"Le premier des droits de l'homme, c'est le droit à la vérité" Philippe De Villiers


Les principaux chefs Vendéens :
Bonchamps, Lescure, De Charette, De La Rochejaquelein...

Avant de commencer, un message à tous les enfants : ce que vous allez lire ici n'est pas écrit dans vos livres d'histoire !

Le 23 décembre 1793, le Général de l'armée républicaine François-Joseph Westermann envoie ce message au Comité de salut public à l'issue de la Bataille de Savenay :
« Il n’y a plus de Vendée. Elle est morte sous notre sabre libre, avec ses femmes et ses enfants. Plus de Vendée, citoyens républicains, je viens de l’enterrer dans les marais et dans les bois de Savenay, suivants les ordres que vous m'avez donnés [...]. J’ai écrasé les enfants sous les sabots des chevaux, massacré les femmes qui, au moins pour celles-là, n’enfanteront plus de brigands. Je n’ai pas un prisonnier à me reprocher, j’ai tout exterminé [...] »

Hormis les soldats Vendéens, 3500 à 4000 prisonniers civils (vieillards, femmes et enfants) furent massacrés par les Républicains à l'issue de cette bataille.
Et ce n'était que le début.

chefs Vendéens

 

1. LA GUERRE DE VENDÉE
Les causes du soulèvement de la Vendée durant la révolution Française restent relativement obscures.

Le soulèvement Vendéen
La conscription fut décidée en février 1793, cette dernière était destinée à lever une armée pour assurer la sécurité nationale aux frontières. Elle fut probablement le déclencheur des révoltes paysannes en Vendée.
Les envoyés en mission de la Convention nationale accusèrent les autorités locales (petite noblesse) souvent modérées de complicité et obtinrent de Paris des mesures énergiques.
La répression arbitraire guillotinant à tout va commença alors à s'abattre sur la noblesse locale, cette dernière n'eut alors d'autre choix que de décider de prendre les armes en encadrant la révolte à la demande des paysans.
Dès le départ, les leaders de cette initiative étaient parfaitement conscient qu'ils se dirigeaient vers un suicide car comme le dit très justement Madame de la Rochejaquelein, la veuve du chef Vendéen Louis Lescure :
"...aucun d'eux n'était assez fou pour engager une poignée de paysans sans armes, sans argent, à attaquer la France entière..."

Mars 1793 : une armée se lève
En mars 1793, de véritables armées organisées furent alors levées par des chefs dont les noms devinrent prestigieux en Vendée : La Rochejaquelein, Lescure, D'Elbée, Cathelineau, Stofflet, Bonchamps et De Charette, ce dernier étant devenu une véritable légende régionale...

Durant cette guerre, les armées vendéennes bénéficient du soutien de la population [1] puisqu'elles en étaient issues, elles commencèrent par remporter d'importants succès militaires sur les armées Républicaines. Cependant, il n'y eut pas de volonté d'étendre la lutte en dehors de la Vendée, il s'agissait donc bien d'un conflit local dont les objectifs n'étaient pas politiques.

29 juin 1793 : La bataille de Nantes
La décision d'attaquer la ville de Nantes fut sans doute une erreur car mal préparée et mal synchronisée, cette bataille se solda par un échec avec la mort du général en chef Vendéen Jacques Cathelineau, ce dernier sera remplacé par Charles de Bonchamps.

Après cette bataille, la situation sur le terrain resta incertaine durant un certain temps avec des victoires de part et d'autres, puis la convention -excédée- décide d'envoyer l'armée de Mayence considérée comme une troupe d'élite.

Septembre 1793 : l'armée de Mayence
Les Mayençais entrent en Vendée et suivant les ordres reçus [2], ils incendient les bourgs et les villes traversés.
Au début, les Vendéens prennent le dessus avec les victoires des forces de d'Elbée et Bonchamps à la célèbre bataille de Tiffauges au nord. Toutefois De Charette et Lescure qui étaient chargés de couper la retraite des troupes républicaines enfreignent le plan et préfèrent attaquer Montaigu et St Fulgent au sud.
Les républicains purent alors effectuer une retraite sur Nantes.
Ces derniers établirent un nouveau plan de bataille avec 2 colonnes d'attaques qui fut cette fois efficace, la bataille de Treize Septiers tourne à l'avantage des républicains, puis les villes de Montaigu et Clisson sont reprises.

