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    Fichier:Portrait of a Lady, called Sophie Arnould (c. 1773) by Jean-Baptiste Greuze.jpg

     

     

    Madeleine-Sophie Arnould, née le 13 février 1740 à Paris où elle est morte le 22 octobre 1802, est une actrice et cantatrice française.

    Elle débuta en 1757, et se retira en 1778. Elle se distinguait, selon ses contemporains, par une expression vraie et une voix touchante. Elle acquit une grande célébrité par ses bons mots, dont Albéric Deville a fait un recueil intitulé Arnoldiana, ou Sophie Arnould et ses Contemporaines (1813), largement utilisé par les Goncourt.

    Mademoiselle Arnould n’était point jolie ; sa bouche déparait son visage, ses yeux seulement lui donnaient une physionomie où se peignait l’esprit remarquable qui l’a rendue célèbre. On a répété et imprimé un nombre infini de ses bons mots. (Élisabeth Vigée Le Brun)

    Elle créa le rôle éponyme d’Iphigénie en Aulide de Gluck.

    De sa relation adultère avec le duc de Lauragais, elle eut quatre[1] enfants, dont Antoine-Constant de Brancas, colonel du Premier Empire mort à Essling.

    Elle fit partie de la société chantante La Dominicale fondée par le célèbre chirurgien Louis et dont furent membres Vadé, Crébillon fils, Pierre-Yves Barré, Coqueley de Chaussepierre.

      

    Sources

    WIKIPEDIA

      

     

     

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  • Article de Monsieur Karim Ouchikh

     

    Du « passé », toujours faire table rase ! Effacer la mémoire d’un peuple qui avait noué au cours des siècles une relation bienveillante avec sa dynastie…
    De « la profanation révolutionnaire des tombeaux royaux de Saint-Denis »

     par Karim Ouchikh.

     

    Autres temps ? Et si, insidieusement, ces temps de profanation se poursuivaient ?

     

    La profanation révolutionnaire
    des tombeaux royaux de Saint-Denis

    « Les tombeaux de Saint-Denis » Nouvelle à lire dans « Les Mille et Un Fantômes »

    « La haine que l’on était parvenu à inspirer au peuple pour le roi Louis XVI, et que n’avait pu assouvir l’échafaud du 21 janvier, avait remonté aux rois de sa race ; on voulut poursuivre la monarchie jusqu’à sa source, les monarques jusque dans leur tombe, jeter au vent la cendre de soixante rois ». Dans l’une des nouvelles les plus singulières qu’il ait composées, Les Tombeaux de Saint Denis, Alexandre Dumas nous introduit de la sorte à l’évocation saisissante de l’un des épisodes les plus sombres de la Révolution française, qui n’en manqua guère : la profanation des tombeaux royaux qui furent pieusement conservés, depuis l’an 638, dans les murs de l’abbaye de Saint-Denis.

    En sonnant le glas du lieu de sépulture privilégié des dynasties royales, où reposaient quarante-deux rois, trente-deux reines, soixante-trois princes et princesses et dix grands du royaume de France, l’avènement de la République va briser instantanément rien moins que le fil d’Ariane de l’Histoire de France.

    *

    Ce funeste évènement doit être replacé dans sa juste perspective historique. « Si le droit des rois d’avoir une nécropole n’est pas remis en cause en 1789, après la chute de la royauté, le monarque et ses aïeux font figure de traîtres héréditaires et de corps étrangers à la Nation » (Le mythe de Saint Denis, Entre Renaissance et Révolution, Champ Vallon, 2007).

    Le 21 septembre 1792, la Convention décrète l’abolition de la royauté en France et proclame, le lendemain, « l’An I de la République française ». Dans les mois qui suivent l’installation du nouveau régime, la Convention s’emploie aussitôt, durant la Terreur, à faire table rase du passé en faisant partout disparaître les symboles royaux, des fleurs de lys aux armoiries royales, apposés sur les monuments, meubles et tapisseries, avant de s’en prendre aux statues des rois de France et aux tableaux rappelant le règne des Bourbons.

    Pierre Sylvain Maréchal, précurseur du calendrier révolutionnaire…

    En proie depuis des mois à la discorde des esprits et aux troubles de la rue, la population des faubourgs de Paris se déchaîne hélas sans peine pour les causes les plus incertaines. En véritables professionnels de l’agitation politique, les députés et les librettistes n’en ignorent rien. Profitant du climat antimonarchique qui règne alors dans les rues de la capitale, ils décident de lancer le peuple à l’assaut des sépultures des rois de France.

    Ainsi, à la fin de 1792, le pamphlétaire Pierre Sylvain Maréchal, qui fut un temps le compagnon de route de Gracchus Babeuf, réclame explicitement l’anéantissement des tombes royales dans les colonnes de son journal Révolutions de Paris : « Tandis que nous sommes en train d’effacer tous les vestiges de la royauté, comment se fait-il que la cendre impure de nos rois repose encore intacte dans la ci-devant abbaye de Saint-Denis ? Nous avons fait main basse sur les effigies de tous nos despotes. Aucune n’a trouvé de grâce à nos yeux. Statues, bustes, bas-reliefs, tableaux, dessins, gravures, toute image de roi a été soustraite à notre vue et nous souffrons que leurs reliques, précieusement conservées dans des cercueils de plomb, insultent aux mânes de quantité de bons citoyens, morts pour la défense de la patrie et de la liberté, et qui à peine ont obtenu les honneurs de la sépulture » (Louis Réau, Histoire du vandalisme, collection Bouquins, Robert Laffont, 1994).

    Bertrand Barère de Vieuzac, resté célèbre sous le simple nom de Barère. L’inspirateur, l’âme et le metteur en œuvre de la Terreur…

    Le 31 juillet 1793, à la tribune de la Convention, Bertrand Barère en appelle ouvertement, au nom du Comité de salut public, à la destruction des « mausolées fastueux qui sont à Saint-Denis » qui rappellent «des rois l’effrayant souvenir ». Le député emporte aisément l’adhésion d’une représentation nationale avant tout soucieuse de commémorer avec force les évènements du 10 août qui avaient renversé le trône avec la prise des Tuileries, perpétrée un an auparavant. Et de fait, le 1er août, la Convention nationale décrète aussitôt : « les tombeaux et mausolées des ci-devant rois, élevés dans l’église de Saint-Denis, dans les temples et autres lieux, dans toute l'étendue de la république, seront détruits le 10 août prochain ».

    L’entreprise de démantèlement des tombeaux est entamée avec célérité, le 6 août. Nommé alors commissaire chargé d'assister à l'exhumation, le moine bénédictin dom Poirier dresse le procès-verbal de ces macabres opérations : « Le nombre de monuments détruits du 6 au 8 août 1793 monte à cinquante et un : ainsi, en trois jours, on a détruit l’ouvrage de douze siècles ». Les tombeaux de Pépin le Bref et de Philippe le Hardi ne résistent pas à ces premiers outrages. Dans son tableau évocateur, La profanation, visible au Musée Carnavalet, le peintre Hubert Robert donnera ainsi à voir l’ampleur des destructions matérielles des caveaux royaux de l'église abbatiale de Saint-Denis commises par des révolutionnaires acharnés tant et plus à accomplir ainsi leur misérable dessein.

    Un temps suspendus, les saccages des sépultures royales de Saint-Denis reprennent et se poursuivent avec intensité du 12 au 29 octobre 1793, mais cette fois-ci avec une barbarie inégalée attendu que les dévastations des tombeaux doivent systématiquement s’accompagner désormais de l’exhumation sacrilège des cercueils et de l’effacement méthodique des corps qui s’y trouvent, sans plus de respect porté à l’égard des dépouilles des défunts.

    Un témoin :
    Parmi les profanateurs des sépulcres on reconnaissait un grand nombre d'ouvriers des Carmes, de la Force, et de l'abbaye, mais ici il manquait une grande joie aux septembriseurs, ils n'avaient à frapper que des rois, que des reines, que des princes et princesses de pierres, ici point de douleur, point de cris, pas d'agonie et surtout pas de sang. Le bruit que l'on entendait dans les souterrains de la mort, n'était que celui des pics de fer contre le granit et le marbre des tombes, mais les cris des victimes manquaient, ceux qu'on immolaient restaient muets dans leurs cercueils. Si des voix s'élevaient c'étaient celles des profanateurs, les éclats de rire, les jurements, les blasphèmes étaient hideux à entendre sous ces voûtes consacrées au repos de la mort.

    http://desaix.unblog.fr/2007/11/09/profanation-des-tombes-royales/

    Au même moment, le 16 octobre, la reine Marie-Antoinette monte dignement à l’échafaud, près de neuf mois après le martyre de son époux, Louis XVI.

    En ce terrible mois d’octobre 1793, des dizaines de tombes, celles des rois, des reines, des membres de la famille royale, aussi bien que celles des grands du royaume, sont ainsi semblablement profanées : cibles posthumes d’une mise à mort symbolique, les corps de Dagobert, Hugues Capet, Henri IV, Saint Louis, François 1er, Louis XIV, Isabeau de Bavière, Marie de Médicis, Charles Martel, ou ceux du connétable Bertrand du Guesclin et de l’abbé Suger seront livrés à cet instant, parmi tant d’autres victimes expiatoires, à une rage révolutionnaire, en apparence irrationnelle. Ces exactions ne cesseront qu’avec l’exhumation du corps du Cardinal de Retz, le 19 novembre 1793, puis de celui de Marguerite de Flandre, fille de Philippe V, le 18 janvier 1794.

    Aussitôt extraits des tombeaux dévastés, les cercueils sont ensuite délestés de leurs enveloppes de plomb, lesquelles seront alors fondues pour servir à l’armement. Un sort infâme est réservé à la plupart des corps exhumés : jetées pêle-mêle dans la chaux, dans l’inhumanité de fosses communes, ces dépouilles seront auparavant victimes, pour certaines d’entre elles, d’actes de malveillances inqualifiables commis par une foule de curieux venus nombreux assister aux profanations, à l’exemple des atteintes impardonnables qui seront portées à la dépouille du bon roi Henri IV dont la tête fut impitoyablement arrachée de son cadavre.

    Lorsque Bonaparte, durant le Consulat, puis Louis XVIII, sous la Restauration, feront le choix déférent, chacun pour des motifs différents, d’exhumer les restes des monarques et des dignitaires royaux pour les inhumer de nouveau à Saint-Denis, il leur sera impossible, à l’un comme à l’autre, de les identifier en grande partie de sorte que, ne pouvant être ensevelies de ce fait dans des sépultures individuelles, les reliques demeurées anonymes seront alors disposées solennellement dans un ossuaire placé dans la crypte de l’abbaye.

    Alexandre Lenoir, jeune, par Marie Bouliard

    Par l’effet heureux de la providence, les statues de marbre et de pierre subsisteront pour la plupart, quoique mutilées, grâce à l’intervention décisive autant que courageuse du jeune peintre Alexandre Lenoir qui parvint à les sauver d’une destruction certaine en les transférant, non sans difficultés, au dépôt provisoire des Petits-Augustins (actuellement l’Ecole des Beaux-arts) dont il fut le gardien, avec pour ambition de rassembler de la sorte les premières collections du tout nouveau musée des Monuments français.

    Alexandre Lenoir par David- vers 1815-1817


    Alexandre Lenoir est le témoin de la destruction des tombes royales, des ossements jetés dans une fosse. Il se bat contre le vandalisme révolutionnaire mais parvient à sauver du saccage les statues et les gisants qu'il fait entreposer au couvent des Petits-Augustins.

    En 1795, il ouvre au public le musée des monuments français, dont il est nommé administrateur et le reste pendant une trentaine d'années.

    En 1816, il est chargé par Louis XVIII de replacer les dépouilles royales et fut nommé administrateur des tombeaux de la basilique Saint-Denis.

    Cet ensemble de sculpture funéraire incomparable, comprenant plus soixante dix gisants et tombeaux monumentaux, réalisés entre le XIIème et le XVIème siècle, est aujourd’hui visible à l’abbaye de Saint-Denis

    Les tombeaux de métal, dont ceux, d’une égale noblesse, de Charles le Chauve et de Charles VIII, n’échapperont malheureusement pas à la fonte.

    En 1816, Louis XVIII entreprend de reconstituer la nécropole royale, en y transférant tous les tombeaux qui avaient été sauvés par Lenoir aussi bien que les rares corps royaux et princiers qui ont pu être alors retrouvés. La réhabilitation du caractère sacré de la nécropole royale de Saint-Denis, accomplie dans la fidélité à sa vocation séculaire, est complétée par d’importants travaux de restauration de l’édifice réalisés pour l’essentiel de 1813 à 1846 par l’architecte Françoise Debret puis, de 1846 à 1879, par Eugène Viollet-le-Duc qui s’appliquera, dans le même temps, à aménager non sans intelligence les emplacements des tombes royales, suivant une distribution qui subsistera jusqu’à ce jour.

    *

    Dans une histoire fertile en épisodes tragiques, la France n’a guère connu de précédents aussi puissamment destructeurs de son patrimoine artistique que celui qui s’est produit sur son sol avec l’iconoclasme dévastateur de 1793, hormis peut-être à l’occasion des actes de vandalisme qui furent contemporains à la crise politico-religieuse née de la Réforme au XVIème siècle.

    A dire vrai, l’irruption partout en France de l’iconoclasme antimonarchique demeure inséparable d’une mutation profonde des idées qui s’y est produite avec une radicalité singulière et dont les ressorts épousaient étroitement les errements idéologiques du moment : la période révolutionnaire avait accouché en effet rien moins qu’une conception inédite de la Nation dont l’incarnation, jusqu’alors confondue avec la personne sacrée du roi, devait s’identifier désormais au peuple souverain, seule autorité légitime à pouvoir en déléguer l’expression par l’intermédiaire, non plus de corps constitués, mais de ses représentants élus.

    Pour assurer le succès de cette ambition marquée du sceau de l’intransigeance et du sectarisme et conjurer tout risque de restauration du régime honni, le projet révolutionnaire s’était proposé alors, dans le sillage de son entreprise fanatique de déchristianisation des esprits, d’éradiquer partout en France les marques et symboles constitutifs de la société d’Ancien Régime, en détruisant méthodiquement pour cela les tombeaux de ses souverains qui avaient symbolisé pareillement une monarchie française fondée sur le principe de continuité dynastique.

    Cette interprétation condamnable des réalités du monde de ce temps avait si tristement inspiré les révolutionnaires de 1793, dans leur propension criminelle à extirper de la conscience de leurs contemporains la relation bienveillante que chaque Français entretenait intimement avec la royauté, qu’elle les avait déterminés à se livrer sans aucun scrupule aux horreurs des profanations et des exhumations et à porter de la sorte une atteinte irréparable à l’intégrité des tombeaux de la nécropole royale de Saint-Denis.

    « Il y a des temps où l’on ne doit dépenser le mépris qu’avec économie, vu le grand nombre de nécessiteux ». Cette citation admirable de Châteaubriand ne résume-t-elle pas au fond parfaitement le sentiment de révolte de ceux qui, nombreux, ne peuvent se résoudre à pardonner, non plus qu’à oublier, cette folie destructrice qui a troublé le repos des âmes des défunts qui en ont été les infortunées victimes, non sans priver autrement la France d’un inestimable patrimoine culturel, aujourd’hui définitivement perdu ?

    Karim Ouchikh
    18 septembre 2010

     

     

     

     

    "Que vont-ils faire de ces restes sacrés ? Sans pitié ils arrachent de leur séjour, ils en dispersent les touchans lambeaux. Et pourquoi tourmentent-ils ainsi la mort ? C'est pour conquérir le plomb du cercueil; et les voilà qui, les flammes à la main, se hâtent de lui enlever ses formes funéraires, et de le liquéfier ! Méprisable victoire ! Hélàs ! la piété ose à peine verser sur tant de pertes une larme; mais elle gémit en silence de ce sacrilège; car elle a cru sur tous les monumens ces mots écrits sur celui de Chilpéric : Chilpéric vous prie de ne pas enlever ces ossemens de cet asile." 1793

    Cet ouvrage est un témoignage poignant d'une histoire que beaucoup on souhaité oublier tant elle est "honteuse", mais c'était aussi l'histoire de la Révolution Française.

     

    SOURCES

    http://www.montjoiesaintdenis.fr/articles/article102.php

     

     

     

     

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    LE XVIIIème SIECLE : Le siècle des Lumières.. le THEATRE

    LE XVIIIème SIECLE : Le siècle des Lumières

    Siècle des Lumières, terme qui désigne le XVIIIèmesiècle en tant que période de l'histoire de la culture européenne, marqué par le rationalisme philosophique et l'exaltation des sciences, ainsi que par la critique de l'ordre social et de la hiérarchie religieuse, principaux éléments de l'idéologie politique qui fut au fondement de la Révolution française.
     
    L'expression était déjà fréquemment employée par les écrivains de l'époque, convaincus qu'ils venaient d'émerger de siècles d'obscurité et d'ignorance et d'entrer dans un nouvel âge illuminé par la raison, la science et le respect de l'humanité.

    L’un des textes fondateurs qui inaugure le mouvement des Lumières en France est le Dictionnaire historique et critique de Pierre Bayle (1647-1707). Son appel à la tolérance, à la lutte contre les superstitions et les préjugés, va inspirer tout le mouvement de pensée du XVIIIème siècle et le Dictionnaire historique et critique va devenir l'arme privilégiée du camp des "philosophes". L'Encyclopédie de Diderot (1713-1784) et d'Alembert (1717-1783) reprendra à son compte le militantisme philosophique et le combat contre l'obscurantisme, le dogmatisme, le fanatisme et le despotisme.

     

    LE XVIIIème SIECLE : Le siècle des Lumières.. le THEATRE

    Les idées de Pierre Bayle trouveront aussi un écho puissant chez Montesquieu (1689-1755), qui introduit en philosophie politique des notions décisives, Voltaire(1694-1778), héros de la lutte contre l'obscurantisme et les préjugés, et surtout chez Condorcet (1743-1794) le théoricien de l'idée de progrès chère aux Lumières. D'un point de vue plus strictement philosophique, un courant se développe, incarné par Etienne Bonnot de Condillac (1715-1780), représentant éminent de l'empirisme français, et qui trouve un prolongement matérialiste avec Helvétius (1715-1771), d'Holbach (1723-1789), La Mettrie (1709-1751) et Diderot.

    Alors que la vie sur Terre était menacée : perte, épidémie, famine, on croyait au bonheur après la mort. La classe montante était la bourgeoisie, elle va demander plus de liberté et la fin des privilèges. Les idées de l'époque étaient le progrès et la justice. A coté du courant rationaliste, il y a un côté d'ombre. C'est l'éclosion de plusieurs nouvelles écritures.

    De tous ces courants se détache la figure originale de Jean-Jacques Rousseau (1712-1778) qui occupe une position transitoire dans le mouvement des Lumières. Après Rousseau, qui est à l'origine de la pédagogie moderne, il y a l'éclosion de la sensibilité, avec le courant romantique Rousseau est un penseur marginal ("Je").

     

    1) Le théâtre au 18ème siècle : un phénomène de société

    LE XVIIIème SIECLE : Le siècle des Lumières.. le THEATRE

     

    Que ce soit à Paris ou en province, les nobles et bourgeois aisés apprécient le théâtre. A Paris, ils se rendent dans l’un des quatre théâtres de la ville :

    - L'Opéra

    - Le théâtre des Italiens (rappelé en 1715)

    - L'Opéra Comique

    - La Comédie Française

    De plus, les théâtres de foire et les théâtres de boulevard prolifèrent.

    En province, on trouve peu de théâtre mais pendant la Régence, ceux ci se multiplient ; on y joue les mêmes types de pièce qu’à Paris.

    De 1715 à 1750, il y aura 266 créations théâtrales : un record !
     

    2) Les conditions du spectacle

    La scène est rectangulaire ou trapézoïdale, les risques d’incendie sont élevés, la scène étant éclairée par des bougies. Les spectateurs sont debout sur le parterre, on trouve des places sur la scène même, et ce, jusqu’en 1759.

    Il n’y a pas de metteur en scène, souvent le dramaturge est chef de troupe. Beaumarchais, sera le premier metteur en scène à se nommer comme tel.

    Les représentations se font à 17 heures avec deux œuvres : une longue et une plus courte.

    Le public est constitué d’habitués et de versatiles (surtout les provinciaux et les étrangers).

    La « claque » impose toujours sa loi.

    La condition des acteurs et leur niveau de vie augmente peu à peu.

     

    3) Les auteurs

     

    Les œuvres ne sont pas protégées et la notion de droits d’auteurs n’a pas encore été exploitée.
     

    On distingue :

    - les acteurs-auteurs (comme Dancourt)

    - les auteurs riches (comme Voltaire)

    - les auteurs qui aspirent à vivre du théâtre (comme Marivaux)LE XVIIIème SIECLE : Le siècle des Lumières.. le THEATRE
     

    Pour la comédie, trois auteurs se détachent :

    - Regnard

    - Dancourt

    - Dufresny
    Puis une nouvelle génération d’auteur fait surface :

    - Destouches

    - D’Orneval

    - Marivaux

    En 1756, la comédie devient de plus en plus moralisante
     

     

     

    4) La censure
     

    Elle est plus que jamais la règle, elle se fait soit :


    C’est dix-neuf ans après la mort de Louis XIV, qui avait chassé la troupe des Comédiens Italiens, que le Régent les rappelle ; la troupe s’installera à l’hôtel de Bourgogne. En 1762, la troupe des comédiens Italiens fusionnera avec celle de l’Opéra comique.

    A partir de 1773, le théâtre français attaque la troupe ce qui conduira, en 1779, à l’interdiction de représenter des pièces italiennes. Le théâtre des Italiens, dont la particularité est la présence d’une fosse d’orchestre qui conduit à un espace de jeu réduit a longtemps utilisé le masque en guise de costumes

      

      

      

     

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    Du sang royal probablement caché à l'intérieur d'une gourde

     

    Datant de la Révolution française, cette gourde est censée contenir le sang de Louis XVI, recueilli peu de temps après son exécution.

    La gourde, utilisée à l'origine pour stocker de la poudre à canon, a été largement décoré à l'extérieur avec un outil chauffant. Le texte gravé sur la surface: "Maximilien Bourdaloue le 21 Janvier, trempa son mouchoir dans le sang de Louis XVI après sa décapitation".
     
     
     
    Une nouvelle étude est donc entrain de déterminer si cette gourde peut contenir le sang de Louis XVI, qui a été exécuté par la guillotine en 1793.
     
    L'étude montre comment l'analyse génétique peut fournir de nouvelles preuves historiques indépendant des autres sources d'information traditionnelles.
     
    "Il est décrit dans les comptes contemporains qu'il y avait beaucoup de sang dans l'échafaud après la décapitation et que beaucoup de gens allaient là pour tremper leurs mouchoirs dans le sang", explique Carles Lalueza-Fox, auteur principal de l'étude et chercheur à l'Institut espagnol de biologie évolutive (Unitat de Biologia Evolutiva).
     
    Le mouchoir est maintenant absent de la gourde, mais Lalueza-Fox et son équipe ont identifié une substance brunâtre à l'intérieur de celle-ci. Des tests biochimiques ont déterminé que la substance était du sang séché.
     
    Lalueza-Fox se rappelait que le roi était connu pour ses yeux bleus, souvent mis en valeur dans les peintures. Il a alors eu l'idée de rechercher la mutation des yeux bleus dans l'ADN du sang séché. Les scientifiques ont découvert cette mutation dans un gène appelé HERC2. Les chercheurs ont également analysé d'autres aspects des gènes du sang, tels que son profil d'ADN mitochondrial, le profil de son chromosome Y et quelques autres marqueurs.
     
    Tous ces aspects ont révélé que le profil ADN "trouvé à l'intérieur de la gourde est extrêmement rare chez les Eurasiens modernes", suggérant qu'il pourrait provenir de lignée royale.
     
    "Nous avons effectué une analyse du sang de la «personne» qui est à l'intérieur de la calebasse pour lesquels nous avons des preuves historiques suggérant que ce serait le roi, mais pour preuve définitive nous avons besoin de quelqu'un pour comparer les résultats" ajoute Lalueza-Fox.
     
    Par chance, un organe d'une telle personne existerait: un coeur situé dans une crypte royale française est censé appartenir au fils du roi, Louis XVII, qui est décédé alors qu'il n'avait que 10 ans.
     
    La gourde a aussi, gravés, les noms des figures clés de la période révolutionnaire: Georges Danton, Jean-Paul Marat, Camille Desmoulins, Louis-Sébastien Mercier, Joseph Ignace Guillotin, Maximilien Robespierre, Bernard-René de Launay, Jacques de Flesselles et Joseph Foullon.


    «Cela peut paraître étrange aujourd'hui, mais pour une personne assistant à l'exécution, l'une de ces gourdes à poudre était un récipient acceptable pour préserver quelque chose de précieux», explique Lalueza-Fox.
     
      
    Source:

      

     

    LOUIS XVI - découverte d'une gourde remplie du sang du Roi, après son exécution.Né à Versailles en 1754, mort en 1793, roi de France de 1774 à 1791, Louis XVI est le petit fils de Louis XV. Orphelin de père à onze ans et de mère à treize ans, il fut élevé par son précepteur Mgr de Coetlosquet et par le duc de La Vauguyon. Il reçut une éducation très conservatrice et très religieuse, au sein d’une cour où dominait la Marquise de Pompadour.

     

    Ayant peu de goût pour la guerre, il se passionnait pour la chasse et les travaux artisanaux ( en particulier la serrurerie ). Le futur Louis XVI est intelligent, instruit, mais manque de caractère et sa timidité presque maladive lui fera adopter des attitudes hésitantes et contradictoires. Marié en 1770 à l’archiduchesse Marie-Antoinette, fille de François 1er empereur d’Autriche , il eut quatre enfants, mais deux mourront en bas-âge.

     

    Sacré le 10 mai 1774, il souhaite rompre avec les habitudes de débauche de la Cour, et ce roi de vingt ans, vertueux, un peu maladroit s’attire en ce début de règne, les sympathies et l’affection du peuple. Il forme une nouvelle équipe gouvernementale avec Turgot aux finances. Cependant, il se refuse à effectuer les réformes modernistes proposées.

     

     
     

     

    Turgot fut renvoyé en mai 1776.

    Le Genevois Jacques Necker, fut nommé directeur général des finances en 1777, mais il ne parvint pas plus que son prédécesseur à imposer les réformes nécessaires et la publication en 1781 de son Compte-Rendu décrivant l’état exact des finances du royaume lui valut son renvoi.

     

    La politique extérieure, permet de retrouver le prestige perdu par les défaites successives du règne précédent. La lutte des treize colonies d’Amérique obtient le soutien officiel du gouvernement. Louis XVI signe avec Benjamin Franklin un traité d’amitié en 1778, tandis que de jeune aristocrates comme La Fayette ou Rochambeau, s’engagent activement dans les mouvements de libération. Les Français apportent une aide réelle à Georges Washington. Cette politique menée également aux Indes et en Europe entraîne un déficit budgétaire important ( 1 milliard de livres ont été dépensées rien que pour l’indépendance américaine !)

     

     

    La crise financière se double d’une crise morale, politique et sociale. Les débordements et le gaspillage de la Cour, la baisse des revenus agricoles, le manque de réformes fiscales, font que le mécontentement populaire s’accentue porté par des oeuvres comme « le mariage de Figaro » de Beaumarchais et amplifié par des scandales comme l’affaire du Collier de la Reine 1785.

     

    Le roi mal entouré, d’une indécision constante, ne sut pas faire face à la montée révolutionnaire. Face à une agitation grandissante charge Loménie de Brienne de convoquer les Etats Généraux. Dès la convocation faite, Louis XVI le renvoie et rappelle Necker.

     

    Par un Edit du 8 août 1788, Brienne convoque les Etats Généraux pour le 1er Mai 1789. Lors de leur ouverture , le 5 mai 1789, Louis XVI refuse de répondre à la question du système de vote ( par ordre ou par tête )

     

     

    Ce qui provoque une totale désillusion au sein de la bourgeoisie, et impuissant devant la contestation, il accepte alors la proclamation des Etat Généraux en Assembler Nationale, invitant la Noblesse et le Clergé à s’y associer.

     

    Le 17 juin 1789 les Communes décident de se transformer en l’Assemblée Nationale, ce qui sonne le glas de l’absolutisme royal : la Révolution est en marche.

     

    Le 9 juillet l’Assemblée nationale se proclame constituante. Le 17 juillet 1789 Louis XVI renvoie Necker pour la seconde fois et le remplace par la baron de Breteuil, un contre-révolutionnaire notoire. Cette provocation ajoutée aux problèmes économiques rencontrés par les parisiens, déclenche les évènements de juillet.

     

    En octobre le peuple se rend à Versailles pour ramener la famille royale à Paris, et le 14 juillet 1790 le roi prête serment de fidélité à la Nation durant la fête de la Fédération, mais la Constitution Civile du Clergé heurte sa conscience de chrétien.

    LOUIS XVI - découverte d'une gourde remplie du sang du Roi, après son exécution.

     
    Exécution de Louis XVI

     

     

    Il décide de fuir à l’étranger mais est arrêté à Varennes la nuit du 20 au 21 juin 1791. Suspendu de ses fonctions durant un mois, il devient « rois des français » le 14 septembre 1791 après avoir juré fidélité à la Constitution.

