• 16 Octobre 1793, Assassinat de Marie-Antoinette

     

     

     

    16 Octobre 1793, Assassinat de Marie-Antoinette :

    Acte fondateur des Totalitarismes modernes, scène II....

     

    marie-antoinette,napoléon,voltaire,carnot Comme Louis XVI, le 21 janvier, la Reine n'est pas assassinée pour ce qu'elle a fait, mais pour ce qu'elle est.

    Elle l'est au cri de "Mort à l'Autrichienne", dans un déferlement de xénophobie indéniable, que l'on peut considérer comme étant l'une des sources lointaines du racisme.

    Les mêmes xénophobes, par ailleurs, n'hésitant pas à souhaiter "qu'un sang impur" abreuve leurs sillons, on est bien là dans ce qui est peut-être la première manifestation "moderne" du racisme authentique...

    Xénophobie et racisme dûment condamnés et flétris par les héritiers de la Révolution aujourd'hui, alors que leurs "grands ancêtres" en sont donc, pour une bonne part, à l'origine !.....

    Il est vrai que la République idéologique n'en est plus à un paradoxe près : elle accueille, dans le Panthéon ("Aux grands hommes, la patrie reconnaissante"), Lazare Carnot, l'organisateur du Génocide vendéen, et Voltaire, furieusement antisémite et joyeusement raciste; et elle laisse Napoléon aux Invalides, dans son monument d'orgueil, à l'admiration des foules, lui qui déclarait les juifs "des sauterelles et des chenilles qui ravagent la France"....

    marie-antoinette,napoléon,voltaire,carnot

    Âgée de trente-huit ans (Louis XVI en avait 39, le 21 janvier), la Reine en paraissait alors soixante : depuis le retour de Varennes, ses cheveux étaient devenus blancs.....

    Un témoin oculaire, un nommé Lapierre, écrit à la société populaire de Carentan que la reine, qu’il appelle d’une injure qui ne déshonore que lui et que nous ne répéterons pas ici

    "a été à l’échafaud avec une fermeté incroyable, sans broncher".

     

     

    sources

    http://lafautearousseau.hautetfort.com/archive/2011/10/12/x.html

     

     

     

     

     

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    1789-1799

    La Révolution française

     


    1789
    Du tiers état à la Nation

     

    Le 5 mai 1789, le roi Louis XVI et Necker ouvrent solennellement les états généraux. Louis XVI n'a plus d'argent en caisse et a besoin de l'accord des représentants des trois ordres (clergé, noblesse et tiers état) pour lever de nouveaux impôts et réformer ceux existants.

     

     

    Dès l'ouverture des débats, les représentants du tiers état dénoncent la division de l'assemblée en trois ordres qui les met automatiquement en minorité lors des votes, face aux représentants des ordres privilégiés, le clergé et la noblesse. Ces deux ordres ne représentent qu'une toute petite partie de la population française et souhaitent maintenir les privilèges leur permettant de ne pas payer d'impôts.

    Le 17 juin, les députés du tiers état, ainsi que quelques membres du clergé et de la noblesse proches du peuple et des idées nouvelles du siècle des Lumières, se réunissent à part. Sur proposition de

    l'abbé Sieyès, qui constate que le tiers état représente à lui seul les «quatre-vingt-seize centièmes de la Nation», ils s'autoproclament Assemblée nationale, représentante du peuple français.

    Le 20 juin, bafouant la volonté du roi qui leur a interdit de se réunir, l'Assemblée nationale se rassemble dans la salle du Jeu de Paume, près du palais de Versailles, et fait serment de ne pas se séparer tant qu'elle n'aura pas donné une constitution à la France.

     

     

    Trois jours plus tard, les députés des trois ordres se réunissent en présence du roi. À la fin de la séance, celui-ci ordonne aux ordres de siéger séparément. Toutefois, les représentants de la toute nouvelle Assemblée nationale refusent de se diviser et de quitter la salle.

    Mandaté par Louis XVI, le marquis de Dreux-Brézé leur demande d'obéir aux ordres. Bailly, le président de l'assemblée lui rétorque : «Je crois, monsieur, que la Nation assemblée n'a d'ordre à recevoir de personne» et Mirabeau aurait même ajouté : «Nous sommes là par la volonté du peuple et n'en sortirons que par la puissance des baïonnettes ! » Acte grave par lequel l'Assemblée désobéit ouvertement au roi.

     

    Conscients de leur force et constatant que les maux du gouvernement appellent davantage qu'une réforme de l'impôt, les députés projettent de remettre à plat les institutions et de se déclarer Assemblée nationale constituante afin d'établir de nouvelles règles de fonctionnement, selon l'exemple américain. Ils souhaitent ainsi mettre un terme à l'autoritarisme royal et d'établir une monarchie parlementaire.

    Le 11 juillet 1789, face à cette rébellion ouverte des députés, Louis XVI décide de renvoyer son ministre Necker, jugé trop proche des idées de l'Assemblée nationale. Ce renvoi est très impopulaire car le ministre reste admiré par une grande partie du peuple, voyant en lui un de ses plus grands défenseurs.

      
     Camille Desmoulins (1760-1794), « l’homme du 14 juillet », l’ami de Danton et de Robespierre. À la fin de 1793, il veut, avec Danton et ceux qui le soutiennent, les Indulgents, arrêter la Terreur et négocier la paix.
    Il écrit dans son journal (Vieux Cordelier, no 4) : « Ouvrez les prisons à 200 000 citoyens que vous appelez suspects, car, dans la Déclaration des Droits, il n’y a point de maisons de suspicion… Vous voulez exterminer tous vos ennemis par la guillotine ! Mais y eut-il jamais plus grande folie ! … Croyez-moi, la liberté serait consolidée et l’Europe vaincue si vous aviez un Comité de Clémence ! ». Portrait posthume par Jean-Sébastien Rouillard
     
      
    Le peuple entre dans la partie

    À Paris, le peuple s'irrite et s'inquiète. La rumeur court que le roi, indigné par la désobéissance des députés, souhaite mettre fin à leur rébellion. Des rumeurs font craindre une intervention des troupes contre la capitale.

    Le 12 juillet, au Palais-Royal, un orateur, Camille Desmoulins, harangue la foule. Deux jours plus tard, pour se défendre face aux soldats du roi, les émeutiers s'attroupent, pillent une armurerie et s'en vont prendre d'assaut la Bastille, une vieille forteresse royale de la guerre de Cent Ans - et ne détenant que sept prisonniers (quatre faussaires, deux fous et un délinquant sexuel) ! Surplombant de sa masse sombre le quartier populaire de Saint-Antoine, elle n'est gardée que par 82 invalides et 32 gardes suisses et symbolise le pouvoir arbitraire du roi aux yeux des parisiens.

    Des troupes du roi se rallient aux insurgés qui prennent d'assaut la citadelle. L'attaque est sanglante et se termine par le massacre des défenseurs de la Bastille et de son gouverneur, dont la tête est mise au bout d'une pique et promenée à travers les rues de Paris.

     

     

     

     

    Face aux troubles qui s'étendent, le roi reste passif. Son frère, le comte d'Artois, futur Charles X, prend quant à lui la mesure de l'événement et quitte la France sans attendre. Il est suivi dans l'émigration par d'autres nobles, dont le prince de Condé et Mme de Polignac.

    À Paris, le comité des électeurs désigne un maire, Bailly, et un commandant de la garde nationale, La Fayette, en remplacement de l'administration royale. Les autres villes imitent la capitale.

    Dans le reste du pays, une «Grande peur» s'étend dans les campagnes. Les paysans craignent que les seigneurs ne mènent une répression face aux événements révolutionnaires agitant l'ensemble du pays. Sans manquer d'afficher leur loyauté à la monarchie, ils pillent les châteaux et brûlent les «terriers», les documents qui contiennent les droits seigneuriaux. Quelques familles de hobereaux (petits seigneurs) sont battues, voire massacrées. Pour apaiser les campagnes, dans la nuit historique du 4 août, les députés votent l'abolition des privilèges, mettant ainsi fin à des siècles de domination seigneuriale.

    Le 26 août 1789 est votée la Déclaration des Droits de l'Homme et du Citoyen. C'est l'acte le plus remarquable de la Révolution. Les députés, inspirés par les grands philosophes français et anglais des siècles précédents (Hobbes, Locke, Montesquieu, Rousseau...) votent dans l'enthousiasme cette Déclaration de 17 articles commençant par cette phrase mémorable et impensable sous l'Ancien Régime : «Tous les Hommes naissent et demeurent libres et égaux en droits...».

    L'espérance de voir le roi accepter ces bouleversements ne dure pas. À Paris, le peuple s'indigne de l'opposition royale à l'abolition des privilèges. À son mécontentement, s'ajoute la disette dont souffre une grande partie du peuple en raison des mauvaises récoltes des années précédentes.

    Afin de protester, le 5 octobre, une foule de Parisiennes prend le chemin de Versailles pour rencontrer le roi. Louis XVI accepte de recevoir une délégation de ces femmes et leur promet de faire tout son possible afin de ravitailler au mieux la capitale. Le peuple n'est pas pour autant satisfait. Il investit alors le château au cours de la nuit obligeant le roi à quitter Versailles pour s'installer à Paris.

    Le lendemain, le 6 octobre, la famille royale quitte Versailles pour le palais des Tuileries, au coeur de la capitale. L'Assemblée se rappelle là-dessus qu'elle doit résoudre la crise fiscale. Les caisses de l'État sont vides. Alors, le 10 octobre 1789, les députés ont l'idée de saisir les terres et les biens qui appartiennent à l'Église catholique afin de renflouer le trésor public.

    Le 15 octobre, après une ultime séance à l'hôtel des Menus Plaisirs de Versailles, les députés s'installent à Paris, dans la salle du Manège, à côté des Tuileries. À partir de ce jour, l'autorité royale et celle de l'Assemblée nationale seront à la merci des Parisiens et de la pression populaire.

      
      
    1790
    Une France nouvelle
     

     

    Au cours de cette année, les Parisiens se prennent de passion pour les affaires politiques et la capitale devient un foyer foisonnant d'idées et d'agitation.

    Les journaux se multiplient ainsi que les clubs où débattent avec passion les sans-culottes (on appelle ainsi les gens des quartiers populaires, révolutionnaires intransigeant qui portent un pantalon et non une culotte de soie comme les bourgeois et les aristocrates). Le plus célèbre est le club des Jacobins, dont un certain Robespierre devient président le 31 mars 1790.

    L'Assemblée constituante ne se contente pas de préparer une Constitution. Elle réforme en profondeur les institutions du pays.

     

    C'est ainsi qu'elle crée les départements pour remédier à la confusion des anciennes provinces. Elle unifie les poids et mesures et crée une nouvelle unité de longueur appelée à un grand succès mondial : le mètre. Elle instaure l'état civil, introduit le divorce et le mariage civil, supprime le privilège d'aînesse dans les héritages...

    Le 12 juillet 1790, les députés votent la Constitution civile du clergé en contrepartie de la nationalisation des biens de l'Église : ils garantissent un revenu aux membres du clergé et décident aussi qu'ils seront désormais élus par les citoyens et devront prêter serment à la Nation, au roi et à la constitution. À partir de cette date, l'Église va se diviser violemment entre les prêtes «jureurs» (ceux qui acceptent de prêter serment et adhérent aux idées de la Révolution) et les prêtres «réfractaires» (ceux qui refusent le serment et rejettent les idées révolutionnaires).

      
      
    1791

    Le 2 mars 1791, le décret d'Allarde abolit les corporations au nom de la liberté d'entreprendre et, dans un souci de cohérence, la loi Le Chapelier interdit le 14 juin 1791 la reconstitution de toute association professionnelle tant de patrons que de salariés (cette loi entravera au XIXe siècle la création de syndicats).

    Cependant, le roi et le clergé attendent l'avis du pape avant d'approuver la Constitution civile du clergé. L'avis tarde à venir et quand il arrive enfin, le 13 avril 1791, il est négatif. Le pape condamne le texte qu'il considère comme hérétique et schismatique. Il ne menace rien moins que de suspendre les prêtres «jureurs». Le roi, très pieux et fidèle à la volonté du pape, se met dès lors en retrait de la Révolution et utilise son droit de veto afin de paralyser le travail législatif de l'assemblée.

    Le 21 juin 1791, Louis XVI tente avec sa famille de rejoindre des troupes fidèles afin de rétablir son autorité. Mais il est reconnu dans une auberge, arrêté à Varennes et ramené à Paris. Dès lors, la ferveur monarchiste des Français commence à s'effriter et nombreux sont ceux à l'accuser de trahison. Le 17 juillet 1791, sur le Champ de Mars, à Paris, les gardes de La Fayette fusillent des républicains qui demandaient la déposition du roi.

      
      
    L'Assemblée législative et la chute du roi

     

    Le 1er octobre 1791, la première Constitution française entre en application. Elle inaugure une monarchie constitutionnelle à l'anglaise où le pouvoir législatif (rédiger les lois) est confié à une Assemblée du même nom.

    Louis XVI troque son titre de roi de France pour celui, plus humble, de roi des Français. Il dispose du pouvoir exécutif et continue d'exercer son droit de veto qui lui permet de repousser ou retarder les textes de l'Assemblée.

      
      
    1792

    Cette opposition creuse le fossé entre le roi et l'Assemblée législative mais Louis XVI a le soutien d'une bonne partie du clergé qui refuse de prêter serment sur la Constitution.

     

     

     

    Par ailleurs, les députés de la Constituante n'ayant pas été autorisés à se faire élire et à siéger à la Législative, beaucoup choisissent de militer dans les clubs révolutionnaires de Paris. Ils entretiennent l'agitation révolutionnaire.

    Le 23 mars 1792, Louis XVI appelle au gouvernement les Girondins. Comme le roi mais pour des raisons opposées, ceux-ci aspirent à la guerre contre l'Autriche. Ils souhaitent exporter les idées révolutionnaires à travers l'Europe; quant au roi, il souhaite secrètement la défaite des armées françaises afin de rétablir son pouvoir absolu avec l'appui des armées étrangères.

    L'hostilité envers Louis XVI devient extrêmement forte au sein de la population de Paris. Le 20 juin 1792, le peuple envahit le palais des Tuileries et oblige le roi à porter le bonnet phrygien et à boire à la santé de la nation.

    Le 10 août 1792, la foule envahit à nouveau les Tuileries et en massacre ses défenseurs. Le roi et sa famille sont alors enfermés dans la prison du Temple.

     

    C'est la fin d'une monarchie millénaire ! Le 2 septembre, plus d'un millier de prisonniers soupçonnés d'être monarchistes sont massacrés par les sans-culottes à l'instigation de Marat, un journaliste intransigeant et hystérique de la cause révolutionnaire.

     

     

      
      
    La Convention à l'ombre de la guillotine

     

    Une nouvelle assemblée est élue au suffrage universel (à l'exclusion des femmes) et non plus comme précédemment au suffrage censitaire (seuls ont le droit de voter et de se faire élire les hommes assez aisés pour payer un minimum d'impôt).

    Le 20 septembre 1792, l'assemblée de la Convention (un nom emprunté aux Américains) se réunit pour la première fois. Le lendemain, les députés proclament l'abolition de la monarchie et le 22 septembre 1792, ils décident sur une proposition de Georges Danton, que désormais, les actes publics seront datés de «l'An 1 de la République». C'est de cette manière «furtive», selon le mot de Robespierre, que la France se découvre en République.

     

     File:Danton-mandat d'arrêt.jpg

    Mandat d'arrêt de Danton et de ses amis par le Comité de Salut public et

    le Comité de sûreté générale.
    On a l’impression que ces quelques lignes raturées et surchargées ont été écrites au cours d’une discussion dans un certain désarroi. Barère aurait tenu la plume. Billaud-Varenne signe fermement le premier. Carnot aurait dit en mettant sa signature :

    « Songez-y bien, une tête comme celle de Danton en entraîne beaucoup d’autres. »

    Robespierre signe tout en bas un des derniers.

    Du Comité de Salut public, seul Lindet refuse de signer.

     

    Anecdote -

     

    Le 10 février 1793, alors que Danton est en mission en Belgique, Antoinette Gabrielle Danton meurt à Paris en mettant au monde son quatrième fils, qui ne vit pas. De retour à Paris le 17 février 1793, Georges Danton trouve un artiste du faubourg Saint-Marceau, le sculpteur Claude André Deseine, sourd et muet, il l'entraîne avec lui, en échange d'une liasse d'assignats, au cimetière Sainte-Catherine où est inhumée sa femme.

    File:Antoinette-Garbielle Charpentier--Claude-André Deseine IMG 2306.JPG

    En pleine nuit, avec l'aide du gardien du cimetière, Georges Danton fait déterrer son épouse, Antoinette Gabrielle, ouvre le cercueil, la couvre de baisers en l'implorant de lui pardonner pour ses nombreuses frivolités sexuelles et pratique un moulage du visage de la morte.

    Le buste mortuaire de Antoinette Gabrielle Danton, exposé l'année même de sa mort au prix d'un scandale rapidement étouffé, est aujourd'hui présenté au musée de Troyes dans l'Aube.

    Georges Jacques Danton se remarie dès le 1er juillet 1793 à Louise Gély (1776-1856), amie du couple qui s'occupait de leurs enfants.

     

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    L'assemblée met sans tarder le roi en accusation. Le procès se déroule à la Convention même. Il réveille l'opposition entre deux clans politiques :


    - les Girondins ou Brissotins (ainsi nommés parce que leur chef de file est le député Brissot et beaucoup viennent du département de la Gironde) : ils veulent maintenir les institutions décentralisées mises en place en 1789,


    - les Montagnards (ainsi nommés parce qu'ils siègent dans les travées les plus élevées de l'Assemblée !) : ils sont menés par Robespierre, Danton, Saint-Just, Marat... Ils veulent un pouvoir fort et centralisé et des mesures radicales pour sauver les acquis de la Révolution et chasser définitivement les armées étrangères menaçant la France. Ils s'appuient sur les sans-culottes parisiens, toujours prêts à déclencher une émeute.

      
      
    Affaires étrangères : la Révolution face à l'Europe des rois

     

    Les souverains étrangers voyaient au départ la Révolution sans déplaisir, escomptant un affaiblissement de la France sur la scène internationale. Mais après les dérapages du printemps 1792, ils s'inquiètent pour le roi et craignent une contagion révolutionnaire. Louis XVI, son entourage et les émigrés français les poussent à intervenir. De leur côté, les révolutionnaires se prennent à espérer une guerre victorieuse qui exporterait les principes de la Révolution en Europe.

     

    Valmy,oeuvre de JB Mauzaisse, d'après Horace Vernet (RMN)

     

    Sur la base de ces très mauvais calculs, le 20 avril 1792, l'Assemblée législative et le roi Louis XVI déclarent la guerre au «roi de Bohême et de Hongrie», en fait le puissant archiduc d'Autriche, futur empereur d'Allemagne.

    Dès l'été, la France est envahie par les armées prussiennes et autrichiennes. Parallèlement le duc de Brunswick, le chef des armées prussiennes, menace les Parisiens d'une répression féroce s'ils attentent à la vie de la famille royale.

    Cependant, le 20 septembre 1792, à Valmy, en Argonne, les Prussiens sont repoussés de manière inattendue par les Français, au chant de la Marseillaise. Ils repassent la frontière sans attendre. Les armées révolutionnaires confirment ce premier succès quelques semaines plus tard par leur victoire à Jemmapes, en Belgique (une possession autrichienne).

      
      
    1793
    Politique intérieure : la Révolution se déchire
     

     

    Les Montagnards obtiennent en définitive la condamnation à mort du roi.

    Le 21 janvier 1793, Louis XVI est guillotiné en place publique.

    La Convention proclame la «patrie en danger» et annonce la levée de 300.000 hommes pour renforcer les armées. Cette mesure entraîne une révolte paysanne dans tout l'ouest de la France. Le 11 mars 1793 débute la guerre de Vendée, la plus impitoyable guerre civile qu'ait connue la France.

    Le 28 mars est constitué un Tribunal révolutionnaire pour juger les traîtres à la patrie et les opposants au nouveau régime républicain. Enfin, le 6 avril 1793, la Convention confie le gouvernement à un Comité de salut public dominé par Maximilien de Robespierre.

     

     

     

    C'est le début de la dictature jacobine (les membres du comité viennent du club des Jacobins). À la guerre extérieure s'ajoutent les oppositions intérieures de monarchistes et de républicains modérés qui ne supportent pas la dictature qui se met alors en place.

    Les 31 mai et 2 juin 1793, les Girondins sont arrêtés puis guillotinés quelques mois plus tard après un procès expéditif. Le 13 juillet, Marat, l'un des révolutionnaires les plus violents, est lui-même assassiné par une jeune exaltée, Charlotte Corday.

    En réaction, le 17 septembre 1793, la Convention vote la loi des | suspects qui permet d'arrêter, de juger et de guillotiner à peu près n'importe qui. La Terreur s'accélère et la guillotine tourne à plein régime. Elle fera, jusqu'à l'exécution de Robespierre, 20.000 victimes environ.

    Robespierre et les conventionnels profitent de la Terreur pour mener tambour battant la déchristianisation du pays. Les prêtres réfractaires et les religieux qui restent fidèles au pape et à leur religion sont pourchassés et guillotinés.

    Le 16 octobre 1793, c'est au tour de la reine Marie-Antoinette d'être guillotinée. Le lendemain, les Vendéens sont défaits à Cholet. Les Montagnards paraissent triompher. Le 24 novembre 1793, ils imposent un changement de calendrier afin de montrer la rupture définitive avec l'ordre ancien.

      
      
    Affaires étrangères : l'embrasement de l'Europe

     

    Avec la mort de Louis XVI, les souverains étrangers commencent à voir d'un autre oeil la Révolution française ! L'Angleterre n'accepte pas la domination de la France sur la Belgique , où passe une grande partie de son commerce avec l'Europe. Dès février 1793, elle monte une première coalition militaire contre la France avec l'Autriche, la Prusse, l'Espagne...

    Dès le mois suivant, en mars 1793, les Français sont battus à Neerwinden et les armées étrangères menacent à nouveau la France. Lazare Carnot, l'un des membres du Comité de salut public, organise avec énergie la lutte contre la coalition étrangère. Ses efforts portent leurs fruits.

      
      
    1794

    Le 26 juin 1794, la victoire de Fleurus sauve une nouvelle fois la Révolution... mais elle enlève du coup toute justification à la dictature jacobine et à la Terreur.

      
      
      
    Politique intérieure : la chute de Robespierre

     

    Au début de l'année 1794, la France est déchirée par les guerres extérieures et intérieures ainsi que par les divisions entre les différentes factions. Après avoir fait guillotiner les Girondins, les Montagnards s'entretuent également. Robespierre et le Comité de salut public décident de faire exécuter Danton, Camille Desmoulins et leurs partisans car ils sont considérés comme trop indulgents et souhaitent la fin de la Terreur.

    Économiquement, la France est à bout de souffle, son économie est ruinée par les guerres, la Terreur et par la mise en place des «assignats» (une monnaie mise en place en 1791, gagée sur les biens nationaux, issus de la saisie des biens de l'Église en 1790). Cette nouvelle monnaie censée renflouer les caisses de l'État est un échec complet car elle perd très rapidement sa valeur et les Français préfèrent continuer à utiliser l'ancienne monnaie.

    Dans le but d'affaiblir l'Église, toujours hostile à la Révolution, tout en satisfaisant le besoin de religion au sein de la population, le Comité de salut public met en place le culte de l'Être suprême. Le 8 juin 1794 est célébré une fête en son honneur, sous l'égide de Robespierre, marquant l'apogée de sa puissance.

    Sa chute n'est pourtant pas loin... Lassés par sa dictature et par la Terreur, de nombreux députés de la Convention se liguent en effet contre Robespierre et ses proches, comme Saint-Just.

     

    Le 27 juillet 1794 (9 thermidor an II selon le calendrier républicain), ils sont encerclés par la troupe dans l'Hôtel de ville et sont arrêtés. À la grande joie des Parisiens, ils sont guillotinés dès le lendemain.

      
      
      
      
    Les thermidoriens et le Directoire

     

    Les vainqueurs de Robespierre, surnommés les «Thermidoriens», libèrent les suspects et mettent fin à la Terreur. C'est le soulagement dans tout le pays. Mais il est de courte durée. Les nouveaux dirigeants n'ont abattu Robespierre que pour éviter d'être eux-mêmes abattus. Ils tiennent par-dessus tout à empêcher la restauration de la monarchie qui les priverait de leurs richesses mal acquises, voire de leur liberté ou leur vie.

      
      
    1795

     

    Aussitôt se multiplient les revendications. Les royalistes, majoritaires dans le pays, se prennent à rêver à la restauration d'un roi cependant que le malheureux Louis XVII (le jeune fils de Louis XVI) meurt au Temple le 8 juin 1795. Les Jacobins, de leur côté, ne désespèrent pas de revenir au pouvoir.

    Les «Thermidoriens» font front aux complots royalistes et jacobins. Ils préparent une nouvelle Constitution avec non plus une mais deux assemblées, les Cinq Cents et les Anciens. Elles comprendront au minimum deux tiers d'anciens députés de la Convention, une façon de prévenir la victoire électorale probable des royalistes ! Ces derniers projettent un soulèvement. Il est réprimé avec énergie le 5 octobre 1795 (13 Vendémiaire An IV) par un jeune général inconnu de 26 ans, ancien partisan de Robespierre. Il a nom Napoléon Buonaparte. Il fera à nouveau parler de lui...

    Le danger monarchiste ayant été écarté, la nouvelle Constitution entre en vigueur le 26 octobre 1795. Elle met en place un nouveau régime, le Directoire.

      
      
    1796

     

    Le pouvoir législatif est partagé entre les conseils des Cinq-Cents et des Anciens. Le pouvoir exécutif est quant à lui confié à un Directoire de cinq Directeurs, des révolutionnaires convaincus qui souhaitent affermir la République tout en mettant fin aux excès des Jacobins.

     

    Le régime poursuit activement les réformes engagées par les Thermidoriens :


    – rédaction d'un Code civil qui regroupe les lois et les coutumes dans un ensemble cohérent et clair (il appartiendra au Premier Consul Napoléon Bonaparte d'y mettre la dernière touche),


    – banqueroute des deux tiers, éradication des assignats et lancement d'une nouvelle monnaie, le franc, pour remédier à la crise monétaire,


    – rénovation de l'enseignement et création des grandes écoles d'ingénieurs,


    –...

     

    En dépit de ces réformes, l'économie tarde à se relever de l'abîme où l'a plongée l'agitation révolutionnaire. La misère est immense dans les campagnes, où réapparaît le troc. La criminalité fait des ravages. Les administrations, démunies de tout, sont vouées à l'impuissance.

    Les bourgeois prennent leur revanche sur la Terreur. Ils affichent avec ostentation une fortune souvent mal acquise, par le trafic de biens nationaux ou le ravitaillement à prix d'or des armées de la République.

    C'est la période des «incroyables» et des «merveilleuses». Ces jeunes citadins se pavanent dans des tenues excentriques contrastant avec la tristesse de la période jacobine (et très déshabillées, à l'exemple de Mme Tallien).

    Le régime apparaît comme corrompu à l'image d'un de ses hommes forts, Barras, considéré comme un homme «sans foi comme sans mœurs» par de nombreux Français.

    File:Robespierre.jpg 
    Robespierre 
      
    1797

    Comme le gouvernement du Directoire éprouve les plus grandes difficultés à faire rentrer de l'argent dans les caisses de l'État, il encourage ses généraux victorieux à rançonner les pays conquis...

      
      
    Affaires étrangères

     

    Le général le plus efficace dans cette tâche est Napoléon Bonaparte à la tête de son armée d'Italie. À la tête de ses armées, il conquiert en 1796 l'Italie du nord et l'Italie centrale, qui regorgent de richesses. Le 18 octobre 1797, Bonaparte impose la paix à l'Autriche par le traité de Campo-Formio, mettant fin à la première coalition.

      
      
    1798

    Malgré une politique intérieure modérée, le Directoire ne peut renoncer à la poursuite de la guerre. Non seulement il compte sur les tributs prélevés dans les pays conquis mais il veut aussi à tout prix conserver les principales conquêtes de la Révolution : la Belgique et la rive gauche du Rhin.

    Fort de ses premières victoires, le Directoire exporte la Révolution dans les pays conquis. Il crée des républiques-soeurs en Italie, en Suisse... sur le modèle de la république française.

    Or, l'Angleterre, dirigée par l'énergique William Pitt le Jeune, ne peut tolérer à aucun prix que la France, sa grande rivale, demeure en Belgique. Aussi fomente-t-elle une deuxième coalition contre la France. Les frontières de la France sont une nouvelle fois menacées.

      
      
      
    Politique intérieure : le régime aux abois

     

    La République française aborde l'année 1799 en position désespérée. Le régime est aux abois, ses ennemis de la deuxième coalition croient déjà triompher et les Bourbons sont persuadés de reprendre bientôt le pouvoir...

    Pour pallier au manque de volontaires, le gouvernement instaure la conscription obligatoire par la loi Jourdan du 5 septembre 1798

    (elle sera abolie deux siècles plus tard par le président Chirac).

      
      
      
    La déchéance du Directoire
    1799

    Les Directeurs, qui ont voté la mort de Louis XVI, sont prêts à toutes les compromissions pour éviter la restauration monarchique qui signerait leur perte. Sur une idée de l'abbé Sieyès, tête pensante des révolutionnaires modérés, un complot se monte afin de préparer un coup d'état pour renverser le régime instable du Directoire et assurer la stabilité de la République.

     

     

     

    Pour cela, le complot a besoin d'un général populaire et glorieux afin d'établir ce coup de force. Justement, Bonaparte a débarqué à Fréjus le 8 octobre 1799 à Fréjus, de retour d'Égypte où il a mené une campagne militaire désastreuse mais remplie d'exotisme et embellie par la propagande. Les conspirateurs se tournent vers lui.

    Par le coup d'État des 9 et 10 novembre 1799 (18 et 19 Brumaire an VIII selon le calendrier révolutionnaire), Napoléon Bonaparte renverse le Directoire et établit un nouveau régime dans lequel il exerce un pouvoir dictatorial : le Consulat.

    On peut à ce moment considérer que la Révolution française est terminée. Malheureusement, la poursuite de la guerre pendant quinze années de plus va entraîner la France et l'Europe dans des bouleversements et des tragédies dont elles se seraient volontiers passées.

      
      
      
      
    Fabienne Manière
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
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    Mgr le comte de Paris et Duc de France, de jure Henri VII

     

    Dans La Famille Royale

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    Mgr le comte de Paris est le Prétendant au trône de France depuis le 19 juin 1999. Il est, depuis la mort de son père, le « chef de la maison de France », de par sa position d’aîné des descendants en primogéniture mâle de Philippe de France (fils de France, frère de Louis XIV, duc d’Anjou puis d’Orléans, père du Régent). De jure « Henri VII » pour les Royalistes, Henri d’Orléans fait usage des pleines armes de France (« d’azur à trois fleurs de lis d’or »).

    Le Prince Henri de France est né le 14 juin 1933 en Belgique, au Manoir d’Anjou près de Bruxelles. A partir de1886, jusqu'en 1950, le Chef de la Maison de France et son fils aîné ont été frappés par la « Loi d’Exil ». De ce fait, la Famille Royale de France a dû vivre hors de France. Le premier Comte de Paris (dès 1886) et sa Famille vécurent en Angleterre, puis le grand-père du Prince, le Duc de Guise, ayant quitté le Maroc, s’installe en Belgique. En 1939, feu le Comte de Paris envoie sa Famille au Brésil chez les parents de la Comtesse de Paris, les Orléans Bragance, issus de la dernière Impératrice du Brésil, Dona Isabel. La Famille séjourne de 1940 à 1943 au Maroc, à Rabat et à Larache.

    En 1943, feu le Comte de Paris est interdit de séjour au Maroc par les autorités anglo-saxonnes. Force lui est donc de s’installer à Pampelune, en Espagne, où la Famille réside jusqu’en 1946, puis au Portugal, à Sintra.  En 1947, par décret spécial du Président Vincent Auriol, et à titre personnel, le jeune Prince Henri est autorisé à séjourner sur le territoire français pour faire ses études à Bordeaux.  La Loi d’Exil est abolie en 1950 grâce à l’intervention et à la persévérance du député, Monsieur Hutin Desgrée.  En 1953, le Prince Henri s’installe à Paris et poursuit durant quatre ans ses études en Sciences Politiques. Jacques Chirac, préparant l’ENA, fut l’un de ses répétiteurs.  Le 5 juillet 1957, à Dreux, le Prince Henri est marié à la Duchesse Marie-Thérèse de Wurtemberg, dont il se séparera en 1974.

      

    Le Général de Gaulle félicite feu le Comte de Paris pour ce mariage qui préfigure sa propre vision du rapprochement franco-allemand. 

      

    Quelques mois après, le Prince s’engage dans la guerre d’Algérie. Il est décoré pour faits d’armes à Aïn-Mlila.

      

    Puis il signe un contrat avec l’armée pour y faire carrière.  Convoqué à Paris par le Général de Gaulle en 1959, le Prince Henri est Chargé de Mission au Secrétariat Général de la Défense Nationale. Il rencontre régulièrement le Chef de l’Etat, soit dans le cadre de ses missions, soit au cours de chasses à Rambouillet ou Marly.

      

    Il intervient également comme estafette entre le Général de Gaulle et feu le Comte de Paris.