1ier octobre 1793 : Comité de Salut Public, Paris
Entre temps, la nouvelle de la défaite de Tiffauges était arrivée à Paris où elle provoqua un énorme retentissement. A l'initiative de Barère de Vieuzac, plusieurs mesures sont ordonnées le 1er octobre [3], la loi d'anéantissement de la Vendée est mise en place ordonnant d'incendier tout le pays insurgé...

17 octobre 1793 : La bataille de Cholet
Les généraux vendéens décident de tenter de reprendre Cholet en regroupant leurs troupes pour une bataille décisive.
Ces dernières, supérieures en nombre eurent un temps la victoire à leur portée, mais les Vendéens épuisées finirent par se faire battre par une armée Républicaine plus entrainée et en meilleure condition physique.
D'Elbée y fut blessé grièvement et Bonchamps mortellement.

Le général républicain Kléber déclara :
« Les rebelles combattaient comme des tigres et nos soldats comme des lions. »

Après la déroute de Cholet, l'armée Vendéenne décide de traverser la Loire pour se rendre à Granville à la rencontre d'hypothétique renforts Anglais.
C'était le début de la virée de Galernes.

Le pardon de Bonchamps
Avant la traversée, il fallait décider du sort de 5000 prisonniers républicains ne pouvant être emmenés.
Le général Bonchamps, commandant en chef des armées Vendéennes, alors mourant, parvint à empêcher le massacre de ces derniers que ses hommes voulaient fusiller.
Les prisonniers sont alors relâchés tandis que le général Bonchamps meurt quelques heures plus tard, des suites de ses blessures.

Le geste de Bonchamps était entré dans l'histoire.

Henry De la Rochejaquelein lui succéda à la tête de l'armée Vendéenne, il avait 21 ans...

Octobre 1793 : La Virée de Galernes
Le voyage vers Granville fut probablement l'erreur tactique qui fut fatale à l'armée Vendéenne. Une foule estimée à presque 100 000 personnes dont 20 à 30 000 combattants traversa la Loire.

Virée de Galerne

Après quelques batailles victorieuses, la colonne Vendéenne arrive aux abords de Granville le 14 novembre.
Aucun navire britannique n'est là et après une vaine tentative pour prendre la ville, les Vendéens font demi-tour et quittent la Normandie.
Sur le chemin du retour, ils croisent l'armée Républicaine du général Rossignol que La Rochejaquelein réussit à vaincre à la bataille de Dol.

L'armée Vendéenne ne peut remplacer ses pertes contrairement à l'armée adverse, le rapport de force devient alors inexorablement favorable aux Républicains.
Après avoir vainement tenté de prendre Angers pour repasser la Loire, les Vendéens prirent la route du Mans qu'ils réussissent à envahir le 10 décembre.
Épuisés les Vendéens refusent de quitter les lieux et prennent du repos, mais le 13 décembre, ils sont attaqués par l'armée républicaine, forte de 20 000 hommes sous les ordres de Marceau et Kléber.
La bataille dégénère en massacre des blessés, des femmes et des enfants, les Vendéens laissent 10 à 15 000 morts civils au Mans....
Le 16 décembre, ils atteignent les bords de la Loire à Ancenis où une partie de la troupe parvient à traverser, mais manquant d'embarcations et sous le feu des Républicains, ils fuient vers l'ouest en direction de Savenay.
Ils ne sont plus que 10 à 15 000, dont 7000 soldats.
Le 22 décembre ils prennent Savenay, mais le lendemain les Républicains attaquent la ville et c'est un nouveau massacre avec 3 à 7000 vendéens tués au combat ou exécutés sommairement.

23 décembre 1793 : La défaite de l'armée Vendéenne
Cette fois, c'est la fin de la grande armée de Vendée, sur les 60 à 100 000 Vendéens partis, 4000 seulement ont réussi à retraverser la Loire, 50 à 70 000 sont morts, 20 000 sont faits prisonniers et envoyés dans les prisons de Nantes.
C'est alors que Westermann rédige la déclaration emphatique présentée en introduction à cet article.