     

    De nombreuses maladresses et des contacts mal dissimulés avec les chancelleries étrangères, ne firent qu’augmenter l’hostilité des révolutionnaires, et le 10 août 1792, les Tuileries sont prises, le roi est arrêté : c’est la chute de la royauté.

     

    Déchu, prisonnier au Temple, Louis XVI appelé par dérision Louis Capet, est accusé de « conspiration contre la liberté publique » et jugé par la Convention. Ses défenseurs : Malesherbes, Tronchet et Romain de Séze ne peuvent le sauver .

     

    Sa culpabilité fut reconnue à la majorité : 387 voix contre 334. Condamné à mort, il fut exécuté sur la place de la Révolution actuellement place de la Concorde le 21 janvier 1793.

     

    par Webmaster

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    Au soir du cinq octobre, Marie-Antoinette ne sait plus quoi penser.

     

    Elle a peur... et elle a raison.

     

    C'est sa dernière nuit à Versailles.

    http://membres.lycos.fr/madameroyale/6oct.jpg

     

    Madame de Tourzel et les dames de service cette nuit là avaient reçu pour ordre de mener les enfants royaux chez leur mère à la moindre alerte.

     

    Marie-Antoinette ne semble pas encore comprendre que son mari est aimé, que c'est à elle qu'on en veut.

     

    Sur le coup de onze heures, elle annule son ordre et commande d'emmener les Enfants de France chez le roi, où ils seront en sécurité.

     

    Ils dorment, et tout le monde espère que les malheureux évènements du 5 seront bel et bien finis.

     

    La Reine, à qui l'on a conseillé de dormir chez son mari, préfère attirer la foule vers elle. Les rumeurs vont et viennent, se contredisent.

     

    Enfin Marie-Antoinette, sur les deux heures du matin, va se coucher pensant qu'il ne se passera rien, et conseille à tout le monde d'en faire autant.

     

     

    Vers six heures, les attaques recommencent. "Point de quartier! Tue! Tue" hurle-t-on.

     

    La masse populaire tranche la gorge de tous ceux qui sont sur son passage.

     

    Ce sont d'abord les sentinelles de l'appartement de Mesdames, c'est ceux du grand escalier que les suisses et autres gentilshommes défendent corps et âme.

     

    La foule avide de sang - et de pain- a tout envahi, cours intérieures, jardins, et avance toujours plus loin jusqu'aux appartements de la Reine.

    "Il nous faut le coeur de la Reine! Prenons ses entrailles pour en faire des cocardes!"

     

    Plusieurs gentilshommes, blessés, ont heureusement le temps de crier

    "Sauvez la Reine! Sauvez-la!"

     

    Mme Thibaut, première femme de chambre de Marie-Antoinette, ne s'était pas couchée.

     

    Elle réveille la souveraine et lui fait passer une robe.

     

    Elles partent par le petit passage secret situé à la droite du lit.

     

    Peu de temps après, la populace défonce les portes et martèle de piques le matelas vide.

     

    S'ils découvrent les passages qui mènent aux petits appartements, c'en est fait.

     

    Heureusement, ce n'est pas le cas.

    http://www.diagnopsy.com/Revolution/images/0131.jpg

    La Reine arrive donc chez le Roi... et n'y trouve pas ses enfants. M. de Sainte-Aulaire a couru vers les appartements du jeune Louis-Charles où veille Madame de Tourzel.

     

    Tous trois reviennent sans incident chez Louis XVI.

     

    On se soucie moins de Madame Royale, car il est certain que ce n'est pas chez elle qu'ira ce peuple en déroute.

     

    La reine n'est pas de cet avis, et prend l'un des escaliers intérieurs pour descendre chez sa fille et la jeune Ernestine.

     

    N'oublions pas que leurs appartements donnent sur la cour de marbre!

     

    Elle y trouve les filles de Mme de Tourzel veillant sur ces enfants de onze et dix ans.

     

    Tout le monde chez le Roi, dont l'appartement n'est pas encore forcé, les gardes se relayent.

     

    Courageusement, ils attendent la mort, et beaucoup périront lors de ces attaques.

     

    Leurs fils, leurs filles seront condamnés au Tribunal Révolutionnaire.

     

    Mais tout cela prend fin: la Garde Nationale de Paris charge le peuple, qui est reflué vers la cour de Marbre.

     

    Que se serait-il passé si la charge avait eu lieu la demi-heure précédente, Madame Royale dans ses appartements?

    http://membres.lycos.fr/madameroyale/images/6oct.jpg

     

    La famille royale réunie, on se concerte.

     

    Debout sur une chaise, Louis-Charles joue avec les longs cheveux défaits de sa soeur.

     

    Il a faim.

     

    Elle sait qu'il ne faut rien demander.

     

    A côté d'eux, la soeur d'adoption de Madame Royale, dont le père officiel court en ce moment dans Versailles pour défendre la Reine.

     

    C'est Ernestine Lambriquet.

     

    Dans Versailles, les rumeurs courent: on assure, nous dit un député du Tiers, que la Reine est partie dans une voiture grise, prenant la route de Saint-Cyr.

     

    Elle est pourtant toujours au château; la dame dans la voiture était Mme de Saint-Priest, qui devait accoucher et dont le mari était aux côtés du Roi.

     

    Les gardes meurent les uns après les autres.

     

    Ecoeuré, Louis XVI ouvre les portes-fenêtres de son appartement et se montre au Balcon donnant sur la Cour de marbre.

     

    Ses défenseurs, restés avec lui, jettent leur bandoulière à terre et crient

    "Vive la Nation!"

     

    Le peuple se calme et invite la garde à descendre dans la cour de marbre pour faire la paix.

     

    Pendant ce temps, toute la Famille Royale, les tantes du Roi, Madame Élisabeth, et les habitants du château se retrouvent chez le Roi.

     

    Il discute avec la Fayette: faut-il quitter Versailles pour s'installer à Paris?

     

    Après quelque temps de débat, le Roi se présente à nouveau au balcon et annonce sa décision au peuple. "L'ivresse de cette multitude fut à son comble" nous dit Mme de Tourzel.

     

     

    Mais cela ne suffit pas; si les hommes sont contents, les poissardes et les dames de la Halle sont toujours là.

     

    De la cour de Marbre, elles demandent à voir la Reine.

     

    Marie-Antoinette s'exécute, tenant par la main le Dauphin et Madame Royale.

     

    On la regarde avec fureur.

     

    "Faites rentrer les enfants!"

     

    C'est vraiment à la Reine qu'on en veut. Si Louis XVI est admiré par le peuple et conserve sa réputation méritée d'homme bon et généreux, la Reine est haïe.

     

    Une députation est nommée pour accompagner la famille royale à Paris.

     

    On part donc entre une heure et demie et deux heures.

     

    "Le Roi, nous dit Adrien Duquesnoy, était dans une voiture, dans le fond à droite, la Reine à gauche, Monsieur le Dauphin sur ses genoux, Madame entre le Roi et la Reine. Monsieur et Madame (NDW: de Provence) au milieu, Madame Victoire et Madame Élisabeth sur le devant."

     

    Et le député de conclure

    "Qu'on pense à ce très étonnant spectacle et qu'on dise si l'histoire en offre un pareil!"

     

    Madame de Tourzel, si elle confirme que le Roi et la Reine étaient avec leur fille, précise

    "J'étais sur le devant, tenant sur mes genoux M. le Dauphin, et Madame (de Provence) était à côté de ce prince.Monsieur et Madame Elisabeth étaient aux portières."

     

    Entourée par la Fayette et d'Estaing, la voiture, après six heures de pure folie, arrive à Paris.

     

    Précédée par la populace, elle ne voit pas les deux piques sur lesquelles sont plantées les têtes de Des Huttes et De Varicourt.

    http://www.diagnopsy.com/Revolution/images/0139.jpg

     

    On arrive à Passy.

     

    Au balcon d'un hôtel richement meublé, quatre jeunes gens et leur gouvernante regardent la scène, mi amusés, mi dépités.

     

    Ce sont Mme de Genlis, le jeune Louis-Philippe d'Orléans, ses frères Antoine et Alphonse et leur soeur Adélaïde, âgés de 16, 14, 10 et 12 ans.

     

    Leur père, le futur Philippe-Egalité, a demandé qu'on leur fasse assister à la scène.

     

    Le voyage n'est qu'une série d'insultes.

     

    A la barrière de Chaillot, Jean-Sylvain Bailly, le maire de Paris, présente les clefs de la ville à Louis XVI.

    "Quel beau jour, Sire, que celui où les parisiens vont posséder dans leur ville Votre Majesté et sa famille!" déclare-t-il.

     

    Notons bien ce mot de posséder.

     

    C'est ce sentiment là qui insupporte le Roi, et qui lui fera choisir, dans un an et demi, de quitter Paris pour Montmédy.

     

    On compte partir de suite aux Tuileries, mais Bailly s'enflamme et supplie le Roi de se rendre à l'Hôtel de Ville.

     

    La foule est si dense qu'on descend place de Grève et marche jusqu'à la Mairie.

     

    On crie "Vive la Famille Royale"... puis tout en détail, le Roi, la Reine, le Dauphin, Madame Royale, les Provence... tout le monde y passe.

     

    Bailly présente au Roi un nouveau discours.

     

    Tout le monde est épuisé.

     

    La séance se termine par un "Vive le Roi"

     

    A tel point qu'on pourrait croire que c'est une fausse alerte, et que tout sera comme avant.

     

    Grave erreur.


    La Famille Royale est conduite aux Tuileries.


    Le château est désert.

     

    Volets et portes n'avaient pas été fermés depuis Louis XIV.

     

    L'horloge est arrêtée.

     

    Versailles, symbole de la royauté, est devenue une ville morte.

      

    SOURCES

    superbe blog

    http://decroyhavre.over-blog.com/article-27920897.html

      

     
     
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     File:Hans Axel von Fersen2.jpg

    Le grand départ :

     

    C'est le 3 juin 1770 que le jeune comte Hans-Axel von Fersen quitte la Suède pour la première fois. Il est le fils aîné du maréchal Frédérik-Axel Von Fersen, l'homme le plus riche et le plus influent de Suède sur le plan politique. Comme tout jeune aristocrate respectable, il entame son tour d'Europe. Il part étudier à l'étranger dans des académies et des écoles de guerre. Il n'a que quatorze ans. C'est également ce jour-là qu'il commence son journal qu'il n'achèvera qu'en 1808.

     

    Bien qu'une multitude de notes aient été détruites pendant la Révolution, le journal contient plus de 20 000 pages (Les notes entre 1779 et 1791 ont été détruites par le valet de chambre du comte). Axel de Fersen traverse le Danemark, passe par l'Allemagne, l'Italie, Paris et Londres.

     

    En Allemagne, il s'inscrit à l'académie et commence ses études tout en préservant ses loisirs. Il se rend à la Cour et assiste à de nombreuses réceptions. Il accueille le prince Charles, frère du Roi Gustave III de Suède, en visite. Il reçoit alors son premier grade militaire suédois, il est caporal au régiment des hussards de la garde. En janvier 1771, il reçoit encore des princes suédois en visite, sa courtoisie et son dévouement lui valent un autre grade. Il est fait membre du corps des officiers de la garde Royale.

     

     

     

      

      

    Il quitte enfin l'Allemagne et se rend à Strasbourg pour des études militaires. Il apprend le droit naturel, le Français, l'Allemand, les mathématiques et l'histoire de l'art militaire. Puis il continue son voyage en passant par la Suisse où il a la chance de rencontrer Voltaire, le plus grand philosophe de son temps.

      

    Sa prochaine étape, Turin, en Italie, où il reste dix-sept mois, sera un très bon souvenir pour Fersen. Il apprend l'Italien et suit des cours à l'académie de médecine. Il est présenté au Roi Charles-Emmanuel III. Il fréquente l'académie militaire, mais aussi le théâtre, l'opéra et les dames de Turin qui le fascinent.

     

    Il passe par Rome et par Naples où il rencontre la reine Marie-Caroline, sœur de la princesse Marie-Antoinette. A la fin de son séjour en Italie, Fersen parle Allemand et Italien.

    En 1773 il est nommé porte-étendard au régiment de cavalerie de Smäland et promu lieutenant la même année. Grâce à son père il est également lieutenant à la suite du Royal Bavière, un régiment Français.

      

     

    En 1774, Axel de Fersen arrive à Paris. Il vient de faire 18 ans. Il s'installe non loin de l'université avec son précepteur et ses domestiques. Il est reçu par l'ambassadeur de Suède, Creutz, qui le présente à la Cour de Versailles. Fersen s'enivre des plaisirs parisiens, il va aux bals masqués de l'opéra, au théâtre. Il s'inscrit à la Sorbonne et suit des cours de physique et de sciences naturelles. C'est pendant ses cours qu'il fait la connaissance de la fille de Diderot. Marie-Angélique Diderot.

    Fersen la décrit comme « joyeuse, intelligente, mais pas belle ». Lors d'un dîner il rencontre l'ambassadeur d'Autriche, le comte de Mercy, celui-ci lui déplait et tous ces dîners sont très ennuyeux selon Fersen. C'est à cette époque qu'il rencontre aussi Catherine Leijel, anglaise d'origine suédoise, de très bonne famille. D'ailleurs leurs deux familles se connaissent et sont en relations.

     

     File:Marie Antoinette in Muslin dress.jpg

     

     Marie-Antoinette :

     

    En janvier 1774, Axel de Fersen rencontre la princesse royale Marie-Antoinette à Versailles à un bal où il est invité, c'est la première fois qu'il la voit. Le jeune Comte de Fersen préférait les manifestations moins traditionnelles et surtout moins ennuyeuses. C'est le 30 janvier, au Bal de l'Opéra qu'il revoit Marie-Antoinette, Louis le prince héritier et son frère, le Comte de Provence.

      

    Travel “alarm clock” c. 1788 by Charles Le Roy. Marie-Antoinette is believed to have ordered this watch as a gift for the man thought to be her lover, Count Axel de Fersen, Ambassador and Marshall of  Kingdom of Sweden.

      

    Ils sont tous masqués et dans un premier temps, Fersen ne reconnaît pas la jeune Dauphine avec laquelle il plaisante pendant plus d'une demi-heure. Il dira dans son journal « Lorsqu'elle fut enfin reconnue et donc très entourée, elle se retira dans sa loge. Je suis parti à trois heures ».

     

    A cette époque Axel de Fersen est un jeune homme grisé par les plaisirs faciles et l'amusement, ses notes écrites hâtivement durant cette période en témoignent. Il se partageait entre bals, déjeuners, rendez-vous galants. On est bien loin du beau suédois totalement fasciné dès le premier jour par la beauté de Marie-Antoinette, se vouant corps et âme à un amour impossible ! Une chose est pourtant sûre, il a été captivé par la cour de Versailles et la France. En Mai 1774, il part en Angleterre et étudie l'Anglais et l'Histoire. Il ne cesse de faire part de sa déception et fait des comparaisons avec la France.

    « Quoique prévenu, je ne fut pas moins frappé de la différence totale qu'il y a entre ces deux nations voisines et qui est d'autant plus sensible qu'elle est subite. Je ne jugerai ni pour l'une, ni pour l'autre, il y a du bon et du mauvais des deux côtés. Ce que je sais c'est que malgré les raisons que j'avais de regretter l'Angleterre, je fus fort aise de revoir la France ».

     

    Il retourne en Suède en décembre 1774 et obtient le titre de Capitaine dans l'Armée en mai 1775. En Mai 1778, avec la permission de son père, il retourne à Londres pour demander la main de Catherine Leijel. Celle-ci refuse, prétextant ne point vouloir quitter l'Angleterre. En vérité, elle est éprise de quelqu'un d'autre.

    C’est la seule demande en mariage qu'il fera au cours de sa vie.

     

     

     

      

    En Août 1778, il est de retour en France et à Versailles. Dans une lettre à son père il mentionne « La Reine qui est charmante, dit en me voyant : Ah, c'est une ancienne connaissance !...Le reste de la famille ne me dit pas mot ». Cette remarque de Marie-Antoinette touche beaucoup Fersen, qui est aussitôt introduit dans le cercle de la Reine.

      

      

    Il écrit de nouveau à son père le 8 septembre « la Reine, qui est la plus jolie et la plus aimable princesse que je connaisse, a eu la bonté de s'informer souvent de moi ; Elle a demandé à Creutz pourquoi je ne venais pas à son jeu le dimanche (…)

      

    Sa grossesse est très visible » . En effet, Marie-Antoinette attend son premier enfant, Madame Royale qui naîtra le 19 décembre 1778.

     

    Marie-Antoinette in a redingote, c. 1780, drawing, gift from Axel de Fersen to his sister Sophie 

    Marie-Antoinette aimait s'entourer d'étrangers à Versailles. Dans son cercle, des noms reviennent souvent, comme Esterhazy, le baron de Stedingk ou encore Fersen.

    Elle dira « Ceux-là ne me demandent rien ».

    En effet, Axel de Fersen ne ressemblait pas aux courtisans Français qui mendiaient des faveurs.

    Il était simple, poli, loyal, franc mais surtout discret et réservé.

     

     File:Hans Axel von Fersen1.JPG

     

    La Reine comble Fersen de faveurs et cherche par tout moyen à lui témoigner son intérêt. Axel s'en aperçoit et est tellement flatté qu'il en parle encore à son père « La Reine, me traite toujours avec bonté (…) C'est la princesse la plus aimable que je connaisse » .

      

    Un jour, elle émet le désir de le voir revêtir son uniforme suédois, ce qui fait jaser la Cour de Versailles. Dès lors, on ne parle plus que d'un certain comte Fersen « grand, élancé et parfaitement bien fait » comme le décrit le comte de St Priest. Les fêtes de Versailles et la vie parisienne sont tellement enivrantes, qu'Axel ne note rien dans son journal pendant six mois.

     

     Départ aux Amériques :

     

    Certainement plus ambitieux que romanesque, Fersen décide de s'engager pour la guerre d'Amérique. C'est un désir qu'il a depuis qu'il sait que la France compte y envoyer un corps expéditionnaire. Il est persuadé d'avoir tous les honneurs et la gloire militaire à son retour.

     

    Les derniers jours avant son départ, il est dit que Marie-Antoinette avait les larmes aux yeux. La duchesse Fitz James dit à Axel « Quoi, Monsieur, vous abandonnez ainsi votre conquête ? » Ce à quoi il répond « Si j'en avais une, je ne l'abandonnerais pas. Je pars libre et sans laisser de regrets ».

     

    Après de longs mois d'attente à Brest, il embarque à bord du « Jason », le vaisseau de guerre armé, le 13 Avril 1780. Nommé Colonel d'Infanterie, Fersen sera l'interprète du Général Rochambeau avec le titre de « Mestre de camp ». Pourtant très exigeant, Rochambeau dira à Louis XVI que Fersen était " un des officiers sur les talents duquel il se repose le plus ".

     

    Creutz quant à lui écrit à Gustave III que " Fersen qui a rang de mestre de camp, se conduit avec une sagesse et une raison étonnante...".

      ean-Baptiste-Donatien de Vimeur, Comte de Rochambeau, Marechal De France (1725-1807), by Charles-Philippe Larivere. Lieutenant General in command of some 7,000 French troops and sent to join the Continental Army, under George Washington in the American Revolutionary War Rochambeau commanded more troops than did Washington. Count Axel von Fersen the Younger served as Rochambeau's aide-de-camp and interpreter. 

      

    Il assiste à quelques discussions entre Washington et Rochambeau. Fersen dira de Washington « C'est l'homme le plus célèbre de nos jours. Son beau visage est doux et franc et reflète ses qualités morales. Il a bien l'air d'un héros.

    Il est froid et parle peu, mais il est courtois et bon ».

     

    Il participe en octobre 1781 à la bataille de Yorktown. Il prend part à la direction des combats et fait fonction d'officier de liaison entre les Français et les Américains. Loin de là, le 22 octobre 1781, naît à Versailles, Louis-Joseph, 2eme enfant de louis XVI et Marie-Antoinette.

     

    La plupart des officiers, camarades de Fersen, rentrent à Paris, mais lui reste, la guerre n'est pas terminée. Gustave III confie également une mission à Fersen au profit de son pays qui consiste à savoir si quelques îles américaines pourraient être cédées à la Suède. Il a toute confiance en Fersen et le fait chevalier de l'Ordre de l'Epée.

     

    En mars 1782, il reçoit une lettre de l'Ambassadeur de Suède à Paris qui l'informe que la Reine vient de le nommer Mestre de camp en second au Régiment Français Royal deux-ponts. Il est également nommé Colonel dans l'armée Suédoise.

     

    Lors d'une expédition en Amérique du Sud à bord d'un bateau de guerre, Fersen tombe malade. Ils abordent à Puerto Cabello, au nord du Venezuela. C'est là qu'ils apprennent la fin de la guerre.

     

    La guerre terminée, Axel de Fersen peut enfin rentrer…Il a 28 ans. Il regagne la France fiévreux et affaibli… Il arrive à Paris le 23 Juin 1783. Mûrit par la guerre, mais toujours aussi séduisant il devient rapidement la coqueluche des salons parisiens. Il envisage un autre projet de mariage avec la fille du ministre des Finances Français, Jacques Necker.

    Ce projet n'aboutit pas, Germaine Necker épouse un autre Suédois, Erik Staël von Holstein, nouvel ambassadeur de Suède en France. Fersen en est soulagé, en vérité, il ne fait ces projets de mariage que pour satisfaire son père.

     

    Retour en France et Royal Suédois :

     

    Au cours de sa vie, Axel de Fersen entretient une correspondance avec son père, quelquefois houleuse lorsqu'il s'agit d'argent. Son père se plaint de donner beaucoup trop d'argent à son fils aîné, au détriment de ses autres enfants, en particulier de son fils cadet, Fabian, parti faire son tour d'Europe.

     

    Depuis son retour d'Amérique Axel veut servir en France, il souhaite l'acquisition d'un régiment français. Aussi, après beaucoup d'insistance auprès de son père, grâce à Gustave III et à l'appui de Marie-Antoinette, il finit par obtenir ce qu'il veut.

     

    Le Roi de Suède intervient personnellement auprès de Louis XVI. Fersen écrit à Gustave III : « Le Roi a consenti tout de suite et a témoigné la plus grande envie de faire quelque chose qui put être agréable à Votre Majesté. La Reine a bien voulu s'en mêler dès qu'elle a su que vous le désiriez (…) » .

     

    Axel de Fersen devient donc propriétaire du régiment Royal-Suédois.

     

    Il écrit à sa sœur « Mon affaire est décidée, ma chère amie, je suis colonel, propriétaire du Royal-Suédois, mais je n'ai pas encore mon brevet. N'en dîtes rien à mon père, s'il ne vous en parle pas (…) ».

     

    C'est à cette époque que Fersen et Marie-Antoinette deviennent très proches. Axel écrit à sa sœur, Sophie Piper « J'ai pris la décision de ne jamais me marier. Ce serait contre nature…Je ne peux appartenir à la seule personne à laquelle je le voudrais vraiment…Je ne veux donc appartenir à personne. »

     

    Contraint de suivre Gustave III, il fait partie de sa suite au cours du voyage du Roi en Italie puis en France. C'est à Naples qu'il reçoit la médaille de l'ordre de Cincinnati (Haute décoration distribuée aux chefs et aux officiers supérieurs des soldats de la liberté d'Amérique). Au cours de ce voyage Fersen entretient aussi une correspondance avec Marie-Antoinette, son courrier est adressé à «Joséphine » et noté en tant que tel dans ses notes.

      

    C'est le 7 juin 1784 que Gustave III et sa suite arrivent à Paris. Une fête est donnée en cet honneur par Marie-Antoinette à Trianon le 21 juin 1783. Gustave III parle de cette fête dans une lettre adressée à son frère le Duc de Sudermanie « On soupa dans les pavillons des jardins et, après souper, le jardin anglais fut illuminé. C'était un enchantement parfait.

      

    La Reine avait permis de se promener aux personnes honnêtes qui n'étaient pas du souper et avait prévenu qu'il fallait être habillé en blanc (…) La Reine ne voulut pas se mettre à table (…), elle parla à tous les suédois et s'occupa d'eux avec un soin et une attention extrême. »

     

    Le Roi alloue à Axel un salaire de vingt mille livres par an comme chef d'un régiment français. Il peut retourner auprès de son père la tête haute.

     

    En août 1784, Fersen rentre à Stockholm. Entre 1784 et 1785 très sollicité, il écrit à d'anciennes maîtresses, rencontrées en Italie. Il écrit aussi régulièrement à Joséphine… Nostalgique de la France et de Versailles, Fersen se sent mal à l'aise au sein de la Cour de Gustave III où plus rien ne lui est familier.

     

    Il retourne en France en 1785 et lorsqu'il écrit à sa sœur et qu'il nomme la Reine, il parle de « mon amie ». Le 25 mars 1785, naît à Versailles, le Duc de Normandie, (futur Louis XVII). En Avril 1788, Fersen est rappelé auprès de son pays, il part en Finlande à l'occasion de la guerre contre la Russie. En novembre 1788, il est de retour à Versailles, chargé de mission par Gustave III.

      

    Mais en France plus rien ne va, les pires pamphlets circulent sur la Famille Royale, la Reine est souvent appelée « L'Autrichienne » ou « Madame Déficit », l'avenir s'annonce sombre et incertain.

     

     

     

     Début de la tourmente :

     

    Le 10 décembre 1788, Fersen écrit à son père « La fermentation des esprits est générale, on ne parle que de constitution (…) Tout le monde est administrateur et ne parle que de progrès (…) » Dans une autre lettre il ajoute « En attendant le public est innondé d'écrits, de brochures et de pamphlets, il n'y a pas de jour où il n'en paraisse quatre ou cinq.

      

    La plupart n'ont pas de sens commun, ne contiennent que des pensées vides de sens ou des pensées tout à fait séditieuses (…) Les femmes ne sont occupées maintenant que de constitution, et les jeunes gens pour leur plaire et être de bon ton, ne parlent que d'états généraux et de gouvernements (…) je ne sais pas si le royaume gagnera à tous ces changements, mais la société y a perdu ».

     

    Alors qu'en France, la révolte gronde, en Suède, Gustave III décide de se venger d'une noblesse rebelle. Il convoque le parlement et fait arrêter les chefs de la haute noblesse, dont le Maréchal conseiller, Frederik Axel von Fersen. Le père de Fersen restera prisonnier pendant dix semaines.

    Malgré le coup d'Etat de Gustave III, son père aux arrêts, Fersen ne renie pas pour autant la Royauté et reste fidèle à ses principes. Le Maréchal Fersen donne l'ordre à ses enfants de ne pas quitter leurs postes à la Cour et de ne changer aucune de leurs habitudes, il considère son conflit avec Gustave III, comme personnel.

     

    Entre temps, en France, la situation empire, mais Fersen malgré son inquiétude est heureux. Il écrit dans son journal que la période 1788-1791 a été la meilleure de sa vie. Il a la confiance absolue du couple royal, il est au cœur des évènements et peux montrer son dévouement.

    Les amis de la Reine disparaissent et il reste un de ses seuls conseillers et fidèles. Pendant cette période, il écrit à sa sœur Sophie « Elle est terriblement inquiète, mais très courageuse. C'est un ange de Dieu. J'essaie de la conforter du mieux que je peux ».

     

    En mai, les Etats Généraux se réunissent à Versailles. Fersen s'installe à Paris, 27 avenue Matignon, à l'angle de la rue du Faubourg Saint Honoré. Il apprend le décès du Dauphin, Louis-Joseph le 4 juin 1789 et le retrait du Roi au château de Marly, accablé de chagrin. Les troubles gagnent les provinces et Axel est contraint de rejoindre son régiment à Valenciennes.

    Le 14 juillet, la Bastille est prise. Fersen tient au courant depuis Valenciennes son Roi et sa famille en Suède. Il écrit à son père « Ce pays traverse une crise hors du commun…Tous les liens sont coupés et la discipline militaire disparue… »

     

    Désormais il s'installe dans un logement près de Versailles. Dans sa correspondance avec Sophie, le Reine devient « Elle ». Elle était pour lui au-dessus de toute appréciation ordinaire, c'était La Reine, qu'il fallait préserver et protéger.

     

    En Suède, la famille Fersen s'inquiète pour Axel. Le 8 Août Hedda (sœur aînée d'Axel) écrit à Fabian en Finlande « Ce n'est pas pour vous seul mon cher ami que j'ai des craintes et Axel en France n'est guère plus sûrement. Il y aura certainement une guerre civile dans ce malheureux pays (…)

    Axel avec son régiment sera peut-être dans le cas de se battre contre les gardes françaises et le peuple de Paris. Nous sommes bien malheureux en Suède, mais je crois cependant que nous le sommes moins que les Français ».

     

    Le 5 octobre, le peuple marche sur Versailles.

    Ce sont pour la majorité, des femmes venant chercher du pain à Versailles. Fersen est présent ce jour-là et prie la famille Royale de s'enfuir. Ils n'en feront rien et le 6 octobre les manifestants, pénètrent dans le château. La famille Royale doit quitter Versailles pour Paris et s'installe aux palais des Tuileries.

     

    Gustave III, comprend que la révolution est un danger pour la monarchie française, mais aussi pour toutes les monarchies d'Europe. Aussi en janvier 1790, il charge Fersen d'une haute responsabilité. Axel devient l'agent de liaison entre Gustave III et le couple royal. Il voit souvent l'Ambassadeur Russe, Johan Simolin qui le met en contact avec Quentin Craufurd, un agent secret britannique, qui vit rue de Clichy en compagnie de sa concubine Eléonore Sullivan.