    En 1960, près de Tizi Ouzou, son frère cadet, le Prince François, est tué dans une embuscade. Après les accords d’Evian, en 1962, accords mettant fin à l’intervention armée de la France en Algérie, le Prince est affecté au 4ème Hussard en Allemagne.

      

    Par deux fois, il est détaché avec son peloton auprès du 11ème Cavalerie US à Passaü, sur la frontière tchécoslovaque.

      

    De 1963 à 1968, le Prince Henri est officier instructeur à la Légion Etrangère (1er REC), à laquelle il demeure très attaché. Au retour définitif des régiments français de Mers El-Kébir, le Prince quitte l’armée, non sans y laisser de nombreux amis. Il est d’ailleurs régulièrement convié à la grande fête de Camerone, fête de la Légion.

    La séparation du Prince et de la Duchesse de Wurtemberg crée une tension sérieuse avec sa Famille, laquelle génère des retombées momentanément difficiles.

      

    A partir de 1974, le Prince change d’orientation. Il quitte la fonction publique et décide de s’intéresser aux PME-PMI désireuses d’exporter. Il participe dans ce cadre à une mission économique en Argentine qui permet notamment à la société William Saurin d’implanter une usine clé en main en Terre de Feu. 

      

    En 1981, le Prince Henri lance une association Loi 1901, le « Centre d’Etudes et de Recherches sur la France Contemporaine » (C.E.R.F.C.) qu’il transforme en 1999 en « Institut de la Maison Royale de France » (IMRF). Cette association a pour but principal de réunir des personnes de toutes sensibilités, de toutes situations, de toutes confessions, dans une volonté de tolérance de l’expérience d’autrui et dans le respect de l’identité de chacun. 

      

    Il se remarie à Bordeaux en 1984 avec Micaela Cousino Quinones de Leon, fille de la Marquise de San Carlos, Grande d’Espagne, et de Luis Maximiliano Cousino, descendant des pionniers qui fondèrent le Chili.

    Dans le cadre de ses activités au sein de son association, le Prince et son épouse se déplacent partout en France. Ces voyages d’études sont organisés bénévolement par les bureaux de province de l’IMRF. Rencontres avec les Français, visites aux agriculteurs, aux ouvriers et leurs cadres dirigeants, aux artisans et commerçants, qui donnent lieu parfois à des colloques ou conférences, réception des maires de toutes tendances, de toutes sensibilités.

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    sources
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
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    supprimer le son de RADIONOMY

    Cliquer sur le logo central, le fond musical sera supprimé.

     

    Robespierre, bourreau de la Vendée ? / France 3 / L'ombre d'un doute

     

    Entre 1793 et 1796, la Vendée fut le théâtre d'affrontements d'une rare violence entre des paysans insurgés et le pouvoir révolutionnaire, en particulier lors de l'envoi des colonnes infernales en 1794.

      

    Massacre de patriotes, massacres de royalistes :

    170 000 Vendéens périrent.

      

    En 1794, Robespierre est exécuté, et la situation commence lentement à s'apaiser, mais il faudra attendre 1796 pour que la guerre cesse.

      

    Que s'est-il réellement passé durant ces trois années de combat ?

      

    Franck Ferrand, entouré de Clémentine Portier-Kaltenbach, Christophe Bourseiller et Stéphanie Coudurier, revient sur la tragédie vendéenne à la fin du XVIIIe siècle.

     

     

     

     

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     3 septembre 1792, L'effroyable dépeçage de la princesse de Lamballe par les égorgeurs sans-culottes.

      

    Non seulement sa tête est promenée dans Paris sur une pique, mais son sexe sert de moustache à un de ses bourreaux.

     

    Sur les 8 heures du matin, le 3 septembre 1792, deux gardes nationaux pénètrent dans la chambre de la princesse de Lamballe à la prison de la Force. Sans égard pour son air défait, ils lui intiment l'ordre de les suivre pour être transférée à la prison de l'Abbaye.

     

    Arrêtée le 10 août précédent aux Tuileries avec le couple royal, la surintendante de Marie-Antoinette a une mine de déterrée.

      

    Celle de NKM apprenant le retour de Sarko...

      

    Elle n'a pas dormi de la nuit. Ou si peu.

     

    Elle a rêvé que Marat l'égorgeait sur un monceau de cadavres avant de lui dévorer le coeur. Elle ne veut pas quitter sa cellule.

    Les rumeurs des massacres opérés depuis la veille dans les prisons parisiennes sont parvenues jusqu'à elle. Toute la nuit, elle a entendu les cris, les hurlements, les roulements de tambours, les injures et les râles.

      

    La tuerie aurait été provoquée par la folle rumeur d'un complot aristocratique.

    Il se murmure que des royalistes auraient planqué des armes dans les prisons pour fomenter une contre-révolution.

      

      

    Le peuple mené par de sanguinaires sans-culottes égorge des centaines de nobles, mais aussi de prêtres, de femmes et d'enfants.

    Ils sont éventrés, démembrés, hachés, piétinés, désossés et même bouffés !

    Ce matin-là, le soleil hésite à se lever, répugnant à illuminer un Paris rougi par les massacres...

     

     

     

    Les détenus égorgés à la chaîne

     

    Les deux gardes nationaux se sont retirés pour aller chercher des ordres.

    Pendant ce temps, la foule rassemblée autour de la prison commence à scander le nom de Lamballe pour réclamer sa mort.

    Celle-ci tombe évanouie. Sa femme de chambre, qui n'a pas voulu la quitter, la fait revenir à elle. Elle délire.

    Vers 11 heures, la porte s'ouvre avec fracas, poussée par les deux mêmes gardes nationaux qui lui ordonnent de venir à l'instant parler à des commissaires de la commune l'attendant au greffe.

     

    BOUDON

    Portrait presume de Madame de Lamballe, 1790

    Miniature signee et datee en bas a droite H 8.2 cm

    Dans un cadre en bronze dore ancien

       

      

    Il ne fait pas bon faire attendre le citoyen Mélenchon...

      

    Le temps de passer une robe blanche toute simple et d'enfermer sa magnifique chevelure blonde dans un bonnet de coton, elle les suit. Comme elle hésite encore, ils l'empoignent sans ménagement par le bras.

     

    Dans le greffe, plusieurs sinistres membres du comité de surveillance de la Commune du 10 août, ceints de leur écharpe, jugent les détenus à la chaîne. Aussitôt condamnés à mort, ils sont égorgés par des hommes couverts de sang.

    Voilà qui plaît à Manuel Valls...

      

    À la vue des cadavres et du sang, la princesse de Lamballe s'évanouit de nouveau. Sa femme de chambre la relève.

      

    Les menaces reprennent de plus belle. Elle perd de nouveau connaissance. Elle se tord sur le sol.

    Enfin, la voilà en état de répondre.

     

    "Si vous ne jurez pas, vous êtes morte"

     

    Un juge brandit trois lettres qui ont été trouvées dans son bonnet, dont une de Marie-Antoinette.

    L'interrogatoire débute :

     

    - Qui êtes-vous ?

     

    - Marie-Louise, princesse de Savoie.

     

    - Votre qualité ?

     

    - Surintendante de la maison de la reine.

     

    - Aviez-vous connaissance des complots de la cour au 10 août ?

     

    - Je ne sais pas s'il y avait des complots au 10 août, mais je sais que je n'en avais aucune connaissance.

     

    - Jurez la liberté, l'égalité, la haine du roi, de la reine et de la royauté.

     

    - Je jurerai facilement les deux premiers, je ne puis jurer le dernier, il n'est pas dans mon coeur.

     

    Entendant cette réponse, un ancien valet de chambre de la princesse mêlée à la foule se penche vers elle. "Jurez donc, si vous ne jurez pas, vous êtes morte." La princesse se tait. Alors, le juge prononce la phrase : "Qu'on élargisse madame."

     

    "Je suis perdue"

     

    Comment faut-il interpréter cet ordre ? Certains le prennent au premier degré : le tribunal fait relâcher la princesse. Celle-ci sort donc par le guichet. Voyant les cadavres des détenus assassinés, elle aurait été prise d'un malaise. D'où la méprise des tueurs, qui, la croyant déjà frappée, abattent leurs armes sur elle. Pour d'autres, la phrase du juge est un code arrêté avec les tueurs pour les appeler à frapper. Madame de Lamballe sort donc dans la cour de la prison. Quelqu'un lui recommande de crier "vive la nation".

    Mais la vue des cadavres lui fait dire :

     

    " Fi ! L'horreur !" Elle ajoute : "Je suis perdue."

      

    Aussitôt, un garçon perruquier ivre tente de lui enlever sa perruque à la pointe de son sabre. Il fend le front de la malheureuse, qui s'effondre en sang.

      

    Deux hommes grimaçant de haine la saisissent sous les bras pour l'obliger à marcher sur les cadavres. Elle est au bord de la syncope.

      

    Dans la foule, des voix crient " grâce, grâce !". De La Villardière leur répond : "Pas question, laissez-moi achever mon reportage d'abord." Les assassins hésitent quelques secondes, mais un certain Charlat, tambour de son état, lui porte un terrible coup de bûche à la tête qui l'étend raide. De multiples coups de pique l'achèvent.

     

     

      

    Le nègre Delorme, ramené de Saint-Domingue par Fournier l'Américain, s'empare du cadavre pour le déshabiller et éponger le sang afin d'en faire admirer la blancheur aristocratique. Ses gros doigts violent la morte. Il est hilare.

      

    La foule s'époumone. Les yeux brillent d'une fureur incontrôlable, les gorges hurlent des insanités, les bras dessinent des obscénités. Un garçon boucher nommé Allaigre s'empare de la tête de la princesse, qu'il sectionne adroitement avec un long couteau de boucher. C'est atroce. L'homme s'enfuit avec son butin sous le bras, bientôt il plantera la tête sur une pique. Pendant ce temps, on continue de profaner le corps dénudé de la princesse.

      

    On lui découpe les mamelles.

     

     

      

      

    Le même Charlat déchire les entrailles et arrache le coeur.

      

    Plus horrible, un inconnu découpe le sexe, qu'il porte à sa bouche pour en faire une moustache.

      

    Certains rapportent des scènes d'anthropophagie.

      

    Qu'est-ce qui est vrai, qu'est-ce qui est fantasmé ? On ne le sait pas, mais ce qui est certain, c'est que la princesse de Lamballe rêvait d'une cérémonie mortuaire moins agitée.

     

    Insulter le couple royal

     

    Pendant ce temps, la troupe qui s'est emparée de la tête et du coeur entreprend une tournée de Paris pour montrer son trophée. Premier arrêt chez un marchand de vin, rue du cul-de-sac des Prêtres. Les égorgeurs déposent madame de Lamballe sur le comptoir pendant qu'ils vident des pichets de vin. Celle-ci les regarde avec désapprobation. "L'alcool est dangereux pour la santé", leur souffle-t-elle.

      

    Après avoir obligé le tenancier à boire, la troupe repart. Deuxième arrêt chez un perruquier pour qu'il "accommode la tête de madame de Lamballe". Menacé de mort, il lui faut obéir. Il lave la longue chevelure blonde collée par le sang, la tresse et la poudre. "Au moins, maintenant, Antoinette peut la reconnaître", lance malicieusement quelqu'un.

     

    Le cortège prend la direction de l'abbaye de Saint-Antoine pour présenter la tête et le coeur à l'abbesse, ancienne amie de la princesse. Cette politesse effectuée, Charlat, qui tient toujours la pique, prend la direction de l'hôtel de Toulouse, demeure de la princesse, pour "faire baiser à cette... ses beaux meubles", mais il y renonce pour se rendre aux Tuileries. Comme on ne les laisse pas entrer avec leur sanglant trophée, ils font demi-tour.

      

    C'est alors que surgit l'idée de se rendre à la prison du Temple pour insulter et effrayer le couple royal.

    -------------------------------------------------- 

    J'aime cette gravure, dont le dessin est de Danloux, et la gravure de Ruotte, conservée à la Bibliothèque Nationale au cabinet des estampes. Comme le dessin montré au début du fil des images, celui-ci date aussi de 1791. On y voit une princesse vivante, charmante, un peu anxieuse aussi, car cette année 1791 la princesse de Lamballe a fui en Angleterre quand elle recevait le billet de la reine qu'elle et sa famille avaient pris la fuite vers Montmédy, puis, apprenant l'arrestation de la famille royale, elle s'embarquait pour Ostende, ensuite en passant par Bruxelles elle continuait sa route en direction de Spa pour débarquer finalement à Aix-la-Chapelle. De cet endroit où tout le beau monde des émigrés jouait aux cartes comme si rien d'important n'avait eu lieu, où l'ancien régime perdurait encore un peu, la princesse était hésitante, péniblement indécise, regrettant d'être partie depuis des mois, souhaitant de revenir aux Tuileries où son amie l'attendait sûrement, mais attachée aussi à cette douceur de vivre loin du tumulte et les tensions de Paris...


    _________________
    « elle dominait de la tête toutes les dames de sa cour, comme un grand chêne, dans une forêt, s'élève au-dessus des arbres qui l'environnent. »

      

      

    La tête récupérée par un proche

     

    Trois heures viennent de sonner. Sortant de table, Louis XVI et Marie-Antoinette font une partie de trictrac. Ils entendent une rumeur enfler.

    Des tambours battent.

    Bientôt le cortège est sous leur fenêtre.

    Des hurlements.

    Que se passe-t-il ? Un garde municipal, qui découvre le spectacle hideux, referme aussitôt les fenêtres et les rideaux pour épargner le couple royal.

    L'agitation s'accroît dans la rue.

      

    On prend peur. Stéphane Bern va faire pipi. "Oh que j'ai peur! Oh que j'ai peur !"

    Plusieurs officiers accourent dans la pièce en demandant au roi de se montrer à la fenêtre pour calmer la foule. Louis XVI exige de savoir ce qui se passe.

      

    Un jeune officier répond : "Eh bien, Monsieur, puisque vous voulez le savoir, c'est la tête de madame de Lamballe qu'on veut vous montrer."

      

    Ces mots glacent d'horreur la reine, qui s'évanouit.

    Ses enfants fondent en larmes.

      

    Dehors, les cris se font plus menaçants.

    On injurie la reine.

    Les gardes municipaux empêchent l'horrible cortège de pénétrer dans la prison du Temple en plaquant un ruban tricolore sur la porte d'entrée.

    Colère des tueurs.

    Finalement, on négocie. Les assassins de la princesse sont autorisés à faire le tour de la tour du Temple, où loge la famille du roi.

     

    La balade n'est pas achevée.

      

    Madame de Lamballe va maintenant se promener sous les fenêtres du Palais-Royal pour faire un petit coucou au duc d'Orléans, son beau-frère, qui déjeune. Il en perd l'appétit.

    Direction les Halles, où un boucher s'empare du coeur, le hache et offre à la foule de le manger.

    Le steak tartare ne faisant pas encore partie de la gastronomie française, tout le monde refuse.

      

    Les chiens se régalent.

      

    Enfin, la tête et même le corps que les barbares traînaient avec eux sont jetés sur un tas de cadavres devant le Châtelet.

    Un proche de la famille de Lamballe, qui avait suivi les assassins toute la journée, parvient à récupérer la tête pour la remettre à monsieur le duc de Penthièvre, beau-père de la princesse de Lamballe, qui la fait enterrer à Vernon.

     

    À Moscou, Poutine s'exclame :

     

    " Et c'est ce pays qui veut me donner une leçon d'humanité..."

     

     

    http://www.lepoint.fr/c-est-arrive-aujourd-hui/3-septembre-1792-l-effroyable-depecage-de-la-princesse-de-lamballe-par-les-egorgeurs-sans-culottes-03-09-2013-1720457_494.php

     

     

     

    L’historiographie révolutionnaire, très développée au XIXe siècle bien qu’elle prît souvent la forme des opinions professées par ses auteurs, qu’ils soient de gauche (Michelet) ou de droite (Taine), passa rapidement dans l’iconographie sous forme d’événements extraits de leur contexte.

      

    Les sujets de Mademoiselle Cazotte et de la princesse de Lamballe en sont des exemples bien connus.

    Ils se situent au moment de la chute de la monarchie (10 août 1792) et des terribles massacres de septembre.

     

    Les élections à la Convention se sont soldées par la proclamation de la République, le 21 septembre, au lendemain de la victoire de Valmy. Le peuple de Paris poussait à la refonte totale des structures politiques de la France, accusant, non sans raison, la monarchie d’avoir profité de la guerre, pourtant déclarée par les Girondins :

    « Les imbéciles ! Ils ne voient pas que c’est nous servir », avait dit la reine.

    Les deux événements représentés révèlent les graves tensions sociales de cette période, où les opposants à la Révolution et les aristocrates étaient accusés de tous les maux. Les massacres de septembre furent le point de départ de l’éradication de la noblesse en France.

     

    Ils anticipaient sur la Terreur, véritable lutte à outrance contre une noblesse ennemie de la Révolution. Les dérives en sont bien connues : ce furent en effet les sans-culottes qui payèrent le plus lourd tribut à la guillotine.

    Analyse des images

    Elisabeth de Cazotte sauve la vie de son père à la prison de

    l’Abbaye de Claude-Noël Thévenin

    Jacques Cazotte (1719-1792), littérateur préromantique maître du fantastique

    (Le Diable amoureux, 1772), était hostile à la Révolution.

      

    Enfermé à la prison de l’Abbaye à Paris, il évita de justesse l’exécution sommaire, grâce à l’intervention de sa fille qui accepta de boire du sang. Ce qui ne l’empêcha pas de mourir guillotiné deux jours après, officiellement condamné par le Tribunal révolutionnaire. La scène a été relatée en particulier par Gérard de Nerval dans Les Illuminés (1852). Mais le tableau est antérieur à cette publication.

     

    Thévenin oppose les figures lumineuses de Cazotte et de sa fille à celles de leurs bourreaux. L’œuvre se veut à la fois réaliste et religieuse, ainsi que le montre le regard tourné vers le ciel de l’écrivain. La mort en Dieu – la jeune fille apparaît comme l’image matérialisée de la pureté – arrête la main des assassins : l’hésitation des sans-culottes de droite s’oppose à l’ordre donné à gauche.

     

    La liaison entre les deux parties du tableau se fait autour du regard du vieillard qui entraîne la main d’un sans-culotte brisant l’élan d’une hache. Ce nœud de gestuelle et de regards est le dernier reste des registres de la peinture classique, registres qui partaient de la réalité située dans le bas des tableaux jusqu’au niveau divin situé dans le haut. Œuvre romantique, le tableau marque encore l’idée de la supériorité de Dieu sur la réalité.

     

    C'est le plus authentique portrait qu'on puisse avoir de la Princesse qui est celle dont le visage est le moins certainement bien reporté sur les représentations. Aucune ne ressemble aux autres...
    Le profil du nez n'est cependant pas sans rappeler le portrait de Callet :



      

    Mort de la princesse de Lamballe de Léon-Maxime Faivre

    Tout cela se trouve très estompé dans l’œuvre de Faivre, inspirée d’un passage de l’Histoire de la Révolution de Michelet, ainsi que le rappelle le livret du Salon de 1908. Le tableau représente une scène plutôt violente, alors que Michelet, très littéraire, ménage le peuple exécuteur, qu’il soutient, tout en magnifiant la princesse, « nue comme Dieu l’avait faite ».

     

    Faivre, simple illustrateur du texte de l’historien, accentue cependant le clivage entre les protagonistes, que Michelet au contraire s’applique à minimiser. Cette scène réaliste, objective, montre dans toute sa violence l’après-exécution, la foule assemblée autour du cadavre dévêtu ; ce n’est que dans le fond que surgissent les sabres des tortionnaires. Faivre évite soigneusement de montrer la décapitation elle-même, trop dure, et qui aurait dévalorisé le peuple dans son combat de justice.

     

    L’œuvre date de 1908, c’est-à-dire de l’époque de la république victorieuse. Si l’esprit diffère de Michelet à Faivre, c’est aussi que le premier est un romantique, tandis que Faivre est un homme de la démocratie capitaliste et du matérialisme triomphants. Pourtant, l’artiste oppose la pureté d’un corps de femme dévêtue (elle est nue dans l’esquisse du musée de Vizille) transcendée par la mort à la rusticité du petit peuple de Paris.

     

     

    Interprétation

    Ces deux œuvres s’inspirent de drames vécus par des femmes lors des événements de septembre 1792. Mais ces femmes sont opposées à la Révolution. L’une passive, assassinée pour avoir été l’amie de la reine, l’autre, active, tentant de sauver son père dans une attitude empreinte d’honneur et de religiosité. Deux tableaux, deux époques. Si celui de Thévenin se présente de façon classique, mettant en lumière des héros transfigurés par l’amour filial alors qu’ils sont environnés de sans-culottes déchaînés, symboles de mort, celui de Faivre est totalement objectif dans sa représentation.

     

    S’il ménage un peuple prenant conscience de ses excès, il transfigure aussi la princesse de Lamballe, figure irradiée de lumière par la mort. Thévenin est sans doute critique à l’égard des révolutionnaires les plus durs parce que l’artiste réalise son œuvre sous Louis-Philippe, souverain du juste milieu. Avec Faivre, la République entame son autocritique : elle ne condamne pas le peuple, dont le combat est jugé légitime, mais elle observe ses excès et reconnaît ses erreurs.

     

    C’est le sens conféré par le peintre aux figures des poissardes et des enfants, ceux-ci symbolisant l’avenir. La démocratie ne peut se contenter de crimes, ce qu’exprime le geste accusateur de la vieille femme qui indique le corps nu de la princesse à un commissaire politique. La république ne peut se fonder sur l’assassinat. En ce sens, Thévenin et Faivre se rejoignent.

    Auteur : Jérémie BENOÎT


    Bibliographie

    • Michel de DECKER, La Princesse de Lamballe, Paris, Pygmalion, 1999.
    • Georges DECOTE, L’Itinéraire de Jacques Cazotte (1719-1792), De la fiction littéraire au mysticisme politique, Genève, Droz, 1984.
    • Patrice GUENIFFEY, « Terreur » in François FURET et Mona OZOUF (dir.), Dictionnaire critique de la Révolution française, Paris, Flammarion, 1988, rééd. coll. « Champs », 1992.
    • Patrice GUENIFFEY, La Politique de la Terreur, essai sur la violence révolutionnaire, 1789-1794, Paris, Fayard, 2000.
    • Alain VIRCONDELET, Madame de Lamballe, Paris, Perrin, 2001.

    http://www.histoire-image.org/site/etude_comp/etude_comp_detail.php?i=497&oe_zoom=825&id_sel=825

     

     un détail sur la FAMILLE ROULLEAU DE LA ROUSSIERE concernant la sœur du

    chevalier MARIE CLAUDE JULIE née en 1759 qui jouait remarquablement de la harpe et le fit souvent avec la Reine car......Elle était l'amie intime de MADAME DE LAMBALLE et la secrétaire générale de la loge maçonnique dont Mme DE LAMBALLE était le grand maître.

    En 1778 elle devient par mariage MADAME DE BIETRIX , commissaire général des guerres et meurt de la petite vérole en 1791.

     

    -----------------------------------

     

     

    C'est le dernier portrait de MADAME DE LAMBALLE le jour de sa mort et

    c'est le plus vrai, le plus beau...
    elle est croquée dans la plus grande simplicité et l'on voit qu'elle était encore

    fort belle avec grande allure.
    On comprend comment les tueurs l'on saisie par le chignon !!!!

     

     

     

     

     

     

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    Voici un intéressant manuscrit, celui de Georges Danton.

      

    Daté du 29 août 1792, le citoyen Danton s'adresse au président de l'Assemblée nationale Jean-François Lacroix. Concerne la condamnation à mort d'un citoyen lambda convaincu de haute trahison envers la République.

    Association Louis XVI, antenne suisse
    Vincent Thüler

     

     

     

     

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    Lettre autographe signée par Louis XVI en personne à la Tour du Temple où il est retenu prisonnier. Il réclame à la Convention un délai pour se préparer à paraître devant son Créateur. D'autre part, il manifeste son intention de communiquer librement avec les membres de sa famille.

    Lettre rédigée par Louis XVI le 20 janvier 1793

     

    Association Louis XVI

     

     

     

     

     

    blog

    http://cril17.org/category/appel-nation/

     

     

     

     

     

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  • LA MARCHANDE DE MODES

      

      


    cravates, noeuds d'épée, objets de tête et de cou, colifichets de toutes sortes




    la marchande de modes tenait boutique

    la plus célèbre fut sans doute Rose Bertin, couturière de la reine Marie-Antoinette
    elle coud, elle arrange ses agréments, donne du chic à l-aide de colifichets
    dans sa boutique de la rue Saint Honoré, Au Grand Mogol



    Rose Bertin transformera les robes à paniers en robes avec traîne



    en 1785, la Reine qui vient d'avoir 30 ans, se plaît dans des robes plus simples

    c'est la robe en chemise, dite à la reine, faite de mousseline blanche



     

     





    Jean-Baptiste Mallet 1759-1835
    chroniqueur mondain
    a représenté les élégantes, toutes vêtues de blanc, suivant la mode lancée par la reine



    Rose Bertin alliait à une imagination débordante et à un goût incontestable
    un sens développé de l'idée publicitaire
    elle faisait parvenir dans les grandes capitales des poupées accompagnées
    d'un trousseau, ambassadrices du (bon) goût français

    l'aiguille à la main, rue Saint Honoré ou rue Neuve des Petits Champs
    les filles arrangent pompons et colifichets
    l'une d'elles ne terminera pas son apprentissage: Jeanne Bécu
    comtesse du Barry, la dernière fulgurance du roi dit le bien-aimé
     
     

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     Louise Vigée lebrun (à la manière de)

      

    (Photo Europ Auction - Antoine Vestier )

      

    Le dix-huitième siècle fut un âge d'élégance. Jamais dans l'histoire nous voyons des hommes et des femmes si minutieusement artificielles, si très loin de leur apparence naturelle. Ce qui ne pouvait pas être fait avec les cheveux naturels a été fait avec des perruques. Cette époque fut une explosion extravagante de coiffures étonnantes, une réaction totalement opposée à la pudeur et à la réserve des siècles antérieurs.

     

    Pastel XVIII att. Louis Vigée(Photo Tajan - Attribué [injustifiée] à Louis Vigée) 

    Les coiffures étaient en concordance avec le style "Rococo", qui était le plus important presque jusqu'à la fin du siècle. C'était un mouvement artistique dans lequel les courbes en forme de "S" ont prédominé, avec des asymétries, soulignant le contraste; un style dynamique et brillant, où les formes intégrant un mouvement harmonieux et élégant.

     

    Enfant Boyer Fonfrede Perronneau en habit de hussard copie (Photo Piasa - enfant [Jean?] Boyer-Fonfrède d'après Perronneau)

       

    Un style concordant avec une époque de nouvelles idées philosophiques, comme celui des Lumières, et avec l'affluence de richesses économiques qui arrivent en Europe par les voyages vers le nouveau continent, l'Amérique.

     

     John Raphaël Smith portrait du portraitiste Daniel Gardner Sotheby’s 07 2009 Londres(Photo Sotheby’s John Raphaël Smith portrait du portraitiste Daniel Gardner)

      

      

    On crée de nouveaux ordres sociaux; en plus du clergé et de la noblesse, une bourgeoisie forte de nouveaux riches est apparue qui s’est positionnée dans les sphères sociales et politiques, imitant en tout les coutumes des nobles.

      

    Un style conforme à une époque dans laquelle la science s'émancipe de plus en plus de la religion, obtient des réussites spectaculaires et développe en conséquence une technologie qui ouvrira les portes à la Révolution Industrielle. Les gens de cette époque croyaient qu'ils vivaient dans le meilleur des mondes.

     

     

    Pastel ovale D Collin 2011 06
    (Photo Delorme & Collin du Bocage - portrait d'un abbé)  

     

    À la fin du siècle, les styles artistiques et culturels changent; surgit un style appelé "néoclassique" beaucoup plus sobre et conservateur, avec un retour à l’esthétique Grecque et Romaine classique.

    L'utilisation de perruques chez les hommes a commencé à être très populaire à la fin du XVIIe siècle, durant le règne, en France de Louis XIV, le Roi Soleil. Toute sa cour s’est mise à utiliser des perruques, et comme la France dictait la mode de l'Europe à cette époque, son usage s’est étendu aux autres continents. En 1680 Louis XIV avait 40 perruquiers qui dessinaient ses perruques dans la cour de Versailles.

     

    Photo Jean Chenu, Antoine Bérard et François Perron - autoportrait d'Antoine Berjon 1780)

      

    Dès 1770, l'usage des perruques s’est aussi étendu aux femmes. Et à mesure que les années passaient, les perruques sont devenues plus hautes et plus élaborées, spécialement en France.

      

      L'art de la coëffure des dames françoises, avec des estampes by Legros de Rumigny. He was the hairdresser for the French court of the 18th century including Madame de Pompadour.

     

    Legros de Rumigny, "L'art de la coëffure des dames françoises, avec des estampes : où sont représentées les têtes coëffées, gravées sur les dessins originaux de mes accommodages, avec le traité en abrégé d'entretenir & conserver les cheveux naturels," 1768-70 (Met Museum)

      

      

    Les perruques masculines étaient en général blanches, mais celles des femmes étaient de couleur pastel, comme rose, violet clair ou gris bleuâtre. Les perruques indiquaient, par leur ornementation, la position sociale plus ou moins importante de celui qui les utilisait.

     

    De Roissy Mme Vigée Lebrun 1775(Photo Sotheby's : Elisabeth Vigée Le Brun, Mme de Roissy) 

     

    Les gens de fortune pouvaient payer, logiquement, des dessinateurs plus chers et avoir plus de variété de matériels. Elles étaient faites en général avec du cheveu humain, mais aussi avec du poil de cheval ou de chèvre. En France, la comtesse de Matignon payait à son coiffeur Baulard 24.000 livres par an pour lui faire un nouveau dessin de perruque chaque jour de la semaine.

    Vers 1715 on commence à poudrer les perruques. Les familles avaient un salon dédié à la "toilette", où elles se poudraient quotidiennement et s’arrangeaient. Les perruques étaient poudrées avec de la poudre de riz ou de l’amidon. Pour cette opération, faite par un coiffeur, on utilisait des robes de chambre spéciales et on avait l'habitude de couvrir le visage d'un cône de papier épais.

     

     

    LES BARBIERS DEVIENNENT "PERRUQUIERS":

    En plus de couper et de coiffer le cheveu et de raser le menton, les barbiers pratiquaient diverses opérations chirurgicales et extractions dentaires. En 1745 une loi, en Angleterre, leur interdit ces pratiques et les autorise seulement à couper et coiffer les cheveux.

      

    Cela provoque la ruine de nombreuses boutiques de barbiers et le manque de travail pour beaucoup d’entre eux en Europe, puisque des lois similaires sont promulguées en France et dans d’autres pays. Mais l'essor des perruques crée la demande de nouveaux professionnels: les fabricants et les dessinateurs de perruques, qui de plus se chargeront de les entretenir périodiquement, de les parfumer et de les retoucher.

      

    Déjà depuis la fin du siècle antérieur des syndicats ou des unions de coiffeurs se sont créés, et exigeaient des professionnels de payer un tarif et de présenter un examen d'aptitude pour pratiquer la profession.

     

     

    De Roissy Vigée Lebrun 1775(Photo Sotheby's : Elisabeth Vigée Le Brun, M. de Roissy [un Michel de Roissy ?]) 

     

      

    Pendant ce siècle l'industrie des perruques croît et devient importante, en créant de nouveaux travaux et sources de recettes pour une grande partie de la population.

      

    À son tour l'industrie des chapeliers est affectée, puisque les hommes cessent d'utiliser des chapeaux pour laisser voir leurs perruques et ils doivent fabriquer, de nouveaux styles de chapeaux qui peuvent s'adapter aux perruques.

      

    La majeure partie du peuple, disons 80 % de la population, n'utilisait pas de perruques, mais le cheveu naturel, sans trop de règle. Mais seul un pourcentage de la noblesse et de la haute bourgeoisie mobilisait une industrie remarquée pour l'époque.

     

     

     

    Au début du siècle, les styles de cheveux des hommes sont beaucoup plus somptueux que ceux des femmes. C'est la mode du "style Louis XIV", avec de grandes boucles et la chevelure sur les épaules.

      

    Quand le siècle se termine, la tendance est reversée : les femmes portent des perruques exubérantes, de 50 à 80 cm de hauteur et plus, qu'elles s'emploient, avec des dessins, à commémorer les célébrations et les anniversaires.

      

    Ces perruques féminines apportaient quelques problèmes: les cadres des portes avaient été surélevés ou reconstruits pour qu'elles puissent passer, et dans plusieurs occasions la pression trop lourde des perruques leur causait une inflammation au niveau des tempes.

    Legros de Rumigny, "L'art de la coëffure des dames françoises, avec des estampes : où sont représentées les têtes coëffées, gravées sur les dessins originaux de mes accommodages, avec le traité en abrégé d'entretenir & conserver les cheveux naturels," 1768-70 (Met Museum)  

    Legros de Rumigny, "L'art de la coëffure des dames françoises, avec des estampes : où sont représentées les têtes coëffées, gravées sur les dessins originaux de mes accommodages, avec le traité en abrégé d'entretenir & conserver les cheveux naturels," 1768-70 (Met Museum)

      

      

    Vers la moitié du siècle, le nouveau roi de France, Louis XV, impose un style de plus petites perruques pour les hommes et le rigoureux poudrage blanc ou de préférence grisâtre. Les hommes utilisent aussi depuis la moitié du siècle une queue de cheval sur la nuque, attachée avec un ruban, style qui devient très populaire dans toutes les cours.