Tout bascule
L'armée Vendéenne défaite, la guerre aurait du s'arrêter là.
Il n'y avait alors plus aucune de raisons de s'en prendre à la population, la République aurait du tendre la main à cette dernière pour l'intégrer à la nation.

L'histoire fut bien différente, car comme on va le voir, l'extermination de la population Vendéenne avait été décidée dès la publication des décrets d'août et octobre 1793.

Nous sommes donc passé de la notion de simples (!) crimes de guerres à la notion de crimes contre l'humanité.

La mise en œuvre d'un génocide s'abat alors sur une population démilitarisée :
- terreur à Nantes
- colonnes infernales
- crimes contre l'humanité

2. LA TERREUR A NANTES
En 1794, à Nantes et pour la première fois dans l'histoire de l'humanité, le problème de l'extermination massive d'êtres humains a été posé.
C'est le sinistre Jean Baptiste Carrier qui tenta d'organiser cette extermination.

Les prisons de Nantes
Les célèbres prisons de Nantes sous le régime de la terreur montrent un avant gout précurseur des futurs camps de concentration nazis.
En plus des prisonniers faits à Savenay, la plupart des personnes enfermées étaient des Vendéens. Aucune discrimination n'étant faite pour les femmes, enfants ou vieillards.
Les civils raflés étaient entassés dans les geôles de la ville dans des conditions d'hygiène inexistantes, laissés sans soins et sans nourriture.

On commença par fusiller environ 2500 prisonniers mais le cout en munitions fut estimé trop important.

Les noyades dans la Loire
On eu ensuite recours aux fameuses noyades dans la Loire où des milliers de personnes périrent [5].

La plupart de ceux qui étaient enfermés dans ces véritables "camps de concentration Français" ne survécurent pas et furent victimes de maladies (typhus) et de malnutrition.

A titre d'exemple, dans la prison de l'Entrepôt des cafés, sur 8 000 à 9 000 hommes, femmes et enfants enfermés, quelques personnes seulement en sont ressorties vivantes [6].

Entrepot_des_cafes

3. LES COLONNES INFERNALES
L'idée des colonnes infernales revient au général Turreau nommé à la tête de l'armée de l'ouest le 27 novembre 1793.
Ce dernier proposa de scinder l'armée Républicaine en 12 colonnes qui vont sillonner la Vendée détruisant et exterminant tout ce qui vit sur son passage.
Les 735 communes de la Vendée militaire sont répertoriées afin que chacune d’entre elles reçoivent la "visite" d'une des colonnes.
Le 16 janvier, afin de se décharger de sa responsabilité, Turreau demande des ordres clairs sur le sort des femmes et des enfants, mais il n'obtient pas de réponse officielle de la Convention.

21 janvier 1794
C'est la première phase des exactions des colonnes infernales appelée "promenade militaire" qui exécutent chacune un plan d'action avec un itinéraire précis.
Les troupes républicaines se retrouvent face à des femmes, des enfants et des hommes désarmés.

Durant 5 mois, ce ne fut que meurtres, viols, tortures, pillages et destruction sur toute la Vendée. Les troupes Républicaines massacrèrent également les "patriotes" qui étaient cependant de leur coté, n'ayant d'autre tort que d'être Vendéens !

De nombreux villages sont brulés et les habitants froidement exterminés comme par exemple lors du massacres de Chanzeaux sous le commandement des généraux Cordelier et Crouzat.

La conséquence de ces actes barbares fut une nouvelle levée de troupes en Vendée avec à leur tête les généraux De Charette, De La Rochejacquelein et Stofflet. Cette fois, l'objectif était la survie de la population menacée d'extermination totale.
Toutes les personnes valides y compris femmes et enfants sont allées se battre.
Ces troupes contre-attaquèrent et harcelèrent les colonnes, réussissant même à en détruire une.

17 mai 1794
Les massacres se terminèrent avec la destitution de Turreau le 17 mai 1794.

Le nombre de tués parmi la population civile par les colonnes infernales est estimé à plusieurs dizaines de milliers.

4. CRIMES CONTRE L’HUMANITÉ
Parmi les exactions commises par les agents de la République en 1793-94, on trouve des actes dignes de ceux commis par les nazis 2 siècles plus tard.
Certains actes ont déjà été évoqués plus haut, ceux qui suivent ne représentent qu'une partie infime de l'ensemble des atrocités réalisées.

