d'un mémoire de blanchisseuse" écrit George Sand dans Histoire de ma vie.

      

    Et Taine regrettait que l'Histoire entrât trop dans les salons et pas assez dans les cuisines. Rien n'est insignifiant, ni la mode, ni les anciennes recettes de beauté, ni les us et coutumes.

      

    Mais, comme le dit si bien Daniel Roche, "nous ne pouvons juger alors qu'avec les yeux d'alors"...

      

      

    Remarque : les textes anciens font partie du domaine public.

     

     

    Il en est des même des illustrations.

      

    Si vous jugez toutefois que l'une d’entre elles ressort du domaine privé, je vous prie de m’en informer.

    Les citations d’ouvrages récents sont données avec leurs sources.

      

    Nul n’est censé ignorer le code de la propriété intellectuelle.

      

    Si vous remarquez une faute de frappe, merci de me le signaler.

    Ceci dit, je vous souhaite une belle promenade dans les bois de naguère...

     

     

    http://femmedeslumieres.canalblog.com/

     

     

     

     

     

     

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    Un procès en infâmie

    rubans et larmesEn janvier 1779, un quartier parisien, entre la Seine et Notre-Dame, est en émoi. C'est un quartier populaire où se côtoient domestiques, artisans, apprentis, où tout se sait, tout s'entend. La rue voit, la rue parle.

      

    Et en ce mois de janvier,elle parle surtout de la conduite scandaleuse d'Anne-Sophie, épouse Branchu, qui, de l'avis de tous, se comporte comme une débauchée.
     

      

    Bien que les époux soient séparés de corps et de biens depuis cinq ans, Branchu, marchand-ferblantier de son état, tient à sa réputation et à son honneur.

      

    Il tient aussi beaucoup à son commerce. Et à ce titre là, " Anne-Sophie est un danger économique pour son époux" (Arlette Farge).

    Excédé par ce libertinage effréné et fort de 17 témoignages, tous accablants et tous - étrangement- concordants, Branchu intente à sa femme un procès en adultère, crime très grave et "chose rare à l'époque" selon Arlette Farge, qui s'est plongée, avec un plaisir non dissimulé, dans les archives de ce procès, et dont l'étonnement grandit au fur et à mesure qu'elle feuillette "ces folios, écorchés, abîmés par le temps".

      

    Car les pièces d'accusation tracent non le portrait d'une ferblantière dévergondée mais celui d'une aristocrate libertine.

      

    Les témoins parlent de rubans, de bijoux, de goût du luxe, de débordement des sens, de volupté, de lits de roses, de liqueurs, de baisers reçus et donnés à la hâte. Anne-Sophie Branchu... une marquise de Merteuil, une madame de Parabère ?

      

    Arlette Farge mène avec gourmandise son enquête, je n'en dévoilerai donc pas la fin (étonnante), sachez seulement qu'Anne-Sophie fut un temps enfermée au couvent Saint-Michel puis dans la prison du Grand Châtelet où elle tomba très malade.

    Ce livre interpelle. Sur la condition de la femme mariée bien sûr, mais aussi sur le libertinage : était-il, au XVIIIe siècle, uniquement le fait du prince ou aussi celui du manant ?


    Si l'on en croit les écrits de plusieurs témoins de l'époque, que ce soit Casanova (relisons ses Mémoires!) ou Mercier (qui dénonce la généralisation de l’adultère à la veille de la Révolution), cette liberté des mœurs ne se limita pas à la classe dirigeante; elle se diffusa aussi dans les milieux bourgeois, dans le monde ouvrier des grandes villes et même dans le monde rural qui rivalisait plus fréquemment qu'on ne le croit avec la paillardise ou la licence nobiliaire.

      

    A cela, on peut hasarder quelques explications: outre "l'air du temps", la faute à ces mariages de convenance et d'intérêt dans lesquels l'amour n'était pas vraiment de mise, au nomadisme des travailleurs (quelquefois bigames) obligés pour des raisons économiques de se déplacer de ville en ville.


    Toutefois, la femme du peuple obéissait en général aux règles morales et évitait de transgresser les interdits religieux, car pour l'Église, l'adultère qu'il fut noble ou bourgeois, restait un crime capital, surtout pour la femme qui, "souillant de ce fait l'honneur du mari", était soit emprisonnée, soit, comme l'écrit en 1779, Claude Joseph de la Ferrière dans son "Dictionnaire de droit et de pratique ", perdait sa dot et ses conventions matrimoniales et devait être mise dans un couvent pour deux ans pendant lesquels il était permis à un mari de la reprendre.

      

    Ledit temps passé, elle devait y demeurer enfermée à perpétuité".

      

    La Ferrière ajoute: " on voit assez que cette punition est "pour la satisfaction du mari"...

      

    Car, que les accusations ou les arguments soient vrais ou faux, la rumeur, l'argent et la réputation jouaient un rôle essentiel dans ces procès longs et douloureux et qui, en effet, se terminaient la plupart du temps par la victoire du mari.


     

    Un ruban et des larmes

    Arlette Farge

    Editions des Busclats

      

      

    Superbe BLOG de Madame ARLETTE FARGE - Auteur

    http://instants.over-blog.com/tag/Vie%20au%20quotidien/

      

      

     

     

     

     

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    À la cour de Versailles, l'étiquette s'imposait. Toute rencontre s'assujettissait à des codes et des préséances. Le roi Louis XIV les respectait et veillait à ce que son entourage l'imite. Dans le petit univers du château, chacun cherchait à augmenter ses prérogatives en veillant à ce qu'aucun autre ne s'élève au-dessus des siennes, on s'épiait et se jalousait.

    L'étiquette versaillaise a perduré jusqu'à la fin du règne du roi Louis XVI.

     

      

      

    Hygiène 

    Au XVIIe siècle les courtisans ne bénéficiaient pas de commodités fixes comparables à celles d'aujourd'hui. Pour autant, et contrairement à ce qui est souvent rapporté, on ne se soulageait pas sous un escalier ou dans un endroit plus ou moins discret. Des porteurs mettaient à disposition des seaux pour assurer quelque commodité, moyennant une petite rétribution.

    De nombreuses mauvaises odeurs envahissaient par ailleurs le château :

    • les chevaux qui avaient galopé ainsi que la transpiration de leurs cavaliers.
    • les chèvres ou vaches que l'on amenait jusqu'aux appartements des princesses pour le lait.
    •  
    • les courtisans entassés qui se méfiaient de l'eau chaude que la Faculté considérait comme agent propagateur de maladies.

     

    •  

      

    Pour masquer ces odeurs fortes, on parfumait la crasse de patchouli, de musc, de civette, de tubéreuse etc. La diffusion des parfums se faisait par :

    • des soufflets
    • des pastilles à brûler.
    • des cassolettes contenant de l'eau de mille fleurs.
    • les gants parfumés que l'on se procurait chez le gantier parfumeur.

     

    •  

    Hebergeur d'image

      

      

    Les demoiselles masquaient leur mauvaise haleine avec des plantes aromatiques telles que cannelle, clou de girofle, fenouil, menthe, marjolaine, thym, pouliot, fleur de lavande ou mélilot. Madame de Sévigné décrivit la toilette de la duchesse de Bourbon qui se frisait et se poudrait elle-même tout en mangeant :

      

      Dress, 17th century

    «…les mêmes doigts tiennent alternativement la houppe et le pain au pot, elle mange sa poudre et graisse ses cheveux ; le tout ensemble fait un fort bon déjeuner et une charmante coiffure… ».

      

      

      

    Les poudres se dissimulaient dans les coffres à vêtement ou sur soi dans des sachets.

     

     

     

     

    Un appartement de bain fut installé par Louis XIV en 1675 au premier étage du château. À la fin de sa vie, le roi, surnommé le « doux fleurant », se parfumait à la fleur d'oranger et il fallait prendre garde en s'approchant de lui, à ne pas lui chagriner les narines avec un parfum qu'il ne supportait plus.

     

     

      

    Selon les guides et conférenciers de Versailles, le roi se lavait tous les jours, l'après-midi en rentrant de chasse.

    Les salles de bains comportaient deux baignoires :

      

    Hebergeur d'image

      

    l'une pour se savonner, l'autre pour se rincer. Le roi recevait pendant ses bains.

      

    Les cuves étaient en cuivre, tapissées de linge pour ne pas irriter la peau.

     

     

      

      

    Deux robinets pour l'eau chaude et froide étaient reliés à un énorme réservoir alimenté par des valets (appelés « baigneurs-étuvistes ») tous les jours.

      

    Au temps de Louis XIV, l'eau avait mauvaise réputation (il préférait pour son hygiène se frotter le corps avec un linge sec ou imbibé de vinaigre ou d'alcool, en toile - d'où le terme de toilette - tandis que Louis XV se faisait frotter avec un pain de Marseille), mais le château comptait de multiples salles de bain ; Louis XV en fit démolir plus de la moitié pour agrandir la chambre de sa fille.

      

    L'eau est extrêmement chaude, on se repose des « fatigues du bain » dans une autre pièce, la « chambre des bains » dans laquelle le roi se faisait masser et épiler. Les cheveux ne doivent pas être mouillés ; ils sont frisés au fer, coiffés pour être dégraissés. Il arrive que le temps manque pour la coiffure, alors on met la perruque.

      

    Les hommes se baignent nus, les femmes ont une chemise spéciale.

     

     

    Hebergeur d'image

     

    Les femmes aussi reçoivent pendant leur bain par leurs femmes de chambre, les « baigneuses » qui préparent le « bain de modestie » (sachets de poudre d'amande, d'écorces d'orange, de racines d'iris parfumant le bain et assouplissant la peau), la baignoire en cuivre de Marie-Antoinette étant par exemple garnie de trois coussins remplis de plantes, l'un pour s'asseoir, les deux autres pour se frictionner.

     

      

    Les parfums au XVIIe siècle

    Au temps où le tabac avait beaucoup de succès, on ne pouvait dire que l'hygiène était une préoccupation existentielle. Des coussins de fleurs séchées et des seringues à eau de parfum combattaient les odeurs importunes.

    Des pâtes parfumées en forme d'oiseau étaient suspendues au plafond. Pour changer l'atmosphère, on usait des pastilles à brûler mais aussi des soufflets et des aspersoirs.

    Chaque jour de la semaine avait son parfum et l'on disait que le Roi -Soleil et ses courtisans s'inondaient de senteurs pour masquer les fumets corporels.

    Ainsi rapportait-on que la reine Margot était "jambonnée comme un fond de poêle" et que les orteils expressifs de madame de Montespan l'avaient fait nommer "doux fleurant".

    Néanmoins, la corporation des gantiers parfumeurs fut soutenue par Colbert et Grasse devint le centre de la parfumerie européenne.

    Comme pour les siècles précédents, le parfum était utilisé pour lutter contre les épidémies. Ainsi, à Lyon, en 1628, pour enrayer les ravages de la peste, fut organisée par les parfumeurs une désinfection générale des placards. Ils pratiquèrent des fumigations à base de soufre, d'antimoine, d'orpiment et de camphre.

    C'est au milieu du XVIIe siècle, que fut inventée l'Eau admirable plus connue de nos jours sous le nom d'eau de Cologne.

      

    A base de citron, de bergamote, de bigarade, de néroli et de romarin, cette eau de toilette attribuée à Jean-Marie Farina fut appréciée plus tard par Napoléon.

     

    La toilette du matin  

     

    Elles le prennent le matin, le cérémonial de la toilette peut durer quatre heures pour la reine. C'est l'occasion de prendre des leçons de langue, de faire venir un professeur. Le bain n'est pas un moment de détente complète.

      

    Le petit déjeuner n'existe pas alors, les gens ont coutume de prendre une tasse de liquide chaud durant le bain. Marie-Antoinette prenait un thé au citron. Les femmes ne se mouillent jamais les cheveux elles non plus, elles les font peigner parfois pendant des heures pour les dégraisser.

      

      Hebergeur d'image

      

      

    Pendant le bain, elles les attachent avec une toile plus ou moins volumineuse appelée charlotte.

      

    Les salles de bains sont des petites pièces étroites, des cabinets dont la porte est discrète dans les murs de la chambre.

     

     

    Les vertus de l'eau étaient beaucoup moins reconnues au XVIe et au XVIIe siècle qu'au temps de Louis XVI. L'eau était porteuse de maladie ; certains courtisans ne devaient pas avoir accès tous les jours à une salle de bains. Ainsi les gens pratiquaient la toilette sèche ; on changeait de vêtement six à huit fois par jour.

      

      Late 17th century robe de cour

      

    Mode féminine

    Pendant longtemps, les femmes furent habillées par des tailleurs masculins, mais les couturières finirent par se faire reconnaître. Les plus connues furent Madame Villeuneuve et Madame Charpentier.

     

     

    La mode féminine quant à elle, était bien souvent dictée par les maîtresses royales. Les dames dépensaient alors sans compter pour leurs toilettes et affichaient leurs richesses sur la garniture de leurs jupes faites de brocarts d’or, damas, satin, velours, le tout surchargé de dentelles, passementeries, de prétintailles (découpes d'étoffes qui servaient d'ornement sur les vêtements féminins).

     

      

    Les falbalas (bandes d'étoffe froncées en largeur garnissant les toilettes féminines) firent leur apparition vers 1676 et les déshabillés, au sens de toilettes simples, non habillées, vers 1672.

     

     

     

     

    Les pièces principales de la toilette féminine se composaient de robes ou jupes accompagnées de corsets (appelés « grand corps »), une quantité impressionnante de tissus, de bout d'étoffes, de dentelles que l'on fixait dans la journée avec des épingles.