      

    Les femmes continuent avec les styles extravagants jusqu'à l'arrivée de la Révolution Française, où tout le luxe et l'exubérance sont pratiquement annulés par les nouvelles idées républicaines. À partir de là, les coiffures sont plus classiques et plus simples et on recommence à utiliser le cheveu naturel.

     

     

      

      

    En réalité, malgré le fait qu'il soit amusant de penser que les femmes utilisaient ces perruques immenses dans leur vie quotidienne et aux fêtes où elles allaient, la réalité est différente.

      

    Ce type de présentation capillaires gigantesques a peut-être existé, mais seulement pour une occasion très spéciale ou pour des représentations théâtrales.

    Profile of a Lady in a Bonnet  Augustin de Saint-Aubin  (French, Paris 1736–1807 Paris). Metropolitan Museum of Art, 59.23.72. Should be "Cap"  

      

    Les perruques comme les images que nous voyons ci-dessus sont le produit de caricatures de l'époque ou d'anecdotes ou de légendes sans beaucoup de fondement. Il est pratiquement impossible de trouver dans les tableaux de peintres célèbres de l'époque ces perruques immenses.

      

    Les femmes nobles utilisaient des styles de chevelure beaucoup plus sobres et élégants, malgré le fait qu'elles étaient plus ou moins volumineuses et élaborées.

     

     

     

    En ce qui concerne le style de cheveux des femmes du XVIIIe, au début du siècle on continue toujours à utiliser celui qui venait d'une mode de la fin du siècle antérieur : le style "Fontange".

      

    Son nom a été créé par la Duchesse de Fontange, qui lors d’une journée de chasse avec le roi de France Louis XIV, s’est pris la chevelure dans la branche d'un arbre, et pour réarranger le cheveu l'a empilé sur sa tête. Le roi est resté fasciné par cette coiffure accidentelle, et l’a priée de toujours la conserver. Ce style a été à la mode plus ou moins jusqu'en 1720.

     

     

    Sous le règne de Louis XV les coutumes ont changé et les cheveux féminins ont eu un autre style plus simple. Un style dénommé "tête de mouton" (tête de brebis), avec de courtes boucles et quelques grosses mèches de cheveux sur la nuque. Les femmes n'ont pas utilisé de perruques jusqu'à 1770. À partir de là, les coiffures - artificielles - sont devenues de plus en plus hautes et plus élaborées.

     

     

    EXEMPLES DE STYLES DE COIFFURES FEMININES AU XVIIIe SIECLE:

     

    Adélaïde Labille-Guiard, Femme écrivant une lettre à ses enfants, mba Quimper,

     

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    Adélaïde Labille-Guiard, Portrait de madame de Genlis, 1790, LACMA Los Angeles

      

      

    Emily La Touche à la harpe

    (Photo Christie's - Emily La Touche à la harpe) 

      

      

      

    EXEMPLES DE STYLES DE COIFFURES MASCULINES AU XVIIIe SIECLE:

     

      

      

    LE CHANGEMENT APRÈS LA RÉVOLUTION FRANÇAISE:

    Déjà près de la fin du siècle le style magnifique et éblouissant de la noblesse européenne était l'objet de critiques des philosophes de l'Illustration. Non seulement le style de vêtements et de coiffures, mais le style d'art même, le rococo, était fort critiqué.

     

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    Photo Piasa - Portrait de Marie-Thérèse Legendre de Villemorin, pastel

      

    A ce moment, la bourgeoisie - la classe sans noblesse - devient puissante et influente; tout le système, politique, économique, social et culturel est controversé par les principaux penseurs. En principe, les bourgeois riches imitaient en tout les nobles, ils voulaient être comme eux.

      

    Mais quand ils deviennent puissants et auto-suffisants, ils critiquent tout le système de l’Ancien Régime, repoussent toute sa structure sociale et naturellement, ses coutumes.

     

     

     Christies pastel portrait girl 2010 06

    (Photo Christie's - touchant portrait de jeune fille, vers 1786-89)

      

    Avec l'arrivée de la Révolution Française, le luxe et l'ostentation sont mal vus par tout le monde. La nouvelle société adopte un style plus sobre et se tourne vers la simplicité ; du rococo il passera au néo-classique, style artistique qui récupère l'esthétique grecque antique. Et ce sera aussi le style en accord avec le romantisme, qui s'imposera à la fin du XVIIIe siècle et prédominera sur presque tout le XIXe siècle.

     Lot_147_pleine_face_christies_15_11_2006

    Ce n’est pas un pastel mais une petite merveille de dessin.
    La coiffure permet de dater de 1788-91, il est d’une excellente main.
    C’est du dessin.
    Tout d'abord, il exprime merveilleusement ces temps durs de la Révolution française, des gens jeunes, avec un fond d’idéal, une dureté, mais toujours les sens du beau du XVIII°.
    L’expression est remarquable
    Ensuite la lumière vient du haut, comme cela se fait de plus en plus avec les verrières métalliques, mais aussi légèrement de droite.
    Il s’agit d’un éclairage nouveau, contraire à toute la tradition du portrait.

     

    Les changements philosophiques, la forme de pensée de la société changent la coiffure. Petit à petit, les perruques cessent de s'employer, et le cheveu s’emploie au naturel, sans poudre.

     

    Perronneau_franois_gorsse_1757_1

    (Photo Interenchères – Portrait de François Gorsse par J-B Perronneau)

      

    La Révolution et le changement de tout le système a été brusque et subit - bien qu'il fût déjà annoncé - à la suite d'un coup législatif des députés bourgeois avec appui de la part du clergé et de la noblesse, mais le changement de coutumes n'a pas été si rapide. Toutes les images de Robespierre et Danton, deux leaders de la Révolution, les montrent avec des perruques poudrées, jusqu'à leur mort par la guillotine.

     

     

    Pastel révolutionaire Aguttes(Photo Aguttes - petit portrait d'un révolutionnaire ) 

      

    En revanche, Jean Paul Marat, l'autre leader révolutionnaire, utilisait déjà la nouvelle esthétique. Et celui des gérants principaux de la Révolution, le peintre Jacques Louis David, était déjà inscrit totalement dans le style néo-classique, à travers ses oeuvres et dans son esthétique personnelle.

     

    À mesure que le néo-classicisme s'impose, les coiffures changent.

      

    Lorsque arrive au pouvoir Napoléon Bonaparte, déjà peu utiliseront des perruques ; le style Empire montre tous les législateurs et hommes politiques avec le cheveu naturel, peigné d'une manière informelle, symbole d'une nouvelle ère d'indépendance de pensée.

     

    Mg_capet_mme_jl_germain_ne_frondard

     

    (Photo Brissonneau - Daguerre : Magnifique portrait de Mme JL Germain née Frondard ou Fondard par Marie-Gabrielle Capet) 
     

    Les militaires sont les derniers à abandonner le vieux style, mais dans l'armée napoléonienne déjà presque tous sont avec le cheveu naturel. Les femmes, déjà à la fin de l'ère révolutionnaire, cessent complètement d'utiliser les coiffures hautes et élaborées et portent le cheveu sans le couvrir, avec une chute presque naturelle, tenue avec des peignes de coquille de tortue, des épingles, ou des rubans, au lieu des ornements complexes.

      

     

     Cette pastelliste est une des meilleures françaises de la génération Louis XVI. Elève d’ Adélaïde Labille Guiard (1749 1801), elle en a le professionnalisme et l’émotion, mais ici l’ambiance douce, un cadrage aéré parfaitement de son temps illustrent l’exacte transition entre le portrait XVIIIeme et le portrait romantique . Le site siefar.org donne un inventaire de son œuvre, ce portrait n’y figure pas encore. Très joli travail de portraitiste.
    A Drouot sera présentée une pair (rareté) dans des cadres ovales XIXeme (donc à réencadrer). Le mari est d'une très belle qualité également.

      



    Mg_capet_m_fda_jl_germain (Photo Brissonneau - Daguerre : le pendant M. F ...par Marie-Gabrielle Capet)

     

     

    Peut-être les premiers à abandonner le vieux style de perruques et de coiffures très élaborées ont été, paradoxalement, les mêmes aristocrates qui les ont imposées. Par crainte d’être reconnus et vraisemblablement emprisonnés et guillotinés durant l'Ère de la Terreur de Robespierre (1790-1793), ils sortaient de leurs maisons habillés simplement et avec des coiffures naturelles ; sans perruques, naturellement, avec le cheveu court, sans le couvrir et une coiffure de style néoclassique. En réalité, il n'y avait pas de lieu où utiliser l’ancien style de cheveu.

      

      

      

    A cette époque, dans le reste de l'Europe on a commencé à pratiquer le même type de coupes et de coiffures. Le 19e siècle était annoncé par une mode totalement distincte.

     

     Maire_gabrielle_capet_autoportrait

     

     (Photo artnet.com - détail d’un autoportrait de la jolie et talentueuse Marie-Gabrielle Capet)

     

     

     

    http://olharfeliz.typepad.com/pastels/chronique_des_ventes/page/2/

     

     

    Button, French, 1775, miniature painting on ivory. Metropolitan Museum of Art. 

     

     

     

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    Le blanchissage du linge à Paris

    Jusqu'au XVIIIème siècle, le linge parisien se blanchit dans les faubourgs Saint-Marcel et dans le quartier des Gobelins. 

     


     Jean Siméon CHARDIN : "La blanchisseuse" 1735
     

    D’autre part, dès le début du XVIIIème siècle, les blanchisseuses disposent de petits bateaux et l’obligation de laver dans des bateaux spéciaux s’étend.
    On construit alors des bateaux selles, plats et couverts, dont les bords sont garnis de tablettes.

     

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    Les propriétaires des bateaux perçoivent une taxe de quatre sous par personne, plus un sou de location pour l’indispensable baquet.

     


    Petit à petit, le métier s’organise et les premiers entrepreneurs s’installent, notamment sur les berges de la Seine à Paris. Moyennant un salaire mensuel, ils blanchissent chaque jour le linge des grandes maisons qui les emploient.
     

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    Par mesure d'hygiène, un édit du 26 février 1732 interdit « à tous les blanchisseurs de lessive de continuer leur blanchissage dans le lit de la Bièvre, au-dessus de la Manufacture Royale [des Gobelins] et du clos Payen ».Les blanchisseurs se transportent extra-muros et s'installent à Gentilly, Arcueil et Cachan.

     

     

    Les blanchisseuses descendues dedans, ont le linge posé sur le sol, juste à la bonne hauteur pour le laver.
     

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    Etendre la lessive au grand air, sous le ciel bleu, est l’un des plaisirs de l’été. Plier et humer le linge gorgé de soleil, crépitant de lumière tiède et pénétré des parfums du jardin, ranger dans l’armoire ce trésor estival comme on met en bocal les fruits de la belle saison …

     

     

      

      

      

     

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    File:Gilbert du Motier Marquis de Lafayette.PNG 

     Portrait de Gilbert Motier, marquis de La Fayette, en uniforme de lieutenant-général de 1791, peint par Joseph-Désiré Court en 1834.

     

    Gilbert du Motier, marquis de La Fayette (état civil complet : Marie-Joseph Paul Yves Roch Gilbert du Motier), dit « La Fayette », né le 6 septembre 1757 à Saint-Georges-d'Aurac (province d'Auvergne, actuellement Chavaniac-Lafayette en Haute-Loire) et mort le 20 mai 1834 à Paris (ancien 1er arrondissement), est un aristocrate d'orientation libérale, officier et homme politique français, qui a joué un rôle décisif dans la guerre d'indépendance des États-Unis et l'émergence d'un pouvoir royal moderne, avant de devenir une personnalité de la Révolution française jusqu'à son émigration en 1792 puis un acteur politique majeur des débuts de la monarchie de Juillet.

    Il a été fait citoyen d'honneur des États-Unis en 2002.

      

    Origines familiales et jeunesse

    Issu d'une ancienne famille militaire d'Auvergne dont les origines connues remonteraient au XIe siècle (un de ses illustres ancêtres, Gilbert Motier de La Fayette, est maréchal de France au XVe siècle), Gilbert du Motier naît au château de Chavaniac. Le nom de la famille a son origine à La Fayette, actuelle commune d'Aix-la-Fayette (Puy-de-Dôme), site d'une motte castrale documentée. Le nom complet de Marie-Joseph Paul Yves Roch Gilbert du Motier, marquis de La Fayette est rarement utilisé, il est généralement désigné comme marquis de La Fayette ou Lafayette. Son biographe Louis R. Gottschalk (en) précise que Gilbert orthographie son nom aussi bien en Lafayette qu'en LaFayette.

    Son père, Michel Louis Christophe du Motier, marquis de La Fayette (13 août 17331er août 1759), colonel aux Grenadiers de France, est tué en Westphalie à l'âge de vingt-six ans par un boulet lors de la bataille de Minden, le 1er août 1759, dans les bras du duc de Broglie. Sa mère, Marie Louise Jolie de La Rivière, riche aristocrate de Saint-Brieuc, née en 1737, se retire à Paris au Palais du Luxembourg ; elle meurt le 3 avril 1770.

     

    Blason fam fr Motier de La Fayette.svg

    Armes des Motier de La Fayette :

    De gueules à la bande d’or et à la bordure de vair.

     

    À l'âge de 12 ans, le marquis de La Fayette se trouve donc orphelin et seul héritier potentiel de la fortune de son grand-père maternel, le marquis de La Rivière, qui meurt le 24 avril 1770 et lui laisse une rente de 25 000. À la même époque un autre oncle meurt et lui laisse un revenu annuel de 120 000 livres, faisant de lui l'un des hommes les plus riches de France. C'est donc son arrière-grand-père, le comte de La Rivière, ancien lieutenant général des Armées du Roi, qui le fait venir à Paris pour son éducation.

    Il étudie jusqu'en 1771 au collège du Plessis (actuel lycée Louis-le-Grand) et suit parallèlement une formation d'élève officier au régiment des Mousquetaires noirs du Roi. L'armée deviendra pour lui une deuxième famille. Il suit également les cours de l'Académie militaire de Versailles.

    Le 11 avril 1774, à 17 ans, il épouse Marie Adrienne Françoise de Noailles (1759-1807)

    fille du duc d'Ayen, dotée de 200 000 livres.

    C'est un « mariage arrangé », qui peu à peu se muera toutefois en une belle histoire d'amour même si Gilbert trompera régulièrement sa femme. Sa belle-famille, une des plus anciennes de la

    Cour de France et apparentée à Madame de Maintenon, permet à La Fayette d’être présenté à la Cour au printemps 1774.

    De ce mariage naîtront quatre enfants, un fils et trois filles :

    À la cour de Louis XVI, il n'obtient aucun succès. Attaché à ses libertés et dépourvu d'esprit courtisan, il fait avorter les tentatives de son beau-père visant à lui faire obtenir une situation intéressante].

    Marie Adrienne Françoise de Noailles (1759-1807)

    Après son mariage, il quitte volontiers la Cour dont il maîtrise mal les codes et rejoint le régiment de Noailles de son beau-père avec d'abord un grade de sous-lieutenant avant d'être progressivement promu au rang de capitaine des dragons. Son chef est le duc de Broglie, ancien ami de son défunt père. À l'exemple de ce dernier, il choisit alors de suivre une carrière militaire et entre dans la Maison militaire du roi.

     

     

    Surnom La Fayette
    Naissance 6 septembre 1757
    Château de Chavaniac, Auvergne, Royal Standard of the Kingdom of France.svg Royaume de France
    Décès 20 mai 1834 (à 76 ans)
    Paris (ancien 1er arrondissement), Drapeau français Royaume de France
    Origine Français
    Allégeance Royaume de France Royaume de France
    US flag 13 stars – Betsy Ross.svg États-Unis
    Drapeau français Royaume de France
    Arme Cavalerie
    Garde nationale
    Grade Major-général US-O8 insignia.svg
    Lieutenant général
    Général de division
    Conflits Guerre d'indépendance des États-Unis
    Guerres de la Révolution
    Commandement Troupes américaines, dont la division des Virginiens, Dragons du roi, puis brigade d'infanterie,
    Garde nationale,
    Armée du Nord
    Garde nationale (1831)
    Faits d'armes Bataille de Brandywine
    Bataille de Barren Hill
    Bataille de Gloucester
    Bataille de Monmouth
    Bataille de Rhode Island
    Bataille de Yorktown
    Distinctions Ordre de Cincinnatus Ordre de Cincinnatus
    Chevalier de Saint-Louis Chevalier de Saint-Louis
    Hommages Citoyen d'honneur de plusieurs états après 1781
    Citoyen d'honneur des États-Unis d'Amérique
    Nom gravé sous l'Arc de triomphe de l'Étoile (3e colonne)
    Autres fonctions Homme politique et militaire
    Famille Motier de La Fayette
    Signature  

      

      sa signature en 1787

      

      

      

    La guerre d'indépendance américaine

    La participation de La Fayette à la Guerre d'indépendance des États-Unis (1775-1783) lui a valu une immense célébrité et une place symbolique pour avoir été le trait d'union entre les Américains et la France, lui valant d'être surnommé « le héros des deux mondes ».

     

    File:George Washington by Peale 1776.jpg 

    George Washington par Charles Willson Peale (1776)

     

    Et ce qui fait de La Fayette le symbole du soutien français aux insurgés d'Amérique, comme ce qui en fait la figure du héros romantique qu'on en conserve, c'est son jeune âge (19 ans) et les circonstances de son départ de France (sans l'autorisation officielle du roi encore favorable à la paix), finançant le voyage de ses propres deniers. Cependant, bien qu'il ait eu un rôle notable sur le plan militaire, celui-ci est moindre par rapport au bilan politique qu'il suscita.

     

    http://fr.wikipedia.org/wiki/Gilbert_du_Motier_de_La_Fayette

     

     

    Né au château de Chavaniac, en Auvergne, Marie-Joseph Paul du Motier est issu d'une famille noble. Son père meurt à Minden (Allemagne) en 1759, et sa mère, ainsi que son grand-père, décèdent en 1770. À l'âge de 13 ans, il se retouve orphelin et fortuné.

      

    À 16 ans, il se marie avec Marie Adrienne Francoise de Noailles († 1807), fille du duc d'Ayen et petite-fille du duc de Noailles, une des familles les plus influentes du royaume. La Fayette choisit alors de suivre une carrière militaire comme son père. Il entre à la maison militaire du roi en 1772.

      

    Le jeune capitaine des dragons a 19 ans lorsque les colonies anglaises d'Amérique déclarent leur indépendance. Déjà sensibilisé à cette cause par son amitié pour Benjamin Franklin, à l'annonce de cette nouvelle, son cœur s'enflamme.

      

    En avril 1777, bravant l'interdiction du roi, il s'embarque pour l'Amérique.

      

      

    Après un voyage de deux mois, il accoste à Philadelphie, siège du gouvernement des colonies. Il offre ses services au Congrès en déclarant : C'est à l'heure du danger que je souhaite partager votre fortune.

    Il est incorporé non sans difficulté dans l'armée des États-Unis avec le grade de major général. Son rôle militaire est interrompu par une période de 6 mois où George Washington le missionne pour convaincre le roi de France d'envoyer un véritable corps expéditionnaire.

    Le 7 juin 1777, il envoie une lettre à sa femme qui déclare : " Défenseur de cette liberté que j'idolâtre, libre moi-même plus que personne, en venant comme ami offrir mes services à cette république (des États-Unis) si intéressante, je n'y porte nul intérêt personnel.

      

    Le bonheur de l'Amérique est intimement lié au bonheur de toute l'humanité ; elle va devenir le respectable et sûr asile de la vertu, de l'honnêteté, de la tolérance, de l'égalité et d'une tranquille liberté."

    Accueilli chaleureusement, il reçoit le titre de colonel de cavalerie. De retour aux États-Unis en 1780 à bord de l'Hermione, il reçoit sur demande de Washington, avec lequel il entretiendra une amitié durable, le commandement des troupes de Virginie.

     

    File:Réception de l'hôte de la nation aux Etats-Unis.jpg

      

    Il participe en 1780 à la bataille décisive de Yorktown, qui conduit à la capitulation de Cornwallis. Il rentre au pays en 1782, où il est promu maréchal de camp.

    Porte-parole de l'aristocratie libérale, député de la noblesse d'Auvergne aux États généraux, membre de la société des Amis des Noirs et franc-maçon, il rêve d'apparaître, lui, le « héros de la liberté des deux mondes », comme un Washington français.

     

     File:Marquis de Lafayette 3.jpg 

      

    D'abord favorable à la Révolution, il présente un projet de Déclaration des Droits de l'Homme à l'Assemblée constituante. Il est nommé commandant de la Garde nationale en juillet 1789. Son rôle à ce poste pendant la Révolution reste énigmatique. Lors de la Journée du 5 octobre 1789, où les Parisiens montent à Versailles pour demander du pain à Louis XVI, la Garde nationale est en retard, laissant dans un premier temps le roi face au peuple.

    Chargé de la sécurité du château, il se montrera incapable d'empêcher son invasion meurtrière. De même, le 20 juin 1792, lors d'une autre Journée révolutionaire, au Louvre, la Garde nationale, toujours dirigée par La Fayette, est absente, laissant le peuple aborder le roi en tête à tête (c'est lors de cette journée que Louis XVI a bu une bouteille de rouge proposée par un manifestant, et a marché dans une bouse de vache pour montrer qu'il était « comme le peuple », ce qui l'a probablement sauvé ce jour-là). Marie-Antoinette, qui ne pouvait plus le souffrir, dira de lui :

     

      

    "Je sais bien que M. de La Fayette nous protège. Mais qui nous protègera de M. de La Fayette ?"

    En décembre 1791, trois armées sont constituées sur le front est pour repousser les Autrichiens. La Fayette prend le commandement de l'une d'entre elles. Mais voyant que la vie du couple royal était, chaque jour, de plus en plus menacée, il s'oppose au parti Jacobin, avec l'intention d'utiliser son armée pour rétablir une monarchie constitutionnelle.

      

    Le 19 août 1792, il est déclaré traître à la nation. Obligé de se réfugier à Liège, il sera capturé par les Prussiens puis les Autrichiens, en dépit des interventions de sa femme et des États-Unis. Sa libération sera obtenue par Napoléon au traité de Campo-Formio en 1797.

      

    Le Directoire lui interdit cependant de rentrer en France. Il finit par rentrer en 1799 ; en 1802 il s'oppose au titre de consul à vie de Napoléon ; en 1804, il vote contre le titre d'Empereur.

    Durant le premier Empire, il vit retiré des affaires publiques, mais se rallie aux Bourbons en 1814. Avec Fouché, il participe à la déchéance de l'Empereur. La fin du Premier Empire l'incite à revenir sur le devant de la scène politique ; élu député de Seine-et-Marne lors des cents jours, il demande l'abdication de Napoléon 1er.

     

    File:LaFayetteMasonicSword.jpg

    Epée maçonnique de La Fayette

     

    Député de la Sarthe en octobre 1818, puis à nouveau de Seine et Marne en septembre 1819, il s'oppose résolument à la Restauration et adhère à la Charbonnerie en 1821. Réélu député en novembre 1822, à Meaux, il est battu aux élections de 1823.

     

    File:Lafayette 1825.png

    1825


    Il retourne en Amérique pour une tournée triomphale dans 182 villes de juillet 1824 à septembre 1825. Il reçoit du peuple américain 200 000 dollars et 12 000 ha en Floride. Rentré en France, il est réélu député de Meaux en juin 1827 et en juillet 1830.

    Lors de la révolution dite des Trois Glorieuses, en 1830, retrouvant sa popularité de l'année 1789, il a ses propres partisans qui le poussent à jouer un rôle de premier plan.

      

    Mais, peut-être du fait de ses 73 ans, il se rallie lui-même à la cause orléaniste et soutient Louis-Philippe, à qui il donne la cocarde tricolore. Lafayette retrouve le commandement de la Garde nationale pour quelques mois. La Fayette meurt à Paris le 20 mai 1834. Il est enterré au cimetière de Picpus, à Paris.

    Le rôle du marquis de La Fayette dans l'histoire de l'indépendance américaine est consacré de longue date à Washington par un square à son nom, avec au centre sa statue équestre, devant la Maison Blanche. Cependant, le 8 août 2002, il a été élevé à titre posthume citoyen d'honneur des États-Unis d'Amérique, un privilège rare n'ayant été accordé auparavant qu'à quatre reprises dans l'histoire américaine.

     

     

    Tombe de La Fayette à Paris, au cimetière de Picpus, au côté de sa femme. Suivant son désir, son cercueil a été recouvert de terre américaine.

     

     

    La Fayette's grave in Paris at Picpus cemetery, next to his wife. To answer to his request, his casket was coated with earth coming from the United States.

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

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    Jean Duplessis-Bertaux, fut un dessinateur et graveur au burin français, né en 1747 et mort en 1819.

    Il a donné les Scènes de la Révolution auxquelles il avait lui-même pris part, Les Métiers de Paris, et les Cris de Paris, et les Campagnes de Napoléon en Italie, d'après Carle Vernet, estampes qui furent en vogue.

    Il est aussi l'auteur de gravures licencieuses (parfois non-signées puis réattribuées).

     

    Nous avons rencontré Jean Duplessis-Bertaux (1747-1819) samedi aux Tuileries avec les Marseillais
    ce dessinateur et graveur fut un témoin de la vie parisienne pendant la Révolution: il a notamment laissé
    une série sur les métiers de Paris

    le cireur de chaussures
    pourtant cireur de pompes, c'est un métier de tous les temps et de toutes les époques




    avant vous étiez passé(e)s devant le savetier, pour les réparer



    on croisait encore la petite marchande de fruits/color]



    ou la petite marchande de fleurs



    et les porteurs d'eau
    l'eau n'est pas courante et les porteurs s'approvisionnent aux fontaines avec les habitants
    qui n'ont pas forcément les moyens de s'offrir leurs services




    des seaux en bois de hêtre d'une douzaine de litres chacun
    de l'eau qui se vend et pour laquelle les porteurs paient un droit à la ville
    l'eau est devenue une marchandise


     

     

     
     
     
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  • Le petit théâtre de Marie-Antoinette

    par Elisabeth Bouvet

     

    Portrait de la reine Marie-Antoinette, dit "à la rose", par Elisabeth Vigée Le Brun. © Photo RMN

    Portrait de la reine Marie-Antoinette, dit "à la rose", par Elisabeth Vigée Le Brun.
    © Photo RMN

    De la jeune fille autrichienne « peu encline au sérieux » à la reine de France montant sur l’échafaud, le parcours de Marie-Antoinette (1755-1793), épouse de Louis XVI, fait l’objet d’une importante exposition au Grand Palais à Paris, une exposition moins historique cependant qu’artistique. Marie-Antoinette rassemble quelque 350 pièces qui évoquent le goût de la reine à une époque où l’art français est à son sommet et qui racontent aussi le destin d’une femme dans une mise en scène qui n’aurait sans doute pas déplu à l’intéressée, grande fan de théâtre. Marie-Antoinette, tragédie en 3 actes (les années de formation, le temps de l'émancipation puis celui du destin) qui se donne à voir jusqu'au 30 juin.

     

    Se promener dans l’exposition Marie-Antoinette, c’est un peu comme arpenter les différents décors d’une seule et même pièce de théâtre. L’illusion est totale, et cela dès l’entrée où le prénom de la reine, biffé sur le mur extérieur de l’espace dédié à l’exposition, se lit comme le titre d’un drame.

    Une mise en scène somptueuse

    Gobelet (sans soucoupe) du service de la Laiterie de Rambouillet.© Photo RMN / Martine Beck-Coppola

    Et de fait, le visiteur-spectateur est d’emblée séduit, ébloui par le soin apporté au cadre, à sa magnificence comme un hommage appuyé à la fois aux frasques de la dernière reine de France et à son destin hors du commun.

     

    « Robert Carsen, le metteur en scène d’opéra qui a signé la scénographie, a parfaitement compris ce que nous lui avions demandé, c'est-à-dire de ‘dramaturgiser’ une histoire célèbre à travers des objets artistiques car ce n’est pas une exposition historique », commente le directeur du château de Versailles, Pierre Arrizoli-Clementel, co-commissaire de l’exposition.

     

    A chaque période, une couleur, des enfilades de pièces, un décor d’opéra champêtre pour le Petit Trianon, des miroirs, beaucoup de miroirs y compris brisés à l’image du destin de l’«Autrichienne », un long corridor sombre en guise de couloir de la mort, bref c’est bluffant.

    « Et au fur et à mesure que l’on avance dans cette espèce de décor, reprend Pierre Arrizoli-Clementel, on découvre petit à petit les trésors qui ont été accumulés par cette personne qui a beaucoup dépensé, sans aucun doute, mais pour le plus grand bien de l’art français puisque c’est une période unique, la plus belle peut-être de tous les siècles car quand on parle à l’étranger d’un style français, c’est celui-là que les musées américains s’arrachent ». Le fameux style « Marie-Antoinette », et non pas Louis XVI, grâce auquel, « on donne à voir une idée assez juste du personnage qui a été tellement adulé, tellement haï aussi.

     

    C’était une personne qui était certainement inconsciente de certaines choses qu’elle faisait mais qui avait un goût certain. Elle a été l’instigatrice d’une floraison du goût particulière à la France à cette période-là ». C’est du reste en musique que se déroule la visite à Marie-Antoinette, la première depuis 50 ans, la précédente exposition dédiée à la reine remontant à 1955.

    Marie-Antoinette, future reine de France

    Marie-Antoinette en grand costume de cour (1778), par Elisabeth Vigée Le Brun. © Kunsthistorisches Museum.

    Et ça commence tout naturellement à Vienne, au château de Schönbrunn où Marie-Antoinette, fille cadette de Marie-Thérèse d’Autriche voit le jour le 2 novembre 1755. Et déjà, au milieu de ses 14 frères et sœurs, celle dont on loue volontiers la grâce tout en stigmatisant son peu de sérieux, affiche sa différence. « Sur le dessin de Jean-Etienne Liotard datant de 1762, le regard de la jeune Marie-Antoinette semble nous dire, ‘Je suis moi’ », confirme Pierre Arrizoli-Clementel.

     

    Un port de reine qu’elle sera effectivement bientôt. Promise au duc de Berry, futur Louis XVI, elle rejoint la France en 1770 sous les vivats des sujets de Louis XV, fascinés par la beauté, la grâce de l’adolescente. Imprimés et gravures à l’effigie de « notre » future reine s’arrachent tandis que l’enfant suit à la lettre (épistolaire) les conseils de sa mère qui cherche à en faire un pur produit de cour. A Versailles, la jeune fille se languit de trouver un artiste qui parvienne à rendre son image.

     

    Ce n’est qu’en 1779 que Marie-Antoinette, devenue reine en 1774, peut enfin envoyer à l’impératrice son portrait officiel peint par Elisabeth Vigée Le Brun (1755-1842), portraitiste désormais attitrée de la première dame du royaume.

    Marie-Antoinette et son image

    Paradoxalement, c’est au moment où son image lui plait que celle-ci va commencer à déplaire aux Français. En 1780, Marie-Thérèse d’Autriche meurt, Marie-Antoinette est libérée et peut enfin s’affirmer. Au risque de l’incompréhension. Témoin, ce tableau de la même Mme Vigée Le Brun représentant la reine à cheval, non plus en amazone mais à califourchon. Scandale aussitôt. Au peu de respect dont elle fait montre pour l’étiquette, s’ajoute une passion immodérée pour le « dernier cri ». On parlerait d’elle aujourd’hui comme d’une fashion victim, et, note Pierre Arrizoli-Clementel, « elle ferait la Une de tous les magazines de mode ».

    De ce point de vue, la manière dont Robert Carsen a habillé la rotonde où se trouve l’escalier en colimaçon qui sépare les deux étages de l’exposition est on ne peut plus éloquente : aux murs, des vignettes représentant Marie-Antoinette sous ses différentes perruques. Coiffure à l’hérisson, coiffure au chien couchant, coiffure sans espoir, coiffure à l’indienne, coiffure à la belle poule, coiffure à la félicité… Une débauche d’appellations et de coupes qui en disent long sur ses audaces en matière de mode et sur sa passion (coupable, lui reprochera sa mère) pour le déguisement, le jeu.

     

    Table à écrire, 1784, Adam Weisweler© Photo RMN / Daniel Arnaudet

    Mais c’est au Petit Trianon, que lui offre Louis XVI en 1774 qu’elle se laisse définitivement aller aux audaces de la mode et à son penchant pour le raffinement.

     

    Là, dans ce décor pastoral, elle sollicite les plus grands créateurs et architectes de son temps pour meubler, aménager, intérieurs et jardins. On y retrouve ce penchant pour l’exotisme déjà présent dans les salons viennois de Schönbrunn parallèlement à l’émergence d’un style qui, tout en empruntant à l’Antiquité et à un goût prononcé pour les fleurs, s’oriente vers des formes plus modernes.

     

    Pièce maîtresse de cet espace tendu de vert, « le bureau cylindre en nacre qui vient d’être restauré après avoir été repêché en Inde, dans les années 50 » de Jean-Henri Riesener qui réalisa pour Marie-Antoinette les meubles les plus extraordinaires.