Massacre Des Lucs-sur-Boulogne : 110 enfants âgés de moins de 7 ans
Le 28 février 1794, aux Lucs sur Boulogne, 564 personnes dont 110 enfants âgés de moins de 7 ans sont massacrés par la colonne infernale du général Cordelier, le plus jeune enfant était âgé de 15 jours.
(Extrait de l’ouvrage du Père Marie Auguste Huchet de 1983 intitulé : "Le massacre des Lucs-sur-Boulogne et le martyrologue du curé Barbedette".)

Le curé Charles Vincent Barbedette a recensé la liste des enfants massacrés :
Marie-Modeste AIRIAU, de la Ricoulière, 5 ans et 7mois,
Thomas AIRIAU, de Villeneuve, 10 mois,
Joseph ARCHAMBAUD, de Puyberne, 20 mois,
Agathe ARNAUD de Belleville (tuée au Lucs ) 4 ans et demi,
Etienne BERIAU, de l’Erzandière.15 jours,
...
La suite de la liste ici

Ce massacre perpétré par des Français sur des Français est beaucoup moins connu que celui d'Oradour Sur Glane, sauf...en Vendée !

Les fours crématoires où l'on jetait les femmes vivantes
Témoignages des Commissaires républicains Morel et Carpenty à la Convention le 24 mars 1794 :
« A Montournais, aux Epesses el dans plusieurs autres lieux, le général Amey fait allumer les fours et, lorsqu'ils sont bien chauffés, il y jette les femmes et les enfants. » (Jean Dumont, Pourquoi nous ne célébrerons pas 1789, Editions Argé 1987, p7 I). A qui ose le lui reprocher, il répond que « c'est ainsi que la République veut cuire son pain ».

Tanneries de peaux humaines
La pièce no 262 des Extraits des délibérations et dépositions d'Angers qui relate le témoignage de Claude Jean Humeau au tribunal d'Angers le 26 août 1795 :
« que Pecquel chirurgien au 4è bataillon des Ardennes écorcha 32 de ces cadavres, les fit porter chez Lemonnier, tanneur au Ponts-Libres (actuels Ponts-de-Cé), pour les tanner, que le particulier s y refusa, qu'il sait que les peaux sont déposées chez Prud'homme, manchonnier à Angers »
(Archives départementales d'Anger ILI/27/3 et Historia N°624, page 53) [8].
Référence [12].

Les fonderies de graisse humaine
(page 157 du « Charrette -Chevalier de Légende », de Julien Rousseau, Ed Beauchesne en 1963. :
« C'est là encore à Clisson, que le 6 avril suivant, sur le bord de la rivière, on aurait fait fondre, dans un four improvisé, cent cinquante femmes pour en obtenir de la graisse: dix barils en furent expédiés à Nantes... ».

5. LA DÉCLARATION DES DROITS DE L'HOMME DE 1793
La Constitution de la première République a été rédigée par une commission dont faisaient partie Saint-Just et Hérault de Séchelles.
Rappelons que ces derniers siégeaient au comité de salut public durant la période de la terreur.

On note en particulier dans la déclaration du 24 juin 1793 la notion de résistance à l'oppression décrite précisément dans l'article 35 :
« Quand le gouvernement viole les droits du peuple, l'insurrection est pour le peuple, et pour chaque portion du peuple, le plus sacré des droits et le plus indispensable des devoirs. »

La déclaration des droits de l'homme prévoit donc l'insurrection légale du peuple lorsque le gouvernement viole ses droits.

Question 1 :
Cet article 35 ne s'appliquait il pas aux Vendéens lorsque le régime de terreur d'état fut appliqué en Vendée et ailleurs ? (Exécutions sommaires, viols, tortures, etc...)

Question 2 :
Cet article 35 ne s'appliquait il pas aux troupes de Turreaux, à ceux qui obéissaient aux ordres de Carrier à Nantes, à l'armée de Westermann et à tous ceux qui participèrent au génocide Vendéen ?