      

    La jupe de dessus était large et laissait entrevoir d'autres jupes plus étroites que l'on portaient en dessous.

      

    La première portait le nom de « modeste »,

      

    la seconde était la « friponne » et la dernière se nommait la « secrète ».

      

      

    Les deux jupes de-dessous étaient faites de tabis (sorte de moire de soie) ou de taffetas, celle du dessus par contre, était faites de velours, satins, soieries et autres moires.

      

    Cette dernière jupe était relevée légèrement sur le côté pour ainsi découvrir la seconde et se prolongeait par une traîne que l’on appelait « manteau » ou « queue ». Cette traîne déterminait, selon sa longueur, le rang d’une femme.

      

      

    Ainsi, une duchesse avait une queue de cinq aunes, une princesse de sang de six, une petite-fille de roi de sept, une fille de France de neuf et le maximum était pour la reine qui voyait sa robe se pourvoir d'une traîne de onze aunes.

    Le corset était une espèce de gaine, emboîtant la poitrine depuis le dessous des seins jusqu’à la dernière côte, s’arrêtant en pointe sur le ventre et fort serré à la taille. Il donnait un maintien extrêmement noble aux femmes, mais provoquait des accidents lorsqu'on le serrait trop. Il se voulait tantôt souple, tantôt rigide.

      

      

    Le décolleté, quant à lui, se voulait généreux, laissant entrevoir la naissance des seins, la forme ovale appartient au « grand habit », porté pour les cérémonies de lever par exemple, tandis que la forme carrée appartient à la « robe à la française », plus fantaisiste. Les manches étaient courtes et échancrées, parfois garnies de dentelles, appelées « petits bonshommes ». Le soir, les robes se paraient de satins et autres brocards. Le corps décolleté était serré à l'extrême pour rendre la taille très fine.

      

      

    D'où les malaises et évanouissements répétés des femmes de la cour. On put distinguer dans les années 1630 plus de cinquante nuances pour les bas de ces dames. Des couleurs aux noms extravagants telles que : « ventre de biche », « veuve réjouie », « trépassé revenu » et autre « baise-moi ma mignonne »…

    Le XVIIe siècle se vit dépourvu de sous-vêtements. Le caleçon que Catherine de Médicis avait réussi à implanter au sein de sa cour fut vite délaissé, ne prenant quelque importance que lors de promenades à cheval. Une femme de qualité se contentait d'un jupon ou d’une chemise de toile fine, ornée de dentelle d’Alençon, seules les courtisanes portent des dessous plus variés.

      

      

    Avant et après Catherine de Medicis, la femme de grande comme de petite condition se trouva entièrement nue sous ses vêtements, et il fallut attendre trois siècles après le caleçon pour voir apparaître la petite culotte.

    On vit les maîtresses de Louis XIV inventer la mode. Ainsi, Madame de Montespan lancera la robe pour femme enceinte. Une robe longue et sans ceinture que l'on appelait « l'innocente ». Les coiffures quant à elles, fort sages vers 1660 avec la frisure à la « Sévigné », devenaient de véritables œuvres d'art, allant au gré des tendances.

      

      

    La mode de « la frisure à la Sévigné » fut supplantée par l'« Hurluberlu », puis ce fut le tour de la coiffure « à la Fontanges ». La « Sévigné » consistait à se faire des boucles à l'anglaise et des frisures sur le front. L'« Hurluberlu » par contre exigeait un grand sacrifice de la part des galantes de l’époque, puisqu’il fallait couper les cheveux de chaque côté du visage et d'étages en étages dont on faisait de grosses boucles rondes.

      

      

    La coiffure terminée, on s’enveloppait la tête avec une pièce de crêpe ou de taffetas que l’on surnommait la coiffe. Cette coiffe se devait d’être assortie au reste de la toilette, ou bien être noire. Dans ce cas, elle se nommait « les ténèbres ». Par-dessus la coiffe, on posait deux cornettes, l’une faite de gaze et l’autre de soie (Les « barbes pendantes » sont deux tissus qui descendent du sommet de la coiffe, traditionnelle chez les femmes mariées).

    Cette mode fut radicalement éclipsée en 1680 avec l'arrivée de la coiffure à la "Fontanges". Mademoiselle de Fontanges, alors maîtresse de Louis XIV , galopant avec le souverain lors d'une partie de chasse, se prit les cheveux dans une branche d'arbre.

      

    D'un geste rapide, elle rattacha sa chevelure en la relevant sur le sommet de sa tête. Le roi, ébloui par cette vision, lui demanda de ne pas en changer.

      

      

      

    Le lendemain, la Fontanges était sur toutes les têtes. Une mode qui devait survivre plus de vingt ans après la mort de la jeune duchesse. Elle subit toutefois quelques modifications en prenant des tournures extravagantes, se bardant de fils de fer et prenant des hauteurs tellement démesurées que les armatures devaient être fixées par des serruriers. Par dessus ces montagnes de cheveux, on plaçait la coiffe et les deux cornettes, bordées de dentelles plissées, soit à la Jardinière, soit à la Marly.

      

      

      

    On pouvait alors distinguer sur les têtes de ces femmes des coiffures portant des noms aussi extravagants que leurs échafaudages tels que : le dixième ciel, la souris, le mousquetaire ou encore le firmament… Sous Madame de Maintenon, la simplicité et l’austérité furent de rigueur.

    Les coiffures redevinrent de simples chignons et étaient recouverts de mantilles. Les tailles s’alourdirent sous de grandes jupes à falbalas et les corsages furent moins ouverts, recouverts d'un petit nœud que l'on nommait « tâtez-y ». Une quantité d’accessoires devenaient indispensables tels que les mouches.

      

      

      

    Selon un code bien précis, et l’humeur de la courtisane, une multitude de mouches aux messages significatifs étaient à sa disposition. Le magasin À la perle des mouches se situant rue Saint-Denis à Paris, offrait une grande collection de ces ornements, on y trouvait

    « la passionnée » qui se posait près de l’œil,

    « la baiseuse » au coin de la bouche,

    « la coquette » sur la lèvre,

    « la galante » sur la joue,

    « l’effrontée » sur le nez, ou encore « l’enjouée »

    sur une pommette, « la discrète » sur le menton,

    « l’assassine » sous l’œil,

    « la tendre » sur le lobe de l’oreille, et pour terminer, « la majestueuse » sur le front.

    Hebergeur d'image 

     

     

    Parmi les autres éléments indispensables, il y avait les gants, d'Espagne de préférence. Ces derniers se devaient d’être fendus sur la main, ornés de dentelle d’or et délicatement parfumés, et devaient avoir été fabriqués dans les trois royaumes :

      

    la peau en Espagne, la taille en France et les coutures en Angleterre.

     

    Les écharpes de taffetas garnie de dentelles protégeaient de la pluie, Les manchons eux se portaient par temps froid. On en trouvait en satin, en peluche ou, plus souvent en fourrure. Rue Dauphine à Paris, se trouvait la Boutique du grand monarque.

      

    C’est là que les grandes dames de la cour se fournissaient en petits manchons en fourrure de chat, de chien gris, de castor, de loutre, voire de léopard. Le summum de la mode était de tenir caché un petit chien qui devait passer son museau sur le côté du manchon…

    Les éventails protégeaient de la chaleur, mais on ne les ouvrait pas en présence du souverain. Différentes modes furent lancées.

      

      

    On vit des éventails « à la siamoise » représentant des figures de magots (figures grotesques) et peints sur fond or. Sous Louis XV, certains éventails prirent le nom de « lorgnette », ils étaient entièrement décorés de chinoiseries arborant de jolies pagodes.

      

    Pour terminer, une femme de qualité ne sortait jamais sans son masque de velours. Enfin, robes, manches, etc, tous les composants du vêtement sont démontables, amovibles. On change la composition d'une robe très souvent dans la journée, les bijoux deviennent boucle de souliers, puis broches…

      

    Les dentelles sont si coûteuses qu'elles font partie de l'héritage d'une femme, on les porte avec soin.

      

    Elles sont blanches au début, puis la couleur crème s'installe dans la mode. Certaines robes ne peuvent être portées qu'une fois, alors on « recycle » le tissu en meuble, ou en manche. La mode de Louis XIV à Louis XVI, voit le jupon, le « panier », s'élargir de plus en plus sur les côtés et s'aplatir sur le devant.

      

      

      

    Le maquillage

    Le visage était recouvert de blanc. On pensait que les produits blancs donnaient une peau blanche. Le blanc évoquait la virginité et donnait l'illusion d'un visage pur, exempt de toute tache, de toute cicatrice, et dissimulait les rougeurs, les couperoses et les dermatoses provoquées par la nourriture très épicée et par les vins capiteux. La blancheur du teint était également un signe d'oisiveté et donc de richesse.

      

    Les dames se mettaient aussi parfois une quantité impressionnante de mouches (petites rondelles de taffetas noir disposées sur le visage et destinées entre autres à cacher les impuretés tels que les boutons, les petites rougeurs, les grains de beauté…), toujours pour faire ressortir la blancheur de leur teint.

      

      

      

    Les précieuses se blanchissaient et évitaient, lors des promenades, le bronzage en portant un masque qu'elles maintenaient par un bouton entre les dents, ce qui évitait la conversation.

    Une couleur marque l'apogée de cette illusion : le rouge. Le rouge était la marque du pouvoir aristocratique. Quand une femme voulait séduire, elle ajoutait du rouge sur les joues. Dès 1673, toutes en portaient.

      

      

    Sous Louis XIV, le fard devint le symbole de l'amour, de l'émancipation, mais aussi de l'adultère, de l'impudeur. Les femmes se fardent à l'extrême, surchargées de blanc et de rouge.

      

    Toutes les gammes de rouge explosent agressivement. Les cosmétiques de l'époque se composent de céruse, du sublimé, du rouge d’Espagne, du vinaigre distillé ou de l’eau de fleur. La céruse est de l'oxyde de plomb (produit extrêmement toxique) que l'on poudrait sur le visage, le cou, parfois les bras et la naissance de la gorge.

      

    Au début du XVIIIe siècle, les précieuses fabriquaient elles-mêmes leurs fards.

     

     

      

      

    L'étiquette est l'ensemble des règles qui organisent la vie de la famille royale, des courtisans et du personnel qui les entoure. L'étiquette s'occupe donc de la « vie privée » (bien que continuellement en public) du monarque ; la vie publique du roi (celle des cérémonies d'État) relève du cérémonial.

    En France, l'étiquette s'est développée à partir du règne du roi François Ier et connut son apogée et sa forme la plus codifiée et la plus rigide d'Europe sous le règne du roi Louis XIV.

    L'étiquette participe au culte monarchique. Elle permet au roi de manifester sa distinction, sa satisfaction ou son mécontentement vis-à-vis des courtisans à qui il procure ou retire l'honneur de le servir de près. Elle permet aussi aux courtisans de s'affirmer, de marquer leur place (quelquefois provisoire) face à la concurrence des autres membres de la cour.

      

      

    WIKIPEDIA

    http://acoeuretacris.centerblog.net/6585333-

    lalesmodes-costume-au-xviie-siecle-3?ii=1  

      

      

      

     

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    Il y a 220 ans, le 16 octobre 1793, la reine de France montait sur l'échafaud.

    Elle aurait pu connaître un destin bien plus heureux.

     

    Par

    Le Point

    Été 1792, la vie des souverains français est plus que jamais menacée. Depuis la folle équipée de Varennes, où ils ont vainement tenté de rejoindre des troupes fidèles aux frontières de l'est, le divorce est consommé avec la nation.

      

    On les tient désormais pour inutiles. Le droit de veto du roi irrite au plus haut point les révolutionnaires et précipite le régime vers la République. Claquemurés aux Tuileries, Louis XVI et Marie-Antoinette craignent désormais pour leur personne.

     

    Le 20 juin, une foule d'émeutiers envahit le palais et défile devant la famille royale apeurée en brandissant un coeur de boeuf sanguinolent, censé représenter celui de Louis XVI, et une poupée attachée à une lanterne...

    Le roi et le dauphin portent le bonnet rouge, la reine fait face aux quolibets : on vient voir de près "la femelle du royal veto", cette femme "laide, ridée, fanée, hideuse".

      

    Aux yeux du peuple des faubourgs, la monarchie n'incarne déjà plus rien. La panique gagne les souverains, mais vers qui se tourner ? Une fuite semble impossible, à moins d'avoir de solides alliés dans la place.

     

    Rejoindre Dieppe puis l'Angleterre

    Justement, la proposition viendra de La Fayette lui-même, fervent défenseur d'une monarchie constitutionnelle. Le général estime que la Révolution, entraînée par la faction jacobine, va désormais trop loin. Il échafaude un plan simple mais efficace : le roi préside la prochaine cérémonie du 14 Juillet, comme prévu, avant de fuir Paris avec sa famille, protégé par des cavaliers fidèles et des Suisses, pour rejoindre le palais de Compiègne, loin de la capitale, de la populace et de ses excès...

      

    Si Louis XVI hésite, Marie-Antoinette refuse : pas question de faire confiance à ce La Fayette, qu'elle exècre. Plutôt attendre les troupes prussiennes afin de rétablir l'Ancien Régime. D'ailleurs, la reine a reçu des nouvelles encourageantes de l'étranger : elle continue à correspondre au fidèle comte de Fersen, son ancien ami suédois - et peut-être amant -, qui lui garantit que des troupes étrangères se préparent à marcher sur Paris pour balayer la Révolution. On attendra donc. Première occasion manquée.