    Au Petit Trianon, bientôt rebaptisé « La petite Vienne », Marie-Antoinette dicte ses propres règles, échappant ainsi aux contraintes liées à son rang de souveraine. Mais contribuant du même coup à fragiliser un peu plus encore son image. Les portraits qui seront commandés à la fin des années 80 pour tenter de corriger cette perception et représentant la reine entourée de ses enfants n’y changeront rien. Sa réputation est même définitivement ternie en 1784 avec l’affaire dite du « Collier de la reine ». Pour le peuple, Marie-Antoinette n’est plus que « Madame déficit »…

    « Nous avons fait un beau rêve, voilà tout »

    Chemise de Marie-Antoinette pendant sa détention.© Carnavalet/ Roger Viollet.

    Chemise de Marie Antoinette lors de sa détention

    …et même bientôt « l’Autrichienne » quand survient la Révolution, en 1789. Dès lors, la reine se voit accusée de tous les maux, est l’objet de toutes les calomnies. C’est dans une atmosphère sombre et pesante que se termine le parcours de l’exposition, quand rattrapée par le destin, Marie-Antoinette qui ne rêvait que de liberté n’est plus que cette prisonnière qui, au petit matin du 16 octobre 1793, sera guillotinée sous les yeux de David qui prend un malin plaisir à la représenter assise les mains attachées derrière le dos, droite et digne, dans le charriot qui la mène à l’échafaud.

     

    Avant cette ultime représentation de l’ex-reine (la monarchie est tombée le 10 août 1792), le public aura pu lire sa dernière lettre - dans un français parfait qui n’a rien à voir avec ses premières missives envoyées à sa mère -, l’une des chemises qu’elle portait, son missel, les meubles modestes qui constituaient son intérieur à la Conciergerie, des relevés de blanchisserie ou encore son serre-tête.

    On y lit aussi, écrit sur les parois de ce couloir, des extraits de certaines des lettres qu’elle envoie à des proches, amis ou famille. Les épreuves l’ont transformée, l’ont grandie.

     
    Nul apitoiement, nul misérabilisme. A la hauteur finalement de la promesse qu’elle semblait adresser du haut de ses 7 ans à Jean-Etienne Liotard, trente et un ans plus tôt.
     
     
    sources

    Le petit théâtre de Marie-Antoinette

    par Elisabeth Bouvet

    http://www.rfi.fr/culturefr/articles/099/article_63918.asp

     

     

     

     

     

     
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  •  

     

    la marchande de lait
     
    dès le XIIIe siècle, les paysannes venaient des environs, apporter le lait aux Parisiens


     
      
    comme on peut le voir dans cette oeuvre de Louis-Léopold Boilly les enfants faisaient la "queue au lait" dès que les laitières arrivaient en ville en criant
    "la laitière, allons, vite"
     
    dans les années 80 - 1780! la reine Marie-Antoinette mit le lait au goût du jour au hameau de Versailles mais aussi à la laiterie du château de Rambouillet
     
     
     
     
    Laiterie de la Reine - Château de Rambouillet
     
     
    Un peu d'histoire : la laiterie a été construite par Louis XVI pour sa femme, la Reine Marie-Antoinette, qui s'ennuyait lorsqu'il résidait à Rambouillet pour chasser. Il eut l'idée de lui faire construire cette "laiterie" toute en marbre et au mobilier précieux (aujourd'hui au Petit Trianon) pour déguster le lait directement des animaux.
     
     
     

     

     

    Derrière une grille, on y découvre une laiterie magnifique, un temple blanc à la gloire des produits laitiers qui étaient à l'époque des produits de luxe. Le roi Louis XVI a fait construite en cachette cette laiterie pour sa femme Marie-Antoinette. La première salle, en forme de rotonde et sous une coupole est une salle de dégustation et la seonde salle, dite de rafraichissement est une grotte artificielle avec une scultpure en marbre "la nymphe à la chèvre".


    En savoir plus sur http://www.paperblog.fr/6017225/visite-du-chateau-de-rambouillet-sa-laiterie-et-sa-chaumiere-aux-coquillages/#E3wAl453ThmxadGr.99

     

     
       

     

     
      
    elle allait boire du lait chaud dans sa "vacherie", mode qui s'étendra jusqu'aux Champs-Elysées
    elle se servait d'un bol-sein
     

     
     

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  •  Portrait of english actress Lavinia Fenton, later duchess of Bolton, possibly by George Knapton, ca. 1739

     

    On se souvient de l'importance et de la vogue de la robe a paniers a coudes au temps de Louis XV ; sous le règne de louis XVI, cette robe est uniquement portée a la cour, au théâtre ou au bal.
    Dans la vie ordinaire, on adopte des robes plus simples et plus pratiques telles que la polonaise et ses nombreuses transformations.
    La tournure peu a peu remplace les paniers. les deux grands arbitres de l'élégance qui imposent leur goût a l'Europe entière sont alors la reine Marie-Antoinette et sa marchande de modes rose bertin.


    Périodiquement, on expédiait de paris a Londres un mannequin habille, figurine de modes de grande taille qu'on faisait circuler dans les autres pays.
    Brusquement, vers 1780, un revirement complet se produit.
    C’est d'abord l'anglomanie, l'adoption des modes anglaises.

    Aux robes étoffées, fleuries, bruissantes succèdent les costumes d'allure masculine (redingote, jaquette) et les paniers sont remplaces par des tournures.
    C’est le règne de la simplicité et Marie-Antoinette donne l'exemple en s'habillant de robes légères de percale ou de taffetas.

     

     

     

    Par le nombre et la variété de ses créations, l'époque Louis XVI occupe une place à part dans l'histoire du costume féminin et présente un intérêt particulier. Successivement, outre la robe à la française, nous voyons les femmes adopter la robe à la polonaise et ses nombreuses transformations, la robe à la lévite et la robe à l'anglaise.

     

    Portrait of the Duke of Berry, future Louis XVI, by Jean-Martial Fredou.
Just acquired by the Versailles museum.

    Portrait of the Duke of Berry, future Louis XVI, by Jean-Martial Fredou.

     

    Trois corporations travaillaient à l'habillement des femmes :

    les tailleurs de corps ou corsetiers, les marchandes de modes qui fournissaient rubans, falbalas et bonnets et enfin les couturières.

     

    Stays, ca. 1780, Metropolitan Museum of Art, New York.

     

    Le plus souvent le corsage était décolleté ; il s'agrafait par devant et un noeud de ruban appelé parfait contentement masquait l'agrafe. Le corps à baleines ou corset était muni d'aiguillettes qui servaient à maintenir le second jupon en passant dans des oeillères. Le corsage de dessous avec ou sans manches était la soubreveste, sorte de gilet ou de corsage de dessous et qui était toujours apparent par devant.

     

    Stays, late 18th century.

      

    La Cour avait conservé du règne précédent le goût des toilettes luxueuses et Marie-Antoinette, malgré la simplicité de son éducation à la cour d'Autriche, au lieu de réagir contre ce mouvement, en prit la tête. Jamais peut-être le luxe ne fut plus insolent à la cour de France que durant les années 1776 à 1778. C'est l'époque des immenses robes à paniers couvertes de falbalas de toutes sortes, de perles et de pierreries ; les souliers mêmes étaient brodés de diamants. Toutefois ce luxe extravagant fut réservé à la Cour et aux grandes cérémonies.

     

    MODE XVIIIè siècle - Un Certain regard....

    Dans la vie courante, on se contentait de toilettes plus modestes dont la " polonaise " est le type. Brusquement, en 1783, on assiste à un revirement complet : " Jamais ", lit-on dans Le Tableau de Paris (publié en 1783), " les femmes ne se sont mises avec autant de simplicité. Plus de robes riches, plus de garnitures, plus de manchettes à trois rangs. Plus de folles coiffures. Un chapeau de paille avec un ruban, un mouchoir sur le col, un tablier à la maison. En même temps on constate une grande vogue pour les couleurs claires notamment pour les toiles imprimées de Jouy à fond blanc dont la fondation de la fabrique due à Oberkampf datait de 1750.

     

      

    En 1786, le mouvement vers la simplicité s'accentue et le Cabinet des Modes écrivait : " Il n'est plus guère d'usage aujourd'hui pour les femmes de porter des robes de grande parure. On ne porte plus de ces grands paniers, ni de ces robes traînant d'une aune à terre. Il n'y a plus de garniture, ni falbalas, ni bouillons. Les " coudes " aux poches suffisent à donner de l'ampleur et à accuser les hanches; le postiche rejette la jupe en arrière.

     

     

    Les causes de ce changement profond dans la toilette féminine sont multiples et de nature différente ; la ruine des grands seigneurs, l'influence de Jean-Jacques Rousseau vantant la simplicité des moeurs, les toilettes de campagne portées par Marie- Antoinette dans sa retraite du Petit-Trianon et enfin l'anglomanie qui commença en 1786.

    S'inspirant des modes anglaises, les femmes désormais vont s'habiller comme les hommes; elles porteront la redingote masculine, la cravate et même les deux montres et le chapeau de castor.

    Le succès de la pièce de Beaumarchais, Le Mariage de Figaro, lance deux toilettes nouvelles : la " robe à la Suzanne " et le "juste à la Figaro".

     

     http://versaillesblog.blogspot.fr/2008/10/les-toilettes-de-marie-antoinette.html

     

    Vers 1788, les jupes ont un rang de volants et on porte une ceinture très large ornée d'une grosse boucle sur le devant. En même temps, c'est la mode des écharpes de taffetas ou de cachemire qu'on passe sous les bras, qu'on croise dans le dos et qu'on ramène par devant en nouant les deux extrémités. Dans les dernières années du règne de Louis XVI, les femmes adoptent le caraco exigu et la robe à l'anglaise.

     
    Robe retroussée dans les poches

    Cette robe appartient aussi bien au règne de Louis XV qu'au règne de Louis XVI. La mode en est extrêmement répandue dans la bourgeoisie et c'est le costume habituel des servantes.

    L'expression " retroussée dans les poches " n'est pas tout à fait exacte. En effet, ce n'est pas dans les poches qu'on relevait les pans de la robe mais dans les ouvertures des poches, c'est-à-dire par les fentes latérales du jupon de dessus, fentes qui permettaient d'atteindre les poches qui n'étaient à cette époque que des sacs suspendus à la ceinture. Naturellement, on faisait ressortir plus ou moins l'étoffe suivant qu'on retroussait plus ou moins. Cette robe est généralement accompagnée de plis dits " Watteau " qui partaient des épaules et descendaient au-dessous de la ceinture pour entrer ensuite dans la jupe. Des aiguillettes dont deux étaient cousues à cinquante centimètres du bas de la traîne se reliaient à deux autres aiguillettes correspondant et cousues à la hauteur de la taille ; c'était le relève-jupe.

    Robe à la Française | 1760-1770 Femmes avec des airs coquets ont été imposante en robes à la française et des robes à l'anglaise pendant toute la période entre 1720 et 1780.  La robe à la française a été dérivée de la robe sacque déshabillé lâche de la première partie du siècle, qui a été plissée à partir des épaules à l'avant à l'arrière.  La silhouette, composée d'un buste en forme d'entonnoir d'alimentation dans de larges jupes rectangulaire, a été inspiré par des conceptions espagnole du siècle précédent et a permis pour des montants expansive du textile avec la décoration délicate curviligne rococo.  Les jupes larges, qui ont souvent été ouverte à l'avant pour exposer un jupon très décorées, ont été soutenus par sacoches créés à partir de rembourrage et des cerceaux de différentes matières telles que la canne, à fanons ou en métal.  Les robes à la française sont réputées pour la beauté de leurs textiles, la coupe des plis creux et de décorations de retour employant jupe, connu sous le nom robings, qui a montré l'imagination infinie et de la variété.

    Robe à la Française 1760-1770 

     

    Robe à la Française

    Jusqu'à la Révolution la robe de cérémonie, de théâtre, de bal ou de Cour est la robe à la française qui est une robe à paniers. On a vu combien fut grande sous Louis XV la vogue de la robe à paniers qui avait trois ou quatre rangs de cerceaux en un seul ou en deux paniers reliés par une toile ; sous Louis XVI, les deux paniers s'étalaient à la hauteur des hanches : c'est le panier à coudes, ainsi nommé parce qu'on pouvait y appuyer les coudes. La jupe était ornée d'un haut volant de dentelles, de rubans, de bouillons de gaze.

     Robe à langlaise (retrousée dans les poches)French | 1780Silk | Kyoto Costume Institute

     

    Robe à la polonaise

    Moins cérémonieuse et moins encombrante que la " robe à la française ", la robe" à la polonaise ", encore appelée " robe à la reine ", eut une vogue considérable sous Louis XVI, vogue qui dura de 1776 à 1787. La robe à la polonaise a eu de nombreuses variantes : polonaises en frac, aux ailes, à coqueluchon, etc.., qui toutes présentent les mêmes caractères généraux suivants. Tout d'abord les manches sont " en sabot" c'est-à-dire qu'elles s'évasent légèrement et sont garnies d'un brassard ruché d'où pendent souvent des manchettes de dentelles ou de gaze bouillonnée. Ce brassard est plus ou moins long et on le serre à intervalles réguliers par des rubans ou des rangs de perles.
    Une des particularités de la robe à la polonaise consiste dans le corsage qui tient à la double jupe, c'est-à-dire que les devants et les dos sont d'une pièce jusqu'au bas de la robe. La robe à la polonaise est une robe à transformation et on peut à volonté retrousser les trois pans formant les ailes et la queue ou bien obtenir une robe flottante. Dans ce but, il y avait un double cordon qui passait dans une coulisse de chaque côté sous les coutures qui joignaient sous les bras les devants au dos depuis la hanche jusqu'en bas. Ce cordon était muni de glands et indiqué par une rosette ; il suffisait de tirer un cordon pour abaisser les pans et l'autre cordon pour les
    relever.
    Les devants du corsage étaient agrafés sous le "parfait contentement" et s'évasaient en découvrant la veste ajustée sur le corps à baleine pour ensuite se rejeter en arrière sur la jupe.

    Polonaise aux ailes : dans cette polonaise dite " aux ailes ", celles-ci sont plus longues que la queue qui est bouffante.

      

    Les manches en sabot se terminent par de petites manchettes doubles et ruchées qu'on appelait des " petits bonshommes ".

     

     

      

     

    Polonaise d'hiver : Les polonaises sont souvent accompagnées d'un grand capuchon ; dans la polonaise d'hiver, c'est un coqueluchon, c'est-à-dire un petit capuchon inutilisable qui est fixé au corsage. Dans cette polonaise les ailes et la queue sont relevées assez haut et les fentes des poches ainsi que le tour de la robe sont garnis de ruchés. La jupe est ornée d'un volant à " tête bouillonnée".

     1786 fashion plate.
    La Circassienne

    La robe "à la circassienne" n'est encore qu'une variante de la robe polonaise. Comme cette dernière, elle a trois pans (une queue et deux ailes), mais ces trois pans sont d'égale longueur. Des cordons à tirettes comme dans la polonaise servent à retrousser ces pans. Ce qui caractérise surtout la circasienne, c'est la forme et la disposition des manches. Celles de la robe (premières manches) sont très courtes et en entonnoir. Elles laissent passer les mancherons de la soubreveste ou corsage de dessous qui sont les mancherons de la soubreveste ou corsage de dessous qui sont des manches justes. Tantôt elles descendent jusqu'aux poignets, tantôt elles s'arrêtent à la saignée du bras où elles sont ornées de petits bonshommes, qui sont des manchettes ruchées à deux rangs ou encore des manchettes à deux rang de filet.

      

    Mantua, back detail.
Made between 1740-1745, altered between 1875-1900 to fit the late 19th centiry dress.
Made in England, now in storage at the Victoria & Albert Museum.

     

    La Polonaise Anglaise

    Les modes anglaises étaient influencées par les modes françaises du XVIIIème siècle et la robe polonaise française fut adoptée en Angleterre mais avec quelques modifications.

    Dans la polonaise française, les deux pans s'écartent sur la jupe de dessous ; en Angleterre, il y a un pan devant. Une autre particularité de la "polonaise anglaise" consiste dans la fermeture du corsage qui souvent est dans le dos.

    "Jane, Duchess of Gordon" by George Romney, 1778.

     

    Les Caracos

    Qu'ils soient à la polonaise ou à la française, les caracos ne sont que des robes coupées un peu plus haut que les hanches. Leur principal caractère est dans l'exiguïté des basques. Ils s'agrafent par devant, tantôt au milieu de la taille, tantôt sous le "parfait contentement".

    Tout d'abord assez long, bientôt ils ne dépassent pas l'ouverture des poches du jupon ; les manches sont en sabot. Le caraco "à la française" ne diffère du caraco à la polonaise que par les plis Watteau dans le dos. Aux caracos se rattache le juste à la Figaro encore appelé "robe à la Suzanne". Il est à manches longues et se porte avec un fichu de linon à l'encolure.

     

      

      

    Chemise de la Reine

    C'est à partir de 1781 que, grâce à Marie-Antoinette, cette robe fit fureur. C'est surtout une robe d'intérieur, du moins à la Cour, et on la faisait en gaze ou en soie. Elle tombait droit avec un haut falbala au bas de la jupe et était très décolletée. Le tour de gorge, qui sous Louis XV était bouillonné ou en dentelle, devint une collerette Médicis, comme au début du XVIIème siècle, mais plus décolleté.

    Woman's jacket of purple silk damask, Germany, c. 1750-1770. The large protruding basques once lay decoratively on a hooped petticoat

    Robe inspirée de la Redingote Masculine :

      

    L'influence des modes anglaises se traduisit en France par les robe inspirées de la redingote portée par les hommes à la même époque. Tantôt cette robe-redingote est ouverte par devant, ce qui est le cas le plus fréquent. Tantôt elle est fermée et boutonnée du haut au bas par de gros boutons métalliques. D'immenses chapeaux accompagnaient ces robes.

    stripeyredingote-fashionplate.jpg 350×650 pixels

      

    Robe à l'Anglaise :

      

    Cette robe ajustée à la taille a toujours une queue traînante. Chaque couture du dos est accompagnée de deux baleines et les deux pièces du dos s'élargissent pour former les lés du manteau. Ces deux pièces se relèvent sur la tournure qui est formée de deux toiles fortes matelassées, piquées et froncées à la taille où un ruban l'attache. Les manches en amadis tantôt s'arrêtent comme ici au-dessous du coude, tantôt descendent jusqu'aux poignets. On adopte aussi les manches bouffantes.


    Sur les devants s'épinglant l'un sur l'autre sont les compères de doublure lacée et les pièces du corsage sont garnies d'oeillets pour lacer.

     

     

     Red wool suit worn by Peter II, 1727-1730, The Moscow Kremlin Museums.

     

    En général le costume masculin sous Louis XVI n'a plus cette allure pimpante et désinvolte du costume masculin sous Louis XV : les formes s'assagissent, la couleur joue un rôle. Tandis que sous Louis XV on n'avait guère employé que des étoffes de ton uni, vers 1778 apparaissent les soieries cannelées et mouchetées.

     

     

     

    Une autre innovation consiste dans l'emploi de boutons de métal ciselé, émaillé ou peint.

     

    "Portrait of an unknown man" by Allan Ramsay (1713-1784). 

     

    L'habit à la française persiste sans changements importants; mais on le porte surtout à la Cour. Les pans ne s'étalent plus comme au temps de Louis XV en bouffant et les devants s'ouvrent de plus en plus sur la veste ou gilet. Les manches sont justes et les manchettes de dentelles sont de plus en plus rares. Souvent le gilet est sans basques et d'une couleur différente du justaucorps ; on rencontre souvent des habits blancs avec des sujets brodés. L'habit à la française de grande cérémonie est fait d'une riche étoffe et couvert de broderies.

     

    Sir Joshua Reynolds
by Sir Joshua Reynoldsoil on canvas, circa 1747-1749
National Portrait Gallery

     

     

    Le frac ne diffère de l'habit à la française que par son col rabattu et par les pans qui tombent droit en s'écartant. Le col droit et rabattu est assez souvent d'une couleur différente. Le frac dit " à la polonaise " n'a pas de couture dans le dos ; il n'a ni poches apparentes, ni passements. Les couleurs communément adoptées pour les fracs sont le vert ou le jaune clair avec de larges rayures. Il y a des fracs sans boutons.

     

    "Colonel George K. H. Coussmaker, Grenadier Guards" by Sir Joshua Reynolds, 1782. 

     

    L'usage de porter deux breloques (clef et cachet) accrochées sous le gilet, de chaque côté de la culotte, est général. La cravate n'est souvent qu'une écharpe de batiste nouée.

     

    "Portrait of Gerónimo Antonio Gil" by Rafael Ximeno y Planes, 18th century, National Museum of Art (MUNAL), Mexico. 

     

     

    A partir de 1780, l'anglomanie se manifeste par la redingote à la lévite qui a trois collets en gradins, des revers séparés du collet et fixés par des boutons; par la lévite à l'anglaise qui diffère peu de la simple lévite et qui se porte avec une culotte de peau et de longues bottes souples à revers comme on en porte avec le frac à l'anglaise. Ce dernier se porte entièrement boutonné. A la fin du règne apparaissent les fracs en étoffe à rayures.

      

      

    Portrait of a Boy in Fancy Dress by Nicolas de Largilière, 1710-1714.

     

    Les enfants s'habillaient de vêtements de même forme que les grandes personnes.

     

     

     

    Quand ils portaient le pantalon, on disait qu'ils étaient en matelot, parce que les matelots ne portaient pas de culotte.

     

     

     

    Le costume des bourgeoises resta sensiblement le même durant tout le XVIIIème siècle et les différences entre la bourgeoise sous Louis XV et la bourgeoise sous Louis XVI sont insignifiantes.

     

     

     

    Elles portaient d'ailleurs toutes deux comme les dames de qualité le bonnet et le tablier avec ou sans volants.    

     

     

    Le costume des paysans différait peu de celui des citadins, à part la qualité des étoffes et la richesse des garnitures. Le plus généralement les paysans portaient du linge grossier, une sorte de frac de drap commun, une culotte, des jambières, des souliers de gros cuir.

     

     

      

    Comme coiffure, un feutre relevé par derrière, les cheveux longs, noués par derrière.

      

    Costumes XVIIIe
     

    "Allégorie de l'Hiver"
    Verrerie
    du 1er quart du XVIIIe siècle
    Musée de Nevers

      

      

    Les paysannes portaient sur leur chemise un corset lacé, une jupe courte sur plusieurs jupons, un tablier entourant la taille protégeait la jupe ; un fichu couvrait les épaules.

     
    La gardeuse d'oie
     
    La gardeuse d'oie.
    Faïence, décor de grand feu (polychrome) par Antoine MONTAGNON
    Musée municipal Frédéric Blandin - 58 Nevers
     
     
     

    Un bonnet ou un mouchoir couvrait la tête, aux pieds des souliers plats, soit d'étoffe ou de gros cuir.

     

     Manteau de berger

     

     

     

     

    "Mrs. Henrietta Morris and her son" by George Romney (1734-1802) 

     

     "Mrs. Henrietta Morris and her son" by George Romney (1734-1802)

     

      

     

     

     http://lecostumeatraverslessiecles.chez-alice.fr/Costumes/XVIIIe/1774-1789_paysans.htm

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

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    Varennes, 20-25 juin 1791. La fuite de la famille royale

    et la fin de la monarchie

     

    La fuite de Louis XVI et de sa famille dans la nuit du 20 au 21 juin 1791 n’est pas qu’un des multiples rebondissements de la période révolutionnaire. Ses conséquences en font un des épisodes cruciaux de la Révolution. Un événement charnière qui va ternir l’image du roi et contribuera au renversement de la monarchie.

    Après son installation forcée aux Tuileries, le 6 octobre 1789, la famille royale n’est plus vraiment libre de ses mouvements. Surveillée de près, ses sorties sont contrôlées.

    Le 19 février 1791, le départ pour Rome des tantes de Louis XVI, inquiètes des lois anti-religieuses, jettent la suspicion sur la famille royale. Comme l’année précédente, Louis XVI souhaite passer la Semaine Sainte puis la belle saison avec sa famille au château de Saint-Cloud. Il fixe le départ au 18 avril. Aussitôt connue la nouvelle de ce projet, les milieux révolutionnaires affirment que le Roi veut quitter Paris pour faire ses Pâques avec un prêtre non assermenté. Au moment du départ, une foule hostile entoure le carrosse et l’empêche de partir. La famille royale doit donc rentrer aux Tuileries. En montant les marches du perron, Marie-Antoinette lance aux grenadiers : «Vous avouerez à présent que nous ne sommes pas libres !»

     L’arrestation de Louis XVI et de sa famille à Varennes chez l’épicier et procureur Jean-Baptiste Sauce

     

    Comme le lui avait conseillé Mirabeau, décédé le 2 avril 1791, et encouragé par le comte suédois, Axel de Fersen, Louis XVI décide de rejoindre le quartier général du marquis de Bouillé, à Montmédy, près de la frontière du Luxembourg. Il sait que les troupes du marquis lui sont fidèles.

    Un plan est échafaudé : il consiste à se faire passer pour l’équipage de la baronne de Korff (la marquise Louise-Elisabeth de Croÿ de Tourzel, gouvernante des enfants de France), veuve d’un colonel russe qui se rend à Francfort avec deux enfants (le Dauphin et Marie-Thérèse), une gouvernante, Mme Rochet (la reine), un valet de chambre (le roi) et trois domestiques (des gardes du corps du roi). Une berline est spécialement commandée pour cette équipée. La fuite est d’autant plus délicate qu’une domestique fait courir des rumeurs sur une éventuelle fuite de la famille royale. La surveillance est renforcée, des gardes dorment à même le sol devant les portes des appartements royaux. Malgré toutes ces précautions la famille royale parvient à sortir des Tuileries. La berline passe la Barrière Saint Martin (actuelle rotonde de la Villette) vers 1h20.

     

    Commence alors un voyage qui doit se conclure par la prise en charge de la famille par les troupes du marquis de Bouillé mais qui ne sera qu’une longue suite de contretemps et de malentendus. La berline royale prend beaucoup de retard sur l’horaire prévu. Dans la soirée, elle arrive à Sainte-Ménehould, en Champagne, où un détachement de hussards envoyé par le marquis de Bouillé doit assurer sa protection. La berline repart sans son escorte mais le maître de poste, Drouet, qui a reconnu Louis XVI, devance la berline par des chemins de traverse et parvient à l’étape suivante à Varennes-en-Argonne. Il alerte les habitants et le procureur de la commune, l’épicier Sauce. Ce sera la fin de l’équipée.

    La même nuit, le comte de Provence, futur Louis XVIII, quitte la France en suivant un autre itinéraire qui le conduit aux Pays-Bas autrichiens sans incident.

     

     

    La découverte du départ du roi à Paris

    Dès la découverte de la fuite du roi, c’est l’effervescence mais également l’inquiétude à Paris. Lafayette, Bailly et Alexandre de Beauharnais (le mari de Joséphine et président de l’Assemblée), se concertent et se mettent d’accord pour affirmer que le roi avait été «enlevé». L’annonce du départ de la famille royale est faite en début de séance. M. de Laporte, intendant de la liste civile, apporte à l’Assemblée un document (le «testament politique de Louis XVI», retrouvé en 2009) que le roi a rédigé et dans lequel il explique les raisons de son départ. Le 22 juin à 22 h, on apporte la nouvelle de l’arrestation du roi. Trois commissaires sont nommés pour ramener la famille royale à Paris : Barnave, Pétion et Latour-Maubourg.

    Le 23 juin, commence le retour de la famille royale à Paris. Un trajet long et difficile, ralenti ou interrompu par des manifestants qui lancent aux fugitifs injures et quolibets. A Paris, on avait affiché dans les rues : «Quiconque applaudira Louis XVI sera bâtonné ; quiconque l’insultera sera pendu». C’est donc dans un lourd silence que le roi retrouve la capitale dans la soirée du 25 juin. Le cortège passe au milieu d’une haie de gardes nationaux portant leurs crosses de fusils à l’envers.

     Le retour du roi à Paris

     

    Le prestige du roi ébranlé

    La fuite manquée du roi marque un tournant dans la Révolution. La confiance dans sa sincérité et son acceptation de la Révolution sont mises en doute. Cette situation pose un redoutable problème politique aux partisans de la monarchie constitutionnelle car l’on soupçonne le roi de collusion avec l’étranger, voire de trahison. Le roi est suspendu et l’Assemblée va admettre la théorie de l’«enlèvement» du roi pour sauver ce qui peut l’être. Mais l’histoire va s’emballer.

    Alors que la majorité de l’Assemblée tente de minimiser les conséquences du départ du roi, le principe monarchique commence à être remis en cause et certains parlent même ouvertement de République, une idée jusque-là très minoritaire. Mais les clubs commencent à s’agiter, sur fond d’agitation sociale engendrée par la loi le Chapelier du 14 juin interdisant toute association d’ouvriers et tout mouvement de grève.

    Le 16 juillet, suite à une pétition du Club des Cordeliers demandant la déchéance du roi, les modérés du club des Jacobins font une scission et fondent le club des Feuillants. Seule, une dizaine de députés, dont Robespierre, reste au club. Le 17 juillet alors que la foule afflue au Champs-de-Mars pour signer la pétition, un incident provoque une fusillade qui fera plusieurs dizaines de victimes. Le fossé entre les classes populaires et l’Assemblée ne fera, dès lors, que s’agrandir.

    La Constitution, discutée pendant tout l’été, est votée le 3 septembre et acceptée par le roi le 14, qui vient prêter serment devant l’Assemblée. L’Assemblée constituante considérant sa tâche comme achevée décide de se séparer le 30 septembre en précisant que ses membres seraient inéligibles à la nouvelle Assemblée législative. Pour beaucoup, la Révolution est terminée. La monarchie constitutionnelle semble bien installée, l’idée de République oubliée. Du moins le croit-on.

    La chute de la royauté

    Les mois qui suivent vont pourtant conduire à l’effondrement de la monarchie. La déclaration de guerre au «roi de Hongrie et de Bohême» (l’empereur d’Autriche), votée le 20 avril 1792, est souhaitée ouvertement par les Girondins, secrètement par le roi et combattue par Robespierre. Les défaites successives des armées françaises, les émigrés regroupés près des frontières, les rumeurs de trahison, vont créer une véritable ambiance de psychose. Une première journée insurrectionnelle a lieu le 20 juin. Les sans culottes parisiens investissent l’Assemblée législative et les Tuileries pour forcer le roi à retirer son veto sur la déportation des prêtres réfractaires et la formation d’un camp de fédérés à Paris. Louis XVI accepte de coiffer le bonnet phrygien et de boire à la santé de la nation mais ne cède pas.

    L’assaut des Tuileries

     

    Le 5 juillet, l’Assemblée déclare la nation «en danger». Les volontaires et fédérés affluent à Paris pour rejoindre l’armée. La Commune de Paris décide d’en finir avec la monarchie. Le palais des Tuileries est pris d’assaut dans la matinée du 10 août par 15 à 20 000 insurgés. 950 gardes suisse, 200 gentilshommes et 2000 gardes nationaux assurent sa défense. Le roi et sa famille se réfugient à l’Assemblée. Louis XVI ordonne le cessez-le-feu. 600 gardes suisses seront massacrés, le chef des gardes nationaux, Mandat, est assassiné par ses propres troupes.

    Le roi est suspendu, la famille royale est installée au palais du Luxembourg puis transférée au Temple le 13 août. Début septembre, sans-culottes et populace massacrent plus de mille détenus à Paris, des centaines en province. Une nouvelle Assemblée, la Convention, est élue au suffrage universel masculin à deux degrés. Elle proclame la République le 21 septembre. C’est la fin de la monarchie.

    Bibliographie :

    Mona OZOUF. Varennes. La mort de la royauté. 21 juin 1791. Trente journées qui ont fait la France, Gallimard, 2005.
    Marcel REINHARD, La Chute de la Royauté. 10 août 1792. Ces journées qui ont fait la France, Gallimard, 1969.
    Timothy TACKETT, Le Roi s’enfuit. Varennes et l’origine de la Terreur, La Découverte, 2004.

     

     

     

     

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    A Paris, du 2 au 6 septembre 1792, les prisons sont investies par des sans-culottes qui massacrent près de 1 200 détenus. Faut-il n’y voir que spontanéité populaire égarée ?

    La polémique n’a jamais cessé.

     

    A Paris, du 2 au 6 septembre 1792, les prisons sont investies par des sans-culottes qui massacrent près de 1 200 détenus. Faut-il n’y voir que spontanéité populaire égarée ? La polémique n’a jamais cessé.

     


     

    De la place Dauphine à la prison de l’Abbaye : c’est un très bref trajet au coeur du vieux Paris. Mais, ce 2 septembre 1792, les voitures chargées de prisonniers ont un parcours difficile, coupé de nombreux arrêts. Les détenus - parmi lesquels de nombreux prêtres réfractaires* - sont injuriés, menacés, molestés. Ainsi au carrefour Buci, où s’est formé, autour de l’estrade où s’enrôlent les volontaires, un attroupement agité, qui bruit d’une rumeur désastreuse : la prise de Verdun par les armées prussiennes.

    Attroupés et badauds suivent les voitures jusqu’au jardin de l’Abbaye. Quand les prisonniers en descendent, un geste, ou un cri, allez savoir, suffit à donner le signal du lynchage, à coups de bûche, pique, sabre, massue, bientôt suivis à l’intérieur de la prison, à l’initiative de représentants de la Commune (cf. p. 55) , d’interrogatoires expéditifs auxquels met fin le quitte ou double de l’acquittement ou de la mort.

     

     

    Danton, Marat et Robespierre.