    Cette dernière devient la maîtresse de Fersen.

     

     La fuite :

     

    Le journal de Fersen montre qu'il ne poursuit qu'un seul but : sauver la famille royale. Il aurait le choix de rentrer en Suède, de poursuivre une carrière politique, mais il préfère rester en France, malgré l'inquiétude de sa famille.
    La situation est alarmante aussi bien pour la Monarchie que pour la famille Royale. Fersen et la Reine, mettent sur pied un plan de fuite. S'amorcent alors des correspondances secrètes écrites à l'encre invisible et chiffrées entre la Reine, les ambassadeurs et les hommes politiques. C'est Fersen qui fait sortir les lettres, s'occupe de leur acheminement. En 1791, Fersen a 36 ans. Il rassemble les fonds pour organiser la fuite du Roi et de sa famille.

     

    L'argent étant difficile à trouver, outre la participation de la Reine, il donne tout ce qu'il a, emprunte trois mille livres à son maître d'hôtel, quatre-vingt treize mille livres à une dame Suédoise et cent soixante neuf mille livres à Madame Von Korff. Eléonore Sullivan donnera mille livres. Simolin se charge des passeports. La famille Royale voyagera sous de fausses identités.

     

    Les rumeurs d'une supposée fuite de la famille Royale gagne Paris.

    Le journal de Marat « L'ami du peuple », y contribue fortement. C'est dans cette atmosphère tumultueuse que s'organise la fuite. Fersen et le marquis de Bouillé préparent activement les opérations, mais Axel ne peut s'empêcher d'être inquiet et se méfie de tout le monde.

    Ses lettres adressées à Bouillé en témoignent « occupez-vous bien de la sûreté de la route jusqu'à Châlons »… «Assurez-vous bien des détachements ou n'en placez que depuis Varennes »…

    « Tâchez, s'il est possible de ne pas envoyer le duc de Choiseul (…) je crains quelques indiscrétions ».

     

    Après bien des péripéties, le départ est fixé à la nuit du 20 au 21 juin 1791.

     

    Au courant du projet de fuite, Gustave III décide de se rendre à Aix-la-Chapelle pour attendre le couple Royal. Un important détachement royaliste, dirigé par Bouillé, les attendra à Montmédy. Consciente des frais qu'occasionnait cette fuite, la Reine donna un reçu à Fersen signé par elle et le Roi dans lequel il est demandé à l'ambassadeur d'Autriche, Mercy de rembourser Fersen des sommes engagées.

    Plus tard, malgré ses démarches, Axel ne récupèrera jamais la totalité de l'argent, il devra rembourser en partie lui-même les frais considérables.

     

    Fersen avait désiré faire le voyage avec la famille Royale jusqu'au bout, mais Louis XVI s'y opposa, il devait juste les faire sortir de Paris et les quitter ensuite. Axel s'inclina, mais le regretta vivement par la suite.

     

    Le jour du départ, Fersen note sur son journal : « Le Roi me dit, Monsieur de Fersen, quoi qu'il arrive, je n'oublierai jamais ce que vous avez fait pour moi ». Fersen quitte le Roi et la Reine à 18H.

     

    A 21 heures, il donne l'ordre à son cocher de conduire ses chevaux, rue de Clichy, chez Craufurd, où est cachée la Berline qui conduira la famille Royale en lieu sûr.

     

    Axel de Fersen s'habille en cocher et conduit une voiture légère le long du Faubourg St Honoré, puis de la rue Saint Honoré, traverse la cour du Carrousel et arrive à la Cour des Princes.

     

    Madame de Tourzel et les enfants Royaux montent les premiers dans la voiture

    (Louis-Charles est déguisé en fillette), suivis par Madame Elisabeth, sœur du Roi.

     

    Après avoir réussi à fausser compagnie à La Fayette, Louis XVI parvient à sortir des Tuileries, vêtu en simple laqué. La Reine sera la dernière à les rejoindre. Enfin ils partent et Fersen passe rue de Clichy pour s'assurer que la berline n'y est plus et les attend aux portes de Paris.

    Arrivés à la Porte Saint Martin ils trouvent la Berline, ainsi que le cocher de Fersen et deux officiers de la garde, Valory et Moustier. Ils se dirigent vers Bondy.

     

    C'est à Bondy que Fersen prend congé de la famille royale, sur ordre du Roi. Il part seul à cheval à bride abattue en direction du Bourget, puis passe en Belgique, manquant se faire arrêter à la frontière.

     

    Il arrive à Mons où l'attendent des réfugiés et madame Sullivan, qui elle aussi avait prit la fuite le même jour. Il prévient Taube (ministres des affaires étrangères en Suède) et Gustave III de la réussite du projet, ainsi que son père « Le Roi et sa famille ont réussi à quitter Paris le 20 de ce mois…J'ai dirigé les opérations jusqu'au premier relais de chevaux… ».

    Rouillac 

    ENSEMBLE de cinq MÉDAILLONS ovale en laiton contenant des reliques de la famille royale dont : cheveux de Louis XVI avec au dos une inscription manuscrite : "cheveux de Louis XVI coupés pendant la journée qu'il a passé à l'Assemblée nationale le (...) recueillis par la Duchesse de Tourzel qui était avec lui". Cheveux de Charles X, cheveux de Mademoiselle avec inscription manuscrite au dos "1829", cheveux du Duc de Bordeaux, cheveux de Madame La Dauphine.
    Mais à l'heure où la fuite du Roi est découverte à Paris, la berline se trouve à seulement 60 km à l'Est de la ville. La voiture trop lourde avait prit beaucoup de retard…. Drouet, receveur des postes de Ste Menehould avait reconnu la Reine….. Fersen arrive le 23 juin au poste-frontière d'Aron, il rejoint le général Bouillé, mais tout est fini…Le Roi , sa famille, ainsi que la voiture des dames d'honneur sont arrêtés à Varennes.

    sources :  http://www.rouillac.com/Calendrier/da-FR-9-134-45859-list-4-2009-objets_de_vitrine_et_de_collection_78

     

    http://imageshack.us/ 

    Les passagers sont conduits chez l'épicier Sauce. On identifie le Roi. Les hussards, fidèles à Louis XVI, qui se trouvaient là, auraient pu sauver la famille royale, mais aucun ordre fut donné, par ailleurs certains avaient trop bu. La Berline fait demi-tour pour Paris le 22 Juin.

     

    Fersen écrit à son père « Tout est perdu, mon cher père, je suis désespéré. Le Roi a été pris à Varennes, à 160 km de la frontière. Représentez-vous ma douleur et plaignez-moi » . Il écrit aussi à Gustave III « Tout a échoué….Je vais rendre visite à Monsieur de Mercy et lui remettre une lettre du Roi de France invitant l'empereur d'Autriche à prendre toute mesure nécessaire à son propre intêret ».

     

    Il écrit dans son journal « Personne ne connaît les détails, sinon que le détachement militaire n'a pas fait son devoir. Le Roi a manqué de fermeté et de présence d'esprit. » …. « Tout le monde est désolé par la capture du Roi. Au Luxembourg, c'est le désespoir…Arrivé à Namur, j'ai rencontré Monsieur » (le comte de Provence, frère du Roi). Les historiens s'entendent pour dire que si Fersen avait décliné l'ordre du Roi et accompagné la famille royale jusqu'au bout, la fin aurait certainement été différente.

     

     La contre-révolution :

     

     * Sauver le couple royal :

     

    La fuite à Varennes et surtout l'échec de son entreprise a totalement bouleversé la vie de Fersen. Plus que jamais il souhaite sauver Louis XVI et sa famille. Quelque temps après le retour de la famille Royale aux Tuileries, il reçoit une lettre de Marie-Antoinette

    « Je saisis une occasion de pouvoir vous dire que je vous aime et c'est à vrai dire ma seule occupation.

     Je vais bien, ne vous inquiétez pas pour moi. Je voudrais bien savoir s'il en est de même pour vous (…).Au revoir, vous qui êtes le plus aimé et le plus affectueux des hommes. Je vous embrasse de tout cœur ».

     

    Fersen n'a qu'une idée en tête, mettre sur pied un plan contre-révolutionnaire, nécessitant une collaboration internationale. Tout le monde sait qu'il est l'instigateur de la fuite du Roi. C'est alors pendant un an et 4 mois, que Fersen va jouer un rôle politique primordial, un des rôles les plus importants de sa vie, puisqu'il sert d'intermédiaire entre la famille Royale et l'extérieur. Presque toutes les lettres du Roi et de la Reine passent par lui.

     

    Le 29 juin 1791, il rejoint Gustave III à Aix-la-Chapelle. Le Roi de Suède est le plus engagé des monarques pour sauver le Roi de France. Gustave III reçoit les émigrants Français et décide d'engager une contre-révolution internationale. Il envoie des officiers suédois espionner à Paris. De son côté Fersen part pour Vienne, tenter de négocier avec l'Empereur Léopold II, frère de Marie-Antoinette, il propose à l'Empereur un nouveau plan de fuite.

     

    Il tente de se convaincre que tout effort n'est pas vain, que la famille Royale a des liens de parenté dans toute l'Europe. On ne peut leur refuser de l'aide…Mais, chaque pays a ses propres préoccupations et finalement le sort du Roi de France est bien moindre. La contre-révolution a du mal à prendre forme. Gustave III n'est pas pris au sérieux.

      

    A Vienne Fersen n'a pas plus de succès, il se heurte à l'indifférence de l'Empereur qui à l'air de se moquer royalement du sort de sa soeur.

     

     

      

    Marie-Antoinette propose la réunion d'une conférence des puissances étrangères près de la frontière Française. Fersen est chargé par le Roi et la Reine de réunir cette conférence, mais une fois de plus le projet échoue, personne ne veut s'engager concrètement.

     

    La correspondance entre la Reine et Fersen prend des proportions considérables.

    Axel écrit des pages entières à Marie-Antoinette, la conseillant, la guidant, lui dictant presque sa conduite, « il faudrait après avoir remercié le Roi d'Espagne de tout ce qu'il a fait pour vous (…) lui communiquer le plan que vous avez adopté (…)

    Vous lui demanderez d'user de son influence sur le Portugal, la Sardaigne et Naples pour les engager à des démarches pareilles (…) Il serait bon d'ajouter que c'est le baron de Breteuil qui restera chargé de votre correspondance. Il serait utile que le Roi écrivît un mot au Roi d'Espagne…. »

     

    Fersen fait un compte rendu à la Reine « L'impératrice de Russie, les rois de Prusse, de Naples, de Sardaigne et d'Espagne sont favorables à nos plans, surtout les trois premiers. La Suède est prête à se sacrifier pour vous. L'Angleterre nous promet la neutralité. L'Empereur d'Autriche est le moins bien disposé ; il est faible et peu fiable ».

     

    En septembre 1791, Louis XVI signe officiellement la nouvelle Constitution. Fersen et Marie-Antoinette continuent à entretenir une correspondance secrète, chiffrée, écrite à l'encre invisible, courrier caché dans des boîtes à gâteaux ou cousu dans les doublures de chapeaux.

     

    La Reine adresse sa correspondance à l'Abbé de Beauverin, poste restante, Bruxelles.

     

    Fersen échange des messages avec toutes les Cours d'Europe, fait l'impossible, mais rien n'avance. Gustave III rentre en Suède au grand soulagement des Cours d'Europe. Axel est de plus en plus inquiet…À l'indifférence des Cours étrangères, s'ajoute celle des fidèles de Versailles qui s'intéressent plus aux princes émigrés qu'à la famille Royale.

     

    Pendant tout ce temps, Fersen loge chez Madame Sullivan à Bruxelles, avec l'accord de Craufurd, qui sait que le comte Suédois a de très bons rapports avec la famille Royale aux Tuileries, il peut donc être utile et avoir des informations intéressantes. Mais dans le journal de Fersen on peut lire « Dîner chez Craufurd, très jaloux de moi… » .

    La liaison de Fersen et d'Eléonore fait jaser et irrite Craufurd au plus haut point.

     

    Sa sœur Sophie écrit à Axel : « …Cher Axel, laisse-moi te dire que si Elle venait à être au courant de ces rumeurs, elle pourrait, dans son amour, en éprouver un chagrin mortel. Tout le monde épie ce que tu fais et parle de toi. Pense à Elle, la malheureuse, et épargne-lui ces peines fatales. »

     

    Mais une autre rumeur naît …Marie-Antoinette serait liée à quelques constitutionnels, dont Antoine Barnave, l'un des chefs révolutionnaires modérés. Celui-ci se rapprocha de la famille Royale lors du retour de Varennes. Barnave et la Reine entretiennent une correspondance et de folles rumeurs courent sur leur compte. D'autres bruits courent encore…

    Le Reine douterait de Fersen, de son dévouement et de sa loyauté. Il reçoit une chevalière de Marie-Antoinette portant l'inscription « Lâche qui les abandonne ». La Reine écrit que c'est une bague qu'elle a elle-même portée.

     

    Mais ce qui peine le plus Axel c'est la rumeur selon laquelle, il aurait organisé la fuite du Roi seulement pour se faire valoir. Déconcerté, il écrit à Marie-Antoinette « Staël dit des horreurs sur moi ; il a même débauché mon cocher et l'a pris à son service, ce qui m'a fait de la peine. Il a séduit beaucoup de monde contre moi qui blâme ma conduite, ils disent que je ne me suis conduit que par ambition et que je vous ai perdue et le Roi (…)

    Ils ont raison, j'avais l'ambition de vous servir, et j'aurai toute ma vie le regret de ne pas avoir réussi (…) Je voulais leur montrer qu'on peut être attaché à des gens comme vous sans aucun autre intérêt. Le reste de ma conduite leur aurait prouvé que c'était là ma seule ambition, et que la gloire de vous avoir servis était ma plus chère récompense ».

     

    * Visite secrête à Paris :

     

    Inquiet et troublé, Fersen décide de se rendre secrètement à Paris et de voir la Reine. Il la prévient de son intention. Celle-ci lui déconseille fortement « C'est absolument impossible que vous veniez ici. Ce serait un risque pour notre sécurité. Et quand je dis cela, je vous prie de me croire, car j'ai une envie sans borne de vous voir. » Mais, la situation s'améliore à Paris et le 21 décembre 1791, Fersen écrit dans son journal « La Reine m'a autorisé à venir à Paris ».

     

    Ce voyage est risqué, car depuis la fuite à Varennes, Fersen est considéré comme un émigré. Sa famille et ses amis en Suède s'inquiètent de cette initiative tant périlleuse. Le feld maréchal Fersen, écrit à son fils Fabian « J'ai des fréquentes nouvelles de votre frère à Bruxelles, nous ne nous entretenons guère que l'objet de sa mission… ». Son ami Taube lui écrit « Votre lettre, mon meilleur ami, m'a causé la plus grande inquiétude (…) Vous venez de faire, mon cher ami, plus d'une imprudence en vous exposant à aller à Paris depuis ce décret sur les passeports (…) Si le bon Dieu vous ramène et sauf, je désapprouve ce que venez de faire (…) »

     

    Sophie écrit à Axel « Vous n'avez pas besoin de vous justifier au sujet de madame Craufurd, le voyage que vous avez fait et les soins auxquels vous avez voué votre vie, si digne de vous et de l'honneur m'en disent plus que toutes vos assurances. Mon Dieu à quels dangers vous vous êtes exposé, je n'ose y penser ».

     

    La duchesse Charlotte écrit à son amie Sophie Piper : « Si votre frère n'a pas réussi dans l'entreprise (la fuite du Roi) , vous avez la satisfaction qu'il a agit en honnête homme (…) un sentiment plus vif y a contribué sans doute et je souhaite que ce sentiment ne le perde….Qu'il veuille retourner en France, ce qui serait une imprudence affreuse.

    J'ai vu une lettre de Paris où était dit « Le comte Fersen a commandé la voiture qui était dans une remise de la rue St Honoré, tout Paris lui en veut ... »

     

    Mais il s'entête et son départ a lieu le 11 février 1792 à 9h30. Il est accompagné de son adjoint au Royal-Suédois, le Baron Reutersward, aucun serviteur. Ils se feront passer pour des courriers diplomatiques suédois se rendant à Lisbonne. Pour ce faire, Fersen n'hésite pas à falsifier des documents portant la signature de Gustave III. Il prend avec lui de vraies lettres de Gustave III pour Louis XVI. Cachés sous des perruques, méconnaissables, ils sont reçus partout avec respect. Ils arrivent le 13 février à Paris.

    Pendant que Reutersward descend à son hôtel, Fersen se rend chez Goguelat, agent de liaison entre Marie-Antoinette et le monde extérieur.

     

    Dans un premier temps Goguelat n'est pas chez lui et Axel décide de retourner à l'hôtel de Reutersward, mais il n'y est pas. Il retourne donc chez Goguelat, en longeant la rue Saint Honoré, on peut l'imaginer bien caché sous sa perruque et son chapeau, car il est connu dans le quartier. Il rencontre enfin Goguelat. Puis il prend le chemin des Tuileries.

      

    Il rentre par le parc, malgré la crainte des gardes nationaux il se dirige vers les appartements de Marie-Antoinette par son chemin habituel. Il note dans son journal, « je rentrai par mon chemin ordinaire ». Il voit la Reine, ils ne se sont pas vus depuis huit mois. Fersen note dans son journal « Elle se porte fort bien. Je n'ai pas rencontré le Roi » . Une rature suit…après recherche, il adviendrait que sous la rature il y eût écrit : « Je suis resté chez elle » . Personne ne sait ce qui c'est passé ce soir là, tout ce que l'on peut affirmer c'est qu'il aurait été fort dangereux pour Fersen de sortir en pleine nuit, passer devant la garde, se cacher dans Paris et retourner le lendemain voir le Roi.

     

    Le lendemain, Fersen rencontre le Roi et lui donne les lettres de Gustave III. Mais le Roi ne veut plus partir, malgré les plans d'évasions proposés par Gustave III. Fersen note dans son journal « J'ai rencontré le Roi à quatre heures de l'après-midi. Il ne veut absolument pas partir… » Le Roi ne pense pas que c'est dangereux pour lui de rester, il est encore persuadé de la chute des rebelles. D'après le journal de Fersen le Roi lui aurait confié « Nous sommes seuls et nous pouvons parler librement. Je sais que l'on me trouve faible et irrésolu, mais personne ne s'est jamais trouvé dans ma situation. Je sais que j'ai laissé passer ma chance ; j'aurai dû fuir le 14 juillet (…) »

     

    Fersen prend congé du couple Royal, ils ne se reverront jamais. En attendant de pouvoir repartir, il se cache dans le grenier de Madame Sullivan à l'insu de Craufurd et occupe son temps à lire des romans. Il repart avec Reutersward dans la nuit du 21 février à une heure du matin. Bien couverts et arborant des cocardes tricolores pour plus de sûreté, ils prennent la route. Il écrit « Ni lui ni moi n'avions dans nos poches quoi que ce soit susceptible de nous trahir, mais j'étais cependant fort inquiet. » Le voyage se passe bien, malgré quelques imprévus, ils arrivent à Bruxelles.

     

     * Assassinat de Gustave III :

     

    Le 16 Mars 1792, Gustave III est victime d'un attentat, mortellement blessé lors d'un bal à l'opéra de Stockholm. Il meurt le 29 mars. C'est le Duc Charles qui prend la régence en attendant la majorité du fils de Gustave III, qui n'a alors que 13 ans. Lorsqu'il apprend l'attentat, Fersen se dit « désespéré ». Il écrit à Taube : « Oui, mon ami, notre perte est grande et jamais je ne cesserai de le regretter toute ma vie ».

     

    À la confirmation de la mort du Roi, il se demande s'il restera encore ministre à Bruxelles, ville qu'il ne veut absolument pas quitter, il ne veut pas être plus éloigné de la famille Royale qu'il ne l'est déjà. Il a peur que son père, inquiet et désireux de le voir rentrer en Suède, exerce la pression sur le Duc Charles. Mais il n'en est rien et Fersen garde son poste à Bruxelles.

     

    * Le manifeste de Brunswick :

     

    e 20 avril 1792, Louis XVI est contraint de se rendre à l'Assemblée Législative et de déclarer la guerre à l'Autriche, ce que désiraient les jacobins.

     

    Le 20 juin 1792, les révolutionnaires fêtent l'anniversaire de la tentative de fuite manquée, mais dans l'euphorie, se précipitent aux Tuileries et obligent le Roi à arborer le bonnet révolutionnaire. Ils le forcent à trinquer à la santé de la nation. Humiliation terrible d'après certains témoins, dont Germaine de Staël.

     

    Fersen et Marie-Antoinette pensent qu'il serait intéressant d'écrire un puissant manifeste, signé par le Duc de Brunswick. Ce document aurait pour but d'effrayer le peuple, le ramener à la raison par la peur. Le projet est rapidement mis en place, Fersen y travaille. Le 18 juillet, il écrit à la Reine « Je l'ai montré à Monsieur de Limon qui l'a donné à Monsieur de Mercy » .

      

    Persuadés de l'impact positif du manifeste, oubliant que le temps est précieux et qu'il faut se hâter, les émigrés travaillent à la formation d'un ministère et d'une Cour. Aveuglé par son amitié pour le Baron de Breteuil, Fersen souhaite qu'il fasse parti de « ce nouveau gouvernement ». Aussi il le recommande à Marie-Antoinette…Il reçoit une réponse ferme de la Reine, rédigée par Goguelat « Au milieu de tant de dangers, il est difficile de s'occuper du sort des ministres (…)

    Pour le moment il faut songer à éviter les poignards et à déjouer les conspirateurs qui fourmillent autour du trône.

      

    Depuis longtemps les factieux ne prennent plus la peine de cacher le projet d'anéantir la famille Royale (…) Vous avez pu juger lors de la précédente lettre comme il est important de gagner vingt-quatre heures ; Je ne fais que vous le répéter aujourd'hui en y ajoutant, que si on n'arrive pas, il n'y a que la providence qui puisse sauver le Roi et la Reine ».

     

    Ces mots reviendront sûrement en mémoire à Fersen très souvent après la mort de la Reine.

     

    Fersen demande aussi l'avis de Craufurd sur le manifeste.

    A Taube il écrit « c'est moi qui ai écrit le manifeste du duc de Brunswick ».

    Le manifeste est présenté au peuple de paris le 1 er Août.

     

    Partie du manifeste de brunswick (…) La ville de Paris et tous ses habitants sans distinction seront tenus de se soumettre sur-le-champ et sans délai au roi, de mettre ce prince en pleine et entière liberté, et de lui assurer, ainsi qu'à toutes les personnes royales, l'inviolabilité et le respect auxquels le droit de la nature et des gens oblige les sujets envers les souverains ;

    leurs Majestés impériale et royale rendant personnellement responsables de tous les événements, sur leur tête, pour être jugés militairement, sans espoir de pardon, tous les membres de l'Assemblée nationale, du département, du district, de la municipalité et de la garde nationale de Paris, les juges de paix et tous autres qu'il appartiendra, déclarant en outre, leursdites majestés, sur leur foi et parole d'empereur et de roi, que si le château des Tuileries est forcé ou insulté, que s'il est fait la moindre violence, le moindre outrage à leurs Majestés, le roi, la reine et la famille royale, s'il n'est pas pourvu immédiatement à leur sûreté, à leur conservation et à leur liberté, elles en tireront une vengeance exemplaire et à jamais mémorable, en livrant la ville de Paris à une exécution militaire et à une subversion totale, et les révoltés coupables d'attentats aux supplices qu'ils auront mérités.

      

    Leurs Majestés impériale et royale promettent au contraire aux habitants de la ville de Paris d'employer leurs bons offices auprès de sa majesté très-chrétienne pour obtenir le pardon de leurs torts et de leurs erreurs, et de prendre les mesures les plus rigoureuses pour assurer leurs personnes et leurs biens s'ils obéissent promptement et exactement à l'injonction ci-dessus. (…)

     

    Mais le manifeste ne produit pas l'effet espéré, bien au contraire il accentue la colère du peuple. Le 10 Août, les Parisiens déchaînés, envahissent les Tuileries. C'est un carnage, des centaines de Parisiens et de gardes suisses qui protègent les Tuileries sont massacrés, le couple royal est allé se réfugier à l'Assemblée Législative. Il sera ensuite conduit à la prison du Temple.

     

    Les portes de Paris sont fermées et la guillotine fait son apparition place du Carrousel. Fersen à Bruxelles, apprend la nouvelle une semaine plus tard. Jour après jour, il y a des exécutions, des massacres, la Princesse de Lamballe, amie de la Reine, en fait partie.

     

    Fersen est de plus en plus inquiet, il n'a presque plus contact avec le couple Royal, enfermé au Temple. Le 9 novembre 1792, il est contraint de quitter Bruxelles avec ses amis (Eléonore, Craufurd, Simolin) car les troupes françaises s'approchent dangereusement. Le 11 novembre il est à Aix-la-Chapelle et rencontre les frères de Louis XVI. Fersen apprend que le procès du Roi a commencé.

     

    L'éxécution du couple royal :

     

     La guillotine se trouve à présent place de la République (ancienne place Louis XV et actuelle place de la Concorde). Le 20 janvier 1793, les membres de la Convention votent la peine de mort pour Louis XVI. Le Duc d'Orléans votera la mort de son cousin. Montrant un courage exemplaire, digne d'un Roi, Louis XVI monte sur l'échafaud, le 21 janvier 1793 à dix heures et quart .

      

    « Je meurs innocent de tous les crimes qu'on m'impute et je pardonne à tous ceux qui sont responsables de ma mort » Ce seront ses derniers mots.

     

    Pendant ce temps à Dusseldorf, Fersen qui n'est pas encore au courant écrit dans son journal : « (…) Leur sort m'afflige beaucoup. Je porte le deuil de la Suède, de mon avenir, de la politique. S'ils meurent tout est fini pour moi ».

     

    C'est le 26 janvier que Fersen apprend les détails, mais outre la mort du Roi, des rumeurs courent selon lesquelles le reste de la famille royale aurait été massacré. Axel écrit à sa sœur :

    « Ma chère et tendre Sophie ah plaignez- moi ! L'état où je suis ne peut être perçu que par vous. J'ai donc tout perdu dans le monde, seule vous et Taube me reste.

    Ne m'abandonnez pas ! celle qui faisait mon bonheur, celle pour laquelle je vivais.

    Oui, ma tendre Sophie, car je n'ai jamais cessé de l'aimer (…) Celle pour qui j'aurais donné mille vies n'est plus (…) Tout est fini pour moi ma chère amie. Ah ! que ne suis-je mort pour Elle, pour eux le 20 juin. Je serais plus heureux que de traîner ma triste existence dans d'éternels regrets…(…) »

      

    Il écrit encore « Il est minuit, nous recevons la triste certitude de l'exécution du Roi, mon cœur est si déchiré que je n'ai pas la force de vous rien dire de plus. On ne parle pas du reste de la famille, mais mes craintes sont affreuses. Ah mon Dieu ! Sauvez-les et ayez pitié de moi ».

     

    On imagine sans peine son soulagement en apprenant que le massacre du reste de la famille n'était qu'une rumeur.

     

    Mais le sort s'acharne, Axel apprend également la mort de sa sœur aînée, Hedda et que son père est gravement malade. De plus, le gouvernement suédois lui fait savoir que son poste n'a plus lieu d'être, on lui propose un poste de ministre à Londres, qu'il refuse.

     

    La mort de Louis XVI représente une des périodes les plus malheureuses de la vie de Fersen. En peu de temps il a perdu deux Rois qu'il affectionnait énormément.

    Il écrit à Sophie « Mon âme est sans cesse affectée des deux pertes que je viens de faire et des craintes sur celles dont je suis encore menacé. L'assassinat des deux Rois dont les bontés me seront toujours présentes ne cesse d'occuper ma pensée (…)

    Joignez encore à cela le mauvais état de la santé de mon père, mes craintes pour sa mort (…) J'éprouve sans cesse une mélancolie et un dégoût de tout que je ne puis vaincre, mes idées se portent toujours sur un même objet et l'image de Louis XVI montant à l'échafaud ne me quitte jamais ».

     

    Mais malgré tout il veut garder espoir. La contre-Révolution mieux organisée, gagne du terrain. Les Autrichiens remportent des victoires, Bruxelles est libérée. Dumouriez, un des chefs de la révolution s'est laissé acheté par les Autrichiens. La trahison de Dumouriez fait naître une lueur d'espoir chez les émigrés français et Fersen, lui-même, veut y croire. Il note dans son journal « Je ne suis plus inquiet pour la Reine » .

    Une rumeur avance que Dumouriez serait déjà en route pour Paris avec une armée de cinquante mille hommes. Le gouvernement suédois nomme Fersen ambassadeur en France auprès de Louis XVII. Mais Dumouriez ne marche pas sur Paris, il a seulement été destitué de son poste pour trahison. Tout repart à zéro, Fersen pense à un plan pour sauver la Reine et le petit Roi. Hélas, en Juillet 1793 la situation empire, Marie-Antoinette est séparée de son fils. Le 2 Août elle est transférée à la prison de la Conciergerie, bien mauvais présage.

     

    C'est un général Français royaliste, Monsieur de Jarjayes qui remettra à Fersen les derniers messages de la Reine, ainsi qu'un anneau qu'il lui avait offert avec les armes de la famille Fersen, comportant la devise « Tutto a te mi guida » (tout me conduit vers toi).