    Un mois plus tard, la crise s'est aggravée : après la prise des Tuileries, la famille royale quitte le palais en catastrophe pour être enfermée au Temple, tandis que la République est proclamée dans la foulée. À quoi peut bien servir un roi dans ce nouveau régime sans couronne ? On poursuit Louis Capet pour crimes contre la Révolution après avoir découvert sa correspondance secrète, avant de le condamner à mort en janvier 1793. Il reste dix mois à vivre à Marie-Antoinette... Et pourtant, en janvier, une seconde possibilité d'échapper à ses bourreaux s'offre à elle.

    Deux officiers municipaux, Toulan et Lepitre, attendris ou corrompus par des agents royalistes, mettent au point un projet d'évasion : ils connaissent par coeur les issues et les habitudes du Temple, et proposent de faire sortir la reine et sa belle-soeur Élisabeth, habillées en gardes nationaux, pendant que ses enfants prendront les habits des allumeurs de lanterne. Puis direction Dieppe et l'Angleterre.

      

    On traîne, on hésite, si bien que la sécurité du Temple est revue et le personnel changé. Impossible de tous partir, on presse alors la reine de s'enfuir seule, mais elle refuse d'abandonner ses enfants. "Nous avons fait un joli rêve, voilà tout", écrit-elle au chevalier de Jarjayes, son contact à l'extérieur du Temple.

    Échecs

    Troisième et dernière tentative, plus aléatoire celle-là, celle d'un certain Alexandre de Rougeville, qui entre en contact fin août avec la reine par l'entremise de son geôlier, grassement payé pour servir d'intermédiaire. Ce chevalier est bien décidé à sauver la souveraine des griffes des Jacobins. Il est plus que temps : la Convention a décidé de traduire "l'Autrichienne" devant le tribunal révolutionnaire. Affaiblie physiquement par des pertes de sang continues, minée moralement par sa séparation d'avec ses enfants, la reine n'est plus que l'ombre d'elle-même : âgée de 37 ans, elle en paraît quinze de plus. Marie-Antoinette a été transférée à la Conciergerie.

      

    C'est là qu'Alexandre de Rougeville, un ancien chevalier de l'ordre de Saint-Louis, parvient à l'approcher en laissant tomber au sol un oeillet qui contient un message lui assurant l'imminence d'une évasion. Il est prévu d'acheter des gardiens avec des louis d'or et plusieurs milliers de livres d'assignats, de quitter la Conciergerie début septembre et de rejoindre l'étranger.

      

    La reine ramasse l'oeillet, prend connaissance du complot et entreprend de répondre à Rougeville en piquant le billet à l'aide d'une épingle - le crayon lui est interdit.

    Qu'a-t-elle vraiment compris ? Le projet était-il vraiment fiable ? Quoi qu'il en soit, l'un des gardiens craque au dernier moment, le message est intercepté et le "complot des oeillets" échoue à son tour.

      

    Il est désormais trop tard, le sort de Marie-Antoinette est déjà scellé : pas question pour Robespierre d'échanger ou de vendre la liberté de la "veuve Capet", d'autant que son fils - le fameux Louis XVII - est également otage. Ce dernier complot précipite sa chute : plus rien ne peut sauver la reine.

     

     http://www.lepoint.fr/histoire/marie-antoinette-aurait-pu-sauver-sa-tete-trois-fois-16-10-2013-1744469_1615.php

     

     

     

     

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    L’énigme de la « comtesse des Ténèbres » est liée à la princesse Marie-Thérèse de France, fille aînée du roi de France Louis XVI et de la reine Marie-Antoinette d’Autriche.

    La princesse royale Marie-Thérèse, prisonnière au Temple, fut remise le 26 décembre 1795 au gouvernement autrichien en échange de prisonniers français. Dès lors, retrouvant sa famille proche survivante à la cour en exil de Louis XVIII, elle se lie par les liens du mariage à son cousin Louis-Antoine d’Artois, duc d’Angoulême.

     

    Duchesse d’Angoulême (1814-1824), dauphine de France (1824-1830), éphémère reine de France et de Navarre (1830), « comtesse de Marnes » (après 1830), Marie-Thérèse vécut en exil au château de Frohsdorf, en Autriche jusqu’à sa mort, se consacrant à l’éducation de son neveu le comte de Chambord (futur « Henri V »).

      

    L’identité de Marie-Thérèse et de la duchesse d’Angoulême reste cependant discutée par quelques-uns, arguant que les deux facettes de la princesse seraient en réalité deux femmes différentes.

    Dès le XIXe siècle, dans des familles souveraines d'Allemagne, apparaît la rumeur selon laquelle une substitution aurait permis à Marie-Thérèse de se retirer du monde, tandis qu’une autre personne aurait pris sa place auprès de Louis XVIII et au sein de la famille royale.

     

    Marie-Antoinette et ses enfants,1787

    1787

    Marie-Thérèse aurait été placée sous la protection d’un diplomate hollandais, Leonardus Van der Valck dit « comte Vavel de Versay » et aurait vécu en sa compagnie, sous le surnom de « comtesse des Ténèbres », tout d’abord à Hildburghausen (duché de Saxe-Hildburghausen, puis au château d’Eishausen dans le duché de Saxe-Meiningen jusqu’à sa mort en 1837.

    Si de nombreux éléments viennent accréditer cette thèse, défendue par certains historiens, l’énigme n’a toujours pas, à ce jour, été résolue.

     

    Le mystère d’Hildburghausen

    En 1803, apparaît en Allemagne un couple étrange. La femme est totalement vêtue de noir, le visage dissimulé d’un épais voile noir, avec un compagnon et un cocher (nommé Scharre) qui lui témoignent un immense respect.

     

     Madame Royale en 1795

    Madame Royale en 1795

      

    L’homme, quant à lui, se fait appeler le « comte Vavel de Versay » mais il n’est pas allemand puisqu’il s’agit en réalité d’un hollandais du nom de Leonardus Cornelius Van der Valck, né le 22 septembre 1769 à Amsterdam, fils d’Adianus Van der Valck et de Maria Johanna van Moorsel, dont le cursus l’a emmené à être secrétaire à l’ambassade de Hollande à Paris de juillet 1798 à avril 1799.

      

    Mme Royale avec sa mère et son frère,1785

    1785

    La femme de chambre engagée, une certaine Fredericka, affirmera plus tard que le linge de la « dame » était brodé de fleurs de lis.

     

    Mme Royale et son frère Louis-Joseph,1784

    Madame Royal et son Frère, Louis-Joseph,1784

      

    Cette « dame » est habillée de vêtements noirs, de voiles sombres et de gants foncés, ce qui lui vaut — et aujourd’hui encore — le surnom de « comtesse des Ténèbres » (en langue allemande, Dunkelgräfin) donné par Karl Kühner, fils du pasteur Heinrich Kühner avec lequel le comte Vavel de Versay avait entretenu une correspondance fournie.

     

     

    Résidences itinérantes (des années 1790 à 1807)

    En juin 1803, le couple arrive à Ingelfingen, petite principauté des princes de Hohenlohe située dans le Wurtemberg auquel elle fut plus tard incorporée (des recherches menées par les historiens ont établi que le comte était très lié à la famille Hohenlohe-Bartenstein). Il reçoit un abondant courrier, entretenant notamment une correspondance nourrie avec la princesse Charlotte de Rohan-Rochefort, maîtresse du duc d’Enghien, qui demeure à Ettenheim (duché de Bade).

    Le 17 mars 1804, au lendemain de l’arrestation du duc d’Enghien, le couple quitte précipitamment Ingelfingen puis se réfugie en Wurtemberg. Le comte et la « dame » résideront quelque temps à Gerlingen, non loin de Stuttgart.

    En 1806, le couple séjourne dans un château isolé près de Leyde, en Hollande.

      

    Résidence à Hildburghausen (1807-1845)

    Le 7 février 1807, le mystérieux couple s’installe à Hildburghausen, en Thuringe, où il bénéficie de la protection des souverains locaux, le duc Frédéric Ier de Saxe-Hildburghausen et son épouse, Charlotte de Mecklembourg-Strelitz, une amie d’enfance de Marie-Antoinette. La duchesse Charlotte s’intéresse personnellement au couple, facilitant leur logement successivement chez divers notables de la ville (« Hôtel d’Angleterre », pavillon ducal, maison Radefeld).

    La vie quotidienne du couple est organisée autour de la protection de la dame : nul ne doit l’approcher, ni tenter de voir son visage qu’elle dissimule sous d’épais voiles noirs. Johanna Weber, la cuisinière de l'« Hôtel d’Angleterre » dont tout le deuxième étage est réservé pour ces deux étrangers de haut rang, se voit interdire l’accès aux pièces de la maison autres que la cuisine. Aussi, le couple effectue de nombreuses promenades en voiture.

      

    Installation à Eishausen

    En 1810, la couronne d’Hildburghausen hérite des biens du baron de Hessberg, parmi lesquels figure le château d’Eishausen, situé à sept kilomètres d’Hildburghausen. Le 14 octobre 1810, ce château est loué, par l’administration des Domaines, au sénateur Andreae qui le sous-loue au comte Vavel de Versay. Le bail du château sera renouvelé chaque année jusqu’à la mort du comte en 1845, avec l’autorisation des souverains successifs.

    Ce château est alors vendu, par l’administration des Domaines, au conseiller Andrae qui le loue ensuite au comte Vavel de Versay.

    Le château ressemblait aux propriétés seigneuriales : une grande maison à trois niveaux, un bloc carré et massif auquel on pénètre par deux perrons. Il était situé près de la grand-route de Cobourg, au-delà de la rivière Rodach, à l’extrémité du village ; une allée de marronniers — qui existe encore — menait du château au presbytère.

      

    En 1873, lors de sa démolition, on découvrira un souterrain partant des caves du château et aboutissant à un bois, situé non loin de là… Ce souterrain, qui fut bouché lors des travaux de démolition, aurait permis à la famille ducale d’Hildburghausen de rendre anonymement visite au couple.

    Le couple résidera définitivement à Eishausen, pratiquement coupé du monde, et selon un train de vie princier avec par exemple des vins de grands crus, des liqueurs, des toilettes de Paris, de l’agneau pascal, des légumes de Bamberg).

    La dame loge au second étage du château, dans un appartement donnant à l’est et au sud tandis que le comte loge dans un autre appartement, ouvrant au nord et au sud ; elle ne sort presque jamais, sauf pour se promener dans le parc du château.

    En 1826, suite à la réorganisation des duchés saxons, le duché d’Hildburghausen est incorporé au duché de Saxe-Meiningen : les nouvelles autorités reprendront à leur compte les mêmes mesures de protection envers le comte Vavel de Versay et sa compagne que celles prises précédemment en s’abstennant, notamment, de vérifier leurs papiers.

      

    Décès de la « Dunkelgrafin »

    La dame décède le 25 novembre 1837, au château d’Eishausen, sans prêtre ni médecin, veillée seulement par Vavel de Versay. Elle est inhumée — civilement — trois jours plus tard au Jardin de la Montagne, petite colline surplombant Hildburghausen. La cause de son décès est inconnue[3].

    La tombe sera ouverte le 8 juillet 1891 et les restes seront identifiés comme étant ceux d’une femme. Le docteur Lommler, chargé d’établir le certificat de décès, affirma que la défunte devait avoir une soixantaine d’années et que son visage présentait une ressemblance frappante avec celui de la reine Marie-Antoinette. Grâce à une discrète intervention du duc Bernard Erich de Saxe-Meiningen-Hildburghausen, l’ensemble des biens de la succession, principalement des effets vestimentaires, fut remis au comte Vavel de Versay.

      

      

    Décès du « Dunkelgraf »

    Le comte Vavel de Versay décède le 8 avril 1845 et est inhumé au cimetière d’Eishausen.

    L’examen de ses papiers personnels, après son décès, révèlera l’identité de la « dame » : Sophie Botta, 58 ans, célibataire, ayant des origines westphaliennes ; en dépit des minutieuses recherches effectuées par les historiens français et allemands, il ne fut retrouvé aucune trace de Sophie Botta dans les registres de Westphalie.

    Une affaire d’identité

    Le mystère d’Hildburghausen repose sur une double question essentielle : Qui pouvait-être cette « dame » et pourquoi fut-elle volontairement recluse loin du monde dans ces conditions ? Sur ces points, les historiens qui ont étudié l’« affaire » tiennent pour acquis les éléments suivants :

    • l’énigme de Hildburghausen consiste en un secret de très grande importance et qui devait être gardé à tout prix ;
    • l’objet de ce secret était la « dame » qui était née vers 1778 ;
    • le couple ducal de Hildburghausen connaissait l’identité de l’étrangère et savait par conséquent les raisons de sa retraite ;
    • la dame n’était pas séquestrée contre sa volonté par son compagnon ;
    • les moyens employés pour garder ce secret sont si extraordinaires que l’importance en est soulignée.

    Hypothèses

    •  
    • Sophie Botta

    Nom donné par le comte Vavel de Versay au décès de la « dame ». Malgré des recherches approfondies, il ne fut trouvé nulle trace d’une telle personne dans les registres de Westphalie. Aucune famille de Westphalie n’a d’ailleurs porté ce nom.

    •  
    •  
    • Agnès Berthélémy

    Il s’agissait d’une maîtresse de Van der Valck lors de son séjour à Paris.