     

    En Octobre 1792, les principaux orateurs girondins les accusent d'aspirer à une "dictature triumvirale" et d'avoir été les "complices des septembriseurs".

     

    En fait, c'est le rôle du mouvement populaire qui est remis en cause.

     

       

    La contagion du meurtre gagne bientôt les autres prisons parisiennes, sous les deux formes du lynchage et du tribunal improvisé : les Carmes, où ont été regroupés des prêtres réfractaires ; puis la Force, le Châtelet, la Conciergerie, peuplés surtout de vagabonds et de détenus de droit commun ; enfin les prisons-hospices, Bicêtre, où maîtres et parents placent en « correction » les adolescents récalcitrants, la Salpêtrière, réservée aux prostituées et aux femmes « flétries ». Ni l’âge ni le sexe ne sont des protections contre la fureur massacrante. Au total, au sortir des quatre journées où s’étire, avec flambées, répits, brusques reprises, l’émotion populaire, environ 1 200 personnes ont trouvé la mort : près de la moitié de la population incarcérée à Paris.

     

    Sur le récit de cette sauvagerie ont immédiatement bourgeonné les images d’horreur : cœurs arrachés, gorges sciées, visages brûlés par les torches, petits pains trempés dans les plaies. Un roman noir dont se détachent deux figures féminines : l’amie de la reine, la princesse de Lamballe, cadavre affreusement mutilé, tête coupée, enrubannée de viscères ; et Mlle de Sombreuil, contrainte pour sauver son père, le gouverneur des Invalides, de boire un verre de sang.

     

     

    Massacres du 2 septembre 1792 à  la prison de l'Abbaye. La hantise de la trahison ayant gagné Paris, les prisons s'emplissent de "suspects". La mise à mort des prêtres réfractaires de l'Abbaye marque le début des massacres.

     

    Devant ces récits largement fantasmés, en 1935 le grand historien des massacres de Septembre Pierre Caron renonçait à faire un tri plausible entre les raffinements de cruauté et l’horreur ordinaire1. A elle seule, celle-ci a il est vrai de quoi provoquer l’ébranlement horrifié de l’opinion éclairée.

     

    Les historiens l’ont souvent minimisée. Tantôt, en suggérant que tel groupe politique, les Girondins par exemple, ont accepté « sans frémir » les massacres. Tantôt, en glosant sur l’image du « voile » , ou du « rideau » qu’il conviendrait, à lire les responsables politiques, de tirer sur la scène. Tous ont répété la formule imaginée le 3 septembre par Roland, alors ministre de l’Intérieur : « Hier fut un jour sur lequel il faut peut-être jeter un voile. » Faut-il pour autant conclure à l’indifférence ? Ou bien plutôt à la stupeur accablée et au frisson du dégoût ? Si Girondins, Montagnards, députés, commissaires, tiennent tant dans un premier temps à se voiler la face, n’est-ce pas parce que les massacres sont l’irregardable de la révolution et que tous ont frémi ? Le recul devant l’événement est perceptible même chez

     

    http://www.larousse.fr/encyclopedie/data/images/1009047.jpg

     

     

     

    les plus radicaux, comme Hébert* qui craint la « récidive » des sans-culottes, ou même Marat, navré « de voir frapper indistinctement petits scélérats et grands coupables ».

     


    UNE A DEUX CENTAINES DE MILITANTS

     
    Chez tous en effet, l’événement prend à la traverse la croyance la plus chère à un siècle « sensible », la mieux ancrée aussi, grâce à Rousseau, dans l’esprit des hommes de la Révolution : celle que le peuple, comme acteur historique, n’est pas susceptible de se tromper. A cette conviction, le charnier de Septembre oppose un démenti sanglant. Surgit alors un peuple bien différent du peuple héroïsé des orateurs révolutionnaires. Sous « populus », le peuple identifié à la nation tout entière, voici « plebs » , la plèbe ; sous le peuple politique, le peuple social ; sous le peuple généreux, le peuple féroce. Bref, le peuple impopulaire.
     

    Du même coup, le spectacle de Septembre lègue à tous les commentateurs du moment comme à ceux de l’avenir une redoutable énigme, celle même qui se trouve au coeur de la Révolution. Les Annales patriotiques du girondin Carra l’ont très clairement exprimée : « Comment se fait-il qu’un peuple chez lequel on a délibéré solennellement si on n’abolirait pas la peine de mort, même à l’égard des grands criminels, l’année d’après baigne dans le sang et attente à la vie des hommes avec la légèreté la plus révoltante ? »

     

    Ces hommes qui se portent aux prisons, quels sont-ils ? Il ne s’agit pas d’une foule, mais, dans chaque lieu, d’une ou deux centaines de militants qui opèrent sous l’oeil des gens du quartier : artisans, boutiquiers, gardes nationaux, le personnel habituel des journées révolutionnaires, auquel prêtent main-forte les fédérés qui battent depuis le 10 août le pavé parisien.

     

      Assignats 

    Malgré le nombre réduit des exécuteurs, parmi lesquels se détachent quelques figures hautes en couleur, tel Maillard dit « Tape-dur », un ancien « vainqueur de la Bastille », les relations de l’événement ne renoncent pas à évoquer l’impressionnante figure d’un Peuple majuscule, unanime et solidaire. Camper sur la représentation d’un « Peuple Un » oblige d’autant plus à lui chercher des circonstances atténuantes.

     

    La plus commune, dans les journées qui suivent l’événement, est l’évocation des tribunaux improvisés qui ont siégé dans les prisons, à l’initiative de commissaires arrivés sur les lieux ou de juges tirés du sein de l’attroupement. La presse met en valeur les « formes » conservées, consultation des registres d’écrou, interrogatoire, délibération, sentence. Elle s’applique à monter en épingle les actes de modération ou de retenue qu’on a pu, ici et là, observer : le morne silence qui accompagnait la sentence de mort, les applaudissements et les larmes qui saluaient un acquittement. Certes, ce n’est pas là tout à fait, aux yeux des commentateurs, justice. Mais de tels récits rassurent : c’est donc que dans ce peuple devenu fou vacillait encore une flamme d’humanité qu’on pouvait espérer ranimer.

    File:Massacre châtelet 1792.jpg 

    Massacre au Chatelet

     

    A la décharge du peuple, on peut invoquer aussi le malheur des temps. Il faut imaginer ce Paris de 1792 comme plein des rumeurs de la guerre, déclenchée en avril, avec des rues traversées par les détachements armés et les transports de matériel militaire, secouées par le bruit du tocsin : il a retenti, le matin du 2 septembre, pour appeler à l’enrôlement des volontaires. Cette fin d’été est d’autre part un temps suspendu, entre une Assemblée législative qui n’a plus qu’un mois pour exercer un pouvoir chancelant et la triomphante Commune insurrectionnelle du 10 août, qui met une pression constante sur les députés débordés, réquisitionne, perquisitionne, traque les suspects.

     

    L’Assemblée a remplacé le roi emprisonné par un comité exécutif de six membres, dont la grande voix est Danton, installé un tribunal d’exception pour juger des « crimes » du 10 août. Le châtiment des coupables est à l’ordre du jour. Or les coupables sont légion, si on ajoute aux Suisses arrêtés la foule des criminels potentiels, ceux qu’on croit voir partout depuis qu’arrivent les nouvelles des revers militaires : brigands ressuscités de la Grande Peur, contrefacteurs d’assignats, affameurs, prêtres réfractaires ; des fantômes pour la plupart, mais qui alimentent les peurs les plus profondes de l’imagination populaire.

      

      

    Le 21 septembre 1792, la Convention nationale décrète l’abolition de la royauté. Ce décret met fin à la longue décadence du pouvoir monarchique amorcée en 1789. En effet, depuis les journées d’octobre 1789 qui voient les femmes et les ouvriers parisiens ramener le roi et sa famille de Versailles aux Tuileries, Louis XVI est prisonnier du peuple de Paris, qui contrôle désormais le pouvoir politique. L’Assemblée constituante s’installe également aux Tuileries, dans la salle du Manège. Outre les graves problèmes de subsistance, elle doit affronter la crise financière liée à la dépréciation des assignats et les troubles religieux consécutifs à l’application de la Constitution civile du clergé votée le 12 juillet 1790. Malgré son serment de « maintenir la Constitution », prononcé solennellement le 14 juillet 1790 lors de la fête de la Fédération, Louis XVI souhaite rompre avec la Révolution. Il correspond secrètement avec les souverains étrangers pour solliciter leur aide militaire. Sa fuite le 21 juin 1791 achève de discréditer la monarchie. Le 17 juillet 1791, le Club des cordeliers organise une manifestation au Champ-de-Mars pour réclamer la déchéance du roi, mais la garde nationale, commandée par La Fayette, fait feu sur les émeutiers. Malgré la mise en place de l’Assemblée législative le 1er octobre 1791, la monarchie constitutionnelle bat de l’aile. Avec la guerre déclarée à l’Autriche le 20 avril 1792, l’armée française, désorganisée, connaît ses premiers revers militaires. Le roi use de son droit de veto, ce qui provoque l’insurrection du 20 juin 1792, prélude à celle du 10 août qui entraîne la suspension de Louis XVI, son incarcération au Temple et la convocation d’une Convention nationale, élue au suffrage universel, chargée de rédiger une nouvelle Constitution. Le 20 septembre 1792, la victoire de Valmy, remportée sur les Prussiens, a un retentissement considérable. Le lendemain, la Convention tient sa première séance et abolit la royauté.

     

     

     

    Auteur : Alain GALOIN

     

      

    Face à eux, le tribunal paraît frappé d’impuissance. Qui, dans l’ombre, retient le glaive sur la tête des coupables ? Qui expédie le peuple aux frontières, sans souci des femmes et des enfants qu’il va devoir laisser derrière lui, victimes désignées si les prisons s’ouvrent ? Dans les imaginations terrorisées par l’imminence de l’invasion, c’est alors l’enchaînement fatal qui mène de défaite en trahison et de trahison en vengeance. La presse presque unanime, à l’exception notable du journal de Brissot, Le Patriote français , n’a rien fait pour le briser, bien au contraire. Elle attise le soupçon d’une lenteur criminelle des juges. Elle diffuse les images d’une capitale désertée par les volontaires, où les comploteurs des prisons se répandront par les rues, égorgeront les patriotes, libéreront Louis XVI, pour livrer finalement la ville aux Prussiens. Parfois même, elle appelle explicitement au massacre préventif. Ainsi Fréron, dans L’Orateur du peuple : « Quand la loi est sourde et muette, les citoyens doivent agir avec transport. »

     

    On peut absoudre mieux encore ces « transports » si on imagine derrière la toile un metteur en scène dissimulé. Quand éclate la sauvagerie de Septembre, faut-il n’y voir que spontanéité populaire égarée ? Ne faut-il pas soupçonner plutôt une affaire diaboliquement montée, dont le peuple n’aurait été que l’instrument abusé et manipulé ? Autour de ces questions s’est récemment ranimée toute une polémique.

     

    L’investigation minutieuse, et désormais canonique, de Pierre Caron concluait sans surprise à la mollesse des autorités constituées ; nul n’avait osé recourir à la force armée, on s’était contenté de dépêcher auprès des tueurs des délégations sans autorité et sans moyens, au demeurant fort mal reçues ; nul n’avait dénoncé la fable du « complot des prisons ». Mais Caron déchargeait partiellement la Commune, ne retenait ni contre Marat ni contre Pétion la preuve d’une participation décisive. Au total, si on le suit, pas de manipulateurs de l’ombre, aucune organisation administrative des massacres, un crime de masse spontané.

     

    PAS D'INDICES DE PRÉMÉDITATION

     


    Cette interprétation a trouvé un contradicteur véhément en 1986, en la personne de Frédéric Bluche2. Selon lui, le scrupule historique de Caron aurait surtout servi à conforter une orthodoxie républicaine. Il faut à Caron des preuves formelles pour conclure à une culpabilité, et il n’en trouve guère : ni instructions écrites, ni répartition des rôles, ni préparation d’un matériel. Du coup, il néglige tous les indices de préméditation. Que Frédéric Bluche, lui, pense découvrir dans telle déclaration de section, dans telle circulaire du comité de surveillance de la Commune : celle du 3 septembre, rédigée par Marat, célèbre les actes de la veille, indispensables « pour retenir par la terreur les légions de traîtres cachés dans nos murs ». N’est-ce pas le signe d’une mise en train du peuple par les autorités ?

     

    Frédéric Bluche a raison quand il débusque chez Caron une volonté de banaliser l’événement. Mais sa propre collecte des indices n’en devient pas pour autant convaincante. Les textes qu’il invoque sont contemporains de l’événement, incapables donc de faire conclure à une préméditation. Quand il écrit qu’ « on aura tout fait pour faire croire le peuple à l’impensable »(c’est-à-dire au complot des prisons), on aimerait le voir mettre des noms sous ce « on ». Et ce n’est pas, d’autre part, parce que la presse « annonce » les massacres qu’elle les prépare. Prophétie n’est pas préméditation.

     

    En l’absence de preuves décisives, il faut donc s’en tenir dans l’interprétation des massacres à ce type d’entraînement collectif dont Jean Nicolas pour l’Ancien Régime et Roger Dupuy pour la Révolution (cf. Pour en savoir plus, p. 69) ont fixé les traits : immédiateté, imprévisibilité, solidarité du groupe, violence tôt allumée, tôt éteinte. A ce peuple qui terrorise on ne peut cependant faire porter la responsabilité d’une politique de la Terreur. Violence n’est pas Terreur et, sur le fossé qui les sépare, Benjamin Constant a tout dit : « Des désordres particuliers, des calamités affreuses et illégales ne constituent pas la Terreur. Elle n’existe que lorsque le crime est le système de gouvernement et non lorsqu’il en est l’ennemi 3 . »

     

    Il y a eu peu de commentateurs immédiats, et fort peu d’historiens pour soutenir que ces « calamités » auraient été salvatrices et, que, en dépit de ses débordements, le peuple de Septembre s’est fait l’instrument de la nécessité historique et le champion du bien commun. Ce plaidoyer, pourtant, a été tenté au XIXe siècle par Buchez4. Ce socialiste papiste voit dans les massacres, comme jadis dans la Saint-Barthélemy, un coup d’arrêt salutaire aux forces centrifuges, qui permet de restaurer l’unité française menacée tout à la fois par les réformés, les bourgeois, les Girondins, et en passe de se rompre.

     C’est à cette apologie sans rivages que s’emploie parfois l’historiographie récente. Elle pourrait s’abriter sous une prestigieuse bannière, celle de Michel Foucault qui, fidèle à son aversion des normes et à son antijuridisme profond, fait de l’événement un acte de guerre légitime5. A son exemple,la nouvelle histoire des massacres est insoucieuse du droit. Sans nier la sauvagerie des meurtres, elle les drape volontiers dans une esthétique de la démesure : sublime, forcément sublime, la tuerie de Septembre. Mieux encore elle pense avoir découvert le principe moral que réclamait Buchez et qu’un peuple lucide aurait, contrairement à ce que celui-ci avait déploré, parfaitement saisi : la claire conscience de sa souveraineté toute neuve qui lui confère un droit de justice discrétionnaire où le droit positif s’efface devant le droit de la guerre. Le peuple de Septembre prend alors un tout autre visage : poussé à bout par des représentants indignes, rompant malgré lui avec sa très longue mansuétude, exterminateur sans entrain, massacreur malheureux, inhumain par humanité. Et, par là, sauveur de l’unité nationale.

    Il faut beaucoup forcer le sens communément partagé des mots de droit, de justice et de morale pour parvenir à oublier l’odeur du charnier. Surtout, l'œuvre de mort, loin d’avoir cimenté l’unité révolutionnaire, l’a fait voler en éclats. Il suffit de quelques semaines pour que se lève le fameux « voile » qui devait dérober aux regards la férocité aveugle des tueurs et pour que la Convention se déchire aux cris de « Septembre, septembre ! » ; pour que « septembriser » devienne un gros mot et « septembriseur » une injure. L’événement, gros de la haine entre la Gironde et la Montagne, entre la province et Paris, porte dans ses flancs la funeste journée du 2 juin 1793 (cf. p. 49) où, sous la pression de la rue, l’Assemblée se mutilera elle-même.

    « Les partis, a écrit Jaurès, sont revenus rôder autour du sang répandu. » Il ajoute que, né de la peur et du désespoir, l’épisode « a fait à la Révolution, dans le monde, dans l’histoire, infiniment plus de mal que n’en auraient pu faire, même lâchés dans Paris, les prisonniers qu’on égorgea » 6.

     

    SOURCES

    http://philippepoisson-hotmail.com.over-blog.com/archive/2010-01/

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

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    GrandeurPastel de Quentin La Tour
     
     


     

    Le Bien-Aimé, qui ne le restera pas longtemps, est l'arrière petit-fils de Louis XIV.
    Il  monte sur le trône à 13 ans, mais ce sont le duc de Bourbon, puis le cardinal de Fleury (1726-1743) qui menèrent la politique lors des premières années de son règne.

    Louis XV bénéficie d'un assez long état de grâce de la part du peuple français : son caractère avenant (quand il n'est pas en phase de dépression) et son physique avantageux lui attirent la sympathie.

    De même les succès militaires pendant les guerres de Succession contre les Autrichiens (1740-1748) dans les années 1740 lui assurent la confiance ses sujets. L'apogée de sa renommée est atteinte lors de la bataille de Fontenoy, le 11 mai 1745, aux Pays-Bas Autrichiens (l'actuelle Belgique). Son ami, le Duc de Richelieu, grand libertin et excellent militaire, se voit vanter ses mérites par Voltaire, qui cherche des protecteurs.
     
     
     lLes hasards de l'escarpolette, Fragonard, 1767
     

     
    Et décadence 

    Le vent tourne, lorsque le roi décide d'afficher sa liaison avec une jeune femme, rencontrée lors d'un bal masqué en 1745 : Jeanne Poisson, future Marquise de Pompadour. En effet, celle-ci est fille de banquier, roturière, belle, intelligente, et se pique de se mêler de politique. Des pamphlets, dessins et rumeurs obscènes, entachent le règne de cette favorite « éclairée », (elle apportera son soutien à l'entreprise encyclopédique), qui finira le jour de sa mort, le 15 avril 1764.

    Malgré la victoire contre les Autrichiens, en 1748, lors du Traité d'Aix-la-Chapelle, le roi, qui n'avait pas de tempérament belliqueux et se satisfaisait de « son pré carré, décide de restituer ses conquêtes à l'Autriche, à la stupéfaction générale. Le peuple, dont l'esprit nationaliste est exalté par les victoires militaires, ne pardonnera pas à son monarque son acte et utilisera l'expression « bête comme la paix. »

    Une tentative d'assassinat, le 5 janvier 1757, qui ne met pas en danger la vie de Louis XV, ébranle cependant la confiance du monarque, vis-à-vis de son peuple, et le fait sombrer peu à peu dans une dépression chronique. Le régicide Damiens, reconnu avoir agi seul, est condamné au supplice de la roue en place de Grève, le 28 mars 1757.

    La guerre de 7 ans contre les Anglais débute en 1758, mais s'achève sur une défaite, qui fit perdre à la France en 1763, la Nouvelle-France (le Canada) et l'Inde.

    Malgré les actions intelligentes et bénéfiques pour tenter de redresser la France de Choiseul ou Maupeou, ennemis jurés, la fin de règne de Louis XV est teintée d'amertume et de rancœur.
    Fronde du Parlement, 
     
      
    Le roi affiche, en 1769, une nouvelle maîtresse, « tirée du ruisseau », la Comtesse du Barry, haïe par la moitié de la cour, et il meurt dans une quasi indifférence le 10 mai 1774.
     
     
    La politique de Louis XV est marquée par des réformes dans l'administration, la justice et le souci de réduire la vénalité des charges. Choiseul réforme la marine et l'armée, et veut étendre les colonies françaises dans les Antilles. La dissolution de l'ordre des Jésuite est officialisée en novembre 1764.
    Maupeou tente de restaurer le pouvoir royal, en vain. Le long cheminement vers la contestation populaire ultime est depuis quelques années amorcé, et c'est sous le règne de Lous XVI, neveu du roi défunt,  qu'il trouvera son aboutissement.

     

    Et décadence


     
    Le vent tourne, lorsque le roi décide d'afficher sa liaison avec une jeune femme, rencontrée lors d'unlMadame de Pompadour par Boucher bal masqué en 1745 : Jeanne Poisson, future Marquise de Pompadour. En effet, celle-ci est fille de banquier, roturière, belle, intelligente, et se pique de se mêler de politique. Des pamphlets, dessins et rumeurs obscènes, entachent le règne de cette favorite « éclairée », (elle apportera son soutien à l'entreprise encyclopédique), qui finira le jour de sa mort, le 15 avril 1764.

    Malgré la victoire contre les Autrichiens, en 1748, lors du Traité d'Aix-la-Chapelle, le roi, qui n'avait pas de tempérament belliqueux et se satisfaisait de « son pré carré, décide de restituer ses conquêtes à l'Autriche, à la stupéfaction générale.

    Le peuple, dont l'esprit nationaliste est exalté par les victoires militaires, ne pardonnera pas à son monarque son acte et utilisera l'expression « bête comme la paix. »
     
    Une tentative d'assassinat, le 5 janvier 1757, qui ne met pas en danger la vie de Louis XV, ébranle cependant la confiance du monarque, vis-à-vis de son peuple, et le fait sombrer peu à peu dans une dépression chronique. Le régicide Damiens, reconnu avoir agi seul, est condamné au supplice de la roue en place de Grève, le 28 mars 1757.

    La guerre de 7 ans contre les Anglais débute en 1758, mais s'achève sur une défaite, qui fit perdre à la France en 1763, la Nouvelle-France (le Canada) et l'Inde.
     
     
    Malgré les actions intelligentes et bénéfiques pour tenter de redresser la France de Choiseul ou Maupeou, ennemis jurés, la fin de règne de Louis XV est teintée d'amertume et de rancœur.

    la comtesse Du BarryLe roi affiche, en 1769, une nouvelle maîtresse, « tirée du ruisseau », la Comtesse du Barry, de son vrai nom Jeanne Bécu, qui est haïe par la moitié de la cour, et il meurt dans une quasi indifférence le 10 mai 1774. Cette dernière sera guillotinée pendant la révolution en 1793.
      
     
    La politique de Louis XV est marquée par des réformes dans l'administration, la justice et le souci de réduire la vénalité des charges. Choiseul réforme la marine et l'armée, et veut étendre les colonies françaises dans les Antilles. La dissolution de l'ordre des Jésuite est officialisée en novembre 1764.
    Maupeou tente de restaurer le pouvoir royal, en vain. Le long cheminement vers la contestation populaire ultime est depuis quelques années amorcé, et c'est sous le règne de Lous XVI, neveu du roi défunt, qu'il trouvera son aboutissement.


    sources

    http://www.bibliolettres.com/w/pages/page.php?id_page=254

     

     

     

     

     

     

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    Le mariage aux XVIIe et XVIIIe siècles

    Accordée de village - Greuze
    Jean-Baptiste Greuze, l’Accordée de village, 1761.

    Autrefois étape majeure de la vie et socle de la société, le mariage est une institution qui a fortement évolué au cours des siècles, tant au niveau de sa signification que de la forme. Avant la Révolution, la distinction entre mariage civil et religieux n’existait pas puisque le mariage civil fut une invention républicaine. L’amour n’avait pas encore de place centrale dans le choix du conjoint au profit de motifs plus « matériels », les pères de famille ayant leur mot à dire sur cette question importante. Quelle place était laissée à l’amour ? Quel était le cheminement qui menait de la rencontre de jeunes gens au mariage ? Quelle conception du mariage avait nos ancêtres ?

     

    I. Mariages d’amour et de raison

    Le conjoint n’était pas pris au hasard : le jeune homme ou la jeune fille choisissait rarement son conjoint du fait du poids du père et des contraintes sociales. L’Eglise interdisait les unions jusqu’au 4e degré, mais des dispenses pouvaient être accordées pour les 3e et 4e degrés, ce qui limitait fortement le nombre de conjoints possibles dans le village ou ses alentours.

     

    Dans les milieux aristocratiques et de la haute et moyenne bourgeoisie, le chef de famille choisissait souvent ses belles filles et beaux fils, et ne prenait rarement en compte les sentiments de ses enfants. Il n’était chez eux pas question d’amour, on cherchait une situation. Au XVIIIe siècle, Mme de La Fayette rapporte que le fils du président du Parlement de Dijon demande à son père : « Est-il vrai, mon père, que vous me voulez marier à Mlle une telle ? – Mon fils, mêlez-vous de vos affaires. » !
    L’homme devait avoir le consentement de ses parents jusqu’à 30 ans et la femme jusqu’à 25 ans (législation royale), mais même passé cet âge, la famille pouvait toujours s’opposer à l’union conjugale.

    En revanche, la liberté de choix était plus grande et l’amour davantage présent dans les masses paysannes et la plèbe urbaine que dans la moyenne et haute bourgeoisie ou dans les milieux aristocratiques. Quand le patrimoine familial ne se résumait à pas grand chose, il y avait évidemment moins de raisons d’élaborer des stratégies matrimoniales.

     

    II. Rituels de l’amour

    Il y avait de nombreux lieux où rencontrer son conjoint : à la messe, à la foire, lors d’une veillée, d’une fête villageoise ou de travaux des champs …
    A l’époque il existait de multiples gestes ou rituels amoureux, différents selon les régions destinant à faire savoir à la fille qu’on voulait commencer une relation amoureuse. Rétif de la Bretonne, au XVIIIe, rapporte pour son village de Sacy en Bourgogne : « Dans le pays, l’usage, qui subsiste encore, est de piller les filles qui plaisent. Les garçons leur enlèvent tout ce qu’ils peuvent : leurs bouquets, leurs anneaux, leurs étuis, etc. » (La Vie de mon père, 1779). Cette pratique du larcin se retrouve dans d’autres localités françaises.

    Dans le Béarn, le jeune homme jetait des petites pierres à la fille pour exprimer son désir ; dans les Landes, les jeunes gens déclaraient leur désir en se serrant la main durant une danse et confirmaient en se frappant l’un l’autre ; dans le Gers, l’homme pouvait pincer le bras de la jeune fille, et la fille donnait son accord en s’asseyant sur les genoux du jeune homme. Parfois, on exprimait son désir à l’aide de formules stéréotypées comme dans le marais de Monts en Vendée. Les filles prononçaient cette formule : « Mé ton pé contre mon pé, mé dans ta main dans ma main et bisons-nous » et les garçons cette formule : « Mé ta langue dans ma goule, et dis-mé que tu m’aimes ». Mais dans tous les cas, pour aller plus loin, il fallait le consentement des parents.

     

     

     

    III. Des accordailles au mariage

    Le garçon ou un intermédiaire demandait au père de la fille l’autorisation de l’épouser. Si le père acceptait, le jeune homme pouvait fréquenter la maison de la fille convoitée. Venaient ensuite les accordailles, cérémonie privée et laïque : le futur époux remettait un gage à la fille, souvent une bague. Le contrat de mariage suivait (pas systématique au Nord de la Loire), fixant entre autres la dot de la jeune fille et le douaire, c’est-à-dire les biens revenant à la fille si jamais le mari venait à décéder avant elle. Les fiançailles pouvaient être alors célébrées.

    Le mariage des filles constituait une charge financière importante puisqu’il fallait que le père dote sa fille en fonction du niveau social de l’homme convoité. Un ancien proverbe français dit : « La fille n’est là que pour enrichir les maisons étrangères ; qui a des filles à marier, lui faut de l’argent à planté ». Un proverbe du Sud-Ouest de la France dit « une fille, bonne fille ; deux filles, assez de filles ; trois filles, trop de filles », un proverbe savoyard explique que moins une paroisse a de filles, plus elle est riche, car l’argent y rentre et ne sort pas.

    Ce problème de la dot pouvait faire reculer l’âge du mariage des filles dans certaines familles puisqu’il fallait trouver l’argent. Le père pouvait s’arranger pour marier d’abord le garçon le plus âgé puis récupérer la dot amenée par la fille pour lui-même doter une ou plusieurs de ses filles. C’est le mariage de l’aîné qui rapportait la plus grande dot puisqu’il récupérait généralement l’exploitation ou l’entreprise familiale à la mort des parents, donc se révélait « matériellement » intéressant aux yeux des familles.

    Une fois le contrat de mariage passé et les fiançailles célébrées pouvait venir le mariage.

    IV. Le mariage

    Depuis 1215 et le IVe concile du Latran, le mariage est un sacrement. Il est indissoluble, le couple reste lié qu’à la mort. Il se fait donc à l’église en présence d’un prêtre depuis 1215 alors qu’avant le XIIIe siècle on se mariait à domicile, dans les foyers ! Les bans étaient publiés plusieurs semaines à l’avance, trois bans sur trois semaines depuis le XVIe siècle. Le mariage était un acte public, tout le monde savait qu’untel allait épouser unetelle, et toute personne pouvait s’y opposer. Les portes de l’église restaient ouvertes pendant la cérémonie, sous peine que le mariage soit frappé de nullité.

    Dans certaines régions, un certain nombre de coutumes étaient respectées : en Bretagne, le futur marié simulait le rapt de la fiancée, la belle famille lui courant après. Dans l’actuelle l’Ille-et-Vilaine, la mariée, juste après la cérémonie, simulait une résistance à son époux, en se sauvant ou en pleurant. Le mari lui courait après et la forçait à entrer dans la maison conjugale après une lutte durant laquelle les habits pouvaient être déchirés.
    Un certain nombre de superstitions venaient se greffer à la cérémonie. Jean-Baptiste Thiers, curé du diocèse de Chartres au XVIIe, auteur d’un Traité des superstitions, rapporte qu’il était courant avant le mariage, afin de se protéger de divers maléfices, que le futur marié urine trois fois dans l’anneau destiné à la mariée.
    Et surtout, pendant la cérémonie, tout le monde surveillait tout le monde, pour ne prendre garde à ce qu’un jaloux ne noue l’aiguillette (ne fasse un nœud à un bout de ficelle), ce qui causerait l’impuissance du mari (superstition assez répandue dans toute la France).

    La coutume de la robe blanche, symbole de l’innocence, n’apparut qu’à la fin du XVIIIe siècle et ne se répandit vraiment qu’à partir du milieu du XIXe siècle : on se mariait auparavant en costume local, avec des vêtements parfois colorés, parfois sombres. Par contre, la coutume de l’anneau est beaucoup plus ancienne, remontant à l’Antiquité.

      

    On se mariait généralement à un âge avancé contrairement à une croyance répandue basée sur les mariages précoces des rois de France et hauts nobles (14 ans pour Louis XIII, 21 ans pour Louis XIV, 15 ans pour Louis XV, 14 ans pour Louis XVI). La moyenne de l’âge au mariage pour les Français était de 25-26 ans pour les femmes et 27-28 ans pour les hommes dans la seconde moitié du XVIIIe siècle. Trois fois sur cinq en moyenne, l’homme était plus âgé que la femme (de un à quatre ans en général) ; deux fois sur trois, pour les paroisses rurales bretonnes, les mariés étaient nés dans la même paroisse (et donc une fois sur trois, un des époux était issu d’un autre village).

    Même si les relations sexuelles hors mariage étaient théoriquement prohibées, il n’était pas rare que la (future) mariée soit déjà enceinte, parfois depuis de nombreux mois, au moment du mariage. Il était par contre essentiel que l’enfant naisse lorsque les époux étaient mariés. Au niveau national, les différents sondages tant au XVIIe qu’au XVIIIe siècle donnent un peu plus de 10 % de femmes enceintes au moment du mariage, plus de 30 % dans certaines paroisses (il suffit de soustraire neuf mois à la naissance du premier enfant et de comparer avec la date de mariage dans les registres paroissiaux).

     

    Ce qui comptait surtout était la promesse de mariage échangée entre les deux futurs époux, qui avait une valeur juridique avant la Révolution. On voyait ainsi se faire de nombreux procès pour promesse de mariage non tenue : c’est la fille mise enceinte qui portait plainte auprès des autorités, l’homme était généralement condamné au choix soit à épouser la femme mise enceinte, soit à payer une amende et subvenir aux besoins de l’enfant. C’étaient les procès pour « gravidation ».

    La législation révolutionnaire, en ne reconnaissant plus les promesses de mariage, a fortement fragilisé la position de la femme et contribué à multiplier les naissances illégitimes et les abandons d’enfant. Le libéralisme bourgeois de la toute fin du XVIIIe et du XIXe a joué pour les garçons contre les filles.

      

    V. Les mariages scandaleux et le charivari

    charivari
    Un charivari.

    Les mariages qui faisaient particulièrement scandales étaient ceux contractés entre deux personnes d’un âge très inégal. Un proverbe du pays d’Armagnac dit : « Mariage de deux jeunes, mariage du Bon Dieu ; mariage de jeune et de vieux, mariage du Diable ; mariage de deux vieux, mariage de merde. ». Le mariage entre une fille du village et un étranger était également mal vu ainsi que le mariage entre deux personnes de situations sociales très inégales.