     

    Bien que les Autrichiens accumulent les victoires sur l'armée française, rien n'est envisagé pour sauver la famille Royale. Devant la suggestion même d'envoyer un corps armé sur Paris, l'ambassadeur d'Autriche (Monsieur de Mercy) « reste de glace », dixit Fersen. Le procès de la Reine commence, mais les Autrichiens restent indifférents….

     

    Axel écrit à Sophie « Tu es certainement au courant Chère Sophie, de l'affreux malheur, le transfert de la Reine à la Conciergerie (…) La Convention la livre au Tribunal Révolutionnaire pour être jugée. Depuis ce moment, je ne vis plus (…) Je donnerai ma vie pour la sauver, mais je n'en ai pas le droit. Mon plus grand bonheur serait de mourir pour Elle, mais ce bonheur m'est refusé (…) »

     

    Axel écrit dans son journal « Si je la perds, je perds tout et me retrouverai pratiquement seul dans ce monde. J'aurai perdu trois souverains qui furent mes amis. Je suis en passe de perdre mon père (…) »

     

    Alors que se joue l'avenir de la Reine, Fersen se pose des questions sur son propre avenir. Eléonore serait prête à quitter Craufurd pour lui, mais à condition qu'Axel se décide : « J'ai besoin de quelqu'un qui prenne soin de moi. Mais si Elle survit, je ne voudrais, ni ne pourrais l'abandonner ».

     

    Dès le mois d'octobre 1793, plus personne ne garde espoir sur le sort de la Reine. Même Fersen n'y croit plus. Dans son journal il écrit, le 10 octobre : « Le jugement de la Reine me fait trembler ; S'il a lieu cette grande et infortunée princesse est perdue (…). »

     

    Pendant ce temps à Paris, s'ouvre le procès de Marie-Antoinette. Les pires accusations sont lancées contre elle, dont certaines abominables (entre autres, l'inceste avec son propre fils). Elle est condamnée à mort le 15 octobre. Son procès était joué d'avance, comment pouvait-il en être autrement ?

    Marie-Antoinette était devenue pour le peuple Français l'ennemie à abattre, il fallait s'en débarrasser. Elle est exécutée le 16 octobre 1793. Tout comme le Roi, elle montra un courage exemplaire dans ses derniers instants, elle resta Reine jusqu'au bout. Elle allait avoir 38 ans.

     

     Apprenant la nouvelle, Axel écrit à Sophie « J'ai maintenant perdu tout ce que j'avais au monde. Toi seule me reste.

    Elle pour qui je vivais, qui faisait mon bonheur, pour qui je vivais, oui ma chère Sophie, je n'ai jamais cessé de l'aimer et j'aurai tout sacrifié pour Elle.

    Elle que j'aimais tant, pour qui j'aurai donné mille fois ma vie, n'existe plus. (…) J'aurai toujours son image devant les yeux, en moi, le souvenir de ce qu'elle était pour moi me fera la pleurer éternellement. Tout est fini pour moi. Pourquoi n'ai-je pu mourir à ses côtés, verser mon sang pour Elle, pour eux ? » Ces quelques mots prouvent à quel point il est accablé de chagrin, de regrets. Dans son journal : « Son image, ses souffrances, sa mort et mon sentiment ne me sortent pas de la tête, je ne puis penser à autre chose.

    Oh mon Dieu ! Pourquoi faut-il l'avoir perdu ! Et que vais-je devenir ? Je lus les interrogatoires et ils font bouillir de colère en pensant que la Reine de France ait été assez avilie pour être menée devant des gueux et des scélérats de cette espèce ».

     

    La vie d'Axel von Fersen sera désormais bien morne, ponctuée de remords, de désirs de vengeance, d'émotions et de souvenirs qu'il notera inlassablement dans son Dagbook.

     

    Désespéré, dépressif, il se tourne une nouvelle fois vers Eléonore, mais ne pense qu'à Elle et à la venger, son journal en témoigne :

    « Qu'elle ait été seule dans ses derniers instants, sans consolation, sans personne à qui parler et à qui elle aurait pu faire part de ses souhaits, voilà qui est affreux. Quels suppôts de Satan ! Non, si je n'arrive pas à me venger, je n'aurai jamais l'âme en paix. »

     

    Son père malade, le prie de rentrer en Suède, mais Axel ne se décide pas à quitter Eléonore, la seule qui dans ces moments de désespoirs lui apporte un peu de réconfort et de soutien. Mais la peur du mariage l'éloigne peu à peu de madame Sullivan.

     

    Il se procure tout ce qu'il peut trouver sur la reine, souvenirs…

    Un jour, il reçoit une feuille avec l'écriture de Marie-Antoinette

    « Adieu, mon cœur est tout à vous » .

     

    Son père meurt le 24 avril 1794, mais toujours à Bruxelles, Axel n'apprend son décès que 18 jours plus tard. Il n'a pas assisté aux obsèques. Il apprend aussi qu'il n'est plus ministre et doit quitter Bruxelles pour Spa, la Belgique étant de nouveau entre les mains des Français dirigés par le général Bernadotte.

     

      Retour en Suède et rôle politique :

     

    * Les désillusions :

     

    La Révolution Française gagne une bonne partie de l'Europe, Fersen se résout enfin à rentrer en Suède après six ans d'absence. Il écrit le 13 octobre 1794 « je suis resté tristement enfermé pendant toute la journée à ruminer le passé, le présent et le futur. Le passé était plein d'agréments, mais ils ont disparu. Mes jours de bonheur sont en tout cas derrière moi. Le présent est sinistre et Dieu sait ce que nous réserve l'avenir. Tel est le résultat de mes méditations » .

     

    Effectivement, tout paraît noir pour Fersen, il n'est plus le même, la plupart des personnes auxquelles il était attaché ont disparu, laissant derrières elles, mélancolie, regrets, peines…À ces regrets s'ajoute son histoire avec Eléonore que la jalousie de Craufurd avait rendue finalement impossible. Même si Axel tente de se convaincre qu'il n'avait aucun avenir avec Eléonore, plus âgée que lui, menant une vie de débauche, il n'en demeure pas moins qu'elle lui manque et qu'elle est un des seuls liens avec sa vie passée.

     

    Le 16 Octobre 1794, jour d'anniversaire de la mort de Marie-Antoinette, Fersen est dans le bateau qui le conduit en Suède. Il écrit « C'était un jour aussi mémorable qu'atroce pour moi, cet anniversaire du jour où j'aie perdu l'être qui m'aimait plus que tout sur terre et que j'aimais d'un amour sincère. Je pleurerai cette perte toute ma vie et je me rends compte que mon amour pour Eléonore, si fort qu'il soit, ne pourra jamais me faire oublier ce que j'ai perdu ».

     

    Il retrouve sa famille le 23 octobre 1794. Il profite de son retour pour s'occuper de son avenir, mais Axel de Fersen se sent comme un étranger dans son propre pays. La Cour du Duc régent est dérisoire en comparaison des autres cours d'Europe, rien ne le séduit dans sa patrie. Il écrit dans son journal « Plus je vois de choses dans mon pays, plus je le trouve changé et moins j'ai de goût pour y habiter. J'aurais voulu naître anglais, c'est le pays le plus agréable à vivre. Ici on s'intéresse exclusivement aux faits et gestes d'autrui et il n'y a aucune sorte de vie en société ».

     

    La plupart des femmes qui essaient de s'approcher de lui n'essuient que des refus. Il est toujours hanté par Eléonore et le souvenir de Marie-Antoinette.

     

    En Juin 1795, il apprend la mort de Louis XVII. Il écrit « J'ai appris la triste nouvelle de la mort du jeune Louis XVII. J'en ai été profondément troublé, car ce prince représentait le dernier sujet d'intérêt qu'il me restait en France. Maintenant je n'ai plus rien là-bas, tout ce que j'aimais à disparu, car je ne me préoccupe pas de Madame dont je prévois qu'elle ne vivra pas longtemps. Ainsi toute la famille sera anéantie. Cette triste pensée me remet en mémoire mes tristes pertes » .

     

    Il y aura beaucoup de confusion et une grande polémique encore de nos jours autour de la mort du jeune Roi. Fersen est un des premiers à avoir des doutes. Il note « J'y ai lu le procès verbal de l'autopsie du malheureux enfant. Ce qui est dit sur sa constitution scrofuleuse est plausible pour le public, mais ne peut pas être authentique. On l'a enterré à la sauvette ; tout cela est pour moi d'une infinie tristesse (… )»

     

    En Juillet 1795, il quitte temporairement la Suède pour rencontrer Eléonore avec laquelle, malgré tout, il a gardé contact. Il voyage incognito et opte pour diverses identités telles que Monsieur Von Ljung. Il voit Eléonore, reste seul avec elle le plus souvent possible, mais sait qu'il ne peut plus vivre de cette manière. Il doit se décider, ce qu'il ne fera jamais.

     

     * La Cour de Vienne :

     

    Le 19 décembre 1795, Marie-Thérèse Charlotte (Madame Royale), la fille de Louis XVI et Marie-Antoinette sort de prison pour être échangée contre des révolutionnaires, prisonniers des Autrichiens, dont faisait partie le fameux Drouet. Depuis la mort du couple royal, Fersen, a tenté vainement de récupérer l'argent entrepris pour la fuite à Varennes, mais ses tentatives avec la cour de Vienne n'ont jamais abouties. Il décide alors d'aller en Autriche rencontrer la fille de Louis XVI…Malheureusement pour lui, il n'aura pas plus de chance avec Madame Royale.

     

    Il n'avait pas vu Madame Royale depuis la fuite à Varennes, elle avait alors douze ans.

     

    Le 19 Février, Fersen se trouvait à la cour de Vienne en compagnie d'un aristocrate français, le Duc de Guiche. Il aperçoit la jeune femme « lorsqu'elle passa devant nous, elle salua en rougissant et, en rentrant chez elle, se retourna comme pour nous voir encore une fois » . Il rencontre l'Empereur François II, le 14 février, mais malgré le reçu de Louis XVI et Marie-Antoinette il ne peut rembourser Fersen. Le 5 mars il rencontre Madame Royale qui lui dit « Je suis bien heureuse de voir que vous êtes en sécurité » .

      

    Elle ne dit pas un mot de plus, s'éclipsa, mais Fersen écrit dans son journal : « J'ai eu au moins vingt fois les larmes aux yeux de joie et de mélancolie ». Enfin il peut s'entretenir en privé avec la princesse, ils discutent et Axel l'observe attentivement ; Il note « Elle parle fort bien et naturellement » puis un peu déçu « Elle tient moins de sa mère que des Bourbons et j'aurais préféré le contraire ». Il ajoute " je remarquais qu'elle était très gênée de nous rencontrer ainsi, le duc de Guiche et moi".

     

    Après entretiens, lettres et audiences, Fersen finit par obtenir un compromis de l'Empereur. Il consent à donner mille ducats à Mesdames Stegelman et Von Korff qui avaient avancé près de trente mille livres !

     

    Il écrit dans son journal « J'étais très content de quitter Vienne mais irrité et désolé d'avoir si complètement échoué. Ces gens, avec leur manque de cœur, de noblesse, de générosité et de sens de la justice m'ont offensé. Le comportement de Madame m'a blessé et désolé ».

     

     * Le congrès de Rastatt :

     

    Juillet 1796, Fersen mentionne le nom de Bonaparte dans son journal. « Bonaparte est un jeune homme plein de feu et d'ambition… ».

     

    En novembre 1796, Gustave IV Adolphe, alors majeur, devient Roi de Suède. C'est la fin du gouvernement de tutelle. Fersen attend un poste au gouvernement, mais souhaite également rester près d'Eléonore, même s'il ne veut pas l'épouser. C'est le 28 avril 1796 qu'il rencontre pour la première fois le Prince Kristian August d'Augustemborg. Il dira « il est blond, avec un beau visage, ses manières ne sont pas d'une grande noblesse, mais agréables ». Il ne sait pas que quelques années plus tard ce prince sera la cause de sa mort…

     

    En 1797, Bonaparte accumule les victoires les unes après les autres, les Autrichiens sont vaincus. La carte de l'Europe est modifiée, c'est ainsi qu'à lieu le congrès de Rastatt. Ce congrès a pour but de régler la réorganisation territoriale de l'Allemagne. Gustave IV considère que la Suède, qui a des possessions en Allemagne doit être présente.

    C'est Fersen qu'il désigne pour défendre les intérêts de la Suède à Rastatt. Il aura ainsi le titre d'ambassadeur. Il rencontre Bonaparte en tant qu'ambassadeur de Suède, mais leur entrevue ressemble plus à une confrontation qu'à un rendez-vous politique. Bonaparte incarne la nouvelle république victorieuse et Axel de Fersen, la royauté déchue, avec ce titre « d'amant de la Reine » qui lui colle à la peau. Fersen écrit dans son journal « Il m'a appelé Monsieur, donc ni ambassadeur, ni comte, offense qui dans d'autres temps, ne serait pas restée impunie. »

      

    Bonaparte déclare que « la République Française ne souffre pas qu'on lui manque le respect et qu'on lui envoie des représentants qui lui déplaise en raison de leur rôle politique, exactement comme le Roi de Suède refuserait de recevoir quelqu'un qui aurait participé à un mouvement dirigé contre lui. Je déclare ainsi, à l'usage du Roi de Suède, que la République, soucieuse de sa dignité, ne tolèrera pas des personnes qui vraissemblablement, figurent sur les listes d'émigrés et ont pris une part active en politique…. »

     

    Fersen écrira « je me sentis offensé et indigné par cette déclaration qui, de toute évidence, me visait personnellement ».

     

    Axel de Fersen ne dit mot et quitte la pièce. Il note tout de même que Bonaparte le raccompagna jusqu'à la porte :

    « Il est petit et fluet, émacié et noiraud ; il semble malade de la poitrine » puis… 

    « Il fallait du sang froid pour ne pas répondre sèchement et durement, mais, dans les circonstances du moment, il m'a paru plus prudent de ne rien dire »

     

      

    De son côté Bonaparte déclare que Fersen n'est autre pour lui qu'un émigré puisqu'il a abandonné son service en France au moment de la Révolution. De plus il était le chef du parti le plus haineux contre la Révolution et enfin, il était l'amant de Marie-Antoinette.

      

    « Il a couché avec la veuve Capet, c'était dans les journaux ».

     

    Fersen est outré « Cet illustre général dans sa façon de se comporter, n'est qu'un simple parvenu qui croit que l'effronterie et l'orgueil sont des qualités ».

     

    Les accusations de Bonaparte sont reprises dans plusieurs journaux, Fersen écrit, désabusé « Ce qu'ils disent de ma conversation avec lui est en partie vrai, mais j'ai été blessé par leurs allusions à mes rapports avec la malheureuse reine ».

     

    Après ces accusations, Fersen ne peut continuer à mener la délégation suédoise à Rastatt. Mais malgré cet affront il est content de passer pour le représentant de l'ancien régime, surtout en voyant les petitesses dont sont capables certaines personnes.

    Il reste à Rastatt encore un moment et part ensuite pour Karlsrhue assurer une mission confiée par Gustave IV.

    Il resta longtemps à Karlsrhue et encore une fois brisa des cœurs à son départ, dont celui de la princesse de Hesse-Darmstatd.

     

     * Le retour en Suède :

     

    ll s'engage dans un mouvement et travaille clandestinement contre la Révolution et le Jacobinisme. C'est à cette même période qu'il rompt définitivement avec Eléonore Sullivan. Il perd aussi son meilleur ami Evert Taube, amant de Sophie, qui meurt des suites d'un empoisonnement.

    Il rentre en Suède en octobre 1799 « j'étais heureux de me retrouver chez moi, mais mon ami Taube me manquait d'autant plus et ma pauvre sœur versait des larmes amères ».

     

    À l'automne 1799, Axel de Fersen est un des plus grands seigneurs de Suède, seul, riche et influent. Il entretient de très bonnes relations avec Gustave IV Adolphe, partisan de la contre-révolution et contre le jacobinisme. Mais voilà qu'en Suède, le peuple gronde, l'économie est au plus bas. Encore sous le choc de la Révolution Française, Fersen, sous l'autorité du Roi donne l'ordre d'arrêter tous les responsables des émeutes.

      

    Le Roi le nomme chancelier de l'université d'Uppsala. Fersen est effaré ! Lui qui s'attendait à un poste de ministre des affaires étrangères... Mais devant des étudiants qui montrent des signes de rebellions, qui approuvent les idées révolutionnaires, le Roi pense que Fersen est le mieux placé pour mettre de l'ordre et calmer les esprits. En effet, il met de l'ordre ! Il met en place des patrouilles militaires de nuit dans les rues d'Uppsala et interdit toute manifestation ou réunion jacobine.

     

    Pendant ce temps, il continue son combat contre la révolution. Il note en 1800 « la sécurité de l'Europe et ma soif personnelle de vengeance s'unissent dans mon espoir de voir la chute de la République.

    C'est une hydre qu'il faut anéantir si l'on veut éviter qu'elle contamine toute l'Europe » . Fersen se rend compte qu'il devient très impopulaire dans son propre pays. En avril 1800, sa mère meurt d'une épidémie qui sévie dans le pays.

     

    Le peuple suédois gronde de plus en plus, certains nobles renoncent même à leurs privilèges pour se ranger du côté de la rébellion. Fersen quant à lui est décoré de l'ordre des Séraphins, premier ordre en Suède et très honorable.

     

    Face à la révolte menaçante, le Roi perd en popularité, Fersen note « tout le monde se plaint que la Cour soit triste et déplaisante …Le roi de jour en jour plus obstiné et plus raide (…) personne ne trouvant plaisir à le servir ». Il parle aussi de l'influence qu'exercent certains sur le jeune monarque.

     

    A 44 ans, Axel de Fersen est un des hommes les plus riches de Suède, il possède des terres, des bois, de nombreuses propriétés jusque dans les Antilles, des mines et des actions. Il est chevalier de l'ordre des Séraphins, chancelier de l'université d'Uppsala, lieutenant de la garde Royale…

      

    Malgré cela il est malheureux, il a perdu ses parents, ses amis et le régime pour lequel il a voué toute sa vie est entrain de sombrer.

      

    À l'automne 1800 il rentre au gouvernement, mais de nouveau ses rapports laborieux avec la France républicaine l'empêchent d'accéder au poste souhaité. Il ne sera pas ministres des affaires étrangères, comme il le désirait, mais « seulement » Maréchal du Royaume ; Poste qu'il refuse au début, mais fini par accepter.

     

    Affectée par la mort de son ami Taube, Sophie tombe malade et Axel décide de l'amener en voyage, ce qui lui rappelle d'innombrables souvenirs. La fille de sa sœur aînée Hedwige, les accompagne ainsi que son mari, Möllersward. Ce dernier moura au cours du voyage. Il est enterré à Pise, au même endroit que sa belle-mère qui elle aussi mourut en Italie au cours d'un séjour.

      

    Fersen retrouve une de ses anciennes maîtresse Marianne Orua, épouse d'un ministre Espagnol. Il constate avec regret que l'Europe n'est plus ce qu'elle était, que les souverains des différents pays sont faibles et plient sous l'influence Française.

     

    Au cours de leur séjour, ils rencontrent le Pape Pie VII. A Naples, l'état de Sophie empire avec la chaleur. Ils décident de rentrer, ils passent par Francfort et Hambourg où il rencontre Madame de Korff qui avait prêté et perdu énormément d'argent pour la fuite de la famille Royale.

      

    Il note « Elle a vieilli, j'étais ravi de la revoir, elle a été tout à fait charmante avec moi. Elle vit confortablement, mais je me sentais triste en pensant à tout ce qu'elle avait perdu et de quelle manière ». Ils passent par le Danemark et rentrent enfin, par un froid glacial le 5 février 1803.

     

    Dès son retour, Fersen s'affirme sur le plan politique, membre du gouvernement, chancelier de l'université, général de corps d'armée et maréchal du royaume. Il est sollicité et respecté.

      

    Sa vie en Suède lui paraît enfin acceptable, il fréquente les membres de la famille royale, se partage entre la Cour et ses occupations. Il finit même par écrire une partie de ses notes en suédois. Sophie va mieux et surmonte la mort de Taube.

     

    En 1804, il apprend que Louis XVIII (Provence), son neveu (Duc d'Angoulême, époux de Madame Royale) et le comte d'Artois (futur Charles X) venaient en Suède. Ils souhaitent établir une protestation contre le fait que Napoléon Bonaparte soit proclamé empereur.

      

    Une réunion des Bourbons doit avoir lieu à Kalmar et Gustave Adolphe charge Fersen de recevoir Provence et Artois.

     

    Louis XVIII est déjà appelé « Votre Majesté » en permanence. Kalmar devient pour quelque temps la capitale de la contre-révolution. Fersen arrive sur place le 13 octobre 1804 et loge chez Alberg, le chef de la Police. Il appréhende cette rencontre et en même temps est heureux de revoir les frères de Louis XVI. Il écrira au sujet de ces retrouvailles « Ils m'ont sauté au cou et notre rencontre fut très émouvante (…)

      

    J'étais très heureux de les voir, cela ravivait en moi tant de souvenirs mais aussi le sentiment de ma perte » .

    Les activités s'organisent et la déclaration contre Napoléon est rédigée. Fersen persuade Louis XVIII de ne proclamer cette déclaration qu'en territoire neutre, en mer. L'ambiance est idéale, des contemporains, ainsi que Fersen lui-même note que Louis XVIII a tendance à boire un peu trop. Après avoir remercié les suédois pour leur hospitalité, les Bourbons quittent la Suède le 23 octobre. Mais malgré la déclaration contre Napoléon, ce dernier est tout de même couronné empereur en décembre 1804.

     

    Gustave Adolphe est déterminé à faire tomber Napoléon et écraser une bonne fois pour toute la Révolution Française afin de rendre le trône aux bourbons. De son côté Fersen est réaliste, il s'est rendu compte que les puissances étrangères ne pouvaient pas faire grand-chose contre la France et Napoléon. Il n'est plus l'homme d'antan prêt à combattre, rêvant de vengeance.

     

    Mais le Roi persiste dans son entêtement et charge Fersen, de se rendre en Poméranie, en tant que ministre des affaires étrangères et d'entretenir des contacts avec les puissances.

    Malgré tout, les armées de Napoléon battent un à un tous les pays. Fersen écrit fin 1805 « L'année se termine sur la déconfiture des dynasties d'Autriche et d'Italie, la dissolution de la coalition, l'Allemagne du nord abandonnée à l'abjecte politique prussienne, pas assez unie pour construire un barrage capable de résister à la force monstrueuse de la France, et toute l'Allemagne du Sud réduite en esclavage.

    Souhaitons de ne pas avoir à subir au cours de l'année qui commence, des évènements encore plus amers » .

     

    Axel tente vainement de raisonner le Roi, il est alors écarté du gouvernement. Il écrit : « J'étais ravi de devoir m'en aller et m'éloigner de la politique car c'est affreux et imparable d'être le bouc émissaire de tout ce qui arrive, ou tout du moins d'en être soupçonné » .

      

    Fersen reste malgré tout maréchal du royaume.

     

    C'est alors qu'il sombre de nouveau dans un profond désarroi, il critique l'alcoolisme des suédois, la méchanceté et l'intrigue. Il note « La galanterie n'est que débauche (…) on cancane beaucoup et toutes les dames d'un certain âge sont des commères. D'une manière générale, ils ne voient pas ce que veut dire aimer ou vivre et il est impossible à Stockholm, d'avoir une liaison convenable ».

     

    Il entame une liaison avec une jeune femme de 26 ans, Emelie de Geer, relation sérieuse, puisqu'il serait même question qu'il l'a demande en mariage. Commence alors une vie « tranquille », loin de la politique, il prend plaisir à la vie simple et sans contrainte. Le 21 Février 1808 la Russie attaque la Suède. Le Danemark déclare à son tour la guerre à la Suède, avec le général Français Bernadotte à sa tête.

    Quant à la Suède elle déclare la guerre à la Prusse. Dans toute cette agitation, Gustave Adolphe perd sa crédibilité et devient très impopulaire.

     

    C'est officiellement le 31 mars 1808, que Fersen ferme son journal sur cette phrase « jeudi 31, le Roi est revenu de Gripsholm ». On ne connaît pas à ce jour la raison pour laquelle, Fersen arrête brusquement ses confidences, alors qu'il a tenu son journal pendant 38 ans. Peut-être pensait-il s'y remettre plus tard ? ou bien était-il impliqué dans un complot pour déposer le Roi ? Encore une fois, aucune preuve ne peut venir apporter une réponse concrète. Quoiqu'il en soit, le 12 mars 1809, le Roi est déposé et mis aux arrêts.

     

    Sa mort :

     

     * La mort du prince héritier :

     

    C'est le Duc Charles qui devient Charles XIII, Roi de Suède. Mais étant donné qu'il n'a aucune descendance un prince héritier doit être désigné. Ce sera Kristian August Augustenborg, appelé Karl August, commandant en chef en Norvège lors du coup d'Etat en Suède. Axel et son frère Fabian, font partis de la délégation chargée d'accueillir le prince héritier. En novembre 1809, Charles XIII est atteint d'une hémorragie cérébrale.

      

    Il est sauvé, mais on parle plus que jamais du règne de Karl-August, on se préoccupe même de sa descendance. Pendant ce temps Gustave IV Adolphe et sa famille sont exilés en Allemagne. De son côté Fersen est de plus en plus écarté du pouvoir politique et du premier gouvernement issu de la nouvelle constitution. La Suède tend vers l'égalité des droits, les nobles perdent un grand nombre de leurs privilèges passés.

     

      

    Axel de Fersen est de plus en plus isolé, ce pays, cette nouvelle Europe n'a plus rien à voir avec ce qu'il a connu. Il reste attaché à l'Ancien Régime, il est conservateur et a du mal à accepter la tournure des évènements. C'est un homme du passé et c'est justement ce qu'on lui reproche. En tant que Maréchal du Royaume, Fersen doit conduire le prince héritier au château de Drottninggholm. Mais le prince n'a pas l'air en très bonne santé, il est souvent malade. Les pamphlets alimentent déjà la rumeur, et on soupçonne la comtesse Piper, aidé de la Reine d'avoir empoisonné le prince héritier. Un constitutionnel actif, Grevesmöhlen s'occupe de répandre la rumeur.

      

    Les Suédois ont toujours à l'esprit les morts subites survenues dans l'entourage de Sophie Piper, en commençant par Evert Taube.

     

    Epuisé et malade, Karl-August est en permanence suivi par un médecin particulier, Rossi, qui s'avère être le médecin de famille des Fersen. Mais cela ne sera pas suffisant, le 28 mai 1810, Karl August tombe de cheval lors de l'inspection d'un régiment de hussards. Il faisait un froid glacial et des témoins disent l'avoir vu chanceler, perdre le contrôle de son cheval et tomber. Malgré les secours, dont son médecin Rossi, Karl-August meurt.

     

    C'est alors que les pires rumeurs circulent, dont l'empoisonnement du prince héritier. Une autopsie immédiate est demandée. Sparre, le chef de cabinet du prince refuse dans un premier temps puis fini par accepter se disant que l'accord de Stockholm serait long à venir.

      

    C'est le docteur Rossi, assisté de cinq médecins qui pratique l'autopsie. Les résultats de l'autopsie révèlent que la mort est due à une attaque, qu'il n'est nullement question d'empoisonnement.

    Une fois de plus la Suède se retrouve sans prince héritier, ce qui accable encore plus le pauvre Charles XIII, dont la santé faiblie.

      

    On pense alors à Fredrik Christian, frère du défunt prince pour le remplacer. Pendant ce temps, des experts médicaux sont envoyés par le gouvernement pour faire l'autopsie de Karl-August et constatent que l'acte médical a déjà été effectué. Les rumeurs vont bon train et Charles XIII lui-même est persuadé que le prince a été assassiné.

     

    Le Roi soupçonne les Gustaviens, dont son épouse fait partie. Il souhaite étouffer l'affaire, mais il est déjà trop tard. Le peuple gronde, des tracts circulent et des groupes se rassemblent devant l'hôtel particulier des Fersen. Les comtes de Fersen et Sophie Piper sont directement visés.

    Des pamphlets qui décrivent « la conspiration des Fersen » sont distribués dans tout Stockholm. Un témoin dit même avoir entendu le Roi dire « Si j'étais à la place de Fersen, je demanderais à être arrêté et j'exigerais d'être jugé. Cela les ferait taire tous. ». Mais Axel de Fersen est loin de tout cela, il est en congé, en province chez Emelie et se souci peu des bruits qui courent.

     

    * 20 juin 1810 : Dernier voyage :

     

    En tant que maréchal du royaume Fersen doit regagner Stockholm pour s'occuper des funérailles du prince. Emelie, consciente du danger tente de l'en dissuader, mais fidèle à ses principes et à ses devoirs, il part pour Stockholm. Ce qu'il ne sait pas c'est que dans la capitale, on le soupçonne d'être à la tête du mouvement Gustaviens qui aurait soit disant assassiné le prince.

      

    D'autant plus que l'autopsie est remise en cause par les médecins experts du gouvernement et Rossi, le médecin de Fersen est accusé d'incapacité et de complicité.

     

    Axel de Fersen souhaite parler au Roi pour l'organisation des funérailles, mais aucune audience ne lui sera accordée. Il est totalement sidéré. Selon les témoignages, il part en disant

    « Si le Roi n'a pas le temps de parler à son maréchal du royaume des mesures à prendre pour le cortège funèbre, alors je m'éloigne ».