    L’identité fut révélée par la reine Marie de Hanovre, (fille de Joseph Ier de Saxe-Altenbourg, petite-fille de Frédéric Ier de Saxe-Hildburghausen et de Charlotte de Mecklembourg-Strelitz) à sa dame de compagnie, Mme von Heimbruch.

    • fille inconnue de l'empereur Joseph II, frère de Marie-Antoinette d'Autriche, et de son épouse morganatique la Comtesse Wilhelmine von B.. Cette fille vivant coupée du monde à la Cour de Versailles était « le portrait frappant et calqué » de sa tante Marie-Antoinette selon les Mémoires de la baronne d'Oberkirch[4].

    Marie-Thérèse de France, « comtesse des Ténèbres » ?

      

    Faits et présomptions

    Selon certains historiens, plusieurs éléments tendent à accréditer la thèse selon laquelle cette mystérieuse femme serait Marie-Thérèse de France, fille de Louis XVI :

    •  
    • Physiquement

    Malgré l’épais voile noir qui le dissimulait, le visage de la comtesse fut aperçu à deux reprises, outre le fait qu’il fut exposé au regard de ceux qui assistèrent à ses obsèques. Tous ceux qui le virent, et qui furent ultérieurement mis en présence de portraits de la reine Marie-Antoinette ou de portraits de Marie-Thérèse peints avant 1795, jurèrent de bonne foi qu’ils reconnaissaient, en ces deux femmes, les traits de la mystérieuse comtesse.

    Les faits physiologiques sont en effet particulièrement troublants : autant Marie-Thérèse et la comtesse des Ténèbres présentaient de grandes similitudes physiologiques avec Marie-Antoinette, autant la duchesse d’Angoulême ressemblait indubitablement à Louis XVI et ne présentait aucune des caractéristiques physiques de Marie-Antoinette.[réf. nécessaire]

    •  
    • Psychologiquement

    La duchesse d’Angoulême adoptera, sous la Restauration, une attitude qui ne sera pas sans rebuter tous les anciens familiers de Versailles : rejetant systématiquement tout souvenir de Marie-Antoinette (dont elle refusera d’honorer la mémoire), elle exclut systématiquement de la Cour et de son entourage toutes les personnes qui, avant la Révolution, avaient fréquenté la famille royale. Son caractère s'inscrira en contradiction avec tous les principes d’éducation et de bonté inculqués par Louis XVI et Marie-Antoinette à leurs enfants.

    De nombreux graphologues ont comparé les lettres écrites par Marie-Thérèse pendant sa captivité au Temple, avec celles écrites ultérieurement par la duchesse d’Angoulême et ont conclu que ces lettres ne pouvaient émaner de la même personne.

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    •  
    • Matériellement

    De nombreux éléments de la vie de la comtesse, à Eishausen, indiquent son appartenance à une famille royale, voire sa proximité avec la maison de Bourbon : linge marqué de fleurs de lis, train de vie particulièrement élevé, et surtout protection systématique et pointilleuse des autorités : d’abord, de la part de la famille ducale de Saxe-Hildburghausen puis, à partir de 1826, de la part de la famille grand-ducale de Saxe-Meiningen-Hildburghausen).


    Un certain nombre d'éléments semblent donc indiquer que la duchesse d’Angoulême ne pouvait, ni physiquement ni psychologiquement, être Marie-Thérèse de France. En revanche, de lourdes présomptions pèsent sur l’identité de personnes entre cette dernière et la « comtesse des Ténèbres ». Ces présomptions sont accentuées par le contenu des correspondances entre les diverses maisons régnantes d’Allemagne (Saxe-Meiningen-Hildburghausen, Saxe-Altenbourg, Mecklembourg-Schwerin, Wurtemberg, Hanovre), la plupart de ces familles étant convaincues que la « comtesse des Ténèbres » était la fille légitime de Louis XVI et de Marie Antoinette. Si tous les documents ont été détruits avec soin, c’est que la révélation de la vérité aurait risqué de bouleverser l’Europe, en contrecarrant de trop grands intérêts. Cette position fut également confirmée par les descendants naturels du duc de Berry, fils de Charles X.

      

      

    Substitution de personnes ?

    L’identité de Marie-Thérèse de France et de la « comtesse des Ténèbres » ne peut se fonder que sur une substitution de personnes : avant d’être remise à l’Autriche en échange de prisonniers français, le 26 décembre 1795, Marie-Thérèse se serait vu substituer une autre personne sur le chemin entre Bâle et Vienne, qui aurait alors pris sa place à la cour d’Autriche, puis au sein de la famille royale de France.

    Le Registre des Enfants de France indique qu’une certaine « Ernestine Lambriquet » a été élevée avec Marie-Thérèse : les deux fillettes, nées à quelques mois d’intervalle, sont élevées comme des jumelles ; en toutes circonstances, Ernestine est aux côtés de Marie-Thérèse et bénéficie du même train de vie et des mêmes dépenses (pension, robes, appartement, éducation) que la princesse.

    Fille de Jean Lambriquet (guillotiné en 1793), valet de chambre de « Madame Élisabeth », sœur de Louis XVI, Ernestine Lambriquet serait une fille naturelle de Louis XVI et de Marie-Philippine Lambriquet : opéré de son phimosis Louis XVI aurait — avec l’accord de son épouse —, effectué un « essai hygiénique » qui aurait permis de constater qu’il n’était ni impuissant ni stérile…

      

    Cette hypothèse se heurte pourtant à un fait indiscutable et méconnu :

    le roi Louis XVI n’a jamais eu le moindre phimosis, malgré les cancans du parti lorrain, c’est-à-dire autrichien, désireux de mettre sur le compte du roi les appréhensions de Marie-Antoinette devant le préalable indispensable à toute maternité (voir à ce sujet : P. et P. Girault de Coursac, Louis XVI et Marie-Antoinette, vie conjugale, vie politique, passim).

      

    Les Archives nationales témoignent ainsi que Marie-Philippine Lambriquet recevra une pension annuelle, laquelle sera à sa mort reversée à sa fille. C’est Ernestine Lambriquet qui aurait été substituée à Marie-Thérèse, avant l’échange de Huningue, et serait devenue duchesse d’Angoulême. Louis XVIII et Charles X auraient été, bien entendu, informés et auraient joué le jeu, ce qui explique pourquoi la fausse Marie-Thérèse aurait été mariée à son cousin Louis-Antoine, futur Louis XIX, lequel était en outre incapable de procréer.

    Les raisons de la substitution sont aujourd’hui encore inconnues. Selon certains, Marie-Thérèse aurait voulu se retrancher du monde pour vivre dans le souvenir de ses parents. On peut également envisager une forme de neurasthénie plus ou moins aiguë, un délabrement nerveux, ou encore un déséquilibre psychologique grave, consécutif aux graves traumatismes subis pendant ses années d’emprisonnement et de terreur, vécus, rappelons le, en pleine adolescence.

      

    Selon d’autres, elle aurait été écartée du monde pour que l’on puisse s’assurer de son silence quant à l’évasion de Louis XVII.

      

    La sœur de Marie-Thérèse se prénommait Sophie, et mourut en bas-âge, de là découlerait probablement le prénom de la « comtesse des Ténèbres ».

     

     

    WIKIPEDA

     

     Isabelle d'Orléans-Bragance, « comtesse de Paris »

     

    Divers éléments viennent cependant réfuter la thèse de la substitution de personnes et écarter l’hypothèse selon laquelle la « comtesse des Ténèbres » et Madame Royale ne seraient qu’une seule et même personne :

     

    « Ah, qu’il est tentant de rêver à de si romanesques histoires ! Les heures sombres de la Révolution en sont nourries et le siècle suivant en a vu naître, particulièrement sur la famille royale. Mais j’ai effectivement entendu parler de cette « comtesse des Ténèbres », à l’intitulé délicieusement mystérieux ! Voici mon avis puisque vous me le demandez. L’on a beaucoup parlé d’un manque de ressemblance entre Madame Royale et la duchesse d’Angoulême. Mais vous savez comme moi que les portraits de l’époque étaient volontiers flatteurs et peu objectifs, alors les portraits d’une enfant…

      

    De même, l’écriture se modifie avec l’âge.

    Voyez la mienne aujourd’hui, ce n’est plus celle de la jeune fille que j’étais. Je ne fais personnellement que peu de cas de cette prétendue fille illégitime de Louis XVI dont on a également parlé, inutile de revenir sur les difficultés qu’a connues son couple pour lui infliger de surcroît des aventures extra-conjugales !

      

    Mais au-delà de ces considérations anecdotiques, pensez-vous un instant que la famille royale permette à une intrigante d’épouser le futur héritier du trône ? Dans quel but une telle substitution, un tel risque ? Madame Royale a connu un destin tragique qui lui a modelé une personnalité plus ombrageuse — on parlerait aujourd’hui de dépression — mais il est faux de dire qu’elle n’a jamais honoré la mémoire de ses parents.

      

      

    Cette épouse vertueuse et pieuse a simplement gardé un voile pudique sur les heures noires qu’elle a connues. Quant à cette dame vêtue de noir, son accoutrement devait avoir une raison qui nous échappe peut-être aujourd’hui : une blessure au visage… ou un goût certain pour le romanesque. Comme vous le mentionnez, les soi-disant documents qui nous auraient apportés une preuve irréfutable de cette substitution ont été malencontreusement détruits. […] »

    Isabelle d'Orléans-Bragance, « comtesse de Paris »


    Le comte de Fersen confirme et reconnaît bien Marie-Thérèse comme la fille de Louis XVI et Marie Antoinette.

    Monsieur Hue, fidèle serviteur de la famille royale confirma également l’identité de Marie-Thérèse, de même que Pauline de Tourzel, amie ’'enfance et sa mère , Madame de Tourzel, ancienne gouvernante royale à Versailles qui suivirent la famille royale de Versailles aux Tuileries.

    Aussi, l’attitude de la duchesse d’Angoulême sous le Consulat et le Premier Empire confirme son éducation royale. Une correspondance importante avec les différentes cours européennes mais aussi membres de la famille royale atteste de l’importance du rôle de la « Nouvelle Antigone » dans la politique de retour au trône des Bourbons.

      

      

    Tant son rôle mais aussi sa stratégie politique sous la restauration prouve l’origine de sa naissance. Pour des raisons politiques et d'expansion de la sphère d’influence de l’Autriche, l’empereur François II du Saint-Empire souhaitait marier l’archiduc Charles avec sa cousine Marie-Thérèse et l’empereur des Français, bien informé, aurait sans nul doute refusé un tel mariage.

    L’hypothèse selon laquelle Ernestine Lambriquet serait la fille de Louis XVI et de Marie-Philipine Lambriquet, choisie pour « tester » le bon résultat de l’opération du phimosis du roi, se heurte à un obstacle de taille : contrairement à une légende tenace, Louis XVI n’a jamais été opéré d’un phimosis, pour la bonne raison qu’il n’en était pas atteint. L’historienne Simone Bertière a définitivement prouvé le fait dans son Marie-Antoinette, l’insoumise.

      

      

    Le pieux Louis XVI n’avait donc aucune raison d’entreprendre une brève relation extra-conjugale de ce genre, ni de donner naissance à une quelconque fille naturelle.

    Ces arguments laissent toutefois sans réponse la question de la véritable identité de la « comtesse des Ténèbres ».

      

      

    Vers la résolution de l’énigme ?

    Ce n’est qu’en mai 2012 qu’une radio d’Allemagne centrale annonce la mise en place d’un projet pour la résolution définitive de l’énigme autour de la « comtesse des Ténèbres ». En effet, la radio Mitteldeutscher Rundfunk (MDR) de Thuringe (la MDR de Thuringe (de)), station d’émission du pays de Thuringe prépare actuellement un travail autour du cercle d’intérêts à « Madame Royale », Marie-Thérèse de France.

    Le projet scientifique interdisciplinaire a été initié à Hildburghausen dans le cadre de la résolution définitive de l’énigme autour de la « comtesse des Ténèbres » avec le même noyau d’auteurs et de scientifiques ayant travaillé sur le projet MDR « Le code de Schiller de Friedrich » afin de mettre un terme aux spéculations affirmant que la comtesse des Ténèbres serait en réalité la princesse française « Madame Royale », Marie-Thérèse de France, fille de Louis XVI et de Marie Antoinette.

      

      

    À cet effet, les comparaisons de portrait anthropologiques ainsi que les analyses génétiques sont prévues par l’équipe scientifique sur les dépouilles de la duchesse d’Angoulême dans le cloître Kostanjevica à Nova Gorica (Slovénie) et de la comtesse des Ténèbres à Hildburghausen. Bien que le tombeau eût déjà été ouvert en 1887, la ville d’Hildburghausen avait exprimé jusqu’ici des scrupules à l’égard de tels examens. Elle a cependant été intégrée dans ce projet et après avoir levé une décision de 2004, s’est montrée disposée à coopérer le 27 juin 2012, et être d’accord avec l’exhumation des restes mortels pour un examen.

    Wir möchten die Geschichte der Dunkelgräfin aufklären: Ist sie wirklich Madame Royal oder irgend eine andere Frau[6].

    — Eva Hempel, rédactrice responsable à la MDR de Thuringe (de) dans In Südthüringen.

    « Nous voudrions éclaircir l’histoire de la comtesse des Ténèbres : s'agit-il bien de Madame Royale, ou d’une autre femme quelconque. »

    La comparaison ADN du frère de la princesse est présente.