    Les jeunes du village se vengeaient contre les nouveaux époux en organisant un charivari. Le charivari est défini dans le Dictionnaire universel de Furetière, paru en 1690, comme un « bruit confus que font des gens du peuple avec des poëles, des bassins et des chaudrons pour faire injure à quelqu’un. On fait des charivaris en dérision des gens d’un âge fort inégal qui se marient. »

    La coutume consistait à faire un grand bruit lorsque qu’un mariage paraissait anormal. Elle pouvait réunir trois, quatre, cinq, dix personnes ou plus, ces bandes de jeunes qui étaient alors appelées « royaumes de jeunesse ». Les participants soufflaient dans des cors, jouaient du fifre, tapaient sur des caisses, poussaient des cris sous les fenêtres des mariés. Les jeunes leur extorquait parfois de l’argent, manière pour les époux de se racheter. Lorsqu’un homme étranger venait épouser une fille du village, les jeunes gens pouvaient également aller à la taverne ou au cabaret faire ripaille et bombance parfois sur plusieurs jours, avant de faire payer l’addition au nouveau mari. Tant les autorités civiles que l’Église répétèrent leurs condamnations à l’égard du charivari, considéré comme une atteinte à la sainteté du mariage, pratique populaire qui perdura néanmoins jusqu’à la fin du XIXe siècle.

    Bibliographie :
    FLANDRIN Jean-Louis, Les amours paysannes : XVIe-XIXe siècle, Paris, Gallimard, 1975.
    MUCHEMBLED Robert, Société, cultures et mentalités dans la France moderne : XVIe-XVIIIe siècle, Paris, Armand Colin, 2003.

     

    Publié le 30 juin 2013 par  

    http://histoire.fdesouche.com/2359-le-mariage-aux-xviie-et-xviiie-siecles

     

     

    Symbolique des iconographies des cadeaux de mariage aux XVIIe et XVIIIe siècles

    Publié le 17 avril 2009 par Richard Le Menn

    Symbolique des iconographies des cadeaux de mariage aux XVIIe et XVIIIe siècles.

    Aux XVIIe et XVIIIe siècles, certains cadeaux de mariage sont presque rituels. Il en existe pour toutes les catégories sociales. Les plus aisés offrent de l'argenterie comme une coupe de mariage ; et les moins riches une céramique (un plat de mariage en terre vernissée, une assiette de mariage en faïence ...), un coffre ou un coffret de mariage (dont certains peuvent être très finement ouvragés et peints), une corbeille de mariage ... Le cadeau peut aussi être un éventail ou tout autre présent à l'iconographie emblématique. Certains de ces objets sont plus récurrents que d'autres et font partie du rite qui peut changer selon les régions. Ce sont toujours des articles précieux ... ceux provenant de l'art populaire inclus car emprunts de beaucoup de tendresse.

    Symbolique des iconographies des cadeaux de mariage aux XVIIe et XVIIIe siècles.

    Tous les symboles de l'amour sont les iconographies les plus fréquentes de ces objets : Deux coeurs enlacés, parfois enflammés, posés sur un autel, souvent surmontés d'une couronne champêtre ... sont les thèmes les plus fréquents avec ceux d'Eros et de ses attributs (carquois, arc et flèches ...) et le couple d'oiseaux (colombes ...) ...

    Photographies : Assiette de mariage en faïence polychrome, sans doute du XVIIIe siècle et de Roanne, avec sur le bassin le carquois, l'arc et les flèches d'Eros (Cupidon, Amour ...), un couple d'oiseaux et une couronne d'hymen, et sur la chute et le marli une guirlande et autres ornements.


    En savoir plus sur http://www.paperblog.fr/1823510/symbolique-des-iconographies-des-cadeaux-de-mariage-aux-xviie-et-xviiie-siecles/#l0QcWI4irdHmZKjm.99

     

     

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    Le « saint » prêtre du XVIIIe siècle

    La Veuve et son curé - Jean-Baptiste Greuze
    La Veuve et son prêtre, Jean-Baptiste Greuze (seconde moitié du XVIIIe).

    Enclenchée dès le début du XVIIe siècle, la Réforme tridentine ne parvient à son aboutissement qu’à la toute fin du XVIIe siècle et au XVIIIe siècle. Le clergé séculier atteint sa période de maturité et l’idéal du « saint prêtre » du concile de Trente prend véritablement forme. Jamais le clergé ne fut d’aussi bonne qualité et la christianisation aussi forte qu’au XVIIIe siècle.

     

     

    I. Le portrait des curés

    Les prêtres sont généralement issus du milieu urbain : 40 à 50 % des prêtres du royaume (sur un échantillon d’une trentaine de diocèses bien connus) sont nés en ville. A Reims en 1773-1774, 50,5 % des curés viennent des villes ; dans le diocèse de Toulouse, 55 % du clergé est issu des villes (alors que la population urbaine représente 41 % de la population du diocèse). Au niveau national, certaines régions sont exportatrices comme la Bretagne et l’Auvergne, d’autres déficitaires comme Bordeaux (en 1772, un tiers des curés sont extra-diocésains, venant de 41 diocèses de France voire d’Irlande) ou Lyon.

    L’intérêt de la noblesse et de la haute bourgeoisie pour les cures décline au XVIIIe siècle : ce sont les marchands, petits et moyens officiers (titulaires d’un office), artisans aisés et gros laboureurs qui fournissent le gros des bataillons. Les prêtres du XVIIIe ont donc globalement des origines plus modestes que leurs prédécesseurs.

    Les curés sont mieux formés. Au milieu du XVIIe siècle, les prêtres ignorants sont courants : la visite pastorale du diocèse de Lyon de 1613-1614 signale plusieurs curés « qui ne savent pas la forme de l’absolution ni des autres sacrements, ayant même peine à lire ». A Rodez au début du XVIe, l’évêque François d’Estaing constate que de nombreux candidats à la fonction confondent les sacrements et les commandements de l’Église ! Ce niveau déplorable n’est plus qu’un lointain souvenir au XVIIIe siècle. Vers 1750, 42 % des prêtres du diocèse de Reims, 64 % de ceux de Bordeaux sont gradués (diplômés) à l’Université. Les collèges des Jésuites ou des autres congrégations religieuses (Oratoriens, Dominicains, Doctrinaires,…) fournissent aussi un bagage intellectuel loin d’être négligeable pour l’exercice du ministère sacré (la rhétorique et les lettres).

    Le séminaire finit par se répandre (tardivement) dans tous les diocèses de France. En 1698, une déclaration royale rappelle cette prescription tridentine aux évêques négligents. Au milieu du XVIIIe siècle, presque tous les diocèses sont dotés d’un séminaire. Les lazaristes sont ceux qui en tiennent le plus grand nombre (56), suivis par les jésuites (32), les sulpiciens (20), les oratoriens (14), les doctrinaires (14) et les eudistes (13).

    II. La réputation légendaire des curés

    Je ne sais si, à tout prendre, et malgré les vices éclatants de quelques-uns de ses membres, il y eut jamais dans le monde un clergé plus remarquable que le clergé catholique de France au moment où la Révolution l’a surpris ; plus éclairé, plus national, moins retranché dans les seules vertus privées, mieux pourvu de vertus publiques, et en même temps de plus de foi : la persécution l’a bien montré. J’ai commencé l’étude de l’ancienne société, plein de préjugés contre lui, je l’ai finie, plein de respect. » – Alexis de Tocqueville (L’ancien régime et la Révolution).

    Au XVIIIe, les prêtres jouissent d’une image très positive tant auprès de leurs paroissiens que des élites intellectuelles. La proportion de prêtres dont la conduite est critiquée par la hiérarchie diminue dans tous les diocèses de France : 5 % dans le diocèse de la Rochelle vers 1724 (contre 10 à 25 % vers 1648) ; 3,7 % dans le diocèse de Toulouse en 1763. Lors des siècles précédents, les prêtres absents étaient monnaie courante (deux tiers de non-résidents dans le diocèse de Rodez dans les années 1518-1528 ; 55 % dans le diocèse de Toulouse au milieu du XVIe ; 77 % dans le diocèse de Limoges en 1560 !) ; de même, un certain nombre de prêtres étaient condamnés pour ivrognerie, coups et blessures ou concubinage : ces cas sont devenus exceptionnels. Le prêtre du XVIIIe siècle devient un modèle, et est généralement apprécié par ses paroissiens.

    Enraciné dans sa paroisse (la moitié environ des clercs sont à la tête d’une paroisse depuis plus de 10 ans), le curé tisse de solides liens d’affection avec ses fidèles. Protecteur de la communauté, visitant les malades et les femmes enceintes, conseillant ses fidèles dans les affaires courantes, éducateurs de leurs enfants, il est, comme l’écrit Restif de La Bretonne « l’arbitre des différends, le consolateur et le secoureur des malades ».

    III. La gestion de la paroisse

    Un Prêtre catéchisant des jeunes Filles - Pierre-Antoine Baudouin
    Un Prêtre catéchisant des jeunes Filles, Pierre Antoine Baudouin (1763).

    Gérer une communauté de fidèles n’est pas aisé, comme le témoigne Mgr. de Beauvais en 1781 : « C’est une multitude composée de toutes les conditions, de tous les esprits, de tous les caractères qu’il faut réunir dans les principes d’un même culte et d’une même foi ; c’est la discipline des mœurs qu’il faut maintenir, non seulement dans l’ordre public, mais dans l’intérieur des familles, mais dans le secret des âmes qui échappent à la surveillance des lois [...] ce sont des riches dont il faut ménager la délicatesse et des pauvres dont il faut supporter les murmures ; ce sont des esprits simples et superstitieux qu’il faut éclairer, ou des esprits superbes dont il faut réprimer le faux savoir ; ce sont des caractères froids et indifférents qu’il faut exciter ou bien des zélateurs inquiets qu’il faut contenir ; ce sont des âmes dégradées qu’il faut retirer du désordre de l’iniquité ou des âmes pures et sublimes dont il faut suivre et diriger l’essor dans les régions supérieures de la perfection ».

    Le prêtre doit être à l’écoute de tous ses paroissiens et les surveiller, il vérifie les nourrices et les sages-femmes de sa paroisse dont il contrôle le sérieux et la bonne moralité ; il est aussi un relai de l’autorité royale dont il lit les déclarations lors de la messe dominicale ; il renseigne les officiers royaux ; il consigne les baptêmes, mariages et sépultures dans les registres de la paroisse.

    Dans les périodes calamiteuses (catastrophes naturelles), il peut demander un allègement des prélèvements fiscaux ; lors des épidémies, il organise la résistance en délivrant des certificats de sortie, choisit le lieu où enterrer les morts contagieux et réconforte ses paroissiens. Enfin, lorsque des conflits éclatent au sein de sa communauté (rivalités, violences, vols), c’est généralement lui que l’on vient trouver pour l’arbitrage plutôt que la justice royale.

    IV. L’« œuvre sociale » des curés

    ● L’action charitable

    Les contemporains sont unanimes pour saluer l’action charitable des curés. « Je connais plusieurs de ces bons curés de campagne, qui, malgré l’extrême médiocrité de leur prébende, trouvent le moyen de faire infiniment plus de bien que des millionnaires même généreux : leur charité active, industrieuse sait créer mille ressources. Les uns savent préparer des remèdes simples aux malades qu’ils consolent, et s’opposent aux prestiges des charlatans ; les autres, livrés aux travaux de l’agriculture, la perfectionnent par leurs exemples » écrit ainsi Louis-Sébastien Mercier (Mon bonnet de nuit, 1784). Le frère de Restif de La Bretonne, curé de Courgis, nourrit à ses frais durant l’hiver 1749 tous les pauvres de sa paroisse sinistrée par l’incendie de 149 maisons.

    mgr de belsunce
    Mgr. de Belsunce.

    A partir du XVIIe siècle, la charité tend à s’organiser avec la création de bureaux de charité. Gérés par le(s) curé(s) (et éventuellement l’évêque) et des habitants, alimenté par les aumônes, les offrandes, les quêtes à domicile et à l’église, ils distribuent des produits de première nécessité (pain, lait, linge, bois, médicaments,… plus rarement de l’argent) aux « pauvres honteux » ou aux malades. Les individus adonnés au vice et à la débauche, ou ceux qui n’envoient pas leurs enfants à l’école ou au catéchisme, sont exclus de ces distributions.

    Les curés ne font évidemment pas face seuls à la misère de la paroisse. Les congrégations charitables et hospitalières jouent un grand rôle. Les évêques eux-mêmes ne doivent pas être oubliés, un grand nombre d’entre eux s’illustrant par leur dévouement, tel Mgr de Belsunce (1671-1755), évêque de Marseille, qui s’illustre lors de la grande peste de 1720 en allant au chevet des malades ou lors de cérémonies spectaculaires comme l’exorcisation de l’épidémie du haut du clocher des Accoules.

    ● Les petites écoles

    L’action éducatrice de l’Église se poursuit au XVIIIe siècle, malgré les critiques naissantes des élites (dont les philosophes des Lumières). cette mission de l’Église est prise très au sérieux comme en témoignent de nombreux articles de statuts synodaux : « Il est du devoir des curés et vicaires de prendre soin de l’instruction des enfants de leur paroisse et de leur apprendre non seulement les points fondamentaux de notre foi, mais encore, autant qu’il peut se faire, à lire et à écrire, afin qu’ils soient en état de chanter les louanges de Dieu [...] C’est pourquoi nous leur enjoignons de tenir eux-mêmes ou de faire tenir de petites écoles » (statuts synodaux de Coutances, 1682). « Les curés doivent employer tous leurs soins afin qu’il y ait dans leurs paroisses des maîtres sages, savants, vertueux et appliqués. Jamais nous n’aurons d’estime et de confiance pour un curé que nous trouverons négligent sur cette parti essentielle de son devoir. » (statuts synodaux de Toul, 1717).

    Quand le curé lui-même n’est pas en charge de la petite école de la paroisse, le maître (ou la maîtresse) d’école est placé sous son étroit contrôle. Les enfants apprennent les rudiments de la religion, les bonnes manières, la lecture, l’écriture et le calcul (pour ceux qui restent jusqu’au bout). En fonction des moyens, les enfants sont rassemblés dans une salle, au domicile du maître, dans une grange ou sous le porche de l’église. L’enseignement n’est pas toujours aisé car tous les niveaux se confondent, et il n’est pas rare que les effectifs dépassent 100 élèves…

    Là encore, les congrégations enseignantes assurent une bonne part de l’enseignement, avec comme figure emblématique Jean-Baptiste de La Salle (1651-1719), fondateur des Frères des Écoles Chrétiennes.

    Bibliographie :
    AUDISIO, Gabriel. Les Français d’hier, tome 2 : Des croyants, XVe au XIXe siècle. Armand Colin, 1997.
    DEREGNAUCOURT G., POTON D. La vie religieuse en France aux XVIe-XVIIe-XVIIIe siècles. Ophrys, 2002.
    LOUPÈS, Philippe. La vie religieuse en France au XVIIIe siècle. SEDES, 1995.

     

     

     

     

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    La Veuve et son prêtre, Jean-Baptiste Greuze (seconde moitié du XVIIIe). 

     

    Le XVIIIème siècle

    Le XVIIIème siècle ne débute pas en 1700. Généralement on s'accorde sur 1715, année de la mort de Louis XIV. Aussi fausse que l'image du XVIIème siècle, siècle du classicisme, l'image du XVIIIème, siècle des Lumières et des philisophes, a la vie dure. Il n'en demeure pas moins que cette période possède une incontestable unité, incarnée dans la figure du philosophe : persécuté par le pouvoir, il fait confiance à la raison pour obtenir son indépendance intellectuelle ; pédagogue, mettant toutes les formes littéraires au service de son projet, il s'occupe du sort des hommes, en cherchant à les rendre meilleurs, sans se poser de questions inutiles.

      

    veuve et son prêtre

      

    Le XVIIIème siècle se termine (idéalement) en 1789 (même si entre la philosophie ds Lumières et de la Révolution il n'y a pas de rapport direct de cause à effet). Mais la naissance d'une nouvelle sensibilité, le préromantisme, date de 1760-1770.



    Des nuances importantes. Les philosophes, malgré une incontestable unité de pensée, ont pu se haïr (comme Rousseau et Voltaire), ou se méconnaître. On ne peut parler, dans leur cas, d'école.

      

    On ne saisit donc leur convergence qu'à posteriori. D'autre part, une durable opposition aux philosophes a existé durant tout le XVIIIème, et même après la Révolution : on ne parlera pas ici des jésuites ou de nombreux courants, comme celui des illuministes, qui ont constitué la réaction aux livres d'un petit cercle d'écrivains.

      

      

    Enfin, des œuvres qui parraissent aujourd'hui essentielles à la compréhension du XVIIIème siècle ont été reconnues ou publiées tardivement (ainsi du Neveu de Rameau, de Diderot, publié pour la première fois en 1805... en allemand).

      

      

    • La vie politique et économique

    Siècle de paix et de prospérité économique, le XVIIIème siècle connaît trois grandes périodes. Les difficultés politiques contredisent en partie l'idée d'une amélioration générale des conditions de vie.

    * La régence (1715-1723). Le Duc d'Orléans, neveu de Louis XIV, restitue au Parlement ses anciens droits (confisqués par Louis XIV), dont celui de remontrances : c'est-à-dire de critique des édits royaux avant leur application.

      

      

    Cette décision posera durant tout le siècle le problème des limites légitimes du pouvoir monachirque. La régence connaît des problèmes financiers importants, hérités du monarque précédent, ce qui ne l'empêche pas d'être une époque de libération des mœurs, de libertinages et de plaisir.

     

     

    * Le règne de Louis XV (1723-1774) est une période de lente déchristianisation (condamnation des jansénistes, puis des jésuites en1763). Durant cette longue période, le Parlement, bien plus que le pouvoir royal, s'opposera aux philosophes.

     

     

    * Le règne de Louis XVI (1774-1789) est marqué par une lutte contre le parlement, des problèmes économiques grandissants, et l'obligation de convoquer les Etats généraux, prélude de la Révolution française.

    * Le roi est de droit divin : le monarque tient son pouvoir de Dieu, même si les privilèges accordés à la noblesse, au clergé, aux villes, etc, et les lois fondamentales du royaume limitent ce pouvoir. Notons aussi la puissance constante de l'Eglise qui a, entre autres, le monopole de l'enseignement.

      

    • La vie sociale et intellectuelle

    * Trois ordres existent en France : la noblesse (300 000 personnes), le clergé (130 000 personnes) et le Tiers Etat (25 millions de personnes). Une très forte hétérogénéité existe à l'intérieur de chaque ordre (entre grande et petite noblesse, prélats et curés de campagnes, bourgeois et paysans). La domesticité représente 10% de la populationdes villes.

    * La France continue à avoir un rayonnement culturel à travers l'Europe. On copie ses œuvres, ses châteaux, on parle français dans les principales cours, Frederic II de Prusse invite Voltaire, Catherine II reçoit Diderot à Saint-Pétersbourg. Inversement, les philosophes français s'intéressent à l'étranger, à l'Angleterre notamment. C'est un siècle cosmopolite.

    * En France, les lieux d'échanges intellectuels se déplacent. Ce ne sont plus seulement les salons des grands nobles (même ceux-ci pratiquent un échange plus libre, moins cérémonieux), mais aussi les académies (comme celle de Dijon pour laquelle Rousseau écrira en 1750 son Discours sur les sciences et les arts) ou les cafés (voir leur description dans Le neveu de Rameau, de Diderot).

      

      

    Ces nombreux lieux révèlent l'indifférence à l'égard du statut social de ses membres : les rencontres y sont plus libres, les sujets des conversations aussi.

    * Le livre subit d'importantes modifications de forme et de fond. Le nombre de lecteurs augmente, ainsi que le nombre de livres (multiplié par 3 entre 1700 et 1770). La presse et les entreprises éditoriales des dictionnaires jouent un rôle grandissant.

      

      

    Le tirage d'un livre varie entre 500 et 4000 exemplaires. On publie de nombreuses "feuilles", billets volants, textes courts, facilement diffusés.
    Les écrivains continuent à se référer aux grands genre (tragédie, épopée, etc), mais leur modernité (et leur succès jusqu'à nous) réside dans la création de nouvelles formes littéraires, souvent brêves, notamment le conte ou le roman philosophique (mélange d'un récit et d'un savoir, Jacques est fataliste, Candide est optimiste, et les événements mettent à l'épreuve leur philosophie.

      

     

      

    * La censure concerne surtout les ouvrages traitant de religion.

    Elle peut être à priori (avant la publication, refus du privilège royal) ou a posteriori (saisie, autodafé...). Voltaire, Diderot et Rousseau seront emprisonnés à la Bastille. Mais la Librairie royale (la censure) aura souvent une attitude de compromis.

      

    Notons aussi une nuance importante : si beaucoup d'écrivains ont été "persécutés", la plupart aussi ont connu une gloire importante et noué des amitiés avec des grands)

    * L'écrivain profite encore du mécénat, essentiel durant tous le XVIIème, et qui se maintient, tout en se développant et se diversifiant au XVIIIème. Mais un manuscrit commence à rapporter. En 1777, le privilège de publication est transféré de l'éditeur à l'auteur, moment essentiel vers la reconnaissance du droit d'auteur.

      

    L'écrivain joue un rôle de plus en plus important, reconnu comme tel (prestige international de Voltaire, interventions multiples dans les affaires politiques, judiciaires ou religieuses, voir encore Voltaire dans l'affaire Calas). L'écrivain assure une domination morale en concurrence avec le clergé. Se dessine enfin à cette époque la figure du grand écrivain, à qui l'on rend visite, auquel on voue un culte.

      

     

    • La pensée des Lumières

    Tout au long du siècle, des questions communes agitent les écrivains, questions qu'ils formulent de manière nouvelle, souvent laïcisée. Ils s'interrogent sur :

    * La raison et l'expérience. Pour les philosophes, le mépris de la raison rend fanatique.

      

      

    Partant de l'expérience, seule source de connaissance (alors qu'au siècle précédent, on estimait que Dieu avait fourni l'espri aux hommes), ils en viennent à écarter Dieu (c'est ce qu'on appelle l'empirisme). Les philosophes se sont donc occupés de science (voir Buffon) et, avec L'encyclopédie, "d'exposer l'ordre et l'enchaînement des connaissances", de façon à expliquer la nature, que des préjugés et des superstitions nous cachent ou nous obsurcissent.

    * La nature est conçue comme une norme, une valeur idéale, une référence dans tous les domaines (ce qui permet de se passer de Dieu et des enseignements de l'Eglise). L'homme, la société, l'art, tout doit "suivre la nature". Après 1750, l'attention portée aux paysages et à la nature sauvage est un des signes du préromantisme.

    * Dieu. Deux positions s'affrontent parmi les philosophes. Les déistes, dont Voltaire, qui suit l'enseignement de Newton pensent que l'architecture savante de l'univers suppose un dieu créateur, un "grand horloger". Ce dieu, sans rapport avec celui des dogmes des Eglises, doit être adoré et respecté.

      

      

    Pour Voltaire, l'existence de Dieu est la nécessaire garant de la morale que le peuple doit resoecter.
    Les athées, ou le matérialistes, dont Diderot, rejettent Dieu (il n'y a ni création ni ordre dans l'univers) et l'âme (la pensée procède du cerveau, c'est-à-dire la matière).

      

     

      


    * Le progrès. Jusqu'au XVIIème, l'Histoire est pensée comme un  chaos, ou bien comme la manifestation d'une Providnece divine. Au XVIIIème s'impose l'idée d'un progrès qui ne relève pas de l'ordre divin. D'où des contradictions toujours actuelles :

      

    Les européens sont plus évolués, et les peuples sauvages doivent donc être éclairés, autrement dit colonisés. C'est qu'on n'imagine pas que la raison et le progrès, liés en fait à l'Europe (c'est ce qu'on appelle l'européocentrisme, le fait de considérer l'Europe comme le centre de tout), ne sont pas des normes universelles. Les futurs "droits de l'homme", malgré leur noble ambition, souffrent du même européocentrisme.

      

      

    Rousseau critique fortement le progrés. Pour lui, la civilisation a corrompu les hommes. Notons enfin que, pour tous ces philosophes, l'idée ou le pressentiment de la Révolution de 1789 restent absents.

    * Le bonheur. Les chrétiens ignorent le bonheur terrestre. L'au-delà seul comblera leurs désirs. Pour Voltaire, "le paradis terrestre est où je suis". Caque philosophe en donne sa définition, individuel ou collectif.

      

      

      

    Diderot insiste sur la légimité du plaisir, notamment sexuel. Pour Sade, le plaisir de faire le mal est sa seule justification, puisqu'il n'existe pas de morale transcendante, et que la satisfaction du plaisir est la seule loi naturelle que doive suivre l'homme.

    * La politique. En 1688 la révolution anglaise montre le chemin de formes politqiues nouvelles dans les fatras de la société contemporaine. S'impose, surtout avec Rousseau, l'idée d'un contrat social (ce qui réfute la théorie du droit divin) qui suppose l'égalité de ceux qui le signent.

      

      

      

    Pour Diderot, mais surtout Voltaire prévaut l'idée d'une monarchie tempérée ou d'un "despotisme éclairé" par la raison, fondé sur l'utilité sociale. Pour tous , le mérite d'un homme  ne dépend pas de sa naissance, de l'ordre auquel il appartient, mais bien de son talent personnel.

      

    • L'ouverture sur l'extérieur

    Beaucoup de philosophes, plus ou moins de bon gré, visitent l'étranger (Montesquieu, Voltaire, Rousseau, Diderot ...) De nombreuses relations de voyages paraissent, dont celle de Bougainville. Des livres importants sont traduits (les Mille et une nuits, lançant une vogue orientale durable, Robinson Crusoë de Defoe ...)

      

      

    Cela a pour but et conséquence la critique de la France et la mise en cause du discours auropéocentriste : il n'y a pas de vérité universelle, mais seulement des vérités particulières, liées, selon Montesquieu, au "climat" de chaque pays.

      

      

      

    La raison européenne demeure malgré tout essentielle comme moyen de surmonter ou englober ces différences. Dans bien des cas, l'étranger est doté d'une nette supériorité sur le français, mais c'est parce qu'il suit la raison ; dans la plupart des cas, les étrangers qui encombrent la littérature de cette époque sont des figures imaginaires, inspirées très librement de modèles réels.

    * Parmi les étrangers civilisés, citons l'anglais, qui bénéficie d'une monarchie tempérée, respecte les talents, croit à l'utilité du développement économique et commercial. Le chinois, quand à lui, réussit à concilier athéisme et vertu, preuve que la religion n'est pas indispensable pour mener une vie honnête.

    * Le bon sauvage, qui existait déjà chez Montaigne, connaît un regain d'intérêt. Les livres font la description idyllique d'un être que la civilisation n'a pas corrompu, ce qui suscite l'ironie virulente de Voltaire. Le bon sauvage aura un frère en la personne du paysan, resté près de la nature.

      

    Les PHILOSOPHES

    * Montesquieu (1689-1755)

     

    - Aristocrate, grand voyageur, savant, symbole de la curiosité intellectuelle des encyclopédistes, Montesquieu est l'auteur de deux grands livres, les Lettres persanes et L'esprit des lois.

    - Lettres persanes (1721). Ce roman s'inscrit dans la tradition du récit de voyage. Des candides sans préjugés formulent sur notre société une réflexion étonnée et sans complaisance. Du coup le français voit ce que l'habitude l'empêchait de voir : les choses les plus communes deviennents étranges, bizarres, tout apparaît comme convention arbitraire.

      

      

      

    C'est une entreprise ironique de démystification. Le roman dénonce le despotisme, et affirme des principes : justice, équité, liberté, tolérance, vertu.

    - L'esprit des lois (1748) est une œuvre de réflexionque l'Eglise mettra à l'index en 1751. Montesquieu montre l'infinie diversité des lois, des coutumes des mœurs, des institutions, des religions.

      

      

    Cette diversité répond en fait à l'influence de la géographie, de la démographie, du climat, etc. Montesquieu fonde ainsi la sociologie et refuse l'idée d'une législation idéale, universellement valable, ainsi, d'ailleurs, que le dogmatisme religieux. Malgré cette position morate et de condamner des excès comme l'esclavage ou le despotisme.

      

    Portrait de Voltaire jeune d'après Quentin La Tour, 1736

    * Voltaire (1694-1778)

    - Profondément hostile au fanatisme et à la bétise, Voltaire a produit une œuvre immense qui lui a valu un énorme succés. On ne lit plus guère ce qu'il estimait dans ses œuvres (les tragédies, les poèmes épiques...), mais on s'attache à ce qu'il sous-estimait : ses contes, sa correspondance, de multiples textes brefs où se dessine l'engagement du philosophe.

    - Déiste, Voltaire critique l'absurdité des religions et le fanatisme (qu'il appelle "l'infâme"). Mais il attaque aussi les athées : la croyance en Dieu retient les hommes de commettres des crimes, de se livrer au mal.

    - Voltaire fait aussi l'éloge du travail. Il faut aménager la terre, la rendre plus vivable. "Il faut cultiver notre jardin", lit-on dans Candide (1759). C'est un idéal de fraternité : les hommes doivent être utiles et heureux dans une société laïcisée (voir les Lettres philosophiques, 1734, leur éloge du progrès, du commerce, de la tolérance)

     

     

     

    - Par la brièveté de ses textes, par le choix d'écrire des fragments (comme les articles du Dictionnaire philosophique, 1764), Voltaire maintient toujours en éveil l'attention du lecteur. Il a le pouvoir de créer des récits, de mettre en scènes vivantes sa philosophie (voir Zadig, 1747). Enfin, l'ironie et la parodie permanentes lui permettent d'emporter l'adhésion gràce au rire.

      

    * Diderot (1713-1784)

    - Il participe à de nombreux ouvrages collectifs (l'Encyclopédie, la Correspondance littéraire, l'Histoire des deux Indes...). On peut se demander quelle est, exactement, l'œuvre de Diderot, puisqu'il refuse de marquer ce qui lui appartient au propre.

      

      

    De même, dans de nombreux dialogues où il donne à "Moi" une apparence provisoire, inexacte, on peut se demander qui est Diderot. Pour lui, le sujet n'existe plus en tant que tel, il est toujours pris et transformé par les circonstances présentes, par le dialogue, sans cesse fragmenté et fragmentaire.

     

     

    - Diderot plus que les autres philosophes fut attentif à d'autres formes de pensée que le raisonnement logique : le rêve, la folie, l'impromptu de la conversation.

    - Matérialiste, il voit l'univers animé d'un mouvement éternel, d'une destruction continue : tout ordre est momentané. Il nie l'âme : la pensée nous vient uniquement de l'organisation complexe, de notre être.

      

      

    La liberté n'est donc qu'un vain mot.

      

    Mais, comme il arrive toujours des faits imprévus, des circonstances futiles, comme la chute des faits n'est jamais intégralement saisissable, comme enfin nous ne sommes jamais les mêmes, il reste de la liberté, ce dont témoignent ses personnages.

    - Diderot cherche à définir une morale.

      

    Les besoins élémentaires du corps, notemment sexuels, ne doivent pas souffrir d'interdit (de fait, Diderot reconnaît la difficulté d'une telle démarche : où s'arrêter?). De plus, les devoirs humains impliquent la bienfaisance.

     

     

    - L'encyclopédie (1747-1772). Ce projet du libraire Le Breton fut très fructueux. Voulant refaire une encyclopédie suivant le modèle anglais, il demande à Diderot d'en être le rédacteur en chef.

      

      

    Celui-ci écrira plus de mille articles, tout en vérifiant le travail de ses collaborateurs (entre autres d'Alembert, Montesquieu, Rousseau, Voltaire). L'encyclopédie s'occupe de la totalité du savoir disponible, sans omettre les métiers. De nombreuse planches illustrées évoquent le travail industriel, artisanal ou manuel, mettant en valeur le rôle du progrès dans les sociétés.

      

      

    C'est l'apologie du travail utile par opposition à l'oisiveté inutile des aristocrates. Cette somme et cette entreprise de vulgarisation constituent une critique virulente de la religion (l'Eglise condamne L'Encyclopédie en 1752)

     

     

    - Jacques le fataliste (1765-1778) joue de la fiction et des conventions romanesques. Le Neveu des Rameau (1762-1780) interdit toute vérité par une accumulation de paradoxes. Le héros héponyme, par ses contradictions, dénonce le partage trop facile entre vice et vertu, folie et raison, etc.

      

    * Rousseau (1712-1778)

    - Ecrivain marginal, en butte à l'exclusion, Rousseau, qui a fait partie de la sphère philosophique, s'est vite brouillé avec Voltaire puis Diderot. Différence de pensée, mais aussi différence de projet.

      

      

    L'œuvre de Rousseau peut en effet se concevoir comme une immense entreprise autobiographique, ce qui annonce des préoccupations nouvelles.

    - Avec le Discours sur les sciences et les arts (1750) puis le Discours sur l'origine de l'inégalité (1755), Rousseau entreprend l'histoire (théorique) de l'humanité. Tous commence par l'état de nature, où l'homme est libre, sain, bon et heureux.

      

      

    Cette époque bénie s'achève lorsque s'instaurent la propriété et la division du travail. Mais on ne oeut retourner à l'état de nature : il faut donc améliorer les choses en changeant l'homme (Emilie, 1761) et en créant un nouveau contrat social (Le contrat social, 1761), légitimant la société.

     

     

    - Solitaire (souffrant d'ailleurs d'un complexe de persécution), Rousseau refuse l'esclavage de la vie mondaine, crée dans son nouveau roman La nouvelle Héloïse (1761) des êtres selon son cœur.

      

      

    Rigoureux et logique dans ses discours, il a aussi fait l'éloge du sentir, de la rêverie dans la nature, du bonheur d'être, tout en éprouvant au fond de lui un vide, une tristesse inexplicable et attirante. L'aveu de soi, le lyrisme de la confession constituent un des derniers thèmes, et non des moindres, préfigurant le romantisme.