     

    Face aux violences et à l'agitation prévue, le préfet de Stockholm demande au Roi de dissuader Fersen de participer au cortège. Ce à quoi le Roi répond « Cela ne fera pas de mal si le monsieur en question voit sa voiture un peu salie ». C'est le général Silfversparre qui est chargé ce jour là de maintenir l'ordre, demande au Roi l'autorisation de distribuer des cartouches à ses soldats et le droit de riposter en cas d'émeutes.

      

    Mais une fois de plus le Roi refuse et dit « il n'y aurait rien de mal à ce que ce monsieur hautain reçoive une leçon ». Le 19 juin au soir, la bière est distribuée à flot dans tout Stockholm et le 20 juin au matin les cabarets ouvrent tôt. On donne même de l'argent aux marins pour boire, tout le monde sait ce qui va se passer.

     

    Pendant ce temps Fersen se prépare. Son serviteur le met en garde et tente de le dissuader, mais rien n'y fait. Ni les mises en garde de ses proches, ni même les lettres anonymes et menaçantes qu'il a reçu, dont voici un extrait « Un seul mot peut t'écraser misérable ! Méprisable créature, avec ta prétendue grandeur et toute ta splendeur, sache que le dernier des paysans te crache dessus ».

     

    Mais Axel de Fersen n'a pas peur, il se moque des menaces et méprise les enragés, comme autrefois les "enragés" Français. C'est donc calme et détendu qu'il monte dans son beau carrosse et quitte sa propriété. A midi le cortège funèbre se met en route.

      

    Les cloches des églises sonnent au rythme de la marche funèbre. Silfversparre est en tête du cortège, suivent les voitures de Cour. Le carrosse étincelant du maréchal est suivi du corbillard. Mais peu de temps après le départ du convoi, l'agitation commence, ce sont d'abord des insultes verbales, crachats, mais Fersen reste calme. Il regarde droit devant lui, ne faiblit pas, peut-être songe-t-il à la fuite à Varennes, survenue il y a 19 ans jour pour jour. Il a si souvent mentionné cette date du 20 juin dans son journal, se reprochant d'avoir cédé au Roi, de les avoir quitté au premier relais et de n'avoir pu sauver la Reine ou de ne pas être mort pour Elle….

      

    Et voilà qu'une fois de plus, un 20 juin tragique survient dans sa vie, ce sera le dernier. Après les insultes, viennent les jets de pierres sur le carrosse, à son passage il entend « Le voilà le meurtrier ! », sa voiture est secouée et les vitres volent en éclats. Axel de Fersen saigne au visage, mais ne bouge pas, il est toujours sûr de lui, froid et impassible. Les cochers et laquais sont atteints par des pierres, la foule devient de plus en plus menaçante et se presse dangereusement autour du carrosse du maréchal. On entend crier « Mort à Fersen ! Mort au meurtrier ! ».

      

    Axel demande à un cavalier d'aller chercher de l'aide. Silfvesparre est prévenu, mais ne se presse pas pour intervenir. Fersen reçoit pierres et ordures, il se protège le visage ensanglanté comme il peut. Mais le carrosse est immobilisé. Un ancien adjudant, Bartholin, fait sortir Fersen du carrosse et l'entraîne vers une maison. Silfvesparre arrive alors et engage Fersen à se protéger dans la maison. Il est amené dans le cabaret au premier étage et dit « Tout cela est pour moi une surprise. Je ne sais pas ce que j'ai bien pu faire au peuple ». . Ses habits sont en lambeaux, il respire péniblement. Mais la foule n'est pas calmée pour autant et Silfvesparre comprend tout à coup, que le peuple ne s'arrêtera pas à quelques insultes ou maltraitances.

      

    Il tente de calmer la foule rassemblée devant la maison où se trouve Fersen, en promettant son arrestation. Mais les injures continuent et Fersen entend même en français : « c'est vous le responsable de la Révolution Française ! ». Axel est bousculé, ses décorations arrachées, il est traîné dehors. Il tente de se justifier « Je suis innocent ! J'aimais le prince héritier et je déplore sa mort autant que vous ! », mais les agitateurs le poussent dans l'escalier pour le faire sortir de la maison et descendre dans la rue. Silfvesparre tient Fersen par le bras, promettant à la foule de l'amener à l'hôtel de ville pour qu'il soit arrêté. Les insurgés les bousculent, tape Fersen avec ce qu'ils peuvent. Silfvesparre est également blessé.

      

    Une fois dans la rue, Fersen demande à un général à cheval de l'aider et de le sauver, mais la foule en délire le pousse, le met à terre, le tire jusqu'à la place de la noblesse. Les deux cents hommes de la garde royale ne bougent pas, ils ont reçu des ordres. Fersen est poussé à coups de pieds et de cannes contre la porte de l'hôtel de ville. Les gardiens parviennent à le faire entrer, un laquais l'a rejoint. Mais la foule force la porte et se rue de nouveau sur le pauvre malheureux et le serviteur.

      

    Ils hurlent « Est-ce ton serviteur ? ». Conscient de la situation Fersen répond « Non, je ne le connaît pas ». Ils sortent Fersen dans la rue et l'achèvent lamentablement à coups de cannes et de parapluies. Ils sautent sur le corps, dansent et le piétinent. Pendant ce temps, Silfvesparre, les gardes, les fonctionnaires de police assistent calmement à la scène. Axel de Fersen est mort, sacrifié à une foule déchaînée.

     

    Aucun des assassins de Fersen n'est condamné pour meurtre. Juste pour « participation à l'émeute » ou encore « avoir avoué des actes de violences ». La plupart sont graciés par Charles XIII quelques années après.

     

    L'enquête sur la mort de Karl-Auguste révéla que le prince n'est pas mort d'empoisonnement, et les Fersen sont entièrement disculpés.

     

    Sophie Piper se bat pour la réhabilitation de son frère, qu'elle fini par obtenir. Le 2 décembre 1810, il est réhabilité et en tant que maréchal du royaume et détenteur de l'ordre des Séraphins, il a droit à des obsèques officielles avec honneurs.

     

    Sophie fit élever un monument à la mémoire de son frère :

     

    Comte Axel de Fersen, grand maréchal de Suède

     

    Chancelier de l'académie d'Uppsala, général de cavalerie,

     

    Chevalier et commandeur des principaux ordres du royaume,

     

    Né le 4 septembre 1755,

     

    Lui qui voulait combattre l'anarchie et la fureur populaire,

     

    Il en a été victime le 20 juin 1810,

     

    Que son innocence soit reconnue

     

    Que vienne la vengeance des innocents,

     

    La gloire et la vérité,

     

    Sa mémoire les garde.

      

     

    sources

    superbe blog - AXEL de FERSEN

    http://axelvonfersen.free.fr/index.php?option=com_

    content&view=article&id=2&Itemid=2  

    photos google

     

    http://imageshack.us/
     
     
     
     
     
     

     

      

      

     

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    Louis XVI

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    Louis XVI
    esquisse de Duplessis

    Né à Versailles en 1754, mort en 1793, roi de France de 1774 à 1791, Louis XVI est le petit fils de Louis XV. Orphelin de père à onze ans et de mère à treize ans, il fut élevé par son précepteur Mgr de Coetlosquet et par le duc de La Vauguyon. Il reçut une éducation très conservatrice et très religieuse, au sein d’une cour où dominait la Marquise de Pompadour.

    Ayant peu de goût pour la guerre, il se passionnait pour la chasse et les travaux artisanaux ( en particulier la serrurerie ). Le futur Louis XVI est intelligent, instruit, mais manque de caractère et sa timidité presque maladive lui fera adopter des attitudes hésitantes et contradictoires. Marié en 1770 à l’archiduchesse Marie-Antoinette, fille de François 1er empereur d’Autriche , il eut quatre enfants, mais deux mourront en bas-âge.

    Sacré le 10 mai 1774, il souhaite rompre avec les habitudes de débauche de la Cour, et ce roi de vingt ans, vertueux, un peu maladroit s’attire en ce début de règne, les sympathies et l’affection du peuple. Il forme une nouvelle équipe gouvernementale avec Turgot aux finances. Cependant, il se refuse à effectuer les réformes modernistes proposées.

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    Louis XVI
    par Duplessis

    Turgot fut renvoyé en mai 1776. Le Genevois Jacques Necker, fut nommé directeur général des finances en 1777, mais il ne parvint pas plus que son prédécesseur à imposer les réformes nécessaires et la publication en 1781 de son Compte-Rendu décrivant l’état exact des finances du royaume lui valut son renvoi.

    La politique extérieure, permet de retrouver le prestige perdu par les défaites successives du règne précédent. La lutte des treize colonies d’Amérique obtient le soutien officiel du gouvernement. Louis XVI signe avec Benjamin Franklin un traité d’amitié en 1778, tandis que de jeune aristocrates comme La Fayette ou Rochambeau, s’engagent activement dans les mouvements de libération. Les Français apportent une aide réelle à Georges Washington. Cette politique menée également aux Indes et en Europe entraîne un déficit budgétaire important ( 1 milliard de livres ont été dépensées rien que pour l’indépendance américaine !)

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    Louis XVI et Benjamin Franklin

    La crise financière se double d’une crise morale, politique et sociale. Les débordements et le gaspillage de la Cour, la baisse des revenus agricoles, le manque de réformes fiscales, font que le mécontentement populaire s’accentue porté par des oeuvres comme « le mariage de Figaro » de Beaumarchais et amplifié par des scandales comme l’affaire du Collier de la Reine 1785.

    Le roi mal entouré, d’une indécision constante, ne sut pas faire face à la montée révolutionnaire. Face à une agitation grandissante charge Loménie de Brienne de convoquer les Etats Généraux. Dès la convocation faite, Louis XVI le renvoie et rappelle Necker.

    Par un Edit du 8 août 1788, Brienne convoque les Etats Généraux pour le 1er Mai 1789. Lors de leur ouverture , le 5 mai 1789, Louis XVI refuse de répondre à la question du système de vote ( par ordre ou par tête )

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    Arrestation aux Tuileries

    ce qui provoque une totale désillusion au sein de la bourgeoisie, et impuissant devant la contestation, il accepte alors la proclamation des Etat Généraux en Assembler Nationale, invitant la Noblesse et le Clergé à s’y associer.

    Le 17 juin 1789 les Communes décident de se transformer en l’Assemblée Nationale, ce qui sonne le glas de l’absolutisme royal : la Révolution est en marche. Le 9 juillet l’Assemblée nationale se proclame constituante. Le 17 juillet 1789 Louis XVI renvoie Necker pour la seconde fois et le remplace par la baron de Breteuil, un contre-révolutionnaire notoire. Cette provocation ajoutée aux problèmes économiques rencontrés par les parisiens, déclenche les évènements de juillet.

    En octobre le peuple se rend à Versailles pour ramener la famille royale à Paris, et le 14 juillet 1790 le roi prête serment de fidélité à la Nation durant la fête de la Fédération, mais la Constitution Civile du Clergé heurte sa conscience de chrétien.

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    Exécution de Louis XVI

    Il décide de fuir à l’étranger mais est arrêté à Varennes la nuit du 20 au 21 juin 1791. Suspendu de ses fonctions durant un mois, il devient « rois des français » le 14 septembre 1791 après avoir juré fidélité à la Constitution.

    De nombreuses maladresses et des contacts mal dissimulés avec les chancelleries étrangères, ne firent qu’augmenter l’hostilité des révolutionnaires, et le 10 août 1792, les Tuileries sont prises, le roi est arrêté : c’est la chute de la royauté.

    Déchu, prisonnier au Temple, Louis XVI appelé par dérision Louis Capet, est accusé de « conspiration contre la liberté publique » et jugé par la Convention. Ses défenseurs : Malesherbes, Tronchet et Romain de Séze ne peuvent le sauver .

    Sa culpabilité fut reconnue à la majorité : 387 voix contre 334.

    Condamné à mort, il fut exécuté sur la place de la Révolution actuellement place de la Concorde le 21 janvier 1793.

      

      

      

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    Marie Adelaïde de France, dite Madame Adélaïde, ou sa soeur Louise-Marie, toutes les deux fille de Louis XV; huile sur toile, châteaux de Versailles et de Trianon

      

      

      

      

     

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    en bas dans la colonne de gauche...

    le fond musical du blog sera supprimé 
     

      

     Quelle était la nature exacte de cette relation ?

    Pourquoi Louis XVI était-il si indulgent ?

    En quoi Fersen devient-il conseiller politique en organisant la fuite du Roi ?

    (Secrets d'Histoire/Marie-Antoinette intime/Société Européenne de Production)

      

      

      

     

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    Madame Elisabeth, dite Mousseline

     

     

     

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    Merveilleuse vaisselle commandée par Louis XVI en 1783,

    en même temps qu'un autre service

    dit "à l'arabesque".

    Cette vaisselle est prodigieuse de beauté, de magnificence, et du talent fabuleux de Dodin.

    Londres

      

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

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     Jeanne Bécu, dite de Cantigny ou de Vaubernier par son mariage "comtesse" du Barry, née le 19 août 1743 à Vaucouleurs et guillotinée sous la Terreur le 8 décembre 1793, fut la dernière favorite de Louis XV, roi de France.

      

    Sa vie

    Jeanne Bécu, dite « de Cantigny », mais aussi « Mlle de Vaubernier », était issue par sa mère d'une famille de haute domesticité attachée à la cour de Lorraine à Lunéville.

    Une de ses grands-mères, Anne-Jeanne Husson, avait elle-même vécu à Versailles où, avec son mari Fabien Bécu, dit de Cantigny, ancien maître rôtisseur, elle fut au service de la « belle Ludres »,

    une des maîtresses de Louis XIV.

    Appelée à Paris auprès de familles de la haute aristocratie, Anne Bécu, la mère de la future favorite, entra vers 1742 au service de Claude-Roch Billard du Monceau, receveur des finances de Lorraine, lequel pourrait avoir été le père biologique de Jeanne, mais refusa formellement d'endosser cette paternité. En 1749, Anne Bécu épousa Nicolas Ranson de Montrabé, receveur des gabelles, qui aurait pris en charge l'éducation de la petite Jeanne alors âgée de 6 ans à moins que le père putatif de l'enfant, Billard du Monceau s'en soit lui-même occupé.

    Quoi qu'il en soit, la jeune Jeanne Bécu bénéficia d’une éducation soignée chez

    les dames de Saint-Aure

    (dans le couvent de la rue Neuve-Sainte-Geneviève à Paris) à partir de 1753.

    À l'âge de 15 ans vers 1758, la jolie Jeanne sortit de ce couvent pour entrer au service d'une famille de Lagarde issue de la Ferme générale. Elle acquit peu à peu l'aisance et la distinction de manière qu'on lui connaissait.

    Lors de son mariage avec le comte Guillaume du barry, Jeanne dut justifier de ses origines paternelles. Aussi fut-il suggéré de la déclarer fille d'un certain « sieur de Vaubernier » où chacun voulut reconnaître Jean-Jacques-Casimir Gomard, soi-disant « de Vaubernier », dit aussi « frère Ange », moine du couvent de Picpus à Paris, qui fut en effet témoin au mariage.

     
    "Portrait of Madame du Barry (1743-93) (pastel and paper on paper)"
     

      

    Ses débuts

    À dix-sept ans, elle devint vendeuse dans une luxueuse boutique de mode située rue Saint-Honoré à Paris – « les traits galants » – appartenant à un notable parisien, Jean-Baptiste Buffault, échevin, qui a laissé son nom à une rue de Paris. Ce personnage fut aussi administrateur de l'Opéra, puis devint l'homme d'affaires et le confident de la comtesse Du Barry.

      

      

    Charles Henri Sanson, fils du bourreau de Paris, avant d'embrasser lui-même cet état, a fait la connaissance de Jeanne qui résidait à cette époque rue du Bac à Paris.

      

    L'abbé Gomard, aumônier des condamnés qui passaient dans les mains de Monsieur de Paris, était devenu un proche de la famille Sanson.

      

    Cet abbé, qui aurait eu une vie agitée avant de prendre l'habit, se prétendait l'oncle et le protecteur de celle qui se faisait alors appeler Jeanne de Vaubernier ou Mademoiselle Lançon.

    Soucieux de la vie désordonnée de galanterie que Jeanne semblait avoir adoptée si jeune, l'abbé s'était inquiété du devenir de sa protégée auprès de ses amis Sanson, comme s'il avait été l'auteur de ses jours.

    Le destin fit que Charles Henri Sanson, qui après avoir joué les bons offices auprès d'elle, par amitié pour l'abbé Gomard, fut ensuite son bourreau.

    La beauté de la jeune fille la fit remarquer et elle fut reçue dans divers salons dont certainement le « bureau d'esprit », fort connu, de Mme Buffault, née Barbe Peeters, où, probablement, Jean Baptiste Du Barry l'aperçut.

      

      

    Le Roué et le Roi

    Jean-Baptiste du barry, dit Le Roué, gentilhomme toulousain, connu dans les milieux de la galanterie parisienne, la remarqua alors qu’elle n'avait que 19 ans. Il en fit sa maîtresse et, pendant un temps, elle fit les honneurs de l'hôtel Du Barry à Paris où, selon Fabre de l'Aude, venaient beaucoup de personnages remarquables, appartenant au monde de la littérature et des arts.

    Du Barry était en effet un amateur de musique et surtout de peinture, doublé d'un mécène, et c'est à son contact que Jeanne, dite Mlle de Vaubernier dans le monde, se forma à la culture des beaux-arts.

    Lors d’un dîner, Jean-Baptiste Du Barry aurait fait l’éloge de la jeune femme au maréchal de Richelieu qui imagina de la présenter à Louis XV. L

      

    a rencontre se fit par l'intermédiaire de Michel Lebel, premier valet de chambre du roi. Cette opération n'était pas indifférente à Richelieu qui voulait contrer le projet que préparait le clan du premier ministre.

      

      

    En effet, élevé au ministère par la grâce de la défunte marquise de Pompadour, le duc de Choiseul caressait l'espoir de placer auprès du roi sa sœur, la duchesse de Grammont, ou toute autre femme à leur dévotion.

    La déconvenue et le ressentiment des Choiseul à l'égard de Mme Du Barry, qui leur fit perdre une part d'influence auprès du roi, fut immense. Car en peu de temps, Louis XV s'était épris de Jeanne qui avait à ses yeux un charme infini et certains talents qui lui donnaient une nouvelle jeunesse.

    L'année 1768 avait clos pour le roi une décennie parsemée de deuils. Le roi, Louis XV, ayant en effet souffert dans les années précédentes de la mort de ses proches : sa fille la duchesse de Parme (morte en 1759), son petit-fils aîné, le duc de Bourgogne, mort à 10 ans en 1761, sa petite-fille l'archiduchesse Isabelle, élevée à Versailles, morte en couches en 1763, sa favorite en titre, la marquise de Pompadour (morte en 1764), son gendre Philippe Ier de Parme et son fils et héritier le dauphin Louis-Ferdinand (morts en 1765), sa belle-fille Marie-Josèphe de Saxe, (morte en 1767) laissant orphelins cinq enfants (dont l'aîné, nouvel héritier du trône n'avait pas 13 ans), enfin sa femme la reine Marie Leszczyńska était morte en juin 1768.

      

      

    De plus un projet de re-mariage avec l'archiduchesse Marie-Élisabeth d'Autriche, sœur de Marie-Antoinette, avait échoué, la beauté de cette princesse de 25 ans ayant été ravagée par la

    « petite vérole », maladie courante à l'époque

    (et dont le roi mourra).

    Le roi, toujours très beau mais vieillissant (il avait alors 58 ans), était donc libre et désira faire de

    « Mademoiselle de Vaubernier », superbe jeune femme de 25 ans, sa nouvelle favorite officielle, ce qui ne pouvait être sans une présentation officielle à la cour par une personne y ayant ses entrées et sans qu'elle fût mariée.

      

    L'inconvénient était que le « chevalier » Jean-Baptiste Du Barry était déjà marié (à une Mlle Dalmas de Vernongrese), aussi tourna-t-on la difficulté en mariant Jeanne au frère aîné de Jean-Baptiste, le comte Guillaume du barry, qu'elle épousa en effet le 1er septembre 1768 (et qui fut immédiatement renvoyé dans son foyer).

      

    Quant à la marraine, on dégota la comtesse de Béarn, un très grand nom mais très vieille et surtout très endettée, qui accepta la « besogne » (contre paiement de ses dettes) au grand dam des bien-pensants. Jeanne pouvait désormais être officiellement présentée à la cour, ce qui fut fait en avril 1769.

    Notons que l'année suivante, peu avant le mariage du dauphin avec l'archiduchesse Marie-Antoinette d'Autriche, sœur de l'archiduchesse qui avait failli épouser le roi, la plus jeune fille de Louis XV, Madame Louise, 33 ans, quitta la cour de Versailles pour entrer au carmel de Saint-Denis (le plus pauvre carmel de France) et prier pour le salut de l'âme de son père.

      

      

    Favorite royale

     
    Fête donnée à Louveciennes, le 2 septembre 1771, par Jean-Michel Moreau, Paris, musée du Louvre.

      

    À la différence de Madame de Pompadour, Jeanne Du Barry ne chercha pas à jouer un rôle politique par elle-même. Elle fut l'intermédiaire d'une coterie, celle du duc d'Aiguillon et de Richelieu mais, quoi qu'on en dise, elle n'a pas été sans influencer discrètement telle ou telle décision, obtenant ainsi la grâce de plusieurs condamnés à mort.

    Elle bénéficiait pour son train de vie de revenus conséquents, et reçut des bijoux somptueux, un appartement au château de Versailles, ainsi que des domaines (Louveciennes, près de Marly-le-Roi, et Saint-Vrain), mais assez peu de choses en comparaison de ce que Mme de Pompadour s'était fait octroyer. Malgré les coups bas de la duchesse de Grammont et d'autres femmes jalouses de sa position à la cour, elle s’efforça d’être agréable à tous, et Voltaire, à qui elle avait envoyé deux baisers par la poste, lui adressa ce célèbre quatrain par retour de courrier :

    Quoi, deux baisers sur la fin de la vie !
    Quel passeport vous daignez m’envoyer !
    Deux, c’est trop d’un, adorable Égérie,
    Je serai mort de plaisir au premier.

    Cependant, le clan Choiseul n'avait pas désarmé et c'est à une de ses créatures, Pidansat de Mairobert, qui fut le rédacteur des Mémoires secrets après la mort de Bachaumont, que l'on doit les premières attaques, souvent triviales, dont Mme Du Barry fut l'objet pendant sa vie entière. Il diffusa (il tient la Surintendance des Postes) ou suscita des chansons grivoises et même des libelles pornographiques (L’Apprentissage d’une fille de modes, ou L’Apothéose du roi Pétaud).

      

     

    Bust of Madame du Barry by Augustin Pajou  

      

    Par la force des choses, Mme Du Barry se retrouva soutenue par le parti dévot, par le fait même qu'il était hostile à Choiseul qui, pour avoir conclu le mariage du nouveau Dauphin Louis-Auguste et de l'archiduchesse Marie-Antoinette d'Autriche, semblait encore intouchable (on pensa même régulariser la situation en la faisant officiellement épouser par le roi).

    Prévenue contre Mme Du Barry dès son arrivée en France, la dauphine, jeune et entière, lui voua d'emblée un mépris profond en ne lui parlant pas, ce qui était grave quand on vivait à la cour, moins parce qu'elle était favorite royale que parce qu'elle était non agréée par le parti lorrain de la cour (1770).

      

    En effet, Marie-Antoinette était de la Maison de Lorraine. En 1771, à la suite d'humiliations répétées contre Mme Du Barry - entre autres au théâtre de Fontainebleau -, Louis XV décida le renvoi de Choiseul et des siens, et le fit remplacer par le duc d’Aiguillon, ce qui accrut la rancœur de Marie-Antoinette à son égard.

    Désormais intouchable, Mme Du Barry appuya son influence et organisa le mariage du comte de Provence avec une princesse de Savoie.

      

    Mais c'est dans le domaine des arts que Mme Du Barry a particulièrement brillé et il lui a été rendu hommage à l'occasion d'une exposition organisée à Marly en 1992. Elle a en effet véritablement joué le rôle de mécène, contribuant à développer et faire connaître l'artisanat d'art français.

      

    Elle inspira les plus grands artistes dont le sculpteur Boizot, directeur de la manufacture de Sèvres, et elle contribua à l'essor du néo-classicisme en révélant Ledoux qui bâtit son pavillon de musique de Louveciennes, ou en passant des commandes importantes aux peintres Vien, Drouais, Greuze ou Fragonard, aux sculpteurs Lecomte, Pajou ou Allegrain, d'autres encore.

      

    D'un goût très sûr, comme en témoignent ses collections décrites par Charles Vatel, Mme Du Barry a d'une certaine manière inventé le style Louis XVI: « Madame Du Barry fut une courtisane, mais une courtisane amie des lettres, des artistes, et qui passa sur la terre en répandant libéralement autour d'elle l'or et les consolations. »

      

     Fichier:Du Barry.jpg 

      

    Une femme de cœur

     

    Pourtant, en 1789, la bonne comtesse offrit ses services à la cour. À l'heure du danger, quand beaucoup de courtisans s'enfuyaient à l'étranger, Mme Du Barry ne cessa pas de soutenir la contre-révolution de l'intérieur. Malgré ses bienfaits et sa charité active, son passé la rendait suspecte, et le 6 septembre 1792, la tête du duc de Brissac, assassiné à Versailles, fut lancée par la fenêtre du salon de Louveciennes.

    Victime d'un vol de bijoux, Mme Du Barry avait dû se rendre à Londres pour authentifier ceux de ses joyaux qui y avaient été retrouvés et qui étaient entre les mains du fameux espion Nathaniel Parker-Forth, qui les conserva jusqu'à leur vente, à son profit, chez Christie, quelques années après l'exécution de la comtesse. Après la mort de Louis XVI, à la veille de la déclaration de guerre avec la Grande-Bretagne, Mme Du Barry revint de Londres en France pour éviter l'apposition des scellés sur sa propriété.

      

    Elle fut dénoncée par un nommé Greive identifié plus tard comme étant un agent d'influence anglais en France. Cet individu, acharné à sa perte, semble avoir convoité ses papiers, notamment sa correspondance avec Brissac, qui donnait de précieuses indications sur les efforts des royalistes de l'intérieur pour sauver Louis XVI. Il est possible que Greive ait vendu cette correspondance à son gouvernement.

      

    Fichier:Madame Duberry.jpg

    La Révolution

     

    C'est moins ce qui restait de fortune à Mme Du Barry que son ancienne condition de maîtresse royale qui en firent une cible parfaite pour les révolutionnaires.

      

    En 1791, alors qu'elle vit avec son nouvel amant le duc de Cossé Brisac, son château est cambriolé et des bijoux dont la valeur actuelle est estimée à soixante millions d'euros sont dérobés. Ils sont retrouvés à Londres où elle se rend pour les récupérer. Mais qui dit voyage à Londres au temps de la Révolution dit aide aux émigrés et donc arrestation et condamnation.

      

      

    Malgré les nombreux témoignages des habitants de Marly et de Louveciennes en sa faveur, elle devint vite suspecte dès le vote de la loi de ce nom (17 septembre 1793), fut déclarée ennemie de la Révolution, emprisonnée à Sainte-Pélagie le 22 septembre et, après un long procès prédéterminé, elle fut condamnée à être guillotinée.

    L'exécution eut lieu le 8 décembre 1793 après des retards pour enregistrer des révélations que Mme Du Barry prétendait faire, au sujet de ses bijoux, pour obtenir sa grâce. Le courage qu'elle avait montré au moment de son procès l'abandonna sur la charrette.

      

    Le peintre Élisabeth Vigée Le Brun rapporte : « Elle est la seule femme, parmi tant de femmes que ces jours affreux ont vues périr, qui ne put avec fermeté soutenir l'aspect de l'échafaud ; elle cria, elle implora sa grâce de la foule atroce qui l'environnait, et cette foule s'émut au point que le bourreau se hâta de terminer le supplice. » Ses derniers mots au bourreau, sans doute apocryphes, furent « De grâce, monsieur le bourreau, encore un petit moment. »

    Mirabeau en dit : « Si ce ne fut pas une vestale, la faute en fut aux dieux qui la firent si belle ».

     

    Le comte d'Artois

      

    Anecdotes

    La plupart des anecdotes sur Mme Du Barry proviennent de l'esprit malveillant de ceux qu'elle avait gênés dans leurs ambitions, notamment Mathieu-François Pidansat de Mairobert, pamphlétaire virulent. Elles émaillent les Mémoires secrets et semblent avoir été destinés à amuser ou indigner, mais n'ont aucun caractère historique.

    Ainsi celle-ci, rapportée par Mathieu-François Pidansat de Mairobert : le surnom de Mme Du Barry pour son royal amant était « La France ».

      

    Un beau matin de 1773, le roi, qui ne dédaignait pas préparer à l’occasion son café lui-même, le laissa un jour « s’envoler », s’attirant cette apostrophe de Mme Du Barry : « Hé, La France ! Ton café fout le camp ! », ce qui était de très mauvais goût (voire une insolence envers la majesté royale) après la perte des colonies en 1763 suite à la guerre de Sept Ans.

      

    En fait, Mme Du Barry s'adressait à son valet de pied La France (appelé ainsi par sa région d'origine, l’Île-de-France).