    La promulgation des résultats se fera probablement en 2013 ; ils devraient être présentés dans le cadre de la nouvelle série d’émissions MDR « La trace des trésors ». Cependant, une des hypothèses, celle assez sérieuse de la baronne d’Oberkirch, retient Ernestine Lambriquet comme la fille de l'empereur Joseph II, le propre frère de Marie-Antoinette ; dans ce cas, les recherches ADN ne manqueront pas d'établir la parenté entre la reine de France et la comtesse des Ténèbres, et ne pourront donc pas distinguer si ladite comtesse est la fille ou la nièce de la malheureuse reine…

     

     

    wikipedia

     

     

     

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    Portrait of Madame du Barry, by Elisabeth Louise Vigee-Lebrun

     

     

    19 août 1743 : naissance de la Comtesse du Barry, une courtisane devenue maîtresse royale

    Maîtresse attitrée de Louis XV, la « Du Barry » comme les nobles la nommaient alors, eut un rôle politique indéniable auprès de son amant... Née le 19 août 1743 à Vaucouleurs, près de Commercy en Lorraine, Jeanne Bécu est issue d'une union assez inhabituelle puisque sa mère Anne est couturière et que son père est un moine du couvent de Picpus à Paris (frère Ange). Cela dit, sa mère se remarie avec un fournisseur pour l'armée, Nicolas Rançon et ce dernier envoie la petite fille dans une école réputée.
      
      
    En sortant du cloître, Jeanne Bécu devient femme de chambre chez des fermiers généraux.
      
    Intelligente, elle observe les moeurs de « la bonne société » et ce, d'autant plus qu'elle devient vendeuse dans une boutique de mode très connue à Paris.
      
    La fille est jolie, elle est très vite remarquée par Jean-Baptiste du Barry, un noble proxénète qui la fait « travailler » pour ses riches clients sous
     
      
     
      
      
    différents pseudonymes.
      
    Elle sera appelée notamment « Mlle Langes ».
      
    Les mérites de la courtisane sont vantés par un valet du roi, Louis XV n'a qu'une hâte : la rencontrer.
      
    C'est chose faite en 1768. La belle a alors 25 ans et le roi 58 ans ! Inutile de préciser que le monarque succombe vite aux charmes de la jeune femme, d'autant plus que son esprit est brillant et cultivé.
      
    Le but de Du Barry était d'en faire la maîtresse du roi et qu'elle soit suffisamment persuasive pour faire renvoyer Choiseul, le secrétaire d'Etat aux Affaires étrangères, à la guerre et à la marine très populaire, protégé de Madame de Pompadour, la maîtresse en titre du roi.
      
    Évidemment, une courtisane ne peut être maîtresse royale et Louis XV lui donne alors un titre. Il la marie donc à Guillaume du Barry, le frère de Jean-Baptiste lui-même déjà marié bien qu'il fut l'amant de Jeanne.
      
      
    Le mariage a lieu le 1er septembre 1768.
      
    Jeanne Bécu est désormais « Comtesse du Barry ».
      
      
    Il tarde à Louis XV de la présenter à la Cour.
      
    C'est chose faite en avril 1769. Séduisant le vieux roi, elle remplace officiellement Madame de Pompadour, reçoit maints bijoux et domaines comme Louveciennes en Ile de France.
      
    Elle charme les gens qui l'entourent dont un certain Voltaire.
      
    Choiseul, inquiet de l'influence de la péronnelle, fait diffuser des chansons grivoises à son propos, la Du Barry n'était-elle pas une ancienne courtisane ?
      
      
      
      
      
    Le Ministre est d'autant plus fort qu'il a une alliée de taille avec la jeune Marie-Antoinette, tout juste débarquée de son Autriche natale et qui déteste la Du Barry depuis qu'elle connaît son passé et ses relations avec Louis XV. Cependant, cela n'affecte guère Madame du Barry et usant de son influence auprès du roi, elle fait finalement évincer Choiseul.
      
    Ce dernier est remplacé par le Duc d'Aiguillon. Marie-Antoinette la déteste encore plus. Louis XV est finalement atteint de la petite vérole (la syphilis) : il faut dire que les règles d'hygiène à Versailles étaient déplorables et que, de plus, le roi était réputé pour ses frasques amoureuses.
      
      
      
      
      
      
    Il éloigne Jeanne, l'envoie à l'abbaye de Pont-aux-Dames, redoutant pour elle les foudres de Marie-Antoinette. Celle-ci pourtant, sur injonction de Louis XV, lui avait lancé de manière méprisante « il y a bien du monde aujourd'hui, Madame, à Versailles »...L'important était que Marie-Antoinette s'adresse enfin à la favorite, peu importait la teneur de la conversation...
      
    Madame du Barry vit alors en recluse dans une grande piété.
      
    Louis XV meurt le 10 mai 1774 laissant la place à son petit-fils Louis XVI fils de Louis le Dauphin mort prématurément. Lors de la révolution de 1789, la Comtesse du Barry soigne les blessés, tant royalistes que révolutionnaires.
      
      
      
    File:Salle de bains de madame Du Barry - DSC 0417.JPG  
      
      
    En apprenant la mort de Louis XVI, elle porte le deuil puis se rend à Londres pour y cacher ses bijoux.
      
      
    Madame du Barry fut dénoncée par George Greive, identifié plus tard comme un agent anglais en France.
      
    Cet individu, acharné à sa perte, semble avoir convoité ses papiers, et notamment sa correspondance avec Brissac, qui donnait de précieuses indications sur les efforts des royalistes de l'intérieur pour sauver la royauté. Il est possible que Greive ait vendu cette correspondance à son gouvernement.
      
      
      
    File:Poêle de la salle de bains de la Du Barry - DSC 0432.JPG
     
     
     Greive est en effet un ignoble personnage.
      
    Il va se focaliser sur madame du Barry, s'installant même à Louveciennes, dans l'unique but de trouver tout et n'importe quoi pour la dénoncer au Tribunal révolutionnaire.
      
    Il soudoiera même ses serviteurs dont évidemment le plus célèbre Zamor qui deviendra son complice.

    Au début Jeanne va réussir à prouver que toutes ces dénonciations sont de la pure calomnie mais au fur et à mesure, l'étau se resserra...
    Elle va même écrire aux autorités que si Greive agit de la sorte, c'est tout simplement parce qu'elle n'a pas cédé à ses avances. Qui auraient été si poussées qu'on peut penser qu'il a tenté de la violer.

    C'est pour cela que jusqu'au bout elle a cru à une méprise et ne pensait vraiment pas se retrouver sur l'échafaud.
      
      
    Récit de son arrestation et de sa mort
      
    Elle est arrêtée sur le chemin du retour, est condamnée à mort pour avoir conspiré contre la République et dilapidé la fortune de l'état. Elle est guillotinée le 8 décembre 1793 en murmurant au bourreau
      
    « De grâce, Monsieur le bourreau, encore un petit moment ».

    Voici le récit de l'exécution de Madame du Barry par Charles-Henri Sanson :

    17 frimaire.

    Madame Dubarry a été condamnée hier au soir et exécutée ce matin.
    Nous étions, suivant l'ordre, à neuf heures à la maison de justice, mais il a fallu espérer parce que la condamnée était enfermée avec le citoyen Denizot, juge, et le citoyen Royer, substitut de l'accusateur, qui enregistraient des révélations.
    A dix heures, les citoyens Vandenyver, qui étaient trois, le père et les deux fils, tous complices de madame Dubarry, et les citoyens Bonnardot et Joseph Bruniot, falsificateurs d'assignats, condamnés par le tribunal criminel, ont été amenés.
    Pendant qu'on arrangeait les susdits, madame Dubarry est arrivée dans l'avant-greffe.   Elle marchait en s'appuyant contre les murs, car ses jambes fléchissaient sous elle. Il y avait une vingtaine d'années que je ne l'avais vue, et je ne l'aurais pas reconnue ; elle était aussi défigurée par l'embonpoint que par la peine et l'angoisse. Quand elle m'aperçut derrière les condamnés déjà liés, elle jeta un grand Ah ! en se cachant les yeux sous son mouchoir, et elle se mit à genoux en criant "Je ne veux pas, je ne veux pas".

    Presque aussitôt elle s'est relevée et elle a dit "Où sont les juges, je n'ai pas tout déclaré, je n'ai pas tout avoué".   Les citoyens Denizot et Royer étaient chez Richard, avec deux ou trois députés qui avaient été curieux de voir passer la pauvre femme ; ils arrivèrent presque aussitôt, mais ils refusèrent de rentrer dans le greffe et la sommèrent de parler sur-le-champ. Elle déclara alors quelques objets précieux qui étaient cachés dans sa maison de Lucienne ou confiés à divers particuliers, mais elle s'interrompait à chaque instant pour se lamenter, et, à diverses reprises, elle battit la campagne comme si son esprit eût été égaré par la fièvre.

    Le citoyen Royer, qui tenait la plume lui disait alors "Est-ce là tout?" Et il essayait de lui faire signer le procès-verbal mais elle repoussait le papier, elle assurait qu'elle avait quelque chose à ajouter ; on voyait qu'elle cherchait dans sa mémoire.
    Elle croyait peut-être qu'en raison des sommes immenses qu'elle abandonnait à la confiscation on lui accorderait sa grâce, et jamais, dans son heureux temps, elle n'avait si ardemment souhaité les richesses que maintenant qu'elle les sacrifiait pour gagner quelques minutes sur la mort.
    Enfin, les citoyens Denizot et Royer se levèrent et lui dirent très durement qu'il fallait se soumettre aux décrets de la justice, et racheter par son courage l'ignominie de sa vie passée.  
      Elle est demeurée comme anéantie sur sa chaise.
    Un aide s'est approché et a cru le moment bon pour lui couper les cheveux, mais au premier coup de ciseaux elle s'est relevée et l'a repoussé il a fallu que deux autres aides l'aidassent à la lier.
    Alors elle s'est laissée faire, seulement elle pleurait comme je n'ai jamais vu pleurer.

    Il y avait sur le quai autant de monde que pour la sortie de la Reine et des députés girondins. On criait ferme, mais les cris de la victime s'élevaient toujours dessus ceux du peuple. Nous n'avons pas fait cent pas qu'on n'a plus entendu qu'elle. Elle disait "Bons citoyens délivrez-moi, je suis innocente. Je suis du peuple comme vous, bons citoyens, ne me laissez pas mourir."

    On ne bougeait pas, mais les citoyens et citoyennes baissaient la tête et ne lui jetaient plus d'injures. Jamais je n'avais vu le peuple si allangui. Jacot y perdait son temps et ses grimaces.
      Je ne reconnaissais plus les gens de guillotine, et pourtant c'étaient bien les mêmes que j'avais vu si durs pour le citoyen Bailly, si courageux.
    Par moments elle s'arrêtait de crier; de violette qu'était sa face on la voyait devenir toute blanche. Elle s'abandonnait aux cahots de la charrette comme étant morte; ils la jetaient de ci, de là; dix fois elle fût tombée si mon fils ne l'eût soutenue.

    A des instants elle s'adressait à moi, me disant, "Non, n'est-ce pas, que vous ne me ferez pas mourir?" Ses dents claquaient et la voix venait de sa gorge, rauque et saccadée.   Moi, je me sentais amolli à pleurer comme les autres et plus amèrement qu'aucun, car la vue de cette malheureuse femme me rappelait notre jeunesse qui ne nous prédisait guère un tel destin, et son digne père, dont la sollicitude n'avait pu écarter d'elle, ni de si funestes grandeurs, ni une si terrible chute.
      Malgré tous mes efforts pour surmonter mon émotion, jamais le trajet ne m'avait autant duré. Une fois je lui conseillai de prier, que cela la reconforterait certainement. Les prières ne lui revinrent plus en mémoire elle disait   "Mon Dieu mon Dieu mon Dieu" sans trouver autre chose.   Alors elle recommençait à implorer les citoyens.
      L'ordre était qu'elle serait exécutée la dernière, mais quand je suis descendu, le citoyen huissier m'a dit de m'arranger pour le mieux.
    Comme en voyant la guillotine elle avait eu une défaillance, je dis de la faire monter de suite ; mais elle ne sentit pas plutôt les mains sur elle qu'elle reprit connaissance, et, quoique liée, elle repoussa les aides en criant "Pas tout de suite ; encore un moment, messieurs les bourreaux, encore un moment, je vous en prie".

    Ils l'ont entraînée, mais elle se débattit et essaya de les mordre.
    Elle était aussi forte que puissante, car, bien qu'ils fussent quatre, ils employèrent plus de trois minutes à la monter. Si elle ne les avait pas échauffés en les bousculant, je ne sais s'ils en seraient venus à bout, tant ils étaient consternés.   Le peuple de même nul ne soufflait mot, et beaucoup se sauvaient de tous côtés comme en déroute. Là-haut cela a recommencé, elle hurlait; on devait l'entendre par delà de la rivière elle était bien effrayante à regarder ; enfin ils sont parvenus à la boucler, et ce fut fait.
    Après, on a exécuté les autres.

    18 frimaire.