      

      

    • Aspects du préromantisme

    * Le XVIIIème siècle fut le siècle de la raison mais aussi des passions. Les philosophes réhabilitent le cœur (jusque là condamné par la Religion comme source de bien des maux), ainsi que la force de l'émotion. Ils ne sont pas insensibles à la force du génie, à l'union de l'âme et des paysages, à la poésie mélancolique des ruines (voir les artiscles sur la peinture de Diderot)

    * Le renouveau, à la fin du siècle, de la mode de l'exotisme (Bernadin de Saint-Pierre publie Paul et Virgine en 1788) donne une vision nouvelle de l'ailleurs. Les pays étrangers ne servent plus seulement à une critique politique, mais témoignent d'un désir de départ, de fuite, d'une satisfaction d'être.

      

      

    Et si le monde européen était trop étroit pour des aspirations encore vagues, mais puissantes? Chateaubriand, à cheval sur le XVIIIème et le XIXème siècles montre les ambiguïtés d'un être favorable à l'Ancien Régime, mais partant à la découverte du Nouveau Monde.

      

      

    • En guise de conclusion

    * Rappelons qu'il n'est pas de rapport direct de cause à effet entre les œuvres de philosophes et la Révolution. Ceux-ci ont préparé les esprits pour celle-là, ont fait vaciller les bases de l'Ancien Régime, politiques et religieuses, mais ils étaient déjà morts en 1789.

    * Rappelons aussi la phrase de Chateaubriand dans les Mémoires d'outre-tombe : "La révolution était fini lorqu'elle éclata."

    * Rien ne montre mieux l'ambiguïté de notre lecture des philosophes, après les événements de 1789, que la personnalité de Beaumarchais (1732-1799). Il fait dire à Figaro, en présence de son maître :

      

    "Qu'avez-vous fait pour tant de biens?

      

    Vous vous êtes donné la peine de naïtre et rien de plus". (Le mariage de Figaro, V, 3). Mais si ce propos reçoit une résonance particulière de la Révolution, la société du Mariage de Figaro n'en reste pas moins symbolique de la grâce, de l'élégance et de la légéreté de l'Ancien Régime.

      

      

    sources

     

     

      

      

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    Michel Antoine GARREAU, Maître Boulanger à Versailles est né à Versailles à

    la paroisse Saint-Louis le 17 janvier 1756 et s'est marié en 1786.

    Il était le fils d'Elie GARREAU, Boulanger et de Marie BEUVE, elle même décédée le 8 décembre 1784 à 71 ans " épouse d'Elie GARREAU, maître boulanger de la Reine, ancien administrateur de la Confrérie du Saint Sacrement".

     


    Michel Antoine GARREAU et son épouse ne se sont pas mariés à Versailles mais y ont eu des enfants sur la paroisse Saint-Louis entre 1748 et 1768. Il semblerait qu'il ait eu 9 enfants.

    A titre anecdotique, voici un extrait de la revue historique de Versailles (1922, p.111):

    " Le pain à Versailles pendant la Révolution ( 1789-an V). de F. Evrard à propos des journées d'octobre 1789:...A Sèvres, les femmes de Paris, conduites par Maillard, avaient enfoncé les portes des boulangeries,...on redoutait à Versailles des excès semblables...

      

      

    Dans l'après-midi du 5 octobre, le Comité municipal requit deux commissaires de police pour des visites domiciliaires en vue de vérifier quelles quantités de farine possédaient les boulangers.

      

    Lefève, commissaire du quartier Saint-Louis, engagea GARREAU, mieux pourvu que ses confrères, à céder quelques sacs, attendu que 5 ou 6 petits boulangers manquaient totalement de farine..."

    Michel Antoine GARREAU semblait être un commerçant avisé à la tête d'un commerce d'une certaine importance.



     

      

    Avoir tenu son livre entre les mains me paraît encore plus émouvant depuis que je connais son identité exacte et un peu de son histoire...

     

     

     

    Les pains mollets présentés sur la couche tels qu’ils figurent sur une planche de P.J.Malouin

    http://maria-antonia.justgoo.com/t561-monsieur-garreau-boulanger-de-la-reine-marie-antoinette

     

     

     

     

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    BAIN DE JOUVENCE A VERSAILLES

    Par Laurence Mouillefarine

    Article tiré de Madame Figaro N°1044, 28 août 2004

     Une leçon de natation dans une salle de bains! Son propriétaire se voulait en pleine forme. Chaque panneau a été démonté, nettoyé, remonté. Pour suggérer la beauté masculine, Les attributs du barbier.

      

    C'est une histoire d'eau et d'amour entre Louis XV et la Comtesse du Barry.

    En 1769, le roi, fort épris, fit installer sa favorite au château et déplaça son cabinet de toilette sous les appartements de la belle. Si l'on taira ici leurs ébats aquatiques, on s'étendra sur la beauté du lieu.

      

    Divines boiseries, dorures tout en nuances, délicieuses allégories…

     

     

     

     

     A contempler les chambranles, on distingue bien les trois tons révélés par les boiseries, une fois rafraîchies.Ils étaient propres comme un sou neuf au château de Versailles!

     

    À l'inverse des idées reçues, au milieu du XVIII siècle, on s'y lavait.

     

    Vers 1750, tous les membres de la famille royale

     

     

    disposaient d'une salle de bains. La baigneuse en joyeuse compagnie pourrait être Nausicaa, héroïne de "L'Odyssée"; à moins qu'il ne s'agisse de Vénus née de l'écume de la mer ?

     

    "S'il flottait des odeurs nauséabondes, s'insurge Christian Gaulez, conservateur en chef du Patrimoine, elles provenaient des visiteurs qui se laissaient aller à leurs besoins naturels derrière les piliers - comme aujourd'hui dans le RER ou bien des chevaux, mais pas du manque d'hygiène des courtisans ! "

      

    À preuve, dans quelques jours, on inaugure en grande pompe la salle de bains de Louis XV, fraîchement restaurée grâce au soutien de L'Oréal.

    Ainsi que son lieu "à l'anglaise".

      

    Ne vous attendez pas à découvrir un appartement grandiose tout de marbre revêtu. La pièce aux murs décorés de boiseries se révèle de petites dimensions et basse de plafond. N'est-ce pas le rêve de tout souverain ?

      

    Un lieu facile à chauffer et qui lui permette de se trouver seul alors que partout dans cette résidence de fonction il est accompagné.

    De l'intimité.

    Que demander de plus ?

    " Se rapprocher de sa maîtresse" En 1769, Louis XV commande l'aménagement d'un nouveau cabinet de bains qu'il fait installer au premier étage. Ce sera le sixième qu'il occupera. Pourquoi cette soudaine décision ? Christian Baulez, avec son humour délicat, replace l'affaire dans son contexte. "

      

    À la mort de la reine, en 1768 - pour les cancres en histoire que nous sommes, il s'agit de Marie Leszczyñska -, le roi est quelque peu neurasthénique.

      

    Il a perdu son fils trois ans auparavant, une année à peine après la disparition de la marquise de Pompadour, sa favorite.

    Pour parler clair, il a des idées noires. Comment le distraire ? Son entourage proche sait bien ce qu'if lui faut: une nouvelle maîtresse !

    On va quérir la comtesse Du Barry, née Jeanne Bécu,

    sur nommée "Mademoiselle l'Ange".

     

     

    La Duchesse du BarryLa belle dirige une maison de jeu ouverte par son époux. Blonde platine, pimpante, sorte de Marilyn Monroe aux petits pieds. Bref, un "morceau de roi". Elle est introduite à la Cour.

    C'est une professionnelle de l'amour.

    Le souverain en sera vite follement épris.

    Il la loge à Versailles.

    Louis XV le Bien-Aimé a découvert de nouveaux plaisirs.

     

    Au point que la Faculté s'inquiète. "Sire, il faut dételer!" conseillent ses médecins. Il n'écoute guère. Pis, il abuse de fortifiants.

    C'est donc à ce moment décisif qu'il déplace sa salle de bains, au-dessous

     

    des quartiers de Madame Du Barry. "

     

    Chaque scène sculptée dans un médaillon à motif de roseaux évoque les sports nautiques et autres jeux aquatiques.Une pièce confortable, chauffée par un poêle et qui, comble du luxe, bénéficiait de l'eau courante"

    Celle-ci provenait des réservoirs de Montbauron.

      

    Finie l'époque où les serviteurs remplissaient les cuves à la main!

    Elle présentait deux baignoires, en cuivre étamé, l'une pour se savonner, l'autre pour se rincer.

    Afin de l'alimenter, deux réservoirs sortes de grosses marmites disposées à l'entresol supérieur contenaient l'un l'eau froide, l'autre l'eau chaude. Toute l'installation a disparu, il faut le savoir.

     

    Des robinets en bronze doré, il n'y a plus guère qu'une vague trace dans le mur. Le visiteur qui s'attend à voir les grandes eaux couler dans la salle restaurée sera déçu. À la suite de son grand-père, Louis XV transforme à nouveau la pièce en cabinet de la Cassette, destiné à la gestion de ses finances personnelles.

    En 1777, le lieu de toutes les voluptés devient cabinet de travail.

    Chacun son tempérament.

    Or, la politique actuelle de restauration à Versailles veut que le château soit réhabilité tel qu'il était à la veille de la Révolution.

    Comme exemple d'une organisation monarchique.

    Aussi, si l'on espère une salle de bains c'est un bureau que l'on

     

     

    admire et sa majestueuse cheminée aux bronzes dorés modelés par le grand Gouthière.

      

    De la pièce où barbota Louis XV il ne reste que les boiseries.

    Mais quelles boiseries ! Exceptionnelles quant au travail de la sculpture, quant à la délicatesse de la dorure.

    Elles furent réalisées par l'atelier des frères Rousseau sous la direction de Gabriel, l'architecte du roi.

    Une fois démontés, puis nettoyés, les panneaux ont révélé un blanc délicat et trois tons d'or :

    or jaune, or vert, or citron.

     

     

    Des nuances rarissimes qui, sous la crasse, avaient disparu. Et quelle iconographie! Allégorie à la fonction du lieu, voici sculptés les attributs de la toilette : les instruments du coiffeur un sac à perruque, une houppe à poudrer, des peignes, des flacons pour les onguents - et ceux du barbier

     

     

     

     

    plat à barbe, serviette chaude pliée, rasoir, fer à friser. Pose de la feuille d'orDes dauphins et des cygnes, du corail et des éponges, les autres motifs évoquent, tous, la mer, les étangs ou les rivières.

      

    Des naïades font trempette, des gamins pêchent, d'autres chassent le canard, on célèbre les plaisirs de la baignade.

    Et celui du grand air.

      

    Jean-Jacques Rousseau (rien à voir avec les frères précédemment cités) est passé par là. Au plafond, dans le ciel étoilé, s'agitent des chauves-souris, symbole du bonheur et de l'amour chez les Orientaux.

    Le plus éblouissant ?

    Les scènes naturalistes.

    Dignes des Jeux olympiques.

    Un hymne à la bonne santé.

    Ainsi cette représentation d'un homme musclé qui prend une leçon de natation ou ces deux Chinois qui, sur une barque, se livrent à une joute.

    Hommes, femmes, enfants, dieux et déesses, tout ce petit monde est nu et potelé. On baigne dans la sensualité. Histoires d'eau.

      

    Histoire de France surtout.

     

     

    C'est au pinceau de martre que l'on applique la feuille d'or

     

     

     

    http://www.mrugala.net/Histoire/Grand%20Siecle/Monuments/Versailles%20-%20Bain%20de%20Jouvence/Versailles%20-%20Bain%20de%20Jouvence.htm

     

     

     

     

     

     

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    Joseph Ducreux (1735-1802) Premier peintre de la reine Marie Antoinette
     
     
     
    Son autoportrait au Louvre


    Joseph Ducreux, né à Nancy le 26 juin 1735 et mort le 24 juillet 1802 sur la route de Paris à Saint-Denis. C’est un portraitiste, pastelliste, miniaturiste et graveur lorrain, naturalisé français en 1766.
    Il a dû étudier son art d’abord avec son père, peintre également. Installé à Paris en 1760, il travaille avec Maurice Quentin de La Tour, spécialiste du portrait au pastel. Pour sa technique de peinture à l’huile, l’influence de Jean-Baptiste Greuze est importante.
    Spécialiste du portrait, Ducreux a pour modèles de ses premiers pastels : Pierre-Jean Mariette, le Comte de Caylus et Ange Laurent Lalive de Jully et son épouse.

     

    Ces premières œuvres sont probablement des copies d’après son maitre de La Tour.

     

     
    Portrait de Madame Lalive de Jully, 1764 Saint-Quentin, musée Antoine Lécuyer
     
     

     
    Portrait de Ange Laurent Lalive de Jully, 1765 Saint-Quentin, musée Antoine Lécuyer

     

     

    Marie-Antoinette n’a encore que treize ans lorsqu’on négocie son mariage avec le futur Louis XVI. En 1769, Joseph Ducreux est envoyé à Vienne pour réaliser son portrait avant qu’elle ne quitte son pays natal pour épouser le dauphin de France. Le peintre n’a alors que 24 ans.

     

     

     
     
    Pierre-Ambroise-François Choderlos de Laclos (1741-1803), écrivain Versailles, châteaux de Versailles et de Trianon
     
     
     
     

    Marie-Antoinette de Lorraine-Habsbourg (1755-1793), alors archiduchesse d'Autriche en 1769
    Versailles, châteaux de Versailles et de Trianon, acquisition : février 1998
     

    Il s’agit a priori du pastel que Louis XVI eut dans son appartement intérieurLouis XV présentant le portrait de Marie-Antoinette de Ducreux au Dauphin en avril 1770, en présence de Mesdames, des comtes de Provence et d'Artois, de Mesdames Clotilde et Elisabeth enfant Gravure d’après Jean-Baptiste-André Gautier d'Agoty (1740-1786) Versailles, châteaux de Versailles et de Trianon

    Marie-Antoinette ne fut sans doute pas déçue de l’ouvrage puisque, lorsqu’elle devint dauphine, elle fit de Joseph Ducreux son premier peintre et employa sa femme dans la Maison royale. Fait baron, il devient le premier peintre de la Reine en bien qu’il ne soit pas membre de l’Académie royale de peinture.

    Le peintre sera dès lors un portraitiste et pastelliste talentueux de la cour de France, avant de représenter Mirabeau, Robespierre, Saint-Just et lui-même à l’occasion. Il exposera ses tableaux au Salon de 1791 à 1801.

     


    Marie-Antoinette de Lorraine-Habsbourg, archiduchesse d'Autriche, reine de France (1755-1793)
    représentée vers 1770, alors Dauphine de France
    (la figure reprise de son portrait peint au pastel exécuté à Vienne en 1769)
    Versailles, châteaux de Versailles et de Trianon 

     

    La Révolution française le fait s’installer à Londres, où il dessine les derniers portraits de Louis XVI juste avant son exécution. De retour à Paris en 1793, Jacques Louis David s’associe à lui et l’aide à poursuivre une carrière officielle. La résidence de Ducreux devient un salon informel où les artistes se font portraiturer.

     

    Ducreux a joué aussi un rôle politique ; ses relations étaient considérables ; il a peint la cour d’Allemagne, celle d’Angleterre, celle de France ; il a connu tous les personnages marquants de son époque, dans tous les rangs ; il a laissés des documents précieux pour l’historien.
    Ducreux était également connu pour avoir le caractère le plus irascible du monde, il était toujours en colère ; Méhul a fait son portrait dans le personnage de l’Irato ou l’Emporté, dont les paroles sont de Marsollier.


    Marie-Clothide-Xavière de France (1759-1802), dite Madame Clotilde
    D’après Ducreux Joseph
    Versailles, châteaux de Versailles et de Trianon  

    Joseph Ducreux a eu plusieurs enfants :

    Son fils ainé, Jules, était peintre de batailles ; capitaine d’infanterie à vingt-six ans, le général en chef Dumouriez auquel il fut attaché à en qualité d’officier historiographe de l’armée, faisait le plus grand cas de lui. Son caractère, son talent comme peintre, son travail assidu, ses vastes connaissances faisaient espérer pour lui un brillant avenir, lorsqu’il mourut des suites des fatigues de la bataille de Jemmapes.

     

    Dumouriez lui donna le sabre qu’il portait à cette bataille même. Ses plans, ses travaux, ses dessins finirent aux archives du ministère de la guerre.
    Son autre fils, Léon, filleul du duc et de la duchesse de Feltre, était soldat d’ordonnance sous les ordres immédiats de son frère.

     


    Portrait de Louis XVI, entre 1792 ou 1793
    Paris, musée Carnavalet 

    Peintre de fleurs, il mourut de langueur, à Strasbourg, chez sa marraine, épuisé par les fatigues de la guerre. Le dernier fils de Ducreux, Adrien, élève de son père et de Greuze, annonçait les plus heureuses dispositions pour la peinture lorsqu’il mourut à seize ans.
    Sa fille ainée Rose-Adélaïde s’illustra également en peinture mais mourut à trente-et-un ans.

     

    Une seule enfant a survécu à Joseph Ducreux, Antoinette-Clémence Ducreux, filleule de la reine Marie-Antoinette. Remarquablement jolie et aimable ; elle était peintre de fleurs, de miniature et de portrait au pastel ; elle a servi de modèle à Greuze à l’âge de 15 ans pour l’Accordée de village, qui est tout simplement son portrait.

    Elle épousa son cousin germain, Maignan Ducreux, filleul du duc d'Orléans.

     


    Louis Antoine, comte de Bougainville (1729-1811)
    Versailles, châteaux de Versailles et de Trianon 

     

    Ducreux fut un portraitiste incisif, comme en témoignent ses Autoportraits, très expressifs, souvent grimaçants, où il se figure parfois moqueur, riant aux éclats, baillant ou se montrant du doigt. Comme son maître La Tour, il porte tout son intérêt sur le visage humain, qu'il veut vivant, voire spirituel  ; le refus des accessoires et un métier vigoureux lui permettent de rendre très émouvante l'effigie de ses modèles, même officiels. Ducreux exécuta aussi des miniatures pour des tabatières.

     

    Ses autoportraits bien connus de la fin des années 1780 montre son intention de rompre avec la tradition et son intérêt pour la physionomie. Cette pseudo-science se base sur le physique et plus particulièrement le visage de quelqu’un pour définir son caractère et sa personnalité. Ducreux tente de capturer et de rendre la personnalité de ses modèles.

     


    Etienne-Nicolas Méhul, compositeur (1763-1817) en 1795
    Versailles, châteaux de Versailles et de Trianon 

     

    L’habitude qu’avait ce peintre de refaire souvent son propre portrait, dans des attitudes différentes, lui facilitait merveilleusement le talent d’atteindre la ressemblance et de saisir l’expression des physionomies.

    L’autoportrait connu sous le nom du Moqueur est le plus remarquable de cet artiste.

     

     
    Autoportrait dit Le moqueur Versailles, châteaux de Versailles et de Trianon

     

     

    Joseph Ducreux est mort d’une apoplexie foudroyante, sur la route de Paris à Saint-Denis, laissant, à Nancy, des descendants en ligne collatérale qui, pendant près d’un siècle, ont habité la maison dite des Adam, située 67, rue des Dominicains, remarquable par ses sculptures.

     

    Source : Wikipédia.
    Bibliographie Georgette Lyon, Joseph Ducreux. Premier peintre de Marie-Antoinette, Paris, 1958. Émilie-Juliette Gauby, Joseph Ducreux 1735-1802. Peintre de portraits, mémoire, Blaise Pascal Université de Clermont II, 2004.

     
     
     
     
     
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    Connaissances de Versailles se propose de faire découvrir à travers des notices détaillées, une œuvre conservée dans le Musée National.Ce mois ci découvrons la " salve"

    de toilette de Marie Antoinette


    Selon le dictionnaire de l’étiquette de Mme de Genlis et les «  Etats de la France », le plateau appelé la «  salve » était une soucoupe de vermeil sur laquelle les mouchoirs étaient présentés au Roi comme les «  honneurs » à la Reine.

    Selon l’édition de la Pléiade , « on appelle les  honneurs  :  outre la chemise et la serviette à laver, les mouchoirs , les gants, les coiffes, les boites , à déposer , à la fin de la toilette, sur une soucoupe garnie et recouverte d’un grand taffetas. C’est ce qui s’appelait la [i]«  salve » pareillement au verre et à la serviette s’il en est question hors et pendant les repas. ». [/i]

     

    Cette gestuelle d’étiquette avait pour but, probablement d’une part de glorifier le respect qui été du aux souverains en suivant un protocole très précis et réglementé qui interdisait de remettre quelque chose, directement aux personnes royales, et d’autre part, assurer un moyen de protection contre l’empoisonnement au même titre que les essais des «  couverts » ou les coffres fermants à clef dans les appartements.

    Nous disposons, depuis mai 2006 avec la sortie du film «  Marie Antoinette » de Soffia Coppola, d’un support filmé – très bien fait - qui nous restitue parfaitement les subtilités de l’étiquette du lever de  la reine, avec le rôle de la dame d’honneur, des dames du palais, des femmes de chambre ainsi que tous ces gestes protocolaires à propos notamment du lavage des mains, et de la présentation de la chemise, ponctués de multiples révérences. Dans ce film, Mme de Noailles, la dame d’honneur, indique à la jeune dauphine, qu’elle ne doit rien prendre directement des mains de ses femmes, mais de celles d’une princesse ou d’une dame.

    Cette salve était une gantière ou un plateau à gants, de matériaux variés mais très souvent précieux, plus ou moins creux sur un pied qui servait à présenter les gants et les bijoux. Ces gantières, généralement disposés en paire, faisaient partie de la garniture de la «  toilette ». On trouve ce terme de «  salve » dans l’inventaire général du mobilier du Roi pour désigner un plateau circulaire, servant, à la Cour,  à présenter mouchoirs, gants, lors  de la toilette de représentation du Roi et de la Reine.

     

    La salve de la Reine était une espèce de soucoupe de vermeil sur laquelle les boites, les étuis, la montre et l’éventail de la Reine lui était présentés, couvert d’un taffetas brodé qui ne se lève qu’en lui présentant. Toutes les reines en ont possédaient, Marie Antoinette en avait deux comme celle ci dans son nécessaire de toilette de vermeil ciselé par l’orfèvre Germain  héritée de la dauphine Marie Josèphe.  Les gantières sont ainsi décrites dans un devis lorsque l’on remis aux armes de la nouvelle dauphine :

     

    « Deux gantières à compartiments de fleurs de lys sur différent rouleaux d’ornements en rinceaux polis, avec des supports de dauphins en reliefs sur les quatre contours principaux sont des bas-reliefs representans différens attribus, sur les parquets de fleurs de lys étoient les bas reliefs d’attribus de Pologne qui ont été rechangés ainsy que la totalité du contour dont les oves ont été toutes repassées, refrapeés et recicizelées, les perles et larmes a été refaites, les guirlandes de fleurs d’argent à neuf, les anciennes etant toutes brisées et hors d’état de servir, regravé toutes les formes du dessous ainsy que les armes  repointillé les parquets de fleurs de lys ainsy que le parquet de deux guirlandes de laurier qui entourent le portrait de Monseigneur le dauphin , avoir repris partout pour oster les coups, poncé, charbonné et poly, mis en état à neuf pour pouvoir estre doré »

    Elle possédait également un autre plateau ovale en argent doré, émail et camée «  dans l’armoire des bains » selon l’inventaire de ses objets d’art, entreposés dans ses cabinets intérieurs, à la veille de la Révolution.

    D’autres plateaux, plus ordinaires et d’un usage courant, devait être en usage à l’intérieur de ses pièces , notamment dans la salle et la chambre des bains , la garde robe à chaise et le cabinet de toilette prés de la grande chambre de la Reine.

    Il est très rare qu’un objet si usuel soit parvenu jusqu’à nous, dans les collections nationales, car outre la préférence dans les carrosses et le service de la chemise et de la serviette, les dames d’honneur avaient également le service de la «  salve ». au décès des reines et des princesses.

     

    Elle en obtenaient la «  dépouille » c’est à dire qu’elle en héritait avec toute la garniture de toilette qui se trouvait dans la chambre au moment du décès, tout comme une partie du meuble de la chambre, d’un cabinet ou d’une partie de l’écrin privé des bijoux, des objets d’art décoratifs, ou de l’argenterie  etc…Ces objets usuels -  souvent très précieux – sortaient ainsi des collections royales , et cela explique parfois, que ces sortes d’objets – appartenant à des collections particulières – passent aujourd’hui en ventes publiques.

    Le catalogue de l’exposition Marie Antoinette qui s’est tenue en 1955 à Versailles la répertorie sous le n° 666
    « Présentoir aux armes de Louis XVI dauphin et de Marie Antoinette archiduchesse 1770
    Vermeil d’Augsbourg .
    Travail de L.W Dommans, exécuté par Rauner
    Sur le piedouche une inscription indique « Fait par Guillaume Michel Rauner Augsbourg »
    Poinçon de la marque Rauner
    Donné par l’impératrice à sa fille à l’occasion de son mariage
    Le grand sujet central représente, éclairés par Apolon deux personnages symbolisant la France et l’Autriche se serrant la main. Des amours soutiennent l’écu de France écartelés par des dauphins,  ainsi que celui d’Autriche.

    Vente de San Donato 1880
    Achat par le Baron Nathaniel de Rothschild
    Don du comte et de la comtesse Niel au Musée lors de l’exposition de 1955 »



    GDC



    Découvrir l'objet :
    Salve exposée sur une étagère du 1e suplement de biblitohéque de la reine

     

    sources

    http://www.connaissancesdeversailles.org/t328-la-salve-de-toilette-de-marie-antoinette

     

     

     

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    Les corps de Louis XVI et de Marie Antoinette
     
      
      
      
    Louis XVI et Marie Antoinette furent guillotinés dans les circonstances que l'on sait les 21 janvier et 16 octobre 1793. Les deux cadavres ont été enterrés en profondeur, recouverts de chaux vive, au cimetière de la Madeleine (emplacement de l'actuelle Chapelle expiatoire). Ils furent redécouvert 22 ans plus tard à la suite de recherches ordonnées par Louis XVIII, et portés par de solennelles funérailles en la basilique de Saint Denis où ils reposent aujourd'hui dans le caveau sous la crypte centrale. Il n'est pas ici question de revenir sur ces événements qui nécessiteraient une étude très détaillée, mais de répondre à une controverse.
    Il est en effet parfois dit que si le corps féminin reposant à Saint-Denis est bien celui de Marie Antoinette, il y aurait un doute pour celui de Louis XVI. On entend même certains commentaires des visites de la basilique être catégoriques : ce ne serait pas le corps de Louis XVI. Revenons aux faits.
    Etat de la crypte central de Saint-Denis (XIX° S. jusqu'en 1975) avant le nouvel aménagement de Formigé. Les cercueils de Louis XVIII et des siens, de Mesdames filles de Louis XV, de Louise de Lorraine (épouse d'Henri III), de Louis VII, de Louis XVI et de Marie Antoinette y étaient rassemblés en deux rangées sur des tréteaux. On les a descendus vers 1977 dans le caveau en dessous. A la place ont été déposées des dalles de marbre noire avec les noms des princes . On ne voit ici que la rangée de droite. Au fond de l'abside de la crypte, l'armoire des coeurs, aujourd'hui détruite. On aperçoit les deux cercueils contenant les restes supposés de Louis XVI et de Marie Antoinette juste au milieu Archives Photo
    La thèse des Girault de Coursac Paul et Pierrette Girault de Coursac sont célèbres pour leurs études consacrées à Louis XVI. Celles-ci, construites à partir de longues recherches dans les archives de plusieurs pays, ont fait considérablement avancer la connaissance de la personne du Roi et de sa politique. Elles sont aussi marquées par une objectivité légèrement dissymétrique en faveur du roi et au dépens de la reine, avec une tendance à surinterpréter certains documents dans le sens de complots permanents. La redécouverte des corps royaux suppliciés ne fait pas exception à ce travers dans leur analyse. C'est ainsi qu'a été lancé l'affirmation que l'on n'aurait pas retrouvé le corps de Louis XVI en 1815, révélation qui allait connaître une étonnante fortune. Selon P.et P. Girault de Coursac, on ne retrouva presque rien du corps du roi, que de la chaux et des débris de planches mêlés à de la terre - ce qui est un fait.  Pour satisfaire Louis XVIII qui croyait utile à sa cause les funérailles grandioses à Saint-Denis, on aurait improvisé un cadavre de Louis XVI avec un des nombreux squelettes de décapités, enterrés là pendant la Terreur. En effet, on n'a pas retrouvé de vêtement (la chaux ne les détruit pas) ni l'anneau du sacre. Or, expliquent les Coursac, il est impossible que l'on ait pris l'anneau après l'exécution; car le cadavre avait les mains gonflées par la corde et il aurait fallu lui couper le doigt pour enlever l'anneau, ce qui aurait été impossible sans attirer l'attention des soldats de l'escorte. Le bourreau s'est donc contenté de prendre ses souliers. On aurait donc bien retrouvé la reine - point sur lequel tout le monde est d'accord - mais pas le roi.
    Extrapolations Partant de cette analyse, certains esprits iconoclastes ont voulu en rajouter tout en versant dans l'approximation. Comme il y avait des cadavres de guillotinés partout on a dû se tromper de corps. De toutes façons on n'aurait jamais pu reconnaître celui de Louis XVI. Des corps avec la tête entre les jambes, il y en avait beaucoup dans le secteur. Ce sont ces idées lancées qui se répercutent jusqu'au commentaire de certains guides de la basilique. 
    Pourtant, la plupart des historiens, même s'ils restent prudents, croient en l'authenticité de ces restes.
    Retour aux sources Ce qui frappe lorsque l'on se penche sur les archives en question, c'est que l'enquête de 1815 a été faite avec sérieux et rigueur, sans sollicitation poussive. Le désir de Louis XVIII n'était pas de monter à tout prix un faux Louis XVI ou une Marie Antoinette de paille, mais bien de retrouver les restes de son frère et de sa belle soeur, et aussi de Louis XVII et de Madame Elisabeth (j'insiste sur ce point). Ce sont les mêmes noms d'enquêteurs qui seront plus tard chargés de retrouver les deux grandes fosses aux ossements royaux, au Nord de la basilique de St Denis, issues des profanations d'octobre 1793. La qualité de leur longue enquête, avec échecs, persévérance, puis succès, ne fait aucun doute. Voir un complot orchestré par Louis XVIII a d'autant moins de sens que celui-ci aurait eu davantage intérêt à ce que l'on retrouve le corps de Louis XVII, plutôt que ceux de ses parents ! Retrouver le corps de l'nfant du Temple permettait de couper court à toute contestation de légitimité de l'ancien comte de Provence, tout en évitant l'apparition d'imposteurs prétendant être e fils de Louis XVI ! Or, jamais le gouvernement royal n'a été tenté d'orchestrer une enquête bidon ou de falsifier des documents. Les recherches des policiers furent exhaustives mais lorsqu'on s'aperçut que l'on ne pourrait jamais retrouver le corps, on n'en a pas construit un fictif ! Les recherches furent arrêtées. De même pour Madame Elisabeth. Le lieu où la malheureuse princesse a été jetée, face contre le fond d'une fosse, les mains liées derrière le dos, a bien été circonscrit par les policiers. Mais il s'agissait d'une fosse commune où se trouvait de nombreux corps et les crânes étaient mélangés ; les corps n'ont donc pas été exhumés et Elisabeth se trouve aujourd'hui dans le sous-sol parisien ou aux Catacombes.
    A l'inverse, pour le roi et la reine, non seulement les documents d'archives étaient clairs, mais les témoins de l'inhumation ont pu être retrouvés en 1815. Il apparut vite que les circonstances de celle-ci permettaient d’être optimiste.
    Dès son retour en 1814, Louis XVIII chargea Henri d’Ambray, chancelier de France, de constater toutes les circonstances qui avaient précédé, accompagné, et suivi les inhumations de Louis XVI et de Marie Antoinette. Parmi les témoins directs de l’inhumation,  les plus importants, on retrouva : - L’abbé Renard , chargé le 21 janvier 1793 par les commissaires du département et de la Commune d’enterrer le corps du roi - Le juge de paix Lemaignière et son greffier - Eve-Vaudremont - le genre de Desclozeau (propriétaire du terrain), Danjou,  qui avait vu les deux inhumations. - Un ouvrier ayant participé à l’enterrement de la reine Leurs témoignages, pris séparément, correspondaient totalement.
    Le Conseil exécutif avait donné l’ordre suivant le 20 janvier 1792 : « Le corps de Louis Capet sera transféré dans le cimetière de la Madeleine, où il sera préparé une fosse à douze pieds de profondeur. »  Douze pieds, soit deux fois la profondeur légale, de façon à ce qu’aucun particulier nostalgique ne soit tenté de creuser en catimini sans être pris sur le vif.
    Le corps du roi, apporté au cimetière, reposait dans une bière ouverte, vêtu d’un gilet piqué blanc, d’une culotte de soie grise et de bas de la même couleur. La tête était placé entre les jambes. On jeta de la chaux vive au fond de la fosse, on fit descendre la bière toujours découverte dans la fosse, on la couvrit d’une seconde couche de chaux, très importante. Puis de la terre que l’on tassa à de multiples reprises.
    Neuf mois plus tard, le 16 octobre 1793, le corps de Marie Antoinette venait rejoindre celui de son époux.
    Desclozeau et Danjou, qui habitaient la propriété voisine, avaient pu assister aux deux inhumations et avaient méticuleusement noté les deux emplacements qu’ils pouvaient repérer depuis leurs fenêtres et qu’ils ont par la suite bien gardés en mémoire.
    En 1796, le cimetière de la Madeleine avait été mis en vente. Pierre-Louis-Olivier Desclozeau, ancien avocat au Parlement de Paris, resté fervent royaliste, s’en rendit donc acquéreur.  Afin d’écarter les curieux, il exhaussa les murs et entoura l’emplacement des deux fosses royales d’une haie de charmilles et d’arbustes. Il planta aussi à côté deux saules pleureurs.
     