6. LES RESPONSABILITÉS
Au préalable, malgré les faits avérés, il n'y a pas encore consensus chez les historiens [9][10] pour considérer qu'il y eut bien un génocide.
Ensuite, le fait qu'historiquement, notre régime politique fut construit en partie sur un tel acte peut expliquer la réticence de beaucoup à se pencher sur cette question !
Cependant, quelques faits indéniables se dégagent pour déterminer les responsabilités.

Contexte politique
Pour commencer, rappelons qu'après la nuit du 10 aout, le pays fut rapidement engagé dans une guerre extérieure aux frontières doublée d'une guerre civile intérieure, particulièrement virulente en Vendée.
Ce contexte a pu induire un climat de paranoïa aiguë d'autant qu'une lutte pour le pouvoir des différentes factions faisait rage à la Convention.
Sans se lancer dans une analyse d'un contexte très complexe, on constate que plusieurs groupes (Girondins, Montagnards, Plaine) se partageaient le pouvoir au sein de la Convention nationale et donc du Comité de Salut Public, ces 2 organismes allaient fonder la Première République française.
Au sein de ces 2 entités, des factions rivales tentaient de s'entre-détruire, ce qui explique le nombre de députés passés sous le couperet de la guillotine, en commençant pas les Dantonistes et en terminant par les Robespierristes.

Techniquement, chaque décision importante faisait l'objet d'un débat très politique au sein du Comité de Salut Public et/ou de la Convention Nationale.
Ce débat était suivi d'un vote puis de l'édition de décrets officiels.

Les menaces sur le pays furent instrumentalisées pour justifier une politique de répression violente qui a mené à la fameuse Terreur, un terrorisme d'état a donc bien été érigé en système politique.

Qui a décidé du génocide Vendéen ?
2 décrets explicites ont d'abord été votés par la Convention :

=> Décret du 1ier aout 1793 [2]
Après un discours incendiaire et sur proposition de Barrère de Vieuzac, le premier décret encourageant au génocide et à l'épuration ethnique est voté par la convention :
...
VI. Il sera envoyé par le ministre de la guerre des matières combustibles de toute espèce, pour incendier les bois, les taillis et les genêts.
VII. Les forêts seront abattues, les repaires des rebelles seront détruits, les récoltes seront coupés par les compagnies d'ouvriers pour être portées sur les derrières de l'armée, & les bestiaux seront saisis.
...
XIV. Les biens des rebelles de la Vendée sont déclarés appartenir à la République; il en sera distrait une portion...
...

=> Décret du 1ier octobre 1793 [3]
...« Détruisez la Vendée, Valenciennes et Condé ne sont plus au pouvoir de l’Autrichien. […] Enfin chaque coup que vous porterez à la Vendée retentira dans les villes rebelles, dans les départements fédéralistes. La Vendée et encore la Vendée, voilà le charbon politique qui dévore le cœur de la République française; c’est là qu’il faut frapper. »...

A partir de ces 2 décrets à fort relent d'eugénisme, dont l'esprit est on ne peut plus clair, des fous sanguinaires tels que Carrier ou Turreau se sont senti libres de proposer des actions sans limites dans la barbarie.

Le général Turreau, dans une lettre du 17 janvier 1794, demande à Carnot de préciser la conduite à tenir vis-à-vis des populations :
« Que doit-on faire des femmes, des enfants, des suspects, des prisonniers ? »
Carnot répond le 8 février :
« Tu te plains, citoyen général, de n'avoir pas reçu du Comité une approbation formelle à tes mesures... Tue, tue, extermine les brigands jusqu'au dernier, voilà ton devoir. »

Quand à Carrier, on l'a laissé faire le boulot avant de le démettre en lui faisant porter seul la responsabilité de ses actes.

Et au sujet des décrets, puisqu'ils ont été proposés par le Comité de Salut Public, les membres de ce comité peuvent être considérés comme complices, parmi ces derniers on trouve bien entendu Robespierre, Carnot mais également, St Just, Couthon, etc....

. Voici donc une première liste de criminels de guerre :
Turreau, Carrier, Westermann, Amey, Cordelier, Crouzat...

. Et une liste très partielle de leurs donneurs d'ordres :
Barrère de Vieuzac, Robespierre, Carnot, St Just...

Les 2 phases distinctes menant au génocide
Les choses sont aujourd'hui très claires, il y eut 2 phases distinctes menant au génocide [8] :

PHASE 1 : 1793, la guerre
Durant le conflit militaire, la décision d'exterminer la population Vendéenne est prise et notifiée officiellement. Les civils commencent à être massacrés.