    Ce jour nous avons guillotiné Jean-Bapliste Noël, député des Vosges, hors la loi.
      Dans la route, il m'a demandé si c'était vrai que madame Dubarry avait eu si grand peur ; et, une autre fois, si on avait bien essuyé le couteau, parce qu'il ne convenait pas que le sang d'un républicain fût souillé par le sang d'une prostituée.
     Sans ce Greive, Jeanne du Barry, ne serait sans doute pas montée à l'échafaud. En tout cas, pas si vite.
      Il est anglais de naissance, mais après une vaine tentative de carrière politique dans son pays et un détour au sein d'une loge maçonnique, il renie sa patrie et son roi pour prêter allégeance aux Etats-Unis.
      Heureux porteur d'un billet de Franklin, rencontré à Passy, il s'en va quelques années fouler le pied de cette nouvelle nation et sera ami de Washington. Puis il est chargé de mission aux Pays-Bas et vient en France.       Il sera un des proches de Marat, se trouvant même chez lui quelques jours avant son assassinat.
    Il n'aura de cesse de poursuive Madame du Barry d'une haine féroce et, réussit enfin à la troisième tentative à la faire enfermer à Sainte-Pélagie.   Il presse Fouquier-Tinville de hâter le procès et lui envoie des pièces annotées, des listes de témoins à entendre. Trouvant l'accusateur public un peu tiède, il écrit même une lettre à Hébert pour l'aider à faire tomber la favorite.   Hélas, on connaît la suite.
    Zamor et Salanave, sont tombés dans ses filets et ont témoigné contre Jeanne.   Ce monstre se vantait d'avoir fait tomber 19 têtes à Louveciennes.
    Il meurt en 1809 à Bruxelles. Zamor (baptisé Louis-Benoît), (1762 (?) - 7 février 1780), capturé par des esclavagistes anglais à l'âge de 11 ans, et "vendu" à Louis XV en 1773.   Il entre alors au service de Mme du Barry, qui lui donne une éducation.
    Il est originaire de Chittagong dans l'Etat du Bengale.
    Il aimait la littérature, notamment Rousseau.

    http://en.wikipedia.org/wiki/Zamor
      
     
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    Louis-Charles de France, duc de Normandie, puis Dauphin de Viennois, puis prince royal, puis roi de France & de Navarre sous le nom de Louis XVII.

    (né en 1785).

     

     

    Les manuscrits autographes de Louis XVII,

    enfant-martyr, sont parmi les plus émouvants qui soient.

     

    Notre Cabinet en conserve un, qui lui a été confié pour expertise

    puis pour vente aux enchères.

     

    Le voici :

     

    BLOG

    suite :

    http://expert-manuscrits.over-blog.com/pages/autographes-de-louis-xvii-7457858.html

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

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    Louis XVI

    Mesdames, Mesdemoiselles, Messieurs,

      

      

    En ce 21 janvier 1793, un homme, comme les autres, se retrouve sur l’échafaud pour être décapité. Comme les autres ? Non, vous avez raison, cet homme n’était pas comme les autres, il était Roi de France, et ce de droit divin ! Cet homme n’était pas comme les autres, il était appelé à diriger la France, mais on l’a exécuté tel un assassin !

      

    Cet homme n’était pas comme les autres, il était prêt à faire de grandes réformes, mais on ne lui a pas laissé le temps de les faire, ni de s’expliquer !

      

    Cet homme n’était pas comme les autres, il refusait dès que possible de faire couler le sang même pour se protéger, alors que les révolutionnaires n’ont pas hésité à faire couler le sang de toute la famille royale !

      

    En vérité, ceux qui sont heureux que le Roi ait été exécuté aujourd’hui, approuvent l’exécution d’un honnête homme !

      

    Qu’a-t-il fait de mal ? Il a simplement existé et cela a suffi à le faire décapiter…

     

    Le 21 janvier 1793, il y a 220 ans, le roi Louis XVI était exécuté. En mémoire, voici ce texte d’Albert Camus, prix Nobel, écrivain humaniste, infatigable combattant des totalitarismes, extrait de son livre « L’homme révolté ». Éclairant…

    « Le 21 janvier, avec le meurtre du Roi-prêtre, s’achève ce qu’on a appelé significativement la passion de Louis XVI. Certes, c’est un répugnant scandale d’avoir présenté, comme un grand moment de notre histoire, l’assassinat public d’un homme faible et bon. Cet échafaud ne marque pas un sommet, il s’en faut.

      

      

    Il reste au moins que, par ses attendus et ses conséquences, le jugement du roi est à la charnière de notre histoire contemporaine. Il symbolise la désacralisation de cette histoire et la désincarnation du Dieu Chrétien. Dieu, jusqu’ici, se mêlait à l’histoire par les Rois. Mais on tue son représentant historique, il n’y a plus de roi. Il n’y a donc plus qu’une apparence de Dieu relégué dans le ciel des principes.

    Les révolutionnaires peuvent se réclamer de l’Évangile. En fait, ils portent au Christianisme un coup terrible, dont il ne s’est pas encore relevé. Il semble vraiment que l’exécution du Roi, suivie, on le sait, de scènes convulsives, de suicides ou de folie, s’est déroulée tout entière dans la conscience de ce qui s’accomplissait.

      

    Louis XVI semble avoir, parfois, douté de son droit divin, quoiqu’il ait refusé systématiquement tous les projets de loi qui portaient atteinte à sa foi. Mais à partir du moment où il soupçonne ou connaît son sort, il semble s’identifier, son langage le montre, à sa mission divine, pour qu’il soit bien dit que l’attentat contre sa personne vise le Roi-Christ, l’incarnation divine, et non la chair effrayée de l’homme.

      

    Son livre de chevet, au Temple, est l’Imitation de Jésus-Christ.

      

    La douceur, la perfection que cet homme, de sensibilité pourtant moyenne, apporte à ses derniers moments, ses remarques indifférentes sur tout ce qui est du monde extérieur et, pour finir, sa brève défaillance sur l’échafaud solitaire, devant ce terrible tambour qui couvrait sa voix, si loin de ce peuple dont il espérait se faire entendre, tout cela laisse imaginer que ce n’est pas Capet qui meurt, mais Louis de droit divin, et avec lui, d’une certaine manière, la Chrétienté temporelle.

      

    Pour mieux affirmer encore ce lien sacré, son confesseur le soutient dans sa défaillance, en lui rappelant sa « ressemblance » avec le Dieu de douleur.

      

    Et Louis XVI alors se reprend, en reprenant le langage de ce Dieu :

    « Je boirai, dit-il, le calice jusqu’à la lie ».

    Puis il se laisse aller, frémissant, aux mains ignobles du bourreau. »

     

    On pourra dire ce que l’on voudra mais cet homme doit être respecté et non critiqué, que l’on soit royaliste ou non. Soyons simplement humain

     

    El Primo

     

     

    La mort d’un homme…

    http://nouvelarbitre.com/la-mort-dun-homme/

     

     

     

     

     

     

     

     

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    Dominique Picavez : le prêtre qui dût enterrer Louis XVI

     

     

    Durant la révolution française, mes ancêtres eurent fort à faire et furent pris dans la tourmente révolutionnaire.

     

    Que ce soient les soeurs Leroux, exécutées, Dominique Daulmery et Jean Baptiste Flory, accusés ou encore Vincent Monchicourt, émigré.

     

    Cette fois-ci, je vais vous conter l'histoire de Dominique Picavez, un oncle, prêtre, à qui l'on demanda notamment d'enterrer Louis XVI.

     

    Cet article se propose aussi de concentrer les documents d'archives liés à cette personnalité quelque peu oubliée, vous trouverez donc des discours entiers, procès-verbaux et autres.

     

    Né le 1er octobre 1757 à Cambrai, dans la paroisse Sainte-Croix, Dominique Joseph Picavez, fils d'un riche marchand de vin et frère de mon ancêtre François Joseph commissaire de police de Lille, devint prêtre.

     

    On trouve sa trace pour la première fois en 1790, il était alors Premier Vicaire de la paroisse de Saint-Philippe-du-Roule et électeur de la section du Roule.

     

    Le 29 septembre de la même année eut lieu l'élection des juges suppléants à Paris qui vit gagner Jean-Germain Dumesnil face à Pons de Verdun pour le poste susdit de juge suppléant de l'un des tribunaux des six arrondissements de Paris. A cette occasion, cet oncle monta à la tribune et prononça ce discours:

    Monsieur le Président, Messieurs, je n'ai point assisté à la séance d'hier et comme je vous dois compte de mon absence, je vous dirai qu'appelé chez M. le maire pour assister à une assemblée convoquée par lui, à l'effet de stipuler les intérêts des pauvres de la capitale et d'aviser aux moyens prompts de subvenir à leurs immenses besoins, j'ai été privé de la satisfaction de remplir concurremment avec vous les fonctions honorables d'électeur.

     

    J'ai appris que plusieurs de mes confrères ecclésiastiques, fonctionnaires publics, avaient demandé à l'assemblée de prêter fraternellement leur serment civique comme une preuve non équivoque de leurs sentiments et de leur soumission aux décrets de l'Assemblée nationale, que vous l'aviez reçu avec des témoignages de satisfaction.

     

    J'ai regretté d'être absent dans ce moment, et sans doute si j'eusse été au milieu de vous, je me serais empressé de me mettre sur les rangs pour obtenir la même faveur.

     

     

     

    Obligé par état d'inspirer aux peuples une soumission entière à toute autorité consentie et de les instruire sur la nécessité de cette soumission, chargé par mes concitoyens, depuis le 13 juillet 1789, de veiller au maintien et à l'exécution des lois et surtout des lois successivement décréitées par l'Assemblée nationale et sanctionnées par le Roi, fidèle à ma mission, ferme dans les grands principes qui ont toujours guidé nos représentants dans leurs opérations importantes, je ne croyais pas être, dans ces circonstances, pour mes concitoyens un sujet d'inquiétude; aussi n'ai-je jamais vu chez eux aucun doute sur mes dispositions actuelles et je puis, Messieurs, j'espère que vous ne me désapprouverez pas, je puis me glorifier, au milieu de vous, des témoignages que j'en ai reçus dans plusieurs occasions.

     

    Combien donc dois-je me féliciter d'être admis, au milieu des représentants du Département de Paris, à prêter un serment qui n'est que l'expression des sentiments dont j'ai toujours été animé et qui sont la règle de mes actions. Une autre raison, Messieurs, me fait attacher un grand prix à la faveur que vous m'accordez; c'est qu'en en profitant, je justifie à vos yeux les témoignages particuliers dont m'ont honoré ceux de nos concitoyens, au milieu desquels j'ai le bonheur de vivre.

     

     

    Je jure donc d'être fidèle à la Nation, à la Loi et au Roi, de maintenir de tout mon pouvoir la Constitution, de veiller avec soin aux fidèles qui me sont confiés, de me soumettre à tous les décrets de l'Assemblée nationale et notamment ceux concernant la constitution civile du clergé.

     

    Dominique Joseph Picavez, alors âgé de trente-trois ans fut nommé Curé de la paroisse Sainte-Madeleine de la ville-l'Évêque par 480 voix sur 520 au début de l'année 1791.

     

    Il fit sa proclamation le 13 février 1791. Ce jour-là, Dominique Picavez, bachelier en théologie de la faculté de Paris, demeurant grande rue du Faubourg-du-roule, prononça son discours d'arrivée:

    "Messieurs, dans ce temple auguste où je suis venu plusieurs fois consulter le Père des lumières, j'entends une voix qui m'assigne un poste au milieu de vous. Toujours soumis à Celui qui tient dans ses mains les destinées des hommes, j'accepte avec résignation et reconnaissance.

     

    Je ne me fais point illusion sur le fardeau que vous m'imposez et, quoique je ne le voie encore qu'en perspective, j'en sens déjà tout le poids. Je ne me dissimule pas l'étendue et l'importance des devoirs attachés à la place à laquelle vous m'élevez. Depuis nombre d'années ils sont le sujet de mes méditations.

     

    J'ai toujours envisagé ce poste avec effroi, et, pénétré du sentiment de ma faiblesse et de l'insuffisance de mes talents, je désirais, si j'ose le dire, je désirais voir s'éloigner le moment où j'y serais appelé; mais les circonstances critiques où se trouve l'Église de France, mon amour pour la religion de mes pères, mon entier dévouement pour ma Patrie dont elle doit faire le bonheur, ma conscience enfin, me rappellent impérieusement le premier serment solennel que j'ai fait de travailler au maintien de la religion et de me sacrifier au bonheur de mes frères; le sentiment de ma faiblesse disparaît et je me sens animé de la plus ferme confiance dans la force de Celui dont le peuple est en ce moment le respectable organe.

     

    Je m'interdis ici toute digression sur la Constitution française; mon respect pour la religion, mon amour pour mes frères, mon zèle pour la chose publique, ma soumission à la loi, l'acceptation de la place que vous m'avez assignée: tel est le tribut d'éloges que je lui offre en votre présence.

     

    Dans ce code admirable de notre liberté, j'ai toujours remarqué sensiblement le doigt de Dieu; aussi j'adore ses décrets éternels, je m'y soumets et je bénis sa divine Providence. Sans doute, Messieurs, car il n'est plus permis de l'ignorer, sans doute les ennemis de cette Constitution seront aussi les nôtres.

     

    Ils traiteront notre soumission à la loi, d'apostasie, notre élection, d'intrusion, notre obéissance, d'ambition, et les sarcasmes, peut-être même les menaces et le mépris seront les grandes preuves de leurs assertions. Mais, Messieurs, rien de tout cela ne sera jamais pour moi l'ombre même d'un obstacle dans l'accomplissement de mes devoirs sacrés; je sais être humilié, je sais être méprisé, je sais souffrir, car je puis tout, dans Celui qui me soutient et me fortifie.

     

    Grand Dieu, recevez le sacrifice que je fais au pied de vos autels, de mon repos, de mes forces, de ma santé, de ma vie, en faveur d'un peuple que vous avez toujours aimé et qui sera un monument éternel de votre volonté.