     
    L'emplacement de la tombe de Louis XVI aménagée par Desclozeau Photo Josse-Lalance
    Les fouilles commencèrent donc, après 8 mois d’enquêtes, le 18 janvier 1815, en présence de l’abbé Renard, de Danjou et de Desclozeau.
    On creusa aux endroits précis indiqués par les témoins, sur huit pieds de long et huit de large. Arrivés à huit pieds de profondeur, les ouvriers rencontrèrent un lit de chaux de dix pouces d’épaisseur. Au-dessous apparaissait l’empreinte d’une bière de cinq pieds et demi de longueur. Plusieurs ébris intacts de planche s’y trouvaient. On trouve alors « un grand nombre d’ossements de femme » et le crâne entier. On relève également deux jarretières élastiques assez bien conservées (ce sont elles qui ont permis l’identification car la reine les avait elle-même confectionnées) qui seront remises à Louis XVIII en même temps que deux débris du cercueil.
      
    Les os encore intact sont placés dans une boîte. La chaux trouvée dans le cercueil est relevée et placée dans une autre boîte. Les deux boîtes sont portées dans le salon de Desclozeau, transformé en chapelle ardente.
     
      
    Puis, le lendemain,  on creuse à l’emplacement indiqué pour la fosse de Louis XVI, entre celle de la reine et le mur de la rue d’Anjou. On trouve à dix pieds de profondeur quelques débris de planche dans la terre mêlée de chaux et des ossements dont certains tombent en poussière. Des morceaux de chaux encore entiers adhèrent à certains os.
      
    La tête est placée entre les fémurs. Tous les débris qu’on peut sortir de cet amas de terre, de chaux, de bois et d’ossements sont enfermés dans deux boite, l’une aux ossements, l’autre contenant les restes qui n’ont pas pu être extraits de la chaux solidifiée, souvent –détail macabre – parce celle-ci avait « moulé » une partie du corps du défunt. Les deux boites furent, comme pour Marie Antoinette, placées dans un cercueil.
     
      
    Une découverte quasi-certaine Pour avoir la certitude que l’on avait bien retrouvé le corps du roi, on a fait creuser tout autour, à vingt-cinq pieds de distance et jusqu’à plus de treize pieds de profondeur : rien ! On est donc bien en présence des corps de Louis XVI et de Marie Antoinette. Les guillotinés de la Terreur, eux, n’ont pas été enterrés dans ce secteur du cimetière qui est resté isolé.
     
      
    Quant à la chemise, l’argument des Girault de Coursac tombe. Car si Louis XVI a bien été amené habillé, rien ne prouve qu’il le soit resté lorsque l'on a fait descendre la bière. Il en a été de même de beaucoup de corps de guillotinés (Robespierre par exemple, que l’on a déshabillé avant de le jeter dans la fosse commune du cimetière des Errancis).
      
    Quand bien même aurait-il été inhumé avec sa culotte de soie et sa chemise, les Girault de Coursac surestiment la résistance des tissus à la chaux vive, à l’humidité, et à un séjour de 22 ans à 10 pieds sous une terre bien tassée ! D’ailleurs, leur argument devrait se retourner contre eux s’agissant de la reine qui a été enterrée dans les mêmes conditions et dont ils ne contestent nullement l’identification !
      
    Or, on n’a retrouvé que les jarretières ! Aurait-elle été enterrée nue ... ?!
    Enfin, rien ne dit que Louis XVI a été enterré avec l’anneau du sacre. C’est une affirmation gratuite. L’histoire des doigts gonflés relève de la spéculation pure et simple et n’a rien de médical. Et même si le roi portait l’anneau, rien ne dit non plus qu’il ne se trouve pas dans le magma de paquets de chaux vives que l’on a récupérés bruts, sans les briser, mélangés à quelques ossements.
      
      
    Mais répétons-le, aucun document, aucun témoignage ne dit que le roi portait l’anneau du sacre au moment de son exécution. On sait même qu’il avait rendu son anneau de mariage à sa femme. Pourquoi aurait-il gardé celui du sacre et pas celui du mariage qui est aussi un sacrement ? D’autant que Louis XVI ne portait pas 36 anneaux aux doigts . Seulement son anneau de mariage.
     
      
    Au total, il apparait que la probabilité d’une découverte du corps de Louis XVI est trop élevée pour qu’on la remette de façon sérieuse en question. 
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     http://saintdenis-tombeaux.forumculture.net/t81-les-corps-de-louis-xvi-et-de-marie-antoinette

     

     

     

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     Pierre-Louis Dagoty (1771-1840)

     

    Pierre-Louis Dagoty, Autoportrait 

     

      

    Pierre-Louis Dagoty (1771-1840) est un peintre en porcelaine français.

     Parfaite illustration de l'âge d'or de la porcelaine de Paris au début du XIXe siècle, la production de la manufacture de Dagoty se caractérise par l'élégance des formes, l'emploi des couleurs et une grande richesse. L'impératrice Joséphine couronna l'entreprise en lui accordant le titre envié de « manufacture de S.M. l'Impératrice » comme la reine Marie Antoinette l'avait fait ailleurs en son temps.

     

     

     Pierre-Louis Dagoty est né à Paris, dans une famille de peintres et de sculpteurs, dont les plus connus sont : son père, Jean-Baptiste, André Dagoty (de son nom complet Gautier-Dagoty) qui fut un des nombreux peintres de la Reine Marie-Antoinette ; mais aussi et surtout Honoré, Louis Dagoty qui fut un graveur de renom et contribua au succès des premières planches en couleurs (cinq couleurs), dans le dernier tiers du XVIIIe siècle, avec sa très célèbre série de planches anatomiques, qui servirent longtemps dans les écoles de médecine, et sont encore très recherchées, de nos jours, en raison de leur finesse et de la qualité des tirages en couleurs.

     

    Pierre-Louis Dagoty (1771-1840)

     

     Quant à Pierre-Louis Dagoty, avec l'aide de ses frères, Etienne et Isidore, il reprit en 1798 un petit atelier de porcelaine, et se spécialisa dans la peinture fine sur porcelaine. Très rapidement, leurs produits connurent une grande notoriété, surtout lorsqu'en décembre 1804, l'Impératrice Joséphine décida de leur accorder son soutien. Les Dagoty devinrent alors : « Manufacture de S.M. l'Impératrice, P.L. Dagoty à Paris » (de 1804 à 1814), puis après la chute du Premier Empire, « Manufacture de S.A.R. Madame la Duchesse d'Angoulême. P.L. Dagoty » (de 1815 à 1820).

     

    Pierre-Louis Dagoty (1771-1840)

     

     

    Ces vignettes qui étaient peintes « au cul » de chaque objet produit servaient, bien sûr, à la promotion des Dagoty et de leurs protecteurs, mais elles montrent aussi que les Régimes passaient, et que la qualité et la notoriété des porcelaines Dagoty n'étaient pas prises en défaut, sinon les agréments Impériaux ou Royaux auraient été retirés immédiatement, et sans discussion, comme il était d'usage à cette époque.

     

     

     

    Gravure représentant la Boutique Dagoty, 4 boulevard Poissonnière, à Paris, sous l'Empire.

     Après 1820, date de la fin de l'association entre P.L. Dagoty et Honoré qui dura de 1816 à 1820, la production de P.L. Dagoty, continua seule, avec ses propres ateliers, à Paris, et ce jusque dans les années 1835, ce qui explique la grande production de ces ateliers de qualité, pendant une période relativement longue, c'est-à-dire de 1798 à 1835.

     

      

    Les porcelaines Dagoty

     Les porcelaines Dagoty avaient une particularité que très peu de porcelainiers savaient faire, à savoir la technique dite de l'or épais qui consistait à recouvrir l'intérieur des objets (des tasses, généralement) d'une épaisse couverture d'or, tandis que les décors extérieurs étaient d'une extrême richesse et variété, alternant les coloris foncés, vert Empire, et les décors à plusieurs tons d'or (brillant et/ou mat) qui faisaient de ces porcelaines des objets immédiatement reconnaissables, et qui devinrent très vite les décors de tables Princières, comme la Maison de Russie, la Maison de Savoie, et plus tard, la Table du Président Américain Monroe, qui reçut le Service Présidentiel, dit « à aile amarante » (en 1817) et que les visiteurs contemporains peuvent toujours admirer, dans les vitrines de la Maison Blanche. Plus classiquement, à Paris, les frères Dagoty ouvrirent un Magasin de Ventes, Boulevard Poissonnière, où se pressait toute la bonne Société d'alors, car pour les cadeaux de naissance, ou autres événements, il était de bon ton d'offrir un Service Dagoty, ou un vase de chez Dihl...

     Une autre particularité de la Maison Dagoty est le catalogue exhaustif (dessiné et peint à la main) de tous les modèles qui furent exécutés par cette célèbre fabrique. Un exemplaire complet de ce catalogue est conservé au cabinet des dessins du Musée des Arts Décoratifs[1], à Paris.

     Cette production continua pendant des années, même après la chute du Premier Empire. En effet, sous la Restauration, ce fut la duchesse d'Angoulême qui accorda, ensuite, sa protection aux Dagoty.

     

     

     

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    Le bain, à la cour de Versailles, durant le siècle des Lumières

     

    La salle de bains existe au XVIIIe siècle . Pour s’en persuader, il faut visiter celle de Louis XV à Versailles, véritable chef-d’œuvre d’architecture.

     

      

      

    A la fin du XVIIe siècle et au début du XVIIIe, l’hygiène n’est pas, à proprement parler, la priorité du peuple français, il en est de même à la cour de Versailles.

    L’eau est considérée comme extrêmement dangereuse, surtout l’eau chaude, qui dilate les pores de la peau et permet à de terribles maladies d’attaquer le corps; c’est du moins ce que l’on pense à la fin du règne de Louis XIV.

    On comprend mieux pourquoi, avec de tels arguments, les parfumeurs de l’époque font probablement fortune.

     

      

    Sous Louis XIV

    Pourtant, on peut voir aujourd’hui, dans l’Orangerie du château de Versailles, une baignoire octogonale en marbre du Languedoc, dont le prix avoisine alors 15000 livres tournois, qui, sous le Roi Soleil, se trouve au rez-de-chaussée, dans une pièce appelée cabinet des bains et qui devient, par la suite, l’antichambre de Madame Victoire, une des filles de Louis XV.

    Louis XIV s’en sert-il ? Probablement mais, très occasionnellement!

      

      

    Les soins

    La toilette est sommaire à cette époque, même si celle faite au monarque est à remarquer. Mais, il s’agit du premier personnage de l’Etat… On sait, d’après les écrits, que le roi se lave le visage et les mains, (« laver » pour les mains est, peut-être, un grand mot, dans la mesure où un valet se contente de verser de l’eau contenue dans une aiguière en métal précieux), ensuite, on lui frotte le corps avec des serviettes chaudes. Pour le reste, le parfum masque tant bien que mal les odeurs corporelles.

    Il arrive aussi que le roi se baigne dehors en été, on suppose dans le grand Canal.

      

      

    Sous Le Bien-Aimé et sous Louis XVI

    Lors du règne de Louis XV, les choses commencent à changer. La mortalité importante de la population, due à l’épouvantable saleté du bon peuple, fait réfléchir et un nouvel état d’esprit naît. Le roi a, tout au long de sa vie, plusieurs salles de bains, en fonction des appartements de ses maîtresses, Madame de Pompadour et Madame du Barry pour ne citer que les principales et les plus connues.

    Il est dit qu’en 1728, Louis XV a une salle de bains au 1er étage. Elle est encore visible aujourd’hui, proche de son état d’origine, ses deux fenêtres donnent sur la cour des Cerfs. Louis XVI l’a aussi utilisée.

     

     

      

    Décoration

    La salle de bains est une pièce intimiste, de dimensions réduites, certes, mais très richement décorée. On y voit encore les trous par lesquels passaient les conduits d’eau chaude et d’eau froide des deux baignoires en cuivre (appelées cuves), hélas disparues. Situées de part et d’autre d’une cheminée de marbre, la première sert à se laver et Dieu sait si, après les chevauchées de la chasse, ce n’est pas un luxe; la seconde, à se rincer et se prélasser dans une eau chaude délicatement parfumée.

    Petit interméde video pour illustrer les toilettes de la reine

    La salle de bains de Marie Antoinette

    video

     

     

    Le sol est recouvert d’un magnifique pavement de marbre blanc avec cabochons noirs que l’on retrouve partout dans le château; les murs sont décorés de stucs dorés et finement ciselés, d’une extrême richesse, une glace au-dessus de la cheminée est bien utile pour réchauffer l’ensemble en hiver.

    Directement, à l’étage supérieur la cuve en plomb (avec ses tuyaux d’origine) alimente le bain royal et permet de comprendre comment l’eau est distribuée par un système relativement sophistiqué, comme on peut le voir sur la photo du plan joint

    l'antichambre du roi

    Nous voici à l'attique, 3e et dernier étage du Petit Trianon, où étaient disposés principalement les appartements du roi Louis XV puis de Louis XVI, quoique ce dernier n'y dormît probablement jamais, cédant la place à sa sœur Madame Élisabeth. L'antichambre du roi comprend un décor en boiseries de 1768 et une cheminée de marbre provenant probablement de l'hôtel de madame de Pompadour à Paris (actuel Palais de l'Elysée). © L'Internaute / Cécile Debise

    Enfin, dans une minuscule pièce, juste à côté, se trouve le cabinet de chaise (joli terme si on le compare à celui employé aujourd’hui) qui permet de s’isoler pour un besoin bien naturel.

     

    En entrant dans ce lieu, on se prend à penser que si les murs pouvaient parler….nul doute qu’ils auraient bien des choses à nous narrer.

     

     

    SOURCES

    Suphttp://www.autantenemportelapresse.fr/?p=332erbe blog

     

    File:Versailles-Appartements de Marie-Antoinette-La Chaise.jpg

     

    Chaise de Marie Antoinette

     

     

     

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    Le Parc-aux-cerfs est le nom donné à un quartier de Versailles à l’époque de Louis XV.

     

      

    Madame de Pompadour, favorite de Louis XV, après la fin de sa liaison physique avec le roi en 1752, installa, dans une demeure de ce quartier, des femmes - souvent très jeunes - qui y étaient entretenues pour satisfaire la concupiscence du roi.

      

    Madame de POMPADOUR

      

      

    Elle veillait à ce qu’aucune de ces concubines ne devienne sa rivale en prenant de l’ascendant sur le roi. Plusieurs de ces femmes eurent des enfants de Louis XV ; elles étaient alors parfois mariées à un membre de la Maison du roi qui endossait la paternité de l’enfant.

      

    File:François Boucher - Ruhendes Mädchen - 1752.JPG

    Mlle " O'Murphy" résidente du Parc aux Cerfs

      

    Parmi les concubines du Parc-aux-cerfs figura la « belle O’Murphy », peinte par François Boucher et dont, dans l’Histoire de sa vie, Casanova prétend avoir su jouir assez habilement pour la livrer encore vierge au roi. Il semble que Jeanne Du Barry soit aussi passée par le Parc-aux-cerfs avant de devenir favorite officielle.

     

    Madame DU BARRY

     

     

    L’imagination populaire s’étant appropriée le lieu, l’expression « Parc-aux-cerfs » est devenue une périphrase pour parler d’un lupanar. La propagande anti-royaliste ou dévote l’utilisera aussi pour présenter Louis XV comme un tyran débauché. Ainsi, contrairement à la légende, le roi ne se rendit jamais dans cette demeure, les femmes ne faisant qu’y loger, étant ensuite amenées au palais.

     

     

    Bibliographie

    • Joseph Valynseele, Les Enfants naturels de Louis XV : étude critique, biographie, descendance avec de nombreux documents inédits, éditeur : Paris : Centre d’études et de recherches historiques, 1953, 343 p., 25 cm. 

     

      

    SOURCES

     wikipedia

     

    Quatre lieux insolites de Versailles.

    http://www.lepoint.fr/villes/la-face-cachee-des-monuments-15-11-2012-1536107_27.php

     Par Audrey Emery

    Le harem de Louis XV

    Au 4, rue Saint-Médéric se trouvait sous le règne de Louis XV la petite maison du Parc-aux-Cerfs. C'est là que Mme de Pompadour aménage une garçonnière pour le roi. Comme elle ne partage plus son lit, la marquise entend de cette façon rester sa favorite. Mais son projet est d'abord contrecarré par le premier valet de chambre de Louis XV, Dominique Lebel, qui présente au roi la belle Marie-Louise O'Murphy.

      

    Laquelle devient sa maîtresse et s'installe dans le Parc-aux-Cerfs."Lorsqu'une fille naît de sa liaison avec le roi, elle lance même une campagne de dénigrement contre la marquise pour prendre sa place de favorite", relate Jean-Paul Vivier, conférencier à l'office du tourisme. Sa Majesté, préférant toutefois la conversation de Mme de Pompadour, renvoie la belle de Versailles en la mariant à un officier. 

     

     

     

    Des maisons closes au pied du château

    Difficile d'imaginer que la résidence qui se cache derrière l'hôtel Le Versailles, rue Sainte-Anne, abritait il n'y a pas si longtemps des lupanars. Jusqu'à la Révolution, ce quartier, où vécut Fénelon, est un fief de l'aristocratie. Mais au XIXe siècle, le lieu, laissé à l'abandon, est peu à peu colonisé par des ateliers d'artisans et des maisons closes qui attirent les soldats en garnison."

      

    La bonne société versaillaise juge l'endroit tellement épouvantable qu'elle fait installer une sorte de clôture électrique à l'entrée du quartier", raconte Jean-Paul Vivier. Au début des années 1960, le maire, André Mignot, n'y tenant plus, fait raser les bâtiments pour construire la résidence actuelle. L'honneur est sauf !

     

     

     

     

     

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    robespierre2.jpg

     

    Ce n'est pas l'histoire de la vie et de la mort de Robespierre que nous voulons écrire ; cette histoire est connue de tout le monde. C'est son portrait politique et moral que nous voulons esquisser, ne fût-ce que pour y remplacer par les ombres de la réalité ces rayons trop insolents dont un historien contemporain, M. Louis Blanc, lui a fait une auréole. L'avant-dernier volume de l’Histoire de la Révolution, publié par cet écrivain passionné, partial et subtil, est presque entièrement consacré à réhabiliter le tyran, déguisé en victime. Ce paradoxe est trop scandaleux pour que nous ne saisissions pas la première occasion qui s'offre à nous de démolir pièce à pièce cet habile mais fragile échafaudage, et de jeter à bas de sa colonne usurpée ce rhéteur sanguinaire qui ose aspirer à notre admiration.

     

    Eh quoi ! celui dont longtemps on n'a osé prononcer le nom, terrible comme la mort; celui dont on veut faire maintenant la dernière et la plus illustre victime du modérantisme; celui qui, nous dit-on, après avoir liquidé définitivement des haines toutes inspirées par l'amour de la patrie, allait inaugurer, sous son nom, le règne de la clémence, enfin permise par l'ordre et la victoire, le voilà lui-même, ce Robespierre maudit des mères, le voilà porté en triomphe en avant de Danton et de Joseph Lebon, qui profitent de l'indulgence dont on l'inonde et essuient tranquillement à leurs mains le sang de septembre et le sang de Cambrai!

     

    Le voilà, par l'appareil tragique et désespéré de sa longue agonie, par sa mâchoire brisée d'un coup de pistolet qu'il n'eût pas dû attendre, par ce: « Monsieur! » dit à ses derniers moments, où l'on veut voir puérilement la promesse et le regret d'une restauration romanesque, cherchant à surprendre la pitié qu'il avait si souvent insultée, et qui lui fit, par un affront plus cruel que la mort, si unanimement défaut, quand il passa sur ce tombereau où étaient passées avant lui tant de plus nobles victimes, qui avaient mérité et épuisé les larmes !

     

    J'aime ce respect des morts, même quand il est excessif et s'étend jusqu'à leur vie. Je rends hommage à ce goût des causes perdues, à cette sympathie pour les vaincus, pour les calomniés, qui respire si puissamment dans l'ouvrage de M. Louis Blanc. Ce n'est donc pas une fantaisie d'iconoclaste, c'est le sentiment impérieux de la vérité et le désir de venger la justice insultée, qui me forcent à porter la main sur ce trop élégant et trop harmonieux tombeau, où l'historien paradoxal prétend enfermer dans les parfums précieux de son style le crucifié de thermidor, et bercer pieusement, au bruit de louanges rétrospectives, ce sommeil qu'il goûte pour la première fois.

    Dès le mois de juin 1794 (10 prairial environ), dit M. Louis Blanc, Robespierre, las de meurtres et de blasphèmes, las de difficultés toujours renaissantes, et que semble activer, au lieu de les étouffer, la rosée de sang de la Terreur, cherche à rompre avec la cruauté et l'athéisme. Le fondateur du Comité de salut public s'absente, avec affectation, de ces délibérations meurtrières qu'il désavoue.

     

    En même temps, il cherche à ranimer dans les âmes, abâtardies par le culte abstrait de la Raison, la notion de l'Être-Suprême. Enfin, l'homme qui a sacrifié successivement les Constituants, les Girondins, les Hébertistes, les Dantonistes, se ravise et cherche à rogner sa part à la guillotine rassasiée. Le panégyriste déjà timide de septembre, s'efforce d'apprivoiser de nouveau les âmes à la clémence et de leur rapprendre le pardon. Il cherche à rallier, au dehors, à la cause de la Révolution triomphante les sympathies timorées de l'étranger. Il cherche à réconcilier avec le nouveau régime tout ce qui, de l'ancien, n'est point, par peur ou par haine, demeuré implacable. Il cherche, enfin, à constituer un gouvernement régulier, dont la Convention sera le siège, dont les Jacobins seront la voix, dont les comités seront les bras, et dont il sera la tête, le chef d'autant plus inviolable qu'il gouvernera sans le paraître.

     


      

    Oui, ce plan de tyrannie discrète et d'occulte domination dut être, à un certain moment de déception et de frayeur, le rêve favori de Robespierre. Oui, assis entre Couthon et Saint-Just, il put se voir, dans ses songes d'ambition et de paix, prenant le gouvernail de ce navire longtemps battu par la tempête, et enfin tenu à l'ancre par une obéissante majorité.

     

    Mais ce rêve, dont on lui fait un honneur, je lui en fais, moi, un crime de plus, et je ne puis que m'étonner au moins de cette admiration inattendue pour cette ambition intéressée, ou pour ce découragement habile, qui insinuèrent également, peut-être à la fois, à Robespierre, au promoteur révolutionnaire par excellence, le goût tardif de la modération et du repos. Et ce n'est pas parce qu'il a échoué, parce qu'il a été déçu, vaincu, que je l'accuse et le méprise : vainqueur, je l'accuserais et je le mépriserais bien davantage.

      

      

      

    J'oserais même le plaindre, si son tardif revirement, si son retour désespéré aux notions de justice et d'ordre eussent été consciencieux, sincères, s'ils n'avaient pas été la dernière illusion de son orgueil, le dernier effort de sa dissimulation; si celui qui fut opprimé n'avait pas opprimé les autres, si celui qui fut trahi n'avait pas commencé par trahir, si, dans la victime de thermidor enfin, je pouvais voir autre chose qu'un futur despote pris à son propre piège.


      

      

    Ce retour de Robespierre à l'humanité fut-il sincère, en effet, et fut-il désintéressé ? Robespierre voulut-il sauver la France, ou ne voulut-il que se sauver lui-même ? Pour nous, la question n'est point douteuse.

     

    Robespierre fut puni, par le coup d'État de thermidor, d'une politique toute de coups d'État. L'intimidation qu'il semait devant lui, depuis si longtemps, porta enfin son fruit sinistre. La Terreur lui avait donné, comme elle en donne au bourreau, une cour et des flatteurs. Elle ne lui laissa pas un ami, et, au jour où il faut être mille, il se trouva seul.

     

    Ne l'avait-il pas mérité, par son ambition inexorable, par sa duplicité homicide ? N'avait-il pas employé l'échafaud, depuis deux ans, à sa propre inviolabilité, sacrifié successivement, sur l'autel sanglant de la patrie quiconque lui faisait obstacle ou simplement ombrage ? Où étaient les Dupont, les Barnave, les d'Esprémesnil, les Bailly, les premiers et insensés fondateurs de la République ? Où étaient les Girondins, spirituelle, éloquente et ambitieuse cohorte, qui fut punie, par l'échafaud du 31 mai, de l'échafaud du 21 janvier, qui n'osa pas sauver le Roi, et ne put se sauver elle-même ?

     

    robespierre.JPG

     

    Où étaient les Hébert, les Chaumette, sacrifiés par Robespierre, non à sa croyance en Dieu, mais à sa foi en lui-même, non à sa religion, mais à cette politique tortueuse, par laquelle il aspirait à la dictature ? Où étaient enfin les Danton, les Camille Desmoulins, les Hérault de Séchelles, les Fabre d'Églantine ? Tous successivement, fatalement, n'étaient-ils pas passés, de la disgrâce des Jacobins à la disgrâce de leurs collègues, et la peur ne les avait-elle pas, l'un après l'autre, livrés à l'envie ?

      

    De toutes les premières gloires de la Révolution, de tous les organisateurs, de tous les orateurs, de tous les journalistes, de tous les poètes des premières et folles et fières années, en restait-il un debout, pour troubler et pour défier ce regard d'acier qui ne voyait la paix que dans la solitude, pour inquiéter ce Tartuffe républicain, comme l'appelait Fabre, qui eût peut-être inspiré à cet auteur dramatique, tué dans sa fleur, un chef-d'œuvre nouveau digne de Molière ?

     

     

      

      

    Tous étaient morts successivement, fatalement morts par Robespierre qui, seul désormais, entre Couthon et Saint-Just, pouvait impunément profiter de leurs idées, de leurs actions, de leurs projets, fauchés pour lui par la guillotine, s'envelopper largement dans cette popularité dont, lambeau par lambeau, il les avait dépouillés.

     

    Robespierre, en juin 1794, s'il s'arrêta, ou plutôt voulut s'arrêter, le voulut par orgueil ou par peur. Il voulut jouir du triomphe ou en pallier l'horreur. Il voulut savourer le pouvoir, ou faire oublier ce qu'il lui avait coûté. Robespierre ne chercha à arrêter la Révolution que lorsqu'il la crut parvenue à son terme, ou que le char armé de faux menaça de lui passer sur le corps. Mais Robespierre n'était qu'un homme, et de la Révolution, c'est-à-dire de la destruction, l'insensé, il avait fait un principe !


      

      

    La vérité est là. Si Robespierre avait voulu sincèrement arrêter la Révolution, il n'eût pas attendu à thermidor. S'il l'avait voulu avec ce désintéressement héroïque qu'on lui prête, pourquoi, au lieu de demeurer seul, ne s'entourait-il pas, au moment où ils sentait comme lui cet immense besoin de concorde, de pardon et d'oubli, des Dantonistes convertis ?

      

    Pourquoi, n'étendit-il point à Camille Desmoulins, coupable d'avoir prononcéle mot de clémence, cette absolution habile par laquelle il chercha à se rallier les voix des soixante-treize députés, rendus à leurs sièges ? La reconnaissance fut digne, au reste, du bienfait : « Pouvez-vous nous répondre du ventre? » demanda Billaut-Varennes à un des députés du Centre. « Oui, si vous êtes les plus forts, répondit-il.»

     

    Si Robespierre, sans être désintéressé, était seulement sincère, dans ces velléités conciliatrices, par lesquelles il cherchait à échapper à la solidarité sanglante qui l'entraînait malgré lui, pourquoi, le 8 thermidor, demandait-il encore des têtes ?

      

    Pourquoi, près de mourir, voulut-il, une dernière fois, constater par la terreur sa puissance qui lui échappait, et menaça-t-il, en tremblant déjà, comme disait Tacite, ses ennemis sans oser les nommer ?

     

     

      

      

    Ah ! c'est que, déjà environné de fantômes vengeurs, il se sentait entraîné par la triple fatalité de l'ambition, de la colère et de la peur.

     

    Donc, le 8 thermidor, il menaçait encore, ce tyran aveuglé qui, le 9, allait être menacé à son tour. Qu'on ne nous fasse donc pas de lui une victime de la modération et de la clémence, mais une dupe de la haine et de la peur. Qu'on ne dise pas que la lutte était à ce point engagée, qu'il fallait encore, à ce système sanguinaire, qui avait dévoré et englouti, comme le Minotaure, tant de nobles têtes, une dernière offrande pour l'apaiser.

      

    La preuve que Robespierre pouvait encore, aux premiers jours de thermidor, se montrer impunément calme, conciliateur, vengeur, c'est que ses ennemis, qui ne valaient pas mieux que lui, saisirent victorieusement ce rôle qu'il dédaignait, et qu'il fut égorgé au nom d'une réaction, habilement feinte, de justice et de pitié, par ses anciens complices, dont la libératrice hardiesse fit oublier tous les crimes, et que les larmes reconnaissantes de la France entière lavèrent, indignes sauveurs, de leurs ignominies.

     

     

    robespierre_guillotined_reign_of_terror_1794.png

     

      

    Tallien, Fréron, Barrère devinrent des hommes, presque de grands hommes, à la suite de ce coup d'Etat, ou plutôt de ce guet-apens, plus habile que courageux, du 9 thermidor. Si Robespierre, au lieu de se laisser surprendre, les eût devancés, les acclamations eussent été plus chaleureuses et plus unanimes.

     

    Mais non, il ne voulut pas, il ne sut pas, il n'osa pas. Il fit maladresse sur maladresse. Il tira un discours de sa poche quand il fallait, comme Tallien, tirer un poignard ; il parla quand il fallait agir; il discuta quand il fallait combattre; il fut au-dessous du mépris d'un Payan, des injures d'un Coffinhal. Ce héros qui voulait, dites-vous, sauver la France, il ne sut pas se sauver lui-même, alors qu'il le pouvait, alors qu'il avait la force pour appuyer ce droit qui semblait encore résider en lui.

     

     

     

     

      

      

    Il ne sut pas se sauver ; il ne sut pas même mourir, comme LeBas, et échapper, en singeant les stoïques Romains, à la main du bourreau. Echappé miraculeusement une première fois, il se laissa prendre au dévouement égoïste de ses amis, qui voulaient se cacher derrière lui.

     

    Il vint s'enfermer dans cette souricière de la Commune, et là, quand il pouvait, M. Louis Blanc l'affirme, faire l'insurrection d'un seul mot, d'une signature convoquer une armée; se sauver, non-seulement lui, mais les autres, sauver ceux qui allaient mourir pour lui; quand il pouvait, d'un seul coup, réaliser le rêve de toute sa vie, donner à son ambition la double excuse du salut public et de son propre salut ; mettre hors la loi cette Convention de brigands qui l'y avait mis, il hésita, il recula, il ne put signer que Ro... de son nom de Robespierre.

      

    Il attendit le coup de pistolet de Méda, et le réquisitoire de Fouquier-Tinville, et les insultes de toute une nuit et de tout un peuple, et la mort ignominieuse de la guillotine. Et tout cela, dites-vous, par d'héroïques scrupules de légalité ! Le mot est joli.

      

      

      

      

    L'égalité, quand on est attaqué par des assassins ! Quoi de plus légal que le droit de défense ?

    Si se défendre est illégal, c'est-donc légalement que mourut Robespierre.

    N'eût-il pas les honneurs légaux d'un décret de la Convention ? Son identité ne fut-elle pas légalement constatée ?

    et ne mourut-il pas de la main du tueur légal, de la main de Sanson ?

     

    M. De Lesccre.

     

     

     

      

      

    source : http://www.democratie-royale.org/article-robespierre-tyran-deguise-en-victime-77508681.html

     

     

      

     

    Projet de constitution de 1791 annotée par Robespierre

     



    Projet de constitution annoté de la main de Maximilien de Robespierre (1758-1794)

    La Constitution française : projet présenté à l'Assemblée nationale par les comités de constitution et de révision.

    Paris, Imprimerie nationale, 1791. In-4°, demi-chagrin brun,chemise et étui de maroquin rouge à grains longs.

    Encadrements de filets dorés et faisceaux de licteur dans les angles.

    Exemplaire personnel de Robespierre annoté de sa main.

    © Assemblée nationale

    Robespierre note les arguments du discours qu'il prononcera le 11 août 1791 : il s'agit de revenir sur le décret dit du « marc d'argent », adopté le 29 octobre 1789, qui a institué un suffrage censitaire à trois niveaux de contribution pour être citoyen actif, électeur et éligible. A la suite de son intervention, les députés supprimeront, le 27 août 1791, la condition du « marc d'argent » pour être éligible, mais ils maintiendront la distinction entre citoyens passifs, citoyens actifs et électeurs.

    La revendication d'un suffrage universel ne sera satisfaite, temporairement, qu'en 1792, après la chute de la royauté.

    http://www.assemblee-nationale.fr/histoire/constitution_robespierre.asp

     

     

     

     

     

     

     

     

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