    En revanche, la correspondance de la dauphine Marie-Antoinette avec sa mère, ou celle de l'ambassadeur d'Autriche Mercy-Argenteau avec Marie-Thérèse, ne laisse aucun doute sur l'animosité de Marie-Antoinette vis-à-vis de Mme Du Barry qui témoigna toujours infiniment de respect à son égard :

      

    « C'est la plus sotte et impertinente créature qui soit imaginable » aurait ainsi écrit Marie-Antoinette à l'impératrice. Plus tard, ayant reçu le conseil de sa mère d'être un peu plus souple avec Madame Du Barry, la croisant, elle avait bien voulu lui adresser la parole : « Il y a bien du monde aujourd'hui à Versailles ».

    En 1892 ou 1893, le Musée de Cluny s'enrichissait d'un objet artistique qui n'a sans doute pas son pareil. Le don a été fait par un collectionneur, M. le docteur Molloy. Ce bibelot est le tombeau d'un serin qu'aimait beaucoup la Dubarry. Ce petit monument, bon à mettre sur une étagère, se compose d'un socle droit supportant une pyramide.

      

    Contre cette pyramide s'appuie une allégorie qui rappelle les circonstances dans lesquelles mourut l'oiseau : la cage ayant été ouverte, le serin de la favorite s'envola et alla se briser le bec contre la fenêtre.

      

    Une inscription en vers - qu'on attribue à Dorat- rappelle cette fin tragique. Fifi, c'est le nom de ce célèbre serin, était né le 3 mai 1767.

      

    Il mourut le 7 avril 1772.

    Son tombeau serait l'œuvre du sculpteur Clodion.

    Dans son Dictionnaire des idées reçues (œuvre posthume publiée en 1913), Gustave Flaubert définit le mot « Gras » en ces termes :

    « Les personnes grasses n'ont pas besoin d'apprendre à nager. Font le désespoir des bourreaux parce qu'elles offrent des difficultés d'exécution.

    Ex : la Du Barry. »

     

    Fichier:PavDuBarry1.jpg

     

     

     

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    Marie Antoinette avait déclaré vouloir être la rivale de Madame du Barry alors qu'elle venait juste d'arriver en France et de découvrir la Famille Royale...
      
    c'était lors d'un souper mais la mémoire me manque ce soir  car c'était à Compiègne ou à la Muette... en tout cas ce qui est sûr c'est que Marie Antoinette fut éblouïe durant ce repas par Madame du Barry, tellement à l'aise , d'une réelle beauté il faut le reconnaître, parée telle une châsse ...
      
    Marie Antoinette demanda à Madame de Noailles qui elle était. Madame de Noailles, "sanglée" dans l'immuable étiquette et "hypocrisie" de cour lui révéla de manière agréable qui elle était et qu'elle était son rôle à la cour, celui d'amuser le Roi. Innocemment en effet, Marie Antoinette répondit avec enjouement qu'elle se déclarait être sa rivale, c'est à dire parvenir elle aussi à distraire ce bon papa roi blasé de beaucoup de choses.
     
    D'ailleurs pour Marie Antoinette, à 15 ans ne l'oublions pas, amuser le roi signifie les bals, la chasse, les surprises et pas autre chose... à son arrivée donc Marie Antoinette n'a pas de haine pour Madame du Barry d'autant plus que Madame de Pompadour "amusait" elle aussi le Roi et Marie-Thérèse d'Autriche avait su s'en faire une "alliée"

    C'est donc une fois les cérémonies achevées et le commencement du rituel français de Marie Antoinette qu'elle va être confrontée aux réalités et au complots de cour... les filles de Louis XV mettront aisément dans leur camp la jeune "autrichienne" en lui révélant qui était et quelles étaient les fonctions de la favorite... Jeanne Bécu, une fille des rues dans le lit du plus grand roi!!!!

    Du fait de son inexpérience et de sa volonté de ne pas déplaire, surtout que si l'on se remémore la lettre écrite à sa mère on peut suivre les semaines de la jeune dauphine... une routine et surtout un parfait ennui pour une jeune fille coupée de tous sauf de sa famille et de ses tantes...
     
      

    François-Hubert Drouais "Madame du Barry"
      
      
    En cela elle me rappelle "Pépa", Marie Joséphine de Saxe, mère de Louis XVI qui en arrivant en france dut faire le choix entre la famille de son époux c'est à dire son mari, ses belle-soeurs, et madame de Pompadour pourtant à l'origine de son union avec le dauphin...

    En tout cas je ne connaissais que "la créature" quand Marie Antoinette parlait de Madame du Barry, laquelle se plaisait à la surnommer la Rouquine... afin de dévaloriser la dauphine sachant que le roux était fatal aux critères de beauté et que Marie Thérèse Raphaelle d'Espagne avait beaucoup souffert de cela en son temps

    Quoiqu'il en soit, Louis XVI ne sera pas dur envers la "bonne amie" de son grand père. Elle récuperera tout sitôt sa retraite en couvent achevée... sauf une parure de diamant qui fut donnée à Madame Clotilde lors de son mariage . Mais Louveciennes et autres furent conservés par la créature. Marie Antoinette durant son règne en tant que dauphine voyait en madame du Barry à la fois le vice incarné à la cour, et aussi une rivale tant sur le plan de la réussite que du pouvoir. Elle put découvrir qu'une fois le protecteur mort, le pouvoir est chose futile car madame du Barry n'était plus rien.

    Marie Antoinette a-t-elle tant destesté de manière viscérale Madame du Barry? non contrairement à l'exemple de Rohan à qui jamais la reine ne pardonnat. Madame du Barry elle rentra dans les bonnes grâces .... du roi déjà qui lui confirma ses acquis , de la reine (Madame du Barry avait un tableau de la reine à Louveciennes : met-on le tableau d'une ennemie chez soi???), et de la noblesse en servant de messagère mais aussi de bienfaitrice pour les émigrés lorsqu'elle se rendit à plusieurs reprises en Angleterre pour le vol de ses diamants.
      
    Elle fit célebrer une messe pour la mémoire de Louis XVI et c'est ce qui la perdit aussi car les espions étaient partout... les mouchards surtout.

    En tout cas il est dit que la reine et la favorite furent aperçues après 1789 dans une loge de l'opéra, discutant, une autre fois on vit Madame du Barry aux Tuileries... la noblesse avait fui ou se cachait, Madame du Barry était là, fidèle malgré tout, à côté de son amant le duc de Brissac... fidèle de Louis XVI pour qui il donna en quelque sorte sa vie.
      
    La reconnaissance par un grand gentilhomme et proche de la famille royale en "prison" pour "la créature" n'aurait elle pas provoqué une sorte d'absolution et de pardon du passé ?.....
      
      
      
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    L’affaire du collier de la reine est une escroquerie qui eut pour victime, en 1785, le cardinal de Rohan, évêque de Strasbourg, et qui éclaboussa la reine Marie-Antoinette.
     

      

     

    L’instigatrice de cette affaire est Jeanne de Valois qui descend par son père, et par la main gauche, du roi Henri II (de Valois)et de sa maîtresse Nicole de Savigny. En tant que descendante des Valois (le fait est attesté officiellement par d'Hozier, le généalogiste du roi, et, à ce titre, elle touchera une pension de Louis XVI), elle a bénéficié des largesses de la bonne marquise de Boulainvilliers qui lui fera donner une bonne éducation dans un couvent situé près de Montgeron.

      

    En 1780 elle épouse à Bar-sur-Aube, un certain Nicolas de La Motte qui, à l'occasion de l'obtention d'un grade dans les gardes du comte d'Artois, se délivre, à lui-même, le titre de comte. Dès lors Jeanne de Saint-Rémy ne se fait plus appeler que comtesse de La Motte, auquel elle rajoute parfois Valois.

      

    À cette date, elle fait un voyage à Saverne, rejoindre Mme de Boulainvilliers qui lui présente son ami le cardinal Louis de Rohan-Guéméné, auquel elle fait appel financièrement pour sortir de la misère dans laquelle elle se trouve.

      

    C'est là aussi qu'elle rencontrera le mage Giuseppe Balsamo qui se fait appeler comte de Cagliostro. Celui-ci gravite aussi autour du cardinal de Rohan, en lui soutirant de l'argent en échange de soit-disant miracles. Il change, entre autres, le plomb en or et la silice en diamants!!
     

     

      

    Profitant de ce que Versailles est largement accessible au public, elle tente de se mêler à la Cour. Elle parvient à convaincre le cardinal qu’elle a rencontré la reine, Marie-Antoinette et en est même devenue l'amie intime.

      

    Un complice, Marc Rétaux de Villette, un ami de son mari, joue les faussaires en imitant parfaitement l'écriture de la reine.

      

    Il réalise pour Mme de La Motte de fausses lettres signées Marie-Antoinette de France alors qu’elle ne signait, bien sûr, que Marie-Antoinette. Elle va ainsi entretenir une fausse correspondance, dont elle est le messager, entre la reine et le cardinal dont le but serait de les réconcilier.

      

      

      

    La reine et le cardinal ont, en effet, un vieux contentieux: en 1773 le cardinal, qui était alors ambassadeur à la Cour d'Autriche s'était aperçu que l'impératrice Marie-Thérèse, la mère de Marie-Antoinette, jouait un double jeu et préparait en sous main le démantélement de la Pologne.

      

    Avec l'aide de la Prusse et de la Russie qui n'étaient pas des alliés de la France.

      

    Il avait écrit une lettre à Louis XV pour l'en avertir, lettre qui avait été détournée par le duc d'Aiguillon, ministre des affaires étrangères, qui l'avait remise à la comtesse du Barry que détestait Marie-Antoinette.

      

    La comtesse l'avait sortie dans un diner, comme si le cardinal la lui avait envoyée personnellement.
    Comme la reine était, depuis cet épisode, en froid avec le cardinal, la comtesse de La Motte fait espérer au cardinal un retour en grâce auprès de la souveraine. Dans un premier temps elle lui soutire 60 000 livres en deux fois.

      

      

      

    Elle a, en effet, toujours de gros besoins d'argent. Les fausses lettres font soupçonner un début de retour en grâce, tout en repoussant indéfiniment les rendez-vous successifs demandés par le cardinal pour s'en assurer.
    Or à cette époque les rendez-vous galants, sous le couvert de voilettes et de capes, dans les bosquets de Versailles, font fureur.

     

      

      

    Le comte de la Motte a découvert qu'une prostituée, Nicole d'Oliva, opérant au Palais Royal, ressemble à la reine. Mme de La Motte la reçoit et la convainc de bien vouloir, contre une généreuse somme, de jouer le rôle d'une grande dame recevant en catimini un ami.

      

    Tout cela dans le but de jouer un tour à un ami très proche.

      

    Le 11 août 1784, le cardinal se voit enfin confirmer un rendez-vous au Bosquet de Vénus à onze heures du soir. Là, Nicole d'Oliva déguisé en Marie-Antoinette l’accueille avec une rose et lui murmure un « Vous savez ce que cela signifie ».

      

    Immédiatement Mme de La Motte apparaît, signalant un danger imaginaire et s’enfuit avec sa complice. Le lendemain le cardinal reçoit une fausse lettre de la « reine » regrettant la brièveté de la rencontre.
     

      

    Jouant sur la passion de la reine pour les bijoux, Mme de La Motte va réussir le coup de sa vie en escroquant le cardinal, et cela pour la somme fabuleuse de 1,6 million de livres.

      

      

    Le joaillier du roi Charles Bœhmer a en effet conçu une extraordinaire parure de plus de 600 diamants, soit 2500 carats; destinée à l’origine à la comtesse Du Barry. La mort de Louis XV a contrarié le projet, et aucune cour européenne ne veut d’un bijou si coûteux.

      

    Le collier a déjà été présenté au moment du sacre du roi puis à plusieurs reprises à Marie-Antoinette en 1782, mais Louis XVI n'a jamais réussi à prendre la décision de l’acquérir. Le bijoutier, ne trouvant aucune autre clientèle pour cette pièce, risque d’être ruiné.

      

    La comtesse de La Motte, sachant qu'elle était proche de la reine a été contactéee et le 28 décembre 1784, elle rencontre le bijoutier qui lui montre le collier. Tout de suite elle imagine un plan pour entrer en sa possession.

      

    Elle va intervenir pour que, par son intermédiaire, Marie-Antoinette se montre intéressée par l'achat du bijou en demandant au cardinal de servir d'intermédiaire financièrement.

     

      

      

    Prétendant dans de fausses lettres ne pas pouvoir se permettre d’acquérir ouvertement le bijou, elle fait demander au cardinal par Mme de la Motte de lui servir d’entremetteur, s’engageant à le rembourser en versements étalés dans le temps – quatre versements de 400 000 livres – et lui remettant une lettre, signé "Marie-Antoinette de France" lui octroyant pleins pouvoirs dans cette affaire.

     

      

    Avec la complicité opportune de Joseph Balsamo, dit Cagliostro, la prétendue comtesse parvient à convaincre le prélat d’un oracle confirmant l’affaire. Mais surtout le cardinal pense avoir trouvé là le moyen de se réconcilier définitivement avec Marie-Antoinette et trouvé aussi par ce moyen, l'occasion de développer encore ses relations avec le roi qui, pourquoi pas, pourrait le nommer premier ministre.

      

    Le 1er février 1785, convaincu, le cardinal signe les quatre traites et se fait livrer le bijou qu'il va porter le soir même à Mme de La Motte à Versailles. Devant lui, elle le transmet à un prétendu valet de pied de la reine qui n'est autre que son complice, le faussaire.

      

    Pour avoir favorisé cette négociation, l’intrigante bénéficiera même de cadeaux du joaillier.
     

      

    Immédiatement les escrocs ont démonté le collier et commencé à revendre les pierres. Rétaux de Villette a quelques ennuis en négociant les siennes. Leur qualité est telle qu'il est dénoncé par des diamantaires juifs. Il prouve sa bonne foi et part à Bruxelles vendre ce qui lui reste.

      

    Le comte de La Motte part lui proposer les plus beaux diamants à deux bijoutiers anglais de Londres. Ceux ci envoient un émissaire à Paris. Mais aucun vol de bijoux de cette valeur n’étant connu, ils les achètent, rassurés. Les dernières pierres seront vendues à Londres.

      

    Et tout le monde attend le 1er août, date de la première échéance.

      

    Mais les bijoutiers et le cardinal s'inquiètent de voir que la reine ne porte pas le collier. Mme de La Motte convainc le prélat et le bijoutier que, si la reine ne porte pas la parure, c’est qu’elle a dû la vendre à la favorite du sultan.

      

    Et que tout est normal. En juillet cependant, la prétendue comtesse demande au cardinal de trouver des prêteurs pour aider la reine à rembourser. En effet elle a du mal à trouver les 400.000 livres qu'elle doit à cette échéance. mais le bijoutier va faire capoter l'affaire en allant voir directement la femme de chambre de Marie-Antoinette, Mme Campan.

      

    Celle-ci en parle à la reine qui découvre, surprise, cette dette. L’affaire est transmise au ministre de la Maison du roi, le baron de Breteuil, un adversaire personnel du cardinal.

      

    Celui-ci, mis au courant se frotte les mains.
     

    La prétendue comtesse, sentant les soupçons, s’arrange pour procurer au cardinal un premier versement de 30.000 livres.

     Brooch 

      

    Mais les bijoutiers n'acceptent pas une somme si faible.

      

    L'affaire va alors s'étaler aux yeux de la Cour ébahie. Le roi est prévenu le 14 août.

      

    Le 15 août, alors que le cardinal – qui est également grand aumônier du roi – s'apprêtait à célébrer en grande pompe la messe de l’Assomption dans la chapelle de Versailles, il se voit sommer d’expliquer le dossier constitué contre lui. Le cardinal est arrêté devant toute la cour, dans la Galerie des glaces et emprisonné à la Bastille.

      

    Comprenant un peu tard qu'il a été berné, il va, immédiatement, commencer à rembourser les sommes dues, en vendant ses biens propres, dont son château de Coupvray. La prétendue comtesse est arrêtée, son mari s’enfuit à Londres avec les derniers diamants – Rétaux de Villette étant déjà en Suisse.

      

    Le roi laisse le cardinal choisir entre la justice du roi et le Parlement, décision funeste, le Cardinal décidant de mettre l'affaire dans les mains du Parlement qui est toujours, plus ou moins, en fronde contre autorité du Roi.
     

      

    Le 22 mai 1786, le procès s’ouvre devant le Parlement de Paris et le 30 rend son verdict. Nicole D'Oliva, Cagliostro et le cardinal sont acquittés; Rétaux de Villette est banni; La Motte est condamné aux galères à perpétuité par contumace et la prétendue comtesse, à la prison à perpétuité à la Salpêtrière, après avoir été fouettée et marquée au fer.
     

    Furieuse de ce jugement, Marie-Antoinette obtient du roi qu’il exile le cardinal de Rohan à la Chaise-Dieu, l’une des abbayes en commende du cardinal, après l'avoir démis de son poste de grand aumônier.

      

    Il restera trois mois dans cette abbaye, après quoi il ira sous des cieux plus cléménts, à l'abbaye de Marmoutier près de Tours. Ce n’est qu’au bout de trois ans, le 17 mars 1788, que le roi l’autorisera à retrouver son diocèse de Strasbourg.
     

    Cette affaire ternira encore un peu plus la réputation de la reine, accusée d'avoir, par ses dépenses excessives, largement participé au déficit du budget du royaume. Elle aura sa part de responsabilités dans la chute de la royauté quatre ans plus tard et dans le déclanchement de la Révolution.
     

      

    Elle inspira le roman Le Collier de la reine à Alexandre Dumas et donna lieu à un film de Marcel L'Herbier.

      

     

      

     

      

     

    NB - important

    Pendant la révolution, on a fait réhabiliter  De La Motte, à titre posthume en cassant son jugement le 20 juillet 1792 pour mettre indirectement la Reine en accusation.  

    sources

     

     

     

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    Déclaration de Louis XVI à tous les Français, à sa sortie de Paris  

    Tant que le Roi a pu espérer voir renaître l'ordre et le bonheur du royaume par les moyens employés par l'Assemblée nationale, et par sa résidence auprès de cette Assemblée dans la capitale du Royaume, aucun sacrifice personnel ne lui a coûté ; il n'aurait pas même argué de la nullité dont le défaut absolu de liberté entache toutes les démarches qu'il a faites depuis le mois d'octobre 1789, si cet espoir eût été rempli. Mais aujourd'hui que la seule récompense de tant de sacrifices est de voir la destruction de la royauté, de voir tous les pouvoirs méconnus, les propriétés violés, la sûreté des personnes mise partout en danger, les crimes rester impunis, et une anarchie complète s'établir au-dessus des lois, sans que l'apparence d'autorité que lui donne la nouvelle Constitution soit suffisante pour réparer un seul des maux qui affligent le royaume, le Roi, après avoir solennellement protesté contre tous les actes émanés de lui pendant sa captivité, croit devoir mettre sous les yeux des Français et de tout l'Univers le tableau de sa conduite, et celui du Gouvernement qui s'est établi dans le royaume.