     

    Et vous, peuple, qui m'écoutez, sans doute vous m'encouragez par l'exemple de votre piété et de vos vertus et par le spectacle universel de cette union, de cet amour fraternel que rien ne pourra altérer; vous seconderez par votre docilité mon empressement à vous instruire des vérités éternelles et consolantes et mes efforts à nourrir et fortifier dans vos coeurs ces sentiments tendres et généreux qu'inspirent la religion et l'amour de la Patrie."

     

    On apprend, grâce à ce discours, que Dominique Picavez fut un curé constitutionnel, c'est-à-dire qu'il prêta serment sur la Constitution de 1789. D'après Étienne Charavay, il était électeur en 1791 et 1792 ainsi qu'administrateur du département de Paris.

     

    Alors qu'il était en fonction à la Madeleine, il reçut les corps de nombreux guillotinés devant être inhumés en son cimetière. Cependant, un jour, on lui fit une demande dont il se serait bien passé: l'inhumation de S.M. le Roi Louis XVI.

     

    Mais Dominique Joseph, issu d'une famille qui ne semblait guère en accord avec la révolution (ses cousines germaines étaient alors persécutées à Valenciennes, les Daulmery et les Flory étaient aussi à Valenciennes remplissant tant bien que mal des fonctions politiques, Vincent Monchicourt avait fui le pays ainsi que de nombreux cousins comme les Serret); Dominique Picavez, dis-je, refusa d'enterrer le roi et prétexta une maladie. Voici ce qu'en dit le journal Le Gaulois du 21 janvier 1880:

    "A peu près au moment où l'on assassinait, hier, Lepelletier Saint-Fargeau au palais Royal, le gouvernement mandait auprès de lui le curé de la Madeleine, l'abbé Picavez, afin de lui notifier ses ordres. M. Picavez, vieux, malade et quelque peu révolté par ce qu'il entendait, ne s'est pas senti la force d'accomplir une si cruelle mission.

     

    Il s'en est déchargé sur son premier vicaire, l'abbé François-Sylvain Renard. Celui-ci, très attaché à la personne royale, très ému aux approches de l'exécution, a commencé par refuser nettement son concours aux funérailles. "Eh bien! lui a dit M. Picavez, préparons-nous à monter tous les deux sur l'échafaud, car votre conduite aura d'incalculables suites." L'abbé Renard ne pu résister à cet argument. Il a pris son courage à deux mains et, toute la nuit, il se prépare à remplir son douloureux devoir."

     

    Lors de la Restauration, son premier vicaire fut interrogé par le Chancelier du Roi sur les conditions de l'inhumation. Voici donc son témoignage sur cette journée, prononcé le 20 janvier 1815:

    "Le 20 janvier 1793, le Pouvoir exécutif manda M. Picavez, Curé de la paroisse de la Magdeleine, pour le charger de l'exécution de ses ordres relativement aux obsèques de S.M. Louis XVI.
    M. Picavez ne se sentant pas le courage nécessaire pour remplir une fonction aussi pénible et aussi douloureuse, prétexta une maladie, et m'engagea, comme son Premier Vicaire, à le remplacer et à veiller, sous ma responsabilité, à la stricte exécution des ordres intimés par le Pouvoir exécutif.

     

    Ma réponse fut d'abord un refus positif, fondé sur ce que personne n'avait, peut-être aimé Louis XVI plus que moi; mais sur l'observation juste que M. Picavez me fit que ce double refus pourrait avoir des suites fâcheuses et incalculables pour nous deux, j'acceptai.

     

    En conséquence, le lendemain 21, après m'être assuré que les ordres prescrits par le Pouvoir exécutif, et relatifs à la quantité de chaux ordonnée, et à la profondeur de la fosse qui, autant que je puis me le rappeler, devait être de dix à douze pieds, avaient été ponctuellement exécutés, j'attendis à la porte de l'église, accompagné de la Croix et de feu M. l'Abbé Damoreau, que l'on nous remît le corps de Sa Majesté.
    Sur la demande que j'en fis, les membres du département et de la commune me répondirent que les ordres qu'ils avaient reçus leur prescrivaient de ne pas perdre de vue un seul instant le corps de Sa Majesté. Nous fûmes donc obligés, M. Damoreau et moi, de les accompagne jusqu'au cimetière, situé rue d'Anjou...
    Arrivés au cimetière, je fis faire le plus grand silence. L'on nous présenta le corps de S.M. Elle était vêtue d'un gilet de piqué blanc, d'une culotte de soie grise et les bas pareils...

     

    Nous psalmodiâmes les vêpres et récitâmes toutes les prières usitées pour le service des morts; et, je dois dire la vérité, cette même populace qui naguères faisait retentir l'air de ses vociférations, entendit les prières faites pour le repos de l'âme de S.M. avec le silence le plus religieux.

     

    Avant de descendre dans la fosse, le corps de S.M. mis à découvert dans la bière, il fut jeté, au fond de ladite fosse, distante à dix pieds environ du mur, d'après les ordres du Pouvoir exécutif, un lit de chaux vive. Le corps fut ensuite couvert d'un lit de chaux vive, d'un lit de terre, et le tout fortement battu et à plusieurs reprises.

     

    Nous nous retirâmes ensuite en silence après cette trop pénible cérémonie, et il fut, autant que je puis me le rappeler, dressé par M. le Juge-de-paix un procès-verbal qui fut signé des deux Membres du département et de deux de la commune. Je dressai aussi un acte mortuaire en rentrant à l'église, mais sur un simple registre, lequel fut enlevé par les Membres du comité révolutionnaire lors de la clôture de cette église."

     

    Autre document important, le procès-verbal de l'inhumation de Louis XVI:

     

    "Le vingt-un janvier mil sept cent quatre-vingt-treize, l'an deux de la République française, Nous, soussignés, administrateurs du département de Paris, chargés de pouvoirs par le conseil général du département, en vertu des arrêtés du conseil exécutif provisoire de la République française,

     

    De là, accompagnés des citoyens Renard et Damoureau, tous deux vicaires de la paroisse de Sainte-Madelaine, chargés par le citoyen curé de procéder à l'inhumation de Louis Capet, nous nous sommes rendus au lieu du cimetière de ladite paroisse, situé rue d'Anjou-Saint-Honoré, où étant, nous avons reconnu l'exécution des ordres par nous signifiés la veille au citoyen curé, en vertu de la commission que nous avions reçue du conseil général du département.

     

    Nous sommes transportés à neuf heures du matin en la demeure du citoyen Picavez, curé de Sainte-Madelaine, lequel ayant trouvé chez lui, nous lui avons demandé s'il avait pourvu à l'exécution des mesures qui lui avaient été recommandées la veille par le conseil exécutif et par le département pour l'inhumation de Louis Capet. Il nous a répondu qu'il avait exécuté de point en point ce qui lui avait été ordonné par le conseil exécutif et par le département, et que le tout était à l'instant préparé.

     

    Peu après a été déposé, dans ledit cimetière, en notre présence, par un détachement de gendarmerie à pied, le cadavre de Louis Capet, que nous avons reconnu entier, dans tous ses membres, la tête étant séparée du tronc. Nous avons remarqué que les cheveux du derrière de la tête étaient coupés, et que le cadavre était sans cravatte, sans habit et sans souliers.

     

    Du reste il était vêtu d'une chemise, d'une veste piquée en forme de gilet, d'une culotte de drap gris et d'une paire de bas de soie gris.

     

    Ainsi vêtu, il a été déposé dans une bière, laquelle a été descendue dans la fosse qui a été recouverte à l'instant.
    Le tout a été disposé et exécuté d'une manière conforme aux ordres donnés par le conseil exécutif provisoire de la République française.

     

    Et avons signé avec les citoyens Picavez, Renard et Damoureau, curé et vicaires de Sainte-Madelaine.
    PICAVEZ, RENARD, DAMOUREAU, LEBLANC et DUBOIS."

     

    Malade en janvier 1793, Dominique Picavez survécut au moins jusqu'au mois de juin où une terrible épreuve survint: Le 22/06/1793 (Extrait conforme, A.N., BB3 72, n°89; issu du Répertoire général des sources manuscrits de l'histoire de Paris pendant la révolution française, Tome 9, par Alexandre Tuetey pp.468-469):

    "1567. - Arrêté du Conseil général de la Commune, ordonnant le renvoi au Comité de salut public du Département, d'une dénonciation d'un citoyen de la section de la République contre le sieur Picavez, ci-devant prêtre, l'un des principaux auteurs des divisions qui règnent dans cette section et de motions des plus anticiviques."

     

    Ainsi le dossier de dénonciation à l'encontre de Dominique Picavez fut-il renvoyé au Comité de Salut Public. Les sources se tarissent alors sur son sort; on sait seulement qu'il abdiqua de son poste en 1793. Maurice Chartier, dans un article de 1957 des Annales Historiques de la Révolution Française (pp.264-265, numéros 146 à 149 [nous n'avons pas trouvé dans quel numéro l'article est paru]) nous annonce qu'il fut ensuite "curé desservant de la succursale de Champignolles".

    Il serait intéressant de savoir comme cet ancien électeur de Paris, haut placé, s'est retrouvé en Côte-d'Or. Fut-ce sous la Restauration où il aurait été puni pour avoir été Curé Constitutionnel? Serait-ce une décision du Comité de Salut Public pour le punir des faits reprochés en juin 1793? Là encore, il nous faudrait avoir les résultats des délibérations dudit Comité.

    On le retrouve à Champignolles-les-Hospitaliers, bourgade qui contient aujourd'hui 70 habitants (!) où il décède en 1823, le 8 juin à trois heures du matin dans l'une des chambres du presbytère.

     

    D Picavez Dominique Joseph 09061823 Champignolles les Hospi

     

    Acte de décès de Dominique Joseph Picavez (cliquez pour agrandir)

     

    http://sacres-ancetres.over-blog.com/article-dominique-picavez-le-pretre-qui-dut-enterrer-louis-xvi-112022880.html

     

     

     

     

     

     

     

     

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    elisabeth_et_henrietteNées toutes deux le 14 aout 1727, Marie-Louise-Elisabeth et Anne-Henriette de France sont les premiers enfants de Louis XV et de Marie Leszczynska, mariés depuis le 5 septembre 1725.

      

    Marie-Louise-Elisabeth née en première prendra le titre de Madame Première puis Madame Elisabeth après son baptême et enfin Madame Infante.

      

    Sa jumelle sera Madame Seconde puis Madame Henriette. Fierté du couple royale (Louis XV parlera de « coup double » pour la première grossesse de la reine), les jumelles passent leur enfance à Versailles tandis que leurs cadettes s’en vont pour Fontevrault. Nouant des liens très forts, se montrant toujours ensemble, on aurait dit qu’elles ne pouvaient vivre l’une sans l’autre.

      

    La séparation en 1739 n’en est que plus dure. En effet le 27 octobre de cette année, Elisabeth épouse l’Infant d’Espagne Philippe de Bourbon. Elle doit quitter la cour de France définitivement. Les adieux sont déchirants, les deux sœurs pleurent en disant « mon Dieu, c’est pour toujours ».

      

    Pourtant, Madame Infante reviendra à Versailles en 1750 avec sa fille Isabelle.

      

     

     

    Henriette est aux anges et c’est avec encore beaucoup de tristesse que les jumelles se séparent lorsque Elisabeth repart auprès de son époux. Henriette, dont le roi ne cache pas qu’elle est sa fille préférée, semble en effet avoir toutes les qualités du monde.

     

      

    Aimable avec tous, elle rapproche son frère le Dauphin de sa femme Marie-Josèphe de Saxe, elle tente de s’entendre avec la maîtresse de son père Mme de Pompadour. Madame Henriette avait failli épouser son cousin Louis-Philippe de Bourbon-Orléans duc de Chartres dont elle était amoureuse.

      

    Les ministres de Louis XV murmurèrent au roi que cette union rapprocherait trop les Orléans

     (branche cadette des Bourbons) du trône de France et le mariage ne se fit point. Madame Infante ne devait plus revoir Henriette. La fille favorite de Louis XV mourut le 10 février 1752 de la tuberculose. Pour le peuple, Dieu punissait le roi pour son libertinage en lui enlevant une fille parait de toutes les grâces. Elisabeth fut effondrée en apprenant la mort de sa sœur adorée.

     

    Elisabeth que le roi appelait affectueusement Babette, devait retourner à Versailles ou elle mourut de la variole le 6 décembre 1759.

     

     

      

    Le chagrin causé par la disparition de sa jumelle lui aurait ôté le gout de vivre. Pierre Gobert avait réalisé de Mesdames Elisabeth et Henriette, un magnifique tableau lorsqu’elles étaient enfants. Ce portrait des jumelles met en valeur la proximité entre les deux sœurs. Madame Première est vêtue de vert et Madame Seconde de rose.

     

     

    File:Isabella Louise Elisabeth de Parma.jpg 

    Élisabeth de France et sa fille Isabelle de Bourbon-Parme, future archiduchesse d'Autriche

     

     

    http://enviedhistoire.canalblog.com/archives/2006/06/20/2132793.html

     

     

     

     

     

     

     

     

     

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    louis-xv

     

    C’était un gros livre poussiéreux qu’une amie m’avait prêté à la fin du siècle dernier.

    Quelle divine surprise de le revoir dans les rayons !

    Les éditions Tallandier rééditent « Le siècle de Louis XV » signé en 1933 par Pierre Gaxotte. Évidemment, le moindre prof d’histoire bobo vous sautera à la gorge si vous lui sortez cette référence. Et d’une, Gaxotte est un journaliste réac, sorte de Zemmour des années 30 ; et de deux, balayant d’un verbe dru les inepties scolaires, il réhabilite pan par pan le règne de Louis XV ! Si l’académicien Gaxotte vivait encore, Patrick Cohen ne l’inviterait pas, on peut en être sûr !