PHASE 2 : 1794, le génocide
Le génocide est mis en œuvre par l'état sur une population sans défense.

Citons enfin un document capital intitulé "La Guerre de la Vendée et le système de dépopulation" [11] rédigé par Gracchus Babeuf en 1795.
Ce document retrouvé dans les archives de la ville de Nantes en 1987 (200 ans plus tard !) montre que tout avait été planifié par Robespierre qui avait choisit la Vendée comme "champ d'expérience" [8].

7. CONCLUSION
Le soulèvement Vendéen ne fut en fin de compte qu'un concours de circonstances.
Une poignée d'homme au charisme certain et aux compétences militaires indiscutables s'est trouvée quasiment forcée d'encadrer une révolte massive de paysans en colère qui ne souhaitaient que défendre leur terre et leur mode de vie.
Leur seule alternative ne fut que de mourir les armes à la main plutôt que sous la guillotine.
Ce soulèvement a été un tel succès militaire qu'il induisit une réaction meurtrière et disproportionnée de la part de la Convention Républicaine sous le régime de la terreur.

Une "solution finale" au problème Vendéen
La convention a donc décidé, voté, notifié puis exécuté une politique d'extermination en masse de la population Vendéenne préfigurant les objectifs et les méthodes Nazies envers les juifs.

Concernant le nombre de tués, un minimum de 250 000 Français assassinés par d'autres Français est admis par tous les historiens.
Cependant le nombre réel est sans doute plus proche du double soit environ 40% de la population exterminée dans cette région.
A noter que lors des fouilles archéologiques, on continue encore de nos jours à découvrir de nouveaux charniers...

La terminologie moderne parlerait de :
- crimes de guerre
- génocide
- crimes contre l'humanité

A l'heure où l'on veut maladroitement donner des leçons à certains pays étrangers, il ne serait que justice de commencer par balayer devant notre porte en effectuant un devoir de reconnaissance et de mémoire.
Une poignée de députés intègres a ainsi proposé en 2008 une loi pour reconnaitre ce génocide [4], cette loi n'a jamais été votée contrairement à une autre loi qui concerne un autre génocide...en Arménie !

Les Vendéens quant à eux n'ont pas oublié cette véritable mini Shoah.
La mémoire de ce traumatisme se transmet de générations en générations, le souvenir de ce génocide est tout à fait semblable à celui des juifs rescapés des camps de la mort qui n'oublieront jamais ce que leurs ancêtres ont subit.
Et ce n'est sans doute pas l'ex président du conseil général de Vendée Philippe De Villiers [8] qui me contredira !

A sa naissance, la République Française s'est déshonorée en Vendée.
Ce déshonneur persistera tant qu'elle n'aura pas actée cette faute historique par une reconnaissance officielle du génocide, il n'y a aucune prescription pour de tels actes.

Et c'est bien le moins que l'on doive à nos frères massacrés car :
NOUS SOMMES TOUS VENDEENS !

Références
[1] "Les chouannes" Evelyne Deher (1988)
[2] Décret du 1er août 1793 (voté sur proposition de Barrère de Vieuzac)
[3] Décret du du 1er octobre 1793 - Moniteur universel du 16 du premier mois de l’an II, n° 280
[4] Proposition de loi N° 387 relative à la reconnaissance du génocide vendéen de 1793-1794 - Assemblée nationnale 2008
[5] Les noyades de civils à Nantes
[6] "Les prisons de Nantes pendant la Révolution" Alfred Lallié (1883)
[7] Le génocide Vendéen (Site Web spécialisé).
[8] "Lettre ouverte aux coupeurs de tête et aux menteurs du Bicentenaire" Philippe De Villiers (1989)
[9] Reynald Secher - Historien
[10] François Furet - Historien
[11] "La Guerre de la Vendée et le système de dépopulation" Gracchus Babeuf (1795)
[12] Art républicain : les tanneries de peau humaine

"Génocide vendéen" : De Villiers veut des excuses de Hollande

 

SOURCES

Auteur

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http://french-revolution-2.blog.fr/2012/03/02/1793-le-genocide-vendeen-12771369/