    On a vu Sa Majesté, au mois de juillet 1789, pour écarter tout sujet de défiance, renvoyer les troupes qu'elle n'avait appelées auprès de sa personne qu'après que les étincelles de révolte s'étaient déjà manifestées dans Paris et dans le régiment même de ses gardes. Le Roi, fort de sa conscience et de la droiture de ses intentions, n'a pas craint de venir seul parmi les citoyens armés de la Capitale.
    Au mois d'octobre de la même année, le Roi, prévenu depuis longtemps des mouvements que les factieux cherchaient à exciter, dans la journée du 5 fut averti assez à temps pour pouvoir se retirer où il eût voulu ; mais il craignit qu'on ne se servit de cette démarche pour allumer la guerre civile, et il aima mieux se sacrifier personnellement, et ce qui était plus déchirant pour son cœur, mettre en danger la vie des personnes qui lui sont le plus chères. Tout le monde sait les événements de la nuit du 6 octobre, et l'impunité qui les couvre depuis près de deux ans. Dieu seul a empêché l'exécution des plus grands crimes, et a détourné de la nation française une tache qui aurait été ineffaçable.
    Le Roi, cédant au vœu manifesté par l'armée des Parisiens, vint s'établir avec sa famille au château des Tuileries. Il y avait plus de cent ans que les Rois n'y avaient fait de résidence habituelle, excepté dans la minorité de Louis XV. Rien n'était prêt pour recevoir le Roi, et la disposition des anciens appartements est bien loin de procurer les commodités auxquelles Sa Majesté était accoutumée dans les autres maisons Royales, et dont tout particulier qui a de l'aisance peut jouir. Malgré la contrainte qui avait été apportée, et les incommodités de tout genre qui suivaient le changement de séjour du Roi, fidèle au système de sacrifice que Sa Majesté s'était fait pour procurer la tranquillité publique, elle crut, dès le lendemain de son arrivée à Paris, devoir rassurer les provinces sur son séjour dans la Capitale, et inviter l'Assemblée à se rapprocher de lui, en venant continuer ses travaux dans le même ville.
    Mais un sacrifice plus pénible était réservé au cœur de Sa Majesté ; il fallut qu'elle éloignât d'elle les gardes du corps de la fidélité desquels elle venait d'avoir une preuve bien éclatante dans la funeste matinée du 6 ; deux avaient péri victimes de leur attachement au Roi et à sa famille, et plusieurs autres blessés grièvement en exécutant strictement les ordres du Roi qui leur avait défendu de tirer sur la multitude égarée. L'art des factieux a été bien grand pour faire envisager sous des couleurs si noires une troupe aussi fidèle, et qui venait de mettre le comble à la bonne conduite qu'elle avait toujours tenue.
    Mais ce n'était pas tant contre les gardes du corps que leur intention était dirigée, c'était contre le Roi lui-même. On voulait l'isoler entièrement en le privant du service de ses gardes du corps dont on n'avait pas pu égarer les esprits, comme on avait réussi auprès de ceux du régiment des Gardes Françaises qui, peu de temps auparavant, était le modèle de l'armée.
    C'est aux soldats de ce même régiment, devenu troupe soldée par la ville de Paris, et aux Gardes Nationaux volontaires de cette même ville, que la garde du Roi a été confiée. Ces troupes sont entièrement sous les ordres de la municipalité de Paris, dont le commandant général relève, et le Roi s'est vu par là prisonnier dans ses propres Etats ; car comment peut-on appeler autrement l'état d'un Roi qui ne commande à sa Garde que pour les choses de parade, qui ne nomme à aucune des places, et qui même est obligé de se voir entouré de plusieurs personnes dont il connaît les mauvaises intentions pour lui et pour sa famille ?
    Ce n'est pas pour inculper la Garde Nationale parisienne et les troupes du centre, c'est pour faire connaître l'exacte vérité que le Roi relève ces faits ; et en la faisant connaître, il aime à rendre justice au zèle pour le bon ordre et à l'attachement qu'en général cette troupe lui a montrés pour sa personne, lorsque les esprits ont été laissés à eux-mêmes, et qu'ils n'ont pas été égarés par les clameurs et les mensonges des factieux.
    Mais plus le Roi a fait des sacrifices pour le bonheur de ses peuples, plus les factieux ont travaillé pour qu'ils en méconnussent le prix, et présenter la royauté sous les couleurs les plus fausses et les plus odieuses.
    La convocation des États Généraux, le doublement des députés du Tiers État, les peines que le Roi a prises pour aplanir toutes les difficultés qui pouvaient retarder l'assemblée des États Généraux, et celles qui s'étaient élevées depuis leur ouverture ; tous les retranchements que le Roi avait faits sur sa dépense personnelle, tous les sacrifices qu'il a faits à ses peuples dans la séance du 23 juin, enfin la réunion des Ordres, opérée par la manifestation du vœu du Roi, mesure que Sa Majesté jugea alors indispensable pour l'activité des États Généraux : tous ses soins, toutes ses peines, toute sa générosité, tout son dévouement pour son peuple, tout a été méconnu, tout a été dénaturé.
    Lorsque les États Généraux s'étant donnés le nom d'Assemblée nationale, ont commencé à s'occuper de la Constitution du royaume, qu'on se rappelle les mémoires que les factieux ont eu l'adresse de faire venir de plusieurs provinces, et les mouvements de Paris, pour faire manquer les députés à une des principales clauses portée dans tous leurs cahiers, qui portait que &emdash; la confection des lois se ferait de concert avec le Roi &emdash;.
    Au mépris de cette clause l'Assemblée a mis le Roi tout à fait hors de la Constitution en lui refusant le droit d'accorder ou de refuser sa sanction aux articles qu'elle regarde comme constitutionnels, en se réservant le droit de ranger dans cette classe tous ceux qu'elle juge à propos, et en restreignant sur ceux purement législatifs, la prérogative royale à un droit de suspension jusqu'à la troisième législature, droit purement illusoire, comme tant d'exemples ne le prouvent que trop.
    Que reste-t-il au Roi autre chose que le vain simulacre de la royauté ? On lui a donné vingt-cinq millions pour sa Liste civile ; mais la splendeur de la Maison qu'il doit entretenir pour faire honneur à la dignité de la Couronne de France, et les charges qu'on a rejetées dessus, même depuis l'époque où ces fonds ont été réglés, doivent en absorber la totalité. On lui a laissé l'usufruit de quelques-uns des domaines de la Couronne, avec plusieurs formes gênantes pour leur jouissance.
    Ces domaines ne sont qu'une petite partie de ceux que les Rois ont possédé de toute ancienneté, ou des patrimoines des ancêtres de Sa Majesté qu'ils ont réunis à la Couronne. On ne craint pas d'avancer que si tous ces objets étaient réunis, ils dépasseraient de beaucoup les sommes allouées pour l'entretien du Roi et de sa famille, et qu'alors il n'en couûterait rien au peuple pour cette partie.
    "Une remarque qui coûte à faire au Roi, est l'attention qu'on a eue de séparer, dans tous les arrangements sur la finance et toutes les autres parties, les services rendus au Roi personnellement, ou à l'Etat, comme si ces objets n'étaient pas vraiment inséparables, et que les services rendus à la personne du Roi ne l'étaient pas à l'Etat.
    Qu'on examine ensuite les diverses parties du gouvernement :
    LA JUSTICE. Le Roi n'a aucune participation à la confection des lois, il a le simple droit d'empêcher jusqu'à la troisième législature sur les objets qui ne sont pas réputés constitutionnels, et celui de prier l'Assemblée nationale de s'occuper de tel ou tel objet, sans avoir le droit d'en faire la proposition formelle.
    La Justice se rend au nom du Roi, les provisions des juges sont expédiées par lui, mais ce n'est qu'une affaire absolument de forme, et le Roi a seulement la nomination des commissaires du Roi, places nouvellement créées qui n'ont qu'une partie des attributions des anciens procureurs généraux, et sont seulement destinés à faire maintenir l'exécution des formes : toute la partie publique est dévolue à un autre officier de justice. Ces places de commissaires sont à vie et non révocables, pendant que l'exercice de celles de juges ne doit durer que six années. Un des derniers décrets de l'Assemblée vient de priver le Roi d'une des plus belles prérogatives attachées partout à la Royauté : celle de faire grâce et de commuer les peines.
    Quelques parfaites que soient les lois, il est impossible qu'elles prévoient tous les cas ; et ce sera alors les jurés qui auront véritablemnt le droit de faire grâce, en appliquant suivant leur volonté le sens de la loi, quoique les apparences paraissent contraires. D'ailleurs combien cette disposition ne diminue-t-elle pas la Majesté Royale aux yeux des peuples, étant accoutumés depuis si longtemps à recourir au Roi dans leurs besoins et dans leurs peines, et à voir en lui le père commun qui pouvait soulager leurs afflictions !
    L'ADMINISTRATION INTÉRIEURE. Elle est tout entière dans les mains des départements, des districts et des municipalités, ressorts trop multipliés qui nuisent au mouvement de la machine, et qui souvent peuvent se croiser.
    Tous ces corps sont élus par le pleuple et ne ressortissent du gouvernement, d'après les décrets, que pour leur exécution et celle des ordres particuliers qui en sont la suite. D'un côté ils n'ont aucune grâce à en attendre, et de l'autre les manières de punir ou de réprimer leurs fautes, comme elles sont établies par les décrets, ont des formes si compliquées qu'il faudrait des cas bien extraordinaires pour pouvoir s'en servir, ce qui réduit à
    bien peu de chose la surveillance que les ministres doivent avoir sur eux. Ces corps ont d'ailleurs acquis peu de force et de considération, et les Sociétés des Amis de la Constitution qui ne sont pas responsables, se trouvent bien plus fortes qu'eux, et par là l'action du gouvernement devient nulle.
    Depuis leur établissement, on a vu plusieurs exemples que, quelque bonne volonté qu'ils eussent pour maintenir le bon ordre, ils n'ont pas osé se servir des moyens que la loi leur donnait, par la crainte du peuple poussé par d'autres intigations.
    Les corps électoraux, quoiqu'ils n'aient aucune action, et soient restreints aux élections, ont une force réelle par leur masse, par leur durée biennale, et par la crainte naturelle aux hommes, et surtout à ceux qui n'ont pas d'état fixe, de déplaire à ceux qui peuvent servir ou nuire.
    La disposition des forces militaires est, par les décrets, dans la main du Roi. Il a été déclaré chef suprême de l'Armée et de la Marine. Mais tout le travail de formation de ces deux armes a été fait par les Comités de l'Assemblée sans la participation du Roi ; tout, jusqu'au moindre réglement de discipline, a été fait par eux ; et s'il reste au Roi le tiers ou le quart des nominations, suivant les occasions, ce droit devient à peu près illusoire par les obstacles et les contrariétés sans nombre que chacun se permet contre les choix du Roi.
    On l'a vu être obligé de refaire tout le travail des officiers généraux de l'Armée, parce que ces choix déplaisaient aux Clubs ; en cédant ainsi, Sa Majesté n'a pas voulu sacrifier d'honnêtes et braves militaires, et les exposer aux violences qu'on aurait sûrement exercées contre eux, comme on n'en a vu que de trop fâcheux exemples.
    Les Clubs et les corps administratifs se mêlent des détails intérieurs des troupes qui doivent être absolument étrangers même à ces derniers, n'ayant que le droit de requérir la force publique lorsqu'ils pensent qu'il y a lieu à l'employer. Ils se sont servis de ce droit quelquefois même pour contrarier les dispositions du gouvernement sur la distribution des troupes, de manière qu'il est arrivé plusieurs fois qu'elles ne se trouvaient pas où elles devaient être.
    Ce n'est qu'aux Clubs qu'on doit attribuer l'esprit de révolte contre les officiers et la discipline militaire qui se répand dans beaucoup de régiments, et qui, si on n'y met bon ordre efficacement, sera la destruction de l'Armée. Que devient une armée quand elle n'a plus ni chefs ni discipline ? Au lieu d'être la force et la sauvegarde d'un Etat, elle en devient alors la terreur et le fléau. Combien les soldats français, quand ils auront les yeux dessillés, ne rougiront-ils pas de leur conduite, et ne prendront-ils pas en horreur ceux qui ont perverti le bon esprit qui régnait dans l'Armée et la Marine françaises ?
    Funestes dispositions que celles qui ont encouragé les soldats et les marins à fréquenter les Clubs ! Le Roi a toujours pensé que la loi doit être égale pour tous ; les officiers qui sont dans leur tort doivent être punis, mais ils doivent l'être, comme les subalternes, suivant les dispositions établies par les lois et règlements.
    Toutes les portes doivent être ouvertes pour que le mérite se montre et puisse avancer ; tout le bien-être qu'on peut donner aux soldats est juste et nécessaire ; mais il ne peut pas y avoir d'armée sans officiers, et il n'y en aura jamais tant que les soldats se croiront en droit de juger la conduite de leurs chefs.
    AFFAIRES ÉTRANGÈRES.
    La nomination aux places de ministres dans les Cours étrangères a été réservée au Roi, ainsi que la conduite des négociations ; mais la liberté du Roi pour ces choix est aussi nulle que pour ceux des officiers de l'Armée ; on en a vu l'exemple à la dernière nomination. La révision et confirmation des traités, que s'est réservé l'Assemblée nationale, et la nomination d'un Comité diplomatique, détruit (sic) absolument la seconde disposition.
    Le droit de faire la guerre ne serait qu'un droit illusoire, parce qu'il faudrait être insensé pour croire qu'un roi qui n'est ni ne veut être despote, allât, de but en blanc, attaquer un autre royaume lorsque le vœu de la nation s'y opposerait et qu'elle n'accorderait aucun subside pour la soutenir. Mais le droit de faire la paix est d'un tout autre genre. Le Roi, qui ne fait qu'un avec la nation, qui ne peut avoir d'autre intérêt que le sien, connaît ses besoins et ses ressources, et ne craint pas alors de prendre les engagements qui lui paraissent propres à assurer son bonheur et sa tranquilité.
    Mais quand il faudra que les conventions subissent la révision et la confirmation de l'Assemblée nationale, aucune puissance étrangère ne voudra prendre des engagements qui peuvent être rompus par d'autres que par celui avec qui elle contracte ; et alors, tous les pouvoirs se concentrent dans cette même Assemblée. D'ailleurs, quelque franchise qu'on mette dans les négociations, est-il possible d'en confier le secret à une Assemblée dont les délibérations sont nécessairement publiques !
    FINANCES.
    Le Roi avait déclaré, bien avant la convocation des États Généraux, qu'il reconnaissait dans les Assemblées de la nation le droit d'accorder des subsides, et qu'il ne voulait plus imposer les peuples sans leur consentement. Tous les cahiers des députés aux États Généraux s'étaient accordés à mettre le rétablissement des finances au premier rang des objets dont cette Assemblée devait s'occuper ; quelques-uns y avaient mis des restrictions pour des articles à faire décider préalablement.
    Le Roi a levé les difficultés que ces restrictions auraient pu occasionner, en allant au-devant lui-même et accordant, dans la séance du 23 juin, tout ce qui avait été désiré. Le 4 février 1790, le Roi a pressé l'Assemblée de s'occuper efficacement d'un objet si important ; elle ne s'en est occupé que tard et d'une manière qui peut paraître imparfaite. Il n'y a point encore de tableau exactement fait des recettes et des dépenses, et des ressources qui peuvent servir à combler le déficit. On s'est laissé aller à des calculs hypothétiques.
    L'Assemblée s'est pressée de détruire plusieurs impôts dont la lourdeur, à la vérité, pesait beaucoup sur le peuple, mais qui donnaient des ressources assurées ; elle les a remplacés par un impôt presque unique dont la levée exacte sera peut-être très difficile. Les contributions ordinaires sont à présent très arrièrées, et la ressource extraordinaire des douze premiers millions d'assignats est déjà presque consommée. Les dépenses des départements de la Guerre et de la Marine, au lieu d'être diminuées, sont augmentées, sans y comprendre celles que des armements nécessaires ont occasionnées dans la dernière année. Pour l'administration de ce département, les rouages ont été fort multipliés, en en confiant les recettes aux administrations de districts.
    Le Roi qui le premier n'avait pas craint de rendre publics les comptes de son administration des finances, et avait montré la volonté que les comptes publics fussent établis comme une règle du gouvernement, a été rendu, si cela est possible, encore plus étranger à ce département qu'aux autres ; et les préventions, les jalousies, et les récriminations contre le gouvernement ont été plus répandues encore sur cet objet. Le règlement des fonds, le recouvrement des impositions, la répartition entre les départements, les récompenses pour services rendus, tout a été ôté à l'inspection du Roi, et il ne lui reste que quelques stériles nominations, et pas même la distribution de quelques gratifications à donner aux indigents.
    Le Roi connaît les difficultés de cette administration, et s'il était possible que la machine du gouvernement pût aller sans sa surveillance directe sur la gestion des finances, il ne regretterait que de ne pouvoir plus travailler par lui-même à établir un ordre qui pût faire parvenir à la diminution des impositions &emdash; objet qu'on sait que Sa Majesté a toujours vivement désiré, et qu'elle eût pu effectuer sans les dépenses de la dernière guerre &emdash;, et de ne plus avoir la distribution des secours pour le soulagment des malheureux.
    Enfin par les décrets le Roi est déclaré chef suprême de l'administration du royaume ; d'autres décrets subséquents ont réglé l'organisation du ministère, de manière que le Roi, que cela doit regarder plus directement, ne peut pourtant y rien changer sans décision de l'Assemblée.
    Le système des chefs du parti dominant a été si bien suivi, de jeter une telle méfiance sur tous les agents du gouvernement, qu'il devient presque impossible aujourd'hui de remplir les places de l'administration. Tout gouvernement ne peut pas marcher ni subsister sans une confiance réciproque entre les administrateurs et les administrés, et les derniers règlements proposés à l'Assemblée nationale sur les peines à infliger aux ministres ou aux agents du pouvoir exécutif qui seraient prévaricateurs, ou seraient jugés avoir dépassé les limites de leur puissance, doivent faire naître toutes sortes d'inquiétudes, &emdash; ces dispositions pénales s'étendent même jusqu'aux subalternes, ce qui détruit toute subordination, les inférieurs ne devant jamais juger les ordres de leurs supérieurs qui sont responsables de ce qu'ils ordonnent &emdash;.
    Ces règlements, par la multiplicité des précautions et des genres de délits qui y sont indiqués, ne tendent qu'à inspirer de la méfiance au lieu de la confiance qui serait nécessaire.
    Cette forme de gouvernement, si vicieuse en elle-même, le devient plus encore par deux causes :
    1er/ L'Assemblée, par le moyen de ses Comités, excède à tout moment les bornes qu'elle s'est prescrites ; elle s'occupe d'affaires qui tiennent uniquement à l'administration intérieure du royaume et à celle de la Justice, et cumule ainsi tous les pouvoirs.
    Elle exerce même par son Comité des Recherches, un véritable despotisme plus barbare et plus insupportable qu'aucun de ceux dont l'histoire ait jamais fait mention.
    2°/ Il s'est établi dans presque toutes les villes, et même dans plusieurs bourgs et villages du Royaume, des associations connues sous le nom des Amis de la Constitution : contre la teneur des décrets, elles ne souffrent aucune autre qui ne soit pas affiliée avec elles, ce qui forme une immense corporation plus dangereuse qu'aucune de celles qui existaient auparavant.
    Sans y être autorisées, mais même au mépris de tous les décrets, elles délibèrent sur toutes les parties du gouvernement, correspondent entre elles sur tous les objets, font et reçoivent des dénonciations, affichent des arrêtés, et ont pris une telle prépondérance que tous les corps adminitratifs et judiciaires, sans en excepter l'Assemblée nationale elle-même, obéissent presque toujours à leurs ordres.
    Le Roi ne pense pas qu'il soit possible de gouverner un royaume d'une si grande étendue et d'une si grande importance que la France par les moyens établis par l'Assemblée nationale tels qu'ils existent à présent. Sa Majesté, en accordant à tous les décrets indistinctement une sanction qu'elle savait bien ne pas pouvoir refuser, y a été déterminée par le désir d'éviter toute discussion que l'expérience lui avait appris être au moins inutile; elle craignait de plus qu'on ne pensât qu'elle voulût retarder ou faire manquer les travaux de l'Assemblée nationale à la réussite desquels la nation prenait un si grand intérêt.
    Elle mettait sa confiance dans les gens sages de cette Assemblée qui reconnaissaient qu'il était plus aisé de détruire un gouvernement que d'en reconstruire un sur des bases toutes différentes, et qui avaient plusieurs fois senti la nécessité, lors de la révision annoncée des décrets, de donner une force d'action et de coaction nécessaire à tout gouvernement ; ils reconnaissent aussi l'utilité d'inspirer pour ce gouvernement et pour les lois qui doivent assurer la prospérité et l'état de chacun, une confiance telle qu'elle ramenât dans le royaume tous les citoyens que le mécontentement dans quelques-uns, et dans la plupart la crainte pour leur vie ou pour leur propriété, ont forcés de s'expatrier.
    Mais plus l'Assemblée approche du terme de ses travaux, plus on voit les gens sages perdre de leur crédit, plus les dispositions qui ne peuvent mettre que de la difficulté et même de l'impossibilité dans la conduite du gouvernement, et inspirer pour lui de la méfiance et de la défaveur, augmentent tous les jours.
    Les autres règlements, au lieu de jeter un baume salutaire sur les plaies qui saignent encore dans plusieurs provinces, ne font qu'accroître les inquiétudes et aigrir les mécontentements. L'esprit des Clubs domine tout et envahit tout, les mille journaux et pamphlets calomniateurs et incendiaires qui se répandent journellement ne sont que leurs échos, et préparent les esprits de la manière dont ils veulent les conduire.
    L'Assemblée nationale n'a jamais osé remédier à cette licence bien éloignée d'une vraie liberté; elle a perdu son crédit et même la force dont elle aurait besoin pour revenir sur ses pas et changer ce qui lui paraîtrait bon à être corrigé. On voit par l'esprit qui règne dans les Clubs, et la manière dont ils s'emparent des nouvelles assemblées primaires, ce qu'on doit attendre d'eux ; et s'ils laissent apercevoir quelques dispositions à revenir sur quelque chose, c'est pour détruire les restes de la royauté que les premiers décrets ont laissé subsister, et établir un gouvernement métaphysique et philosophique impossible dans son exécution.
    Français, est-ce là ce que vous attendiez en envoyant vos représentants à l'Assemblée nationale ? Désiriez-vous que l'anarchie et le despotisme des Clubs remplaçât le gouvernement monarchique sous lequel la nation a prospéré pendant quatorze cents ans ? Désiriez-vous voir votre Roi comblé d'outrages et privé de sa liberté pendant qu'il ne s'occupait que d'établir la vôtre ?
    L'amour pour ses rois est une des vertus des Français, et Sa Majesté en a reçu personnellement des marques trop touchantes pour pouvoir jamais les oublier. Les factieux sentaient bien que tant que cet amour subsisterait, leur ouvrage ne pourrait jamais s'achever. Ils sentirent également que pour l'affaiblir, il fallait, s'il était possible, anéantir le respect qui l'a toujours accompagné ; et c'est la source de tous les outrages que le Roi a reçus depuis deux ans, et de tous les maux qu'il a soufferts.
    Sa Majesté n'en retracerait pas ici l'affligeant tableau si elle ne voulait faire connaître à ses fidèles sujets l'esprit de ces factieux qui déchirent le sein de la patrie en feignant de vouloir la régénérer.
    Ils profitèrent de l'espèce d'enthousiasme où l'on était pour M. Necker, pour lui procurer sous les yeux mêmes du Roi un triomphe d'autant plus éclatant que dans le même instant les gens qu'ils avaient soudoyés pour cela affectèrent de ne faire aucune attention à la présence du Roi. Enhardis par ce premier essai, ils osèrent dès le lendemain, à Versailles, faire insulter M. l'archevêque de Paris, le poursuivre à coup de pierres, et mettre sa vie dans le plus grand danger.
    Lorsque l'insurrection éclata dans Paris, un courrier que le Roi avait envoyé fut arrêté, publiquement fouillé, et les lettres du Roi même furent ouvertes. Pendant ce temps l'Assemblée nationale semblait insulter à la douleur de Sa Majesté en ne s'occupant qu'à combler de marques d'estime ces mêmes ministres dont le renvoi a servi de prétexte à l'insurrection, et que depuis elle n'a pas mieux traités pour cela.
    Le Roi s'étant déterminé à aller porter lui-même des paroles de paix dans la capitale, des gens apostés sur toute la route eurent grand soin d'empêcher ces cris de vive le Roi si naturels aux Français, et les harangues qu'on lui fit, loin de porter l'expression de la reconnaissance, ne furent remplies que d'une ironie amère.
    Cependant on accoutumait de plus en plus le peuple au mépris de la royauté et des lois : celui de Versailles essayait de pendre deux houzards à la grille du château, arrachait un parricide au supplice, s'opposait à l'entrée d'un détachement de chasseurs destiné à maintenir le bon ordre, tandis qu'un énergumène faisait publiquement au Palais Royal la motion de venir enlever le Roi et son fils, de les garder à Paris, et d'enfermer la Reine dans un couvent, et que cette motion, loin d'être rejetée avec l'indignation qu'elle aurait dû exciter, était applaudie.
    L'Assemblée de son côté, non contente de dégrader la royauté par ses décrets, affectait du mépris même pour la personne du Roi, et recevait d'une manière qu'il est impossible de qualifier convenablement, les observations du Roi sur les décrets de la nuit du 4 au 5 août.
    Enfin arrivèrent les journées du 5 au 6 octobre : le récit en serait superflu, et Sa Majesté l'épargne à ses fidèles sujets ; mais elle ne peut pas s'empêcher de faire remarquer la conduite de l'Assemblée pendant ces horribles scènes.
    Loin de songer à les prévenir ou du moins à les arrêter, elle resta tranquille et se contenta de répondre à la motion de se transporter en corps chez le Roi, que cela n'était pas de sa dignité.
    Depuis ce moment, presque tous les jours ont été marqués par de nouvelles scènes plus affligeantes les unes que les autres pour le Roi, ou par de nouvelles insultes qui lui ont été faites. A peine le Roi était-il aux Tuileries qu'un innocent fut massacré, et sa tête promenée dans Paris presque sous les yeux du Roi.
    Dans plusieurs provinces, ceux qui paraissaient attachés au Roi ou à la Couronne, ont été persécutés, plusieurs même ont perdu la vie sans qu'il fut possible au Roi de faire punir les assassins, ou même d'en témoigner de la sensibilité.
    Dans le jardin même des Tuileries, tous les députés qui ont parlé contre le Roi ou contre la religion &emdash; car les factieux dans leur rage n'ont pas plus respecté l'autel que le trône &emdash; ont reçu les honneurs du triomphe, pendant que ceux qui pensent différemment y sont à tout moment insultés, et leur vie même est continuellement menacée.
    A la fédération du 14 juillet 1790, l'Assemblée, en nommant le Roi par un décret spécial pour en être le chef, s'est montrée par là penser qu'elle aurait pu en nommer un autre.
    A cette même cérémonie, malgré la demande du Roi, la famille royale a été placée dans un endroit séparé de celui qu'il occupait, chose inouïe jusqu'à présent. &emdash;
    C'est pendant cette fédération que le Roi a passé les moments les plus doux de son séjour à Paris ;
     elle s'arrête avec complaisance sur le souvenir des témoignages d'attachement et d'amour que lui ont donné les gardes nationaux de toute la France rassemblés pour cette cérémonie &emdash;.
    Les ministres du Roi, ces mêmes ministres que l'Assemblée avait forcé le Roi de rappeler, ou dont elle avait applaudi la nomination, ont été contraints, à force d'insultes et de menaces, de quitter leurs places, excepté un.
    Mesdames, tantes du Roi, et qui étaient restées constamment près de lui, déterminées par un motif de religion, ayant voulu se rendre à Rome, les factieux n'ont pas voulu leur laisser la liberté qui appartient à toute personne, et qui est établie par la déclaration des droits de l'homme. Une troupe, poussée par eux, s'est portée vers Bellevue pour arrêter Mesdames.
    Le coup ayant été manqué par leur prompt départ, les factieux ne se sont pas déconcertés, ils se sont portés chez Monsieur sous prétexte qu'il voulait suivre l'exemple de Mesdames ; et quoiqu'ils n'aient recueilli de cette démarche que le plaisir de lui faire une insulte, elle n'a pas été tout à fait perdue pour leur système.
    Cependant, n'ayant pu faire arrêter Mesdames à Bellevue, ils ont trouvé les moyens de les faire arrêter à Arnay-le-Duc, et il a fallu des ordres de l'Assemblée nationale pour les laisser continuer leur route, ceux du Roi ayant été méprisés.
    A peine la nouvelle de cette arrestation était-elle arrivée à Paris, qu'ils ont essayé de faire approuver par l'Assemblée nationale cette violation de toute liberté ; mais leur coup ayant manqué, ils ont excité un soulèvement pour contraindre le Roi à faire revenir Mesdames.
    Mais la bonne conduite de la Garde nationale &emdash; dont le Roi s'est empressé de lui témoigner sa satisfaction &emdash; ayant dissipé l'attroupement, ils recoururent à d'autres moyens.
    Il ne leur avait pas été difficile d'observer qu'au moindre mouvement qui se faisait sentir, une grande quantité de fidèles sujets se rendait aux Tuileries et formait une espèce de bataillon capable d'en imposer aux malintentionnés.
    Ils excitèrent une émeute à Vincennes, et firent courir à dessein le bruit que l'on se servirait de cette occasion pour se porter aux Tuileries, afin que les défenseurs du Roi pussent se rassembler comme ils l'avaient déjà fait, et qu'on pût dénaturer leurs intentions aux yeux de la Garde nationale en leur prêtant les projets des forfaits mêmes contre lesquels ils s'armaient.
    Ils réussirent si bien à aigrir les esprits que le Roi eut la douleur de voir maltraiter sous ses yeux, sans pouvoir les défendre, ceux qui lui donnaient les plus touchantes preuves de leur attachement. Ce fut en vain que Sa Majesté leur demanda elle-même les armes qu'on avait rendues suspectes ; ce fut en vain qu'ils lui donnèrent cette dernière marque de leur dévouement, rien ne put ramener ces esprits égarés qui poussèrent l'audace jusqu'à se faire livrer et briser ces mêmes armes dont le Roi s'était rendu dépositaire.
    Cependant le Roi ayant été malade, se disposait à profiter des beaux jours du printemps pour aller à Saint-Cloud, comme il y avait été l'année dernière une partie de l'été et de l'automne.
    Comme ce voyage tombait dans la Semaine Sainte, on osa se servir de l'attachement connu du Roi pour la religion de ses Pères pour animer les esprits contre lui ; et dès le dimanche au soir, le Club des Cordeliers se permit de faire afficher un arrêté dans lequel le Roi lui-même était dénoncé comme réfractaire à la loi.
    Le lendemain Sa Majesté monta en voiture pour partir, mais arrivée à la porte des Tuileries, une foule de peuple parut vouloir s'opposer à son passage. Et c'est avec bien de la peine qu'on doit dire ici que la Garde nationale, loin de réprimer les séditieux, se joignit à eux et arrêta elle-même les chevaux.
    En vain M. de La Fayette fit-il tout ce qu'il put pour faire comprendre à cette Garde l'horreur de la conduite qu'elle tenait, rien ne put réussir.
    Les discours les plus insolents, les motions les plus abominables retentissaient aux oreilles de Sa Majesté ; les personnes de sa Maison qui se trouvaient là s'empressèrent de lui faire au moins un rempart de leurs corps si les intentions qu'on ne manifestait que trop venaient à s'exécuter.
    Mais il fallait que le Roi bût le calice jusqu'à la lie ; ses fidèles serviteurs lui furent arrachés avec violence. Enfin, après avoir enduré pendant une heure trois quarts tous ces outrages, Sa Majesté fut contrainte de céder et de rentrer dans sa prison, car après cela on ne saurait appeler autrement son palais.
    Son premier soin fut d'envoyer chercher le directoire du département, chargé par état de veiller à la tranquillité et à la sûreté publique, et de l'instruire de ce qui venait de se passer. Le lendemain, elle se rendit elle-même à l'Assemblée nationale pour lui faire sentir combien cet événement était contraire même à la nouvelle constitution.
    De nouvelles insultes furent tout le fruit que le Roi retira de ces deux démarches ; il fut obligé de consentir à l'éloignement de sa Chapelle et de la plupart de ses grands officiers, et d'approuver la lettre que son ministre a écrite en son nom aux Cours Étrangères, enfin d'assister le jour de Pâques à la messe du nouveau curé de Saint-Germain-l'Auxerrois.
    D'après tous ces motifs, et l'impossibilité où le Roi se trouve à présent d'opérer le bien et d'empêcher le mal qui se commet, est-il étonnant que le Roi ait cherché à recouvrer sa liberté et à se mettre en sûreté avec sa famille ?
    Français, et vous surtout Parisiens, vous habitants d'une ville que les ancêtres de Sa Majesté se plaisaient à appeler la bonne ville de Paris, méfiez-vous des suggestions et des mensonges de vos faux amis, revenez à votre Roi, il sera toujours votre père, votre meilleur ami.
    Quel plaisir n'aura-t-il pas d'oublier toutes ses injures personnelles, et de se revoir au milieu de vous lorsqu'une Constitution qu'il aura acceptée librement fera que notre sainte religion sera respectée, que le gouvernement sera établi sur un pied stable et utile par son action, que les biens et l'état de chacun ne seront plus troublés, que les lois ne seront plus enfreintes impunément, et qu'enfin la liberté sera posée sur des bases fermes et inébranlables.
    A Paris, le 20 juin 1791, Louis.
     
      
    Sources
    http://ancrehistoire.fr/varennes/annexe.htm
      
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  • Axel de FERSEN, Comte suèdois  (1755-1810 ) L’ami intime de la reine Marie-Antoinette (1755-1810)

    Comte suédois, Axel de Fersen est célèbre pour l’amitié privilégiée qu’il a entretenue avec la reine Marie-Antoinette. Il a également joué un rôle politique de premier plan en s’illustrant par ses hauts faits militaires lors de la guerre d’Indépendance américaine et surtout en tant qu’ardent défenseur de la famille royale lors de la Révolution.

    Le comte Axel de Fersen rencontre pour la première fois Marie-Antoinette à l’occasion d’un bal masqué à l’Opéra en 1774. Il fait vive impression sur la souveraine qui s’exclamera « c’est une vieille connaissance ! », lorsqu’elle le retrouvera à la Cour de France quatre ans plus tard.

    Installé à Versailles, il intègre dès 1779 le cercle des intimes de la reine et gagne ses faveurs. Il obtient ainsi le poste de colonel attaché à l’infanterie allemande lors de la guerre d’Indépendance américaine de 1780.

    Dès son retour d’Amérique et grâce à l’intercession de la reine et du roi de Suède, Gustave III, il est nommé colonel du régiment Royal Suédois en 1783. Il va alors partager son temps entre la Cour et son régiment.

     

    La nature de la relation entre le Suédois et la reine a fait couler beaucoup d’encre. Historiquement, leur liaison n’est pas certifiée et le mystère entretient le mythe. Néanmoins, leur correspondance secrète atteste de leurs sentiments tout comme celle du comte avec ses proches. Axel écrit à sa sœur, Sophie Piper : « J'ai pris la décision de ne jamais me marier.

    Ce serait contre nature… Je ne peux appartenir à la seule personne à laquelle je le voudrais vraiment… Je ne veux donc appartenir à personne. »

     

    Au début de la tourmente révolutionnaire, les amis de la reine disparaissent ; seul reste Fersen, conseiller fidèle. Il organise la fuite de la famille royale à Varenne en 1791 et tente par tous les moyens de la sauver en intervenant diplomatiquement avec les souverains étrangers.

    La mort de Marie-Antoinette, guillotinée en 1793, l’affecte profondément : « J'ai maintenant perdu tout ce que j'avais au monde. […] Elle que j'aimais tant, pour qui j'aurais donné mille fois ma vie, n'existe plus. »

    Il meurt en Suède en 1810.

      

      SOURCES

    l-histoire/personnages-de-cour/epoque-louis-xvi/fersen

      

      

     

     

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  • Louis-Charles de France, dit Louis XVII  ( 1785-1795 )

     

    L’héritier de Louis XVI (1785-1795)

    Dauphin de la couronne, Louis-Charles de France, dit « Louis XVII », naît à Versailles en 1785, peu de temps avant les débuts de la Révolution française. Enfermé avec sa famille à la prison du Temple en 1792, il n’en sortira plus et meurt dans sa cellule, à dix ans, sans avoir régné, loin des fastes de son enfance.

    Deuxième fils de Louis XVI et Marie-Antoinette, frère de Madame Royale, Louis-Charles de France passe son enfance au château de Versailles, aux côtés de ses parents, entouré de ses valets et de sa gouvernante.

    En 1789, il devient l’héritier du trône à la mort de son frère aîné qui meurt prématurément. Le jeune Louis-Charles prend le titre de Dauphin alors que le royaume vit les premières heures de la Révolution française.

     

    Après la journée du 10 août 1792 et la prise des Tuileries, le jeune Louis-Charles de France est enfermé à la prison du Temple. Le 21 janvier 1793, son père est guillotiné.

    Le Dauphin prend logiquement le nom de Louis XVII, titre avalisé et reconnu par les royalistes et les puissances européennes. Laissé à sa mère Marie-Antoinette, il lui est retiré peu de temps avant sa mort et confié au cordonnier Antoine Simon qui l’élève dans la prison du Temple avec un objectif affiché : lui faire oublier ses origines royales. Il manipule le jeune Dauphin afin que ce dernier témoigne contre sa mère lors de son procès. Sur les déclarations de son fils, Marie-Antoinette est accusée d’inceste avant d’être guillotinée.

     

    Le jeune Louis XVII, âgé de 8 ans, reste reclus dans sa geôle, aux ordres de son tuteur. Vivant dans des conditions d’hygiène déplorables, il tombe gravement malade. En 1795, alors que les révolutionnaires pensent l’utiliser comme monnaie d’échange avec l’armée autrichienne, comme ce fut le cas pour sa sœur Madame Royale, Louis XVII meurt de la tuberculose.

    Son cœur, conservé par le médecin légiste Philippe-Jean Pelletan, est placé en 1975 dans la crypte de la basilique Saint-Denis. Des analyses récentes ont permis de confirmer que l’enfant mort à la prison du Temple était bien le fils de Marie-Antoinette, mettant ainsi fin aux rumeurs d’une possible imposture.

      

    Sources :

    http://www.chateauversailles.fr/l-histoire/personnages-de-cour/epoque-louis-xvi/le-dauphin-louis-xvii

     

     

     

     

     

     

     

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  • Madame ROYALE, Marie Thérèse Charlotte de France... (1778-1851) 

     

    Fille aînée de Louis XVI et de Marie-Antoinette (1778-1851)

      

    Née à Versailles, Marie-Thérèse Charlotte de France, surnommée

    « Madame Royale », est le premier enfant de Louis XVI et Marie-Antoinette. Après une enfance passée à la Cour, elle est la seule des enfants royaux à survivre à la Révolution française. Condamnée par les insurgés puis réduite à l’exil, l’héritière du trône, devenue Dauphine de France en 1824, reste attachée à la monarchie jusqu’à la fin de sa vie.

    Madame Royale, ou « Mousseline » comme l’appelle sa mère Marie-Antoinette, est baptisée le jour de sa naissance en 1778, dans la chapelle du Château de Versailles. Quelques années plus tard, en 1793, ses parents sont guillotinés par les révolutionnaires. Marie-Thérèse Charlotte n’est pas exécutée mais emprisonnée. Pendant son adolescence, depuis sa geôle, elle apprend la mort de sa tante, Madame Elisabeth, sœur du Roi, ainsi que celle de son frère Louis. En 1795, l’armée autrichienne obtient sa libération. La princesse orpheline vit désormais à Vienne, à la cour de l’empereur François II. 
     