    Courez acheter cette merveille ! Offrez-la à vos proches ! C’est un roman de la grandeur où l’historien nous conte l’apogée de la civilisation française. Nous l’avons oublié, car depuis des générations, l’école a jeté à la poubelle l’extraordinaire « siècle de Louis XV ». Comme quoi, un « mémoricide », ça marche…

     

    Avant d’en disparaître (depuis 30 ans), Louis XV a été le personnage le plus insulté de toute l’histoire des manuels scolaires. Des générations d’auteurs ont tenté de l’abattre par le verbe. Ainsi, en 1956, on peut lire dans un manuel signé Lavisse et Conard : « Dans son enfance, il avait été maladif et on l’avait beaucoup gâté.

      

    Louis XV s’était donc habitué à ne penser qu’à son plaisir. Il fut dès sa jeunesse avare, moqueur et même cruel, égoïste et paresseux. »

      

    De 1880 à 1970, tous les livres de classe seront dans ce style : insultes répétées, accusations de complots, perversité supposée de la royauté, cruelle, haineuse, catholique , etc.

      

    Évidemment, le Bien-Aimé était le produit de son époque, voguant entre une spiritualité profonde et la tentation de la débauche : le « parc aux cerfs », où bruissaient les nymphettes du roi, n’était pas politiquement correct, c’est clair…

    Et pourtant… Son règne (de 1715 à 1774) est le second plus long de notre Histoire.

      

    La France est alors la première puissance mondiale. Doté d’une armée redoutée, jouissant d’une vigoureuse démographie (seules la Chine et l’Inde nous dépassent !), notre pays dispose d’une situation géographique exceptionnelle.

    C’est la thèse centrale du livre : la France doit choisir entre le grand large et le continent. Abandonnant l’Inde et l’Amérique du Nord, Louis XV choisira la seconde option, préférant dominer l’Europe, alors centre du monde, comme feront par la suite Napoléon (qui vendit la Louisiane) ou de Gaulle lâchant le « boulet » algérien.

      

    Selon Gaxotte, la perte de l’empire n’était qu’un retrait tactique, en attendant de reconstituer une invincible flotte de guerre. Celle qui vaincra finalement les Britanniques dans la guerre d’Indépendance américaine !

      

    Avec Louis XV, Gaxotte a pu dire qu’il n’y aurait « pas eu de Révolution », qu’il aurait maté les premières révoltes, réformant le pays progressivement.

      

    Très possible surtout quand on sait qu’il osa broyer les parlementaires de sa main de fer.

      

    Ce fut le coup d’État royal de 1771. Ça donne envie !

     

     

    http://www.bvoltaire.fr/joriskarl/rehabilitons-louis-xv,17106

     

     

     

     

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    Un jour... une histoire... 16 mai 1770

     

     

    16 mai 1770

    Mariage de Louis et Marie-Antoinette
     
     
     

    Le mercredi 16 mai 1770, Marie-Antoinette (14 ans) épouse Louis (16 ans), petit-fils du roi de France Louis XV. L'archiduchesse Marie-Antoinette est la quatrième fille de Marie-Thérèse de Habsbourg, impératrice d'Allemagne, et de son mari François 1er de Lorraine.

     

    Le duc de Choiseul, ministre du roi Louis XV et favori de la Pompadour, a désiré l'unir à l'héritier de la couronne de France pour contrer l'influence anglaise après la guerre de Sept ans. Louis XV, de son côté, se réjouit d'une alliance matrimoniale qui réconcilie la France et l'Autriche et permet de contenir l'agressivité croissante de la Prusse et la puissance montante de l'Angleterre.

     

     

    Festivités endeuillées

     

    La petite archiduchesse, qui n'a jamais montré de disposition pour l'étude et le travail, a été préparée à la hâte à ses futures responsabilités de souveraine avant de quitter enfin Vienne pour Paris. Le 7 mai 1770, elle arrive à la frontière française. À ce moment-là, selon un pénible rituel, elle doit se dépouiller de tout ce qui lui vient de son pays natal pour ne plus se vêtir que d'habits français.

    On consent seulement à lui conserver son petit chien !...

     

    Le futur marié, qui porte le titre de duc de Berry, est le troisième fils du dauphin Louis, mort cinq ans plus tôt, et de Marie-Josèphe de Saxe. C'est un garçon doux et maladivement timide. La mort prématurée de ses deux aînés en a fait l'héritier de la couronne sans y avoir été préparé.

     

     

    Le Dauphin Louis en 1769

    (Louis-Michel Van Loo -

    Musée de Versailles)

     

     

    Arrive le grand jour. Le sacrement du mariage est conféré à Louis et Marie-Antoinette dans la chapelle de Versailles par l'archevêque de Reims, grand aumônier du roi. Ensuite viennent les festivités. Un feu d'artifice, retardé pour cause de mauvais temps, est tiré le samedi 19 mai au-dessus des jardins de Versailles. Le lundi 21, bal masqué dans les appartements du palais. Le mercredi 23, le roi assiste à une représentation d'Athalie, de Racine. Le mardi 29, bal masqué avec 6.000 participants chez l'ambassadeur de Vienne, qui représente le couple impérial, les parents de la mariée...

     

     

    La dauphine marie Antoinette en 1770

    (JB Charpentier, musée de Versailles)

     

     

    Le lendemain, mercredi 30 mai, la ville de Paris fait tirer un feu d'artifice sur la place Louis Quinze (l'actuelle place de la Concorde), en face de la promenade des Champs-Élysées. Hélas, un drame vient ternir la fête populaire.

     

    Le secrétaire du roi le décrit ainsi dans son compte-rendu aux ambassadeurs :«La ville de Paris fit tirer un très beau feu d'artifice dans la place de Louis Quinze, en face des deux colonnades... Sur les neuf heures et demie, l'on tira le feu, après lequel il y eut dans toute la place une superbe illumination ; tout Paris s'étant trouvé à cette fête, elle fut malheureusement troublée par un malheur inconcevable et qui s'oubliera difficilement, c'est que la police ayant été si mal faite par la garde de la ville et l'affluence du monde étant si prodigieuse, il y eut plus de 300 personnes de différents États qui furent étouffées dans la presse et qui moururent sous les pieds des uns et des autres, sans compter celles qui moururent quelques jours après de leurs blessures. Ce désastre jeta une si grande consternation le lendemain à la cour et à la ville que le Roy et la famille royalle envoya au lieutenant de police cent cinquante mille livres pour secourir les familles indigentes qui avoient perdu leurs parents dans cette bagarre».

     

     

    Rancoeurs contre l'Autrichienne
       

    Dans les premiers temps du mariage, la beauté de la nouvelle dauphine comble d'aise le peuple français mais cet état de grâce ne dure pas...

     

     

    Marie Antoinette par A-U  Wertmüller

    (1788, chteau de Versailles)

     

     

    La dauphine souffre de l'indifférence de son mari à son égard. C'est seulement dix mois après leur union que Louis consent à la rejoindre dans son lit. Encore n'est-ce que pour y dormir ! Dans le langage ampoulé de l'époque, Marie-Antoinette écrit à sa mère «qu'il n'en [est] pas encore résulté les suites qu'on aurait pu s'enpromettre».

     

    C'est que le jeune homme serait empêché de remplir son devoir conjugal à cause d'une malformation bénigne du pénis ! Il résistera pendant sept ans à l'idée de se faire opérer et ne s'y résoudra qu'au nom de la raison d'État... Selon une autre interprétation, il aurait seulement manqué de savoir-faire et n'aurait réussi à consommer le mariage qu'après que son beau-frère, le futur empereur Joseph II, lui eut expliqué dans les détails la manière de s'y prendre !

     

    De l'insouciance à la tragédie    

    En attendant, la fille de l'impératrice, qui n'a pas été préparée à son rôle, se console en goûtant dans l'insouciance à tous les plaisirs de la cour...

     

    Devenue reine en 1774, à la mort de Louis XV, Marie-Antoinette s'écarte des recommandations épistolaires de sa mère l'impératrice, prend des libertés avec l'étiquette et ne dissimule plus son goût des frivolités et des diamants.

     

    Sa femme de chambre, Mme Campan, la dit résolue à se procurer «sur le trône les plaisirs de la société privée». Elle entretient des liaisons très amicales avec le duc de Lauzun et un beau Suédois, Axel de Fersen, qui, plus tard, organisera la fuite de Varennes par amour pour elle.

     

     

    Axel de Fersen

     

     

    Très vite, les vieilles rancoeurs anti-autrichiennes reprennent le dessus.

     

    Victime candide des ragots et des cabales, la reine est bientôt fustigée sous l'appellation de l'Autrichienne et calomniée dans l'Affaire du collier avant d'être envoyée à l'échafaud.

     

     

     

     

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    2 commentaires

  •     Par Gautier-Dagoty le duc de Chartres avant de devenir le duc d'Orléans, avant de devenir Philippe Egalité. Et la duchesse, une Bourbon-Penthièvre, dont le père fut le mécène de Florian. Ses cheveux blonds dénoués la récouvraient jusqu'aux pieds. 

     

     

     

     

    Philippe-Egalité a-t-il échangé sa fille pour un fils ?

     

     

     

    En juillet 1823, une certaine Maria-Stella, baronne de Sternberg entame en France une série de démarches afin de prouver qu'elle est de sang royal et la fille de Philippe-Egalité.

    On pourrait penser qu'il s'agit là d'une aventurière. Après tout, combien de personnes se sont présentées comme étant Louis XVII ?

      

    Or, il apparaît bien vite que la baronne est une dame de haut rang.

      

    Née le 16 avril 1773, elle est civilement la fille de Lorenzo Chippini, geôlier d'une prison en Italie. Elle a épousé un vieil aristocrate Anglais, lord Newborough qui lui laisse une grande fortune à sa mort. Maria-Stella devient ensuite la femme du baron de Sternberg.

      

    A sa mort en 1820, Chiappini laisse une lettre à Maria-Stella dans laquelle il avoue qu’il n'est pas son vrai père.

    Il confesse avoir échangé son fils qui venait de naître avec la fille d'une personne de haute naissance sans dévoiler son identité. Maria commence ses recherches et fini par trouver la trace d’un couple nommé Joinville qui était de passage dans sa ville natale Modigliana.

      

      

    En 1824, Maria-Stella est reconnue officiellement comme étant la fille de Mr de Joiville mais qui était cet homme ? Pour Maria-Stella il est certain que Mr Joinville est Louis-Philippe-Joseph d'Orléans.

      

    La jeune femme avance plusieurs arguments : la confrontation entre des descriptions de l'époque faite par des personnes qui ont vu ce Mr Joinville et les portraits

    de Philippe-Egalité montrent une certaine ressemblance.

      

      

    Le duc et la duchesse d'Orléans avaient voyagé plusieurs fois son le nom d’emprunt de Joinville.

    Et l'un des fils de Louis-Philippe d'Orléans porte le titre de prince de Joinville.

     

     

     

     

     

    Philippe Egalité

     

     

     

     

     

    Maria Stella

     

     

     

    Maria-Stella avance qu'en 1773, Marie-Adélaïde de Penthièvre aurait mis au monde une fille. Le duc d'Orléans, alors duc de Chartres, aurait échangé sa fille avec le fils de l'épouse de Chiappini qu'elle venait de mettre au monde.
      
      
    En effet, en 1771, la duchesse de Chartes avait accouché avant terme d'une fille morte-née et on doutait quelque peu qu'elle puisse de nouveau porter un enfant.
      
    La seconde grossesse de 1773 était vue comme un miracle et le duc de Chartres désirait un garçon pour que la dynastie des Bourbon-Orléans ne s’éteigne pas.
      
      
      
    Avoir une fille l'aurait bien contrarié et moyennant finances comme Chiappini le disait dans sa lettre, il aurait pris le fils du geôlier à qui il aurait confié sa fille.
      
    Tout cela voudrait donc dire que Louis-Philippe Ier était un usurpateur et n'aurait jamais dû régner.
      
      
    La principale objection aux dires de la baronne c'est que Louis-Philippe est né en octobre 1773 et non en avril 1733 à l'inverse de Maria-Stella. Donc lors de la naissance de Maria-Stella, le futur roi des français était encore dans le ventre de sa mère.
      
    Et lors de la naissance de l'enfant du duc de Chartres le 6 octobre 1773, des dizaines de personnes étaient témoins de l'accouchement. Difficile par la suite de substituer une fille avec un garçon.
      
    Mais ses « preuves » lui suffirent et Maria-Stella s'en contenta jusqu'à sa mort le 23 décembre 1843 ne cessant de proclamer qu'elle est princesse d'Orléans et rassemblant des partisans.
      
    Elle décéda d’ailleurs en léger état de trouble mental.
      
    Aujourd'hui des historiens évoquent bien la probable substitution de Maria-Stella mais font de son père un souverain local (Este, Parme, Modène, Deux-Siciles, Toscane). Maria-Stella pourrait également être la fille d'un membre d'une famille princière italienne, qui aurait utilisé le nom de comte de Joinville pour dissimuler sa véritable identité - laquelle était connue des autorités locales.
      
    Probablement un membre d'une importante famille régnante, soucieux de sa succession.
      
      
    Il est donc fort possible que la baronne de Sternberg soit de sang royal mais pas de celui des Bourbon-Orléans.
     
     
     
     
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