    En 1799, elle épouse en Lettonie son cousin Louis Antoine d’Artois, fils du futur Charles X, frère de Louis XVI, et devient ainsi duchesse d’Angoulême. Son retour en France est enfin possible en 1814, avec le rétablissement de la monarchie. Louis XVIII, frère de Louis XVI, gouverne. En 1824, à sa mort, lui succède son plus jeune frère Charles X. Louis Antoine d’Artois est alors déclaré Dauphin. Madame Royale devient de fait Dauphine de France, après de longues années d’exil.

     

    Mais son répit est de courte durée. La Révolution de 1830 inaugure la Monarchie de Juillet. C’est désormais la branche orléaniste qui gouverne, avec le roi Louis-Philippe. La duchesse d’Angoulême, légitimiste, s’exile à nouveau hors des frontières du royaume. A la mort de Charles X en 1836, elle devient « Reine de France et de Navarre » pour le clan des légitimistes qui contestent le pouvoir de Louis-Philippe.

     

    En 1851, deux mois avant le coup d’Etat du Président de la Seconde République Louis-Napoléon Bonaparte, futur Napoléon III, la duchesse d’Angoulême meurt près de Vienne, elle qui avait défendu avec ardeur la monarchie contre Napoléon Bonaparte en 1815.

      

      

    SOURCES

    http://www.chateauversailles.fr/l-histoire/personnages-de-cour/epoque-louis-xvi/madame-royale

      

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    Voici une lettre à Fersen datée du 4 janvier 1792. La reine y évoque les circonstances politiques et les démêlés du roi avec l'assemblée.

     

      

    La comparaison avec le testament reste fructueuse. Ponctuations, absence de majuscules, lignes qui s'incurvent...
     

    Au bas de la page 2, nous trouvons un "revenû" qui fait écho au "pû" de la dernière lettre... mais un "venu" sans accent plus haut. L'orthographe de Marie Antoinette est ainsi capricieuse... 

    Un "peure" qui répond au "je meure" de son testament et "avertire" comme "jouire".
    Mais les lettres à Fersen renferment autre chose aussi, bien sûr... le fameux secret que les protagonistes semblent avoir emporté dans la tombe.
    La correspondance entre Marie Antoinette celui qu'elle appelle elle-même son ami a été endommagée, pour en rendre certains passages illisibles. Même la technologie moderne n'a pas encore réussi à soulever le voile.
    Et c'est ici que les imaginations se déchaînent. Quels mots peuvent bien se trouver sous ces si scrupuleuses ratures ?
    Il convient d'abord de préciser qu'on ignore qui est l'iconoclaste.

    Fersen en personne ?

    Ses descendants ?

    Les biographes constatent que les ratures se trouvent en général en début ou en fin de lettres, ce qui pourrait correspondre à des formules de salutation et d'adieu.

    De là à considérer que ce sont des mots d'amour, il n'y a qu'un pas, que certains franchissent allégrement.
    Ce message-ci leur donne raison sur un point : c'est bien au début de la lettre que figure la rature. Observons la mieux...

    Elle paraît assez importante pour contenir 3 ou 4 mots, a priori. Cependant, on ne distingue pas de virgule or, lorsque Marie Antoinette s'adresse à ses correspondants, elle n'omet pas de les placer, en général.

    "Ma chère Maman", "mon cher coeur", écrit-elle bien entre virgules.
    Alors, que contient ce passage qui défie toujours nos connaissances ? Mystère...

     

     

    sources

     http://maria-antonia.justgoo.com/t7p15-ecrits-de-marie-antoinette

     

     

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    A l'heure de mourir, Marie Antoinette ne perd pas son temps à s'indigner des accusations portées contre elle. Comme toujours, son coeur va à l'essentiel : en mère déchirée de quitter ses enfants, elle se préoccupe de leur sort. Ce qui compte, c'est qu'Elisabeth pardonne au petit Louis Charles et prenne soin de lui.
    En parlant des sentiments de la reine, je ne résiste pas à ce passage-ci :

    "J'avois des amis, l'jdée dans etre separe pour jamais, et leurs peines, sont un des plus grand regret que jemporte en mourant, qu'ils sachent du moins, que ("meme" barré) jusqu'à mon dernier moment j'ai pensé à eux."
    Ici, emportée par son émotion, Marie Antoinette, qui pense à tous ceux qu'elle aime, tous ceux qui ont essayé de la sauver, tous ceux qui vont la pleurer, fait plus de fautes qu'ailleurs dans la lettre.
    Remarquons que nous trouvons dans cette phrase une particularité de Marie Antoinette : elle écrit "idée" avec un "j"... confusion avec le "j" allemand ?  Cette erreur bien étonnante atteste à elle seule l'authenticité de ce testament, car on la retrouve dans bien d'autres autographes de la reine :

     

     

    SOURCES

    http://maria-antonia.justgoo.com/t7-ecrits-de-marie-antoinette

     

     

     

    Pluie de brins de muguet pour le 1er Mai :

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    Pour ceux qui, comme moi, se passionnent pour l'écriture de Marie Antoinette, je mets ici en ligne l'intégralité de sa dernière lettre. Voici donc, bien lisibles, les quatre pages de sa lettre autographe :

    La page 1, avec la date

    La page 2, avec, tout en bas, le trait qui sert de signature à Marie Antoinette, et qu'on retrouve sur bon nombre de ses lettres à ses proches

    La page 3, qui concerne le prêtre jureur

    La page quatre, sur laquelle Marie Antoinette n'a pas écrit

     

     SOURCES

    http://maria-antonia.justgoo.com/t7-ecrits-de-marie-antoinette 

      

      

     

     

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    Je voudrais ouvrir ici une rubrique consacrée aux écrits de Marie Antoinette. Pourquoi ? Eh bien parce que, depuis quelques mois, une rumeur entièrement fausse court sur certains forums. On prétend en effet que la dernière lettre écrite par la reine serait apocryphe.
     

    Ridicule, n'est-ce pas ?
    Les gens qui ont lancé ce bruit ne nous offrent pas un scoop, contrairement à ce que pourraient laisser croire des effets d'annonce. Sorg s'était déjà interrogé au sujet de ce document. Mais, depuis les années 50 et son étude, la recherche a fait du chemin, et plus aucun spécialiste de la reine ne conteste l'authenticité de cet écrit.
    Tous les biographes de la reine le mentionnent, voire même le citent in extenso. Et l'édition de la correspondance réalisée par Evelyne Lever nous montre le texte autographe.

    Une caution, non ?
    Mais alors, pourquoi douter de ce document ?
    Lorsqu'il fut retrouvé en 1816, Louis XVIII en fit établir nombre de copies. Celles-ci présentaient en fait une version corrigée de la lettre à Elisabeth.
    Nous en trouvons un exemplaire ici: http://pierre.lempereur.free.fr/Testament/testament%20Marie.htm
    Et voici l'original :

     

    Alors, bien sûr, quand on compare la copie à l'authentique :
     

    (copie en haut en bleu, authentique en bas en brun)
    je comprends qu'on puisse se déclarer étonné ! Le fac-similé imite en effet l'écriture... suffisamment bien, peut-être, pour que certains en arrivent à prendre le faux pour le vrai !
     

    C'était d'ailleurs un des arguments de son détracteur : comment Marie Antoinette, épuisée après des mois de captivité, des heures de procès et d'insomine, comment, donc, aurait-elle pu rédiger d'une traite et sans fautes une lettre si belle, elle qui commettait si souvent des erreurs de grammaire et d'othographe ?

     

    Mais, pour nous qui contemplons l'original, les présomptions s'envolent... C'est la version corrigée qui ne porte aucune faute, les dernières pensées écrites par Marie Antoinette présentent ses particularismes habituels : absence d'accents, ponctuation aléatoire, erreurs récurrentes...

     

    Regardez le "condamne" de la reine, corrigé en "condamnée" sur le fac-similé, son "quant" qui devient "quand"... Sa dernière lettre, si poignante, est en effet truffée de ces petites fautes habituelles qui la rendent encore plus émouvante à nos yeux, parce que, défintivement, elles la signent.

    SOURCES

    Le Boudoir de Marie Antoinette

    http://maria-antonia.justgoo.com/t7-ecrits-de-marie-antoinette

    Réponse..  

    Même les Girault de Coursac n'ont pas osé en contester l'authenticité: c'est un signe, car au moindre doute, ils auraient sauté sur l'occasion pour critiquer cet élan de vérité de la Reine, de la mère, de la soeur, de l'Amie, de la Femme qu'est Marie-Antoinette qui est plus Elle que jamais à quelques heures de mourir... Cette ultime lettre va de paire avec les réponses admirables que Marie-Antoinette fit au tribunal et en particulier à l'ignoble accusation d'Hébert...

     

      

     

      

     

     

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    les biographes et historiens se partagent en deux camps : ceux qui pensent que les fameuses ratures recouvrent des mots d'amour (le preuve, ils sont au début et à la fin) et ceux qui croient que ce sont des allusions politiques

    (ils peuvent être partout dans le texte).
     

    Voici une lettre qui semble au premier abord abonder dans le sens de l'autre camp, maintenant :

     

    Elle est datée du 7 septembre 1791 (voir Lever, p. 722). Marie Antoinette explique à Fersen qu'elle a bien suivi ses indications pour rédiger son courrier politique. Elle raconte qu'elle n'a pu laisser partir l'évèque d'Agoult, qu'elle aurait voulu lui transmettre un message pour Fersen... "ne fût-ce qu'un mot"... suit alors la rature.
    ... "pour vous dire que je vous aime" ? "pour vous donner des nouvelles du roi" ? "pour vous demander de..." ? Mille possibilités s'ouvrent à nous. Parmi celles-ci, l'opinion de Nesta Webster mérite d'être épinglée : ces ratures couvriraient selon elle des allusions à la santé et au moral de Louis XVI, chancelants tous deux, et auraient été effacés parce que désobligeants.
    Pourquoi pas ?

    Ou peut-être Marie Antoinette demandait-elle des nouvelles de la santé de Fersen. Il était un hypochondriaque notoire... 
     

    Ou peut-être, tout simplement, des termes comme "je vous embrasse de tout mon coeur", si courants dans la correspondance de Marie Antoinette, ont-ils été jugés compromettants

      

    sources : 

    Blog Le Boudoir de Marie-Antoinette  

     A propos des lettres à Fersen dont nous parlions précédemment, leur teneur est en grande majorité politique. La reine utilisait différents moyens pour correspondre avec son confident.
    Voici le début d'une très longue lettre datée du 31 octobre 1791 (voir Lever, p. 656 sqq). Marie Antoinette y fait allusion à l'un de ces procédés :

    J'ai reçu hier tous vos papiers par M. de Bridge, l'écriture est parfaitement sortie avec l'eau que j'ai fait chercher chez l'apothicaire. Il faut que celle que l'on nous a envoyée de là-bas fût évaporée, mais cela est égal à présent. Je vais tâcher de répondre à tout en abrégé, et je répondrai aussi souvent que j'en aurai le temps jusqu'à jeudi, que l'homme qui se charge de cette lettre partira.
    Petites misères de la cuisine interne... Les amis avaient recours à une encre sympathique à base de citron. Parfois les caractères sortaient à l'aide de la solution employée, parfois pas...
    Un autre moyen de se transmettre des informations était le code. Ils avaient mis au point un système très élaboré. Chiffrer et déchiffrer prenait donc des heures...

    Le passage a été décodé dans l'édition d'Evelyne Lever, il donne :
    Ma soeur (Elisabeth) m'a montré une lettre de M. (Monsieur, comte de Provence), datée encore de Bruxelles, pour justifier celle qu'il a écrite au roi, où il dit que vous lui avez annoncé que le roi voulait le charger de tout pendant sa prison ; je vous en préviens au cas que cela se dise où vous êtes, car pour nous, nous savons très bien ce qu'il en est. Adieu.
    Emouvant témoignage des efforts fournis par Marie Antoinette pour correspondre avec l'extérieur. Remarquons que le rôle d'agent de liaison de Fersen auprès du roi apparaît clairement.
    ... ainsi que l'efficacité du ton. Nul mot tendre dans ces quelques lignes pourtant incompréhensibles aux yeux indiscrets.
     

      

     

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    Voici un extrait d'un rapport écrit par la Reine à madame de Tourzel lorsque celle ci devient gouvernante des enfants de France :
     

    "Mon fils a quatre ans, quatre mois moins deux jours, je ne parle pas ni de sa taille, ni de son extérieur, il n'y a qu'à le voir ; sa santé a toujours été bonne, mais même au berceau on s'est aperçu que ses nerfs étaient très délicats et que le moindre bruit extraordinaire faisait effet sur lui ; il a été tardif pour ses premières dents, mais elles sont venues sans maladies ni accidents ; ce n'est qu'aux dernières, et je crois que c'était à la sixième, qu'à Fontainebleau il a eu une convulsion ; depuis, il en a eu deux, une dans l'hiver de 87 ou 88 et l'autre à son inoculation, mais cette dernière a été très petite.
     

    La délicatesse de ses nerfs fait qu'un bruit auquel il n'est pas accoutumé lui fait toujours peur ; il a peur par exemple des chiens parce qu'il en a entendu aboyer près de lui.

    Je ne l'ai jamais forcé a en voir, parce que je crois qu'à mesure que sa raison viendra, ses craintes passeront ; il est comme tous les enfants forts et bien portant très étourdi, très léger et violent dans ses colères, mais il est bon enfant, tendre et caressant même, quand son étourderie ne l'emporte pas ; il a un amour-propre démesuré qui en le conduisant bien peut un jour peut tourner un jour à son avantage ;

    jusqu'à ce qu'il soit bien à son aise avec quelqu'un, il sait prendre sur lui et même dévorer ses impatiences et colères pour paraitre doux et aimable ; il est d'une grande fidélité quand il a promis une chose,

    mais il est très indiscret, il répète aisément ce qu'il a entendu dire, et souvent sans vouloir mentir il y ajoute ce que son imagination lui a fait voir, c'est son plus grand défaut, et sur lequel il faut bien le corriger. 

      

    Du reste, je le répète, il est bon enfant, et avec de la sensibilité et en même temps de la fermeté, sans être trop sévère, on fera de lui ce qu'on voudra, mais la sévérité le révolterait, car il a beaucoup de caractère pour son âge ; et, pour en donner un exemple, dès sa plus petite enfance, le mot Pardon l'a toujours choqué ;

    il fera et dira tout ce qu'on voudra quand il a tord, mais le mot Pardon il ne le prononce qu'avec des larmes et des peines infinies.  

    On a toujours habitué mes enfants à avoir une grande confiance en moi, et quand ils ont eu des torts, à me le dire eux même, cela fait qu'en les grondant j'ai l'air plus peiné et affligé de ce qu'ils on fait que fâché ; je les ai accoutumés tous à ce qu'un oui ou un non prononcé par moi est irrévocable, mais je leur donne toujours une raison à la portée de leur âge, pour qu'ils ne puissent pas croire que c'est humeur de ma part.

    Mon fils ne sait pas lire et apprend fort mal ; mais il est trop étourdi pour s'appliquer, il n'a aucune idée de hauteur dans la tête, et je désire fort que cela continue. Nos enfants apprennent toujours assez tôt ce qu'ils sont.
    Il aime beaucoup sa sœur et a bon cœur : toutes les fois qu'une chose lui fait plaisir, soit d'aller quelque part, ou qu'on lui donne quelque chose, son premier mouvement est toujours de demander pour sa sœur de même ;

    il est né gai, il a besoin pour sa santé d'être beaucoup à l'air, et je croit qu'il vaut mieux le laisser jouer et travailler à la terre, sur la terrasse que de le mener promener plus loin :

    l'exercice que les petits enfants prennent en courant et jouant à l'air est plus sain que de les forcer à marcher, ce qui souvent fatigue les reins..."
     

    Ce texte magnifique est sans doute la meilleur réponse à donner à tous ces torchons écœurant (pamphlets et feuilles révolutionnaires) qui salissent la reine et sa famille...

     

     

     

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  •  

     Madame de Polignac...

     

    Après le petit message d'adieu porté la nuit par un coursier à Versailles, vient une lettre datée du 31 août (voir l'édition d'Evelyne Lever, p. 494) :
     

    La page 1 nous montre des caractéristiques communes avec le testament : ponctuation aléatoire, absence de majuscules, "e" en fin de mots (partire), "peu" au lieu de "peut".
    Remarquons aussi le "mon cher coeur".

      

    C'est toujours ainsi que Marie Antoinette s'adresse à Madame de Polignac. 

      

    A la page 2 aussi, nous trouvons des points communs avec le testament : deux "peut" correctement orthographiés, comme dans sa dernière lettre, Marie Antoinette commet ou non une faute, cela dépend sans doute de sa concentration.

      

    "Quant" orthographié de la même façon, et une répétition de "tt" (inquietter), à laquelle fera écho le "repette" de la lettre à Elisabeth.

     


    Ce passage montre que Marie Antoinette souffre de la séparation, mais ne la considère pas comme une désertion. Elle sait que Madame de Polignac a été contrainte de partir et qu'elle est dévorée d'angoisse. Elle n'en doute pas.

      

    En revanche, elle se plaint de ne pas recevoir assez de courrier.
     

    La page 3 est particulièrement intéressante du point

    de vue de la comparaison. On y trouve le trait qui sert de signature à Marie Antoinette, suivi de quelques lignes encore, comme dans le testament. "Petitte" est orthographié d'une bien singulière façon, ce qui montre que, quand elle se laisse aller, Marie Antoinette a réllement tendance à doubler les "t".

      

    Elle écrit "s'avez" avec "s" apostrophe, comme dans la lettre à Elisabeth, et nous offre encore une fois son si particulier "jdée".

      

    J'adore !

     


    Cette face est la plus touchante, car elle contient aussi quelques mots de la main de Madame Royale.

    Preuve de l'attachement qui lie la gouvernante aux enfants de France.

     

     

     

     

     
     
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    Voici le texte de cette lettre à Madame Elisabeth. Elle parle d'elle-même... 
     

    Ce 16 octobre, à quatre heures et demie du matin.

    C’est à vous, ma soeur, que j’écris pour la dernière fois. Je viens d’être condamnée, non pas à une mort honteuse – elle ne l’est que pour les criminels, mais à aller rejoindre votre frère. Comme lui innocente j’espère montrer la même fermeté que lui dans ses derniers moments. Je suis calme comme on l’est quand la conscience ne reproche rien. J’ai un profond regret d’abandonner mes pauvres enfants.

    Vous savez que je n’existais que pour eux et vous, ma bonne et tendre soeur, vous qui avez par votre amitié tout sacrifié pour être avec nous, dans quelle position je vous laisse ! J’ai appris par le plaidoyer même du procès que ma fille était séparée de vous.

    Hélas ! la pauvre enfant, je n’ose pas lui écrire, elle ne recevrait pas ma lettre, je ne sais pas même si celle-ci vous parviendra. Recevez pour eux deux ici ma bénédiction ; j’espère qu’un jour, lorsqu’ils seront plus grands, ils pourront se réunir avec vous et jouir en entier de vos tendres soins. Qu’ils pensent tous deux à ce que je n’ai cessé de leur inspirer : que les principes et l’exécution exacte de ses devoirs sont la première base de la vie, que leur amitié et leur confiance mutuelle en fera le bonheur.

    Que ma fille sente qu’à l’âge qu’elle a, elle doit toujours aider son frère par les conseils que l’expérience qu’elle aura de plus que lui et son amitié pourront lui inspirer ; que mon fils, à son tour, rende à sa soeur tous les soins, les services que l'amitié peut inspirer ; qu’ils sentent enfin tous deux que dans quelque position où ils pourront se trouver ils ne seront vraiment heureux que par leur union ; qu’ils prennent exemple de nous.

    Combien, dans nos malheurs, notre amitié nous a donné de consolation ! Et dans le bonheur on jouit doublement quand on peut le partager avec un ami, et où en trouver de plus tendre, de plus uni que dans sa propre famille ? Que mon fils n’oublie jamais les derniers mots de son père que je lui répète expressément : qu’il ne cherche jamais à venger notre mort. J’ai à vous parler d’une chose bien pénible à mon coeur.

    Je sais combien cet enfant doit vous avoir fait de la peine. Pardonnez-lui, ma chère soeur, pensez à l’âge qu’il a et combien il est facile de faire dire à un enfant ce qu’on veut et même ce qu’il ne comprend pas. Un jour viendra, j’espère, où il ne sentira que mieux le prix de vos bontés et de votre tendresse pour tous deux.

    Il me reste à vous confier encore mes dernières pensées. J’aurais voulu les écrire dès le commencement du procès, mais, outre qu’on ne me laissait pas écrire, la marche a été si rapide que je n’en aurais réellement pas eu le temps.

    Je meurs dans la religion catholique, apostolique et romaine, dans celle de mes pères, dans celle où j’ai été élevée et que j’ai toujours professée, n’ayant aucune consolation spirituelle à attendre, ne sachant pas s’il existe encore ici des prêtres de cette religion, et même le lieu où je suis les exposerait trop s’ils y entraient une fois.

    Je demande sincèrement pardon à Dieu de toutes les fautes que j’ai pu commettre depuis que j’existe ; j’espère que, dans sa bonté, il voudra bien recevoir mes derniers voeux, ainsi que ceux que je fais depuis longtemps pour qu’il veuille bien recevoir mon âme dans sa miséricorde et sa bonté. Je demande pardon à tous ceux que je connais et à vous, ma soeur, en particulier, de toutes les peines que, sans le vouloir, j’aurais pu leur causer.

    Je pardonne à tous mes ennemis le mal qu’ils m’ont fait. Je dis ici adieu à mes tantes et à tous mes frères et soeurs. J’avais des amis, l’idée d’en être séparée pour jamais et leurs peines sont un des plus grands regrets que j’emporte en mourant ; qu’ils sachent du moins que, jusqu’à mon dernier moment, j’ai pensé à eux.

    Adieu, ma bonne et tendre soeur ; puisse cette lettre vous arriver. Pensez toujours à moi ; je vous embrasse de tout mon coeur ainsi que ces pauvres et chers enfants.

    Mon Dieu, qu’il est déchirant de les quitter pour toujours ! Adieu, adieu ! je ne vais plus m’occuper que de mes devoirs spirituels.
    Comme je ne suis pas libre dans mes actions, on m’amènera peut-être un prêtre ; mais je proteste ici que je ne lui dirai pas un mot et que je le traiterai comme un être absolument étranger.

      

    Marie Antoinette

     

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  • lettre à Marie-Thérèse...datée du 10 ...que l'on devine être le 10 Toujours cette

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    Le 3 septembre 1792 la princesse de Lamballe fut massacrée, victime de son attachement à la reine Marie Antoinette

    Il y aura deux cent vingt années le 3 septembre, Marie Thérèse Louise de Savoie Carignan princesse de Bourbon Lamballe était atrocement massacrée devant la prison de la Force à Paris, à l'occasion des journées de septembre 1792. Qui était cette infortunée princesse? Quel est le contexte de cet assassinat ? Comment comprendre une telle sauvagerie?

    Sa vie, sa personnalité

    Marie Thérèse Louise de Savoie Carignan naît à Turin le 8 septembre 1749. Elle est la fille du prince Louis Victor de Savoie Carignan (1721-1778) et de Christine de Hesse-Rheinfels-Rothenbourg (1717-1778). En 1767, elle épouse Louis Alexandre de Bourbon Prince de Lamballe (1747-1768). Ce dernier est l'arrière petit fils de Louis XIV (1638-1715). Il est le petit fils du Comte de Toulouse (1678-1737), fils naturel du Roi soleil et de Madame de Montespan. Elle appartient donc à la plus haute noblesse de France et est issue de la famille royale du royaume de Piémont Sardaigne. Sa famille régnera sur l'Italie jusqu'en 1946.

    L'amitié avec Marie Antoinette (1755-1793) est très rapide, dès l'arrivée en France de la jeune archiduchesse d'Autriche et désormais Dauphine de France. La jeune reine de France fait nommer son amie surintendante de la maison de la Reine en 1775.

    Cette proximité avec la reine et cette charge de Surintendante suscitera des soupçons d'homosexualité féminine entre les deux femmes.[1 De plus, Madame de Lamballe deviendra un symbole exécré de ce que l'on rejette le plus dans l'Ancien régime.

    Sa mort : un supplice horrible

    La mort de la princesse de Lamballe est à situer dans les évènements d'août et septembre 1792. A la suite du 10 août 1792, la famille royale est enfermée à la prison du Temple et Madame de Lamballe est conduite à la prison de la Force, se trouvant rue Saint Antoine. La patrie est décrétée en danger, suite à la menace d'invasion par les puissances étrangères et on décide de s'en prendre aux ennemis intérieurs, peuplant les prisons parisiennes. Ainsi, la Princesse de Lamballe est condamnée à mort après un simulacre de procès. Elle est tuée et décapitée : la foule promène sa tête au bout d'une pique jusque sous les fenêtres de Marie Antoinette au Temple.

    A ceci, certains décrivent des outrages répugnants ayant été opérés sur son cadavre : coeur arraché et corps horriblement mutilé traîné dans Paris. L'historien Antoine de Baecque pose la question de l'exactitude de ces descriptions horrifiantes.[2

     

    En prenant pour témoin, les procès-verbaux de la section sans-culotte des quinze-Vingts rue du faubourg Saint Antoine, l'historien signale que selon ces sources le corps de l'infortunée princesse ne fut pas déshabillé et nullement démembré.

     
     
     

    Un symbole exécré des excès de l'Ancien régime

    Madame de Lamballe fut exécutée comme femme de cour et personne très proche des souverains déchus. Comme le souligne Antoine de Baecque, son ancienne fonction de surintendante de la maison de la reine lui a valu une réputation détestable.[3

    La princesse serait devenue sournoise, intrigante et perfide selon la rumeur, comme le note Alain Vircondelet.

    Nul doute que ses anciennes fonctions l'ayant suffisamment exposée, ceci devait largement lui coûter la vie, le matin du 3 septembre 1792. Egalement, avec la déclaration de guerre au roi de Bohème et de Hongrie, le 20 avril 1792, on dénonce un comité autrichien dans l'entourage du roi et de la reine. Le 23 mai 1792, Jacques Pierre Brissot (1754-1793) fait une déclaration à l'Assemblée législative, où il affirme l'existence de ce comité autrichien. Il fait mention de conférences mystérieuses dans le cabinet des ministres ,et dénonce les français rebelles, notamment la maison de Polignac à Vienne en Autriche.[4

    On soupçonnait Madame de Lamballe de n'être pas étrangère à ce comité autrichien.

    Les soupçons de lesbianisme

    Une autre accusation désastreuse pour Madame de Lamballe est le soupçon d'homosexualité avec la reine de France. Ainsi, la rumeur d'un prétendu complot lesbien ne cessera pas jusqu'à la mort de Marie Antoinette.[5 Plusieurs pamphlets font références au prétendu tribadisme (lesbianisme) de la princesse. Notamment, l'Almanach des honnêtes femmes dédie le mois de novembre aux tribades.

    Le jeudi 11 novembre est mentionnée la princesse de Lamballe.[6 L'historienne et universitaire Marie Jo Bonnet fait mention de cette accusation à l'encontre de la princesse de Lamballe.[7 Cette accusation eut une influence certaine sur le destin tragique de Marie Thérèse de Lamballe. Ainsi le 3 septembre 1792, on aurait entendu :

    " C'est l'amie de l'Autrichienne, la Sapho du Trianon, à mort". Il faut dire que ce type d'accusation était fréquent dans une littérature pamphlétaire prérévolutionnaire et révolutionnaire.

    Marie Thérèse de Savoie princesse de Lamballe périt ainsi victime de sa réputation et de la calomnie.

    Le 3 septembre 1792 la princesse de Lamballe fut massacrée, victime de son attachement à la reine Marie Antoinette.

     

    Article écrit par Monsieur Thierry Pastorello

      

      

    1 voir Alain Vircondelet, La princesse de Lamballe : l'ange de Marie Antoinette, Paris, Flammarion, 1995, p. 109

    [2 voir Antoine de Baecque, "Les dernières heures de la princesse de Lamballe", L'histoire, n° 217, janvier 1998, p. 74-78

    .[3 voir Antoine de Baecque, "Les dernières heures de la princesse de Lamballe", op. cit., p. 77

    [4 voir Discours sur la dénonciation contre le comité autrichien et contre M. Montmorin, ci-devant ministre des affaires étrangères, prononcé à l'Assemblée nationale, à la séance du 23 mai 1792, par J.-P. Brissot, député du département de Paris. Imprimé par ordre de l'Assemblée nationale, Paris, Imprimerie nationale, 1792 (présent dans les collections de la Bibliothèque nationale de France), p.7, p. 17

    [5 voir Alain Vircondelet, La princesse de Lamballe , op. cit. p. 109

    [6 voir Maréchal Sylvain, Almanach des honnêtes femmes pour l'année 1790, Paris, impr. de la société Joyeuse, 1790, 30 p., p. 26

    [7 voir Marie-Jo Bonnet, Les relations amoureuses entre les femmes : XVIe - XXe siècle, Paris, O Jacob, 1995, p. 201

     

     

     

     

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